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38 - 2011, DAC 92 - Signature d’une convention avec l’association Philharmonie de Paris (19e) pour l’attribution d’un acompte sur la subvention 2011. - Montant : 700.000 euros.



M. Bernard GAUDILL�RE, adjoint, pr�sident. - Nous examinons maintenant le projet de d�lib�ration DAC 92 relatif � la signature d?une convention avec l?association Philharmonie de Paris, (19e), pour l?attribution d?un acompte sur la subvention 2011 � hauteur de 700.000 euros.

La parole est � Mme la Pr�sidente FOURNIER, pour 5 minutes.

Mme Danielle FOURNIER. - Merci.

Cette d�lib�ration fait suite � celle qui a �t� propos�e � notre vote en mars dernier o� il s?agissait d?augmenter de mani�re sensible la garantie accord�e par la Ville de Paris � l?association Philharmonie de Paris pour r�aliser une salle de concert. J?avais alors fait part des r�serves de mon groupe sur ce projet qui nous avaient conduits � nous abstenir sur cette d�lib�ration.

Il s?agit cette fois, comme vous l?avez rappel�, d?accorder un acompte de 700.000 euros � l?association pour couvrir les charges de personnels, les frais de location de locaux temporaires, les achats d?�tudes et de prestations, et les frais d?assistance juridique qui sont estim�s � pr�s de 4 millions d?euros.

Ce projet, permettez-moi d?y revenir un petit peu, d?une grande salle philharmonique en France et � Paris a vraiment beaucoup pein� � voir le jour, tant le projet est �norme et tant ce projet a pos� probl�me et continue � poser probl�me.

Maintenant que le chantier est lanc�, il en rappelle aussi d?autres o� la Ville s?engage dans des d�penses pharaoniques, et ce, dans un contexte particulier o� la d�monstration de la n�cessit� d?une grande vigilance vis-�-vis des d�penses et surtout des d�penses nouvelles, n?est plus � faire.

En effet, comment ne pas �tre inquiet pour l?avenir quand on prend au mot les d�clarations du Maire sur la baisse des ressources disponibles pour la Ville, qui se traduit, par exemple, au mieux par le maintien des subventions aux associations culturelles ?

Le contexte est donc peu propice au lancement de ce projet, de ce grand projet, d?autant que, plus largement, on peut aussi douter de sa pertinence. En effet, on nous r�p�te � l?envi que Paris ne figure pas parmi les grandes capitales mondiales en mati�re symphonique et ne peut accueillir de grandes tourn�es, faute de lieu adapt�. Mais Paris compte au moins deux salles d�di�es en partie � la musique symphonique : le nouvel Auditorium de Radio France et le th��tre des Champs-Elys�es. De plus, le public et les artistes peuvent compter sur l?existence de salles non sp�cifiquement d�di�es � la musique symphonique mais qui proposent aussi une programmation musicale, classique ou lyrique, et qui ont toutes une jauge quand m�me importante, entre 1.000 et 2.000 spectateurs, voire plus.

Donc, l?argument tient peu, on ne peut pas raisonnablement parler de sous-�quipement de Paris en la mati�re.

D?autre part, cette salle s?est fix� un objectif de d�part de 400.000 spectateurs et esp�re en accueillir 600.000 en moyenne par an � terme. Le pari est tr�s audacieux et il s?appuie sur l?hypoth�se � la fois du d�placement des publics actuels et de l?ouverture � de nouveaux publics. L� aussi, il est � craindre que ce ne soit pas si facile. En effet, l?�coute de la musique classique et la fr�quentation des concerts de musique classique ne cessent de reculer en France, et ce, chez les jeunes et au sein des cat�gories populaires, pour diverses raisons, notamment celle du co�t de la place.

Quant � la localisation, puisqu?on nous vante l?implantation de cet �quipement comme �tant un �l�ment moteur de Paris M�tropole dans sa version culturelle, nous noterons qu?il est situ� encore une fois dans Paris et rel�ve d?une vision tr�s, tr�s centralisatrice.

A cela, s?ajoute aussi la d�rive budg�taire, puisque le co�t total des travaux - l�, je parle de travaux et pas de la subvention de fonctionnement - �tait estim� au d�part � 150 millions d?euros en 2006 et atteint aujourd?hui 350 millions d?euros, en int�grant toutes les modifications du cahier des charges.

Dans ce cadre, les co�ts d?exploitation de la Philharmonie de Paris risquent d?�tre tr�s �lev�s, c?est d?ailleurs le montant de la subvention qu?il nous est propos� de voter aujourd?hui.

Je crois qu?il serait souhaitable qu?elle ne s?op�re pas par red�ploiement des cr�dits au d�triment d?actions et de lieux culturels, certes beaucoup plus modestes, mais dont la pertinence par rapport au besoin des habitants est, elle, bien manifeste. J?y reviendrai dans la prochaine intervention que je vais faire sur une association.

Aussi, je le r�p�te, mon groupe est tr�s r�serv� sur ce projet et nous nous abstiendrons sur cette d�lib�ration.

M. Bernard GAUDILL�RE, adjoint, pr�sident. - Merci, Madame.

Pour vous r�pondre, la parole est � M. Christophe GIRARD.

M. Christophe GIRARD, adjoint, au nom de la 9e Commission. - Merci beaucoup.

Il s?agit en effet d?un premier versement pour la subvention 2011, � l?association Philharmonie de Paris.

Sur la Philharmonie, vous savez qu?il y a deux camps, les contre, dont vous faites partie - et vous en avez le droit - et les pour, dont je fais partie. Je vais tenter de vous convaincre.

La Ville de Paris, avec le soutien de la R�gion Ile-de-France et � parit� avec l?�tat (ce n?est pas la Ville de Paris seule), a souhait� depuis 2001 - puisque les conversations, tr�s anciennes, datent de l?�poque du Gouvernement Jospin avec Catherine TASCA - donner une nouvelle impulsion � la vie musicale parisienne, mais je dirai plut�t francilienne, gr�ce � ce nouvel �quipement majeur, con�u par Jean NOUVEL, qui s?inscrit, non pas au centre de Paris comme vous le laissiez entendre, Madame FOURNIER, mais dans le Nord-Est parisien, le long du nouveau tramway et donc en bordure de villes limitrophes, qui seront bien �videmment utilisatrices de cet �quipement, tout comme les arrondissement du 19e, du 18e et tout autour du Nord-Est de Paris.

Cette salle peut contribuer � la dynamisation de tout un quartier et de villes limitrophes et doter ainsi Paris d?une salle de concert de dimension internationale, � l?instar de Londres, Berlin, New York ou Tokyo.

Il faut savoir que, jusqu?� maintenant, pour les grandes formations orchestrales ou les orchestres que nous invitons, il n?y a pas r�ellement de lieu de travail, de lieu de diffusion et de r�p�tition adapt� � Paris.

Pierre BOULEZ n?a pas h�sit� depuis plusieurs ann�es � dire et r�p�ter - il me l?a dit, il l?a �galement �crit - qu?il faut se rendre � l?�vidence : en France, on fait plus pour les mus�es que pour la musique, et cela ne date absolument pas d?aujourd?hui. Si l?on regarde l?histoire, cela date de Louis XIV.

Pour s?en tenir au dernier quart de si�cle et � la capitale, nous avons inaugur� le centre Georges Pompidou, le mus�e d?Orsay, le mus�e du quai Branly, on a magnifiquement r�nov� le grand Louvre avec la pyramide g�niale de Pe�, sans parler du Jeu de Paume.

Du c�t� de la musique, dit-il, on a construit l?op�ra Bastille et une cit� inachev�e, � la Villette, avant de rafistoler la salle Pleyel. Il n?y a vraiment pas de quoi pavoiser.

Je partage totalement l?avis de Pierre BOULEZ, la musique me semble �tre un enjeu majeur pour les nouvelles g�n�rations et je vais vous expliquer pourquoi.

Sur le plan acoustique, la salle de concert r�pondra aux normes internationales les plus exigeantes. C?est Pierre BOULEZ qui le dit, laissez-le ma�tre de ses paroles.

V�ritable maison des orchestres, porteuse d?un projet p�dagogique et culturel fort, la salle accueillera plusieurs formations musicales en r�sidence permanente ou temporaire. L?orchestre de Paris, enfin, y �lira notamment r�sidence.

La Philharmonie sera plus qu?une salle de concert. Elle pourra permettre de renouveler les publics de la musique classique, de d�placer les lignes, de repenser l?approche de la politique des publics.

La Philharmonie mettra en place :

- des actions p�dagogiques avec une politique tarifaire adapt�e, nous serons donc �videmment, Madame FOURNIER, vigilants sur le prix des places, voire m�me sur la gratuit� souhaitable (je pense aux enfants des conservatoires),

- des concerts comment�s ou de plus br�ve dur�e ;

- des ateliers � destination des enfants ;

- des visites guid�es d?exposition ;

- la d�couverte de la musique ?via? le multim�dia.

Enfin, elle permettra de savoir �pouser avec la musique et les musiciens l?�re num�rique, tant crainte par les pires conservateurs !

Oui, Paris a besoin d?une salle symphonique du XXIe si�cle, nous devons nous projeter dans l?avenir pour les g�n�rations futures. La musique est un v�ritable enjeu de civilisation et l?ouverture au public est pr�vue pour le d�but de l?ann�e 2014.

M. Bernard GAUDILL�RE, adjoint, pr�sident. - Merci.

Le groupe U.M.P.P.A. a souhait� donner une explication de vote par la voix de M. GIANNESINI. La parole sera ensuite � M. Yves POZZO di BORGO.

Monsieur GIANNESINI, vous avez la parole.

M. Jean-Jacques GIANNESINI. - Merci, Monsieur le Maire.

Je voudrais d?abord dire � M. Christophe GIRARD que, comme lui, je fais partie des pour.

Les �lus U.M.P. du 19e se r�jouissent totalement qu?un tel �quipement, la Philharmonie de Paris, voie le jour dans le 19e arrondissement, quartier populaire de Paris.

Il est effectivement tr�s important que les habitants puissent profiter de cet �quipement, au m�me titre que d?autres du Centre et de l?Ouest de Paris profitent d?autres �quipements.

Quant aux d�penses somptuaires suppos�es, on pourrait discuter sur d?autres d�penses un peu pharaoniques comme le stade Jean-Bouin ou la Ga�t� Lyrique. Tout est discutable.

Enfin, je pense - et c?est une bonne chose - que cet �quipement s?inscrit dans un ensemble d?infrastructures d�di�es � la musique. Je me f�licite donc que le Pr�sident de la R�publique ait d�bloqu� ce projet.

Je vous remercie, nous voterons pour le projet de d�lib�ration.

M. Bernard GAUDILL�RE, adjoint, pr�sident. - Explication de vote de M. le Pr�sident POZZO di BORGO.

M. Yves POZZO di BORGO. - Nous sommes �galement pour, puisque nous consid�rons que nous devons avoir une grande salle � Paris, qui est une capitale mondiale.

Mais je voudrais juste faire une remarque � M. GIRARD sur la salle Pleyel. Je crois que vous �tes un peu m�chant en disant qu?elle a �t� rafistol�e. Je ne comprends pas parce Vladimir GUERGUIEV ou Simon RATTLE disaient que la seule salle qu?il appr�ciait � Paris � cause de l?acoustique �tait la salle Pleyel.

M. Christophe GIRARD, adjoint, rapporteur. - C?est la seule aujourd?hui.

M. Yves POZZO di BORGO. - Je crois que c?est RATTLE qui disait qu?il ne voulait aller que l�, alors il faudrait peut-�tre mettre en contact RATTLE et BOULEZ.

Je veux juste apporter une petite correction. Sinon, on votera sans probl�me.

M. Bernard GAUDILL�RE, adjoint, pr�sident. - Voil� une controverse int�ressante entre Pierre BOULEZ et Sir Simon RATTLE.

Nous pouvons passer maintenant au vote.

Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DAC 92.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

Le projet de d�lib�ration est adopt�. (2011, DAC 92).

Mai 2011
Débat
Conseil municipal
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