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2007, DASES 14 - Autorisation à M. le Maire de Paris de signer deux conventions et un protocole en vue de la mise à disposition de l’association “Mains Libres” de locaux situés dans le Forum des Halles pour qu’elle y implante à titre expérimental une bagagerie pour des personnes sans domicile fixe.


M. Yves CONTASSOT, adjoint, pr�sident. - Nous passons maintenant � l?examen du projet de d�lib�ration DASES 14 : autorisation � M. le Maire de signer 2 conventions et un protocole en vue de la mise � disposition de l?association ?Mains libres? de locaux situ�s dans le Forum des Halles pour qu?elle y implante, � titre exp�rimental, une bagagerie pour des personnes sans domicile fixe.

Monsieur LE GARREC, vous avez la parole.

M. Alain LE GARREC. - Merci, Monsieur le Maire.

Ce projet de d�lib�ration est l?aboutissement d?un long travail men� par plusieurs associations du 1er arrondissement et la Ville de Paris.

Le sujet est difficile et d�j� dans le 4e arrondissement, une approche a �t� tent�e mais elle n?est peut-�tre pas suffisante.

De quoi s?agit-il ? Nombre de nos concitoyens sans domicile fixe, n?ont pas de lieu pour stocker leurs affaires car contrairement � ce que pourraient penser certains, �tre S.D.F. ne veut pas dire que l?on ne poss�de pas de v�tements, d?ustensiles, ainsi que des objets qui ont autant de valeurs sentimentales dans un baluchon que sur une chemin�e. A une diff�rence : ce que nous avons sur nos chemin�es, nous n?avons pas � les trimbaler avec nous, jour et nuit. Mais leur perte, leur fauche, leur casse sont quelquefois plus dures � supporter quand ils font partie de ce que vous transportez, jour apr�s jour. Ce sont souvent les seuls liens avec un pass�, une histoire que nous ignorons mais qui existent quand m�me.

Quand une personne m�me ?propre sur elle?, comme on dit, rentre dans un caf� ou se pr�sente pour une embauche avec un �norme sac sur le dos, et depuis quelques ann�es une parabole, c?est-�-dire une tente sous le bras, l?accueil est � la hauteur de ce que nous connaissons, assez froid, brutal. Et je reste poli.

Alors, l?id�e de la bagagerie est donc de donner � ces S.D.F. la possibilit� de d�poser le matin ce qu?ils ont utilis� lanuit, pour prendre ce dont ils auront besoin dans la journ�e. Et l?inverse le soir. Nous le faisons, nous, tous les jours dans nos appartements sans y penser. Eux y pensent sans pouvoir le faire. Voil� en quelques mots le probl�me que la bagagerie va essayer de r�soudre.

De plus, cela �vitera les vols, les bagarres et les astuces pour planquer son sac, la police d?ailleurs ayant compris, il y a bien longtemps que pour en d�barrasser certaines rues ou plut�t pour les d�placer, il suffisait de trouver les caches des sacs. Si la police l?a compris, d?autres moins bien intentionn�s aussi. Et s?il est de plus possible que ces affaires soient en s�curit�, certains lieux n?auront pas � �tre gard�s.

L?association ?Mains libres? qui s?est mont�e pour g�rer cette bagagerie est strictement b�n�vole. Il est d?ailleurs remarquable que des S.D.F. aient accept� de participer � la gestion de cette association.

Depuis plusieurs mois, les services comp�tents de la Ville ont travaill� sur ce dossier. L?association ?Mains libres? avait, de son c�t�, cherch� des partenariats, du moins des aides, des conseils aupr�s d??Emma�s?, ?La Clairi�re? ?Aux Captifs, la Lib�ration?.

En effet, il est important pour la Ville, qui a d�cid� de participer � cette bagagerie, que tout ceci rentre dans un parcours.

Depuis 2001, la Ville de Paris refuse la fatalit� de la vie dans la rue pour cause de manque de logements appropri�s, de suivi suffisant.

Je vais dire ici quelques mots sur la responsabilit� institutionnelle de l?Etat en la mati�re.

Chacun a pu voir pendant les vacances de No�l et apr�s dans tous les journaux t�l�vis�s en boucle les tentes sur le canal Saint-Martin. Depuis, l?Etat s?est engag� � r�gler du moins ces cas urgents. Merci pour les autres ! A ma connaissance, c?est toujours en cours et c?est surtout la Ville de Paris qui met � disposition des appartements, des suivis et son imagination, l?Etat se contentant de faire sa promotion additionn�e de quelques rafles devant les Restos du Coeur.

Les larmes et les promesses aux fun�railles de l?abb� Pierre n?auront dur� que le temps d?une couronne de fleurs. Il est n�cessaire pour un tr�s grand nombre de mettre en place un suivi, une �coute, de tisser un lien, d?aider et de prendre le temps. On tombe tr�s vite, on se rel�ve plus lentement.

Cette bagagerie n?a pas la pr�tention de tout r�gler mais avec l?aide des 3 associations professionnelles qui vont l?encadrer car ce travail ne s?improvise pas, des personnes vont essayer de mettre en pratique ce que beaucoup disent devoir faire et ne font pas.

Il faudra tisser ces liens pour amener ces personnes � des solutions.

Cette bagagerie ne devrait pas d�passer une cinquantaine de casiers, une douzaine de casiers pendant quelques mois, puis il y aura mont�e en charge.

Un protocole de suivi va �tre mis en place et dans un an, la Ville verra si cette exp�rience est en cours de r�ussite.

Je ne cache pas que je suis tr�s favorable � cette bagagerie mais je me suis interrog� sur sa taille, sur sa gestion par des b�n�voles, ce qui avait �t� imagin� avec beaucoup de c?ur et de d�termination.

Mon interrogation portait aussi sur le lieu.

En effet, nous savons que Les Halles est l?endroit appr�ci� mythique des S.D.F. C?est l� qu?a �t� invent� le mot ?clochard? certes, mais je crois qu?il ne faut pas que nous additionnions les �tages du S.D.F. En bas, le m�tro. Au milieu, un centre commercial avec ses rues et ses petits boulots. En haut, un jardin et des espaces pour dormir. Et maintenant, une bagagerie. Nous savons qu?aux Halles, tout ceci existe. Je crois m�me que c?est en expansion.

Cette op�ration sera un succ�s et remplira son contrat si c?est une aide pour que certains puissent commencer ou continuer cette r�insertion. Cette bagagerie doit �tre une porte de sortie. Si ce n?est qu?une nouvelle �tape pour mieux vivre la rue pour une cat�gorie de la population, ce sera un �chec et nous rentrerons dans une spirale de ghetto�sation suppl�mentaire.

Je souhaite donc que les services et les �lus qui vont suivre attentivement cette exp�rience unique aient tout ceci en m�moire. Et si, je le souhaite vivement, cela va dans le bon sens, c?est-�-dire, je le r�p�te, d?une porte de sortie, nous aurons alors � imaginer comment mettre en place des bagageries comme celle-l� dans autres arrondissements de Paris pour que chacun puisse remonter ses manches puisque cette d�lib�ration sera vot�e � l?unanimit� hors pr�jug�s politiques, ou du moins je le crois.

Enfin, dans le futur, il faudra, je crois, la d�placer de quelques centaines de m�tres pour en faire un lieu vers lequel on va, ce que je souhaitais au d�part mais nous n?avions pas trouv� l?endroit.

Je profite de ce projet de d�lib�ration juste pour dire que les S.D.F. sont aussi des femmes et des femmes de plus en plus jeunes. Il y a urgence � y travailler et je sais qu?une autre association du 1er a un projet en cours de finalisation.

Je crois que pour le moment, cette bagagerie n?est pas mixte du moins dans son fonctionnement pr�vu. Je crois qu?il faut, ici ou ailleurs, l?envisager.

L?augmentation des femmes et des jeunes femmes S.D.F., on en parle assez peu aux Halles ou ailleurs, doit nous interpeller fortement car nous pouvons imaginer ce que vivent les hommes et combien c?est insupportable. Ce que vivent les femmes est maintenant insoutenable.

Nous voterons ce projet de d�lib�ration et je ferai, moi, en tant qu?�lu local tout mon possible pour qu?elles r�ussissent pleinement.

Je vous remercie.

M. Yves CONTASSOT, adjoint, pr�sident. - Merci.

Je donne la parole � M. BOUTAULT.

M. Jacques BOUTAULT, maire du 2e arrondissement. Merci, Monsieur le Maire.

Depuis 2002, la politique des gouvernements successifs de pr�carisation du travail entra�ne l?�mergence des travailleurs pauvres.

Cette politique associ�e � la diminution constante des aides aux associations d?insertion conduit de plus en plus de nos concitoyens � se retrouver � la rue. Mais lorsqu?on n?a pas de toit, on n?a pas d?autre choix que de transporter partout ses affaires. Comment faire, alors, des d�marches de recherche d?emploi encombr� que l?on est d?un caddy ou de sacs surdimentionn�s ? Comment aussi, tout simplement, fr�quenter des lieux de socialisation ou �tre admis l� o� on re�oit le public ? Le principe de la bagagerie est donc une consigne permettant aux sans domicile fixe d?avoir les mains libres pour toutes les actions de la vie quotidienne. D?�tre moins stigmatis�s.

Je tiens � saluer les associations du Centre de Paris qui ont identifi� ce probl�me et qui ont travaill� sur cette question pour que la bagagerie ?Mains libres? puisse voir le jour. Je tiens aussi particuli�rement � saluer le travail qu?a effectu� Myl�ne STAMBOULI pour sa r�activit� et son �coute, afin de permettre � ce projet, qui a �t� pr�sent� aux �lus du Centre de Paris � l?au-tomne, de voir le jour aussi rapidement.

J?ajoute pour terminer que ce projet est un v�ritable projet participatif, puisqu?il associe les A.D.F. (avec domicile fixe) aux S.D.F. qui ont particip� � ce projet ambitieux qui va mobiliser 70 b�n�voles 365 jours par an, 2 heures le matin et 2 heures le soir, pour que les sans domicile puissent �tre accueillis, d�poser leurs affaires, utiliser des casiers, boire un caf� et tisser du lien social dont ils sont le plus souvent d�pourvus.

Je voudrais encore une fois remercier tous les acteurs, qu?ils soient associatifs ou institutionnels, notamment le cabinet de Myl�ne STAMBOULI, qui ont permis � ce projet d?exister.

M. Yves CONTASSOT, adjoint pr�sident. - Merci, Monsieur BOUTAULT.

La parole est � M. LEGARET pour une intervention en tant que Maire du 1er arrondissement.

M. Jean-Fran�ois LEGARET, maire du 1er arrondissement. - Juste un mot tr�s rapidement. Je ne m?�tais pas inscrit, mais en tant que maire je voulais vraiment remercier tous les �lus qui vont d�lib�rer, remercier les orateurs pr�c�dents, M. LE GARREC et M. BOUTAULT, de leurs interventions. Le seul reproche que l?on puisse peut-�tre me faire, c?est d?avoir eu le tort d?avoir raison trop t�t puisque lorsque j?avais d�pos� un voeu en ce sens la majorit� l?avait rejet�.

? Si, la majorit� l?a rejet� au mois de d�cembre ! Passons un grand coup d?�ponge et f�licitons-nous de l?aboutissement de ce projet qui va marcher dans de bonnes conditions. Et je me permets simplement de rappeler que pour que cela marche, il faut beaucoup de bonne volont� et beaucoup de b�n�voles. Et en tant que maire, en tant qu?�lu, je crois qu?on aura un r�le � jouer pour essayer de mobiliser un grand nombre de b�n�voles car il n?y a que comme cela que �a marche. Donc, on aura certainement l?occasion d?en parler.

Je crois pouvoir dire � M. LE GARREC que sa crainte de voir les femmes exclues n?est pas fond�e ; il n?a jamais �t� question d?exclure les femmes de cette bagagerie. Je pense que c?est un beau projet et il est � l?endroit qui est certainement le moins mal adapt�. Rien n?est id�al mais c?est la localisation que j?avais propos�e d�s le d�part et je pense que cela va marcher dans de bonnes conditions et que cela apportera pour les S.D.F., qui sont tr�s nombreux comme on le sait dans le centre de Paris, un plus consid�rable.

Merci � tout le Conseil de Paris pour ce bon aboutissement ce soir.

M. Yves CONTASSOT, adjoint pr�sident. - Merci.

Mme STAMBOULI a la parole pour finir en beaut� ces f�licitations.

Mme Myl�ne STAMBOULI, adjointe, au nom de la 6e Commission. - Oui, j?ai le plaisir effectivement de pr�senter ce projet de d�lib�ration : la deuxi�me bagagerie � Paris qui ouvre - mais je sais que d?autres arrondissements travaillent sur d?autres projets - l?implantation au Centre de Paris, au c?ur de Paris, au sein du Forum des Halles, d?un projet issu de cette association qui est compos�e � parit� de personnes sans domicile et de personnes avec domicile.

La situation marqu�e par la pr�sence de nombreux sans domicile en plein coeur de Paris est insupportable pour les habitants qui refusent de passer � c�t� d?eux sans se soucier de leur sort. Et c?est de ce sentiment l� qu?est n�e l?association mains libres et le projet de bagagerie.

Vous avez not� dans la d�lib�ration que nous avons souhait� que l?objectif d?une sortie de la rue soit clairement exprim� et qu?en fait ce projet, soutenu par la Ville, qui permet la mise � disposition de ce local Porte Lescot au Forum, soit vraiment pour les personnes concern�es une aide � s?en sortir. Que ces cinquante casiers, avec la participation de trois associations partenaires, ?Emma�s?, ?La Clairi�re?, ?Les Captifs?, permettent de mobiliser autour de ces personnes l?ensemble des moyens pour que ces personnes puissent sortir de leur situation.

Alors les questions pos�es par M. LEGARET ont �t� bien s�r les n�tres, et lorsque nous avons eu ce d�bat il y a deux mois, je crois, au Conseil de Paris, nous �tions alors en pleine interrogation sur les cons�quences du choix de tel ou tel local et nous �tions � l?�poque - et je l?avais dit et c?est pour ces raisons que nous avions �mis un avis d�favorable - encore dans une attente pour voir quel �tait le lieu le plus adapt� pour implanter cette bagagerie.

Depuis, nous avons avanc� avec les associations et nous avons �tabli qu?effectivement nous pouvions tenter, de fa�on exp�rimentale pour un an, une implantation sur le Forum des Halles, tout en �tant extr�mement vigilants et extr�mement conscients des risques que pouvait comporter l?implantation. Il y a un comit� - vous l?avez not� - trimestriel qui se tiendra en pr�sence des repr�sentants des �lus concern�s, des associations naturellement et nous pourrons donc tr�s r�guli�rement disposer d?un bilan du fonctionnement de ce lieu.

Voil� pour les questions qui sont soulev�es. Je crois qu?effectivement il faut mobiliser beaucoup de b�n�voles autour de ce projet et nous avons le souci qu?il r�ussisse et que dans un an nous puissions confirmer l?implantation de cette bagagerie au sein du Forum des Halles.

M. Yves CONTASSOT, adjoint pr�sident. - Merci, Madame STAMBOULI.

Je mets donc aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DASES 14.

Qui est favorable ?

Qui est contre ?

Qui s?abstient ?

Le projet de d�lib�ration est adopt�. (2007, DASES 14).

Février 2007
Débat
Conseil municipal
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