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103 - 2011, DAC 26 - Apposition d’une stèle en hommage aux victimes de l’OAS dans le cimetière du Père Lachaise (20e). - Montant : 13.472 euros.



Mme Fabienne GIBOUDEAUX, adjointe, pr�sidente. - Nous passons maintenant � l?examen du projet de d�lib�ration DAC 26 relatif � l?apposition d?une st�le en hommage aux victimes de l?O.A.S. dans le cimeti�re du P�re-Lachaise (20e).

La parole est � M. Sylvain GAREL.

M. Sylvain GAREL. - Merci, Madame la Maire.

Nous nous f�licitons que cette st�le soit install�e dans le cimeti�re du P�re-Lachaise, cimeti�re, comme cela a �t� dit tout � l?heure au sujet de Louise Michel, qui a une forte port�e symbolique et historique dans le mouvement ouvrier en particulier, � cause du Mur des F�d�r�s, mais pas uniquement. Il y a beaucoup de st�les dans ce cimeti�re, et nous sommes tr�s heureux qu?une st�le en hommage aux victimes de l?O.A.S. soit mise dans les prochaines semaines au cimeti�re du P�re-Lachaise.

Cela tombe tr�s bien puisque nous sommes � la veille de l?anniversaire de Charonne, qui a �t� l?un des �v�nements dramatiques de cette guerre d?Alg�rie, m�me si l�, les victimes n?ont pas �t� celles de l?O.A.S. mais celles de la police fran�aise o�, malheureusement, on le savait, l?O.A.S. avait une certaine influence.

Cela se passe aussi d?ailleurs tr�s bien, puisque du 18 au 27 f�vrier, une semaine anticoloniale va se d�rouler dans plusieurs endroits de Paris, y compris dans les mairies des 2e et 14e arrondissements, avec un temps fort les 19 et 20 f�vrier � la Bellevilloise, un salon anticolonial, o� je vous invite tous et toutes � venir.

Je voudrais profiter de ce projet de d�lib�ration que nous allons voter avec enthousiasme pour rappeler, comme je l?ai d�j� fait il y a plusieurs ann�es, la contradiction qu?il y a avec le fait que dans un b�timent municipal de la Ville, il y a une st�le qui dit exactement le contraire.

Au sein de l?�glise Saint-Nicolas-du-Chardonnet, qui est squatt�e depuis bient�t pr�s de 35 ans par les int�gristes catholiques, ceux-ci ont ill�galement, comme il squattent d�j� ce b�timent, mais en plus, ils l?ont d�cor�, ils ont cr�� des st�les. L?une d?entre elles y est toujours puisque nous avons fait la semaine derni�re des photos de cet endroit. Je vous montre cette st�le qui est au fond de Saint-Nicolas-du-Chardonnet.

Je vous lis le texte : ?26 mars 62, Alger. 5 juillet 62, Oran. � nos morts et � toutes les victimes tomb�es pour leur fid�lit� � l?Alg�rie fran�aise, Notre-Dame d?Afrique, priez pour eux?. C?est dat� du 26 mars 1999. Ce n?est pas d?hier.

M. Pierre SCHAPIRA, adjoint. - 76 morts !

M. Sylvain GAREL. - Pierre, je sais qu?on n?est pas d?accord sur cette histoire, mais...

M. Pierre SCHAPIRA, adjoint. -(hors micro).

M. Sylvain GAREL. - Les gens qui on fait cela sont des gens qui...

M. Pierre SCHAPIRA, adjoint. -(hors micro).

M. Sylvain GAREL. - Les gens qui sont � Saint-Nicolas-du-Chardonnet, je peux te dire que ce ne sont pas des gens?

Mme Fabienne GIBOUDEAUX, adjointe, pr�sidente. - Monsieur GAREL, vous terminez votre intervention ?

M. Sylvain GAREL. - Si je n?�tais pas interrompu, je pourrais la terminer calmement.

On a donc � l?int�rieur de cette �glise une st�le qui dit le contraire, qui parle de gens morts pour leur fid�lit� � l?Alg�rie fran�aise, dont bien s�r, des gens de l?O.A.S.

Ce serait donc bien si la Ville de Paris pouvait faire d�monter cette st�le, et par la m�me occasion faire partir les int�gristes qui occupent ce b�timent depuis 35 ans, et qui y prof�rent toujours de la litt�rature antis�mite et anti-islamique, comme j?ai pu les faire condamner il y a quelques ann�es pour cela.

Mme Fabienne GIBOUDEAUX, adjointe, pr�sidente. - Merci, Monsieur GAREL.

Monsieur BROSSAT, vous avez la parole.

M. Ian BROSSAT. - Merci, Madame la Maire.

D?abord, je voudrais �videmment me f�liciter de ce projet de d�lib�ration et dire � quel point l?investissement de Catherine VIEU-CHARIER sur cette question a compt� pour qu?on ait enfin une st�le � Paris en hommage aux victimes de l?O.A.S.

Nous allons le faire dans un contexte particulier - cela a �t� dit par mon coll�gue Sylvain GAREL - c?est aujourd?hui le 49e anniversaire du massacre de Charonne. C?est �galement bient�t, dans quelques mois, le 50e anniversaire du 17 octobre 1961, massacre dont vous vous souvenez �galement.

Je voudrais dire que ce geste est aussi l?expression d?une volont� commune de lutter contre ces gens, ces terroristes de la m�moire qui font fleurir des st�les � la gloire de l?O.A.S., ici et l�, et tout particuli�rement dans le sud de la France. Ces �lus de droite qui d�robent aux Fran�ais d?Alg�rie une part de leur douleur pour mieux la d�tourner et la manipuler.

Ces gens-l� portent atteinte � l?Histoire, en travestissant en h�ros les membres d?une organisation s�ditieuse, violente et fasciste. Ces gens-l� font un acte tout � fait scandaleux en proc�dant � ce type d?inauguration.

Eh bien, nous, � Paris, nous faisons l?inverse, nous rendons hommage aux victimes de l?O.A.S. par le biais de ce projet de d�lib�ration, et je crois que nous nous honorons en agissant de la sorte.

J?ai aussi en t�te ce qui s?est pass� au moment du dernier Festival de Cannes, o� nous avons assist� � une sc�ne surr�aliste, au pr�texte de la diffusion du film ?Hors-la-loi? de Rachid Bouchareb, nous avons vu une manifestation, rassemblant extr�me droite et U.M.P. nostalgiques de l?O.A.S., fascistes et racistes.

Cela montre que cette question de la guerre d?Alg�rie reste extr�mement vive, reste d?actualit� et je pense vraiment que cette initiative de Catherine VIEU-CHARIER nous honore, je le r�p�te.

Je vous remercie.

Mme Fabienne GIBOUDEAUX, adjointe, pr�sidente. - Merci, Monsieur BROSSAT.

Je laisse Catherine VIEU-CHARIER r�pondre � ces deux interventions.

Mme Catherine VIEU-CHARIER, adjointe, au nom de la 9e Commission. - Je voudrais d?abord remercier les quelques coll�gues qui, de Droite ou de Gauche, sont rest�s dans l?h�micycle. Puis, je voudrais aussi saluer les enfants des victimes de l?O.A.S., qui ont patient� cet apr�s-midi pour voir ce projet de d�lib�ration passer en Conseil de Paris.

La d�cision de la Municipalit� et du Maire d?apposer une st�le en hommage aux victimes de l?O.A.S. est un �v�nement. C?est le premier monument en France qui va rendre hommage aux victimes de l?O.A.S. Nulle part un tel monument n?existe, m�me pas � Evian, o� pourtant le Maire, Camille Blanc, fut assassin� par l?O.A.S. le 31 mars 1961.

Comme l?indique le projet de d�lib�ration, il a fallu attendre 1999 pour qu?une loi reconnaisse enfin la guerre d?Alg�rie et le 19 mars.

Il est temps aujourd?hui de travailler � entendre et � confronter les m�moires : les soldats du contingent, les harkis, les rapatri�s, les Alg�riens luttant pour leur ind�pendance, et toutes les victimes de cette guerre.

La Ville de Paris a d�j� commenc� un travail avec le m�morial au P�re-Lachaise en hommage aux 547 Parisiens morts pour la France en Afrique du Nord, avec la plaque du Pont Saint-Michel en souvenir des victimes du 17 octobre 1961, avec le monument en m�moire des harkis et des victimes civiles dans le jardin de la Butte-du-Chapeau-Rouge et avec la place Maurice-Audin, la place du 8 f�vrier 62 au m�tro Charonne et la place du 19 mars 1962, date officielle du cessez-le-feu.

Il est important aujourd?hui de rendre hommage aux 2.200 victimes de l?O.A.S., qu?elles soient civiles ou militaires. Il nous appartient de les sortir de l?oubli, de rappeler qu?elles ont �t� assassin�es, parce qu?elles avaient fait le choix de la loyaut�, du respect des institutions r�publicaines, alors qu?elles �taient menac�es par un terrorisme de grande ampleur, que ce soit en Alg�rie ou en m�tropole.

L?O.A.S. visait des militaires, des fonctionnaires, des civils, des politiques, parce qu?ils respectaient les choix du gouvernement l�gitime.

Nous n?oublions pas que, lors de cette p�riode dramatique pour la France et l?Alg�rie, un attentat a eu lieu contre le G�n�ral de Gaulle, Pr�sident de la R�publique, ce qui repr�sente pour moi un double outrage, parce que le G�n�ral de Gaulle �tait un grand R�sistant et il repr�sentait les plus hautes fonctions de la R�publique puisqu?il �tait Pr�sident de la R�publique.

Je ne citerai pas de noms car comment choisir entre les victimes, et l?id�e de cet hommage, qui a �t� port� par une association ?L?Anpromevo? depuis 2007, il faut bien le dire, elle est � l?origine de la demande. Je rappelle aussi qu?elle a �t� re�ue pour la premi�re fois en 2007 par Odette CHRISTIENNE, ma coll�gue, dont le pr�sident est Jean-Fran�ois GAVOURY, fils du commissaire Gavoury, charg� de la lutte contre l?O.A.S., assassin� � Alger le 31 mai 1961 et le secr�taire de l?association, le Dr Jean-Philippe OULD AOUDIA, fils de Sala Ould Aoudia, assassin� par l?O.A.S. lors du massacre des centres sociaux le 15 mars 1962. Ils sont pr�sents dans la tribune et je tiens � les saluer particuli�rement, avec �motion et avec amiti�.

Je rappelle aussi, parce que c?est une image qui m?a frapp�e - j?�tais petite fille et c?est une image qui �tait tr�s forte -, certains s?en souviennent, l?image de cette petite fille Delphine Renard, frapp�e au visage et qui est rest�e aveugle apr�s l?attentat qui visait Andr� Malraux.

Je voudrais aussi r�p�ter que les fils et filles de victimes de l?O.A.S. poursuivent inlassablement leur combat pour la v�rit�, pour la justice et la dignit�, et pour que cessent au c?ur de la R�publique ces hommages rendus aux assassins de leur p�re, et l?apposition de cette st�le est un apport � leur juste cause.

Le Conseil de Paris va s?honorer, dans les secondes qui viennent, en votant ce projet de d�lib�ration, je l?esp�re � l?unanimit�. Je vous remercie.

Mme Fabienne GIBOUDEAUX, adjointe, pr�sidente. - Merci, Madame VIEU-CHARIER, pour cette intervention tr�s �mouvante.

Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DAC 26.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

Le projet de d�lib�ration est adopt� � l?unanimit�. (2011, DAC 26).

Février 2011
Débat
Conseil municipal
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