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103 - Vœu n° 31 déposé par MM. GAREL et BOUTAULT, au nom du groupe "Les Verts" demandant la nomination de José BOVÉ au rang de citoyen d'honneur de la Ville de Paris


M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Nous passons � l'examen du voeu n� 31 demandant la nomination de Jos� BOV� au rang de citoyen d'honneur de la Ville de Paris.
Ce v?u est d�pos� par M. GAREL qui, j'imagine, va le d�fendre.
M. Sylvain GAREL. - Merci, Monsieur le Maire.
Je ne doute pas qu'il y aura la m�me unanimit� pour ce v?u que pour celui sur les cin�mas parisiens !
Il n'est pas n�cessaire de revenir sur la personnalit� de Jos� BOV� que tout le monde conna�t dans cette salle. C'est un symbole tr�s connu dans le monde de la lutte contre la mondialisation lib�rale. C'est l'une des personnes qui est aujourd'hui parmi les plus connues sur notre plan�te. Depuis quelques semaines, il a �t� incarc�r� � la prison de Villeneuve-L�s-Maguelone pr�s de Montpellier. Le procureur a demand� d'attendre la fin des �lections pr�sidentielles et l�gislatives pour faire ex�cuter cette condamnation. C'est l'un des premiers actes de ce nouveau gouvernement d'avoir laiss� faire, d'avoir laiss� Jos� BOV� se retrouver derri�re les barreaux, pour un acte qui �tait quand m�me un acte tout � fait symbolique, le d�montage d'un "Mac-Donald" pour contrer la fa�on dont les Etats-Unis via l'O.M.C. avaient interdit aux exportations fran�aises en particulier de roquefort, de pouvoir se poursuivre sans surtaxes. Cette incarc�ration est d'autant plus scandaleuse qu'il y a aujourd'hui d'autres syndicalistes paysans, qui ont commis des actes plus graves comme avoir saccag� des bureaux de Ministre ou avoir attaqu� des r�unions politiques y compris des r�unions politiques des "Verts", et qui n'ont jamais �t� poursuivis, ni condamn�s.
Pour protester contre cette incarc�ration, le groupe "Les Verts" demande que Jos� BOV� devienne citoyen d'honneur de la Ville de Paris. C'est une forme de soutien qui a �t� d�j� faite dans plusieurs municipalit�s en France.
Nous souhaitons que Jos� BOV� soit fait citoyen d'honneur de la Ville et que, d�s sa lib�ration, il soit re�u par le Maire de Paris et tout les �lus qui le souhaitent � l'H�tel-de-Ville.
M. Philippe S�GUIN. - Si les auteurs de ce v?u sont vraiment persuad�s de ce qu'ils avancent, je me demande si leur initiative n'est pas trop modeste.
Si on s'en tient aux consid�rants du v?u, se contenter de faire de M. BOV� un citoyen d'honneur de la Ville de Paris est largement insuffisant.
Je crois qu'il faudrait qu'il aille au-del�, qu'il pose, comme on dit, habituellement, un acte fort et vraiment significatif.
Quel acte serait plus fort et plus significatif que celui qui consisterait � d�baptiser solennellement le boulevard Mac-Donald...
(Applaudissements et rires sur tous les bancs de l'Assembl�e)
... et � lui donner le nom de Jos� BOV�.
Pour ce qui nous concerne, il va de soi que nous voterons contre la proposition f�t-elle amend�e dans ce sens.
(Applaudissements et rires sur tous les bancs de l'Assembl�e).
Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Merci. La parole est � M. VUILLERMOZ.
M. Jean VUILLEMOZ. - Monsieur le Maire, au-del� de l'estime �vidente que l'on peut porter � Jos� BOV�, pour le combat qu'il m�ne face � la mondialisation capitaliste, on peut l'appeler lib�rale, si on veut, face aussi au combat qu'il m�ne contre la mal bouffe, je crois qu'il est tout � fait d�plac�, je p�se mes mots, et j'aurais vraiment voulu trouver d'autres mots que de comparer Jos� BOV� � Mumia ABU-JAMAL.
Mumia ABU-JAMAL est dans les couloirs de la mort aux Etats-Unis depuis 21 ans maintenant. Il en est sorti seulement l'an pass�. Je pense que le fait d'avoir fait cet acte au niveau de la Ville de Paris, de le reconna�tre comme citoyen d'honneur a pu, quelque part, contribuer modestement � cette avanc�e. Il faut, bien s�r, poursuivre notre action.
Monsieur le Pr�sident, je pense qu'il ne faut pas tourner en ridicule le fait qu'un homme ou une femme puissent �tre d�clar�s citoyens d'honneur de la Ville de Paris. Je pense que c'est important.
En ce qui concerne Jos� BOV�, �videmment, je crois qu'on ne peut le comparer ni � Mumia ABU JAMAL, ni � Picasso qui avait �t� propos� comme citoyen d'honneur de la Ville de Paris, il y a longtemps d�j�. Vraiment, c'est d�plac�. Nous ne voterons pas ce dossier. Nous pensons qu'il faut laisser faire l'histoire. Si des hommes se r�v�lent et qu'� un moment donn�, il y a des �v�nements exceptionnels, dont ils sont les auteurs, qui font qu'ils m�ritent cet honneur, � ce moment-l�, nous verrons. Evidemment la condamnation dont Jos� BOV� est victime aujourd'hui est peut-�tre excessive mais c'est une affaire de justice et chacun peut le dire et en penser ce qu'il veut.
Nous ne voterons pas ce v?u pour les raisons que je viens d'exprimer.
M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - La parole est � Karen TA�EB.
Mme Karen TA�EB. - Nous sommes, au Mouvement des citoyens, rest�s perplexes devant ce v?u.
Le 4 d�cembre dernier nous votions comme l'a rappel� Jean VUILLERMOZ un v?u d�cernant ce titre au journaliste am�ricain Mumia ABU JAMAL, d�tenu aux Etats-Unis au terme de ce qui appara�t comme une erreur judiciaire.
Nous votions ce v?u car la figure de Mumia ABU JAMAL est devenue, de par le monde, embl�matique de la lutte contre le racisme et la peine de mort. De plus, comme l'a rappel� M. VUILLERMOZ, Mumia ABU JAMAL est dans les couloirs de la mort.
Et si on remonte � un pass� plus lointain, quand on consulte les archives de la Ville, le Pr�sident de Tch�coslovaquie Edvard BENES aurait �t� nomm� citoyen de la Ville en 1934 et Pablo Picasso en 1971.
Etre citoyen d'honneur de Paris, n�cessite d'avoir rendu des services �minents � notre Capitale, � la France, voire � l'humanit�.
Je crois qu'il ne faudrait pas galvauder ce titre qui a �t�, pour le moins, d�cern� avec parcimonie dans le pass�.
Concernant le v?u dont il est question aujourd'hui, je m'interroge sur sa pertinence. Jos� BOV� combat la mondialisation lib�rale et c'est un choix politique que partagent les �lus du Mouvement des citoyens. Mais le d�montage ill�gal d'un fast-food et la destruction tout aussi ill�gale de quelques champs de ma�s transg�nique constituent-ils des faits d'armes tels qu'ils doivent �tre r�compens�s ? Jos� BOV� purge une peine de prison cons�cutive � un acte d�lictueux qu'il revendique et assume.
De plus, une d�claration r�cente ach�ve de nous renforcer dans notre conviction : s'exprimant � la t�l�vision sur la vague de violences antis�mites qui s'est d�roul�e en France, notamment � Paris, vague que notre Conseil a vigoureusement condamn�e, M. BOV� a, de mani�re ind�cente, �voqu� l'hypoth�se que les incendies de synagogues et autres actes de violence pourraient avoir �t� commandit�s par les services du Mossad isra�lien.
Ces propos inqualifiables et parfaitement irresponsables rappellent la vieille th�orie du complot. Je conclurai par une question : de tels propos riment-ils avec l'honneur ?
Pour notre part, la r�ponse est claire : nous voterons contre ce v?u.
M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - La parole est � Patrick BLOCHE.
M. Patrick BLOCHE. - Je souhaiterais rejoindre � la fois les propos de Jean VUILLERMOZ et de Catherine TA�EB pour effectivement regretter que dans les consid�rants de ce v?u, on ait fait r�f�rence au vote qu'a exprim� notre Assembl�e pour faire de Mumia ABU JAMAL un citoyen d'honneur de la Ville de Paris.
De fait, je ne rajoute rien aux excellents arguments qui ont �t� d�velopp�s. Je souhaitais seulement indiquer que le groupe socialiste et radical de gauche ne votera pas ce v?u.
M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - La parole est � M. David ASSOULINE.
M. David ASSOULINE, adjoint. - Pour ce qui concerne les appr�ciations port�es sur la condamnation de Jos� BOV�, il n'appartient pas � notre Conseil de se prononcer sur quelque d�cision de justice que ce soit.
Le Maire de Paris conna�t bien Jos� BOV�, qu'il a d�j� re�u personnellement � l'H�tel-de-Ville, sans qu'une publicit� excessive soit faite d'ailleurs. C'est, de plus, gr�ce � l'intervention de Bertrand DELANO� que Jos� BOV� a pu entrer sur le territoire br�silien lors du Forum de Porto Alegre de janvier dernier.
Le Maire de Paris estime Jos� BOV� et reconna�t l'importance de la cause qu'il d�fend sans porter de jugement sur les moyens utilis�s pour y parvenir.
Pour ce qui concerne l'�l�vation au rang de citoyen d'honneur de la Ville de Paris, il convient de rappeler que cette distinction est particuli�rement rare et que sa vocation est d'apporter � l'int�ress� un soutien symbolique dans le cadre de son combat.
Il s'agit d'abord de pr�ciser que Jos� BOV� n'a pas sollicit� cette distinction. Je ne suis pas certain qu'elle soit particuli�rement utile � son combat.
En tout cas, cette distinction, d'un autre c�t�, n'apporterait rien � la Ville de Paris.
Je vais vous dire, entre autres, que le v?u de notre coll�gue contribue � cr�er un parall�le maladroit et malheureux avec le cas de Mumia ABU JAMAL condamn� � mort en attente d'ex�cution dans une prison am�ricaine, auquel le Conseil de Paris s'est honor� � accorder solennellement cette distinction.
Jos� BOV�, dont la peine est somme toute plus mesur�e, ne pourra qu'�tre embarrass� lui-m�me par ce parall�le.
Pour toutes ces raisons, il me semble que le retrait de ce v?u s'impose. C'est une demande.
M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - La parole est � M. GAREL.
M. Sylvain GAREL. - Monsieur le Maire, effectivement, j'entends bien ces arguments mais ce sont des arguments qui ne tiennent pas par rapport au v?u �crit.
Je ne parle pas du tout des d�clarations qu'a pu faire Jos� BOV� ici ou ailleurs, sur d'autres sujets.
(Protestations sur touts les bancs de l'Assembl�e).
Je peux m'exprimer ou ce n'est pas possible ?
Je n'�voque pas cela dans mon v?u et je ne souhaitais pas que ce soit un sujet de d�bat.
Deuxi�mement, je parle dans mon v?u de Mumia ABU JAMAL uniquement pour dire que Mumia ABU JAMAL a lui aussi �t� fait citoyen d'honneur de la Ville et nous avons �t� les premiers � soutenir ce v?u qui a �t� pr�sent� par le groupe communiste parce que cela me semblait �tre une bonne id�e. Bien s�r, il n'y a pas plus de rapport entre Jos� BOV� et Mumia ABU JAMAL, qu'entre ce dernier et Picasso.
Comme l'a dit David ASSOULINE, c'est un soutien symbolique � une action. Nous pensons que l'action de BOV� contre la mondialisation est une action n�cessaire. C'est pourquoi nous maintenons ce v?u.
M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Je mets aux voix, � main lev�e, la proposition de v?u n� 31 d�pos�e par MM. GAREL et BOUTAULT.
Qui est pour ?
Contre ?
Abstentions ?
La proposition de v?u n� 31 est repouss�e.

Juillet 2002
Débat
Conseil municipal
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