retour Retour

4 - 2011, SG 3 G - Communication de M. le Président du Conseil de Paris, siégeant en formation de Conseil général, sur la politique municipale en direction des personnes âgées. 2011, DASES 29 G - Modernisation de l'aide à domicile à Paris.



M. LE PR�SIDENT. - Nous pouvons maintenant aborder le premier point de notre ordre du jour, et donc le d�bat organis� sur la politique de la collectivit� parisienne pour les personnes �g�es et handicap�es, ainsi que sur la modernisation de l'aide � domicile.

Mes chers coll�gues, Paris est une ville o� se c�toient et se rencontrent tous les �ges de la vie. C'est notre chance, c'est une part importante de l'identit�, de la vitalit� et de l'esprit de notre Capitale, mais c'est aussi une exigence.

Faire vivre ensemble toutes les g�n�rations impose d'accorder une tr�s grande attention � chacune dans sa singularit�.

Aussi, ce matin, j'ai souhait� que nous parlions plus pr�cis�ment de nos a�n�s. Au c?ur de cet enjeu, et parce qu'il faut avant tout accompagner les plus fragiles, se trouve, bien s�r, la question de la d�pendance, sur laquelle notre Assembl�e lancera une mission d'information et d?�valuation.

Nous tirerons des travaux de cette mission des conclusions concr�tes et op�rationnelles, car en aucun cas, notre effort en la mati�re ne peut se rel�cher, notamment pour l'offre d'accueil.

Ainsi, d'ici 2014, la Ville aura ouvert 2.200 places suppl�mentaires en �tablissements d'h�bergement et 300 en centres d'accueil de jour.

Mais j'insisterai ce matin sur une autre priorit� : l'aide au maintien � domicile.

96 % des Parisiens de plus de 80 ans vivent encore chez eux. Nous voulons les y aider et c'est pourquoi nous �tendrons aux soirs et aux week-ends le service d'aide � domicile du C.A.S.-V.P.

Dans le m�me esprit, je fais au Conseil la proposition suivante : relever le plafond de ressources � partir duquel les seniors sont exon�r�s de participation financi�re pour la prise en charge du plan d'aide de l'A.P.A. Cette exon�ration concernait les Parisiens disposant de moins de 700 euros et, d�sormais, je vous propose qu'elle s'�tende jusqu'� 1.000 euros de revenus mensuels.

Mais mon propos serait incomplet s'il se r�duisait � la perte d'autonomie et je veux donc �voquer l'apport des plus anciens � l'�nergie et au mouvement de notre Ville.

A Paris, je ne sais pas si vous le savez, 51 % des plus de 65 ans sont b�n�voles, notamment dans le secteur associatif. Depuis bient�t 10 ans, nous nous employons � encourager toutes leurs initiatives comme les projets interg�n�rationnels qui permettent des �changes pr�cieux de savoirs, d'id�es et de services. Je pense, par exemple, au succ�s rencontr� par l'initiative de trois associations valorisant la cohabitation entre un senior et un �tudiant.

Nous allons continuer � d�velopper cette id�e qui ne co�te rien, qui est facile � mettre en ?uvre et qui contribue � changer vraiment la fa�on de vivre en ville.

De m�me, 70 jeunes du service civique effectuent des missions dans les clubs "Emeraude" et les centres d'h�bergement ou des visites au domicile des personnes �g�es.

Je vous sugg�re de vous int�resser beaucoup � ce sujet ; cela va bient�t tous nous concerner. Je choisis les moyens de motivation que je peux. Ecoutez bien ! Si on y arrive, mais je suis optimiste pour vous tous.

Cela permet donc � ces Parisiens de 18 � 25 ans - cela ne nous concerne plus tout � fait - de nouer des relations privil�gi�es avec des seniors qu'ils aident dans leur vie quotidienne, mais, au-del�, nous portons une attention particuli�re � l'adaptation de la ville � tous ses habitants, par exemple en veillant � l'accessibilit� des lieux publics ou encore en diversifiant les modes de transport, et je pense notamment, parce que j'en ai eu beaucoup de t�moignages, au d�veloppement des traverses, ces petits bus de quartier que nous avons multipli�s dans notre ville et que nos a�n�s sont les plus nombreux � fr�quenter. Cela n'existait pas, cela existe de plus en plus et nous allons encore l?�tendre?

Si j'ai bien compris, l'opposition souhaite que l'on en fasse encore plus, c'est-�-dire approuve notre politique en faveur des bus de traverse ; je vous remercie.

Sans doute va-t-il en �tre de m�me pour le sujet que j'aborde maintenant, puisque nous avons cr�� le nouveau service P.A.M. (Paris Accompagnement Mobilit�), qui permet aux personnes qui ont du mal � se d�placer de b�n�ficier d'une aide personnalis�e et en 2011, le P.A.M. �volue.

Le service est d�sormais disponible les vendredis et samedis jusqu?� 2 heures du matin et les usagers pourront se faire accompagner de plusieurs personnes.

Mais, mes chers coll�gues, pour nos a�n�s, le probl�me le plus difficile et le plus lourd est souvent celui de leur situation mat�rielle.

Le contexte national est �videmment tr�s difficile. Le montant des retraites peut �tre tr�s faible, voire d�risoire. Et quitter la vie active, c'est trop souvent subir une chute brutale de son niveau de vie. La r�cente r�forme des retraites vient encore accentuer cette pr�carisation.

La Commission d�partementale de surendettement re�oit d'ailleurs de plus en plus de demandes �manant des personnes �g�es.

Face � cette r�alit�, notre Municipalit� a pris deux dispositions.

D'abord, parce que nous savons que le logement est devenu de loin le premier poste de d�penses des m�nages, nous avons d�cid� d'�tendre l'allocation "Paris Logement" aux seniors et aux personnes handicap�es.

Le principe en a �t� adopt� par le Conseil de Paris � la s�ance de d�cembre et je rappelle que cette aide, d'un montant de 80 euros par mois pour une personne seule, soutient ceux qui consacrent plus de 30 % de leurs ressources � leur loyer et � leurs charges.

D'autre part, nous cr�ons une nouvelle allocation, "Paris Solidarit�", qui vient s'ajouter au minimum vieillesse.

L'objectif est qu'aucun Parisien ne vive avec moins de 840 euros par mois.

Ce chiffre sera port� en 2012 � 875 euros.

Ainsi, "Paris Solidarit�" concernera potentiellement pr�s de 25.000 usagers, dont 7.000 ne b�n�ficient pas de l'aide actuelle. Et la Ville consacrera � ce nouveau dispositif, sp�cifiquement, 24 millions d'euros par an.

Mes chers coll�gues, nous d�battons aujourd'hui de l'une des dimensions majeures de la solidarit� entre les Parisiens.

Nous n?oublions pas, bien s�r, que dans la m�moire collective, l'�pisode tragique de la canicule de l'�t� 2003 demeurera le symbole d'une soci�t� qui ne sait pas accompagner ses anciens.

Pour que cela ne se reproduise plus, nous renouvelons chaque ann�e notre plan canicule, en lien avec des citoyens responsables.

Ainsi, la Ville mobilisera cette ann�e encore le r�seau des 320 commer�ants solidaires qui serviront de vigies de proximit� aupr�s des personnes �g�es de leur quartier.

Dans ce dispositif, les pharmaciens occupent eux aussi une place essentielle : je veux, aux uns et aux autres, exprimer ma gratitude et ma confiance.

Oui, la solidarit� entre les Parisiens est sans doute l'une des r�ponses les plus efficaces � l'isolement des personnes �g�es, en particulier dans les moments les plus durs.

C'est dans cet esprit que nous vous pr�sentons cette communication tourn�e vers les 420.000 Parisiens de plus de 60 ans - nous sommes un certain nombre parmi les 420.000. Et je veux remercier chaleureusement Mme Liliane CAPELLE de sa jeunesse, de l'�nergie qu'elle met � les �couter et � les servir : nous devons beaucoup � son engagement efficace et � sa finesse.

� nos a�n�s, je veux exprimer au nom de tout Paris ma gratitude et ma confiance dans la part qu'ils prennent au mouvement de notre ville.

Conform�ment aux d�cisions de la conf�rence d'organisation, je donne d'abord la parole au pr�sident Jean-Pierre CAFFET.

M. Jean-Pierre CAFFET. - Je ne le savais pas, mais cela ne me g�ne pas.

M. LE PR�SIDENT. - C'est bien, conform�ment � la conf�rence d'organisation, le pr�sident CAFFET qui ouvre le bal.

M. Jean-Pierre CAFFET. - Alors, ouvrons le bal, Monsieur le Pr�sident.

Mes chers coll�gues, cette communication vient � point nomm�.

� point nomm�, car l'ann�e 2010 aura �t� marqu�e par une mobilisation exceptionnelle des Fran�ais contre la r�forme des retraites du Gouvernement FILLON, et que 2011 verra un d�bat sur la perte d'autonomie des personnes �g�es, suivi peut-�tre par des d�cisions du m�me Gouvernement FILLON.

La r�forme des retraites n'est sans doute pas le sujet central de notre d�bat d'aujourd'hui, mais je ne peux m'emp�cher de remarquer que quelques mois apr�s son adoption, elle est d�j� en �chec sur un aspect majeur, celui de l'emploi des seniors.

Le Gouvernement nous avait longuement expliqu� que le maintien en activit� des seniors pour lequel il ?uvrait �tait une condition indispensable au succ�s de cette r�forme.

H�las, les chiffres publi�s par P�le Emploi le 26 janvier dernier sont sans appel.

Sur un an, le nombre de demandeurs d'emploi de 50 ans et plus a progress� de 16,3 %.

Pire, sur la m�me p�riode, la dur�e d'inscription au service public de l'emploi de ces m�mes personnes a augment� de 47 %.

Autant dire que cette r�forme est mal partie.

C'est pourquoi, avec mon groupe, je ne peux que me f�liciter de l'initiative prise en d�cembre 2010 par la Ville de Paris, et consistant � organiser un forum pour l'emploi des seniors en r�unissant 120 entreprises qui proposaient 2.000 emplois pour 6.500 visiteurs.

Encore un exemple du volontarisme de cette Municipalit�, qui ne cesse par son action de combler les vides ouverts par la politique gouvernementale ; il faudra continuer.

Mais venons-en � l'essentiel : la politique globale de la Ville en direction des personnes �g�es.

Je dis globale parce que vous avez eu raison, Monsieur le Pr�sident, de souligner dans cette communication la diversit� des dispositifs mis en ?uvre par la Ville en faveur de nos a�n�s.

Cela passe par des prestations, cela passe par des �quipements ; je pense notamment aux E.H.P.A.D., avec l'ouverture de 2.200 places suppl�mentaires d'ici 2014 ; je pense �galement � la Maison de l'autonomie et de l'int�gration pour les malades d'Alzheimer.

Cela passe �galement par l?aide � la sant�, au maintien � domicile, � la mobilit� des personnes �g�es avec le dispositif "Paris accompagnement � la mobilit�", ou encore par la facilitation des seniors � l'acc�s aux loisirs, � la culture et au sport.

Cela passe enfin par l'encouragement � la rencontre, � la solidarit� interg�n�rationnelle, et � l'engagement citoyen des personnes �g�es.

Sur ce dernier aspect, d'ailleurs, et pour l'approfondir, pourquoi ne pas r�fl�chir, Monsieur le Pr�sident, � la formalisation et � la dynamisation de toutes les initiatives existantes par la mise en ?uvre � Paris d?une sorte de service civique sur le mod�le de celui existant pour les jeunes, et dont certains de nos a�n�s, qui souhaitent fortement avoir une activit� sociale, seraient les acteurs.

La diversit� et l'ampleur des politiques de la ville en direction des personnes �g�es ne sauraient pour autant occulter le c?ur des d�cisions qui nous sont propos�es aujourd'hui.

Je veux parler bien entendu des trois d�lib�rations qui sont associ�es � cette communication. Ces d�lib�rations se fondent sur un constat sans complaisance de la situation de certaines personnes �g�es dans notre Capitale.

Car Paris pr�sente des sp�cificit�s. 95 % des plus de 75 ans y vivent � domicile, soit 5 points de plus qu'au niveau national, et plus de la moiti� vivent seules.

En outre, Paris souffre de profondes in�galit�s en raison de la forte disparit� des revenus. 3,7 % des Parisiens �g�s ne disposent que du minimum vieillesse, contre 2,5 % des Franciliens. 13 % d'entre eux vivent sous le seuil de pauvret�, contre moins de 10 % sur le territoire national.

Enfin, ils ne sont que 40 % � �tre propri�taires de leur logement, contre 62 % en Ile-de-France.

Cette situation appelle de la part de notre majorit� une action cibl�e et coh�rente. C'est pourquoi, avec mon groupe, nous approuvons sans r�serve les trois volets de la r�forme qui nous est propos�e.

Premier volet : celui de la transformation de l'ancienne allocation Ville de Paris, qui souffrait pour le moins d'un manque de lisibilit�, en une prestation nouvelle "Paris Solidarit�" qui aura pour cons�quence qu'aucun Parisien �g� ou handicap� ne vivra avec moins de 840 euros par mois en 2011, 875 l'an prochain, au lieu de 775 actuellement. Ce dispositif concerne 24.000 Parisiens.

Deuxi�me volet : celui de l'extension de l'allocation "Paris Logement" aux personnes �g�es et handicap�es, alors qu'elle �tait r�serv�e jusqu'� pr�sent aux actifs. Cette mesure permettra � pr�s de 8.000 Parisiens de faire face au rench�rissement du logement dans le revenu lors du passage � la retraite.

Troisi�me volet enfin : celui de la cr�ation d'une aide de la Ville de Paris qui aboutira � ce qu'aucun Parisien b�n�ficiaire de l'allocation personnalis�e d?autonomie, dont les ressources sont inf�rieures � 1.000 euros par mois, n'ait � sa charge le ticket mod�rateur pr�vu par cette prestation. Cette mesure est aux antipodes de ce que pr�conise la droite parlementaire dans le cadre de la r�forme de la prise en charge de la perte d'autonomie des personnes �g�es.

Car que propose la droite dans le rapport de Val�rie ROSSO-DEBORD, d�put�e U.M.P., sinon l'individualisation de la prise en charge du risque et le recul des droits actuels ?

J'en veux pour preuve les propositions de renvoi � l'assurance individuelle priv�e des Fran�ais � partir de 50 ans, source �vidente d?explosion des in�galit�s. J'en veux pour preuve l'exclusion de l?A.P.A. des personnes �g�es class�es en GIR4, c'est-�-dire en d�but de perte d'autonomie, alors que toutes les �tudes d�montrent que leur prise en charge a frein� l'aggravation de leur d�pendance. J'en veux pour preuve la proposition consistant au choix laiss� � la personne �g�e d'opter pour une allocation r�duite de moiti� sans recours sur sa succession et � une allocation � taux plein mais pouvant �tre r�cup�r�e sur son patrimoine d�s lors que celui-ci atteint 100.000 euros.

Chers coll�gues, je me contente de rappeler qu'� Paris, un patrimoine de 100.000 euros, c?est la propri�t� d'environ 12 m�tres carr�s !

Pour ma part, je consid�re que ces pr�conisations de la droite rel�vent d'un �tat d'esprit pour le moins inqui�tant, selon lequel, � part une petite minorit� de Fran�ais qui apporte beaucoup au pays et qui, � ce titre, doit b�n�ficier du bouclier voire de l?amnistie fiscale, tous les autres, c'est-�-dire l'immense majorit� de nos concitoyens, co�tent trop cher !

Les retrait�s co�tent trop cher, on l?a vu l'an pass�. Les personnes �g�es en perte d?autonomie co�tent trop cher, on le voit aujourd'hui. Et on voit m�me revenir au galop l'id�e de la droite que les salari�s co�tent trop cher et, quelque part, constituent un fardeau pour notre pays.

C'est sans doute un d�bat que nous aurons dans les mois qui viennent. Pour l?heure, les projets de d�lib�ration d'aujourd'hui montrent que l'innovation dans la solidarit� est toujours de mise � Paris.

Voil� pourquoi nous les adopterons avec d�termination et enthousiasme.

Je vous remercie.

M. LE PR�SIDENT. - Merci beaucoup.

M. Jacques BOUTAULT a la parole.

M. Jacques BOUTAULT. - Merci, Monsieur le Pr�sident.

Le niveau de civilisation d'une soci�t� se mesure, dit-on, au sort qu?elle r�serve � ses a�n�s, mais aussi � la fa�on dont elle les per�oit. La vieillesse n'est, en effet, pas une maladie et n'est pas n�cessairement synonyme de d�pendance ou de perte d'autonomie.

Notre objectif est donc de cr�er un environnement urbain qui permette aux seniors de rester actifs et de participer � la vie sociale.

La Ville et le D�partement de Paris mettent en ?uvre une politique � l'�gard des seniors empreinte de respect et de consid�ration, m�me si elle pourrait faire preuve de plus de cr�ativit� pour faire des personnes �g�es les v�ritables actrices de leur destin, en �laborant plus �troitement avec elles sa politique, � l'instar que ce que font les "Villes-amies des a�n�s".

A Lyon, par exemple, en 2010, dans le cadre de ce programme mis en place par l?OMS, plus de 400 personnes �g�es ont �t� audit�es et 36 groupes de parole mis en places qui ont abouti � une s�rie de propositions dans les domaines de l'habitat, du transport, de la participation citoyenne et de la sant�.

Paris n'a cependant pas � rougir de sa politique puisqu'en 10 ans, le montant quelle consacre � ses a�n�s a �t� multipli� par deux pour atteindre 333 millions d'euros par an, alors que, dans le m�me temps, l'Etat ne cesse de se d�sengager. En particulier, je rappelle que l?Etat ne s?acquitte pas de ce qu?il doit au D�partement au titre de l'allocation personnalis�e autonomie pour laquelle il est redevable de la somme de 219 millions d'euros � l'�gard de notre collectivit�.

A l'heure o� la Ville doit �laborer son nouveau sch�ma g�rontologique pour les cinq ans � venir, outre une m�thode participative, deux axes principaux nous semblent devoir �tre pris en compte dont certains sont d�j� mis en ?uvre, ce dont le groupe EELVA se r�jouit.

Le premier axe consiste � rendre la ville plus accueillante et agr�able � vivre pour les personnes �g�es, notamment en facilitant leurs d�placements.

Le deuxi�me consiste � am�liorer leur vie quotidienne, en commen�ant par celle des plus d�munis, en particulier en favorisant autant que possible le maintien � domicile.

Pour rendre la vie plus accueillante, un point important � prendre en compte est de mieux int�grer dans les am�nagements urbains les probl�matiques li�es aux personnes �g�es : trottoirs surbaiss�s, suffisamment larges et exempts de stationnement de deux-roues motoris�s et de terrasses qui d�bordent sur leur emplacement. Il est aussi n�cessaire d'installer des bancs publics qui, outre les espaces de gratuit� qu'ils offrent, permettent aux personnes qui �prouvent des difficult�s � se d�placer de faire une pause sur leur chemin, en revenant de faire leur course, par exemple.

Dans la m�me perspective, il est important de travailler � maintenir des commerces alimentaires de proximit� qui permettent de plus facilement se r�approvisionner mais aussi, et peut-�tre surtout, de conserver un lien social local. Dans le cadre du Plan canicule, les petits commer�ants ont d'ailleurs �t� mobilis�s avec succ�s l'�t� dernier et cet �t� lors d'une op�ration men�e avec la Chambre de commerce.

Mais nous devons aussi travailler � pr�server dans tous les quartiers des services publics de proximit�, comme la Poste, des centres des imp�ts ou de S�curit� sociale. Or, le Gouvernement, tout � sa logique comptable, est amen� � fermer ces services publics de proximit�, comme r�cemment les antennes de police dans certaines mairies d?arrondissement, au m�pris des besoins des populations les plus fragiles.

Rendre la ville plus facile � vivre pour les personnes �g�es, c'est aussi travailler � am�liorer leur mobilit� : en am�nageant mieux les transports en commun de surface et en �tant vigilant � cr�er des arr�ts de bus � proximit� des C.A.S. ou des E.H.P.A.D. Le m�tro, lui, avec ses in�vitables escaliers, est d�cid�ment peu accessible.

"Paris Accompagnement Mobilit�" (P.A.M.) est encore trop per�u comme d�di� aux seules personnes valides et devrait s?orienter vers un service plus ouvert aux seniors. L'accroissement des horaires de ce service de transport et la possibilit� de se faire accompagner d'une ou plusieurs personnes devraient toutefois contribuer � cette plus grande ouverture.

Mais il n'est pas non plus interdit de faire preuve d'imagination. Un service de Cyclopousse est mis en place dans certaines villes. Il pourrait fort bien �tre adapt� � notre Capitale.

Enfin, toujours en ce qui concerne la mobilit�, la mise sous conditions de ressources plus strictes des cartes de transports "Am�thyste" et "Emeraude" est parfaitement l�gitime, tant il est vrai qu?on peut �tre �g� et riche.

M. LE PR�SIDENT. - Une seconde !

Je souhaite que l'on �coute tous les orateurs !

M. Jacques BOUTAULT. - Merci, Monsieur le Pr�sident.

Cette �volution des tarifs et de la mise sous condition de ressources des cartes de transport doit s'accompagner de la mutation vers la t�l�bill�tique type carte Navigo, car le nombre de cartes �gar�es est important et l'absence de possibilit� de remplacement pose probl�me ; probl�me qu'avec la t�l�bill�tique nous serions enfin en mesure de pouvoir r�soudre.

Le S.T.I.F. a �t� saisi et nous souhaitons qu'il puisse rapidement r�pondre positivement � cette demande.

Deuxi�me axe d'am�lioration : faciliter la vie quotidienne des personnes �g�es en commen�ant par les plus d�munies. Pour lutter contre la pr�carit� des seniors, la nouvelle allocation "Paris Solidarit�" qui remplace l?A.V.P. va apporter une garantie de ressources mensuelles permettant qu'aucun senior ou personne �g�e ne vive avec moins de 840 euros par mois et de 875 euros � partir du 1er avril 2012.

La chert� de la vie � Paris, la hausse du ch�mage dont sont victimes 33.600 Parisiens de plus de 50 ans, le prix des loyers, etc., justifient pleinement cette mesure. Elle va dans le sens de ce que proposent les �cologistes, � savoir l'instauration d'un revenu minimal universel parisien qui devrait donc �tre �tendu aux actifs sans emploi, quel que soit leur �ge.

Encourager le maintien � domicile est un autre axe de progr�s important. Il est essentiel. Notre ville y contribue d�j� puisque 96 % des plus de 80 ans vivent chez eux � Paris contre 84 % pour le reste de la France.

Il est en effet un �ge o� il devient difficile de changer radicalement de lieu de vie et d'environnement g�ographique, affectif et social.

La solution la plus humaine et la plus socialement acceptable est de tout faire pour maintenir chez elles les personnes qui ne sont pas malades mais simplement physiquement affaiblies.

A cet �gard, le dispositif "Paris Logement" est une bonne nouvelle pour les Parisiens retrait�s qui consacrent plus de 30 % de leurs revenus � leur logement.

La Ville pourrait �tre aussi � l'initiative d?une op�ration programm�e d?am�lioration de l'habitat, th�matique sur le risque de perte d'autonomie qui permettrait d'aider les personnes �g�es, notamment les moins fortun�es, � mettre en ?uvre des am�nagements de leur logement leur offrant la possibilit� de rester le plus longtemps possible � leur domicile.

Une telle op�ration pourrait sous certaines conditions inclure la r�novation des ascenseurs.

La modernisation du service d'aide � domicile du C.A.S.-V.P. avec l?accroissement des plages horaires d'intervention le soir et en fin de semaine, ainsi que la recherche d'une meilleure efficacit� avec le regroupement des antennes en plates-formes mutualis�es et harmonis�es avec les nouveaux six territoires des "Points Paris Emeraude", devraient aussi contribuer � favoriser le maintien dans leur logement des Parisiens en situation de d�pendance, de m�me que le d�veloppement des �quipes g�riatriques mobiles et la t�l�consultation audiovisuelle, � condition qu'elle ne se substitue pas au n�cessaire lien humain physique.

Enfin, il est n�cessaire de mieux accompagner les aidants en cr�ant par exemple des formes d'h�bergement temporaire pour les personnes d�pendantes afin que les aidants puissent prendre des vacances.

Des cellules de soutien psychologique ou des groupes de parole seraient en outre tr�s utiles, tant il est vrai qu'�tre au quotidien aux c�t�s de la personne �g�e d�pendante est une charge lourde.

D'une fa�on g�n�rale, les dispositifs � destination des personnes �g�es d�pendantes sont tr�s mal connus par ces publics et peu utilis�s. Les seniors portent souvent un avis n�gatif sur les accueils de jour qu?ils ne jugent pas adapt�s � leurs besoins et pensent �tre destin�s aux personnes en situation de handicap ou malades d'Alzheimer.

Enfin, �viter l?hospitalisation en E.H.P.A.D. est donc une bonne chose, mais il est parfois n�cessaire de s?y r�signer.

A en croire le rapport de la m�diatrice, la Ville et le D�partement ont de gros progr�s � faire dans ce domaine. Les places y sont trop ch�res et en nombre insuffisant, particuli�rement dans les unit�s destin�es � l'accueil des malades d'Alzheimer.

D'une fa�on g�n�rale, ces �tablissements manquent de personnel, surtout la nuit. A Paris, comme partout en France, les unit�s de soins palliatifs ne sont en capacit� de r�pondre qu'au tiers des besoins. Les moyens destin�s � l'aide au soutien psychologique sont ni�s.

Pour rem�dier � cette solution, la Ville s'est engag�e � ouvrir 2.200 places suppl�mentaires en E.H.P.A.D. d'ici 2014, en y consacrant 66 millions d'euros.

Trois nouveaux �tablissements devraient ouvrir durant cette mandature et l?�tablissement de Villers-Cotter�ts sera reconstruit et agrandi. Cet effort est en effet indispensable.

Enfin, Monsieur le Pr�sident, vous nous proposez deux mesures qui vont dans le bon sens. Alors m�me que le projet gouvernemental de r�forme de la d�pendance fait craindre une mise en cause de "l?Allocation Personnalis�e Autonomie", la Ville renforce la solidarit� envers les personnes �g�es les plus modestes en d�cidant deux mesures extral�gales?

M. LE PR�SIDENT. - Il faut conclure.

M. Jacques BOUTAULT. - Je ne vais donc tout dire du bien que je pense de ces deux mesures, notamment qui permettent de relever le seuil de la participation de l'A.P.A. � 1.000 euros au lieu de 695.

Egalement, au moment o� le Gouvernement m�ne une politique de d�remboursement de m�dicaments, vous nous proposez d?ouvrir pour 39 euros par mois le "Compl�ment Sant� Paris" destin� aux Parisiens d�munis, qui ne peuvent disposer d'une mutuelle sant�.

Cette �volution est tout � fait positive mais n�gocier un contrat de groupe pour une prestation moins facultative, si l?on peut dire, pourrait constituer � am�liorer encore le panier de soins propos�, c'est une piste que nous sugg�rons.

Pour terminer, Monsieur le Pr�sident, vous nous proposez la cr�ation d?une mission d?information et d?�valuation afin de dresser le bilan de la prise en charge de la perte d'autonomie des personnes �g�es, mission qui devrait aussi se prononcer sur la r�forme de financement de la d�pendance voulu par l'�tat. Le groupe E.E.L.V.A. est bien entendu tout � fait favorable � cette d�marche.

Je vous remercie.

M. LE PR�SIDENT. - Merci.

La parole est � M. Alain LHOSTIS.

M. Alain LHOSTIS. - Monsieur le Pr�sident, chers coll�gues.

"Personnes �g�es" est une formule r�ductrice. Ce vocable, comme celui de "jeunes", recouvre des situations sociales tr�s disparates que votre communication souligne fortement.

Mais comme il est politiquement incorrect de parler de classes sociales, nous parlerons de riches et de pauvres, nos amis PIN�ON-CHARLOT ayant redonn� par leur talent, de l'actualit� � ces termes.

A Paris, 12,6 % (contre 9,6 % au plan national) des 60-74 ans vivent en de�� du seuil de pauvret�, mais les riches de cette tranche d?�ge y sont plus nombreux et sans doute plus riches, situation absolument intol�rable dans la capitale de l?un des pays qui produit le plus de richesses au monde.

Derri�re ce chiffre se cachent bien des personnes souffrant de solitude, de d�sespoir, de d�soeuvrement et d'isolement.

Les �lus locaux de proximit� que nous sommes sont pleinement dans leur r�le lorsqu'ils r�fl�chissent pour d�cider des mesures � renforcer ou � prendre pour aider ces Parisiennes et ces Parisiens � sortir de cette spirale de la r�signation.

Le ph�nom�ne de pr�carisation et de paup�risation des seniors s?accro�t � l'�chelle nationale. Du fait de la concentration de population et du co�t de la vie dans notre Ville, il est plus accentu� encore � Paris que dans le reste du pays o� il a augment� de 40 % ces derni�res ann�es.

Cette pauvret� se manifeste par une d�gradation brutale du niveau de vie entre les quinquag�naires et les sexag�naires. L'I.N.S.E.E. rel�ve une perte de 4.000 euros de revenus annuels entre les Fran�ais de 59 ans et ceux de 75 ans. D?ailleurs, une personne sur six vivant sous le seuil de pauvret� en France est un ou une retrait�e.

Ce n'est �videmment pas sans cons�quence sur leur sant�. Le mouvement social de 2010 concernant les retraites aura au moins eu le m�rite de r�affirmer ce fait : l'esp�rance de vie en bonne sant� d'un ouvrier est aujourd'hui de 9 ans de moins que pour un cadre sup�rieur.

Les in�galit�s sociales criantes se renforcent avec l'�ge. Comme le dit l'adage, il vaut mieux �tre riche, jeune et en bonne sant� que pauvre, vieux et malade.

Il y a donc lieu, lorsque nous examinons notre politique en direction de cette partie de la population, de bien veiller � tenir la totalit� du front. La communication le fait lorsqu'elle �voque deux groupes, les 60-74 ans et les plus de 75 ans.

Toutefois et j'y reviendrai, une cat�gorie monte en puissance, celle des personnes �g�es d�pendantes ou tr�s d�pendantes. Cela est illustr� dans le rapport par le chiffre de 30.000 b�n�ficiaires de l'A.P.A. en croissance annuelle de 8 � 10 % ces derni�res ann�es. J'y reviendrai.

Nous avons la chance de vivre dans une Ville qui dispose d?une richesse exceptionnelle en termes de loisirs, de culture et de sport. L'action de notre Municipalit� est d?aller vers une d�mocratisation de l'acc�s � ces structures, notamment pour les personnes �g�es.

Je salue � ce titre l?initiative de mon excellent ami Jean VUILLERMOZ qui, avec la carte "Senior +", a permis la gratuit� d?activit�s physiques vari�es pour les plus de 60 ans (la gymnastique douce et d'entretien, le tennis, l?aquagym, le stretching, le taekwondo, la marche nordique et la pr�vention des chutes).

Le soutien aux personnes �g�es est un investissement financier important pour le D�partement mais c'est un choix de civilisation que notre groupe fait avec vous, Monsieur le Pr�sident.

Vous �tiez comme moi, Monsieur le Pr�sident, dans la rue cet automne pour manifester contre la r�forme des retraites que l'U.M.P. vient d'imposer par la force. Vous savez donc comme moi qu?elle p�nalisera les bas salaires et les femmes dont 30 % sont concern�es par des carri�res morcel�es contre 5 % de leurs coll�gues masculins.

En clair, ce que nous offre l?U.M.P. c?est un in�galitarisme organis� pour nos a�n�s, les cadres contre les ouvriers, les hommes contre les femmes, les carri�res courtes contre les carri�res longues.

A la voir tant chercher � diviser, cette droite, on devine que cela sent la fin de r�gne. D'ailleurs, le Gouvernement n'a-t-il pas annonc� vouloir s?attaquer apr�s la retraite � la d�pendance. C'est � croire, � rage, � d�sespoir, que la vieillesse est ennemie de notre Gouvernement.

En ouvrant demain le d�bat sur la r�forme de la d�pendance, le pr�sident de la R�publique va s'appliquer � mettre en ?uvre, cela ne fait aucun doute, les m�mes recettes lib�rales que celles utilis�es pour la contre-r�forme des retraites.

Nicolas SARKOZY a ainsi annonc� vouloir aider les familles victimes de la d�pendance, mais ayant vid� les caisses pour les riches, il oriente sa r�flexion vers le recours aux assurances priv�es. Quand on sait que M. Guillaume SARKOZY est � la t�te de "Malakoff M�d�ric", on comprend bien quelle famille le pr�sident a l?intention d?aider en priorit�.

Et ce choix, que nous constatons ici m�me dans cette assembl�e quand l'Etat, comme vous l'avez rappel� dans votre communication, ne paye pas sa part des d�penses dues au titre de l?aide aux personnes �g�es. Au lieu des 33 % de compensation des d�penses, engagement du Gouvernement, depuis 2002 seulement 13,64 % des d�penses sont compens�s. Cette diff�rence est � l'origine d?une dette minimale de l'Etat � la Ville de Paris de 219 millions d'euros depuis 2002 au titre de l'A.P.A. Les contribuables parisiens payent donc deux fois.

Face � cela, vous nous annoncez, Monsieur le Pr�sident, la cr�ation et l?extension de dispositifs d�partementaux � destination des personnes �g�es. Le groupe Communiste et �lus du Parti de Gauche est �videmment favorable � l'ensemble de ces propositions.

Je n'en prendrai qu'une - cela a d�j� �t� relev� par d'autres - le rel�vement du plafond permettant d?�tre exon�r� du financement de tout le plan d'aide jusqu'� 1.000 euros de revenus mensuels, qui sera vot� lors de cette s�ance. Vous osez aller au-del� de nos obligations l�gales. Nous vous approuvons.

Il faut le faire, car nous sommes devant des cas de pr�carit� absolue. Comment accepter, en effet, ce que constate l'observatoire des loyers, qui estime � 900 euros en moyenne la location d?un 50 m�tres carr�s dans le parc priv� parisien, alors que dans le m�me temps le minimum vieillesse fix� par l'Etat est � peine de 700 euros par mois ?

L� aussi, la combinaison des dispositifs "Paris Solidarit�", garantie de 800 euros par mois, et "Paris Logement" en cas de loyer sup�rieur � 30 % des ressources, suppl�e partiellement aux carences de la politique de l'Etat. Mais les prix de l'immobilier continuent de grimper � folle allure et le pouvoir d'achat des minima sociaux � stagner.

Aussi, les �lus Communiste et du Parti de Gauche demandent que ces questions fassent l'objet d'un suivi r�gulier, dans le cadre de la Commission ad hoc de notre Conseil, pour proposer �ventuellement des ajustements.

Tout le monde le sait, toutes les statistiques prouvent que les conditions de sant� d'une personne sont �troitement li�es � l'offre de lieux de soins qui lui sont accessibles et � ses propres ressources. De ce point de vue, la question de la d�pendance et de sa massification dans les soci�t�s modernes la met au rang de fait soci�tal majeur.

Votre communication l?aborde via la construction de trois E.H.P.A.D. par le C.A.S.-V.P., et relevant que Paris s?engage pour l?ouverture de 2.200 places en E.H.P.A.D. La question du maintien � domicile des personnes �g�es, atteintes de la maladie d'Alzheimer ou de troubles apparent�s, y est aussi �voqu�e.

A ce sujet, il ne faudrait pas l� non plus oublier que c'est en France que l?on trouve les malades �g�s les plus lourds et les plus d�pendants � domicile. Ce qui est possible dans les familles ais�es de l'Ouest parisien est insurmontable dans les familles d�favoris�es des quartiers de l'Est parisien.

Toutefois, il y a pour nous, �lus communistes et du parti de gauche, une grande absente, m�me pas cit�e dans votre communication : l?Assistance publique - H�pitaux de Paris qui dispose encore de 4.000 lits de long s�jour, que d?ailleurs le D�partement finance largement dans le cadre d'une convention tripartite.

Nous tenons � ces lits comme � la prunelle de nos yeux. La Ville de Paris doit continuer � �tre attentive aux �volutions �ventuelles faites sans concertation de la part de la Direction g�n�rale de l'A.P.-H.P. Esp�rons que, dans le cadre de la M.I.E. qui doit se mettre en place, cette dimension soit tr�s pr�sente. En tout cas, notre groupe y participera avec cette pr�occupation.

Gr�ce � la protection sociale et au progr�s de la m�decine, nous vivons de plus en plus longtemps. C'est une excellente nouvelle. Cela �tant, il est n�cessaire d'en tenir compte et de se pr�occuper de l?ensemble de la fili�re sanitaire et m�dicosociale de prise en charge des personnes �g�es. Cela va de la m�decine de ville, des soins � domicile aux maisons de retraite, E.H.P.A.D. et s�jours hospitaliers en passant par les centres de sant� et les services � la personne.

La prise en charge s'est construite difficilement et souvent sans v�ritable coh�rence. Ainsi, on a laiss� longtemps le soin des personnes �g�es aux associations caritatives, souvent religieuses. Par la suite, des associations r�gies par le b�n�volat se sont implant�es dans le secteur. Le salariat s?est d�velopp� dans de mauvaises conditions. Souvent d�consid�r�s, les m�tiers li�s � la prise en charge des personnes �g�es sont mal r�mun�r�s, impliquent des horaires difficiles, ne b�n�ficient pas ou peu de formations.

Plus encore aujourd'hui, le manque de financement est criant, tant pour le nombre de places d?aide � domicile, de soins infirmiers que pour le nombre de places en �tablissements m�dicalis�s. Les personnes �g�es et leurs familles en payent la plus grande part, engendrant de nouvelles injustices entre ceux dont la famille peut assumer le financement des �tablissements et ceux dont les ressources sont insuffisantes.

De l'autre c�t�, celui du portefeuille, certains groupes du secteur priv� commercial ont compris que le manque de places disponibles en E.H.P.A.D., conjugu� � la faible r�mun�ration des personnels, ferait de l?h�bergement des personnes �g�es d�pendantes un secteur particuli�rement lucratif.

Cet app�tit financier d�grade le climat social interne aux E.H.P.A.D., ce qui est insupportable pour les salari�s et engendre de consid�rables nuisances � la qualit� d?accueil des r�sidents et � la bientraitance institutionnelle que nous exigeons pour les personnes �g�es, de surcro�t pour celles en situation de d�pendance.

Sur ce sujet, des progr�s sont � attendre. Nous en sommes encore au stade de d�veloppement de la sensibilisation dans le domaine de la maltraitance institutionnelle. Une bonne prise en charge des r�sidents ne va pas sans la formation et un encadrement d�cent de personnels.

En 2006, dans le plan Solidarit� Grand �ge, les pouvoirs publics ont retenu l'objectif d'une augmentation du ratio � un professionnel pour un r�sident. Aujourd'hui, en moyenne nationale, on compte � peine 0,6 agent, tout personnel confondu par r�sident. Le taux d?encadrement en personnes soignantes est encore plus faible, entre 0,25 et 0,30 par r�sident.

Pourtant, l?accompagnement des personnes h�berg�es n�cessite en premier lieu de se manifester au travers des t�ches concr�tes de la vie quotidienne. C'est de cela que les personnes �g�es d�pendantes ont besoin en priorit�.

Vous comprendrez donc, Monsieur le Pr�sident, que l?investissement de ce secteur par des groupes, � vis�e uniquement lucrative, nous alerte et que nous consid�rons qu'il doit nous conduire � la plus grande vigilance sur les pratiques des gestionnaires d'E.H.P.A.D.

Pour ces raisons, nous pensons que le D�partement doit conditionner les conventions d?habilitation � recevoir des personnes �g�es d�pendantes, � des exigences salariales fortes et porter une vigilance toute particuli�re au climat social et au soutien psychologique apport� par les gestionnaires d'E.H.P.A.D., tant � destination des r�sidents que des �quipes de personnels soignants.

Je terminerai cette intervention en m'adressant aux plus jeunes d'entre nous dans cette Assembl�e, pour qu?ils prennent part � ce d�bat central pour nos soci�t�s modernes, car le vieux est l'avenir du jeune !

Je vous remercie.

M. LE PR�SIDENT. - Merci beaucoup.

La parole est � M. Vincent ROGER.

M. Vincent ROGER. - Monsieur le Pr�sident, chers coll�gues, r�pondre � la r�volution du vieillissement constitue le d�fi majeur de la puissance publique en mati�re sociale pour les trente prochaines ann�es.

Cette mutation profonde de nos soci�t�s, due � l'allongement de la dur�e de vie, doit inviter les responsables publics � faire face � des enjeux multiples.

Enjeux de solidarit� autour de l'exigence que nous nous faisons du pacte r�publicain, garant du vouloir vivre ensemble entre les g�n�rations.

Enjeux de gouvernance �galement, car il est d�sormais n�cessaire d'instaurer un v�ritable principe de subsidiarit� entre l'Etat, la R�gion, le D�partement et la commune, afin de rendre plus efficace les politiques publiques, de rationaliser les d�penses et d'�viter en permanence d'�tre dans le reproche r�ciproque.

Enjeux financiers enfin, parce que le financement de cette r�volution du vieillissement doit nous conduire � explorer toutes les pistes, permettant de r�pondre � la solidarit� que toute nation �volu�e doit aux seniors, tout en n?omettant pas une autre solidarit� nationale, celle qui consiste � ne pas faire h�riter les g�n�rations de demain des d�ficits publics d'aujourd'hui.

Mes chers coll�gues, la r�volution de l'�ge doit nous inviter � avoir un autre regard sur la vieillesse. Mais, Monsieur le Pr�sident, la r�volution du vieillissement ne doit-elle pas aussi nous mener � avoir une autre vision de l?action publique en la mati�re ? Celle qui consiste � d�passer les clivages, celle qui oblige chaque responsable � sortir de son pr� carr� pour �tre un serviteur de cette cause nationale.

Monsieur le Pr�sident, la r�volution du vieillissement est un bouleversement. Oui, un bouleversement aux cons�quences innombrables qui imposeront, j'en suis convaincu, � l'ensemble des pouvoirs publics, des exigences devant allier compl�mentarit�, cr�ativit� et humanisme.

Votre communication, Monsieur le Pr�sident, va-t-elle dans ce sens ?

A sa lecture, je crains que non. Et croyez bien qu'avec mon groupe, nous le regrettons, tant nous aurions appr�ci� de votre part un discours plus en lien avec la r�alit� et l'importance du sujet.

Malheureusement, votre communication se r�fugie dans l'autosatisfaction et s'�vertue � cr�er des pol�miques.

Autosatisfaction, quand vous parlez du d�veloppement du b�n�volat, notamment au travers des C.A.S. d?arrondissement alors que votre majorit� n?a eu de cesse de vouloir d�responsabiliser les b�n�voles. Jo�lle CH�RIOUX de SOULTRAIT y reviendra d?ailleurs dans un instant.

Autosatisfaction encore lorsque vous abordez l?emploi des seniors, alors que votre Plan d�partemental d'insertion avait oubli� d'inscrire dans ses publics prioritaires les seniors, soit un tiers des allocataires du R.S.A.

Autosatisfaction �galement, en faisant, si j'ose dire, du vieux avec du neuf.

Vous nous proposez ce matin trois dispositifs. Certes, nous les voterons, mais r�pondent-ils aux exigences de la r�volution du vieillissement ?

Ainsi, vous proposez de remplacer l'Allocation Ville de Paris par "Paris Solidarit�" en relevant le plafond de revenus des b�n�ficiaires de 775 euros � 840 euros. L'ouverture du dispositif compl�ment sant� aux allocataires "Paris Solidarit�", comme l'extension de "Paris Logement", sont des d�cisions qui ne peuvent susciter des d�saccords de notre part. Ils repr�sentent un total de 37 millions d?euros, soit l'�quivalent des investissements pour les voies sur berge. Cette comparaison illustre d'ailleurs vos priorit�s.

Ces mesurettes vous donnent sans doute bonne conscience vis-�-vis des plus d�favoris�s, mais elles ne correspondent en rien aux besoins de Paris, notamment pour permettre aux classes moyennes de rester dans la Capitale au moment de leur retraite.

Les rentr�es fiscales importantes, les augmentations des imp�ts et les droits de mutation fleurissants auraient d� vous conduire � plus de solidarit�, en particulier pour les classes moyennes seniors non propri�taires. Ces derni�res subissent de plein fouet � Paris la conjugaison de trois ph�nom�nes : la baisse du revenu intrins�que � l?entr�e en retraite, le co�t de la vie sup�rieur � la moyenne nationale et le taux d'effort en mati�re locative l� aussi sup�rieur au reste de la France.

Comme pour le logement social, il y a une r�alit� des classes moyennes que vous vous refusez � prendre en compte.

Mes chers coll�gues, quant � la pol�mique, Monsieur le Pr�sident, elle est au c?ur de votre communication, en particulier sur le d�sengagement de l'�tat et � commencer sur le financement de l'A.P.A.

Si les chiffres que vous communiquez sur le recouvrement de l'A.P.A. � Paris par l'�tat sont exacts, votre interpr�tation en est pour le moins trompeuse.

D'abord, Monsieur le Pr�sident, pour qu'il y ait engagement, il faudrait que la loi y oblige, ce qui n'est pas le cas. Rien ne l'indique dans le texte de loi port� par Mmes GUIGOU et GUINCHARD-KUNSTLER. Dois-je vous rappeler que lors de la cr�ation de l'A.P.A., aucune r�flexion s�rieuse quant � son financement n'avait �t� men�e.

Ensuite, votre communication passe sous silence ce qu?est aujourd'hui le financement de l'A.P.A., c'est-�-dire un syst�me de p�r�quation et de solidarit� nationale entre d�partements pauvres et d�partements plus ais�s.

Paris est un d�partement dans lequel la proportion des personnes de 75 ans et plus n'est pas tr�s importante et, comme je l'�voquais, vos choix politiques n'y sont pas pour rien dans ce r�sultat.

Avec 7,4 % de 75 ans et plus, notre D�partement est dans les 25 % de d�partements ayant le taux le plus faible, mais, surtout, c'est le d�partement qui a le potentiel fiscal le plus �lev�.

Votre communication critiquant l?�tat remet donc implicitement en cause ce m�canisme de p�r�quation entre d�partements op�r� par les crit�res de r�partition ayant vocation � aider les d�partements pauvres � forte densit� de personnes �g�es d�pendantes.

Je vous laisse, Monsieur le Pr�sident, le loisir d'en disserter avec vos coll�gues, parfois de gauche, pr�sidents des Conseils g�n�raux b�n�ficiaires de cette p�r�quation.

A cela s'ajoute que lorsque l'�tat est aux avant-postes, vous minimisez son r�le. Je pense en particulier au plan Alzheimer, dont, au niveau local, vous en revendiquez les r�sultats. J'ai � l'esprit notamment la cr�ation des M.A.I.A.

Mais au-del� de l'autosatisfaction et des pol�miques avec l'�tat, votre communication effleure le sujet crucial dans le d�bat qui s?ouvre sur la d�pendance : le reste � payer ou le reste � charge pour les familles. Est-ce volontaire ? Comment pouvez-vous, dans une communication sur la politique de la Ville relative aux personnes �g�es ne pas l'approfondir ? Ce sujet est pourtant central pour toutes les familles parisiennes en g�n�ral et pour les classes moyennes en particulier. Pour elles, c'est autant un enjeu qu'un d�fi financier colossal. Il peut varier � Paris en moyenne entre 2.200 euros mensuels et plus de 5.500 euros.

On aurait aim�, sur ce sujet, Monsieur le Pr�sident, vous entendre plus. Vous ne pouvez ignorer ces familles, vous ne pouvez vous r�fugier derri�re votre sempiternelle antienne : c'est la faute de l'�tat. Face � une situation qui lui est propre, la Ville doit prendre ses responsabilit�s.

Le d�bat voulu par Nicolas SARKOZY et organis� par le Gouvernement de Fran�ois FILLON s'engage ; Paris doit y tenir son rang.

Pour notre part, nous voulons confronter toutes les id�es novatrices et pouvoir faire la synth�se entre une solidarit� nationale indispensable, une solidarit� municipale n�cessaire et une pr�voyance individuelle envisageable.

Cependant, il serait injuste de ma part, Monsieur le Pr�sident, de dire que votre communication n'�voque pas deux enjeux d�cisifs pour venir en aide aux seniors : l?accompagnement pour le maintien � domicile et la lutte contre la solitude.

L'accompagnement des personnes �g�es pour rester � domicile doit �tre la premi�re des missions de la Ville, tant il montre notre attachement � la libert� de choix, tant cela est plus rassurant, plus �panouissant pour les personnes concern�es et tant, pourquoi ne pas le dire, cela est moins co�teux pour la collectivit�.

C'est pourquoi notre Capitale devrait �tre plus en pointe concernant le d�veloppement de la g�rontechnologie. Si on peut se f�liciter des exp�rimentations comme T�l�G�ria et E.M.G.E., notre Ville doit aller encore plus loin dans ce domaine.

Quant � la lutte contre la solitude, elle doit �tre une pr�occupation de chaque �lu comme de chaque citoyen.

"La solitude est une gangr�ne soci�tale qui provoque des pathologies lourdes", expliquait r�cemment le Professeur Alain FRANCO. Indiscutablement, au lendemain du drame de la canicule, il y a eu dans notre pays et dans notre ville une prise de conscience ; sous votre autorit�, des initiatives ont �t� encourag�es � Paris, mais nous devons, l� aussi, �tre plus ambitieux, nous le devons parce que la solitude demeure le premier des maux urbains.

Mes chers coll�gues, Monsieur le Pr�sident, Paris a toujours eu un temps d'avance, si j'ose faire mien ce slogan. Oui, Paris a toujours eu un temps d'avance pour accompagner avec humanisme et g�n�rosit� ses a�n�s.

A la lecture de votre communication sur l?action en faveur des personnes �g�es, d'un temps d'avance, Paris passe � un temps d'arr�t ; il est donc temps d'agir et de r�agir.

Je vous remercie.

M. LE PR�SIDENT. - Les dissertations sur le temps sont un peu difficiles, mais enfin, seuls les faits comptent.

Je donne la parole � Mme Catherine BRUNO.

Mme Catherine BRUNO. - Merci, Monsieur le Pr�sident.

Mes chers coll�gues, "aujourd'hui, jamais les chances de vieillir de fa�on autonome, chaleureuse et productive n?ont �t� aussi grandes dans ce pays. Cependant, jamais les difficult�s des personnes vuln�rables, atteintes de maladies invalidantes et d�vastatrices n?ont �t� aussi dramatiques dans notre cit�". Ce constat pr�occupant, dress� par le Professeur Fran�oise FORETTE, appara�t les plus pertinents, eu �gard � la situation parisienne.

410.000 personnes �g�es de plus de 60 ans habitent la Capitale et 12,6 % des Parisiens �g�s de 60 � 74 ans vivent en de�� du seuil de pauvret�. Alors oui, le combat contre la pr�carisation des seniors n'a jamais sembl� aussi essentiel, exigeant et dramatiquement de circonstance.

La situation de Paris est d'autant plus pr�occupante lorsqu'on la compare avec les performances nationales. Le taux de ch�mage des plus de 50 ans a ainsi augment� de pr�s de 9 % � Paris depuis un an, tandis que les jeunes seniors pauvres sont surrepr�sent�s avec un taux de 12,6 % contre 9,4 % au niveau national.

Ces tristes sp�cificit�s d'une capitale de paradoxe, plus jeune que ne l?est le reste de la France, mais se distinguant pourtant au sein de la r�gion avec le taux de personnes �g�es le plus �lev�, appellent une politique ambitieuse, apportant une r�ponse � la hauteur de l'imp�ratif de solidarit� qui incombe � la collectivit�. Car c'est bien d'une obligation d�partementale dont il s'agit, puisqu'il revient aujourd'hui � cette collectivit� territoriale la responsabilit� d'int�grer les personnes �g�es dans la vie de la cit�.

Il s'agit l� d'un d�fi d'autant plus important que l?int�gration est reconnue comme un facteur de pr�vention de la d�pendance.

A ce titre, mon groupe accueille favorablement la proposition de cr�ation d?une M.I.E. relative � la perte d?autonomie des personnes �g�es, qui sera examin�e lors du prochain Conseil de Paris. Cette d�marche s'inscrit dans le chemin trac� par les priorit�s gouvernementales alors m�me que la r�forme de la d�pendance et l'institution d'un cinqui�me risque sont imminentes.

Pourquoi donc fustiger l'action de l'�tat en distillant des reproches acerbes et infond�s � chaque page de votre communication, Monsieur le Pr�sident ?

Vous n'�tes pas sans ignorer qu'� la mi-2008, le montant de l'effort public consacr� � la compensation des pertes d'autonomie des personnes �g�es �tait estim� � pr�s de 21 milliards d'euros par la Mission commune d'information du S�nat sur la prise en charge de la d�pendance et la cr�ation du cinqui�me risque.

Cette d�pense publique consacr�e � la d�pendance atteint aujourd'hui pr�s de 22 milliards d'euros et �quivaut � plus de 1,1 % du produit int�rieur brut.

Comment donc arguer encore d'un d�sengagement hypoth�tique de l'�tat ?

S'il est vrai que d'ann�e en ann�e, la contribution vers�e par la Caisse nationale de solidarit� pour l'autonomie, selon un m�canisme de compensation nationale, couvre une part plus faible des d�partements, cela ne d�note en rien un d�sengagement de l'�tat mais bien davantage une mont�e en charge continue du dispositif, dont l'enveloppe ne cesse de grossir avec des taux de progression annuels proches de 10 % entre 2002 et 2007.

Les mesures extral�gales que propose la Ville, visant � relever le plafond d?exon�ration du financement de tout plan d?aides et � minorer la participation r�clam�e aux b�n�ficiaires disposant de revenus compris entre 1.000 et 1.200 euros mensuels, pour un coup de 3,3 millions d'euros, risquent en cela de grever les finances de la collectivit� locale.

L'initiative est louable et l�gitime mais elle repr�sente n�anmoins une d�pense facultative suppl�mentaire consid�rable.

Une gestion budg�taire responsable impliquerait pourtant d'imputer cette co�teuse r�forme sur un red�ploiement de cr�dits � enveloppe constante.

Et que proposez-vous pour les personnes disposant de revenus moyens qui constituent la grande majorit� des r�sidents des E.H.P.A.D. et se situent dans le bas d'une courbe, dite "courbe en U", ne b�n�ficiant r�ellement d?aucune aide, ni sociale, ni fiscale ?

Le prix des E.H.P.A.D. demeure en effet un sujet des plus pr�occupants pour ses r�sidents, tandis qu'il se d�compose en trois tarifs journaliers aff�rents � l'h�bergement, aux soins et � la d�pendance et que seules ces deux derni�res composantes sont respectivement prises en charge par l'assurance-maladie et par l'Allocation Personnalis�e d'Autonomie.

Le reste � charge concernant l'h�bergement atteint en moyenne 2.900 euros mensuels en milieu urbain, et peut parfois fr�ler les 5.000 euros.

Certains r�sidents sont par cons�quent contraints de quitter ces �tablissements, ne disposant plus des moyens n�cessaires pour s'acquitter de leur participation.

Le poids financier de la d�pendance p�se trop lourdement sur les femmes, n'ayant le plus souvent qu'une petite pension de r�version.

Il p�se aussi sur ces grands oubli�s que sont les personnes disposant de ressources sup�rieures au seuil d'�ligibilit� des aides type A.P.A., mais qui n'ont cependant pas les moyens de financer les soins et l?h�bergement li�s � la d�pendance.

Votre choix est respectable, Monsieur le Pr�sident, de concentrer l'action du D�partement en faveur des personnes �g�es sur le public le plus en souffrance et disposant des moindres ressources.

Cependant, il me semble qu'une prise en charge globale et efficace de la d�pendance se doit de consid�rer tous les publics concern�s en �largissant de la sorte le prisme des politiques men�es � destination des personnes �g�es.

Mais ce n'est pas l� notre unique source d'inqui�tude.

L'exp�rimentation de formes d'h�bergement alternatives autour de th�matiques de mixit� sociale et de liens interg�n�rationnels constitue effectivement autant de pistes qu'il est n�cessaire d'exploiter.

Cela ne masque cependant pas le manque de structures d'accueil classiques essentielles au soutien des aidants familiaux.

Cela ne pallie pas davantage le manque cruel d'intervenants � domicile dont le n�cessaire accroissement quantitatif risque de se faire au d�triment du qualitatif.

Ladite qualit� est d'autant plus difficile � �valuer qu'elle prend en consid�ration la dimension humaine des intervenants dans ce domaine.

Si la symbolique d'une ligne budg�taire d�di�e exclusivement � la solidarit� interg�n�rationnelle est forte, sa traduction dans les faits n'est qu'une goutte d'eau dans les profondeurs abyssales de la probl�matique de la d�pendance, r�duite � 300 bin�mes seniors-jeunes, des missions interg�n�rationnelles effectu�es par quelque 70 jeunes du service civique, ou encore une quarantaine de partenariats nou�s entre les personnes �g�es des clubs du C.A.S.-V.P. et les enfants des centres de loisirs, des �coles ou des cr�ches.

Il s'agit d'exp�riences qui renforcent le r�le cl� des personnes �g�es dans la cit�, mais qui r�pondent encore insuffisamment aux d�fis de la d�pendance ou de l'isolement des seniors. � cet �gard, il est indispensable de renforcer le maillage territorial et l'ancrage local des dispositifs de mise en ?uvre des politiques en faveur des personnes �g�es.

La modernisation du service d'aide � domicile du C.A.S.-V.P., qui consiste non seulement en une extension des plages horaires d'intervention, mais �galement en un regroupement des antennes en arrondissement sous forme de plateforme mutualis�e, contribue au d�veloppement de ces bonnes pratiques, faisant de la proximit� le ma�tre mot.

En revanche, l'efficience du dispositif des "Points Paris Emeraude" doit �tre renforc�e par le biais du d�veloppement d'antennes de proximit�.

Le projet de r�forme les concernant est en cela de bon augure puisqu'il sous-tend la possibilit� d'assurer des permanences en mairies d'arrondissement.

Si les politiques mises en place en faveur des personnes �g�es nous paraissent par trop lacunaires et tr�s restrictives de par le public qu'elles concernent, si l'on�reux projet de modernisation de l'A.P.A. tend � alourdir davantage les d�penses sociales du D�partement, en revanche, la modernisation du service d'aide � domicile du C.A.S.-V.P., la r�forme des "Points Paris Emeraude", ou encore la mise en place de la t�l�gestion et du ch�que emploi service repr�sentent autant de r�formes utiles et souhaitables.

C'est la raison pour laquelle, malgr� certaines r�ticences et nos diverses observations, mon groupe votera en faveur des projets de d�lib�ration soumis au vote du Conseil et concernant les politiques men�es � l'�gard des personnes �g�es, en esp�rant, Monsieur le Pr�sident, que nous aurons �t� entendus.

Je vous remercie.

M. LE PR�SIDENT. - Merci, Madame.

Je donne la parole � M. MARTINS.

M. Jean-Fran�ois MARTINS. - Monsieur le Pr�sident, chers coll�gues, en quelques d�cennies, notre mod�le g�n�rationnel et notre mod�le de soci�t� s'est vu boulevers�, d'une soci�t� o� nous cohabitions � deux, parfois trois g�n�rations, � une soci�t� o� nous devons aujourd'hui vivre et savoir faire vivre ensemble quatre g�n�rations et bient�t cinq.

Cette nouvelle organisation g�n�rationnelle impose �videmment un changement de soci�t�, mais aussi des nouvelles r�gles et des nouvelles interventions publiques afin d'adapter la soci�t� � ces nouveaux enjeux.

On dit commun�ment, comme l?a dit Jacques BOUTAULT, que l'on reconna�t une soci�t� civilis�e au sort qu?elle r�serve � ses a�n�s.

� cet �gard, Paris doit �videmment se montrer exemplaire et affirmer �tre une capitale solidaire, fi�re de ses a�n�s et g�n�reuse puisqu'elle en a les moyens.

Or, vous le savez, Monsieur le Pr�sident, la situation des seniors parisiens s?est d�grad�e depuis une petite d�cennie en raison d'un contexte local qui est la hausse r�guli�re et de plus en plus "inarr�table" des loyers et des charges li�s � l'habitat, mais aussi en raison d'un contexte national o� le pr�sident proclam� du pouvoir d'achat est devenu depuis quelques ann�es le pr�sident du pouvoir d?achat qui augmente pour tout le monde : augmentation du co�t de l'�lectricit�, du gaz, des compl�mentaires sant�, des mati�res premi�res alimentaires, des soins m�dicaux, des transports - de la S.N.C.F. en particulier. Toutes ces augmentations de co�ts, toute cette pression sur le pouvoir d?achat qui p�sent �videmment plus durement sur les seniors parce qu'ils ne voient pas dans le m�me temps leur pension de retraite �tre revaloris�e � la hauteur de cette hausse et de cette pression sur leur pouvoir d'achat.

Ainsi, les diff�rentes mesures que vous nous proposez aujourd'hui, Monsieur le Pr�sident, sont une bonne nouvelle qui sortira plusieurs milliers de Parisiens de la pr�carit� et de l?incertitude.

Votre proposition, Monsieur le Pr�sident, permettez-moi, une fois n?est pas coutume, de le relever, est socialement juste et budg�tairement responsable et raisonnable.

C?est pourquoi je voterai ces projets de d�lib�ration sans r�serves.

Cependant, avoir une politique pour le troisi�me �ge et les seniors � Paris, ce n?est pas seulement une politique d?intervention sociale, ce sont aujourd'hui les seuls projets de d�lib�ration que vous nous soumettez.

Avoir une politique en destination du troisi�me �ge et des seniors � Paris, c'est �galement adapter notre cadre de vie et je voudrais ici dresser quelques pistes qu?il me semblerait n�cessaire de faire appartenir � un grand plan...

M. LE PR�SIDENT. - Essayez de le faire quand m�me bri�vement

M. Jean-Fran�ois MARTINS. - Je le fais bri�vement !

M. LE PR�SIDENT. - Parce que vous avez d�j� d�pass� votre temps de parole.

M. Jean-Fran�ois MARTINS. - Oui, mais il a �t� largement?

M. LE PR�SIDENT. - Non, on arr�te toujours le chronom�tre pendant les bavardages? comme l�, par exemple. Vous voyez, il est arr�t�, ne vous inqui�tez pas !

Allez, concluez !

M. Jean-Fran�ois MARTINS. - En quelques secondes, quelques pistes qui m�riteraient un Plan Senior au-del� de l'intervention sociale, pour mobiliser l'ensemble des politiques publiques de la Ville :

- adapter notre cadre de vie et avoir enfin un vrai plan pour les trottoirs et les espaces publics qui permette � nos seniors d?en disposer dans tous les secteurs de la ville ;

- favoriser l'acc�s aux soins et l?installation de m�decins en secteur I, permettant d'avoir pour les seniors un acc�s aux soins aux tarifs rembours�s par la S�curit� sociale ;

- savoir prendre en consid�ration l'une des attentes des seniors, sur laquelle il ne faut pas faire d?ang�lisme, qui est le besoin de s�curit�, le sentiment de s�curit�, et nous devons r�pondre, � la Pr�fecture, � cette attente ;

- enfin, lutter contre l?isolement. Si la solution que vous avez �voqu�e de la cohabitation d'un �tudiant avec un senior est une piste, elle n'est pas la seule. Il faut envisager des colocations entre seniors pour faire face � de nouveaux enjeux, tels que les divorces tardifs et le veuvage qui font des seniors isol�s tr�s jeunes. La colocation entre eux leur permettrait d'avoir une activit�, une stimulation sociale et donc de tomber plus tardivement dans la vieillesse.

M. LE PR�SIDENT. - Merci.

Je donne maintenant la parole � Gauthier CARONTHIBAULT, mais je pr�cise aux trois orateurs suivants du groupe socialiste, radical de gauche et apparent�s, qu'ils ne disposent que de 16 minutes pour les trois.

Monsieur Gauthier CARON-THIBAULT, vous avez la parole.

M. Gauthier CARON-THIBAULT. - Monsieur le Pr�sident, mes chers coll�gues, le drame de la vieillesse, ce n'est pas que l'on se fait vieux c'est que l'on reste jeune. Finalement, Oscar Wilde n'a sans doute pas tort.

Chaque �lu ici pr�sent sait bien l?engagement que peuvent rev�tir les seniors dans nos arrondissements afin de contribuer � la coh�sion de notre Capitale. Bien loin uniquement des associations de sauvegarde des vieilles pierres ou des organisations de p�titions, nombre d'associations de soutien scolaire, de parrainage professionnel ou encore de lutte contre l'isolement sont le fruit de jeunes retrait�s qui estiment, � juste titre, avoir encore un r�le � jouer dans la cit�.

Depuis qu?une d�l�gation au lien interg�n�rationnel a �t� cr��e � Paris, ce nouveau domaine se th�orise. Il s'�loigne de plus en plus de la volont� de faire se rencontrer les tr�s vieux et les tr�s jeunes, et il prend un autre aspect que les activit�s ouvertes � tous et surtout aux seniors.

Liliane CAPELLE, votre adjointe en charge de ce secteur, le rappelle d�s qu?elle le peut : l'interg�n�rationnel, c'est cr�er de nouvelles formes de solidarit� qui ne se limitent pas qu'au versement ou � des ponctions financi�res mais c'est surtout cr�er des occasions de rencontre et d'�change des seniors vers les moins seniors et vice versa.

Mais pour cela, il faut permettre � nos seniors de rester vivre dans la Capitale, comme nous avons su le faire pour les familles et de plus en plus pour les classes moyennes. Car si, bien s�r, certains de nos seniors aspirent � ces activit�s, d?autres aspirent tout simplement � vivre en pouvant faire les gestes de la vie quotidienne sans avoir � d�pendre ou � devoir s?�loigner de sa famille ou de ses amis.

Et maintenir cette pr�sence des seniors dans notre Capitale passe en premier lieu par une politique du logement et de l'habitat adapt�e � cet enjeu.

Le premier besoin des seniors r�side en celui de se maintenir � leur domicile tant qu'ils le peuvent. Devoir d�m�nager suite � un cong�, � un loyer qui devient trop cher ou des �tages qui deviennent trop p�nibles, est v�cu de mani�re excessivement frustrante. Or, cette situation devient de plus en plus fr�quente. En effet, il suffit de se r�f�rer au dernier recensement pour se rendre compte qu?il y a, dans la situation locative des seniors, un probl�me social � r�gler.

Certes, ils sont plus souvent propri�taires que les actifs, mais les cas d?ind�cence du logement touchent beaucoup plus souvent les seniors et un tiers d?entre eux vivent dans des immeubles inaccessibles.

De m�me, une nouvelle r�alit� sociologique appara�t : ce sont les retrait�s pauvres suivant, en toute logique, celle des travailleurs pauvres. Essentiellement entre 60 et 74 ans, ces jeunes retrait�s se voient, d'une part, confront�s � des probl�mes de paiement de leur loyer et, d'autre part, � une impossibilit� de chercher un autre logement, vu les conditions de plus en plus drastiques d'acc�s au march� priv� locatif.

Tel est le bien-fond� de la cr�ation de l'extension de l'allocation "Paris Logement" qui permettra aux seniors qui vivent avec moins de 1.100 euros ou 1.600 euros en couple de recevoir 80 � 110 euros afin de les solvabiliser dans leur logement. 7.700 seniors seraient amen�s � pouvoir en b�n�ficier.

Esp�rons aussi, Monsieur le Pr�sident, que le Gouvernement saura entendre votre demande de mise en place d?une exp�rimentation d'encadrement des loyers � la relocation, car le pendant n�cessaire de la solvabilisation des locataires est bien s�r le renforcement des possibilit�s d'acc�s au logement.

C'est d'ailleurs plus du double, 16.000 seniors, qui sont demandeurs d?un logement social, toutes cat�gories de plafond confondues. Ce diff�rentiel entre senior �ligible � "Paris Logement" est le nombre de demandeurs de logements sociaux de plus de 60 ans laisse fortement entendre qu'il y a aussi d'autres probl�matiques dans le dossier des seniors et de leur habitat que le loyer.

Bien entendu, j'entends par l� les situations de cong� d�livr� � ces jeunes retrait�s pas encore prot�g�s par la loi, les rendant plus difficiles apr�s 70 ans, ou encore les situations des seniors vivant en �tage avec des situations physiques ne leur permettant plus de se mouvoir aussi facilement qu'avant.

Le prochain bilan que nous allons tirer de bient�t un an de mise en place d?une Commission d?attribution des places en r�sidence appartement et r�sidence services du Centre d?action sociale de la Ville de Paris sera riche en enseignement sur ce domaine : en particulier, l'augmentation du nombre de seniors h�berg�s chez ou par leurs enfants ou titulaires d?une chambre � l?h�tel, n'ayant pu trouver un propri�taire acceptant de leur louer un logement.

Face � cela, la Ville de Paris ne reste pas inactive. Bien �videmment, notre engagement � produire 40.000 logements sociaux d'ici 2014 doit aussi b�n�ficier aux seniors. De m�me, les bailleurs sociaux doivent tout faire pour rendre accessible aux situations de mobilit� r�duite leur parc et d�passer largement le taux actuel de 20 %. Citons aussi le parc priv� qui peut b�n�ficier du Programme d'int�r�t g�n�ral "Personne � Mobilit� R�duite", du diagnostic habitat du Pacte de Paris, de l'aide � l'am�lioration de l'habitat, tout comme l'exp�rimentation du "R�seau Logement Seniors" dans le 3e arrondissement dans le parc social. A terme, il faudrait que deviennent envisageable, en plus de cette mise en accessibilit�, une coordination de services sociaux sp�cialis�s et une offre de petit entretien, via les r�gies de quartier, pris en charge en partie par la Ville, pour tous ces petits travaux qui enquiquinent la vie quand on ne peut plus les faire.

Sans accessibilit�, sans services et sans entretien, le logement devient vite une prison. Ce dispositif aurait ainsi pour objectif d?adapter et de pallier le plus t�t possible � la d�pendance et � la solitude des seniors dans leur logement, tout en rendant agr�able le maintien � domicile.

Mais il nous faut aussi ouvrir des lieux de vie plus communautaires, qui permettent de briser cette solitude subie par de plus en plus de seniors.

Telle est notre volont� en finan�ant grandement l'entretien et les r�habilitations en r�sidences appartements, toutes �quip�es d'un club ou d'un restaurant et d'un service de soins infirmiers � domicile. Cette politique d?entretien active men�e par le C.A.S.-V.P. est particuli�rement importante car elle d�stigmatise grandement ces structures en brisant l?image des mouroirs des maisons de retraite ind�centes.

De m�me, on voit fleurir ici ou l� des activit�s propos�es qui sortent des traditionnels "repas-accord�on" ou des ateliers lecture. Les consoles Wii ont fait leur entr�e dans les r�sidences et de plus en plus d?activit�s originales, comme des initiations � l'art moderne, ont fait leur rentr�e dans les clubs de nos seniors.

Et puis, il y a des moments qui ne sont pas faciles � vivre, que l'on craint tous ou que l'on a d�j� v�cus, cette perte d?autonomie d�finitive qui laisse peu � peu la place � la d�pendance et � la grande d�pendance. Ce sont les d�buts d'un Alzheimer, les troubles sensoriels, les difficult�s de plus en plus dures � se mouvoir et puis tout cela qui irr�sistiblement s'installe et fait que la vie seule n?est plus envisageable, ni pour le senior ni pour ses accompagnants.

C'est l� que la Ville a deux responsabilit�s aussi �normes qu?elles touchent �minemment � l'humain :

- tout d'abord, celle de prot�ger les plus pr�caires ou les plus isol�s de celles et ceux qui voient en eux un nouveau march� ;

- et celle de rendre digne l'approche de la fin de vie.

Je crois, avec humilit�, Monsieur le Pr�sident, mes chers coll�gues, qu?en nous investissant autant dans le financement de places en �tablissements h�bergeant des personnes �g�es d�pendantes, nous permettons, gr�ce au Centre d'action sociale de la Ville de Paris, �tablissement � capital 100 % public, de ne pas laisser l'int�gralit� de la prise en charge de la grande d�pendance au secteur priv�, tant que celui-ci ne sera pas mieux r�gul�. C'est ainsi que tous nos �tablissements sont habilit�s int�gralement � l'aide sociale et peuvent accueillir �galement les Parisiennes et les Parisiens les plus pr�caires.

Enfin, notre volont� de financer 2.200 places dans ces fameux E.H.P.A.D. trouve son application � la fois dans la construction de nouvelles places mais �galement dans l?humanisation de certains des 14 �tablissements que la Ville g�re. C?est ainsi que les experts appellent la "bienveillance architecturale" qui est � l'?uvre dans chacun de nos chantiers.

En effet, les chambres dans ces E.H.P.A.D. sont bien souvent les derniers lieux de vie de ces seniors. Autant pour leurs proches que pour eux, finir ses jours dans des conditions de vie dignes est la moindre des choses qu'une ville comme Paris peut offrir � ses a�n�s.

Monsieur le Pr�sident, mes chers coll�gues, l?actualit� va bient�t �tre au traitement que le Gouvernement va r�server au cinqui�me risque, celui qu'il appelle la d�pendance. Des �chos de recours constant au secteur priv� assurantiel nous sont, � tous, arriv�s aux oreilles, cr�ant des craintes chez certains d'entre nous. Attendons ce d�bat mais soyons s�rs que la question des seniors ne se limite pas qu?� la d�pendance, mais beaucoup plus au maintien de l?autonomie et � leur dignit�. Et si Paris ambitionne d'�tre mod�le en ce domaine, alors il y aura des choses � dire dans ce d�bat.

M. LE PR�SIDENT. - Mme CH�RIOUX de SOULTRAIT a la parole.

Mme Jo�lle CH�RIOUX de SOULTRAIT. - Monsieur le Pr�sident, mes chers coll�gues, comme l?a fort justement d�montr� mon coll�gue Vincent ROGER, vous avez choisi la pol�mique au consensus sur un sujet qui peut faire d�bat, qui doit m�me faire d�bat tant il est important.

Pour ma part, je souhaite revenir sur les mesures concernant les modifications des aides facultatives servies par le C.A.S.-V.P. aux personnes �g�es.

C�dant une fois de plus aux sir�nes de la communication et avec l'art ma�tris� qui est le v�tre en mati�re d'affichage, je constate que vous travestissez la v�rit�.

Non, Monsieur le Pr�sident, Paris n'a pas aujourd'hui cr�� son minimum vieillesse, comme vous avez tent� de le faire croire et comme j'ai pu le lire dans la presse.

Non, Monsieur le Pr�sident, Paris ne passe pas aujourd'hui de l'ombre � la lumi�re en mati�re de politique pour les personnes �g�es, car Paris a toujours eu un temps d'avance dans ce domaine et vous le savez bien.

Lorsque vous �tes arriv� en 2001, il y avait d�j� les cartes de transport, les r�sidences services, des clubs "Emeraude", l?A.V.P. existait depuis 25 ans, d?ailleurs Paris �tait et est encore la seule ville � avoir un r�glement municipal pour les prestations d'aide facultative.

Lorsque le Gouvernement JOSPIN a d�cid� la C.M.U., vous avez �t� oblig� de cr�er le "Compl�ment Sant� Paris" car le plafond de la C.M.U. �tait inf�rieur � celui de la carte "Paris Sant�", carte que vous aviez supprim�e.

C'est cela aussi, Monsieur le Pr�sident, notre h�ritage.

En r�alit�, les mesures phares que vous annoncez aujourd'hui et que nous voterons bien s�r ne sont que des ajustements, et le budget qu'elles repr�sentent (37 millions) est �gal � celui des am�nagements des berges de Seine. "No comment".

Dans le cadre de "Paris Solidarit�" qui n'est en fait qu'une

A.V.P. qui change de nom, je rappelle que cette derni�re est grosso modo index�e sur le minimum vieillesse.

Or, si ce dernier a �t� augment� de 35 euros en avril dernier et devrait l'�tre encore bient�t, l?A.V.P. elle n'avait pas boug� depuis d�cembre 2009.

Ce n'est donc pas un cadeau que vous faites, en r�alit� c'est un d� que vous rendez.

A titre de comparaison aussi, j?ai not� que "Paris Solidarit�" sera au m�me niveau que la P.C.H., la prestation de compensation du handicap servie par l'�tat qui, elle, a �t� multipli�e par deux en quatre ans.

Quant � l'extension du "Compl�ment Sant� Paris" aux personnes handicap�es, il s'agit seulement de la rationalisation d'un syst�me, logique d'ailleurs, puisque vous supprimez dans le m�me temps "Paris Protection Handicap".

Je remarque d'ailleurs que le "Compl�ment Sant� Paris", lui, n'a pas augment� depuis sa cr�ation en 2001, ce qui n'est pas le cas des mutuelles que cette allocation est cens�e couvrir.

Concernant "Paris Logement", son extension aux personnes �g�es et handicap�es est en soi une bonne mesure et une mesure coh�rente.

C'est, en effet, une bonne id�e de leur venir en aide pour payer leur loyer dans ce contexte de tr�s forte hausse, largement aliment� d'ailleurs par la sp�culation immobili�re � laquelle votre politique du logement n'est d'ailleurs pas �trang�re, mais comment se contenter alors de la faiblesse des plafonds ouvrant droit � cette allocation ?

Je rappelle, en effet, que le revenu m�dian, selon l'Observatoire des in�galit�s, est de 1.200 euros. Or, le plafond que vous instituez est de 1.100 euros pour une personne seule.

Prenez l'exemple, justement, d'une personne �g�e avec 1.200 euros par mois, un loyer de 690 euros pour un deux-pi�ces dans le parc social ; il lui reste 510 euros pour vivre ou plut�t pour survivre, sans aucune aide d'aucune sorte car elle est au-dessus de tous les plafonds de la terre. Des gens comme cela, il y en a beaucoup et la Ville est bien chiche lorsqu'il s'agit d?aider ces personnes qui ont travaill� toute leur vie avec, au bout du compte, une modeste retraite et des conditions de logement relatives mais souvent ch�res.

Or, la Ville, elle, ne manque pas de moyens, compte tenu des droits de mutation faramineux qu'elle a enregistr�s cette ann�e. Une fois de plus, vous obtemp�rez � votre dogme tr�s social au d�triment des classes moyennes. Il est vrai qu'elles ne sont pas votre priorit�, car � Paris, maintenant, il faut �tre ou tr�s riche ou tr�s pauvre.

M. LE PR�SIDENT. - Il vous sera r�pondu par Liliane CAPELLE, mais il faut quand m�me oser faire une intervention pour d�molir les mesures qu'on va voter dans quelques instants et pour nous dire que sur le plan social, on n'en fait pas assez et, apr�s, qu'on en fait trop pour les plus pauvres. Bref, il y avait un petit probl�me de coh�rence, mais Liliane vous r�pondra.

Monsieur LE GUEN, vous avez la parole.

M. Jean-Marie LE GUEN. - Merci, Monsieur le Pr�sident.

Votre communication et celle de Liliane CAPELLE, me semble-t-il, inaugurent d?une fa�on importante un regard que je crois nouveau sur la question du vieillissement � Paris.

La probl�matique du vieillissement, lorsqu'on emploie ce terme, est, en fait, tr�s largement ambigu�, parce que, derri�re ce mot, se cache un ph�nom�ne social qui consiste � constater que, d'une part, l'esp�rance de vie ne cesse de cro�tre et, d'autre part, que le nombre de personnes plus �g�es que la moyenne prend de plus en plus de place dans notre soci�t�.

Lorsque l'on parle de vieillissement de la soci�t�, cela renvoie aujourd'hui � des concepts bien diff�rents, qu'il s'agisse de la probl�matique des seniors qui peuvent �tre retrait�s mais qui sont parfaitement actifs, et j?allais dire heureusement, lorsque l?on voit ce qu'il en est aussi dans notre Assembl�e, on parle aussi des personnes �g�es qui, elles, sont d�j� rentr�es dans un �ge plus fragile, o� l'attention doit �tre port�e plus directement � leur sant�, et on parle aussi, plus tard, du grand �ge, de ces personnes �g�es en perte d'autonomie.

On le voit bien, il y a l� des concepts diff�rents, des populations diff�rentes et la n�cessit� pour la soci�t� et la politique municipale de s'adapter � ce mouvement social profond qui existe dans notre pays.

J'entendais Mme CH�RIOUX de SOULTRAIT parler il y a quelques instants ; je trouvais effectivement qu'elle employait une vision des choses, des politiques sociales et des critiques de la droite qui sont quand m�me, � mon avis, assez peu compatibles avec la r�alit� de cette �volution sociale. Madame, vous avez, en dehors du fait que vous concluez d'une fa�on paradoxale par le reproche que vous nous faites aux politiques sociales, un discours qui est, pour l'essentiel, assez mis�rabiliste, assez paternaliste, et lorsque vous �voquez la probl�matique du vieillissement de la soci�t�, vous ne renvoyez qu'� une probl�matique d'allocation.

Tr�s sinc�rement, c'est ce que nous essayons de ne pas faire lorsque nous parlons � la fois de solidarit�, mais aussi parce que gr�ce � la mission d'information et d'�valuation qui va �tre mise en place, nous allons surtout parler d'adaptation de nos politiques sociales.

Notre coll�gue CARON-THIBAULT a bien pos� les questions. Lorsque l'on parle d'adaptation du logement, lorsque l'on parle d'adaptation de l?urbanisme, lorsque l'on parle aussi de pr�sence active et de mobilisation des seniors dans la ville, on ne parle pas, Madame, d'une fa�on aussi caricaturalement paternaliste et traditionnelle de politiques sociales qui ont eu peut-�tre leur m�rite d'exister il y a 20 ans mais qui, aujourd'hui, ne correspondent plus � l'�volution de la soci�t�.

De ce point de vue, vous rejoignez le discours de la majorit� nationale sur ce discours, parce que, lorsqu?en son temps, le Gouvernement parlait du probl�me des retraites, on le voit bien, au lieu de comprendre qu'il y avait � accompagner un mouvement du vieillissement de la soci�t�, y compris du vieillissement des actifs. Il n'a �t� capable de parler qu'en termes financiers, �videmment pour op�rer des reculs sociaux, mais aujourd'hui encore, lorsqu'il parle de la d�pendance, et il ne choisit pas ce mot par hasard? Alors que tous les acteurs de ce monde pr�f�rent parler de perte d'autonomie, il parle de d�pendance, il se livre � une dramatisation d'une situation sociale qui est inadapt�e � mon avis avec, non seulement par rapport � la r�alit� des besoins des Fran�ais mais aussi par rapport � la mani�re dont elle doit �voluer. On sent que les pr�occupations du Gouvernement naissent essentiellement d'une financiarisation de cette question sociale, avec des arri�re-pens�es qui ont d�j� �t� d�crites par d'autres coll�gues, sur lesquelles je ne reviendrai pas, et pour lesquelles il n'y aurait pas d'autre r�ponse, effectivement, que la construction massive d?E.H.P.A.D. financ�s par des fonds de pension.

Cette logique-l� n'est pas celle dont a besoin notre soci�t� et � tout le moins Paris, ville capitale.

Nous avons d'autres ambitions qui consistent � mettre la personne �g�e lorsqu'elle est en perte d'autonomie ou en risque de perte d'autonomie dans un environnement o� elle peut rester � domicile, o� elle peut continuer � d�velopper, justement, son autonomie. Cela passe par des politiques financi�res pour les plus d�favoris�s de nos concitoyens, mais cela passe aussi par une adaptation globale de nos politiques sociales, de nos politiques urbaines, de notre politique du logement. C'est ce � quoi travaille et va travailler la Ville de Paris et c'est, je crois, ce qu'attendent nos concitoyens, c'est la perspective d'une adaptation sociale pour mobiliser cette soci�t� autour d'une population qui �volue, mais de valeurs qui demeurent, qui sont celles de la solidarit� et de la participation.

M. LE PR�SIDENT. - Madame BOULAY-ESPERONNIER, vous avez la parole.

Mme C�line BOULAY-ESPERONNIER . - Merci, Monsieur le Pr�sident.

Mes chers coll�gues, le nombre de personnes �g�es, voire m�me tr�s �g�es, de 85 ans et plus, est celui qui a le plus progress� au cours de ces derni�res d�cennies ; un Fran�ais sur six a plus de 65 ans.

Cela soul�ve de multiples interrogations : qualit� de vie et vieillissement dans la dignit�, prise en charge des pathologies li�es � l'�ge parfois complexe comme la maladie d'Alzheimer, prise en charge de la d�pendance, aides et services aux personnes �g�es, place de l?a�n� dans notre soci�t�, financement des retraites et de l'assurance maladie.

Il est imp�ratif que nous nous inscrivions dans une perspective positive, loin du d�bat pol�mique o� le vieillissement n'est pas consid�r� comme une catastrophe comme la dette publique ou le ch�mage, mais comme le r�sultat heureux du progr�s de notre soci�t�.

A Paris, les questions li�es au vieillissement doivent �tre envisag�es dans un cadre de r�flexion global et humaniste. C'est un d�bat qu'il faut aborder humblement et sereinement n?est-ce pas, Monsieur LE GUEN -, sans faux proc�s, car il concerne notre avenir et celui de nos enfants.

Notre future soci�t� aura un plus grand nombre encore de personnes �g�es qu?aujourd'hui, c?est un fait, mais la question n'est pas � prendre � l'envers. Une partie de la r�ponse � la question du vieillissement � Paris tient � la r�flexion pr�alable que nous aurons et non dans le seul fait de tirer le fil de la d�pense de sant� dans une logique purement comptable.

Quelques questions dont il faudra d�battre doivent �tre pos�es, mais il y en a, bien s�r, beaucoup d'autres ; ce sont des pistes de r�flexion que je voudrais proposer aujourd'hui � notre Assembl�e.

La mani�re dont nous traitons nos a�n�s actuels et futurs correspond-elle � ce que souhaitent les citoyens pour eux-m�mes et pour leurs enfants ? Recherche-t-on suffisamment les moyens d?am�liorer la vie des personnes �g�es ? Prend-on assez en compte la signification diff�rente que rev�t la vieillesse pour un homme ou pour une femme, celle que prend l'avanc�e en �ge, la fin de l'activit� professionnelle selon la classe sociale, le niveau culturel de chaque individu.

Le vieillissement d�mographique est une r�alit� qu?il faut inscrire dans son contexte socio�conomique et culturel. Le vieillissement individuel, d'ordre biologique, s'exprime aussi � travers d'autres dimensions : psychologiques, sociales, existentielles.

La question de l'�thique est essentielle au sein de la cit� car il y a des conflits entre les aspirations des uns et des autres, en particulier en situation hyperurbaine comme � Paris.

Alors, justement, Monsieur le Pr�sident, vous avez commenc� votre communication en disant que la richesse de Paris repose d'abord sur les Parisiens. Mais les Parisiens peuvent-ils se reposer sur la richesse de Paris ? Les 410.000 personnes de plus de 60 ans qui habitent la Capitale peuvent-elle dire que Paris fait tout ce qu'elle peut pour elles ?

L'ignorance est toujours l'alli�e des mauvaises d�cisions politiques. On ne peut donc que regretter l?absence en pr�alable de ce Conseil de Paris d'une grande consultation parisienne incluant l'ensemble des groupes.

Prenons la question de l'habitat, cruciale car elle touche l'articulation entre les politiques locales et nationales. Que repr�sente-t-il pour la personne �g�e confront�e � son vieillissement sans savoir ce qu?il adviendra quand la fragilit� l?emportera sur ses aptitudes � vivre de fa�on autonome ?

Ce sont les moins fortun�s, les plus marginalis�s et les plus fragiles qui se posent le probl�me de leur habitat de demain avec une r�elle inqui�tude.

A ce titre, Monsieur le Pr�sident, l'extension du dispositif "Paris Logement" aux personnes �g�es et handicap�es est une bonne chose mais nous souhaitons que vous alliez plus loin encore en en relevant le plafond.

S'interroger sur l'habitat de la personne �g�e, c'est aussi parler de la diff�renciation des attentes et des potentiels des personnes quand la retraite marque l?ultime rupture dans la vie sociale de l'homme.

De m�me, pourquoi opposer le choix de rester chez soi, en adaptant le logement aux r�alit�s de l?�volution de la personne, ou de passer dans des structures collectives r�pondant au stade ultime de la vie.

Le ma�tre mot est l'adaptation, tant soci�tale et psychique que mat�rielle.

En France, la vieillesse est souvent plus associ�e � la maladie qu'� la personne, la diff�rence est que le malade g�n�re des personnes alors que la personne g�n�re d�sirs et attentes.

Le concept de l?habitat est un sujet in�puisable o� se rencontrent int�r�ts personnels et collectifs. Il appara�t qu'une perspective d'avenir pourrait �tre le maintien plus syst�matis� de la vie � domicile, mais il est imp�ratif d'insister sur l'entourage et les liens vers l'ext�rieur, au lieu d'insister sur le fait m�me de rester dans son domicile, sans contact avec l'ext�rieur, sans visites, sans rapport avec l'autre et sans r�le.

On en vient � la question concr�te de la valorisation de la famille, aspect autour duquel l?habitat doit se resserrer pour justifier d'un maintien � domicile.

A ce propos, j'en arrive � la question � peine effleur�e dans votre communication, Monsieur le Pr�sident, des aidants ou plus pr�cis�ment des aidants naturels et familiaux.

Ils jouent un r�le d�terminant � Paris, combien sont-ils ?

R�fl�chissons aux modalit�s d?accompagnement, par les aidants notamment, m�me en situation hyperurbaine comme � Paris. Penchons-nous sur leurs probl�mes : la solitude, le manque d'information, l'extr�me duret� souvent de ce qu'ils endurent aupr�s des parents qu'ils soignent.

Quelles sont les aides de la Ville en leur faveur, pour eux qui sont des alli�s inestimables ?

Traiter de la question du vieillissement n'est pas que le probl�me de tous, partant du principe que nous sommes tous, sauf accident, de futurs anciens. Traiter du probl�me du vieillissement est le progr�s de tous et sera en particulier un progr�s pour Paris.

Naturellement, il faut tenir compte des sp�cificit�s parisiennes : la chert� de l?immobilier, la raret� des terrains, le co�t des r�sidences, le co�t des aides � domicile, ajout� � cela le sous-�quipement flagrant.

Quelques pistes peuvent �tre mises en avant : �valuer les dispositifs de prise en charge, associer les Parisiens au d�bat, favoriser les nouvelles formes de solidarit�, faire organiser la prise en charge de proximit� par les maires d?arrondissement.

Nous aimerions une r�flexion pouss�e sur le pacte interg�n�rationnel si important. Chaque g�n�ration n'a-t-elle pas une dette sociale envers la pr�c�dente ?

Paris a toujours �t� un creuset d'initiatives. Fort de ce constat, notre groupe souhaite que, fid�le � sa r�putation, la Ville engage, en m�me temps que le Gouvernement, un chantier de r�flexion sur la d�pendance, afin que 2011 soit, comme le Pr�sident de la R�publique l?a dit, une ann�e utile.

C'est un chantier ambitieux mais Paris le m�rite, les Parisiens le m�ritent.

Monsieur le Pr�sident, vous nous parlez encore une fois du d�sengagement de l'�tat, preuve que ce commentaire a pris chez vous la forme d?une obsession qui se soigne d?ailleurs tr�s bien � coups d?injection de chiffres : 17 milliards de prise en charge, ce n'est pas tout � fait un d�sengagement.

Vous vous dites le maire de tous les Parisiens, mais dans les faits vous nous proposez la cr�ation d'une mission d'�valuation � l'initiative de votre groupe. On peut faire beaucoup mieux.

Notre groupe, l?U.M.P.P.A., demande avec beaucoup de force la cr�ation d'un observatoire sur le th�me "Vieillir � Paris aujourd'hui et demain" associant l'ensemble des Parisiens, parce que notre Capitale le vaut bien, parce que notre Capitale en a besoin.

Je vous remercie.

M. LE PR�SIDENT. - Mme Karen TA�EB a la parole.

Mme Karen TA�EB. - Monsieur le Pr�sident, mes chers coll�gues, les �lues r�publicaines et socialistes tiennent non seulement � saluer le travail de Liliane CAPELLE, qui m�ne sa d�l�gation avec c?ur et responsabilit�, mais �galement � nous interroger sur la question philosophique qui pr�c�de ou qui en d�coule.

Quelle soci�t� voulons-nous offrir � nos a�n�s, � ceux-l� m�me qui ont construit la soci�t� dans laquelle nous vivons aujourd'hui ?

Qu'est-ce que bien vieillir ?

A c�t� de la philosophie, il y a la science et la m�decine qui annoncent que nous allons vivre de plus en plus vieux et il y a surtout les actes et l?engagement politique.

Depuis 2001, Paris conduit une politique exigeante en direction des personnes �g�es avec deux axes clairs, le premier qui place les seniors au c?ur de la cit� comme acteurs et le second qui prend soin des plus fragiles.

De son c�t�, le Gouvernement a annonc� une future r�forme. Apr�s le dossier des retraites trait� � la hache, voici donc ouvert celui de la d�pendance et un projet de loi qui devrait �tre pr�sent� en Conseil des Ministres avant l'�t� 2011 ; le pire est � craindre.

Dans ses promesses de 2007, Nicolas SARKOZY garantissait, je cite, "un syst�me juste et �quitable". R�sultat, le rapport de Val�rie ROSSO-DEBORD qui annonce des mesures plus �loign�es les unes des autres de cet hypoth�tique syst�me.

Est-il juste et �quitable de faire notamment supporter la d�pendance par souscription � des assurances priv�es et non par une politique de solidarit� nationale ? La r�ponse est non.

De quelle soci�t� parle-t-on ? Quelle soci�t� voulons-nous ? Les personnes �g�es devront-elles acheter leur ind�pendance ?

Si ce d�bat porte sur un enjeu de soci�t�, la responsabilit� est �minemment politique car, � l'horizon 2050, un tiers des Fran�ais aura plus de 60 ans, contre un cinqui�me aujourd'hui.

Ajout�s la r�forme des retraites, des parcours professionnels de plus en plus pr�caires et chaotiques et une soci�t� de plus en plus individualiste, le tableau est plut�t inqui�tant s'il n'est pas men� d'urgence une politique responsable et solidaire et non un d�sengagement de l'�tat � toutes les sauces.

A Paris, entre 2001 et 2011, comme vous l'avez rappel�, Monsieur le Pr�sident, les d�penses nettes de la Ville ont doubl� en direction des personnes �g�es.

410.000 Parisiennes et Parisiens, soit un cinqui�me, ont plus de 60 ans, un tiers d?entre eux a plus de 75 ans, avec une difficult� particuli�re pour nos a�n�s : 12,6 % d'entre eux vivent en de�� du seuil de pauvret� contre 9,9 % en France.

33.600 demandeurs d?emploi ont plus de 50 ans et nous nous f�licitons du forum de l'emploi des seniors, "les Paris de l'exp�rience" qui ont r�uni le 1er d�cembre dernier 6.500 personnes au "104", car il est difficile de trouver un emploi � cet �ge m�dian de la vie, les quinquag�naires au ch�mage vivant souvent une v�ritable discrimination � l'embauche.

C'est pourquoi nous saluons la politique men�e par notre D�partement et notamment l'augmentation de l'Allocation Ville de Paris de 775 euros � 840 euros ou encore le dispositif "Paris Logement" qui permet aux personnes percevant moins de 1.100 euros mensuels de ne pas consacrer plus de 30 % � leur logement.

Nous tenons d'ailleurs � ce sujet � r�it�rer notre d�sapprobation contre la loi inique de Mme BOUTIN, une loi qui fragilise encore un peu plus les personnes �g�es en les poussant vers la sortie, en les invitant � quitter leur logement social dans lequel elles ont v�cu des dizaines d'ann�es, voire toute leur vie, pour un plus petit logement, � ne plus pouvoir recevoir les membres de leur famille et � quitter par-l� m�me leur quartier de vie.

J'ajoute � cela que le d�mant�lement du service public de la sant�, la r�forme de l?A.P.-H.P. et la mise en p�ril de l'acc�s de tous aux soins, les d�remboursements successifs de m�dicaments et l?incitation � payer une assurance compl�mentaire est pour notre majorit� inacceptable.

Nous saluons donc l'extension du versement "Compl�ment Sant� Paris" qui permettra d�sormais � toutes les personnes vivant dans la pr�carit� de pouvoir disposer d?une mutuelle afin de pouvoir couvrir leurs soins courants.

Fermement, r�solument, concr�tement, notre D�partement s'engage contre la pr�carisation des seniors, contrairement au Gouvernement.

Pendant que Nicolas SARKOZY promet une situation meilleure tout en d�truisant les services publics et les solidarit�s qui les concernent directement, Paris agit.

Ce sont effectivement 37 millions d?euros annuels suppl�mentaires pour nos a�n�s et les personnes porteuses de handicap. J'en profite pour dire aux �lus de l'U.M.P. qui ont � plusieurs reprises compar�, pensant trouver le pot aux roses, ces 37 millions d?euros � ceux qui seront investis pour les voies sur berges que les voies sur berges seront un espace de vie, un espace qui permettra d'am�liorer la qualit� de vie justement des jeunes Parisiens, des plus �g�s et des personnes handicap�es.

Concernant l?A.P.A., nous nous f�licitions de l?augmentation de 26 % depuis 2007 et des 3 millions d?euros annuels suppl�mentaires que notre D�partement engage pour permettre � ceux qui gagnent moins de 1.000 euros, contre 695 euros aujourd'hui d?�tre exon�r�s de toutes charges.

J'en profite aussi pour dire que nous nous opposons � la suppression de l'A.P.A. pour les personnes faiblement d�pendantes en G.I.R.4. Il s'agit d'une fausse �conomie car elle ne tient pas compte de la pr�vention. L?A.P.A. qui aide concr�tement non seulement les personnes d�pendantes mais soulage les aidants.

Paris travaille aussi au lien interg�n�rationnel. Nous tenons particuli�rement � saluer toutes les initiatives dans ce domaine.

Je vois que le temps court.

M. LE PR�SIDENT. - Concluez, ch�re amie.

Mme Karen TA�EB. - Cela se voit aussi dans notre soutien aux nombreuses associations de seniors, qui repr�sentent la majorit� du b�n�volat parisien, que la mairie soutient et subventionne, et les exemples sont nombreux. Partage, enrichissement r�ciproque, tels sont les ma�tres mots de plus de quarante partenariats entre seniors du C.A.S.-V.P. et enfants des centres de loisirs, et cela commence m�me d�s la cr�che.

Je voudrais, avant de conclure, remercier l?ensemble des adjoints qui travaillent de mani�re transversale et coll�giale pour une r�elle politique solidaire et une soci�t� digne de ce nom, qui n'oublie pas ses personnes d�pendantes, qu'elles soient �g�es ou porteuses de handicaps.

Je terminerai en citant Marcel Pagnol : "On devient vieux quand les jeunes nous abandonnent".

Je vous remercie.

M. LE PR�SIDENT. - Donc, les jeunes, ne nous abandonnez pas !

J'ai bien aim� votre remarque sur les voies sur berges, parce que je pense effectivement que nos a�n�s seront parmi les meilleurs b�n�ficiaires de cet am�nagement, de la m�me mani�re qu'ils sont des b�n�ficiaires des bus de traverse. J'imagine que, dans quelques ann�es, nos coll�gues de l'opposition, apr�s nous avoir demand� de faire encore plus de bus de traverse, nous demanderont de faire encore plus de voies sur berges sans voiture !

Merci � tous.

Oui, mais l?opposition, ce n?est pas toi, Sylvain. Je ne confonds pas, moi, la droite et la gauche.

La parole est � Liliane CAPELLE.

Mme Liliane CAPELLE, au nom de la 6e Commission. Merci beaucoup, Monsieur le Pr�sident, et merci pour cette communication.

Je voudrais tr�s bri�vement remercier tous les �lus qui sont intervenus. Je voudrais aussi remercier le C.A.S.-V.P., la D.A.S.E.S. et le Secr�tariat g�n�ral de la Ville de Paris. Je voudrais remercier tr�s sinc�rement le cabinet du Maire et les cabinets des adjoints, et le mien en particulier, pour toute l'aide qu'ils nous apportent au quotidien.

Je ne reviendrai pas sur tous les chiffres qui ont �t� donn�s, parce qu'ils sont maintenant bien connus. Je reviendrai plut�t sur quelle soci�t� effectivement nous voulons. C'est vrai que, pour moi aussi, la droite et la gauche, ce n'est pas forc�ment la m�me chose. M�me si quelquefois on peut se retrouver.

J'ai �t� ravie de voir que vous alliez voter ces projets de d�lib�ration, m�me si j'ai entendu qu'il faut rationaliser. Alors, d'un c�t�, il faut mettre moins d'argent, mais de l'autre c�t� il faut en mettre beaucoup plus. Je ne sais pas bien faire.

Je ne vais pas pol�miquer, mais quand m�me. J'ai bien entendu tout ce que vous avez dit et j'attends de voir ce qui va sortir de toutes les concertations engag�es, sur ce qui est appel� la d�pendance et ce que nous pr�f�rons appeler la perte d'autonomie. Quand on s'occupe de la d�pendance, on ne s'occupe que d'un morceau, m�me important mais que d'un morceau du sujet, plut�t que probl�me d'ailleurs. Et quand on parle de la perte d'autonomie, on prend cela dans un contexte beaucoup plus g�n�ral.

J'attends de voir, parce que vous nous dites : qu'est-ce que vous allez faire pour les classes moyennes ? J'attends de voir quelle sera la part de l'Etat pour aider toutes celles et tous ceux qui ne peuvent plus assurer les gestes au quotidien dans leur vie.

Il est bel et bien de demander au D�partement et � la collectivit�, mais il est bel et bien aussi de demander � l'Etat quand ceci est une comp�tence d'Etat. Pour l'instant, je ne suis pas tr�s au clair avec tout ce qui va se passer.

Quelqu'un a dit : je souhaiterais que le D�partement de Paris soit repr�sent�. Je vous rassure, je vous repr�sente, Monsieur le Pr�sident, au sein d'une des commissions qui a �t� mise en place dans ce sens. Je ne manquerai pas de signaler, de rappeler quelles sont vos positions.

En fait, nous voulons une ville - j'ai bien aim� ce qu'a dit M. LE GUEN - non pas une ville o� on pr�che la bienveillance, mais une ville o� tout le monde est citoyen jusqu'au bout. On est citoyen � partir du moment o� on peut mener sa vie comme on l'entend, et jusqu'au bout on a le droit de faire les choix de vie que l'on veut.

C'est donc une conception vraiment de la soci�t�.

Juste un petit rappel : les dossiers �voqu�s lors de ce Conseil, ce sont les seniors mais �galement les coll�ges. On voit bien que dans cette ville on s'occupe de tout et que les seniors, ce n'est pas simplement quelque chose au milieu de nulle part.

On va parler des voies sur berges, Karen TA�EB l?a signal�. On va parler des nouvelles gouvernances des missions locales, lieux hautement importants. J'ai entendu aussi que chaque g�n�ration se doit, etc. Non, ce n'est pas cela, car "on ne se doit pas", on n'a pas de charit� � avoir les uns envers les autres, mais on s'apporte mutuellement.

Dans les missions locales, il y a les parrainages. Cela rejoint aussi les grands parrains, toute l'action que l'on veut faire autour des jeunes en tr�s grande difficult�.

Puis, il y a eu effectivement l'�lection d'un tr�s jeune adjoint. Voil�, c'est cela, la vie parisienne, la soci�t� parisienne : c'est une soci�t� harmonieuse.

Il n'est pas tr�s jeune ? Si, par rapport � nous, il est tr�s jeune !

Nous voulons une soci�t� harmonieuse, avec le mot de solidarit� et non pas de la compassion et de l'empathie en permanence. La compassion et l'empathie, on en a besoin mais on a surtout besoin de respect, de solidarit�, d'avancer en m�me temps. Peut-�tre pas forc�ment au m�me rythme, mais en tout cas en m�me temps.

Je voudrais juste apporter quelques pr�cisions et je ferai tr�s vite.

Vous parlez � juste titre des taux d'encadrement dans les �tablissements. Je voudrais juste rappeler que dans les �tablissements du Centre d'action sociale de la Ville de Paris, qui sont des �tablissements � 100 % habilit�s � l'aide sociale, on a un taux d?encadrement largement sup�rieur � ce qui se fait ailleurs, m�me tr�s l�g�rement sup�rieur. Nous sommes dans l'expectative dans les discussions avec l?A.R.S., puisqu'avec les convergences tarifaires, on ne sait pas o� cela nous emm�nera.

Soyons donc prudents sur ce que vous pouvez nous dire.

Vous avez parl� du b�n�volat, et merci d?en avoir parl�, parce que sans les seniors il n'y aurait pas de b�n�volat � Paris, ce qu?il faut bien savoir.

Vous avez dit qu'on a cass� les b�n�voles du C.A.S.-V.P, c?est totalement faux. Je vous signale qu?on leur a donn� maintenant plein de bonnes initiatives et qu'ils y vont maintenant avec c?ur, parce que cela les sort de simplement... On leur demande de s'investir, on ne leur demande pas simplement de distribuer de l'aide financi�re.

M. LE PR�SIDENT. - Voil�, c?est bien ! Continuez � ne pas �tre conservatrice, Liliane CAPELLE.

Mme Liliane CAPELLE, rapporteure. - C'est cela l'investissement des seniors.

Sur l'emploi, c?est tout de m�me une comp�tence d?Etat, je le rappelle, et que nous pouvons faire tout ce que nous voulons. C'est vrai que ce forum des seniors a h�las remport� du succ�s. Je dis bien "h�las" parce que cela donne l'�tendue des d�g�ts. Mais avec Christian SAUTTER, nous essayons de faire avancer le dossier et ce n'est pas simple.

Sur l'interg�n�rationnel pour terminer, parce que beaucoup de choses ont d�j� �t� dites, ce n'est pas un concept, c'est vraiment une r�alit� que nous mettons en place : quand on parle, comme dans le 3e, du logement, quand on parle dans le 4e arrondissement de faire dans le m�me endroit l'accueil famille et l'accueil senior, quand dans le 10e nous avons des groupes de slam qui r�unissent des jeunes - je dis bien des jeunes et pas forc�ment des enfants - et des seniors.

J'aurais mille et un dossiers � vous pr�senter que l?on soutient financi�rement. Je voudrais parler de la "Compagnie Bouche � Bouche" dans le 14e, je voudrais parler du 17e et du 18e, et cela devrait s?�tendre sur Paris, de voisinage. Je voudrais vous parler d'une bande dessin�e, qui a �t� cosign�e entre un groupe de p�p�s et de m�m�s du 19e, qui ont fait un atelier d'�criture et qui sont all�s � Fleury-M�rogis? Pourquoi ? Les "p�p�s et les m�m�s", cela vous g�ne ? Je suis grand-m�re et cela me va tr�s bien d?�tre m�m� !

? qui sont all�s rencontrer un groupe de jeunes � Fleury-M�rogis, et ensemble ils ont fait une bande dessin�e.

Il y en a mille des actions comme celles-ci, qui font qu'au quotidien on rend la vie solidaire, respectueuse, respectable pour les uns, pour les autres. Nous avons les am�nagements, nous avons tout ce dont vous avez parl�.

Je voudrais dire juste un mot effectivement sur la sant�. Ce n?est pas de notre responsabilit� s'il y a d�remboursement des m�dicaments, ce n'est pas de notre responsabilit� si l'A.P.-H.P. est d�mantel�e, ce n'est pas de notre responsabilit� si les personnes �g�es sont dans les services d'urgence au lieu d'�tre dans les services o� ils devraient �tre admis. Ce n'est pas de notre responsabilit� : c'est de la responsabilit� du Gouvernement que vous soutenez !

Juste un mot encore, nous surveillons de tr�s pr�s ce qui se passe � l?A.R.S., et je vous signale quand m�me que l?A.R.S. nous a bloqu� deux dossiers d'�tablissement dans Paris en arguant du fait qu'ils n'avaient pas les moyens, que certes on en avait besoin, mais qu'ils n'avaient pas les moyens.

Alors, vous voyez, Monsieur le Pr�sident, mes chers coll�gues, la question philosophique que soulevait Karen TA�EB me va bien parce que la r�ponse est l� : quelle soci�t� voulons-nous ? Pour ma part, la soci�t� que je souhaite est une soci�t� o� chacun se regarde avec des yeux respectueux et plein de douceur.

Merci.

M. LE PR�SIDENT. - Vive la douceur ! Cela ne ferait pas de mal � Paris, de temps en temps, dans ce Conseil.

Merci beaucoup � Liliane CAPELLE de sa comp�tence, de son efficacit� et de sa douceur.

Mes chers coll�gues, la communication n'est pas soumise au vote.

Je mets donc aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DASES 29 G relatif � la modernisation de l'aide � domicile � Paris.

Qui est pour ?

Qui est contre ?

Qui s'abstient ?

Le projet de d�lib�ration est adopt� � l'unanimit�. (2011, DASES 29 G).

Février 2011
Débat
Conseil général
retour Retour