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120 - Vœu déposé par le groupe "Les Verts" relatif au soutien des pacifiques israéliens concernant la situation à Rafah


M. Christian SAUTTER, adjoint, pr�sident. - Nous arrivons maintenant � l'examen du v?u n� 32 d�pos� par les �lus du groupe "Les Verts" relatif au soutien des pacifiques isra�liens concernant la situation � Rafah.
C'est M. GAREL qui pr�sente ce v?u et M. SCHAPIRA lui r�pondra.
M. Sylvain GAREL. - J'esp�re que nous retrouverons la m�me unanimit� pour soutenir les pacifistes isra�liens qui d�noncent � juste titre les interventions de l'arm�e isra�lienne � Rafah, qui ont eu lieu il y a quelques semaines et qui ont provoqu� la mort de 42 personnes. C'est une des plus grandes op�rations militaires qui ait �t� men�e depuis la fin de la guerre, m�me si le conflit se perp�tue entre Isra�liens et Palestiniens.
Bien entendu nous condamnons sans r�serve les actions terroristes conduites par des groupes palestiniens mais nous pensons que ce type d'intervention, qui conduit � la mort de nombreux civils en particulier et � la destruction de nombreuses maisons, ne peut qu'alimenter la haine dans cette partie du monde, et provoquer d'autres drames.
C'est pour cela que nous souhaitons que la Mairie de Paris intervienne aupr�s de l'Ambassade d'Isra�l en France pour lui demander que cette d�mocratie, puisque c'est une d�mocratie, arr�te ce type d'interventions, car il y a des menaces qu'elles reprennent, et fasse entendre la voix des Conseillers de Paris pour dire � l'Ambassadeur d'Isra�l que nous condamnons ce type d'interventions qui ne peuvent conduire qu'� de nouveaux drames dans une r�gion du monde qui en a d�j� connus beaucoup.
M. Christian SAUTTER, adjoint, pr�sident. - Merci.
La parole est � M. SCHAPIRA. Il y aura ensuite des explications de vote de M. GOASGUEN, de M. AIDENBAUM, de Mme TA�EB et du Pr�sident VUILLERMOZ.
M. Pierre SCHAPIRA, adjoint. - Monsieur le Maire, tout ce qui concerne les attentats, les guerres, les violences est condamnable. Quand j'ai lu le v?u de Sylvain GAREL en 9e Commission, l'expos� des motifs m'a choqu� sur plusieurs plans. Tout d'abord, quand on parle des pacifistes isra�liens, il faut les citer. Il y en avait 150.000 � Tel-Aviv ! C'est comme si l'on faisait une manifestation � Paris d'un million de personnes !
Quand on parle du Pacte de Gen�ve, de Rabbo et de Belin, j'aurais aim� qu'on cite quand m�me un �v�nement qui s'est pass� la semaine derni�re, alors que les combats avaient lieu � Rafah, Belin et Rabbo �taient � l'H�tel-de-Ville et ils parlaient ! Cela n'entache donc pas le processus de Gen�ve. Les hommes de bonne volont� continuent � parler et c'�tait � l'H�tel-de-Ville !
J'aurais aim� qu'un certain nombre de Conseillers de Paris, qui �taient tous invit�s, soient plus pr�sents pour soutenir les accords de Gen�ve parce que c'est bien beau de soutenir cela par des textes ou autres, mais ils �taient l� � l'invitation du Maire de Paris et tr�s peu d'entre nous y �tions ! C'est un premier regret.
Par ailleurs, sur l'intitul� m�me, sur l'esprit, on ne peut pas dire de l'Etat d'Isra�l qu'"il se r�clame de la d�mocratie". Non ! C'est le seul pays d�mocratique de la R�gion ! Je crois qu'il faut que les choses soient dites, c'est un pays d�mocratique et c'est le seul dans cette r�gion.
(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste et radical de gauche, du Mouvement r�publicain et citoyen, communiste et "Les Verts").
Le nier serait compl�tement fou.
Je voudrais vous dire aussi qu'� Paris, o� les maires �taient r�unis du 2 au 5 mai 2004, le Maire de J�rusalem, le Maire de Tel-Aviv, le Maire de Naplouse, les repr�sentants des associations �taient l�, nous �tions en pleine bataille sur Rafah, ils �taient l� et ils parlaient ! Il y avait des coll�gues de la Syrie, du Liban, de la Tunisie, du Maroc !
C'est pour cela que je dis que l'esprit du v?u ne me pla�t pas. De plus, il ne tient pas compte des �volutions r�centes. On peut dire ce que l'on veut de SHARON et je condamne sa politique mais il se bat ! D'ailleurs, quand vous discutez avec certains responsables palestiniens, ils esp�rent que SHARON va gagner au sein du Likoud pour retirer les troupes de Gaza. Il ne faut pas en faire plus. C'est pour cela que, en ce qui me concerne, je condamne �videmment toutes les violences mais je souhaite que nous n'acceptions pas ce v?u et que nous votions contre ce v?u. J'ajoute que, l'ann�e prochaine, pour les dix ans de la mort d'Itzhak Rabin qui a �t� l'architecte des Accords d'Oslo, j'esp�re que la Ville de Paris lui rendra un grand hommage.
(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste et radical de gauche, du Mouvement r�publicain et citoyen, communiste et "Les Verts").
M. Christian SAUTTER, adjoint, pr�sident. - Merci, Monsieur SCHAPIRA.
Il y a 4 explications de vote de 4 groupes.
D'abord, le Pr�sident GOASGUEN, puis M. AIDENBAUM, Mme TA�EB, puis le Pr�sident VUILLERMOZ.
M. Claude GOASGUEN. - Monsieur le Maire, outre le fait que la multiplication des v?ux concernant les relations internationales nous poussent quand m�me, quoi que l'on dise, en dehors des comp�tences de ce Conseil, je voudrais dire sur le fond � quel point je partage ce que vient de dire M. SCHAPIRA, et je trouve que le v?u propos� est tout � fait unilat�ral.
Il est tout � fait unilat�ral et je le condamne parce qu'il faut arr�ter de diaboliser Isra�l. Il faut arr�ter de diaboliser Isra�l qui est la seule d�mocratie de cette r�gion, qui a ses extr�mistes, qui a ses pacifistes mais qui a le m�rite au moins d'avoir une grande diversit� d'opinions et de la faire conna�tre.
Il faut arr�ter aussi de diaboliser Isra�l parce que vous savez, Monsieur le Maire, � quel point le passage entre l'antisionisme et l'antis�mitisme est en train de devenir, h�las, une r�alit� de notre d�mocratie.
Par cons�quent, par des propos qui sont unilat�raux, m�me si je trouve quelques phrases qui me paraissent en att�nuer la port�e, je trouve que tout cela, avec une opinion souvent sommaire, quelquefois passionn�e, quelquefois �pidermique, conforte la diabolisation d'Isra�l et fait donc rena�tre dans notre pays l'horreur absolue que repr�sente l'antis�mitisme.
C'est en ce sens que je voterai sans ambigu�t� contre ce v?u.
M. Christian SAUTTER, adjoint, pr�sident. - Merci, Monsieur GOASGUEN.
Je donne la parole � M. AIDENBAUM pour le groupe socialiste.
M. Pierre AIDENBAUM, maire du 3e arrondissement. - Monsieur le Maire, est-ce du ressort du Conseil de Paris, s�ance apr�s s�ance, de parler, de faire des v?ux sur tous les grands �v�nements de ce monde ? Si tel devait �tre le cas, il faudrait que l'on rajoute au moins une journ�e pour parler de tous ces �v�nements.
Par ailleurs, sur le fond, je voudrais dire que, quand j'ai lu ce v?u, j'ai essay� de me rappeler s'il y avait eu d'autres v?ux notamment pr�sent�s par ce m�me groupe politique condamnant les attentats terroristes de civils, de femmes, d'enfants, de vieillards � Tel Aviv, � J�rusalem ou � Ha�fa : je n'en ai pas trouv�. Pas plus d'ailleurs, par exemple, puisque vous tenez une comptabilit� de 42 morts, que l'abominable attentat d'Istanbul qui avait fait 84 morts. Alors, je ne vais pas tenir une comptabilit�, mais je trouve que votre �motion est parfois un peu partiale et orient�e.
Enfin, ce qui me semble le plus important, c'est que vous commettez une profonde erreur que d'autres commettent aussi. Vous importez ici, � Paris, comme d'autres le font en banlieue ou dans d'autres villes de France, le conflit proche oriental. Nous savons que c'est l'importation de ce conflit qui est � la source, le pr�texte de beaucoup d'actes antis�mites commis dans notre pays. Alors, il faut lutter contre cela, et ce v?u, me semble-t-il, ne fait que conforter ceux qui vont dans ce sens. Alors, n'importons pas ce conflit.
Je voudrais, en terminant, en appeler un peu � la responsabilit� de tous dans cette enceinte parce que Bertrand DELANO� et la Municipalit�, avec Pierre SCHAPIRA, ont v�ritablement fait dans ce domaine du conflit irsra�lo-arabe des efforts consid�rables en recevant ici, dans cette Mairie, dans cet H�tel de Ville tous ceux qui sont pr�ts � discuter, pr�ts � n�gocier et le font aujourd'hui. La Municipalit� de Paris est donc, je crois, vraiment exemplaire dans ce domaine.
Formons alors peut-�tre un v?u tous ensemble que nous pourrions d�poser. C'est que justement, par rapport � ce qui est fait � Paris et par rapport � ce qui a �t� fait � Gen�ve, Pierre SCHAPIRA en a parl�, que nous puissions faire le v?u que demain, le plus vite possible, on puisse enfin voir dans cette r�gion du monde un Etat palestinien et un Etat isra�lien dont les fronti�res seraient s�res et reconnues afin de vivre ensemble et en paix.
Merci.
M. Christian SAUTTER, adjoint, pr�sident. - Merci, Monsieur AIDENBAUM.
Madame TA�EB, vous avez la parole pour le groupe M.R.C.
Mme Karen TA�EB. - Merci, Monsieur le Maire.
Nous voterons contre ce v?u parce qu'il y a l�-bas deux populations qui souffrent. Il y a l�-bas des civils qui meurent de chaque c�t�. Parce que la guerre, c'est laid. Parce que, lorsqu'on veut brandir son drapeau contre la guerre, il faut le brandir contre toutes les guerres, contre celles qui �clatent en Isra�l, en Palestine, mais aussi au Soudan, en Alg�rie, au Rwanda o� on a vu un million de morts et beaucoup de silence ! Parce qu'on ne peut pas condamner d'un c�t�, comme le dit le texte du v?u, les actions terroristes conduites par les Palestiniens et, d'un autre, le massacre perp�tr� par les Isra�liens � moins que, pour certains, ne soit pas consid�r�e comme un massacre l'explosion d'une bombe humaine dans les bus ou les caf�s qui �parpille les morceaux de corps d'enfants, de femmes et d'hommes qui se rendent tout simplement � leur �cole ou � leur travail.
Parce qu'il y a des deux c�t�s des gens de bonne volont� qui se battent pour la paix, et pas seulement ceux � qui vous voulez bien d�cerner le titre de "pacifistes isra�liens". Je rejoins ce que disait Pierre SCHAPIRA qui parlait des 150.000 isra�liens manifestants pour la paix � Tel Aviv.
Parce qu'il y a peu de temps, ici m�me � l'H�tel-de-Ville, on remettait un prix aux deux protagonistes du Pacte de Gen�ve.
Parce que, enfin, nous ne devons pas, plus encore, importer ici, en France, le conflit isra�lo-palestinien, nous qui sommes chaque jour les t�moins toujours impuissants face � un antis�mitisme virulent et qui a failli se terminer par un drame ce week-end � Epinay.
Nous voterons contre ce v?u.
(Applaudissements sur les bancs du groupe du Mouvement r�publicain et citoyen).
M. Christian SAUTTER, adjoint, pr�sident. - Merci, Madame TA�EB.
La parole est au Pr�sident VUILLERMOZ.
M. Jean VUILLERMOZ. - Merci, Monsieur le Maire.
En ce qui nous concerne, nous sommes toujours, dans ce conflit, favorable � l'attitude la plus mesur�e possible et pour ne jamais verser d'huile sur le feu. Il n'y en a pas besoin, il y en a suffisamment.
Nous sommes tr�s satisfaits des orientations politiques qui sont prises par cette Municipalit�, par la majorit� municipale et par le Maire de Paris qui, � chaque fois, dans tous ses actes, qu'ils soient ceux qu'il a commis l�-bas, je dirais sur le terrain, ou � Paris, � chaque fois il a essay� de rassembler de fa�on � trouver les formes qui permettent de revenir � la paix. Tout cela est une bonne chose.
Nous ne sommes pas l�, comme cela a �t� dit et je l'ai entendu, pour transposer le conflit du Moyen-Orient et de la guerre qui existe � l'heure actuelle entre l'Etat palestinien et l'Etat isra�lien sur notre sol. Cela n'a rien � voir, il y a en France des gens qui vivent en France et qui doivent �videmment se respecter les uns les autres, comme ils le sont par notre pays.
Il est donc �vident que tout ce que nous faisons ici a un �cho. Vraiment, � chaque fois qu'un acte a �t� commis, que ce soit d'une part ou d'une autre, nous l'avons condamn� de fa�on �gale : quand il s'agit aussi bien d'attentat ou quand il s'agit de crimes qui ont �t� commis par un Etat.
Il s'agit l� d'un acte particulier qui a �t� commis par un gouvernement, � Rafah, et c'est de ce point de vue-l� que nous pensons qu'il est n�cessaire de dire quelque chose et de poser un acte. C'est dans ce sens-l� que nous voterons ce v?u.
Nous avons �videmment beaucoup de contacts avec les repr�sentants du peuple palestinien, beaucoup de contacts avec les repr�sentants du peuple isra�lien. A chaque fois, nous intervenons pour dire ce que nous avons � dire. En ce qui concerne cet acte qui a �t� commis � Rafah, nous l'avons dit, et il est tout � fait logique ici que nous votions ce v?u.
(Applaudissements sur les bancs du groupe communiste).
M. Christian SAUTTER, adjoint, pr�sident. - Merci, Monsieur VUILLERMOZ.
Pour le groupe U.D.F., M. PERNIN veut donner une explication de vote. Et puis, le Pr�sident RIOU sera le dernier intervenant pour le groupe "Les Verts".
Vous avez la parole, Monsieur PERNIN.
M. Jean-Fran�ois PERNIN. - Merci, Monsieur le Maire.
Nous voterons contre ce v?u tout simplement parce que nous sommes d'accord avec ce que disent M. GOASGUEN, Mme TA�EB, M. AIDENBAUM et naturellement M. SCHAPIRA. Donc je ne m'�tendrai pas plus l�-dessus.
Je voudrais simplement ajouter quelque chose. Je souhaiterais vivement dire � M. GAREL et � ses amis de lire ce qu'affirmait Fran�ois Mitterrand � propos du distinguo � faire entre "pacifiste" et "pacifique". Cela explique aussi pourquoi nous votons contre ce v?u.
M. Christian SAUTTER, adjoint, pr�sident. - Merci, Monsieur PERNIN.
La parole est maintenant donn�e au Pr�sident RIOU pour une derni�re explication de vote. Et puis nous passerons au vote.
M. Alain RIOU. - Oui, je voudrais faire une explication de vote apais�e, pour dire que ce serait dangereux que l'on fasse quelque amalgame que ce soit ou quelque faux proc�s que ce soit.
Je veux dire ici solennellement qu'Isra�l est une d�mocratie et que, impartialement, objectivement, c'est la seule d�mocratie de la r�gion, en effet. Et qu'on arr�te de nous r�p�ter syst�matiquement des choses que nous ne disons pas.
En plus, il faut �viter les amalgames. Je dirai que lorsqu'on s'expose en �voquant cette question, il ne faut pas que, sous quelque forme que ce soit, on fasse des faux proc�s, et que la d�rive soit, d�s lors que vous ne seriez pas enti�rement d'accord avec les objectifs du sionisme, ce qui est finalement imaginable. Eh bien, nous serions sur une mauvaise pente qui pourrait nous faire aller vers l'antis�mitisme, car ce n'est pas le bon d�bat et cela ne conduit pas � un d�bat serein.
Je me suis exprim� hier sur Herzl pour dire clairement que nous avions, sans aucun probl�me et sans aucune forme de r�serve, approuv� l'existence de l'Etat d'Isra�l, que quand on parle de l'unilat�ralisme de certains dans cet h�micycle, je constate qu'il y a �galement un autre unilat�ralisme. Et j'ai ajout� aux gens de bonne volont� qui voulaient donner une rue � Herzl que j'esp�re qu'un jour ils seront avec nous en train de c�l�brer celui ou ceux qui auront permis qu'existe dans cette r�gion un Etat palestinien.
Je voudrais terminer d'un mot pour dire que nous avons fait r�f�rence dans ce v?u au pacifisme, auquel nous sommes profond�ment attach�s chez "Les Verts". Nous avons fait r�f�rence formellement au plan de paix. De ce point de vue, Pierre SCHAPIRA, nous n'avons pas contest� que le Maire de Paris et que l'ensemble de la majorit� municipale participent autant qu'ils le peuvent � ce qui se passe dans ce sens.
Nous avons fait r�f�rence aussi aux terroristes qui, effectivement, par des attentats suicides provoquent des morts d'innocents. Donc, ne nous faites pas ce proc�s-l�, nous l'avons �crit.
Ne dites pas que ce v?u est un v?u unilat�ral et que ce v?u pr�tend ce que vous dites.
J'ajoute une chose, c'est que nous sommes en grande partie d'accord avec une partie de ce qui a �t� dit par les uns et par les autres, donc �vitons les faux proc�s. Je crois qu'effectivement "Rafah" est un �v�nement tr�s fort et qu'un Etat a commis. De ce point de vue, il nous semble juste de le constater comme nous l'avons fait pour le reste, objectivement.
M. Christian SAUTTER, adjoint, pr�sident. - Merci, Monsieur le Pr�sident RIOU.
Je mets donc aux voix, � main lev�e, la proposition de v?u n� 32 d�pos�e par le groupe "Les Verts", avec un avis d�favorable de l'Ex�cutif.
On vote soigneusement.
Qui est pour ?
Contre ?
Abstentions ?
La proposition de v?u est repouss�e.

Juin 2004
Débat
Conseil municipal
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