retour Retour

1 - Jumelage de Paris et de Rome.



L'Assembl�e, debout, applaudit l'arriv�e de M. Jean TIB�RI, Maire de Paris, et de M. Fransesco RUTELLI, Maire de Rome.

M. Jean TIB�RI, Maire de Paris. -Mes chers coll�gues, merci de votre pr�sence.
Monsieur le Maire et cher ami, Monsieur l'Ambassadeur, Mesdames et Messieurs les Conseillers, Mesdames, Messieurs, chers amis.
Les Parisiens, leur Conseil et leur Maire sont heureux et surtout fiers d'accueillir aujourd'hui en cette ann�e du 40e anniversaire, celle du jumelage entre nos capitales, M. Francesco RUTELLI, Maire de Rome.

(Vifs applaudissements de l'Assembl�e).
C'est pour moi un grand honneur de vous recevoir, cher coll�gue et ami, pour une session extraordinaire du Conseil de Paris en compagnie de son Excellence, M. l'Ambassadeur d'Italie � Paris, de votre d�l�gation que je tiens � saluer tout sp�cialement.
Je sais qu'en Italie la campagne �lectorale a commenc� et que ses contraintes ne permettent gu�re � un �lu de s'�loigner.
Je suis d'autant plus sensible � votre pr�sence � tous. Au nom des Parisiennes, des Parisiens et de tous les �lus, je tiens � vous en remercier.
Voil� plus de deux ans, Monsieur le Maire, qu'� la t�te de cette ville merveilleuse, que le monde entier regarde comme la Ville �ternelle, vous vous attachez avec pers�v�rance et efficacit� � la rendre toujours plus dynamique, plus attrayante, plus fascinante.
Je sais que vous nourrissez pour elle une grande ambition et je voudrais, � l'occasion de ce 40e anniversaire, vous adresser mes voeux les plus sinc�res et les plus chaleureux pour l'entier succ�s de votre belle entreprise.
Rome est la ville avec laquelle Paris a choisi, il y a 40 ans, de s'unir fraternellement. Depuis, nos deux villes sont soeurs jumelles, soeurs par le coeur, mais aussi soeurs par l'esprit ; cet esprit de libert� et de d�mocratie pour les Romains comme pour les Parisiens est une valeur, bien entendu, essentielle.
Il y a quarante ans, nos deux villes faisaient le serment solennel de toujours se tenir l'une � c�t� de l'autre, au-del� des clivages de la vie politique, des difficult�s conjoncturelles, des fl�aux de notre temps, et de poursuivre ensemble leur chemin vers un monde meilleur. C'est ce serment que nous d�sirons renouveler aujourd'hui.
Il y a quarante ans, se r�unissaient ici, devant une assembl�e compos�e, comme aujourd'hui, de repr�sentants de Paris et de Rome, M. Jacques F�RON, Pr�sident du Conseil municipal de Paris, que je suis heureux d'avoir aujourd'hui � mes c�t�s...

(Applaudissements sur tous les bancs de l'Assembl�e).
... et Salvador REBECCHINI, Maire de la capitale italienne...

(Applaudissements sur tous les bancs de l'Assembl�e).
... auquel je tiens � rendre hommage. Ils se r�unissaient pour signer l'engagement solennel que constitue un serment de jumelage.
En quarante ans, le monde a �volu�. Autrefois, nous formions le voeu de vivre ensemble dans un monde qui ne conna�trait plus la guerre, alors que les perspectives d'une �conomie renaissante s'ouvraient � nous. Aujourd'hui, nous savons que ni la paix ni la prosp�rit� �conomique ne sont jamais acquises, que les hommes ne sont pas infaillibles et que les richesses naturelles de notre environnement, que nous avions crues un moment in�puisables, peuvent s'alt�rer et se rar�fier. Nous savons que l'eau que nous buvons, que l'air que nous respirons ont besoin d'�tre pr�serv�s, et cela plus encore dans des agglom�rations aussi grandes que celles de Rome et de Paris.
C'est pourquoi nous avons besoin plus que jamais de nous unir, d'�changer nos savoir-faire et nos exp�riences pour que nos concitoyens aujourd'hui et nos enfants demain, puissent jouir pleinement d'un patrimoine intellectuel et culturel qui ne serait qu'un h�ritage illusoire s'il ne s'accompagnait d'un patrimoine �cologique inalt�r�.
Vous souhaitez, Monsieur le Maire, infl�chir de fa�on particuli�rement volontariste l'avenir de Rome qui est, sans aucun doute, l'une des villes du monde les plus appr�ci�es des touristes et celle qu'entre toutes les Parisiennes et les Parisiens pr�f�rent.
Je voudrais profiter de cette ann�e 1996, de ce 40e anniversaire, pour vous adresser mes voeux les plus sinc�res et les plus chaleureux de bonheur et de succ�s dans votre entreprise ambitieuse.
Quand ils arrivent � Rome, �merveill�s, enchant�s, fascin�s, les Parisiens ne se sentent jamais d�pays�s. C'est sans doute que Rome et Paris se ressemblent comme deux soeurs jumelles. Qui ne serait frapp�, en effet, se promenant le long des berges de la Seine et du Tibre, de cette similitude entre Paris, construite autour de l'�le de la Cit�, et Rome qui s'�tend de part et d'autre de l'�le Tib�rine.
Cet attrait qu'�prouvent les Parisiens pour Rome rejoint le go�t qu'ont les Fran�ais pour l'Italie, ses hommes et sa culture.
N'est-ce pas l'Italie qui nous a donn� ces Verdi et Rossini, qui sont encore aujourd'hui r�guli�rement � l'affiche des salles parisiennes ? N'est-ce pas elle qui produit les plus grands chefs d'orchestre, tel Claudio ABBADO, et les meilleurs metteurs en sc�ne, comme Giorgio STREHLER ? Et Je ne parle pas, dans un autre domaine, des grands couturiers de Rome qui rivalisent de talent avec les Parisiens.
Aujourd'hui, comme hier, les Italiens savent faire preuve d'une vitalit� �tonnante dans le monde des arts et dans celui de l'industrie, et si nous souhaitons coop�rer avec nos amis Romains, c'est aussi parce que nous admirons profond�ment leur cr�ativit�, leur facult� d'adaptation, leur go�t et un sens esth�tique s�culaire dont t�moignent des si�cles de chefs-d'oeuvres.
Nous avons concr�tis�, hier, notre volont� de coop�rer sur le plan technique en signant deux protocoles d'accord, l'un avec l'Atelier parisien d'urbanisme, l'autre avec la soci�t� "ATAC/COTRAL", filiale des Chemins de fer italiens et la R�gie autonome des transports parisiens.
Ces accords �tablissent une libre association entre nos deux municipalit�s en mati�re de transport et d'urbanisme, deux pr�occupations fondamentales pour les grandes villes, � l'aube du XXIe si�cle.
Aujourd'hui, nous allons r�affirmer de fa�on peut-�tre plus symbolique, mais tout aussi forte, une union n�e il y a maintenant quarante ans.
Je vous remettrai tout � l'heure, Monsieur le Maire, la M�daille comm�morative que nous avons choisie de vous offrir pour c�l�brer l'anniversaire de ce jumelage. Cette m�daille repr�sente le Sceau de Paris, c'est une nef qui jamais ne coule. Ce Sceau, nous l'avons choisi comme figure embl�matique, parce qu'elle nous repr�sente, nous, Parisiens, et parce qu'elle nous somme de nous garder toujours dignes et droits face aux nombreuses vicissitudes de l'Histoire, de nous garder droits, mais sans rigidit�, de nous adapter avec souplesse et fermet� aux courants qui traversent notre chemin.
En vous donnant cette m�daille, nous vous offrons une partie de nous-m�mes, cette qualit� purement latine, sans doute, que nous avons avec Rome en partage. Ce pr�sent, nous vous le donnons comme le signe d'une ouverture. Nous voulons, en effet, que pour les Romains, Paris soit une ville encore plus accueillante, plus ouverte. Elle le sera, bien s�r, tout au long de l'ann�e 1996 o� de nombreuses manifestations culturelles se d�rouleront sous les couleurs romaines et o� la coop�ration technique en mati�re d'urbanisme et de transport, d�j� amorc�e, entrera dans une nouvelle phase ; nous y veillerons tous les deux.
Mais elle continuera de l'�tre au-del� de cette date anniversaire. Et, pour en t�moigner, je vous remettrai tout � l'heure la carte de jumelage qui permettra aux Romains d'acc�der gratuitement aux mus�es municipaux parisiens.
C'est, Monsieur le Maire, ce que je tenais � vous dire en ce jour anniversaire.
Je me r�jouis, ainsi que tous les Parisiens j'en suis s�r, de confirmer aujourd'hui le serment prononc� il y a quarante ans, et je vous remercie, Monsieur le Maire, Monsieur l'Ambassadeur, Mesdames et Messieurs les Conseillers, de votre visite � laquelle nous sommes tous, du fond du coeur, particuli�rement sensibles.
Vive Rome ! Vive l'amiti� entre nos deux cit�s !

(Applaudissements sur tous les bancs de l'Assembl�e).
Mon cher coll�gue, voici la M�daille comm�morative du 40e anniversaire de notre jumelage, ainsi que la carte d'acc�s aux mus�es parisiens, symboles de notre volont� d'ouverture et de notre souhait de coop�ration.

(L'Assembl�e, debout, applaudit).

M. Francesco RUTELLI, Maire de Rome. -Cher ami Jean TIB�RI, Monsieur le Maire, Mesdames, Messieurs qui nous faites aujourd'hui ce grand honneur, en ce jour o� nous c�l�brons le 40e anniversaire du jumelage entre ces deux villes, ces deux grandes capitales de d�mocratie et de civilisation, merci de votre initiative intelligente.
Je pense que nous devons regarder aujourd'hui l'avenir et l'int�r�t de nos concitoyens, mais nous devons �galement rappeler les valeurs de notre Histoire, de notre Histoire commune en particulier. Nous devons regarder aujourd'hui l'avenir et pour cela, nous avons sign� des accords concrets qui int�ressent nos concitoyens. Nous avons ainsi donn� un suivi � la visite, tr�s appr�ci�e, de l'ancien Maire, M. Jacques CHIRAC, dans notre ville.
Nous devons nous rappeler les valeurs de notre Histoire, chers amis, et cela nous pouvons, nous, Italiens, l'apprendre de votre exp�rience nationale fran�aise, parce qu'il n'y a pas d'avenir sans m�moire. Je r�p�te que c'est l'une des le�ons les plus importantes que votre exp�rience nationale, dans toute son histoire, peut donner � l'Europe, mais aussi � notre pays.
Nous savons qu'il n'y a pas de modernit� sans amour et sans connaissance de l'Histoire et de l'environnement.
Nous savons aussi qu'il n'y a pas de conservation sans transformation dans les villes et dans la vie des personnes.
Nous sommes deux villes qui t�moignent chaque jour du fait que les cit�s sont � l'origine du changement, mais aussi le lieu de l'exclusion, de la souffrance, des probl�mes. Hier, il y a eu ce sommet sur la question du travail, � Lille, peut-�tre est-ce le probl�me num�ro un, notamment pour les jeunes, en Europe et dans ma ville.
Les villes sont les lieux de la discussion d�mocratique, centralisation-d�centralisation ; chez nous, nous discutons des f�d�ralismes, des responsabilit�s locales et enfin de la responsabilit� nationale.
Je pense que nous sommes ici, avec cette s�ance solennelle que vous avez voulu organiser, Monsieur le Maire de Paris, parce que nous croyons aux valeurs de la politique, la politique entendue comme bonne administration ; d'ailleurs, "politique" est un mot grec qui signifie exactement "la vie dans la cit�", la vie dans la "polis".
Je me souviens que dans l'Encyclop�die, Diderot �crivait � propos de ce mot, qui est toujours li� aux valeurs de la cit�, de la ville, qui est un mot latin : "urbanitas", qui vient de "urbs". Rome est sans doute la "urbs" par excellence. Diderot parlait dans l'Encyclop�die, en d�crivant le mot "urbanitas", d'une urbanit� romaine.
Cette urbanit� romaine, mes chers amis, est � votre service. Mais elle est surtout, je pense, au service de la politique, d'une politique transparente.
Alors, Monsieur le Maire, merci pour cette merveilleuse hospitalit� qui confirme toutes les "lealt� et fraternit�". Cela veut dire en italien qu'elle ne sera jamais mise en discussion entre nous.
Je veux rappeler des mots que votre pr�d�cesseur, M. CHIRAC, a dit au Campidoglio, quand il est venu le 21 avril, date du "No�l" de Rome, il y a deux ans. Il a prononc� une phrase du G�n�ral de Gaulle : "En d�pit des vicissitudes, des disputes et parfois des conflits, l'Italie et la France se tiennent pour ce qu'elles sont, je veux dire deux filles d'une m�me famille naturellement plus rapproch�es l'une de l'autre qu'elles ne le sont d'aucun pays de l'univers."
Permettez-moi de rappeler aujourd'hui, peu de semaines apr�s sa disparition, un autre grand homme de France, de votre patrie, qui a laiss� son h�ritage historique en Europe et dans cette ville, et auquel je veux rendre hommage : je veux parler de Fran�ois Mitterrand.
Je pense que dans l'histoire de votre ville, dans l'histoire de votre civilisation, il y a une grandeur des hommes, des personnalit�s, une grandeur que nous devons toujours appr�cier et respecter.
Hier, nous avons sign� des accords concrets, vous l'avez dit, Jean TIB�RI, pour la culture, pour l'acc�s aux monuments de nos villes pour nos citoyens, pour des manifestations extraordinaires, pour le transport, pour l'urbanisme.
Nous sommes tr�s heureux de pouvoir obtenir la collaboration et la coop�ration de vos techniciens.
Pour notre m�tro, par exemple, nous avons beaucoup � apprendre. En effet, il faut que nous arrivions � une conclusion positive pour que les touristes de Rome � Paris et de Paris � Rome puissent utiliser les transports publics dans nos deux villes.
Sur l'urbanisme, nous avons pu �tablir une coop�ration, mais aussi en ce qui concerne les rues commer�antes, l'�cole, ainsi que d'autres th�mes concrets.
Vous avez eu des mots tr�s gentils, peut-�tre trop g�n�reux, en ce qui nous concerne, sur les changements que nous sommes en train de r�aliser dans notre ville. Nous sommes venus ici pour dialoguer et pour apprendre, pour dialoguer sur les choses qui concernent la modernisation, la qualit� environnementale, la lutte contre la pollution, la qualit� de la vie : la vie sociale, institutionnelle, environnementale, de modernisation, de convivialit�, si je puis dire d'"urbanitas".
Aujourd'hui, chers amis, la d�l�gation de la "Giunta" et du "Consiglio Comunale di Roma" vous rappelle avec combien d'intelligence et d'amour la France a accueilli ici, au cours de son histoire, P�trarque, Leonardo di Vinci, Garibaldi. Et aussi Sandro Pertini, ancien Pr�sident de la R�publique, qui est venu ici quand il �tait exil� pendant la dictature en Italie.
Je voudrais rappeler des mots de Stendhal qui, au cours de ses promenades dans Rome, disait : "Pour moi, quand je suis � Rome, il est des jours o� si l'on m'annon�ait que je suis roi de la terre, je ne daignerais pas me lever pour aller jouir du tr�ne."
A d'autres moments, il disait : "Quand on est � Rome, on y reste !"
Montaigne, lui, disait que Rome �tait "communis patria", c'est-�-dire que chacun y est comme chez soi.
Aujourd'hui nous sommes chez nous. Vous tous, vous serez � Rome dans une ville qui vous appartient.
Aujourd'hui, Monsieur le Maire, je vous remets une m�daille sp�ciale. En effet, chaque 21 avril le "Campidoglio" pr�pare une m�daille comm�morative. Cette ann�e, nous avons d�cid� qu'elle ne ne serait pas comme les autres ann�es.
On nous avait propos� de c�l�brer le centenaire du grand architecte Pietro da Cortona, qui a beaucoup fait pour notre ville. Nous avons pourtant d�cid� que sur la m�daille cette ann�e serait grav� votre H�tel de Ville, pour comm�morer le 40e anniversaire du jumelage. Cette m�daille, que je remettrai au Pape et au Pr�sident de la R�publique - comme le veut la tradition, il existe seulement trois m�dailles d'or - et quand je remettrai la m�daille d'argent ou de bronze aux personnalit�s qui vont venir au Campidoglio, cela leur rappellera ce que le jumelage signifie pour nous.
Je vais donc vous remercier. Nos deux villes sont jumel�es, nous sommes tous fr�res dans nos deux villes, fr�res au niveau de nos amiti�s personnelles, et c'est dans cet esprit, Monsieur le Maire, que je vous remets la M�daille d'Or du jumelage, la M�daille d'Or du 21 avril, vingt jours avant. C'est ce qu'on appelle "una anteprima". C'est "l'anteprima" de l'amiti�, de la fraternit�.

(L'assembl�e, debout, applaudit).

Avril 1996
Débat
Conseil municipal
retour Retour