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95 - 2011, DAC 76 - Attribution de la dénomination “Louise Michel” à la bibliothèque située 29-35, rue des Haies (20e).



M. Pierre SCHAPIRA, adjoint, pr�sident. - Nous passons, en 9e Commission, � l?examen du projet d�lib�ration DAC 76 relatif � l?attribution de la d�nomination ?Louise Michel? � la biblioth�que situ�e 29-35, rue des Haies, dans le 20e arrondissement.

La parole est � M. Julien BARGETON, pour cinq minutes maximum.

M. Julien BARGETON. - Monsieur le Maire.

Taille : 1,64 m�tre, cheveux et sourcils bruns, front haut, nez gros, bouche moyenne, menton rond, visage ovale, teint ordinaire. Tel est le portrait de la bagnarde n� 2182, Louise Michel.

Louise Michel est n�e en 1830, fille d?une jeune servante et d?un p�re inconnu. Elle est �lev�e dans un vieux ch�teau de la Haute-Marne, o� travaille sa m�re. Les ch�telains, ses probables grands-parents paternels, lui assurent une solide instruction voltairienne : lettres, sciences, musique, dessin et laissent sa personnalit� s?�panouir librement.

A la mort de son grand-p�re, Louise, qui n?a pas manifest� le d�sir de se marier, d�cide de devenir institutrice. Ayant obtenu son dipl�me, elle ouvre une �cole dans son d�partement en 1852 et vient enseigner � Paris o� elle s?�tablit en 1856. C?est alors qu?elle s?affirme comme p�dagogue et militante f�ministe. Elle participe activement � la Commune, comme ambulanci�re mais aussi comme combattante, les ?p�troleuses? comme on disait � l?�poque. Elle est condamn�e � dix ans de d�portation par le Tribunal militaire.

Envoy�e en Nouvelle-Cal�donie en 1873, elle s?y affirme comme anticolonialiste. En janvier 1880, on lui accorde une remise de peine mais elle attend pour rentrer en France l?amnistie totale de tous les condamn�s, c?est-�-dire en juillet 1880. Elle conna�t de nouveaux proc�s, en particulier en 1883 o� elle est de nouveau emprisonn�e. Elle est morte au cours d?une tourn�e de conf�rences � Marseille en 1905.

C?�tait d?abord une excellente p�dagogue, dont la qualit� �tait reconnue par Cl�menceau d�s son arriv�e � Paris. Elle enseigne avec des m�thodes qu?elle invente et dont certaines seront reprises par la p�dagogie moderne, avec comme principe : enseigner avec des mots toujours compr�hensibles, faire appel aux facult�s visuelles, elle invente les grands tableaux repr�sentant les principaux �v�nements historiques, elle d�veloppe �galement l?intelligence des enfants et une morale la�que sans r�compense ni punition. Elle s?int�resse � tous les enfants, m�me ceux que l?on qualifie d?idiots ou de fous. Elle estime qu?on peut toujours les �duquer et �veiller en eux l?intelligence.

C?�tait ensuite une militante f�ministe. Vers 1856, elle s?engage dans le groupe du droit des femmes qui r�clame l?�galit� de l?instruction entre les hommes et les femmes, et une r�mun�ration suffisante du travail des femmes. Sous la Commune, elle r�clame la cr�ation d?�coles professionnelles f�minines.

C?�tait enfin une militante anticolonialiste. A son arriv�e en Nouvelle-Cal�donie, elle s?int�resse aux Alg�riens d�port�s et les consid�re sur un pied d?�galit� avec les d�port�s fran�ais, et l?un d?eux El Mokrani deviendra son ami.

Elle essaye de comprendre les Canaques � la mani�re d?une ethnologue, une discipline qui n?existait � l?�poque pas. Quand �clate la grande r�volte canaque en 1878, qui terrifie la colonie, m�me les Communards d�port�s, elle prend seule le parti des Canaques, y voyant le m�me combat que celui de la Commune.

En 1879, elle peut s?installer comme institutrice � Noum�a. Sa r�putation bien �tablie, le maire la paye pour enseigner dans une �cole communale de filles. Le dimanche, elle se consacre � l?�ducation des Canaques, et pour eux elle invente des m�thodes nouvelles.

Il y a bien une actualit� de celle qu?on a appel� la Vierge rouge, la p�troleuse, la grande citoyenne, la bonne Louise, dont Victor Hugo, avec lequel elle a correspondu a dit : ?Tu glorifiais ceux qu?on �crase et qu?on foule? dans le po�me ?Viro major? compos� pour elle.

Verlaine, dont elle connaissait le beau-p�re, un inspecteur des �coles, a �crit une balade en son honneur : ?Elle est la faucille dans le bl� m�r pour le pain blanc?, etc. Plus inattendu, Barr�s, � l?extr�me oppos� de l?�chiquier politique, lui rend hommage : ?Ne la battez pas, agents, soyez respectueux. Juges, taisez-vous. Cette vieille folle vaut mieux que vous qui dites la femme Michel. Si vous insistez, je vous ferai conna�tre qu?elle est une sainte. Pourquoi ? Elle a la flamme?.

Cette flamme, nous l?entretenons en donnant son beau nom � une nouvelle biblioth�que du 20e, dans un quartier populaire, o� chacune et chacun, en particulier les plus jeunes, pourront d�couvrir la beaut� des mots, l?�merveillement devant la litt�rature, et la transmission du savoir qui lui �tait si cher.

Je vous remercie.

(Mme Fabienne GIBOUDEAUX, adjointe, remplace M. Pierre SCHAPIRA au fauteuil de la pr�sidence).

Mme Fabienne GIBOUDEAUX, adjointe, pr�sidente. - Merci, Monsieur BARGETON.

La parole est � M. GIRARD pour vous r�pondre.

Je vous invite � ma�triser le temps de vos interventions, si nous voulons finir � 20 heures 30, sinon nous allons d�passer cet horaire car nous avons pris beaucoup de retard.

Je vous remercie.

M. Christophe GIRARD, adjoint, au nom de la 9e Commission. - Saluant le dynamisme et le professionnalisme de l?�quipe de Marguerite Duras, rue de Bagnolet dans le 20e arrondissement, c?est �videmment une joie et une fiert� qu?une nouvelle biblioth�que, situ�e dans le quartier R�union, soit inaugur�e le 31 mars prochain par le Maire de Paris et la Maire du 20e arrondissement, Fr�d�rique CALANDRA.

Implant�e au c?ur du vaste chantier de r�habilitation urbaine, que conna�t le quartier R�union, la nouvelle biblioth�que s?adressera � un public large, familial, interg�n�rationnel, parfois peu familier de ce type d?�quipements et de services.

Con�ue comme une ruche, la biblioth�que fera la part belle aux m�dias autres que le livre et d�veloppera un accueil personnalis�. C?est en accord avec l?�quipe de pr�figuration de la biblioth�que que nous avons propos� que ce nouvel �quipement de lecture publique porte le nom de Louise Michel, rendant ainsi hommage � la m�moire de l?illustre figure de la Commune de Paris, mais �galement � la femme de lettres que Julien BARGETON vient de d�crire et raconter avec beaucoup d?acuit� et de lyrisme.

Cette d�nomination s?inscrit �galement dans la comm�moration du 140e anniversaire de la Commune de Paris, et je salue le travail engag� par notre coll�gue Catherine VIEU-CHARIER. En effet, la nouvelle biblioth�que se trouve � proximit� du cimeti�re du P�re-Lachaise, qui porte la m�moire de l?un des �pisodes les plus tragiques de la Commune de Paris, avec le tristement c�l�bre Mur des F�d�r�s, devant lequel 147 combattants de la Commune ont �t� fusill�s par les troupes versaillaises en mai en 1871. Et je vous invite � relire, �videmment, Victor Hugo.

Mme Fabienne GIBOUDEAUX, adjointe, pr�sidente. - Merci, Monsieur GIRARD.

La parole est � M. GAREL pour une explication de vote, mais tr�s rapide, s?il vous pla�t.

M. Sylvain GAREL. - Tr�s rapide. C?est simplement pour dire, bien s�r, que nous allons voter avec enthousiasme ce projet de d�lib�ration, que Louise Michel est vraiment une figure extraordinaire du mouvement ouvrier. Mais je suis toujours surpris par la capacit� de nos camarades socialistes � parler de Louise Michel, sans prononcer le mot d?anarchiste. C?�tait une militante anarchiste. Ce n?est pas un gros mot, et vous pouvez l?employer : c?est une tradition du mouvement ouvrier.

A chaque fois, c?�tait la m�me chose. Dans le 18e, au sujet du square Louise Michel : c?est une militante f�ministe, c?est la Commune de Paris et tout, mais personne ne rappelle que surtout cela a �t� une des grandes leaders du mouvement anarchiste fran�ais et c?est tout � son honneur.

Mme Fabienne GIBOUDEAUX, adjointe, pr�sidente. - Merci, Monsieur GAREL, pour ce compl�ment d?information.

Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DAC 76.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

Le projet de d�lib�ration est adopt� � l?unanimit�. (2011, DAC 76).

Février 2011
Débat
Conseil municipal
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