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13 - III - Question d'actualité de M. Roger MADEC et des membres du groupe socialiste et radical de gauche à M. le Maire de Paris sur le trafic de drogue à Paris


M. LE MAIRE DE PARIS. - Nous passons � la question d'actualit� de M. Roger MADEC et des membres du groupe socialiste et radical de gauche � M. le Maire de Paris sur le trafic de drogue � Paris.
La parole est � M. MADEC.
M. Roger MADEC, maire du 19e arrondissement. - Monsieur le Maire, le trafic de drogue est pr�sent dans un certain nombre de quartiers de la Capitale. L'exasp�ration des Parisiens est grande et quelques initiatives citoyennes naissent ici ou l� pour se r�approprier les espaces urbains.
La nouvelle majorit� municipale a repris un dossier vide dans ce domaine, signe du peu d'int�r�t que portaient nos pr�d�cesseurs sur ce dossier.
Les premiers signes de changement sont apparus avec la volont� du nouvel Ex�cutif parisien de mener avec les partenaires concern�s (l'Etat, les services de la Ville, les autres partenaires institutionnels et les associations de terrain), une action concert�e pour lutter contre toutes les formes de toxicomanie. La nomination r�cente d'une "mission Toxicomanies" dirig�e par Mme Marguerite ARENE nous conforte dans ce sentiment de changement.
Afin de donner des signes forts aux Parisiens sur ce sujet, le groupe socialiste souhaiterait conna�tre avec pr�cision les orientations et objectifs fix�s � cette "mission Toxicomanies".
Merci.
M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci.
M. LHOSTIS a la parole.
M. Alain LHOSTIS, adjoint. - Monsieur le Maire, Mesdames Messieurs, la toxicomanie est un sujet difficile. Je citerai � ce propos l'Ev�que de Poitiers, Monseigneur ROUET : "Il faut se garder d'une attitude trop bienveillante ou d'une constipation intellectuelle la plus tenace".
Quel est le diagnostic pour Paris ?
On assiste � une explosion des exp�rimentations tous produits : alcool, tabac, cannabis, ecstasy, coca�ne, � une baisse de la consommation d'h�ro�ne et � la mont�e des poly-consommations avec une part plus importante pour le crack et la coca�ne ainsi que les d�tournements d'usage de psychotropes.
L'apparition de drogues de synth�se favorise l'�mergence de contextes de consommation nouveaux pour lesquels les interventions sanitaires demeurent assez limit�es pour l'instant.
Il y a �galement des lieux de trafic qui s'enracinent dans certains quartiers et M. le Maire du 19e en sait quelque chose.
Paris - c'est une caract�ristique - est la ville qui conna�t le plus d'usagers injecteurs avec au sein de cette population une pr�valence de 20 % du V.I.H. et de 60 � 80 % du virus de l'h�patite C.
En m�me temps, une part importante d'usagers de drogues survivent dans une tr�s grande pr�carit�. Les plus marginalis�s d'entre eux sont expos�s � un environnement � risque et n'ont acc�s � aucune des conditions de s�curit� mat�rielle ou sanitaire En tout �tat de cause, leur fixation, voire leur trafic dans certains quartiers g�n�re des nuisances et des tensions insupportables pour les riverains.
Quelles r�ponses apporter ?
Si nous voulons �tre efficaces, nous devons mettre en ?uvre une politique collective et globale dans la coh�rence et au plus pr�s du terrain. Elle concerne, en effet, aussi bien la politique de sant�, que la politique en direction de l'enfance et de la jeunesse, la lutte contre les exclusions ou le C.L.S.
Cette politique doit se d�velopper sur l'ensemble du territoire parisien, mais plus sp�cifiquement dans les quartiers les plus concern�s.
Nous nous attelons � la construction de cette politique. Nous avons franchi une premi�re �tape en cr�ant la "mission Toxicomanies" au sein de nos services. 4 postes ont �t� ouverts � cet effet dans le B.P. 2002 et la chef de mission a �t� choisie pour son exp�rience reconnue dans ce domaine.
Les chantiers qui s'ouvrent s'appuient sur le Plan d�partemental de pr�vention pr�par� sous l'�gide de l'Etat avec le chef de projet toxicomanie nomm�, il y a un an par la Pr�fecture de Paris et la Pr�fecture de police :
- D�velopper les actions de pr�vention des conduites � risques aupr�s des enfants et des jeunes en nous appuyant sur l'Education nationale, la pr�vention sp�cialis�e, la protection de l'enfance, mais aussi en travaillant sur des projets qui mobilisent tous ceux qui sont au contact de l'enfance et de la jeunesse.
- Am�liorer le cadre de vie dans les secteurs les plus touch�s par le trafic : nos projets en mati�re d'�radication de l'habitat insalubre et de requalification urbaine tels qu'ils progressent dans les 18e et 19e, contribueront de mani�re forte � r�duire les contextes environnementaux qui favorisent les conduites � risques.
- A plus court terme, il convient d'ores et d�j� d'am�liorer le cadre de vie gr�ce � l'action des services de propret� et du SMAH (service municipal qui ramasse les seringues).
- Accompagner la politique de r�duction des risques qui a montr� son efficacit� - diminution spectaculaire des overdoses, diminution importante des contaminations au V.I.H., porte d'entr�e dans la demande de soins -. De ce point de vue, nous entendons poursuivre notre soutien aux associations qui travaillent aupr�s des toxicomanes dans leur accompagnement sanitaire et social.
Nous attendons de l'Etat qu'il maintienne son implication financi�re dans la prise en charge sanitaire des usagers de drogue. Le Maire vient de s'adresser au Ministre d�l�gu� � la Sant� sur les moyens consacr�s par l'Etat � la toxicomanie.
Nous souhaitons accompagner le renforcement du dispositif d'accueil des toxicomanes les plus pr�caires. C'est ainsi que nous travaillons avec la D.D.A.S.S. � l'implantation d'une boutique dans le centre de Paris adoss�e � un centre de soins sp�cialis�s.
Nous travaillons �galement au renforcement des �quipes de rue, et � l'extension du dispositif d'�changes de seringues pour r�duire les risques de contamination V.I.H. et V.H.C.
Je souhaite pouvoir m'appuyer sur la coop�ration des arrondissements pour r�ussir � mettre en place ces dispositifs. L'objectif g�n�ral en effet est de d�multiplier et mieux �quilibrer g�ographiquement les dispositifs d'accueil afin de d�tendre la pression qui s'exerce dans quelques arrondissements, voire dans quelques quartiers. L'effort doit �tre poursuivi de fa�on pluriannuelle.
Nous attendons �galement de l'Etat que les services de police maintiennent leur engagement plus d�termin� contre les trafics tels que nous avons pu le voir � l'?uvre des derniers mois place Stalingrad et dans certains quartiers du 18e.
Nous entendons soutenir les projets locaux, inciter � leur d�veloppement dans la Capitale, telle la coordination 18e qui a montr� sa pertinence pour sortir la toxicomanie du champ des sp�cialistes pour en faire l'affaire de tous. Tous les arrondissements ne vivent pas ces probl�mes de la m�me fa�on, mais un des r�les de la "mission Toxicomanie" sera pr�cis�ment d'apporter un appui d'expertise et une aide concr�te aux initiatives locales qui �mergent ou �mergeront.
M. LE MAIRE DE PARIS. - Monsieur LHOSTIS, il est temps de conclure...
M. Alain LHOSTIS, adjoint. - Je veux dire que M. le Maire est tr�s pr�sent sur ce dossier...
M. LE MAIRE DE PARIS. - Je le subis sereinement...
M. Alain LHOSTIS, adjoint. - Monsieur le Maire, si vous m'autorisez un petit d�passement ... Comme c'est la premi�re fois que nous pouvons parler de ce sujet, et comme j'ai lu quelque part, que je n'avais pas tellement le temps de m'occuper de ces dossiers, pris que j'�tais par l'A.P.-H.P... je voudrais monter que cette question-l�, nous l'avons au c?ur ensemble.
La politique parisienne a besoin que tous les secteurs s'impliquent pour dessiner au fur et � mesure une politique qui int�grera toutes ces dimensions. Faire lien entre les politiques publiques devrait contribuer � agir sur les d�terminants en jeu alors que l'on sait qu'au sein de la population parisienne, les fractions des classes populaires les plus pr�caris�es sont aussi celles qui se trouvent les plus expos�es aux probl�mes de surmorbidit� li�es � ces consommations et aux autres conduites � risques.
Dans cette politique de r�duction des risques sanitaires et sociaux, j'associerai tout particuli�rement les �lus des arrondissements.
Voil� les grands axes de notre politique. On le voit, il y a un changement radical avec le probl�me que vous avez �voqu� tout � l'heure. Les r�sultats seront vus sur le temps, mais d'ores et d�j�, je crois que les engagements que nous avons pris commencent � �tre tenus et ne manqueront pas de produire certains effets � court terme.
M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup.

Mars 2002
Débat
Conseil municipal
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