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88 - 2011, SG 37 - Signature d’un avenant n° 2 à la convention passée avec l’association “JE.TU.IL” pour l’attribution d’une subvention. Montant : 110.000 euros.



M. Jean VUILLERMOZ, adjoint, pr�sident. - Nous examinons le projet de d�lib�ration SG 37 relatif � la signature d?un avenant n� 2 � la convention pass�e avec l?association ?Je tu il? pour l?attribution d?une subvention de 110.000 euros.

La parole est � Mme Karen TA�EB.

Mme Karen TA�EB. - Monsieur le Maire, mes chers coll�gues.

Au moment o� nous d�cidions d?intervenir sur ce projet de d�lib�ration pour nous f�liciter du travail accompli par l?association ?Je tu il/elle?, association fond�e en 1981, nous ne savions pas avec les �lues r�publicaines et socialistes que l?actualit� serait si violente et si cruelle.

Je pense �videmment � ce jeune gar�on, app�t� sur Facebook par une jeune fille qui lui tend un pi�ge et qui a �t� humili� et violent� une nuit enti�re il y a � peine quelques jours � Paris. L?adolescent de 17 ans a �t� d�couvert en �tat de choc, le 4 mai dernier, par un boulanger du 18e arrondissement de Paris.

Non loin de Paris, un �l�ve de 3e du coll�ge Pablo Picasso de Garges-les-Gonesse a �t� victime, quant � lui, d?une agression d?une rare violence � la sortie de ce coll�ge.

Un climat de violence r�gne incontestablement et cela commence d�s le plus jeune �ge. Harc�lement fait de brutalit�s et d?insultes quotidiennes, micro violences, comme on dit, en continu. Et cela d�passe les fronti�res de la Capitale et de la France : les Anglo-Saxons appellent cela le ?school bullving?. D?aucuns diront que cela a toujours exist�, mais la violence a atteint un pic tr�s �lev� dans notre soci�t�, en tout cas un nouveau visage particuli�rement inqui�tant.

S?il est vrai que cette enqu�te aupr�s de 13.000 jeunes sur leur ressenti � l?�cole nous am�ne sans doute � en parler aujourd?hui plus qu?hier, il en ressort n�anmoins qu?un enfant sur dix est victime de harc�lement physique � l?�cole ; ils sont m�mes 14 % � subir un harc�lement verbal.

Et le harc�lement se prolonge en dehors de l?�cole. Aux brimades, insultes, coups, racket s?ajoute la diffusion via Internet de photos et de vid�os humiliantes.

Ce sont des enfants qui souvent vont cacher la v�rit�, vont masquer l?origine d?une ecchymose, d?un coup, souvent soumis � la loi du silence quand ils sont menac�s de repr�sailles s?ils racontent � un professeur ou � un adulte de l?�tablissement.

On sait aussi qu?il existe un lien entre harc�lement et jeux dangereux : 6 % des non victimes disent avoir jou� au jeu du foulard contre plus de 38 % des victimes de harc�lement s�v�re.

Or, ce n?est pas en supprimant des postes � l?�cole, comme le fait le Gouvernement, que ces enfants pourront trouver l??il vigilant qu?ils attendent.

Commander un rapport � M. DEBARBIEUX est une bonne chose, mais agir en cons�quence est beaucoup mieux. Plut�t que de supprimer les postes, il faut au contraire renforcer et former les �quipes.

D�sormais, nous avons des chiffres, une enqu�te, un rapport, mais les adultes, proviseurs, professeurs, surveillants, m�decine scolaire, doivent obtenir des moyens suppl�mentaires pour agir, ne rien laisser passer de la plus petite phrase au plus petit geste de violence, et recr�er du lien social � l?�cole.

L?association ?Je tu il/elle?, dont il est question dans cette d�lib�ration et que nous soutenons depuis 2003, a notamment privil�gi� son intervention dans 16 �tablissements situ�s en zone d?�ducation prioritaire, et souhaite �galement proposer une forme d?atelier d�bat � destination des parents.

Son domaine de pr�dilection est la lutte contre la violence d?origine sexiste mais elle m�ne des activit�s �ducatives adapt�es � l?�ge et des formations dans un but de pr�vention des violences entre les jeunes, et notamment des d�bats � partir d?un programme audiovisuel intitul� ?Cet Autre que Moi?.

Je vous invite d?ailleurs � aller sur leur site afin d?entendre les r�flexions d?�l�ves et de professeurs, lors de ces d�bats, qui invitent � la connaissance de l?autre, je cite : ?On voit les �l�ves sous un autre ?il, pas seulement des adolescents en s�ance d?apprentissage, on les trouve beaux.?

Une d�couverte, quelque part, dont on peut appr�cier le caract�re na�f, mais cela montre aussi que l?on ne prend pas ou que l?on n?a pas assez de temps pour l?�coute de l?autre.

Nombreux sont les parents d?�l�ves qui constatent avec regret que, face � la course � l?apprentissage, on note un manque d?attention face � l?�ventuel mal-�tre ou les difficult�s du passage de l?enfance � l?adolescence.

L?�chec scolaire n?est pas seulement une question de mauvaises notes, mais le plus souvent une mise � l?�cart progressive du syst�me, ce qui peut l� encore conduire � plus de violence.

Mais toutes ces questions m�riteraient un vrai d�bat, une v�ritable r�flexion.

Pour l?heure, je voudrais me f�liciter du travail men� avec intelligence par la soci�t� de ?Je, tu, il, elle?, sur le visage de l?autre, et la question ?l�vinassienne? qui en d�coule : ?Qui est mon prochain ??

S?ouvrir � l?autre, mieux conna�tre l?autre, recr�er de l?humain dans les liens � l?�cole, entre �l�ves et entre �l�ves et adultes, ne pas laisser les r�seaux sociaux l?emporter sur les liens de la vraie vie, sont � encourager d?urgence. Combattre la violence � l?�cole, qu?elle soit d?origine sexiste, x�nophobe, raciste, antis�mite, homophobe ou sans objet, par et pour le vivre ensemble.

De toute �vidence, il s?agit d?un probl�me de soci�t�, certes r�current, mais qui prend une tournure aujourd?hui assez grave, sans parler des traces que cela laisse chez les victimes : peur d?aller � l?�cole, d�gradation de l?image de soi, d�pression, voire, dans certains cas, des tendances suicidaires.

Et m�me si neuf enfants sur dix n?ont aucun probl�me � l?�cole, fort heureusement, un enfant sur dix qui subit cette violence m�rite toute l?attention n�cessaire afin que l?�cole redevienne pour lui un lieu de savoir et de connaissance, et non un espace o� la loi qui r�gne est celle du plus fort.

Je vous remercie.

M. Jean VUILLERMOZ, adjoint, pr�sident. - Merci.

Madame Fatima LALEM, vous avez la parole.

Mme Fatima LALEM, adjointe. - Merci, Monsieur le Maire.

Chers coll�gues, d?abord je voudrais remercier chaleureusement Karen TA�EB pour son intervention remarquable, pour le soutien qu?elle apporte au travail de cette association, que nous connaissons et avec laquelle nous avons un partenariat tr�s fort et tr�s important depuis 2003.

Cette association a effectivement une d� marche globale qui lui permet de travailler avec les jeunes, � la fois autour des questions de pr�vention du sexisme, de pr�vention de l?homophobie et de la lesbophobie, mais aussi de l?ensemble des violences, et on sait qu?il y a un lien dans ce processus, dans ce continuum des violences, malheureusement port�es dans notre soci�t� par des jeunes, mais aussi par beaucoup d?adultes.

Nous savons aussi que, si l?on veut changer la donne de mani�re irr�versible, c?est en intervenant le plus t�t possible aupr�s de ces jeunes et c?est en soutenant les actions remarquables, comme celles de cette association.

Vous savez que c?est une question qui nous mobilise tr�s fortement dans l?Ex�cutif et les �lus de Gauche de notre ville. Vous savez qu?avec Colombe BROSSEL, mais aussi avec Myriam EL KHOMRI et Bruno JULLIARD, nous avons pris plusieurs initiatives innovantes cette ann�e.

La derni�re en date, que je voudrais vous signaler, est celle qui va �tre pr�sent�e le 26 mai prochain, qui porte sur un travail qui s?appelle ?Cin�-Egalit�? un travail r�alis� avec des jeunes pour les faire r�fl�chir, leur faire produire des petits sc�narios, des ?storyboards? sur l?ensemble de ces dimensions et en faire �galement un outil d?un travail interactif avec eux.

Je crois que c?est important aussi de rappeler, Karen l?a dit, qu?aujourd?hui ce travail n�cessaire est malheureusement un peu laiss� � l?abandon au niveau de l?Education nationale, qu?aujourd?hui les infirmi�res scolaires, le personnel A.T.O.S.S. et les �quipes �ducatives dans l?ensemble sont dans une situation de restriction de leurs effectifs et, de ce fait, sont moins disponibles pour cet accompagnement.

Il est bien �vident que nous continuerons � porter ces actions tr�s fortement au niveau de la collectivit� parisienne, mais je voudrais saisir cette occasion pour dire aussi qu?il convient d?interpeller les pouvoirs publics sur leur responsabilit� � ce niveau, face � la pr�gnance de cette violence dans la soci�t�, cela presque quotidiennement.

M. Jean VUILLERMOZ, adjoint, pr�sident. - Merci.

Monsieur MENGUY, vous voulez faire une courte explication de vote ?

M. Jean-Baptiste MENGUY. - Deux minutes.

Monsieur le Maire, je voulais prendre la parole, parce que je crois que cela va tr�s bien introduire le d�bat sur le v?u que nous avons d�pos�, dont on a d�j� d�battu en 7e commission.

J?ai �cout� avec beaucoup d?attention les propos de Mme TA�EB que je partage � 90 %. Vous l?aurez compris, je ne peux pas souscrire � ce qui est dit par Mme TA�EB et Mme LALEM sur l?action de l?�tat, parce que je crois que, en la mati�re, il convient que l?on ait une approche globale des choses.

C?est un sujet qui est �minemment complexe, le rapport Debarbieux est une contribution assez significative parce qu?il identifie une multiplicit� de causes et une multiplicit� de pistes � traiter, qui sont de la responsabilit� de l?�tat, de la responsabilit� des collectivit�s territoriales et je sais que la part que la Ville et le D�partement de Paris prennent, et aussi de la responsabilit� des associations dont ?Je, tu, il?, c?est pour cela que nous voterons cette d�lib�ration.

Je tiens � rassurer Mme LALEM, la droite de cet h�micycle est �videmment mobilis�e contre la violence et le harc�lement � l?�cole ; j?ai rencontr� des familles, quels que soient les arrondissements, quels que soient les �tablissements, quelles que soient les conditions sociologiques, qui sont victimes de ce harc�lement, qui sont dans un d�sarroi profond, parce qu?il y a d?un c�t� la violence, la violence faite � l?enfant, et donc la violence faite � la famille, et, dans un certain nombre de cas, il y a une v�ritable ?omerta? qui p�se sur les enfants, qui p�se sur les familles.

La question des r�seaux sociaux est une vraie question, bien pos�e, que nous devons �videmment traiter avec beaucoup de s�rieux, parce que c?est aussi contre cette ?omerta? que nous devons lutter.

J?avais propos� par exemple la mise en place d?une ligne t�l�phonique sur le racket, qui serait � disposition des enfants mais aussi des familles.

Je crois que, s?il faut traiter la violence dans l?�cole, il faut aussi la traiter aux abords des �tablissements, parce que le racket se fait souvent � la sortie des �coles, c?est pour cela que nous avons fait des propositions en ce sens.

Il ne faut pas oublier les familles, ce sont elles aussi les principales victimes, avec les enfants, comme la communaut� scolaire.

M. Jean VUILLERMOZ, adjoint, pr�sident. - Merci.

Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration SG 37.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

Le projet de d�lib�ration est adopt� � l?unanimit�. (2011, SG 37).

Mai 2011
Débat
Conseil municipal
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