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86 - 2011, Vœu déposé par le groupe socialiste, radical de gauche et apparentés relatif à un soutien au peuple tunisien. Vœu déposé par le groupe Communiste et élus du Parti de gauche relatif à la révolution de Jasmin en Tunisie. Vœu déposé par le groupe E.E.L.V.A. relatif à la dénomination d’un lieu parisien en hommage à Mohamed Bouazizi. Vœu déposé par le groupe Communiste et élus du Parti de gauche relatif à la dénomination d’un lieu parisien en hommage à Mohamed Bouazizi.



M. LE MAIRE DE PARIS. - Mes chers coll�gues, d?abord merci � tous les pr�sidents de groupe d?avoir accept� que, entre le rendez-vous - tout � l?heure, j?allais remettre un prix � Lilian THURAM avec le Recteur de Paris -, je puisse �tre pr�sent au moment o� on vote mon d�bat et o� on vote quatre v?ux importants.

Donc, il s?agit d?un v?u propos� par le groupe socialiste, radical de gauche et apparent�s, le v?u n�88.

Il y a deux v?ux du groupe Communiste et �lus du Parti de gauche, les v?ux nos 89 et 91, et un v?u du groupe E.E.L.V.A., le v?u n� 90.

Je vais donner la parole pour une minute � chacun des auteurs de v?ux, puis � M. SCHAPIRA et je crois qu?il y aura une explication de vote.

D?abord, Pascal CHERKI. O� est Pascal ?

Hermano SANCHES RUIVO ? Vous avez chang� depuis? !

M. Hermano SANCHES RUIVO. - L�g�rement, Monsieur le Maire !

M. LE MAIRE DE PARIS. - C?est au nom de la R�volution des ?illets, peut-�tre ?

M. Hermano SANCHES RUIVO. - Exactement !

Laissez-moi vous parler de cette belle r�volution : la R�volution de Jasmin.

Par une r�volution politique et sociale exemplaire, le peuple tunisien, et en premier lieu sa jeunesse, a su s?�manciper de la tutelle que lui faisait subir le r�gime dictatorial de Zine el-Abidine BEN ALI depuis de trop longues ann�es. A la privation de libert�, au ch�mage, aux in�galit�s sociales et � la corruption, le peuple tunisien a pr�f�r� la d�mocratie et le progr�s, montrant par l� assur�ment le chemin aux autres peuples de la r�gion.

Nous ne pouvons que saluer le courage et la d�termination du peuple tunisien, de ses forces d�mocratiques et progressistes, de l?U.G.T.T., sa centrale syndicale, et de ses mouvements de d�fense des droits de l?Homme. Plus que jamais, tout doit �tre fait pour garantir aux Tunisiens les libert�s et la transition d�mocratique et sociale pour lesquelles ils ont lutt�.

Le Gouvernement fran�ais n?aura pas �t� � la hauteur de cet enjeu historique, allant jusqu?� donner le sentiment de soutenir le r�gime de BEN ALI et de renvoyer dos � dos celui-ci et le peuple manifestant pour sa libert�.

La R�volution de Jasmin m�rite mieux.

Monsieur le Maire, voil� pourquoi nous �mettons le v?u que la Ville de Paris :

- apporte, par une adresse solennelle au peuple tunisien, la solidarit� de tous les Parisiens et le t�moignage de leur grande admiration devant la r�volution pacifique qu?il conduit ;

- renforce son action de coop�ration internationale en direction des villes tunisiennes pour accompagner le changement en mati�re de gouvernance locale.

Je vous remercie.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci.

Monsieur Ian BROSSAT, vous avez la parole.

M. Ian BROSSAT. - Merci, Monsieur le Maire.

Tout le monde a effectivement en t�te la r�volution survenue en Tunisie, porteuse � la fois de valeurs de justice sociale et de valeurs de libert�, de d�mocratie. Libert� et d�mocratie dont le peuple tunisien avait �t� priv� au cours des derni�res ann�es.

Le moins que l?on puisse dire, c?est que le gouvernement fran�ais s?est comport� d?une mani�re scandaleuse pendant toute cette p�riode, scandaleuse absolument, et vous le savez aussi bien que moi.

Nous voudrions pr�cis�ment que notre ville, que la Ville de Paris se montre exemplaire. C?est la raison pour laquelle nous avons d�pos� deux v?ux :

- le premier pour que notre ville t�moigne de sa solidarit� au peuple tunisien ;

- le second pour que nous attribuions le nom d?une rue ou d?une place � Mohamed Bouazizi, ce jeune homme qui s?est immol�. Cet �v�nement, vous le savez, a �t� un des �v�nements d�clencheurs de la r�volution survenue en Tunisie.

Ce serait une belle mani�re de t�moigner notre solidarit�.

Je vous remercie.

M. LE MAIRE DE PARIS. - La parole est � M. Yves CONTASSOT.

M. Yves CONTASSOT. - Merci, Monsieur le Maire.

Effectivement, Mohamed Bouazizi restera sans doute dans l?Histoire, comme d?autres sont rest�s, m�me s?ils n?ont pas �t� les seuls, �videmment, et loin de l�, � �tre � l?origine de cette r�volution. Il n?emp�che qu?il restera comme un beau symbole, ayant pay� de sa vie une situation absolument inadmissible, insupportable. H�las, je dirais qu?il a fallu qu?il y ait d?autres morts avant que la situation n?�volue favorablement en Tunisie. On voit qu?en Egypte, il faut, malheureusement, des �v�nements tragiques, l� encore, pour permettre des transitions d�mocratiques permettant la justice sociale.

Alors, notre proposition, effectivement, rejoint d?autres qui pensent qu?une personnalit� comme Mohamed Bouazizi m�rite que la Ville de Paris lui rende hommage sur une place, une rue, un b�timent. Il faudra voir la meilleure fa�on de le faire, en lien probablement avec � la fois sa famille et les mouvements qui ont particip� � l?�mancipation et � la lib�ration de la Tunisie, pour qu?un v�ritable hommage solennel puisse lui �tre rendu.

Merci.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup.

Au nom de l?Ex�cutif, la parole est � M. Pierre SCHAPIRA.

M. Pierre SCHAPIRA, adjoint. - Oui, Monsieur le Maire.

Rapidement parce que� beaucoup de choses ont �t� dites et dites justement.

Sur les deux premiers v?ux concernant le soutien au peuple tunisien, bien �videmment, l?Ex�cutif municipal y est tout � fait favorable. Nous avons �t� choqu�s par les r�actions des forces de police dirig�es par l?ancien r�gime, qui ont us� de la force, ont tu� des manifestants, souvent tr�s jeunes.

J?ajoute, parce que beaucoup de choses ont �t� dites, que sur la coop�ration avec les villes tunisiennes, sachez que, par l?interm�diaire de l?Association Internationale des Maires Francophones, la Ville de Paris a eu �videmment des liens avec les villes tunisiennes. Nous avons eu un certain nombre de coop�rations mais extr�mement faibles, car souvent les maires tunisiens n?obtenaient pas les visas pour venir travailler avec nous.

Sachez que, dans nos organisations des associations internationales, nous faisons souvent le point sur nos relations avec les diff�rents pays. Cela s?appelle des assises de la coop�ration d�centralis�e.

Avec la Tunisie, ces assises n?ont pas eu lieu depuis 16 ans, ce qui est absolument absurde parce qu?avec les autres pays, c?est tous les deux ou trois ans.

Je veux dire qu?il y a une volont�, �videmment, de pouvoir renouer avec les villes tunisiennes, de mani�re que nous puissions retravailler ensemble et nous r�pondrons, bien �videmment, puisque c?est la fa�on dont nous g�rons la coop�ration d�centralis�e, � toutes les demandes des villes tunisiennes avec lesquelles nous sommes en partenariat.

Concernant Mohamed Bouazizi, puisque je r�ponds aux deux v?ux, je crois que tout a �t� dit : il symbolise un combat. Je pense que ce geste ultime, il ne pouvait pas imaginer, lui, ce que cela entra�nerait, mais ce geste ultime a �t� un moment extr�mement important pour les Tunisiens mais je crois aussi dans la r�gion toute enti�re.

L?Ex�cutif municipal ne peut que s?associer � ces deux v?ux et nous verrons les moyens appropri�s pour rendre hommage � ce r�sistant.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci.

J?ai une demande d?explication de vote de M. LELLOUCHE.

M. Pierre LELLOUCHE. - Merci, Monsieur le Maire.

Mes chers coll�gues, comme le Maire de Paris, j?ai quelques attaches affectives avec ce pays, ami de la France, qu?est la Tunisie. J?ai donc l?honneur de pr�senter, au nom de mon groupe, les explications de vote sur ces v?ux n� 88, n� 89 et n� 90 que nous avons �tudi�s avec beaucoup d?attention, qui sont respectables dans leur intention.

Permettez-moi de vous dire d?abord que je voudrais �vacuer de notre d�bat, si c?est possible, tout esprit de pol�mique politique ; j?ai vu des attaques contre le Gouvernement : je laisse le soin � chacun de se livrer � ce genre d?exercice. Je ne pol�miquerai pas, ni sur l?attitude de tel ou tel parti, ni sur les internationales, ce n?est pas mon sujet.

Ce que je veux dire ici, c?est que nous tenons, �lus de l?opposition parisienne, � saluer la m�moire de cet homme qui s?est immol� et qui a symbolis� l?esprit de libert�. Il serait bon que la Ville lui fasse un hommage - je ne sais pas si c?est sous la forme d?une rue. Il n?y a pas de rue Jan Palach et pourtant, il a tout d�clench� en Europe de l?Est, mais sur le principe d?un hommage, bien entendu, nous soutiendrons.

Sur le fond, je voudrais simplement dire ceci : nous saluons le courage, la dignit� et la maturit� du peuple tunisien depuis le d�but de cette r�volution, essentiellement pacifique depuis le 14 janvier. Nous souhaitons une d�mocratie durable dans ce pays, et nous souhaitons que l?esprit de tol�rance, de responsabilit� qui a toujours �t� celui de la Tunisie depuis son ind�pendance, quels que soient les pr�sidents successifs, et profitant de l?existence de r�formes dans ce pays, quoi qu?on en dise, notamment de lib�ration de la femme, de l?�ducation, de l?existence d?une classe moyenne, am�ne ce pays � une transition d�mocratique dans la paix.

Quant � nous, Fran�ais, il me semble indispensable, au-del� des querelles politiques que l?on peut comprendre, justifier non, mais comprendre, certainement, je voudrais dire que notre r�le est d?accompagner cette transition d�mocratique.

Nous l?avons fait, nous le faisons. En tant que responsable du commerce ext�rieur, j?ai demand� � nos entreprises? Nous avons 1.200 entreprises en Tunisie. 100.000 personnes vivent de la pr�sence fran�aise en Tunisie. Que ces entreprises restent. Que nous accompagnions le mouvement d�mocratique. Je sais, Monsieur le Maire, que vous vous rendrez bient�t en Tunisie.

Je crois qu?il est important que tous ensemble, au niveau des partis politiques, des institutions, de l?�conomie de ce pays, nous soyons � c�t� de la Tunisie. C?est tout ce que je voulais dire : je ne veux pas rentrer dans des pol�miques.

Sur les attaques contre le Gouvernement fran�ais qui figurent dans ces v?ux, vous comprendrez qu?il nous soit impossible d?approuver ces v?ux, m�me si leur esprit, � savoir la solidarit� du peuple de Paris dans ce moment important de l?histoire de la Tunisie et peut-�tre de l?histoire de la libert� � l?int�rieur du monde arabe que nous souhaitons naturellement, nous convient.

Nous accompagnons naturellement tous ces v?ux de notre faveur, � l?exception de ces attaques politiciennes qui n?ont franchement pas lieu d?�tre et que je regrette pour ma part.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Ce sera au proc�s-verbal, ce qui vous permettra, quel que soit le vote que vous �mettrez, qu?il soit bien clair dans le proc�s-verbal que vous �tes d?accord sur l?esprit, notamment de l?hommage � Mohamed Bouazizi.

M. Pierre LELLOUCHE. - Nous sommes oblig�s de voter contre les v?ux qui comportent des attaques envers le Gouvernement. Pour le reste, sur l?hommage � M. Bouazizi et le soutien au peuple tunisien, je veux qu?il soit clair, naturellement, que nous sommes? � moins que vous ne retiriez ces consid�rants.

M. Yves CONTASSOT. - Il n?y en a pas.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Yves, c?est pourquoi j?ai bien dit que dans le proc�s-verbal, il serait, bien s�r, mentionn� vos propos pour qu?on comprenne bien votre position, notamment sur l?esprit et sur Mohamed Bouazizi.

Monsieur POZZO di BORGO, vous avez demand� la parole pour une explication de vote, je crois ?

M. Yves POZZO di BORGO. - En ce qui concerne les trois v?ux, notamment les v?ux pr�sent�s par ?Les Verts? et le parti Communiste, je n?ai rien vu, rien contre le Gouvernement, et nous partageons cette �motion et l?expression des v?ux. J?ai bien relu, et je n?ai rien vu.

Je voudrais juste vous dire, Monsieur le Maire, sans pol�mique, mais je crois qu?il faut un peu de d�cence.

Sur le premier v?u, le v?u n� 88, nous le voterions, mais vous ne pouvez pas, vous, les socialistes, mettre l?alin�a 4. Vous savez tr�s bien que vous faisiez partie de l?Internationale socialiste, qu?� chaque congr�s du R.C.D., votre repr�sentant, M. SUEUR, �tait pr�sent � ces congr�s au nom du parti socialiste.

Nous sommes pr�ts � voter ce v?u n� 88, mais pour que se soit dans un bon �tat d?esprit, la phrase au proc�s-verbal n?est pas suffisante. Je crois qu?il faut que vous retiriez ce quatri�me consid�rant. Nous ne le ferons pas, mais je crois qu?il y a un probl�me de d�cence de la part du parti socialiste. Parce que dans cette affaire, on sait tr�s bien qu?il y a des relations avec ce pays. On sait tr�s bien? Je voudrais aussi que vous int�griez dans votre r�flexion que depuis le 1er janvier, la diplomatie europ�enne remplace de plus en plus la diplomatie de chaque pays de la Communaut�, et que l?Europe, pour cela, �tait assez pr�cise dans le rappel des principes sur les droits de l?homme en Tunisie.

C?est pour cela, Monsieur le Maire, que je regrette, dans l?esprit qu?on sait chez vous, que les membres de votre parti aient fait un v?u avec cette phrase. Je trouve qu?elle est de mauvais aloi. Elle est malhonn�te et en plus de cela, ce n?est pas vous, le parti socialiste, qui pouvez dire cela. Excusez-moi de dire cela, sans pol�mique, il faut vraiment que nous soyons unanimes.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Chers coll�gues, d?abord, les auteurs des v?ux me diront s?ils modifient quelque chose. S?ils ne modifient pas, vous ferez comme vous le sentez et je v�rifierai qu?au B.M.O. votre �tat d?esprit soit bien connu.

Je ne veux pas revenir sur la politique gouvernementale puisque j?ai eu l?occasion de m?exprimer, notamment vendredi matin sur France Inter. En revanche, je veux donner quelques pr�cisions. La Ville de Paris, depuis que j?en suis Maire, s?efforce d?avoir des relations avec le peuple tunisien et les maires tunisiens. Notamment via l?A.I.M.F., nous avons quand m�me fait un certain nombre de choses, notamment dans une ville tunisienne, la r�novation simultan�e du cimeti�re musulman, du cimeti�re juif et du cimeti�re chr�tien, ce qui n?est pas sans signification.

En revanche, il faut rappeler aujourd?hui qu?il y a 15 mois, les villes tunisiennes ont quitt� l?A.I.M.F. pendant quelques mois, � la demande du pr�sident BEN ALI parce que j?avais �t� amen� � dire plus fortement que d?habitude, et surtout tr�s publiquement, qu?il fallait un respect strict des droits de l?homme en Tunisie.

La r�action, malheureusement, du pouvoir tunisien, a �t� de demander aux cinq maires, et ils en �taient tous marris, de quitter l?A.I.M.F. Je n?ai pas recul� et quelques mois apr�s, les maires tunisiens sont revenus dans l?A.I.M.F.

Si je vous le dis, c?est parce qu?� cette occasion-l�, j?ai eu beaucoup d?�changes avec les maires des autres pays de l?A.I.M.F. et avec Abdou DIOUF. Avais-je eu tort ? Avais-je eu raison ? Je n?avais pas dit que c?�tait en qualit� de Pr�sident de l?A.I.M.F., mais je ne peux pas ne pas dire un certain nombre de choses. De la m�me mani�re que pour un certain nombre d?opposants, dont un �tait tout � l?heure dans mon bureau, dont je ne partage pas n�cessairement les opinions... Je pense � Mme BEN SEDRINE, � Kema�s CHAMNARI, � Moncef MARZOUKI. Certains sont d?extr�me gauche. Il est vrai que j?ai plaid� leur lib�ration et que cela m?a �t� reproch�.

Donc, sur novembre 2009, qui a provoqu� le d�part des maires tunisiens de l?A.I.M.F., j?ai eu des �changes avec de nombreux maires. Je me souviens de Nic�phore SOGLO, l?ancien Pr�sident de la R�publique du B�nin, maintenant maire de Cotonou ; je me souviens de Simon COMPAOR�, le maire de Ouagadougou, et tous se sont demand�s : ?Nous faut-il r�parer d?�ventuelles erreurs de Bertrand ?? Ils ne m?ont pas fait de reproches : je vous le dis tout de suite. Et avec Abdou DIOUF, parce que nous voulions que les maires tunisiens reviennent dans l?A.I.M.F? Et moi, je n?avais pas l?intention de retirer une seule virgule de mes propos.

Maintenant que la r�volution tunisienne a eu lieu, je constate que les maires francophones que j?ai vus, notamment � Auschwitz mardi dernier, me disent � quel point, finalement, pour l?A.I.M.F., malgr� cette crise de quelques mois, ils se r�jouissent que j?ai port� au nom de la famille francophone quelques valeurs universelles.

La deuxi�me chose que je voudrais vous dire est que le peuple tunisien a �t� repr�sent� depuis l?Ind�pendance, d?abord par le Pr�sident Bourguiba, puis par le pouvoir du Pr�sident BEN ALI.

Nous avons d�j� honor� un grand tunisien, qui est le Pr�sident Bourguiba, et je ne m?en excuse pas, m�me si le Pr�sident Bourguiba, qui a �t� le d�colonisateur, l?auteur du Code du statut personnel, donc l?�galit� femmes-hommes, l?�ducation, la sant�, c?�tait aussi un r�gime autoritaire.

Lorsque nous appelions en Tunisie, avant m�me que BEN ALI soit Pr�sident, les t�l�phone �taient �cout�s.

Je veux juger avec modestie et honn�tet� l?Histoire. Simplement, ce que je veux dire aussi, pour avoir �t� aux c�t�s de la Ligue tunisienne des Droits de l?Homme et l?Association des femmes d�mocrates et avoir toujours entretenu avec tout le monde des dialogues francs, et notamment avec les opposants, je pense que ce qu?a fait le peuple tunisien au mois de janvier 2011 est unique. Ce petit peuple de 10 millions d?habitants, qui n?est pas riche, contrairement � certains de ses voisins, a renvers� un r�gime tr�s fort, tr�s policier - d?ailleurs, on l?a vu dans les semaines qui ont suivi et on l?a encore vu ce week-end -, et il l?a fait sans aucun acte de violence.

Il y a eu des morts, il y a eu des violences, il n?y a pas eu un coup de poing donn� par un Tunisien qui se r�voltait. C?est quelque chose, au regard de l?Histoire, que je crois exceptionnel et, effectivement, peut-�tre serais-je un peu chauvin, qui a un rapport avec l?�me tunisienne.

Je pense que cette r�volution a toutes les chances de r�ussir ; comme nous disent les Tunisiens : ?faites-nous confiance?. Elle est aujourd?hui encore tr�s fragile. Ce week-end, au Kef, quatre personnes sont mortes, tu�es par les forces de police, et c?est encore une situation extr�mement chaotique.

Il y a consensus dans la soci�t� tunisienne sur les trois commissions qui ont �t� mises en place autour de la r�forme d�mocratique, autour de la lutte contre la corruption et autour de notre th�me : les responsabilit�s dans ces �v�nements. L�-dessus, il y a un consensus total, quelles que soient les opinions.

Pour le reste, comme je le dis � mes amis tunisiens qui, parfois, ne sont pas d?accord entre eux : ?ne vous inqui�tez pas, c?est la d�mocratie?, mais c?est fragile et je pense qu?il faut que nous soyons aux c�t�s du peuple tunisien, que le Conseil de Paris dise au peuple tunisien que nous l?aimons, que nous l?admirons et que sa r�volution est certainement majeure pour la libert� non seulement en M�diterran�e mais peut-�tre, on verra, au-del�.

Je pense qu?il faudra que nous soyons extr�mement actifs dans notre coop�ration avec aussi des O.N.G. ; j?ai d�j� parl� avec Christian SAUTTER de ?Paris Pionni�res?, cette association de femmes chefs d?entreprise dont je suis s�r, j?en ai parl� � la Pr�sidente des femmes d�mocrates, Mme BEN ACHOUR, et il y a des O.N.G., notamment dans les r�gions du centre, qui veulent agir pour la solidarit�, pour la justice, n?oubliez pas, et Ian BROSSAT a eu raison de le dire, que cette r�volution est aussi partie sur une revendication de justice sociale et qu?il faut aussi qu?on soit � leurs c�t�s dans ce domaine-l�.

De ce point de vue, je crois que c?est tr�s important pour le peuple tunisien que le Conseil de Paris lui exprime aujourd?hui sa solidarit�, son amiti�, son admiration, mais aussi son soutien et je crois que le fait de donner le nom de Mohammed Bouazizi, qui est devenu le symbole de la r�volution tunisienne, � un lieu ou une place de Paris est tout � fait important ; c?est d�j�, en Tunisie, appr�ci�. Je voudrais m�me vous demander qu?on aille vite pour trouver cette rue ou cette place, car je crois que son inauguration sera un moment que les Tunisiens ressentiront comme un vrai moment de fraternit� du peuple de Paris pour le peuple tunisien.

Voil� ce que je voulais vous dire.

Je crois que c?est important, au-del� de nous, que dans certaines circonstances, o� les valeurs sont vraiment en cause et le mouvement des peuples, que nous sachions, nous, les Parisiens, porter ce message que nous avons re�u, peut-�tre notamment de la Lib�ration de Paris le 25 ao�t 1944 : la libert�, la d�mocratie, les Droits de l?Homme ; ce n?est pas r�serv� � tel ou tel peuple, � telle ou telle race ou � telle ou telle religion, la libert�, la d�mocratie, les Droits de l?Homme, l?�galit� femmes/hommes, c?est pour tous les peuples de la plan�te !

Je mets aux voix le v?u n� 88?

Y a-t-il des modifications ? Oui.

Monsieur CAFFET ?

M. Jean-Pierre CAFFET. - Merci, Monsieur le Maire.

Je voulais souligner, pour que les choses soient claires, que la volont� de mon groupe, pour l?essentiel, �tait �videmment de manifester sa solidarit� avec le peuple tunisien dans la lutte qu?il a engag�e contre l?injustice et pour la libert� et la d�mocratie.

A cette occasion, mon groupe a voulu �galement porter l?appr�ciation qu?il avait sur la mani�re dont le Gouvernement s?�tait comport� pendant cette crise.

Je comprends, je peux comprendre, que, pour l?opposition, le quatri�me consid�rant, comme le notait notre coll�gue Yves POZZO di BORGO, soit g�nant, �tant donn� qu?il y a, dans vos rangs, dans les rangs de l?opposition, un certain nombre de Ministres dont un qui a des responsabilit�s internationales, m�me si elles ne portent pas sur le Maghreb.

Dans ces conditions, moi, ce que je souhaite, c?est que l?unanimit� la plus large se fasse dans ce Conseil pour apporter notre solidarit� et notre fraternit�, comme vient de le dire le Maire, au peuple tunisien.

Dans cette condition, mais � cette condition, si le retrait du quatri�me consid�rant de notre v?u permet que le Conseil exprime cette solidarit� de mani�re unanime, je suis parfaitement d?accord pour le supprimer et ne laisser que les trois premiers consid�rants qui portent essentiellement sur des faits.

J?ajoute que, � la lecture des deux autres v?ux, celui qui a �t� d�pos� par notre coll�gue Ian BROSSAT et celui qui est sign� par le groupe E.E.L.V.A., ce sont des consid�rants qui ne devraient pas g�ner l?Opposition puisqu?ils ne portent pas d?appr�ciation sur la mani�re dont le Gouvernement a g�r� cette ?crise?.

A partir de ce moment-l�, je ne vois pas pourquoi, sur l?ensemble de ces trois v?ux, il ne pourrait pas y avoir unanimit� de notre Conseil.

Je crois que l?enjeu est suffisamment important pour que, ma foi, sur cette question, celle de la libert�, de la d�mocratie et de la justice sociale, nous puissions exprimer une position commune et unanime.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Tr�s bien.

Monsieur LELLOUCHE, une br�ve r�action ? C?est normal.

M. Pierre LELLOUCHE. - Tr�s bri�vement, Monsieur le Maire, je voulais vous dire que je soutenais totalement l?analyse qui �tait la v�tre de la situation en Tunisie et notamment de la fragilit� de la situation, de la n�cessit� d?accompagner cette transition d�mocratique au mieux.

C?est exactement dans cet esprit que je remercie M. CAFFET de comprendre la difficult� et l?obstacle que repr�sentait ce consid�rant.

D�s lors que la Majorit� municipale veut bien l?�ter, naturellement, mon groupe le votera et nous aurons donc une unanimit� de solidarit� au peuple de Tunis, aux Tunisiens dans cette transition d�mocratique.

J?ajoute que, comme je l?ai dit tout � l?heure, nous n?avons rien, bien au contraire, contre un hommage � M. Bouazizi. Les v?ux pr�sent�s par M. CONTASSOT et M. BROSSAT ne comportant pas d?attaque politique particuli�re au Gouvernement, nous nous associons bien �videmment � ces hommages.

Le Maire de Paris et cette Assembl�e d�cideront de la forme � y apporter.

Voil�, tr�s bri�vement, quelle est notre position.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci.

Monsieur POZZO di BORGO, vous avez la parole.

M. Yves POZZO di BORGO. - Je ne peux que me r�jouir de la position du Pr�sident du groupe socialiste.

Evidemment, nous voterons en faveur de cette unanimit� parce que je pense qu?elle est n�cessaire. Si je puis me permettre, Monsieur le Maire, je vous rejoins enti�rement sur la n�cessit� d?aller vite pour montrer que Paris accompagne ce mouvement.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Mes chers coll�gues, avant le vote, puisqu?il y avait dans le v?u du groupe socialiste une phrase qui d�rangeait, si nous votons, c?est pourquoi je le dis avant, � l?unanimit� les quatre v?ux, je crois que ce sera particuli�rement appr�ci� par le peuple tunisien.

Je mets donc aux voix, � main lev�e, la proposition de v?u r�f�renc�e n� 88, d�pos�e par le groupe socialiste, radical de gauche et apparent�s, amend�e par l?Ex�cutif.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

La proposition de v?u est adopt�e � l?unanimit�. (2011, V. 44).

Je mets aux voix, � main lev�e, la proposition de v?u r�f�renc�e n� 89, d�pos�e par le groupe Communiste et �lus du Parti de Gauche, assortie d?un avis favorable de l?Ex�cutif.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

La proposition de v?u est adopt�e � l?unanimit�. (2011, V. 45).

Je mets aux voix, � main lev�e, la proposition de v?u r�f�renc�e n� 90, d�pos�e par le groupe E.E.L.V.A., assortie d?un avis favorable de l?Ex�cutif.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

La proposition de v?u est adopt�e � l?unanimit�. (2011, V. 46).

Je mets aux voix, � main lev�e, la proposition de v?u r�f�renc�e n� 91, d�pos�e par le groupe Communiste et �lus du Parti de Gauche, assortie d?un avis favorable de l?Ex�cutif.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

La proposition de v?u est adopt�e � l?unanimit�. (2011, V. 47).

Je ne peux pas vous parler au nom du peuple tunisien, mais je crois que le peuple tunisien est tr�s content que le Conseil de Paris, unanime, ait d�cid� de ce soutien, de cet hommage et de cette solidarit�.

Je vous en remercie tr�s chaleureusement.

Février 2011
Débat
Conseil municipal
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