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2007, Vœu déposé par MM. ESPINOSA et REY relatif à la dénomination d’un lieu dédié à Pasquale di Paoli.


M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Nous passons au v?u relatif � la d�nomination d?un lieu d�di� � Pasquale di Paoli.

Monsieur ESPINOSA ?

Mme Odette CHRISTIENNE, adjointe. - Je m?exprimerai pour le M.R.C.

M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - En plus ! Bon !

Monsieur ESPINOSA, vous avez la parole.

M. Jos� ESPINOSA. - Merci.

Monsieur le Maire, Pasquale di Paoli, ou d?autres l?appellent Pasquale Paoli, ou d?autre d?ailleurs l?appellent Pascal Paoli, mais c?est du m�me bonhomme que nous parlons.

Il na�t en 1725 dans le hameau de Morasaglia en Haute-Corse. A 14 ans, il doit s?exiler avec sa famille pour fuir le despotisme g�nois. Il revient en Corse le 29 avril 1755 et d�barque � Al�ria.

Le 14 juillet de la m�me ann�e, il est �lu ?g�n�ral des Corse? et regroupe les partisans de l?ind�pendance face aux diverses royaut�s et monarchies.

Paoli devient un des grands hommes politiques qui vont marquer l?esprit du Si�cle des lumi�res. Pr�curseur des id�es g�n�reuses et �mancipatrices de la R�volution fran�aise, Pasquale di Paoli a des contacts fructueux et admiratifs avec tous les grands penseurs europ�ens, � l?instar de Jean-Jacques Rousseau et de Voltaire, pour n?en citer que quelques-uns des plus c�l�bres.

S?inspirant du projet de constitution �labor� par la bourgeoisie avanc�e de l?�poque, dont le pr�ambule d�clare ?les hommes naissent libres et �gaux en droits?, Pasquale di Paoli dote l?�le d?une constitution, institue la s�paration des pouvoirs l�gislatifs, ex�cutifs et judiciaires. Il instaure le vote des femmes - d�j� � l?�poque -, relance l?�conomie agraire, fait frapper mon-naie, organise l?�cole primaire et fonde l?universit� de Corte. En donnant le droit de vote � tous les citoyens, il le donna aux Juifs qui subissaient la r�pression dans les autres Etats europ�ens.

Il jeta les premi�res bases d?un appareil d?Etat moderne. Alli� � la famille POZZO di BORGO, dont un descendant si�ge dans notre Assembl�e, il re�ut le soutien de grands monarques �clair�s ou plus r�fl�chis, comme Fr�d�ric II de Prusse, Catherine II de Russie, le Bey de Tunisie. Soutien tr�s conditionnel, cela va de soi !

James Boswell �crit un ouvrage qui conna�t un succ�s consid�rable pour l?�poque en Grande-Bretagne, en Ecosse, en Irlande et dans les colonies anglaises d?Am�rique du nord. Georges Washington, Thomas Jefferson, Benjamin Franklin s?inspirent de l??uvre de Pasquale di Paoli et enclenchent un processus r�volutionnaire, jetant ainsi les bases de la Constitution de ce pays en 1787.

Pasquale di Paoli combat avec h�ro�sme les soldats et les turpitudes de la royaut� fran�aise d�clinante, ainsi que la R�publique g�noise, au nom de la libert� et de l?ind�pendance de la Corse. Battu, il est exil� � nouveau.

C?est en 1789 que Mirabeau demande l?amnistie et le retour des Corses pour exercer leurs droits de citoyens fran�ais.

Le 3 avril 1790, il est re�u comme un h�ros par les Parisiens. Lafayette, Robespierre et Bailly l?accueillent avec enthousiasme.

En 1793, il est d�nonc� par Marat comme tra�tre et tyran. Comme quoi, on peut �tre un grand bonhomme et conna�tre des mouvements divers ! A nouveau, c?est l?exil en Angleterre o� il d�c�dera le jeudi 5 f�vrier 1807 � Londres.

M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Vous avez �puis� votre temps de parole.

M. Jos� ESPINOSA. - Presque jour pour jour, nous comm�morons le bicentenaire de sa disparition. De nombreux pays lui rendent un hommage appuy�.

Avec mon coll�gue G�rard REY, nous proposons que le Conseil de Paris �mette le v?u que soit attribu� le nom de Pasquale di Paoli au petit espace jardin situ� devant le 31 all�e Vivaldi dans le 12e.

Je vous demande donc un consensus pour ce lieu qui conviendrait pour honorer cette grande personnalit� historique contrast�e mais qui marque l?histoire de France.

Je conclurai, comme Pasquale di Paoli aurait pu le faire, en vous disant : ?Pace e salute a tutti !?.

Je vous remercie.

M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Madame CHRISTIENNE, vous voulez ajouter encore quelque chose ?

Mme Odette CHRISTIENNE, adjointe. - Je voudrais r�pondre � cela et je prendrai quand m�me autant de temps que notre coll�gue pour m?exprimer.

Nous avons voulu d�baptiser une rue, lui retirer le nom d?Alexis Carrel, mort � Paris, prix Nobel. Il avait pourtant contribu�, par d?importants travaux scientifiques, en particulier sur les greffes de tissu, la culture des tissus d?embryon, � la r�alisation de progr�s, en m�decine.

Cela prouve qu?il n?est pas pour nous suffisant, quelle que soit la nature des travaux d?un homme c�l�bre, pour que lui soit attribu�e la d�nomination d?une place ou d?une rue dans notre ville en vertu de ceux-ci. Ainsi, nous semble-t-il, pour Pascal Paoli.

Pascal Paoli, homme de droit, p�re de la Constitution am�ricaine, certes, et qui, reconnaissons-le, a peut-�tre fait avancer, comme le disait une coll�gue, les pays d�mocratiques en mati�re de constitution.

Car, nous avons d?autres exigences.

Pascal Paoli ? Pourquoi avez-vous ajout� une particule � son nom ? A-t-il �t� anobli par les Anglais ? Quelle fut son attitude au cours des temps ?

Peut-on parler, comme vous, de turpitudes de la royaut� fran�aise, alors que c?est Sampiero Corso, de la Famille d?Ornano, qui a fait appel au Roi de France en lui sugg�rant de venir en Corse pour r�tablir la paix pour les Corses ?

(Rires et applaudissements dans l?h�micycle).

Plus tard, en 1752, apr�s quatre ans d?administration fran�aise, tr�s appr�ci�e des insulaires, les Fran�ais, qui ne tenaient pas � rester en Corse, rembarquent. Aussit�t, l?insurrection reprend.

Et comme dit Xavier-Gabriel Culioli Historien de la Corse : ?Les Corses, qui acceptaient l?autorit� fran�aise, ne supportaient plus le joug g�nois?.

Ils firent alors appel � Pascal Paoli. Certes, Pascal Paoli, sur une partie du territoire, parce qu?il n?avait pas la mainmise sur l?ensemble, donna � la Corse l?aspect et les institutions d?un Etat polic�, la Nation corse, avec son Conseil supr�me aupr�s du dictateur, sa consulte, son universit�.

Les combats ne s?arr�t�rent pas pour autant, entra�nant une autre intervention fran�aise qui aboutit au rattachement d�finitif de la Corse � la France par une cession sanctionn�e par la Constituante de 1768 et que la quasi-totalit� des Corses accueillit avec satisfaction.

En revanche, contre cette majorit�, Pascal Paoli prit le parti de l?Angleterre contre la France. Battu, il embarqua pour l?Angleterre.

Quand, en raison des exc�s de la R�volution, une partie importante de la population r�agit, non contre la France mais contre les abus de la R�volution, Pascal Paoli prit la t�te des opposants et fit appel encore aux Anglais !

Cela nous valut une lamentable occupation anglaise, v�ritable colonisation, cette fois, qui suscita une large hostilit� des habitants, les Anglais ayant visiblement peu d?estime pour les insulaires et, du reste, Pascal Paoli lui-m�me se vit pr�f�rer, pour gouverner la Corse, Eliott, pour le poste de vice-roi qu?il revendiquait.

Seules les victoires italiennes de Bonaparte mirent fin d�finitivement � l?occupation anglaise et les Anglais partirent de l?�le en emportant dans leurs bagages Pascal Paoli.

Rappelons qu?au cours de son histoire, comme le dit Gabriel Xavier Culioli, ?le lien de la Corse avec le continent est n� d?un acte conscient et de la seule volont� de ses habitants d?�tre Fran�ais?.

Cela fut confirm� par le serment des Corses prononc� � la mairie de Bastia avant la deuxi�me guerre mondiale, ?face au monde, de toute notre �me, sur nos gloires et sur nos tombeaux, sur nos berceaux, nous jurons de vivre et de mourir Fran�ais, nous le jurons?.

Nous avons honor� � Paris, depuis 2001, Jean-Baptiste Ferracci, Gabriel P�ri et bien d?autres Corses r�sistants et morts pour la Lib�ration de Paris ou dans notre ville pour des faits de R�sistance.

Nous, les Corses, nous appr�cions sur le monument ajaccien, hommage aux R�sistants de 1939-1945, le texte qui proclame que nos martyrs sont ?morts pour une Corse libre et fran�aise?.

J?en appelle � Babonnu, � Minanna, � Zio Bachjolu, � Tutti, � la grande majorit� des Corses de l?�le et du continent, ils comprendront qu?il n?est pas bien venu de donner un avis favorable � ce v?u.

Je vous remercie.

(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste et radical de gauche, communiste, du Mouvement r�publicain et citoyen et ?Les Verts?).

M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Je mets aux voix, � main lev�e, le v?u assorti d?un avis d�favorable de l?Ex�cutif.

Qui est pour ?

Qui est contre ?

Qui s?abstient ?

Le voeu est repouss�.

Février 2007
Débat
Conseil municipal
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