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58 - 2003, DAC 91 - Communication de M. le Maire de Paris relative à la culture


M. LE MAIRE DE PARIS. - Nous passons donc � la communication sur la culture.
Mes chers coll�gues, au moment d'entamer ce d�bat sur la politique culturelle � Paris, j'ai envie de vous citer ces mots d'Albert Camus : "Sans la culture et la libert� relative qu'elle suppose, la soci�t� n'est qu'une jungle. C'est pourquoi toute cr�ation authentique est un don � l'avenir".
Les Parisiens savent bien ce que procure cette sensation ind�finissable qui na�t de la passion pour le beau, pour l'�motion qui peut surgir � chaque coin de rue car, � Paris, il n'y a pas une culture, mais des cultures, appel�es � se f�conder mutuellement.
L'attention que la cit� porte � cette dynamique est forc�ment r�v�latrice d'un choix philosophique car la culture, c'est aussi un fondement du lien social et d�mocratique.
C'est pourquoi, au m�me titre que la solidarit�, que la cr�ation d'activit�s pour l'emploi ou le combat contre la pollution, l'enjeu culturel est au c?ur de la civilisation urbaine.
Concr�tement, quel peut �tre le r�le de notre collectivit� ?
Il s'articule, selon nous, autour de quatre priorit�s : favoriser une cr�ation diverse, inscrire l'art dans la ville, d�mocratiser l'acc�s � la culture, mais aussi d�centraliser ses diff�rentes formes d'expression.
Le 104, rue d'Aubervilliers traduit bien cette volont� de soutenir des lieux collectifs o� les artistes se rencontrent et �tablissent un lien direct avec les citoyens. La r�habilitation de cet espace exceptionnel des anciennes Pompes fun�bres sera d�di�e � l'art vivant et � la pluridisciplinarit�.
Int�gr� � la vie de son quartier, ce site ouvrira en 2006. Il aura �videmment une tonalit� internationale, s'ouvrant � des cr�ateurs de toute origine et accueillant un public, lui aussi, bien s�r, cosmopolite.
A Paris, chaque genre artistique, chaque discipline participe de l'identit� de notre Ville. C'est pourquoi la Municipalit� nourrit une ambition particuli�re pour le th��tre, la danse, la musique et le cin�ma.
Comment ne pas mentionner, ici, la formidable r�ussite du th��tre du Rond-Point, que nous soutenons activement depuis 2001, en partenariat avec l'Etat. C'est Jean-Michel RIBES et son �quipe qui portent avec �nergie et talent ce projet. En ne programmant - et c'�tait un choix de prendre ce risque avec le Minist�re de la Culture, au d�part - en faisant ce choix de ne programmer que des ?uvres contemporaines, ce lieu cr�e un appel d'air formidable, stimule l'�criture et offre des perspectives in�dites � de jeunes cr�ateurs. Et le public est tr�s nombreux au rendez-vous.
Le m�me souffle doit influer sur notre action en faveur de la diffusion musicale. Je veux d'ailleurs confirmer, aujourd'hui, notre attachement � la cr�ation d'un auditorium susceptible d'accueillir l'Orchestre de Paris.
Le dialogue en cours avec le Ministre de la Culture, Jean-Jacques AILLAGON, avec le Pr�sident de la R�gion, Jean-Paul HUCHON, devrait conduire assez rapidement � des avanc�es r�elles sur ce dossier majeur.
Quant au cin�ma, chacun conna�t la relation ancienne, profonde et quasi amoureuse qui lie les Parisiens au septi�me art. En 2002, nous avons cr�� la "Mission cin�ma" qu'anime avec talent R�gine HATCHONDO. Sa vocation est de nourrir sans cesse ce lien privil�gi�, notamment en pr�servant la formidable diversit� des salles parisiennes, dont l'offre est quasi unique au monde.
Nous souhaitons aussi que Paris serve de cadre � un �v�nement cin�matographique annuel. C'est d�s juillet 2003 une manifestation d'envergure, "Paris Cin�ma", pr�sid�e par COSTA-GAVRAS, qui sera cr��e dans notre Capitale et nous confirmons, bien entendu, notre soutien actif, enthousiaste au Forum des images, qui cultive et anime la m�moire audiovisuelle de Paris. C'est d'ailleurs sous son impulsion que se d�roulent, depuis l'�t� 2001, la formidable op�ration "Cin�ma au clair de lune", et ainsi, de la Butte-Montmartre au parc Montsouris, chacun peut red�couvrir en plein air des chefs-d'?uvre ayant Paris pour d�cor et, l� aussi, le public est tr�s, tr�s nombreux au rendez-vous.
Pr�cis�ment, la rue s'impose de plus en plus comme un espace privil�gi� de l'expression artistique dans la vie du XXIe si�cle. Ce mouvement illustre la volont� des habitants de se r�approprier leur cit�, toutes g�n�rations confondues. Ceci dessine peu � peu une ville plus fluide, plus accueillante et je vous le dis, plus dynamique mais aussi plus inattendue quand elle sait s'ouvrir � l'inspiration et � l'imaginaire.
Comment encourager cette �volution ? En offrant aux diff�rents talents la possibilit� d'investir l'espace citadin, en inventant des lumi�res originales pour accentuer la beaut� de Paris et en mettant l'accent sur l'esth�tique urbaine.
Je n'en citerai qu'un seul exemple : la cr�ation de la ligne de tramway sur les Mar�chaux sud. Cette op�ration embl�matique donnera lieu � la r�alisation de nombreuses ?uvres p�rennes tout le long du trac� et elle affirmera une attention tr�s forte � la conception et au graphisme des v�hicules et des gares.
De mani�re plus large, de "Paris-Rive gauche" jusqu'aux op�rations de r�habilitation dans le Nord et l'Est, cette volont� artistique s'appliquera � tous nos projets urbains.
Mais �voquer la rue, c'est aussi aborder la place qu'elle consacre aux arts vivants et je veux insister, en particulier, sur les arts du cirque dont le regain trouve � Paris une expression particuli�rement forte.
La polyvalence de ses acteurs, leur qualit� artistique ont incontestablement contribu� � renouveler ce genre. C'est pourquoi nous avons voulu que les aides de la Municipalit� concernent aussi bien les jeunes compagnies que les grands chapiteaux traditionnels.
Dans mon propos liminaire, j'ai parl� de d�mocratiser la culture. En effet, l'acc�s � l'�motion artistique ne peut pas �tre r�serv� � un petit nombre. "Un beau d�sordre est un effet de l'art", disait Boileau. A Paris, le succ�s de "Nuit-blanche" vient en �cho � cette inspiration. 500.000 personnes se sont appropri�es des cr�ations contemporaines que certains avaient, pr�matur�ment et imprudemment, qualifi�es d'�litistes.
Reconnaissons d'ailleurs que nous avions nous-m�mes sous-estim� une telle affluence et qu'il faudra en tenir compte afin d'am�liorer les prochaines �ditions.
Quant aux mus�es parisiens, le public s'est montr�, l� aussi, tr�s r�actif. La fr�quentation des mus�es parisiens a augment� de 30 % depuis l'instauration de la gratuit� des collections permanentes en 2001.
Poursuivre et amplifier ce mouvement implique de s'ouvrir � toutes les cultures sans parti pris. Le cas de la Ga�t� lyrique est tr�s r�v�lateur. En 1991, ce magnifique th��tre � l'italienne fut transform� en une Plan�te magique plut�t �ph�m�re. Tr�s vite en effet, le site a du fermer ses portes, r�v�lant un gouffre � la fois culturel et financier. Apr�s tous ces atermoiements, la Ga�t� lyrique va enfin retrouver son r�le dans le paysage culturel au c?ur de Paris ; elle deviendra en effet un p�le consacr� � la promotion des musiques nouvelles ainsi qu'aux arts issus des nouvelles technologies.
Ce panorama d'une ville en app�tit de culture serait incomplet si je n'�voquais la diversit� et la d�centralisation des expressions. Oui, la notion de proximit� s'applique aussi � la d�couverte, � l'initiation, � la pratique de tous les genres artistiques.
Depuis 2001, vous le savez, les mairies d'arrondissement disposent de cr�dits importants pour l'animation culturelle. Gr�ce � cette initiative, de nombreux projets ont pu voir le jour qu'il serait trop long d'�num�rer ici ; toutes ces cr�ations l�gitiment plus que jamais le soutien de notre collectivit� � l'�gard des jeunes compagnies, des talents en devenir. Ce principe doit s'appliquer aussi aux pratiques amateurs qui d�signent l'envie de chaque Parisien de pratiquer lui-m�me une activit� cr�atrice.
La n�cessaire modernisation des conservatoires r�pond � cette pr�occupation, mais, au-del�, nous proc�dons �galement � un inventaire pr�cis de ces pratiques. D�s lors, il sera possible de proposer une information plus pertinente aux citoyens et d'encourager les passerelles entre tous les acteurs concern�s ; je pense en particulier au monde associatif.
Au moment de conclure, je veux remercier tr�s chaleureusement Christophe GIRARD et Sandrine MAZETIER pour leur dynamisme, leur imagination, leur non-conformisme, leur capacit� � mettre en ?uvre une politique culturelle qui tout � la fois met en exergue le patrimoine, qui investit des cr�dits nouveaux pour le patrimoine et qui, en m�me temps, est totalement innovante, prend des risques. Je les encourage � continuer � y mettre tant de passion, de g�n�rosit� et de talent.
L'action culturelle n�cessite une capacit� permanente � inventer et � capter les aspirations de cette ville cr�ative. J'attache par exemple beaucoup d'int�r�t � ce que la bande dessin�e trouve � Paris la place qui lui revient. Cet art, qui conjugue beaut� du graphisme et force du r�cit, a r�v�l� de nombreux talents et des oeuvres reconnues partout dans le monde. Alors, dans ce domaine comme dans tous les autres, tentons sans complexe de favoriser l'�mulation, l'�mergence des id�es, les tendances, la rencontre des influences et le bonheur de cr�er.
Chers coll�gues, je voudrais vous parler aussi d'architecture, mais j'ai parl� beaucoup d'urbanisme, des ateliers d'artistes et certainement que Christophe GIRARD en parlera, du patrimoine j'en ai dit un mot, mais Sandrine MAZETIER s'exprimera tout � l'heure. En fait, je ne voudrais pas �tre trop long, il me faudrait des heures pour exprimer � la fois ce que Paris inspire comme envie d'une politique culturelle et toutes les potentialit�s de cette ville, ne doutez pas du dynamisme de la Municipalit� dans le domaine.
Victor Hugo disait : "Des chemin�es de Paris, naissent les id�es de l'univers".
Oui, tentons de dessiner une ville qui ose et qui sache conjuguer culture et d�mocratie, g�n�rosit� et convivialit�s.
(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste et radical de gauche, communiste, du Mouvement r�publicain et citoyen et "Les Verts").
Mes chers coll�gues, nous allons donc maintenant ouvrir le d�bat g�n�ral.
Mme Nicole BORVO a la parole.
Mme Nicole BORVO. - Mes chers coll�gues, je me r�jouis bien entendu que notre Assembl�e puisse d�battre des engagements de notre collectivit� dans le domaine de la culture en nous exposant les actions qui seront entreprises sur la mandature.
On ne le dira jamais assez, l'�ducation, la pratique, l'acc�s aux arts et aux cultures sont des cl�s pour devenir des �tres libres. Ils participent � l'�panouissement personnel, � la construction de la personnalit�. C'est aussi un moyen de d�velopper sa capacit� de r�sistance critique � tout mod�le culturel achev� et impos�, la r�sistance critique tout court dirais-je. C'est s'ouvrir au monde et donc aux autres. C'est un formidable facteur pour agir dans la soci�t�, pour exercer sa citoyennet�.
La culture est plus que jamais une question politique centrale. Politique car la culture s'�nonce avec s�gr�gation, pr�carit�, exclusion, urgence sociale, mais elle s'�nonce aussi avec m�tissage, mixit� sociale, solidarit�, int�gration, identit� et citoyennet�.
Je dois vous dire, Monsieur le Maire, mon regret de n'avoir pas trouv� dans votre communication la notion de "politique municipale culturelle". Cela aurait certainement permis de porter plus fortement le sens et les valeurs qui sous-tendent une politique culturelle municipale au service de tous les Parisiens.
Les in�galit�s criantes dans ce domaine t�moignent de l'enjeu que constitue une v�ritable d�mocratisation de l'acc�s � des pratiques culturelles. Une politique publique forte en direction des Parisiens est donc un �l�ment d�terminant pour combattre cet �tat de fait. Et les orientations politiques sont l� pour nous montrer qu'il y a bien des politiques qui s'affrontent en la mati�re.
L'enjeu m�rite donc un �change sans concession.
Il faut bien le reconna�tre, les exigences qui ont pr�sid� voil� maintenant quatre d�cennies � la cr�ation d'un Minist�re de la Culture sont loin d'�tre r�alis�es. Il y a bien quelque part �chec quant � la d�mocratisation culturelle et quant � l'�largissement des publics, et notre Ville-Capitale n'�chappe pas � ce constat malgr� son foisonnement de lieux de cr�ation de renomm�e internationale.
L'�galit� de tous devant la culture � laquelle se rattache la notion de "service public culturel" lanc�e par Jean VILAR demeure malheureusement encore aujourd'hui un objectif � atteindre.
Les Parisiennes et les Parisiens ont longtemps souffert d'absence de politique publique les concernant. En effet, les d�penses culturelles des majorit�s pr�c�dentes, loin de favoriser l'acc�s de tous � l'�ducation et aux pratiques culturelles et artistiques, se sont plut�t attach�es, par leur conception des cultures dites l�gitimes et �litistes, � reproduire les in�galit�s sociales.
Nous avons fait ce constat et je dois dire que vous avez donn� des signes de votre volont� de concevoir les choses diff�remment, en d�sacralisant les lieux, en affichant une convivialit� dans les lieux in�dits. Je partage avec vous le constat du succ�s de "Nuit-blanche", de la capacit� des Parisiens � vivre leur ville avec app�tit et curiosit�.
Mais, bien �videmment, quand on parle de d�mocratisation, on sait bien qu'il y a un travail en profondeur qui est n�cessaire pour rendre les cultures accessibles � toutes et tous. C'est ainsi d'ailleurs que le contrat d'alternance proposait des actions de politique culturelle que je voudrais �voquer.
La cr�ation d'une carte "Paris Culture" et de "ch�ques culture" destin�s aux familles, aux jeunes et aux �tudiants ;
Le d�veloppement et la modernisation des biblioth�ques-m�diath�ques ;
Le renforcement de l'enseignement artistique dans les �coles maternelles, primaires et les coll�ges ;
Le d�veloppement des pratiques amateurs.
Or nous sommes aujourd'hui en mesure de constater que ces priorit�s n'ont pas les efforts budg�taires n�cessaires pour se concr�tiser de fa�on dynamique. Il est vrai que beaucoup de ces engagements n�cessitent des cr�dits de fonctionnement que vous souhaitez malheureusement contenir pour �tre en situation de r�aliser les investissements n�cessaires aux grands chantiers que vous �voquez dans votre communication. Nous avons d�j� eu l'occasion de livrer notre point de vue sur cette question. Il ne s'agit pas d'opposer. L'acc�s aux biens culturels existants est une n�cessit� et je partage ce point de vue. De nouveaux chantiers sont absolument n�cessaires, je partage aussi ce point de vue, mais nous souhaiterions, pour notre part, qu'un juste �quilibre soit trouv� afin que des efforts plus cons�quents soient consacr�s aux questions de la politique culturelle municipale, au fonctionnement des �quipements municipaux et � la cr�ation de nouveaux lieux.
Je pense plus particuli�rement � la situation des biblioth�ques d'arrondissement. Comment concevons-nous la priorit� accord�e au d�veloppement de la lecture ? Les besoins sont immenses sur le territoire et l'�tat des lieux existant n�cessite un effort financier beaucoup plus soutenu tant il est vrai que les biblioth�ques municipales ont �t� laiss�es � l'abandon et que les personnels ne voient pas d'am�lioration dans leurs conditions de travail avec notamment une modernisation rapide de leurs outils d'intervention.
Le sentiment d'abandon des agents de la D.A.C. est perceptible. Ils ont le sentiment que leur statut de "fonctionnaires" les disqualifie d'embl�e et qu'on les prive des moyens n�cessaires pour assurer leur mission de service public de la culture. Le mouvement de gr�ve qu'ils ont enclench� hier illustre le malaise profond qu'ils vivent.
Faut-il avancer � pas lent dans le domaine de l'informatisation si nous voulons favoriser une fr�quentation plus importante ?
Un seul exemple, la biblioth�que Picpus : elle poss�de un seul terminal de base de donn�es pour 8 personnes et 5 terminaux pour 35 ! Bien s�r pas d'acc�s � Internet ou Intranet ! Les cr�dits consacr�s � l'acquisition de D.V.D. n'ont permis que la constitution d'un fonds de 400 par biblioth�que. Vous imaginez la frustration des publics qui finissent par renoncer et s'�loigner de ces lieux publics, alors que pour beaucoup de jeunes notamment, ces lieux sont indispensables � leur premi�re d�couverte du plaisir de lire pour �veiller leur curiosit� et leur cr�ativit�.
Dans le domaine du livre, nous regrettons que les liens � construire avec les petits �diteurs, les libraires et les �crivains ne fassent pas l'objet d'une r�flexion et d'actions plus affirm�es. A l'image de la "mission cin�ma" cr��e en 2002, ne convient-il pas d'envisager "une mission livre" ? Celle-ci pourrait permettre de d�finir, d�velopper et coordonner une vraie politique audacieuse du livre et de la lecture � Paris.
J'�voquerai �galement la situation de l'offre en mati�re de conservatoires municipaux. L'offre, nous le savons, est insuffisante. Nous avons not� les objectifs pluriannuels de r�novation et d'extension des locaux. Mais j'�tais d�j� intervenue lors d'une s�ance du Conseil de Paris sur cette question.
Paris dispose de 17 conservatoires municipaux et les enfants du primaire b�n�ficient d'une initiation � la musique. La mise � l'�tude d'une politique tarifaire modul�e en fonction des ressources des familles est une bonne chose car facteur d'�galit� et d'accessibilit�. Les difficult�s rencontr�es par de nombreuses familles pour inscrire leurs enfants au conservatoire ou dans des associations qui dispensent des formations musicales constituent un v�ritable parcours du combattant.
Monsieur le Maire, vous parlez dans votre communication de "paradoxe" propre � la Capitale : une offre culturelle importante et un foss� entre ceux qui la saisissent et ceux qui ne se sentent pas concern�s. Mais est-ce vraiment un paradoxe quand celles et ceux qui ne se sentent pas concern�s ont la perception tr�s nette d'en �tre exclus en disant "ce n'est pas pour nous".
D'o� l'importance, vous avez raison, de s'ouvrir � toutes les facettes de la culture. Mais pour nous, il s'agit aussi d'�tre attentifs au d�sir d'expression culturelle des populations en valorisant davantage la d�marche artistique plut�t que la seule dimension sociale ; probl�me que nous rencontrons malheureusement quand il s'agit d'�voquer par exemple les projets initi�s dans les quartiers politique de la ville.
Combien de projets artistiques �manant de ces quartiers doivent mettre en avant les objectifs sociaux pour pouvoir �tre financ�s ?
Nous retrouvons l� la s�paration institutionnalis�e entre pratique professionnelle et pratique amateur. Tout ce qui touche au professionnel rel�ve de la culture et tout ce qui touche aux pratiques amateurs rel�ve de la jeunesse, de l'action sociale...
Et pourtant, l'appel � projet 2003 a g�n�r� 323 projets pour 12 quartiers politique de la ville. Cela donne la mesure de l'attente des habitants et des potentialit�s cr�atrices en ?uvre dans ces quartiers. Les associations qui les portent mesurent toute l'importance de la pratique culturelle collective notamment pour les jeunes, dans une logique d'appropriation et non dans une logique de consommation. La cr�ativit� qui s'exprime dans les quartiers o� l'on vit mal est grande. C'est souvent l� que se trouvent des lieux cr�atifs comme la maroquinerie dans le 20e, "La Fl�che d'Or". Ce que l'on appelle la "culture urbaine" est en devenir et c'est une chance pour Paris, car elle fait appel � l'imagination, � l'exp�rimentation, � l'innovation. Il faut davantage la valoriser et contribuer � son d�veloppement.
Comme moi, vous avez pu constater que ces lieux, ces petites salles, ces caf�s-concerts, ces lieux alternatifs font l'objet d'un harc�lement administratif. La fermeture de la Fl�che d'Or en d�cembre dernier, les menaces qui p�sent sur le Batofar, Glaz'art et bien d'autres, montrent la fragilit� et les difficult�s � enraciner des liens nouveaux, conviviaux, entre les artistes et les populations riveraines. Ces exemples sont l� pour nous rappeler combien la place des artistes qui oeuvrent dans un rapport nouveau de proximit�, de r�alit� sociale, est fragile sans un accompagnement public fort et en l'occurrence sans un accompagnement municipal.
Monsieur le Maire, ces derniers exemples doivent nous interroger quant � l'utilisation qui sera faite du doublement du budget de la culture. Il y a lieu, et c'est notre souhait de prendre la mesure des besoins quotidiens culturels des Parisiens non satisfaits qui m�ritent d'avoir une approche plus souple quant aux cr�dits de fonctionnement afin d'�tre plus dynamique pour notamment moderniser et am�liorer les conditions d'acc�s des Parisiens � de nombreux �quipements publics de la Ville de Paris et la cr�ation de nouveaux lieux.
Je vous remercie.
(Applaudissements sur les bancs du groupe communiste).
M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci.
La parole est � Mme MAC� de L�PINAY.
Mme H�l�ne MAC� de L�PINAY. - Merci, Monsieur le Maire.
Monsieur le Maire, c'est avec avidit� que nous attendions votre projet culturel. En effet, depuis votre �lection et malgr� la grande visibilit� m�diatique de votre adjoint Christophe GIRARD, il est bien difficile de discerner les axes qui guident votre politique.
Les dispositions prises pour accro�tre, dites-vous, la transparence comme la suppression du vote des subventions sur ligne au budget primitif n'ont fait que rendre moins claires les relations entre la Ville et ses plus grandes institutions culturelles.
Avons-nous beaucoup plus parl� du Ch�telet, de l'Ensemble orchestral ou de l'A.D.A.C. au Conseil ?
Non. En r�alit�, les d�lib�rations les concernant sont pass�es en catimini vers minuit � l'issue de s�ances ext�nuantes. O� est la transparence ? Les institutions en question sont maintenant parfois d�stabilis�es par un vote tardif de leur subvention. O� est l'efficacit� ?
Monsieur le Maire, ne le cachons pas, les dix-sept pages de cette communication n'annoncent rien de spectaculaire, rien de vraiment nouveau et ne confortent pas nos institutions. Les r�f�rences budg�taires y sont floues et le calendrier des op�rations, me semble-t-il, irr�aliste.
En revanche, elles d�notent votre souhait d'encadrer et de contr�ler l'activit� artistique dans tous les domaines.
Les affirmations contenues dans le pr�ambule laissent � penser que les Parisiens seraient loin de la culture. Pour qui veut y porter une attention bienveillante, il semble au contraire qu'ils sont de plus en plus int�ress�s par leur histoire, par les arts en g�n�ral.
Les initiatives associatives sont nombreuses dans tous les quartiers qu'il s'agisse de d�fense de patrimoine, de chorales, d'op�rations portes ouvertes, d'ateliers d'artistes, de groupes de th��tre et d'animation, etc.
N'oublions pas d'ailleurs, si l'on veut justement estimer cette app�tence des Parisiens, tout ce qui se fait, par exemple, dans les centres d'animation de la Ville et les multiples offres culturelles dues � l'Etat, aux centres culturels �trangers, � des op�rateurs priv�s.
L'offre de spectacles, de concerts, de cin�ma est foisonnante et vari�e.
Les Parisiens y sont attentifs. Comment d'ailleurs sans cela auriez-vous expliqu� la curiosit� suscit�e par la "Nuit-blanche" ?
Je ne pourrai pas, Monsieur le Maire, aborder tous les points que vous �voquez. Mes coll�gues Catherine DUMAS, Roxane DECORTE et Pierre-Christian TAITTINGER aborderont certains aspects particuliers.
Je voudrais porter � votre cr�dit les projets concernant les archives, institution essentielle, tr�s bien d�fendue par votre adjointe, Mme CHRISTIENNE.
Je veux aussi relever la poursuite de l'effort pour le patrimoine parisien. Votre adjointe, Mme MAZETIER, a pris sa d�l�gation avec beaucoup d'�nergie et de passion. L'inventaire de nos richesses ainsi que l'�tablissement de la carte arch�ologique me semblent des points positifs. Nous suivons avec beaucoup d'attention, en particulier ma coll�gue Claire de CLERMONT-TONNERRE, la r�forme de la Commission du Vieux-Paris.
Je me r�jouis de la poursuite de la r�novation de nos �glises, mais pourquoi faire croire que l'on aurait voulu masquer l'�tat de la tour nord de Saint-Sulpice et de la tour Saint-Jacques ? C'est �videmment pour des raisons de s�curit� et d'�tudes que ces tours ont �t� �chafaud�es.
Si j'approuve les travaux dans les mus�es, je m'interroge sur leur ex�cution. Qu'en est-il pr�cis�ment du Petit-Palais, de Cernuschi, du mus�e d'Art moderne, de l'extension de la Maison de Balzac ? Le calendrier semble bien optimiste et les moyens seront-ils vraiment d�bloqu�s dans le courant de cette mandature ? Rien n'est dit sur le fonctionnement des mus�es, sur leur politique d'exposition, sur leur action �ducative. En mati�re d'arts plastiques et d'art dans la ville, sauf le grand projet du tramway, rien de tr�s nouveau par rapport � ce que nous avions engag�. La fontaine de Chen Zen et le man�ge Bublex ont �t� d�cid�s par la mandature pr�c�dente. Que sont devenus les projets de "Paris-Rive gauche" ou de l'avenue de Flandre ? La Forge est une op�ration qu'il faut mettre � notre cr�dit. Oserez-vous d�velopper un tel projet au 6, passage Dantzig, aux abords de "La Ruche" ? Laissez-vous augmenter sans broncher le loyer des artistes d'"Immanence", au 21, avenue du Maine ?
Concernant la musique, la communication est peu prolixe. Sont � peine mentionn�s l'Orchestre de Paris et l'Ensemble orchestral. Rien sur une politique d'ensemble.
Nous nous r�jouissons que la Ville ait pris une attitude positive pour la construction d'un grand auditorium qui manque � la vie musicale et je m'�tonne qu'il ne soit m�me pas fait allusion � la F�te de la Musique, �v�nement pourtant si populaire.
(Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste et radical de gauche).
La Ga�t� lyrique devrait ouvrir pour une animation temporaire. Comment a �t� choisi M. BONGIOVANNI ? Quelles sont les conditions juridiques de son choix et de l'exercice de sa mission ? Quelle sera l'enveloppe globale qui sera consacr�e � la Ga�t� lyrique ? Nous avons besoin l� aussi de transparence. Pour ce qui concerne le th��tre et la danse, peu de projets nouveaux. Seul ce projet de reprise en main des th��tres d'arrondissements dans lesquels curieusement est int�gr�e la Maison de la po�sie, institution originale voulue par Jacques CHIRAC. Alors que M. GIRARD proclame vouloir laisser libres de leur politique les acteurs culturels, que veut dire le paragraphe qui leur est consacr� totalement antinomique d'ailleurs avec leur ancrage dans leurs quartiers respectifs ?
On nous dit que la Ville entendrait cong�dier le responsable d'un th��tre ? Je ne peux croire � cette ing�rence. Mais si cela �tait vrai, je souhaiterais conna�tre par quelle proc�dure, d�l�gation de service public, appel � projet, ou autre, son successeur sera nomm�. L� aussi, nous attendons de la transparence.
La danse a trouv� depuis de nombreuses ann�es une place importante � Paris. Vous nous annoncez un �v�nement. Nous l'attendons avec impatience, alors que le festival et le concours international qui existaient ont purement et simplement �t� supprim�s.
Le cin�ma est un pan important de votre politique et je tiens � souligner votre dynamisme en la mati�re, continuation de l'action de la Municipalit� pr�c�dente.
Si nous participons au maintien en activit� du "Brady", qu'avez-vous fait, Monsieur le Maire, pour d'autres salles ? Le Kinopanorama a disparu sans bruit et les salles U.G.C. Convention, sauv�es, il y a quelques ann�es, sont en mauvaise posture. Qu'allez-vous faire pour maintenir ces salles de quartier ?
Le chapitre "s'ouvrir au monde" m'a fortement d��ue. Comme toujours, vous confondez communication et action. "Paris-plage" et "Nuit-blanche", op�rations sympathiques, ne font pas une politique. Personne ne vous avait attendu pour monter une saison th��trale anglaise ou russe. La saison russe du Ch�telet permet, en ce moment m�me, � Paris, d'accueillir le magnifique th��tre Mariinski, les expositions internationales de nos mus�es ont attir� des milliers de visiteurs, les partenariats r�guliers avec Rome, Moscou, Berlin ou Kyoto permettaient des �changes fructueux tant pour des op�rations de prestige que pour des op�rations impliquant les biblioth�ques ou les �l�ves des conservatoires. Tout cela a �t� balay� et les perspectives nouvelles semblent inexistantes.
En conclusion, Monsieur le Maire, votre communication assez peu originale et lacunaire est constitu�e d'une liste de p�titions de principe. Elle d�note un dirigisme d'une autre �poque et un manque d'attention aux acteurs culturels de Paris, en particulier aux fonctionnaires de la Direction des Affaires culturelles qui ne sont m�me pas �voqu�s dans cette communication.
Comment imaginer de doubler le budget de la culture alors m�me que ceux qui doivent le mettre en ?uvre ne sont ni �cout�s, ni encourag�s ? Les fonctionnaires administratifs ou les corps scientifiques ont besoin de moyens et de consid�ration pour rendre le meilleur service � nos concitoyens.
Votre politique paillette ne peut remplacer une politique de fond. La "Nuit-blanche" ne peut escamoter 364 jours de cr�ativit� et de culture parisienne. Votre programme ne nous fait pas passer de la nuit � la lumi�re.
L'avis des amis berlinois ou new-yorkais de M. GIRARD, votre m�diatique adjoint, n'est pas pour nous un crit�re d'�valuation de votre politique. Ce qui importe, c'est le rayonnement de notre Ville et le service aux Parisiens.
(Applaudissements sur les bancs du groupe U.M.P.).
M. LE MAIRE DE PARIS. - Au moins sur la culture, moins de sectarisme aurait �t� bien.
Surtout quand je pense � tout ce qui a �t� fait en mati�re culturelle sous la responsabilit� de Mme MAC� de L�PINAY. J'ai �t�, en tant que Pr�sident de groupe, plus respectueux, plus gentil.
C'est peut-�tre parce qu'il y a maintenant une dynamique tr�s forte. Par exemple, apr�s l'�chec catastrophique de l'ancienne �quipe, et qui a co�t� des sommes astronomiques aux contribuables parisiens, avec Christophe, et toute l'�quipe, nous avons �t� dynamiques sur la Ga�t� lyrique. C'est sans doute pour cela que Mme MAC� de L�PINAY, personne tout � fait sympathique au demeurant, a �t� ce matin un petit peu diff�rente de ce que je connaissais mais ce n'est pas grave.
En tout cas, je ne veux pas qu'on utilise politiquement le personnel de la Ville.
(Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste et radical du gauche).
Le personnel de la Direction des Affaires culturelles est un personnel extr�mement estimable qui fait du bon travail. Il y a une bonne directrice, et je n'aime pas que des propos politiciens tentent de les instrumentaliser dans une bagarre majorit�/opposition. Ce n'est pas digne.
(Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste et radical du gauche).
M. Claude GOASGUEN. - C'est incroyable, c'est le contraire !
M. LE MAIRE DE PARIS. - Non, non... c'est exactement cela.
Madame TA�EB, vous avez la parole.
Mme Karen TA�EB. - Monsieur le Maire, mes chers coll�gues, en pr�ambule, je voudrais dire que les propos de Mme MAC� de L�PINAY sont pour le moins �tonnants surtout pour moi qui pr�side la 9e Commission, o� je peux assurer et t�moigner de la qualit� de notre Commission et dire � quel point tout se passe bien.
Rares sont les moments o� il y a des divergences entre nous. Je reste tr�s �tonn�e...
M. LE MAIRE DE PARIS. - Moi aussi.
Mme Karen TA�EB. - Cela �tant dit, le projet culturel pour la mandature r�pond � nos v?ux de faire de Paris le centre d'un art vivant, � la fois riche de son pass�, et tourn� vers l'avenir.
C'est ce vers quoi tend la politique culturelle de notre mandature : pr�server notre patrimoine. Vous avez d�j� soulign� le travail de Mme MAZETIER qui est remarquable et favorise la cr�ation et l� je me tourne vers Christophe GIRARD, car c'est effectivement la politique qui a �t� choisie.
J'en veux pour preuve le nombre impressionnant de dossiers �tudi�s par la Direction des Affaires culturelles et celui des subventions que nous votons ici dans l'h�micycle : 50 % de plus qu'en 2001.
Rendre l'art visible et pr�sent dans la ville, donner leur place aux pratiques nouvelles et aux formes actuelles, faire notamment de la Ga�t� lyrique un lieu d'accueil pour les mus�es actuels et les arts num�riques, c'est une v�ritable avanc�e et c'est surtout une r�ponse attendue par les artistes fran�ais, pionniers en ces domaines.
De m�me, le d�veloppement des arts de la rue et du cirque, que nous avons toujours consid�r�s comme essentiels, est une mani�re de rendre leur noblesse � des pratiques innovantes et populaires de l'art.
Ce qui doit passer par la r�appropriation des espaces publics, des esplanades, et doit se fonder sur une politique de subventions favorisant la nouveaut� et je dirai m�me l'audace.
Cela implique un accueil des jeunes artistes par la cr�ation de locaux, d'ateliers, par la mise en place de bourses, afin de leur permettre de travailler dans les meilleures conditions.
M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci, vous avez raison... Ecoutez Mme TA�EB, qui n'est pas sectaire et qui reconna�t les m�rites de tout le monde, y compris des �lus de l'opposition. Mais �coutez-l� au moins. Elle est un exemple.
Allez-y, Madame.
Mme Karen TA�EB. - Mais si Paris reste un phare en mati�re culturelle, tout n'est pas lumineux, deux p�les restent encore dans l'ombre, je veux parler du cin�ma et de la musique classique. Bien s�r, nous pouvons nous f�liciter du choix qui a �t� fait pour le cin�ma "Le Brady" qui vient d'�tre sauv� in extremis par une subvention vot�e hier � l'unanimit�. Mais combien de salles parisiennes sont-elles en train d'agoniser ?
C'est donc une politique de sauvegarde et de r�habilitation du cin�ma de quartier qui est n�cessaire. La Ville doit acqu�rir les salles menac�es, r�nover celles qui en ont besoin. Il n'est pas acceptable que des quartiers entiers soient priv�s de cin�ma et que les grands multiplexes r�sument l'offre de cin�ma dans une Ville qui reste pour le Septi�me Art un des derniers bastions d'ouverture et de richesse.
Pour ce qui est de la musique classique, peut-on accepter que Paris soit priv� d'une salle de concert ? L'Orchestre de Paris ne saurait rester itin�rant et j'ai bien entendu ce matin votre volont� d'agir, je dirai notre volont� d'agir.
Dans une pr�c�dente communication, je disais que la culture est un d�. Paris se doit d'offrir aux Parisiens un acc�s � la culture par del� les projets d'ampleur r�gionale ou nationale. L'enjeu est aujourd'hui de r�ussir une v�ritable d�mocratisation de la culture en dehors de toute d�magogie. Des �v�nements comme "Nuit-blanche" ont remport� un �norme succ�s. C'est la preuve que les Parisiens sont pr�ts, d�s que l'invitation leur est faite, � f�ter la culture. Et cette "Nuit-blanche" doit �tre la source lumineuse qui permettra au 364 autres nuits de sortir de l'obscurit�.
Pour faire descendre la culture dans la rue, la rendre accessible au plus grand nombre, il nous faut r�fl�chir aux moyens de r�pondre � l'ind�niable attente des Parisiens en la mati�re. Continuons d'�couter d'une oreille attentive le message des associations qui sont des porteurs de projets, qui sont des puits d'id�es neuves et qui connaissent le terrain et, de ce fait, tissent les liens entre Paris et les Parisiens.
N'oublions pas les petites sc�nes priv�es qui ont du mal � joindre les deux bouts et qui sont souvent les relais de cette culture de proximit� qui nous est ch�re. N'oublions pas non plus le d�veloppement des biblioth�ques de quartier. Il est urgent d'am�nager leurs horaires, avec une ouverture le dimanche et certains soirs, d'y augmenter les moyens mat�riels, pour qu'elles puissent jouer leur r�le de diffuseur du savoir. Il n'est pas normal que la biblioth�que de Beaubourg soit le seul lieu offert aux Parisiens pour r�pondre � leurs besoins en terme d'horaires et de libres acc�s aux multim�dias.
Nous devons �galement concentrer nos efforts sur les offres tarifaires car la culture est trop souvent per�ue comme trop ch�re. La gratuit� de certains mus�es doit �tre �tendue � l'ensemble du dimanche et les op�rations, telles que "prenez une place, venez � deux" pour le th��tre, �largies � d'autres secteurs.
Quant aux �quipements de proximit�, qui permettent � chacun une pratique de l'art, une approche vivante de la culture, je crois, � l'instar du 104, rue d'Aubervilliers, qu'il s'agit de cr�er ou du moins d'aider � la cr�ation de lieux de ce genre.
L'enjeu est immense. Il est de pr�server la double dimension de Paris, qui est sa sp�cificit� et son originalit� : celle d'une capitale au rayonnement universel, et celle d'une ville jeune dont la population aspire � profiter de l'exceptionnel patrimoine qui l'entoure comme � d�couvrir les formes de la cr�ation contemporaine. Il est de notre devoir de nous montrer � la hauteur de cet enjeu, et de travailler sur les deux plans � la fois. C'est � cette condition que Paris poursuivra sa vocation de ville-lumi�re pour le monde et restera surtout une ville � vivre pour les Parisiens.
Je vous remercie.
(Applaudissements sur les bancs des groupes du Mouvement des citoyens, socialiste et radical de gauche, communiste et "Les Verts").
M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup de cette excellente intervention.
La parole est � Patrick BLOCHE.
M. Patrick BLOCHE. - Merci, Monsieur le Maire.
S'il y a bien un domaine o� l'alternance du printemps 2001 doit imprimer tout particuli�rement sa marque tout au long de pr�sente mandature, c'est bien celui de la culture.
Vous avez souhait�, Monsieur le Maire, en faire une priorit� de la politique municipale et, � cette fin, vous avez des engagements financiers qui ont d�j� trouv� leur traduction puisque le budget de la culture pour 2003 est en augmentation de 12 % par rapport � celui de 2000.
La rupture avec la gestion pass�e est d�j� sensible. Pour cela, il fallait cr�er de nouveaux �quilibres et c'est la mission que vous avez confi�e � vos deux adjoints, Christophe GIRARD et Sandrine MAZETIER, dont le groupe socialiste et radical de gauche tient � saluer l'action.
Repenser pour refonder, tel est donc leur mandat, tel est aussi le nouveau mandat de la Direction des Affaires culturelles.
Une nouvelle politique culturelle parisienne doit, de fait, agir � plusieurs niveaux.
Le premier, le plus classique et reconnu par tous, est celui de la m�moire collective et patrimoniale. Les ?uvres capitales de l'humanit� disait Malraux. Mais le syndrome patrimonial frappe vite et fort. La tentation est grande de tout garder, de ne rien d�truire, sauf quand cela concerne le XXe si�cle, de tout conserver dans l'�tat que l'on juge originel, m�me si cet �tat originel peine souvent � �tre d�fini.
Il faudrait ainsi, selon certains, retrouver les impacts de balles sur la fa�ade de l'�glise Saint-Roch en souvenir de la r�pression du mouvement royaliste du 13 Vend�miaire an III, car sa restauration les a par n�gligence rebouch�s. L'importance de la notion de patrimoine doit donc se lire d'abord dans son rapport avec la politique de notre temps. Elle doit donc �tre source de cr�ation et non signe de repli. Le patrimoine ne vaut que par l'interpr�tation que l'on en donne et ce qui sous-tend les d�marches qui le transmettent.
C'est le choix que vous avez fait, Monsieur le Maire, et que les Parisiens ont valid� de mani�re �clatante en assurant le succ�s de "Nuit-blanche". Cette r�ussite ne saurait bien entendu �clipser d'autres initiatives toutes aussi essentielles comme l'informatisation des biblioth�ques patrimoniales ou la gratuit� dans l'acc�s aux collections permanentes des mus�es parisiens.
Un autre niveau d'�laboration de la politique culturelle est celui des cultures au pluriel, c'est-�-dire celui des pratiques sociales des groupes auxquels chacun appartient. C'est le champ cultiv� en communs, les identit�s collectives. C'est une orientation nouvelle de la politique municipale illustr�e par plusieurs initiatives. Elles sont nombreuses et je me contenterai de citer "Barb�s-Caf�", "Envie d'amphi" ou encore le festival "@rts Outsiders".
Un troisi�me et dernier niveau est celui plus personnel qui pourrait �tre "ma culture". Beaucoup de compagnies th��trales qu'il faut aider s'attachent � l'expression de l'aventure personnelle et quotidienne des citoyens ordinaires � travers la retranscription de propos, la mise en sc�ne de r�cits ou encore l'�dition de paroles. On est ici dans le champ d'une politique de la ville qui doit savoir soutenir et financer les actions en faveur de cette reprise de la parole.
La politique culturelle innovante qui est inscrite dans la communication que vous nous avez pr�sent�e, Monsieur le Maire, cr�e, encourage et tisse ainsi des liens entre ces trois niveaux. Entre l'appartenance � l'esp�ce humaine, l'int�gration dans plusieurs groupes et l'existence individuelle de chacun. Au contraire du multiculturalisme, il s'agit de consid�rer que les Parisiens ont des appartenances multiples des �chelles d'actions qui vont du local � l'international. D'un c�t�, je participe au carnaval de mon quartier, de l'autre je vais applaudir des textes du r�pertoire contemporain au th��tre du Rond-Point, ce qui ne m'emp�che pas de soutenir l'art nouveau italien par une p�tition sur l'Internet.
Certaines formes d'art �mergentes rel�vent d�j� de cette d�marche : les arts de la rue, par exemple qui b�n�ficient d'un soutien significatif de la Ville parviennent � d�fendre une ligne artistique, participent � une reconqu�te et une r�appropriation de l'espace urbain, touchent un public nombreux � l'occasion de f�tes populaires et peuvent contribuer � mettre en valeur un �l�ment du patrimoine architectural.
Un axe essentiel de la nouvelle politique culturelle parisienne vise �videmment � conqu�rir de nouveaux publics. Car ils existent ces publics potentiels qu'il faut d�marcher, mieux disposer, embarquer dans l'aventure de la cr�ation. Et puis il y a cette immense soif commune, celle d'apprendre, de cr�er, de s'exprimer, d'�changer des mots, de la couleur, des sons � faire exploser le p�rim�tre d'intervention de la D.A.C.
Vaste chantier, Monsieur le Maire, qui ne devra naturellement pas oublier ces professionnels dont beaucoup sont, de fa�on insupportable, pr�caris�s et qui attendent plus d'int�r�t port� � leurs conditions de travail et � l'�volution de leur statut.
La confiance que les Parisiens comme nos concitoyens accordent au livre comme vecteur privil�gi� de la culture nous interpelle � plus d'un titre.
La politique men�e en faveur de la lecture publique a eu de solides r�sultats.
Le r�seau des biblioth�ques et des m�diath�ques, dont la fr�quentation est continuellement exponentielle, maille cependant in�galement le territoire parisien � l'Est comme � l'Ouest.
Il faut donc une ambition nouvelle qu'illustre d'ailleurs la construction pr�vue de 2 m�diath�ques dans le 15e et dans le 20e.
Dans une soci�t� qui donne � l'acc�s aux connaissances un prix plus fort qu'aux connaissances elles-m�mes, qui exige toujours de savoir mieux apprendre tout au long de la vie, les biblioth�ques doivent prendre dans notre cit� une place toujours plus importante. Plus que l'�cole, dont la mission est avant tout d'�duquer, la biblioth�que doit �tre le lieu de toutes les mixit�s, entre les groupes sociaux, entre les g�n�rations, entre les classes sociales.
Cette ambition m�rite un grand plan pluriannuel pour les biblioth�ques et comme le livre a cette importance, ne devrions-nous pas �tre plus imaginatifs encore pour aider le r�seau des librairies ind�pendantes � se moderniser et � se maintenir dans notre ville ?
Prenons un autre domaine o� l'engagement de la Municipalit� parisienne est une novation : celui de la politique en faveur des musiques actuelles.
Celle-ci ne saurait naturellement se limiter � la construction de lieux de diffusion, elle doit investir dans des lieux de r�p�tition, proposer des soutiens publics qui ne se traduisent pas tous par des subventions mais aussi par des formations � la production et � l'�conomie du secteur, par des conseils juridiques qui accompagnent la d�marche des musiciens.
Le ratage parisien a �t� � cet �gard exemplaire : pas ou peu de lieux de r�p�tition, aucune diffusion, pas de collaboration avec les institutions nationales comme le centre de ressources IRMA, seulement quelques aides limit�es � la subvention.
De fait, le projet port� � la Ga�t� lyrique fait figure de r�volution.
On retrouve l� toute l'importance des lieux, lieux de production et de diffusion, qui conditionnent la place de l'artiste dans la cit� et pour Paris quelquefois son retour, je pense tout particuli�rement aux plasticiens.
Cela va de la r�alisation de ces ateliers d'artistes, qui manquent cruellement ou qui, pour les existants, sont parfois ill�gitimement occup�s, au d�veloppement des lieux d'accueil et de r�sidence.
La r�sidence, une dimension absente jusqu'� pr�sent, tout particuli�rement pour les artistes chor�graphiques, de la politique culturelle parisienne.
Les lieux, ce seront naturellement de mani�re embl�matique pour cette mandature, outre la Ga�t� lyrique que j'ai d�j� �voqu�e : le 104, rue d'Aubervilliers, la Maison des M�tallos et les Trois Baudets. Un comit� de pilotage commun � ces 4 �tablissements pourrait �tre d'ailleurs utilement cr�� pour f�d�rer toutes les �nergies.
Les lieux, c'est aussi ce pr�cieux r�seau des th��tres priv�s parisiens, � la fois unique et fragile lorsqu'il s'agit des petites sc�nes ou des moyennes sc�nes qu'il faut entretenir, �quiper et moderniser.
Sachons prioritairement pallier les insuffisances du fonds de soutien au th��tre priv� en posant les bases d'une action ambitieuse et protectrice.
Et puis, il y a ces lieux fort divers que l'on nomme interm�diaires, alternatifs o�, dans un cadre le plus souvent pluridisciplinaire, s'inventent les �motions nouvelles de notre temps.
L�, les disciplines se "pacsent", les projets se nouent au fil des rencontres et se cr�ent avec le public dans le temps long de la fabrication. Ils ont nom "Le Plateau", "Ars Longa", ou encore, jusqu'� peu, "Batofar".
Il m'aurait fallu sans doute plus de temps pour �voquer d'autres sujets qui ont ou qui doivent faire l'objet de r�orientations n�cessaires, qu'il s'agisse du d�veloppement des pratiques amateurs ou des politiques tarifaires, qui trop souvent rel�guant le public dans le r�le de consommateurs assist�s, doivent laisser la place au "ch�que culture", dispositif qui a le m�rite de laisser la demande exprimer ses d�sirs, op�rer ses choix, sans contrainte de calendrier.
De m�me, qu'il me soit permis de vous f�liciter, Monsieur le Maire, pour les choix salutaires que vous avez op�r�s en ce qui concerne la politique de la ville dans le domaine du cin�ma et notamment dans sa dimension festivali�re.
Egalement, je souhaiterais que subsiste, si nous parlons de festivals, le concours qu'organisait tous les deux ans le Festival international de la danse de Paris.
Monsieur le Maire, mes chers coll�gues, alors qu'hier notre Conseil pensait � travers le P.A.D.D. un projet global pour le Paris de demain, inscrivons-y une politique culturelle con�ue avant tout comme circulation, comme une voix qui �largit l'horizon, qui relie le plus proche au plus lointain et, pour citer Michel SERRE, comme "un chemin qui, pas � pas, nous emm�ne de voisinage en voisinage dans un voyage qui nous fait d�couvrir une culture voisine, puis une autre qui l'est un peu moins".
(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste et radical de gauche, communiste, "Les Verts" et du Mouvement des citoyens).
M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci.
La parole est � Mme de FRESQUET.
Mme Elisabeth de FRESQUET. - Merci, Monsieur le Maire.
Monsieur le Maire, chers coll�gues, ambitieux, votre projet culturel l'est assur�ment. Sa pr�sentation flatteuse laisse m�me � penser que Paris ne faisait plus rien depuis des lustres et qu'il �tait besoin de tout b�tir sur le n�ant.
Ce proc�d�, qui emprunte un peu trop � la facilit�, m'oblige � souligner que vos pr�d�cesseurs ne sont pas rest�s inertes et qu'ils ont, tout comme vous, eu la volont� de faire de Paris l'une des capitales culturelles du monde.
La culture n'appartient ni � la gauche, ni � la droite. Elle est notre patrimoine commun et chacun d'entre nous sur ces bancs a conscience de la n�cessit� de valoriser avec la plus grande efficacit� les atouts et les attraits exceptionnels de la ville-lumi�re.
J'observe d'ailleurs que la fr�quentation touristique ne subit pas de variations brutales selon que la Ville est dirig�e par un maire de gauche ou par un maire de droite...
M. LE MAIRE DE PARIS. - Les alternances sont rares pour la gauche !
Mme Elisabeth de FRESQUET. - Je souhaitais souligner cette continuit� tout simplement parce que la r�alit� ne peut �tre contest�e au-del� de la d�cence.
Je tenais, avant d'aborder le dossier sur le fond, � remercier, � f�liciter la Direction des Affaires culturelles qui, dans des conditions d'effectifs r�duits, parvient � donner r�alit� aux directives municipales et � �tre un interlocuteur privil�gi� et efficace des associations et des acteurs culturels.
Je le dis d'autant plus sinc�rement que le contenu de votre communication les concerne tr�s directement.
Sa lecture laisse d'ailleurs songeur tellement le champ de vos actions est vaste et touche � tout.
Tout y passe, l'art au c?ur de la ville, destin� � mieux prendre en compte la place des artistes, c'est-�-dire � leur attribuer des ateliers, soutenir leurs projets... Chose tr�s nouvelle s'il en est !
Quant � la transparence, elle sugg�re un proc�s d'intention particuli�rement mal plac� sur lequel je ne d�sire m�me pas m'appesantir.
Je vous souhaite d'ailleurs, Monsieur le Maire, bonne chance dans l'attribution des locaux en rez-de-chauss�e ; leur faible quantit� va vous obliger � arbitrer difficilement entre deux n�cessit�s : la pr�sence de commerces de proximit� et l'installation d'ateliers.
L'inscription de l'art dans l'espace public constitue une initiative int�ressante � laquelle nous souscrivons dans son principe.
Je ne reviendrai pas sur vos intentions sur la Ga�t� lyrique, dossier sur lequel je me suis d�j� largement exprim�e. Vous connaissez nos r�serves sur le devenir de ce lieu que nous aurions souhait� d�dier au "Tout-Paris lyrique".
S'agissant de la musique, la r�alisation d'un grand auditorium m�rite d'�tre rapidement tranch�e. Paris est en effet la seule Capitale qui ne dispose pas de grande salle symphonique digne de ce nom.
L'Orchestre de Paris pratique le nomadisme dans des conditions indignes. Pleyel pr�sente des avantages ind�niables, mais "Que ce soit l�, � la Villette, � la Ga�t� lyrique, au Grand Palais ou ailleurs, que ce soit quelque part Bon Dieu !" pour reprendre la formule de Jacques JULLIARD dans une de ses r�centes chroniques.
M. Christian SAUTTER, adjoint. - Cela vaut Michel SERRE !
Mme Elisabeth de FRESQUET. - Coup de chapeau aux arts du cirque, aux nouvelles formes de th��tre et de chor�graphie, � condition que les moyens ne soient pas dispers�s, que les �v�nements, pr�sum�s non �litistes, ne visent pas paradoxalement le public le moins nombreux et le plus choy�.
J'esp�re que votre "mission cin�ma" saura faire la preuve de son efficacit�, c'est-�-dire pourra faire plus et mieux que ce qui est d�j� fait et qui est loin d'�tre n�gligeable.
Souhaitons que la pol�mique autour des deux festivals soit d�finitivement enterr�e, la rivalit� que vous avez suscit�e ayant �t� particuli�rement malencontreuse. Les �chos dont je dispose me laissent � penser qu'� vouloir concurrencer ce qui existe vous avez r�ussi � annihiler les initiatives les plus abouties. Il vaudrait mieux, dans un souci d'efficacit�, faire jouer la compl�mentarit�, la Ville de Paris s'occupant de pr�server son parc de salles en centre-ville et aidant � la mise en place d'une politique tarifaire plus attractive.
La recherche � tout prix de l'�v�nementiel, la multiplication des "Paris-plage" d�clin�s � toutes les sauces, cin�ma aujourd'hui, gastronomique, folklorique peut-�tre demain, va finir par nous laisser � penser que vous cherchez plus � vous mettre en sc�ne qu'� satisfaire une demande du public.
Dans le m�me ordre d'id�es, "Paris capitale de la cr�ation" qui se d�roule actuellement risque de rater sa cible. Le choix des lieux d'exposition - grandes enseignes, grandes marques, galeries d'art - ne permet pas � mon sens de pr�senter la cr�ation contemporaine au plus large public. La s�lection des espaces est celle des initi�s, celle de l'�lite parisienne et je serais int�ress�e de conna�tre avec pr�cision la sociologie des visiteurs.
Je crois plus g�n�ralement qu'� force de privil�gier la cr�ation et les expressions artistiques actuelles vous oubliez la valorisation du patrimoine et la promotion des enseignements artistiques. Certes, cette d�marche est moins "paillettes", moins flatteuse, mais elle permet de renforcer le lien entre les Parisiens et leur Ville.
L'inventaire que vous avez d�cid� de r�aliser avec le concours de la Commission du Vieux-Paris et le futur Comit� d'histoire est �videmment un pr�alable n�cessaire. J'ajoute qu'il ne serait pas inint�ressant d'associer les Parisiens eux-m�mes � cette initiative, les conseils de quartier constituant des lieux d'�vocation et des relais appropri�s.
Au-del�, je souhaite vivement que des plaquettes recensant les attraits culturels et touristiques de chaque arrondissement soient mises � la disposition des habitants et des visiteurs. On pourrait envisager qu'elles soient distribu�es dans les mairies, dans les h�tels et dans tous les lieux fr�quent�s par le public.
Des plaques pourraient encore �tre appos�es sur les immeubles afin de signaler le classement du petit patrimoine populaire. Pour ne prendre qu'un exemple il serait int�ressant que les habitants du 15e arrondissement sachent que la cr�merie du 10, rue Lecourbe est inscrite � l'Inventaire tout comme l'une des boulangeries de la rue du Commerce. Petites choses certes, mais qui participent pleinement de l'histoire de nos quartiers et de l'amour que leur portent les Parisiens. Le succ�s de "Am�lie Poulain" n'est-il pas tout entier dans ce besoin de proximit�, d'attachement visc�ral � sa rue, � sa place, � son espace de vie quotidienne ?
Vous le soulignez, l'enseignement artistique m�rite d'�tre fortement encourag� : on ne peut pas admettre plus longtemps que seuls 18.000 jeunes fr�quentent les conservatoires. Il faut cr�er d'autres lieux, moins institutionnels, moins conventionnels, afin que tous les enfants soient sensibilis�s � la musique. Nous verrons, � l'usage si l'id�e de carrefour constitue une bonne ou une mauvaise id�e.
Plus largement, je pense que l'am�nagement des rythmes scolaires permettrait de d�gager des plages horaires favorables au d�veloppement de l'enseignement artistique et de l'apprentissage de l'histoire de l'art et de mettre en synergie tous les acteurs - associations, mus�es, professeurs.
Avant de conclure, je souhaiterais attirer votre attention sur la n�cessit� de mettre en place un nouveau support d'information. Vous pouvez toujours multiplier les initiatives mais le plus difficile est de le faire savoir et d'atteindre le public le plus large.
Le Journal � Paris, les panneaux lumineux, les colonnes Moris, Internet, ne suffisent pas, loin de l�. Il faudra bien un jour que nous r�fl�chissions � la cr�ation d'une t�l�vision parisienne sp�cifique consacr�e pour l'essentiel � la diffusion de reportages sur les activit�s culturelles de la Ville, qu'elle en soit l'initiatrice ou pas, d'ailleurs.
M. Jacques BRAVO, maire du 9e arrondissement. - Et Paris-C�ble !
Mme Elisabeth de FRESQUET. - Je suis convaincue que vous ne pourrez pas tout faire, qu'il vous faudra faire des choix. Votre programmation budg�taire, un doublement en fin de mandature, ne permet pas d'atteindre les objectifs que vous poursuivez : plus 12 % en 2 ans. Nous sommes bien loin de respecter les premiers termes du contrat et il ne vous reste que 4 ann�es pour r�aliser la totalit� de la mont�e en charge.
Vous serez oblig� de faire des coupes sombres et l'espoir que vous avez suscit� risque bien de se transformer en une multitude de d�ceptions.
Vous souhaitez, Monsieur le Maire, r�veiller la Belle au bois dormant, m�fiez-vous de son humeur changeante, n'est pas prince charmant qui le veut.
Je vous remercie.
(Applaudissements sur les bancs du groupe Union pour la d�mocratie fran�aise).
M. Christian SAUTTER, adjoint. - Ah !
M. LE MAIRE DE PARIS. - Cela n'a rien � voir avec la derni�re remarque, je voudrais simplement vous dire que d'abord � titre personnel - je ne sais pas ce qu'en pense l'�quipe - je suis tr�s tr�s oppos� � une t�l�vision Mairie de Paris, j'y suis oppos� pour des raisons de culture politique et pour des raisons financi�res aussi. Donc ne comptez pas sur moi pour faire une t�l�vision Mairie de Paris. Cela me para�t d'ailleurs extr�mement d'un autre �ge et pas du tout opportun sur le plan de la culture politique. Bien !
M. Christophe LEKIEFFRE. - Bravo !
M. LE MAIRE DE PARIS. - A propos de nomadisme de l'Orchestre de Paris, je voudrais quand m�me que l'on se rappelle que l'Orchestre de Paris effectivement errait. Par ailleurs, qui a d�cid� et mis de l'argent pour que l'Orchestre de Paris soit install� pour quelques ann�es, avec travaux pay�s par la Ville et par l'Etat, au th��tre Mogador ? Et puisque vous m'amenez � cela, j'ai �crit il n'y a pas longtemps au Ministre de la Culture pour lui demander que la convention qui permet � l'Orchestre de Paris d'�tre au th��tre Mogador soit prolong�e jusqu'� ce que soit livr� l'auditorium. Je signale que c'est notre d�cision politique et nos investissements.
Alors quand m�me - et je vous signale aussi qu'avant le changement de Gouvernement pour l'auditorium, la d�cision a �t� prise. Simplement l'Etat n'avait pas dit que c'�tait la Mairie de Paris qui allait payer � sa place.
J'entretiens les meilleures relations avec le Ministre de la Culture mais il fait ce qu'il peut avec un budget qui a �t� r�duit.
M. Jean TIBERI, maire du 5e arrondissement. - Il fallait le laisser � Pleyel, Monsieur le Maire !
M. LE MAIRE DE PARIS. - Vous tombez bien vous ! Et pourquoi n'avez-vous pas fait jouer le droit de pr�emption ?! Si j'avais �t� Maire de Paris moi quand Pleyel a �t� vendu, j'aurais fait jouer le droit de pr�emption...
(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste et radical de gauche, du Mouvement des citoyens, communiste et "Les Verts").
... et actuellement l'auditorium existerait ! C'est incroyable !
M. Jean TIBERI, maire du 5e arrondissement. - C'est faux, c'est faux, c'est compl�tement faux !
M. LE MAIRE DE PARIS. - A l'�poque j'�tais dans l'opposition et je vous ai demand� de faire jouer votre droit de pr�emption.
M. Jean TIBERI, maire du 5e arrondissement. - C'est tout � fait inexact !
M. LE MAIRE DE PARIS. - Enfin, ch�re Madame de FRESQUET, je voudrais vous dire que je crains que sur "Paris-Capitale de la cr�ation" votre bouderie ne soit pas plus fond�e que votre bouderie...
M. Jean TIBERI, maire du 5e arrondissement. - Quel mensonge ! Mentir � ce point l� il faut le faire !
M. LE MAIRE DE PARIS. - ... pr�c�dente sur "Paris-plage" car "Paris-Capitale de la cr�ation" est non seulement un immense succ�s, provisoire peut-�tre, mais c'est aussi une dynamique �conomique consid�rable dont je suis un peu �tonn� que vous l'ignoriez.
M. Jacques DAGUENET. - Et oui !
M. LE MAIRE DE PARIS. - Bien ! La parole est � M. RIOU.
M. Jean-Fran�ois LEGARET, maire du 1er arrondissement. - Il fallait le faire !
M. LE MAIRE DE PARIS. - Pas du tout, seul le Maire de Paris peut faire jouer son droit de pr�emption. Le moindre �tudiant inform� du droit communal sait cela. A l'�poque je vous l'ai demand�. Vous l'avez refus�.
M. Jean TIBERI, maire du 5e arrondissement. - Monsieur le Maire, non.
M. LE MAIRE DE PARIS. - La parole est � M. RIOU.
Une seconde, Monsieur RIOU, je donne la parole � M. TIBERI, si vous le voulez bien.
Allez-y, Monsieur TIBERI.
M. Jean TIBERI, maire du 5e arrondissement. - D'abord, merci de me donner la parole.
M. LE MAIRE DE PARIS. - Mais bien s�r !
M. Jean TIBERI, maire du 5e arrondissement. - C'est nouveau. Vous me l'aviez retir�e.
M. LE MAIRE DE PARIS. - Je vous la donne beaucoup plus souvent que vous ne me la donniez � l'�poque.
M. Jean TIBERI, maire du 5e arrondissement. - Je vous la donnais toujours.
M. Claude GOASGUEN. - H�las !
M. LE MAIRE DE PARIS. - Voyez le B.M.O. Vous verrez.
M. Jean TIBERI, maire du 5e arrondissement. - Comment pouvez-vous travestir la v�rit� � ce point ? J'ai pass� un accord, alors que j'�tais maire, avec Mme TRAUTMANN pour l'achat de la salle Pleyel. C'�tait un accord que nous avions, officiel.
Vous ne pouvez pas me reprocher de ne pas l'avoir suivi. C'�tait un accord que j'avais pass� selon lequel la Ville achetait la salle Pleyel pour une somme de 35 millions. La somme �tait fix�e par Mme TRAUTMANN. Et l'Etat s'engageait � faire les travaux de restauration int�rieurs.
Au dernier moment, sans que Mme TRAUTMANN en soit inform�e, je le crois parce que je crois � sa bonne foi, et sans que la Ville en soit inform�e, le Gouvernement c'est-�-dire le Minist�re des Finances, croyant faire une bonne op�ration, a vendu au plus offrant la salle Pleyel, � 65 millions.
Nous avons vivement protest�, Mme TRAUTMANN aussi.
En voulant faire une petite op�ration de 30 millions, le Gouvernement de l'�poque a priv� l'Orchestre de Paris d'une salle, qui �tait la salle Pleyel. Il va s'engager maintenant dans une op�ration qui va porter sur des centaines de millions.
Alors, vous ne pouvez pas dire que c'est la Municipalit�, la responsable. C'est le Gouvernement de l'�poque qui a voulu faire cette op�ration.
Je n'ai pas mis en cause M. SAUTTER, je dis que c'est le Minist�re des Finances qui a cru faire une bonne op�ration financi�re, alors que c'est un d�sastre financier, et qui a priv� la Ville de Paris de la salle Pleyel, qui �tait un lieu id�al.
(Applaudissements sur les bancs des groupes U.M.P. et Union pour la d�mocratie fran�aise).
M. LE MAIRE DE PARIS. - Je vous l'ai dit � l'�poque, Monsieur TIBERI, si j'avais �t� Maire de Paris, moi, j'aurais, comme le droit me donnait la possibilit� de le faire, j'aurais pr�empt� la salle Pleyel et aujourd'hui, l'Orchestre de Paris serait salle Pleyel. Je vous l'ai dit � l'�poque.
Souvenez-vous. Regardez dans le B.M.O. Il fallait que vous osiez pr�empter. Vous ne l'avez pas fait, je le regrette.
La parole est � M. RIOU.
M. Alain RIOU. - A la diff�rence de l'oratrice pr�c�dente, je ne vais pas �chauffer la salle au sujet de l'auditorium.
Avec le recul de pr�s de deux ans de mandature, l'occasion nous est donn�e de dresser un premier bilan de la politique culturelle initi�e par la nouvelle majorit�.
Ce bilan est positif, surtout lorsqu'on le compare � la politique culturelle calamiteuse de la pr�c�dente majorit�.
La d�signation de notre coll�gue, Christophe GIRARD, au poste d'adjoint charg� de la Culture, a �t� un signe fort de la Municipalit�. Les attaques violentes et infond�es dont il a �t� l'objet de la part, entre autres, de Pierre BERG�, chiracophilo-mitterandol�tre, ex-satrape de l'Op�ra-Bastille, d'Alain MINC, celui qui a pr�vu la "finlandisation" de l'Europe par l'U.R.S.S., deux ans avant son effondrement, ou de Pierre BENICHOU, amuseur poussif, intellectuel et violent, sont d�j� des signes de sa grande qualit�.
En nommant un Vert � la Culture, la nouvelle majorit� a pris le parti d'une culture pour tous, d�sacralis�e, d�sanctuaris�e, d'une culture de proximit� rendant sa juste place aux initiatives locales.
Somme toute, ce qui s'affirme � Paris depuis deux ans c'est, enfin, une politique ancr�e dans des valeurs, au service de toute la population, sans discrimination ni condescendance, faisant la part belle aux arts nouveaux et aux �v�nements festifs populaires.
Ainsi le Journal des Arts a-t-il �crit r�cemment que Paris avait acquis, depuis un an, gr�ce � ses propres efforts, un vrai statut de capitale culturelle.
Le nombre d'initiatives nouvelles mises en place, leur qualit� t�moignent de cette volont� affirm�e de rendre la culture accessible � tous. Le succ�s populaire qu'elles ont rencontr�, en montrant la justesse des choix pos�s, a stigmatis� les lacunes d'une ville ayant perdu son �me culturelle au fil de plus de vingt ans de politiques uniquement �litistes.
Tenter de dresser le bilan de l'ensemble de l'action culturelle � Paris est impossible tant les initiatives se sont multipli�es. Rappelons seulement les quelques r�alisations les plus symboliques de la volont� de la nouvelle majorit� et de l'influence des Verts au sein de cette derni�re.
Le succ�s, l�gitime, remport� par les op�rations de port�e nationale et internationale "Paris-plage" et "Nuit-blanche" ne doit pas masquer celui d'op�rations, certes moins m�diatis�es, telles que "L'�t� parisien", "cin�ma au Clair de Lune" ou la gratuit� des expositions permanentes des mus�es de la Ville, qui sont autant d'exemples de la d�mocratisation d'une culture allant au devant de la population.
D�s sa deuxi�me �dition, l'op�ration "Paris-plage" a rencontr� un tr�s grand succ�s, tant populaire qu'aupr�s de la presse. Mais, alors que le sable, les galets, le gazon, les transats et les oriflammes ont surtout int�ress� cette derni�re et entra�n� un grand succ�s de curiosit� - ce dont les Verts se f�licitent -, il est apparu que la qualit� de "Paris-plage" a tenu, pour sa plus grande part, aux animations culturelles auxquelles ont �t� consacr�s 40 % du budget total de l'op�ration.
La premi�re �dition de "Nuit-blanche" a essuy� les pl�tres, mais laisse pr�sager un long avenir pour cette manifestation dont le succ�s a d�pass� toutes les pr�visions les plus optimistes.
Sans doute serons-nous amen�s � �tendre ces initiatives dans le temps et dans l'espace pour les rendre accessibles au plus grand nombre, m�me et surtout au-del� du centre historique de la Capitale.
Le projet culturel pour la mandature appara�t comme la r�affirmation des grands principes jusque l� d�fendus. Aux actions phares s'adjoignent nombre de projets int�grant l'art dans le quotidien, amenant la culture aux portes de chacun. Le rayonnement culturel de la Capitale a de beaux jours devant lui quand se r�aliseront les projets de m�diath�ques, la r�novation du Petit-Palais, la nouvelle vocation de la Ga�t� lyrique, l'art dans la rue le long du trajet du tramway, le 104, et la Maison des M�tallos.
Cette politique de grands projets ne nous ferait pas n�gliger celle de la culture de proximit� qui tient la place dominante dans ce projet culturel pour la mandature.
Ainsi, la cr�ation de nombreux ateliers d'artistes, la promotion des arts de la rue et du cirque, la mise en valeur des squats et communaut�s d'artistes, le respect et le soutien des artistes de rues, des intermittents du spectacle non indemnis�s ou au R.M.I., la red�finition des missions des conservatoires d'arrondissement (m�me si elle n'en est qu'� ses balbutiements pour cause apparemment de manque de personnel), l'�mergence de lieux de proximit� de cr�ation, de r�p�tition, de diffusion, d'exposition ou de formation devraient �tre autant d'�tapes n�cessaires pour le d�veloppement d'une culture novatrice, ambitieuse offrant des espaces d'expression pour toutes les cultures institutionnelles, associatives et alternatives.
Nous voulons, par ailleurs, vous f�liciter du triplement des cr�dits d'acquisition d'?uvres au b�n�fice du mus�e d'Art moderne.
Je veux �galement dire un mot de l'excellente politique conduite par P�n�lope KOMIT�S dans le domaine du handicap et de la culture. Ainsi, un audit sur l'accessibilit� des sites culturels est lanc� et un groupe de travail culture et handicap pour l'accessibilit� aux contenus culturels est mis en place, et une charte sera sign�e.
Pourtant, malgr� sa qualit�, il faut �mettre n�anmoins certaines r�serves concernant certains aspects du projet culturel au sens large.
Je m'�tonne du contenu du volet concernant la valorisation de la culture scientifique. Ce dernier champ semble de la comp�tence de Dani�le AUFFRAY, adjointe charg�e des nouvelles technologies et de la recherche, t�che dont elle s'acquitte avec rigueur et sens de l'initiative. Nous serions d�sol�s de voir ainsi sa d�l�gation vid�e d'une partie de sa substance.
Comment, sur ce terrain, ne pas parler des Assises de la culture scientifique et technique qui, � son initiative, se sont d�roul�es en janvier 2002 � l'H�tel de Ville ? En terme d'initiatives municipales � venir et sans �tre exhaustif, il aurait fallu �voquer, par exemple, le soutien au projet de Mutualit� Arts, Sciences, Social, Culture et enfin la volont� d'organiser avec les mairies d'arrondissement et les conseils de quartier des d�bats et controverses portant sur la place des sciences dans la soci�t�.
Je m'�tonne aussi du peu de place faite � la valorisation du patrimoine industriel de la Capitale, par exemple la Halle Pajol, enfant pauvre d'une culture souvent tourn�e vers un pass� plus lointain ou un pr�sent plus contemporain.
Pour courageuse et indispensable qu'elle soit, et malgr� ses limites, la politique culturelle men�e par la Municipalit� a un co�t, et un co�t beaucoup plus �lev� que celui de la politique indigente de la pr�c�dente majorit�.
Le retard accumul� par la Capitale est �norme, surtout lorsque l'on compare sa vitalit� culturelle � celle d'autres capitales europ�ennes. La majorit� s'est engag�e � doubler le budget de la culture hors d�penses de personnel d'ici � la fin de la mandature afin de combler ce retard. Or ce doublement semble mal engag� au regard de l'�volution du budget de la culture ; et quand bien m�me serait-il r�alis� qu'il ne suffirait sans doute pas � financer l'ensemble du "projet culturel pour la mandature".
Si le budget de la culture a effectivement augment� de 12 % depuis 2000, il a connu une baisse de 27 millions de francs entre 2001 et 2002 et stagne en 2003. La courbe n'est que l�g�rement ascendante. Aujourd'hui, pour atteindre le doublement, le budget de la culture devrait augmenter de 20 % chaque ann�e jusqu'� la fin de la mandature, alors qu'il n'a augment� que de 12 % en deux ans. Autant dire que la t�che semble ardue. Je m'interroge d'ailleurs sur le vote du budget 2007 qui atteindrait nos objectifs, mais ne serait qu'un budget fictif en raison des �ch�ances �lectorales. "Les Verts" avaient propos� le doublement du budget global de la culture, le portant � 10 % du budget de la Ville (soit 3,4 milliards de francs d'alors).
La validit� de cette suggestion semble confirm�e par l'ambition du projet culturel pour la mandature et la mont�e des revendications syndicales qui s'inqui�tent de la diminution des frais de fonctionnement. D'ailleurs, la C.F.D.T. et la C.G.T. de la Direction des Affaires culturelles de la Ville appelaient � la gr�ve les 25 et 27 janvier. Ils souhaitent obtenir plus de moyens de fonctionnement, des revalorisations salariales. Or ces derniers sortent du champ du doublement du budget (hors d�penses de personnel). Il ne s'agira pas de doubler le budget en rognant sur les d�penses de fonctionnement et les salaires.
A cet �gard, Monsieur le Maire, votre communication reste muette sur les personnels charg�s de mettre en ?uvre l'ambitieuse politique culturelle que vous nous pr�sentez. Et pourtant, les manques d'effectif s'accentuent, alors que la charge de travail augmente : au niveau des services centraux, le Bureau des enseignements artistiques et le Bureau des ressources humaines sont particuli�rement concern�s ; dans les biblioth�ques, des postes vacants ne sont pas pourvus tandis que les fermetures plus tardives ne s'accompagnent pas des moyens humains suffisants, notamment en ce qui concerne les effectifs de la surveillance. Nous sommes aussi en droit de nous sentir pr�occup�s par la gestion du patrimoine et des archives. La pr�carit� de nombreux agents devrait y �tre r�sorb�e.
Ainsi les destructions d'archives semblent s'intensifier et ob�ir davantage � des imp�ratifs de gestion des stocks qu'� des imp�ratifs scientifiques. Enfin, il est de notori�t� publique que deux archivistes sont "placardis�s" depuis leur t�moignage sur la r�alit� du massacre du 17 octobre 1961, une pratique qui s'apparente � un harc�lement moral incompatible avec notre �thique et avec le respect du droit m�me. Nier le probl�me, comme vous le faites, Monsieur le Maire, ne peut contribuer � le r�soudre.
Pour le patrimoine, un mot de la piscine Molitor. Ce cas est symptomatique d'une d�rive et du risque qui p�se sur le patrimoine parisien. Nous avons vu appara�tre, pour la premi�re fois, lors de la signature du contrat particulier Ville-R�gion, une proposition de d�classement d'un monument inscrit � l'Inventaire suppl�mentaire des Monuments historiques. Cette "crise" nous renseigne utilement sur le peu de consid�ration d'une partie de l'Ex�cutif pour le patrimoine parisien. Nous redoutons que ce cas ne fasse �cole, quels moyens aurions-nous alors d'assurer la conservation, la restauration et la mise en valeur de notre patrimoine ?
Par ailleurs, nombre de projets ont pris un retard certain du fait du manque de moyens, � l'image de celui pris sur le traitement du dossier des conservatoires, ou encore de la carte culture pour les Parisiennes et les Parisiens ou d'une r�forme en profondeur des conditions tarifaires pour les publics les moins favoris�s. D'ailleurs, nous attendons de Christophe GIRARD la plus grande fermet� en la mati�re pour que ses vues s'affirment dans des d�lais raisonnables.
D'autre part, il ne faudrait surtout pas c�der aux sir�nes de la privatisation � outrance. Si un m�c�nat discret de certaines op�rations peut �tre raisonnablement envisag�, il ne peut �tre question de recourir � un sponsoring ou parrainage, en particulier dans le domaine de la culture. Le m�c�nat est en principe une action d�sint�ress�e, sans contrepartie, le sponsoring est une pure action publicitaire dans l'int�r�t direct des entreprises. Nous ne pouvons pas non plus raisonnablement envisager un gel du budget culturel, comme l'avait sugg�r� incongr�ment l'U.D.F. qui, � force de vouloir faire baisser les imp�ts, est pr�te � engager le service public dans une impasse...
M. LE MAIRE DE PARIS. - Vous �tes en train de prendre le temps du groupe "Les Verts", alors qu'il y a deux autres inscrits ; il ne leur restera pas-grand-chose.
M. Alain RIOU. - J'ai fini.
Aussi, le financement de la politique culturelle � Paris devrait passer par d'autres biais. Nous avons sugg�r� � de multiples reprises l'augmentation de l'imp�t, ou tout au moins de certains d'entre eux, qui semble la seule solution pour "habiller Pierre sans d�shabiller Paul". Rappelons que seul, le candidat socialiste � la Mairie de Paris s'est plus ou moins engag� � ne pas augmenter les imp�ts et que le contrat de mandature entre nous vise des engagements de moyens et de r�sultats. Il faut, en la mati�re, prendre nos responsabilit�s et quitter cette forme d'aveuglement.
Donnons-nous les moyens de mettre en place � Paris une v�ritable politique culturelle de proximit� exigeante, jusque dans les coins les plus recul�s, les plus oubli�s voire les plus sacrifi�s de la Capitale ; cr�ons durablement des �v�nements � fort contenu culturel et festif � la mesure de son dynamisme et de son rayonnement international ; insufflons du sens aux projets pour qu'ils soient porteurs de valeurs r�publicaines de tol�rance, de partage, de libert� et d'�quit�. Il nous appartient de rendre la Ville � ses habitants, � ses visiteurs, de la faire conna�tre et aimer. Il est plus que temps de nous doter des moyens de nos ambitions l�gitimes d'offrir la culture en partage � tous et � chacun.
Monsieur le Maire, mes chers coll�gues, je vous remercie.
(Applaudissements sur les bancs du groupe "Les Verts").
M. LE MAIRE DE PARIS. - Quand vous proposez des d�penses, laissez-en un petit peu pour les espaces verts, la lutte contre la pollution, le logement social.
Quant � l'engagement qu'en fin de mandature, le budget de la culture aura doubl�, hors d�penses de personnel, cet engagement sera tenu, comme tous les autres. Mais je crains que vous ne soyez d�pensier avec les cr�dits de la Ville, tout pour la culture, comme vous l'avez �t� pour le temps car il ne reste plus que 3,22 minutes pour les deux orateurs Verts qui s'exprimeront tout � l'heure.
La parole est � Catherine DUMAS.
(Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe, remplace M. le Maire de Paris au fauteuil de la pr�sidence).
Mme Catherine DUMAS. - Merci, Monsieur le Maire.
Monsieur le Maire, je ne suis pas d'accord avec vous. Aujourd'hui, le mot culture ne fait pas obligatoirement �cho � Paris.
Les villes telles que Rome, Londres, mais aussi Barcelone ont, � ce jour, une longueur d'avance.
Les quelques propositions qui apparaissent dans votre communication et qui ne sont pas d�pourvues d'int�r�t sont compl�tement occult�es par les deux op�rations phares qui r�sument votre bilan culturel depuis votre �lection, je veux parler de "Paris-plage" et de "Nuit-blanche". Maigre bilan, maigres projets.
Vous surfez sur ce qu'ont fait vos pr�d�cesseurs ; bien s�r, il vous fallait justifier ce pourquoi vous avez �t� �lu, faire r�ver les Parisiens. Il vous faut aussi laisser votre empreinte, d'o� votre derni�re id�e lumineuse, exploiter la Saint-Valentin pour que les Parisiens puissent se dire "Je t'aime" sur les panneaux d'affichage de la Ville. C'est, si je puis me permettre, la cerise sur le g�teau.
Ne vaudrait-il pas mieux investir l'argent des contribuables parisiens dans le domaine culturel plut�t que dans des op�rations � paillettes ?
Pour ma part, je propose de remettre le livre dans le circuit des investissements culturels. Aujourd'hui, le livre rencontre de grandes difficult�s, tout d'abord dans l'�dition et la distribution. La disparition ou la survie de beaucoup d'�diteurs est un probl�me d�licat auquel il convient d'apporter les inflexions n�cessaires. Le nombre de librairies de quartier a diminu� de fa�on inqui�tante, soit la librairie a purement et simplement disparu, soit elle a �t� remplac�e par un Point Presse o� quelques livres, g�n�ralement des best sellers, sont propos�s, sans personnel comp�tent pour conseiller l'acheteur.
La Ville de Paris doit entreprendre une d�marche de soutien aux librairies, encourager les �v�nements locaux au profit de ces commerces de proximit�.
Aussi, il me semble n�cessaire de relancer le livre au format de poche qui vient de f�ter ses 50 ans.
Monsieur le Maire, je vous propose de cr�er "La tr�s grande librairie du livre de poche" : une op�ration ambitieuse, populaire, qui consiste � redonner aux Parisiens le go�t � la lecture en s'adressant � un public de 7 � 77 ans.
Je m'explique : un �v�nement unique en Europe consacr� seulement au livre de poche.
Ce concept consiste � mettre en valeur les livres au format de poche par th�me et par auteur. Il pourrait toucher de ce fait le plus grand nombre de Parisiens.
Cet �v�nement ponctuel, soutenu par les partenaires m�dias et financiers, pourrait �tre renouvel� chaque ann�e dans un lieu dit itin�rant � savoir dans un quartier diff�rent de la Capitale et devrait �tre d�clin� de fa�on permanente dans certains lieux publics : mairies, caf�s, stades, m�tros, etc., sous des formes � d�terminer.
D'autre part, tous les �v�nements que parraine d�j� la Ville de Paris pourraient �tre associ�s � cette op�ration. Un partenariat avec l'Education nationale serait �galement � envisager, et ce sera l'objet de ma deuxi�me r�flexion.
S'il est bien une pr�occupation que les �lus parisiens doivent avoir, c'est d'inciter les enfants � la lecture.
Il faut mettre en contact les enfants avec le livre d�s le plus jeune �ge.
Toutes les initiatives prises dans ce sens doivent �tre soutenues et encourag�es.
Des aides pourraient �tre attribu�es aux lieux de lecture qui offriraient aux enfants des animations adapt�es.
De m�me, et sans empi�ter sur les comp�tences de l'Education nationale, il me semble important de soutenir les enfants en difficult� dans leur apprentissage de la lecture.
Le livre doit �tre utilis� comme un moyen d'int�gration en soutenant les litt�ratures �trang�res et francophones dans les biblioth�ques.
A ce sujet, vous nous avez appris, hier, que vous souhaitiez mettre en ?uvre une grande r�forme des rythmes scolaires. J'esp�re qu'elle consacrera un large part � la culture.
Enfin, Monsieur le Maire, comme d'autres villes �trang�res ont su le faire, d�veloppons la lecture publique de la po�sie dans les lieux conviviaux, dans les parcs et jardins en p�riode estivale.
Nos amis Romains appr�cient ces initiatives qui contribuent � l'animation des quartiers, cr�ent un lien social et attirent de nouveaux publics qui ne sont pas toujours lecteurs habituellement.
A l'heure de la d�centralisation, je vous propose, Monsieur le Maire, la d�centralisation de la lecture. Servons-nous de la particularit�, de la richesse et de la diversit� de nos arrondissements.
Pour finir, Monsieur le Maire, permettez-moi de sugg�rer d'utiliser � bon escient vos talents de communicateur au profit de ce "vecteur de la connaissance" qu'est la lecture. Les Parisiens n'en demandent pas plus, les �lus U.M.P. non plus !
(Applaudissements sur les bancs du groupe U.M.P.).
Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe, pr�sidente. - Marie-Pierre de LA GONTRIE, vous avez la parole.
Mme Marie-Pierre de LA GONTRIE, adjointe. - Madame la Maire, mes chers coll�gues, une politique culturelle c'est, je crois, accepter la libert� des cr�ateurs, prendre le risque de l'erreur, faire preuve d'une certaine ouverture d'esprit, refuser l'a priori, c'est une ambiance intellectuelle.
Depuis de nombreuses ann�es, nous constations, pour la regretter, l'atonie de la vie culturelle � Paris et j'ai trouv� tout � l'heure, je le lui aurais dit affectueusement, le Maire de Paris excessivement s�v�re avec Mme MAC� de L�PINAY qui, au fond, a parfaitement traduit la conception qui �tait celle de la mandature pr�c�dente concernant la politique culturelle. D'ailleurs, il se trouve que nous avons gagn� les �lections municipales !
Pourquoi � l'�poque avoir fait preuve d'une telle surdit� face � la faiblesse de l'accueil des plasticiens � Paris ? Comment, � l'�poque, n'avoir pas per�u l'attente des Parisiens sur l'ouverture de l'espace public ?
L'art fait partie de la vie, l'art fait partie de la Ville ! Les arts de la rue n'avaient pas droit de cit� � Paris. "Nuit-blanche" notamment, mais pas seulement, commence � r�pondre � cette attente.
Pourquoi cette frilosit� face � l'�laboration de projets partag�s avec d'autres partenaires, d'autres collectivit�s. Vous le comprendrez, j'�voquerai les partenariats avec la R�gion.
Nous n'avons jamais pu, au Conseil r�gional, mettre en place de partenariats intelligents avec la Ville de Paris. Je rassure mes coll�gues : il ne s'agissait pas d'ostracisme politique, j'entretiens les meilleurs rapports culturels avec le D�partement de Seine-et-Marne comme avec le D�partement de la Seine-Saint-Denis.
Je crois qu'aujourd'hui il convient de t�moigner de la conception renouvel�e de la Ville dans l'approche de ces partenariats, qu'il s'agisse des rapports avec les arrondissements ou avec la R�gion. Le concept de coproduction que le Maire de Paris a d�velopp� depuis son arriv�e � l'H�tel-de-Ville s'�tend aussi au champ de la culture. C'est notre conviction : un r�le nouveau doit �tre celui de la Capitale, nous devons entamer une d�marche nouvelle, Paris n'est pas une entit� � part, elle a une responsabilit� particuli�re mais elle doit travailler en relation avec ceux qui l'entourent.
Nous avons pr�c�demment manqu� bien des occasions dans cette Municipalit� que, Dieu merci, le nouvel adjoint � la Culture et le Maire de Paris ont su rattraper. Des occasions manqu�es, des occasions rat�es.
D�sormais, la Ville de Paris est partenaire du Centre d'art contemporain dans le 19e, "Le Plateau". Je n'ai jamais compris pourquoi la Ville de Paris avait refus� d'en �tre partenaire.
Aujourd'hui, la Ville de Paris fait partie du r�seau des villes refuges d'accueil des �crivains pers�cut�s. Je n'ai jamais compris pourquoi la Ville de Paris avait refus� d'�tre partenaire.
Aujourd'hui, la Ville de Paris b�tit une politique ambitieuse dans le domaine du cin�ma et elle le fera �galement avec la R�gion.
Aujourd'hui, nous travaillons de mani�re s�rieuse et concr�te sur le 104, rue d'Aubervilliers et sur la Ga�t� lyrique. Que de d�bats que nous n'avons pu avoir au-del� d'approches symboliques et financi�res avec la Ville de Paris alors !
Vous l'avez compris, le groupe socialiste, au nom duquel notamment je m'exprime, mais �galement le Conseil r�gional se r�jouissent de cet �tat d'esprit nouveau qui permettra d'amplifier notre action culturelle au plus pr�s de l'attente des Parisiennes et des Parisiens, mais j'ai envie de dire surtout au plus pr�s des besoins des cr�ateurs.
(Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste et radical de gauche).
Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe, pr�sidente. - Merci beaucoup, Marie-Pierre de LA GONTRIE.
La parole est � Nicole AZZARO.
Mme Nicole AZZARO. - Merci, Madame la Maire.
En contrepoint de l'intervention d'Alain RIOU qui a dress� le premier bilan de deux ans de la politique culturelle de notre majorit�, je voudrais intervenir sur la partie de votre intervention intitul�e "soutenir le cin�ma" dont j'aurais souhait� qu'elle s'intitule "soutenir l'audiovisuel".
Bien s�r, aider � la r�novation et donc � l'existence m�me des salles ind�pendantes, qui sont souvent des salles de quartier est essentielle. Parce que ces salles sont un �l�ment de la culture de proximit� que nous voulons et que, sans cette aide, elles ne survivraient pas. Mais �galement parce qu'elles mettent � l'affiche des films d'auteurs qui n'auraient aucune possibilit� de figurer au programme tr�s marketing des salles multiplex.
Vous nous annoncez la cr�ation d'un �v�nement cin�matographique d�s 2003. L� encore, j'aurais aim� qu'il s'agisse d'un �v�nement audiovisuel d'envergure ouvert non seulement � tous les publics, mais aussi � tous les films, qu'ils soient films de cin�ma, films de t�l�vision ou films d'amateurs.
Dans la politique culturelle que vous nous proposez, je regrette les absences de la vid�o et de la t�l�vision. Pourtant, il s'agit l� de moyens d'expression et de communication contemporains, populaires et capables de porter tout autant que le cin�ma des contenus artistiques.
L'existence et le r�le du Forum des images ne suffisent pas � refl�ter l'importance de la t�l�vision et de la vid�o dans la cr�ation artistique et dans l'expression de la cr�ativit�.
Une politique volontariste en mati�re d'audiovisuel doit offrir aux Parisiennes et aux Parisiens une ou plusieurs cha�nes locales r�pondant � leurs besoins de connaissances, d'informations et d'expression.
Des cha�nes de quartier pour relayer l'information micro-locale, aux cha�nes communautaires r�pondant aux besoins de solidarit� de leurs membres ou ressortissants, en passant par les cha�nes associatives d'information, d'expression et aussi de cr�ation, toutes ont leur pertinence et leur l�gitimit� pour Paris et sa R�gion.
Notre Capitale �tant une des seules en Europe � ne pas disposer d'une offre de t�l�vision locale, la cr�ation, le d�veloppement et la r�ussite de telles offres t�l�visuelles font heureusement parties des objectifs de la Municipalit�. Mais alors, pourquoi se contenter des demi-mesures propos�es par le rapport "Missika" ?
Explication : par convention, la cha�ne du c�ble "Paris-Premi�re" est tenue d'assurer la diffusion de programmes d'actualit�s parisiennes. Cela fait d�j� plusieurs ann�es que cette cha�ne n'honore plus ses obligations en la mati�re. Le rapport "Missika" propose donc un d�crochage local quotidien pour permettre la diffusion de programmes locaux et associatifs. Mais cela est inacceptable.
Il n'est pas concevable que les associations qui portent des ambitions f�condes en mati�re de t�l�vision communautaire, de quartiers, de cr�ation se contentent de quelques minutes accord�es par "Paris-Premi�re", et ceci d'autant plus, cela devrait vous plaire, Monsieur le Maire, que les projets de fondation ex-nihilo de cha�nes seraient moins on�reux que le financement des tranches horaires fournies par "Paris-Premi�re".
Il para�t �minemment normal que la Ville de Paris mette � disposition des habitants les moyens de communication n�cessaires � leur information, � leur connaissance et leur expression.
La cr�ation de cha�nes parisiennes doit se faire sans attendre la mise en ?uvre de la T.N.T., la t�l�vision num�rique terrestre, pr�vue pour 2004. Ceci permettra la cr�ation de 9 canaux nouveaux.
On se demande alors pourquoi la cr�ation d'une cha�ne culturelle parisienne ne fait pas partie de la politique culturelle que vous nous pr�sentez. Imaginez une cha�ne de t�l�vision culturelle, gratuite, locale, qui b�n�ficierait � tous les Parisiens et �galement au Grand Paris. Elle permettrait de faire conna�tre, d�couvrir, partager et aimer la cr�ation artistique qui anime Paris et ses alentours.
Paris s'honorerait, en rattrapant son retard et en mettant enfin � la disposition de ses habitants, d'une part une cha�ne de t�l�vision urbaine couvrant tout ce qui est cr�atif � Paris et, d'autre part, en offrant un canal de diffusion aux associations, reflets de la diversit� sociale et culturelle de notre Ville.
Je vous remercie.
(Applaudissements sur les bancs du groupe "Les Verts").
Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe, pr�sidente. - Merci.
La parole est � Roxane DECORTE.
Mme Roxane DECORTE. - Merci, Madame la Maire.
Madame, la Maire, mes chers coll�gues, la culture constitue ce fil essentiel qui relie les femmes et les hommes � travers les g�n�rations. La culture est un terrain fondamental de l'�galit� des chances, un enjeu majeur de notre vie collective.
La culture, c'est d'abord la culture pour tous. L'acc�s au meilleur doit �tre effectivement ouvert � tous et pas seulement "disponible".
Aussi permettez-moi de me demander pourquoi votre intention, je cite : "d'atteindre un plus large public est plac�e � la fin de votre projet culturel ?".
En effet, cette intention m�rite de constituer la base ma�tresse d'une politique culturelle et artistique bien comprise. Force est de constater que nombre d'actions culturelles ne conna�traient pas les �checs que l'on sait si le d�fi de la r�conciliation entre l'excellence et le public �tait au c?ur de toute politique culturelle.
La d�mocratisation de la culture repose sur l'�largissement des pratiques. V�ritablement, l'absence dans 19 arrondissements sur 20 de classes � horaires am�nag�s, comme on peut en trouver presque partout en province, est la carence la plus criante.
Quant la r�forme des rythmes scolaires sera-t-elle enfin initi�e � Paris permettant ainsi � plus de 15.000 �l�ves d'�tre concern�s par un apprentissage artistique � l'�cole (d'�veiller leur sensibilit�) ?
La culture doit �galement aller au devant des Parisiens. L'exp�rience des champs de la sculpture, du Pont des Arts ou encore l'initiative locale de la rue L�on dans le 18e arrondissement, indiquent une direction qui m�rite des initiatives innovantes et ambitieuses, symbole d'une plus grande proximit� avec les Parisiens.
La rue, autrefois lieu de relations sociales par excellence est trop souvent un lieu de s�paration. Elle m�rite une reconqu�te. Il s'agit de retrouver une culture populaire o� l'on ouvre les rues parisiennes aux diff�rentes expressions artistiques : expositions d'artistes, d�fil�s de marionnettes.
La deuxi�me inqui�tude qu'il m'appartient de souligner, c'est qu'on puisse croire encore que l'action culturelle s'�labore par l'adjonction d'institutions nouvelles, dont non seulement les charges de fonctionnement auront des cons�quences redoutables, mais surtout dont l'invention semble faire fi d'une r�alit� qu'il faudrait pourtant prendre en compte sans tarder et avec des moyens substantiels, cette fois.
Je m'inqui�te surtout de ce qui restera en termes de moyens apr�s l'ouverture de vos institutions nouvelles, � ces initiatives informelles, transversales, � ces cr�ations spontan�es � ces exp�rimentations, � ces lieux informels qui sont le plus souvent porteurs d'une modernit�, de d�marches novatrices, de nouvelles pratiques, de nouvelles approches que peuvent leur envier certains �quipements institutionnalis�s.
Dans ce prolongement, j'�voquerai un th�me qui me tient � c?ur en tant qu'�lue mais aussi en tant qu'usager. Les caf�s-concerts de Paris constituent un r�seau d'offre culturelle de proximit� indispensable � Paris, d'un point de vue aussi bien artistique que social et �conomique. Ils cr�ent du lien social si n�cessaire dans la Ville et permettant l'�mergence de nouveaux talents (Yann TIERSEN, B�nabar, Dikes...). Bien que leur activit� soit principalement culturelle (devant avoir la licence d'entrepreneur de spectacle), ils continuent � �tre consid�r�s par les services de police comme uniquement des d�bits de boissons. Ces lieux de vie et de culture parisiens connaissent des difficult�s quotidiennes, aussi il est important que chacun joue le jeu, sans aucune d�magogie et en �vitant de faire courir le bruit d'une liste noire des �tablissements dans le collimateur de la Pr�fecture de police.
Enfin pour conclure, je tiens � pr�ciser qu'� aucun endroit de votre communication ne figure le mot int�gration. Or, la culture doit �tre consid�r�e plus que jamais comme un moyen de lutte privil�gi� contre l'exclusion. Ne faut-il pas faire beaucoup plus dans les quartiers o� le tissu social s'est disloqu� ? Je pense en particulier au 18e arrondissement qui fait figure de creuset musical tant pour le rai, le mouvement hip-hop ou le rap, o� il y a tant de talents musicaux � la recherche de lieux d'expression.
A aucun endroit de votre communication, je n'ai lu le mot "francophonie". Or, face � la culture anglo-saxonne favoris�e par l'usage universel de l'anglais, il convient de d�fendre et de promouvoir la langue et les cultures d'expression fran�aise. Pour se donner les moyens de pr�server sa renomm�e internationale, Paris doit appliquer au domaine culturel son ambition de "capitale de la francophonie".
Force est de constater que d�cid�ment vous privil�giez l'h�g�monie de l'�v�nementiel, c'est-�-dire une politique culturelle par trop plaqu�e sur une politique de communication.
Votre politique culturelle repose sur une spectacularisation plut�t que sur des actions de fond, � long terme et sans d�magogie, � l'image de Marcel Landowski dont la devise consistait � installer des actions culturelles de proximit� dans le temps.
Je vous remercie de votre attention.
Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe, pr�sidente. - Merci.
La parole est � M. BLISKO.
M. Serge BLISKO, maire du 13e arrondissement. - Merci, Madame la Maire.
Je voulais simplement, en quelques minutes, dire combien la communication "culture", que vous avez pr�sent�e, Monsieur le Maire, montre � quel point le changement impuls� depuis deux ans, commence � se traduire � la fois dans les intentions bien s�r, dans les actes et aussi dans les r�sultats.
L'intention parce que je crois que nous avons tous, collectivement, dit que la culture �tait au c?ur de notre projet.
La culture est quelque chose de compliqu� � d�finir, dans une grande ville comme Paris. C'est une somme de rencontres individuelles, de consommation de biens et de lieux culturels, un attrait aussi international de Paris, des pratiques collectives, la construction de r�seaux nouveaux et des performances de haut niveau.
Tout cela se m�lange dans ce qu'on appelle culture, par rapport � ce que j'�coute depuis ce matin.
Quelqu'un a parl� de la Belle au bois dormant, qui se r�veille lentement, trop lentement, devant des millions de Parisiens, de Franciliens. Devant les citoyens fran�ais, j'ose dire du monde, soyons modestes, se met en place cette culture nouvelle o�, � la fois, il y a respect du patrimoine et d�veloppement, et puis respect de notre pass� prestigieux mais aussi place � l'exp�rimentation, � la nouveaut�, � la d�couverte des pratiques culturelles du XXIe si�cle.
De ce point de vue, je voudrais saluer l'�coute, l'action de Christophe GIRARD, de ses collaborateurs, de la Direction de l'Action culturelle, l'impulsion du Maire de Paris, qui y est pour beaucoup.
Je voudrais dire qu'embl�matique �tait, pour nous, la r�ussite que beaucoup ont cit�e.
A un d�tail d'importance pr�s - sans vouloir faire de l'humour noir - sur "Nuit-blanche" : c'�tait un moment formidable de rencontres, de d�couvertes, de cheminements nouveaux, et puis de r�appropriation et m�me d'appropriation par les Parisiens venus nombreux, et m�me au-del�, de Parisiens venus de partout.
Je voudrais vous faire part de mon t�moignage, de ma satisfaction en tant que maire du 13e, d'avoir pu contribuer � mieux faire conna�tre quelques lieux magiques de notre arrondissement.
Je voudrais en profiter pour donner un coup de chapeau � M. Jean BLAISE, � son �quipe, et � toute l'�quipe de la Ville de Paris, qui ont contribu� � cette r�ussite.
Je crois n�anmoins que la r�ussite tr�s marquante de notre action culturelle, depuis deux ans, doit �tre amplifi�e et confort�e, d'abord financi�rement, bien �videmment, et sans rentrer dans le d�tail pr�cis des calculs de M. RIOU.
D'un point de vue budg�taire, il faut faire progresser un certain nombre de dossiers. Il faut en tenir compte avec une sorte de discrimination positive en tenant compte de ce que les arrondissements dits p�riph�riques et populaires, qui n'ont pas une histoire culturelle, au sens classique, tr�s riche, ont quand m�me d'importants besoins.
C'est sans doute dans ces arrondissements que se cr�e la culture de demain et d'aujourd'hui.
D'autres sont plus gorg�s d'�difices et d'histoire, d'�difices prestigieux qui n�cessitent de lourdes d�penses pour �tre maintenus en �tat et m�me am�lior�s.
Il n'emp�che que je pense qu'il ne faut pas comparer les deux. Il faut deux �chelles. D'un c�t� peu de patrimoine, peu de th��tres priv�s ou publics, peu d'�tablissements de la Ville de Paris.
Heureusement, parce qu'il y a une politique ant�rieure, il y a des biblioth�ques r�parties, � quelques disparit�s pr�s, sur tout le territoire. Il n'en reste pas moins que ces lieux avec m�me les reconversions de lieux qui n'�taient pas faits pour �tre des lieux culturels au d�but, on le sait assez, sont aujourd'hui les lieux de cr�ation de demain.
Voil� ce que je voulais dire sur ces in�galit�s. Je voudrais aussi terminer sur une petite r�flexion sur la place des mairies d'arrondissement et pour �tre pr�cis des �quipes d'arrondissement, ce qui est essentiel. Nous avons, vous le savez, depuis deux ans un budget d'animation culturelle d'arrondissement.
Cela me fait un peu penser au pain, � la boulangerie, autre sp�cialit� parisienne, Madame la Maire. Pour faire du bon pain, il faut de la bonne farine, du sel et du levain. Je n'en dis pas plus, mais je ne sais pas tr�s bien qui est le sel ou le levain dans nos mairies d'arrondissement. En tout cas, je voudrais profiter de ce d�bat pour nous interroger, pour que nous nous interrogions ensemble, sur l'articulation n�cessaire entre les initiatives d'arrondissement et celles de la Mairie de Paris. Je ne suis pas s�r que la simple d�volution d'une ligne budg�taire importante d'animation culturelle de proximit� soit la solution, du moins r�sume l'ensemble des op�rations qui peuvent �tre faites, situ�es dans un arrondissement, port�es par une association, voire par l'�quipe d'arrondissement.
Souvent c'est tr�s lourd financi�rement, techniquement et il nous faut une aide qui n'est pas simplement financi�re, mais aussi morale, technique, intellectuelle de la mairie centrale et des services de la D.A.C. qui m�riteraient d'ailleurs d'�tre �toff�s.
Depuis deux ans, par exemple dans le 13e, nous organisons une journ�e italienne qui est devenue semaine italienne consacr�e � la vie culturelle de l'Italie d'aujourd'hui avec � la fois les chansons, le cin�ma. Nous organisons un festival Fellini au mois de septembre. Tout cela est tr�s fr�quent�, pas simplement par les Parisiens de l'arrondissement. Cela va bien au-del�. Il faut bien se rendre compte que m�me une initiative d'arrondissement rejaillit � juste titre sur tout Paris.
Plusieurs de mes coll�gues ont insist� aussi sur l'urgence de sortir les conservatoires d'arrondissement de la crise et de leur manque d'investissement. Je ne saurais que souscrire en plaidant �videmment pour le conservatoire du 13e. Je le rappelle, c'est aussi l'objet du d�bat de rappeler des faits pr�cis et factuels qui nous emb�tent et que l'on devrait corriger. Plus de 400 enfants n'ont pas pu trouver place dans ce conservatoire faute de place et il faut donc le reconstruire au plus vite.
Je sais, Madame le Maire, que je dois � regret, parce qu'il y a beaucoup de choses que j'aurais voulu dire, mais elles ont �t� excellemment dites par des orateurs comme Patrick BLOCHE, conclure en r�p�tant la fiert� retrouv�e que j'ai moi-m�me et que je retrouve chez beaucoup de Parisiens devant ce Paris qui bouge, avance et exp�rimente.
Permettez-moi de vous remercier de cette impulsion et de terminer en insistant sur l'importance de la rencontre, le m�tissage qui marque le Paris d'aujourd'hui. Je cite Amadou HAMPAT� BA, �crivain malien qui d�clarait : "la beaut� d'un tapis vient de la diversit� de ses couleurs. Ainsi en va-t-il de toute l'humanit�.
Je vous remercie.
(Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste et radical de gauche).
Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe, pr�sidente. - Merci et ainsi en va-t-il de Paris.
Je donne � la parole � M. Roger MADEC.
M. Roger MADEC, maire du 19e arrondissement. - Madame la Maire, en compl�ment des interventions des autres orateurs de mon groupe, je vais plus particuli�rement centrer mon propos sur la th�matique patrimoniale.
Je souhaiterais tout d'abord profiter de ce d�bat consacr� aux questions culturelles pour me f�liciter de l'institution d'une d�l�gation de l'adjoint au Maire charg� du patrimoine et aussi de la cr�ation d'une d�l�gation au patrimoine qui marque tout l'int�r�t du Maire de Paris et de son Ex�cutif pour mieux prendre en compte cette dimension dans l'action municipale.
Je souhaiterais aussi, alors que se d�roulait la semaine derni�re, dans cet h�micycle, un d�bat sur la d�centralisation, que me soient pr�cis�s ou clarifi�s la place et le r�le de l'Etat dans la gestion et la mise en valeur du patrimoine parisien. Quelles sont les responsabilit�s respectives, y a-t-il un effort particulier de l'Etat � Paris dans un contexte de r�duction des cr�dits � accorder au Minist�re de la Culture ?
Un rapport command� par Catherine TASCA soulignait notamment la d�gradation de l'�tat g�n�ral des Monuments historiques, la gestion insatisfaisante des cr�dits qui sont allou�s � la restauration et � leur entretien et la sous-consommation de ces budgets. Il �tait en particulier expliqu� que le manque d'entretien chronique des Monuments historiques entra�nait des d�gradations importantes n�cessitant ensuite des r�parations lourdes et co�teuses.
Pour rentrer d'avantage dans la communication qui nous a �t� pr�sent�e, je tiens � souligner le souci de respecter un �quilibre entre les arrondissements et n'oublions pas les arrondissements dits p�riph�riques et les arrondissements de l'Est parisien comme ce fut le cas trop longtemps.
En effet, au-del� du grand projet embl�matique du 104, rue d'Aubervilliers, port� par le Maire de Paris, d�j� bien avant son �lection, et moi-m�me, appuy�, pouss� en avant par M. Christophe GIRARD et Sandrine MAZETIER, je rel�ve des propositions visant � la mise en valeur du patrimoine des arrondissements de l'Est parisien qui n'�taient pas jug�s dignes d'int�r�t ou d'�tre valoris�s et abandonn�s au profit du centre historique de Capitale.
Je note par exemple avec int�r�t le souhait de faire de la lumi�re au-del� de ses fonctions traditionnelles, un instrument de mise en valeur notamment des quartiers des portes de Paris, dans les quartiers situ�s en secteur "politique de la ville", � l'or�e des bois ou aux abords des canaux.
Il n'y a, � l'heure actuelle, quasiment pas d'illuminations dans l'arrondissement dont j'ai la charge et qui est un arrondissement en devenir. Il y a, autour du canal, des beaux projets. Je pense que le plan d'�clairage et d'illumination de Paris peut �tre mis en pratique. Je fais toute confiance dans la volont� de Sandrine MAZETIER pour que le projet d'illumination du bassin de la Villette soit retenu.
Tout au long de cette communication, je note le souci permanent de d�mocratisation de la culture et du patrimoine et d'en faire b�n�ficier tous les Parisiens. A ce titre, je voudrais revenir sur ce qui me para�t �tre une mesure capitale de ce d�but de mandature : la gratuit� des collections permanentes des mus�es. Elle doit contribuer � fid�liser le public qui fr�quentait l'un ou l'autre des mus�es parisiens, inciter ces visiteurs � d�couvrir tous les autres, et enfin conqu�rir de nouveaux publics, en particulier le jeune public souvent r�tif et aussi les familles socialement d�favoris�es qui ne pouvaient supporter les frais d'acc�s des mus�es.
Peut-�tre conviendrait-il cependant de mieux faire conna�tre cette mesure car souvent les touristes comme les Franciliens ou m�me les Parisiens ignorent si tel ou tel mus�e appartient � l'Etat, � la Ville, � un propri�taire priv� et, par cons�quent, quelle est la politique tarifaire.
Je note �galement avec satisfaction, la volont� de moderniser les infrastructures existantes notamment des mus�es du Petit-Palais et du mus�e Cernuschi, dont les r�novations, plus que n�cessaires, �taient fr�quemment �voqu�es, promises, annonc�es, mais remises. Les mus�es parisiens ont encore une image de mus�es d'atmosph�re, mais aussi parfois de belles endormies, refl�tant un certain manque d'ambition des municipalit�s pr�c�dentes. Je suis persuad� que ces r�novations et ces am�nagements donneront un nouvel �lan, une nouvelle dynamique aux �tablissements parisiens, une nouvelle approche de la culture et notamment celle des mus�es.
Ce constat vaut �galement pour les biblioth�ques. On tombe v�ritablement des nues lorsque l'on apprend qu'aujourd'hui certaines biblioth�ques parisiennes ne sont pas toujours pas informatis�es. Assur�ment, dans ce domaine, comme dans d'autres, la Municipalit� actuelle est oblig�e aujourd'hui de rem�dier aux cons�quences d'un manque d'ambition ou d'anticipation de plus de 25 ans de gestion d�pass�e dans le domaine de la culture.
J'ai bien conscience que cette modernisation est un travail de longue haleine, c'est certainement un chantier � l'�chelle de la mandature et sans doute d'une mandature suppl�mentaire, mais c'est tout le sens de l'engagement que nous avons pris devant les Parisiennes et les Parisiens en faveur de l'am�lioration du service rendu.
Je terminerai enfin en �voquant un sujet peu abord�, mais qui fait �cho � l'actualit� et aux manifestations organis�es par les arch�ologues, �v�nement suffisamment rare pour qu'il soit soulign�, qui fait suite � la d�cision du Gouvernement de r�duire de 25 % la taxe en faveur de l'arch�ologie pr�ventive. En regrettant cette d�cision qui illustre le peu de cas fait par le Gouvernement actuel de la science, de la culture et de la recherche, je souhaiterais savoir quelles en sont les cons�quences au niveau parisien.
Je vous remercie.
(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste et radical de gauche, communiste, "Les Verts" et du Mouvement des citoyens).
Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe, pr�sidente. - Merci, Monsieur MADEC.
La parole est � M. Pierre-Christian TAITTINGER.
M. Pierre-Christian TAITTINGER, maire du 16e arrondissement. - Madame la Maire, mon intervention se situera dans le cadre qui est un peu flou de la d�centralisation et du futur pouvoir que l'on partagera avec les arrondissements.
L� aussi, je crois que la vie culturelle devrait pouvoir prendre une dimension suppl�mentaire � la hauteur des souhaits et des esp�rances des habitants.
Depuis plusieurs ann�es, avec des moyens tr�s modestes, aujourd'hui un peu augment�s mais de fa�on encore insuffisante, s'�tait d�velopp�e une action culturelle de proximit� originale et diverse. Les mairies jouaient alors � ce moment-l� le r�le de passeur d'art, lieu de vie, lieu de cr�ation.
Je rappellerai qu'en 2002, dans l'arrondissement que j'ai l'honneur d'animer avec mes amis, nous avons fait 320 manifestations et r�uni un public de 70.000 personnes, ce qui pour un arrondissement de 160.000 habitants me para�t une activit� qui m�riterait d'�tre encourag�e. Et nous l'avons fait sans g�ner la mission des mus�es, sans r�duire les activit�s des galeries, nous entendions simplement participer � un mouvement qui, je vous le rappelle, avait �t� innov� par Andr� Malraux.
Ce cheminement s'est poursuivi - en dehors de l'int�r�t port� par les habitants de nos quartiers et de nos villages - dans une indiff�rence compl�te en particulier de la presse et des m�dias.
Il est indispensable qu'une �volution intervienne et qu'un autre int�r�t partant de la Municipalit� parisienne s'affirme, en particulier en nous facilitant les moyens d'information et de publicit� normale autour de ces manifestations.
Madame la Maire, il n'est pas normal qu'une journ�e du livre et de la lecture, qu'un salon de peinture ou de sculpture, qu'un concert, que l'ann�e Victor Hugo ne puissent b�n�ficier des moyens de publicit� de la Ville de Paris. J'avais fait des demandes pour obtenir les panneaux lumineux, cela m'a �t� refus�, ce qui me paraissait �videmment ne pas du tout aller dans le sens que nous souhaitons tous d'une culture de proximit�.
Alors, je dirai � notre coll�gue adjoint charg� des Affaires culturelles qu'au-del� de la brillance apparente de la politique qu'il nous propose, il y a un certain nombre de domaines qu'il faudrait cerner de fa�on tr�s pr�cise pour leur apporter des r�ponses pratiques.
En particulier, la n�cessit� de cr�er des ateliers d'artistes, qui re�oit totalement notre appui. Je me permettrai de lui rappeler que dans ses services nous avons d�pos� un projet depuis huit ans, ce qui prouve qu'il y a des continuit�s dans la r�flexion, de cr�ation d'ateliers d'artistes dans une rue du 16e. La Ville de Paris nous a r�pondu de fa�on amusante en achetant un grand immeuble en face, alors qu'on aurait pu construire une vingtaine d'ateliers � un co�t beaucoup moins �lev� ; et comme cet immeuble est occup�, il ne donnera le jour � des logements sociaux que dans quelques ann�es.
Sur l'intensification de l'achat des oeuvres d'art, je n'ai pas trouv� une volont� tr�s grande dans vos propos. Or nous avons besoin de donner des signes forts et des signes courants. Je rappellerai � notre Assembl�e, que c'est gr�ce � la Ville de Paris qu'un jour de d�faillance de la culture officielle, nous avons pu racheter "Les dormeuses" de Courbet. Et puis, c'est une fa�on de manifester notre soutien, notre encouragement � des cr�ateurs qui sont touch�s par la crise du march� de l'art et par des achats qui proviennent surtout � l'heure actuelle de l'�tranger.
Une autre question est pos�e pour laquelle je n'ai pas trouv� de r�ponse dans votre communication. Nous avons dans la Capitale un certain nombre de grandes manifestations d'antiquaires qui viennent pr�senter, peut-�tre de fa�on moins brillante que la c�l�bre Biennale mais qui attirent un public nombreux, des oeuvres fran�aises de notre patrimoine. A l'heure actuelle, ces salons sont petit � petit menac�s de disparition.
(M. le Maire de Paris reprend place au fauteuil de la pr�sidence).
Je soulignerai �galement l'effort qui est fait par l'adjointe charg�e du Patrimoine � propos des �glises, mais je constate qu'elle n'a pas r�ussi totalement � convaincre la Direction des Finances par rapport aux travaux n�cessaires qui devraient �tre r�alis�s.
Il en est de m�me pour les conservatoires o� j'attends qu'il y ait une d�finition de la politique des conservatoires plus nette, plus pr�cise. Les conservatoires connaissent un grand succ�s, mais nous aurions besoin dans le 16e d'un deuxi�me conservatoire et il est d�j� tr�s difficile de bien faire vivre le premier. Nous avons eu des probl�mes de d�g�ts provoqu�s par la construction m�me de ce b�timent et nous n'avons pas encore de solution de la part de la direction depuis d�j� plusieurs ann�es.
Derri�re les mots, derri�re les belles d�clarations, je rappellerai � M. l'adjoint charg� de la Culture que l'on ne b�tit pas sur du sable et que les gens dont l'Histoire retient le nom sont les seuls b�tisseurs.
Et puis aussi, si nous pouvions, Monsieur le Maire, ne pas toujours passer notre temps � regarder en arri�re, sur ce qui n'a pas �t� fait, mais essayer de regarder en avant, sur ce que nous devrions ensemble r�aliser, je pense que ce serait bien. Je n'ai jamais vu, par exemple, � propos de Notre-Dame, quand on a commenc� la construction de la cath�drale, de reproches des habitants disant : "Mais comment se fait-il ? Vous vivez sur des chapelles et des �glises qui remontent � peu pr�s au IVe si�cle ! Vous arrivez trop tard ! Il faut faire une cath�drale � Paris !". Tout ceci me para�t comme des �vidences et nous gagnerions du temps et d�penserions moins d'efforts � ne pas nous critiquer toujours sur ce que nous aurions pu faire, alors que nous avons devant nous de grands objectifs.
Je vous dirai simplement : profitons de cette ann�e, de cette r�volution que peut �tre la d�centralisation, pour essuyer, Monsieur l'adjoint charg� des Affaires culturelles, le miroir l�g�rement embu� de l'action culturelle que vous nous proposez, et provoquer, ce que nous souhaitons tous, un �lan esp�r�.
(Applaudissements sur les bancs du groupe U.M.P.).
M. LE MAIRE DE PARIS. - Je vous remercie de la part de sagesse qu'il y avait comme toujours dans votre intervention. Je souhaite qu'on s'en inspire sur tous les bancs de l'Assembl�e, y compris ceux qui vous sont le plus proche.
La parole est pour une minute � M. BRAVO ; c'est tout ce qu'il reste � votre groupe, je suis d�sol�.
M. Jacques BRAVO, maire du 9e arrondissement. - J'ai plut�t le rythme du marathonien que du sprinter, mais en quarante secondes je voudrais remercier Christophe GIRARD des efforts qu'il a d�velopp�s pendant un an pour lib�rer par une solution efficace deux squats culturels du 9e qui vont permettre maintenant (et c'est la deuxi�me partie de ce que j'avais � dire en un mot) d'int�grer le handicap dans la politique culturelle.
Je suis tr�s fier que la Ville de Paris, Monsieur le Maire, � travers l'action d'Olivier DEY et d'Emmanuel LABORIT, contribue � ce que cette communaut� puisse apprendre le langage des signes.
En vous disant merci.
(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste et radical de gauche, communiste, "Les Verts" et du Mouvement des citoyens).
M. LE MAIRE DE PARIS. - Je ne regrette pas de vous avoir laiss� vous exprimer... moins d'une minute.
Et maintenant, ce que vous attendez tous - ce que, moi, j'attends avec impatience �videmment - je donne la parole � Christophe GIRARD.
Cher Christophe GIRARD, vous avez la parole et, tout � l'heure, Sandrine.
M. Christophe GIRARD, adjoint, au nom de la 9e Commission. - Monsieur le Maire, mes chers amis, vous savez d�j� tout, le Maire de Paris l'a tr�s bien dit tout � l'heure, j'interviendrai donc sur des points peut-�tre plus pr�cis sur lesquels vous avez pos� un certain nombre de questions.
Je rassure M. TAITTINGER, la politique culturelle de la Ville de Paris n'est pas que du champagne, nous regardons en avant, en direction du futur.
M. Claude GOASGUEN. - Ce n'est pas tr�s bon.
M. Christophe GIRARD, adjoint, rapporteur. - Atteindre un plus large public.
La cr�ation et l'innovation sont au c?ur du projet culturel parisien, je tiens � l'affirmer tranquillement. Il est de notre responsabilit� d'�lus de favoriser l'excellence dans tous les domaines.
Je rappelle que le Journal des Arts, qui n'est pas un journal d'extr�me gauche, a titr� la semaine pass�e : "Paris a repris pied sur la sc�ne internationale".
Je ne n�gligerai pas pour autant la notion de proximit� utilis�e par beaucoup d'oratrices et d'orateurs, le souhait de concerner un large public, d'imaginer les diverses mani�res d'aller � sa rencontre mais attention � ce que ce mot ne devienne pas non plus un fourre-tout. Gardons une ligne culturelle forte car les demandes sont grandes et nous partirions dans une dispersion trop large.
L'urgence aujourd'hui est celle de se consacrer � une r�flexion o� l'art et le spectateur ou l'amateur se rejoignent. La nouvelle Maison des M�tallos est un bon exemple de cet engagement et je signale la bonne collaboration avec le maire d'arrondissement, M. Georges SARRE, ce qui montre que pour les grands �tablissements parisiens que nous restaurons, que nous faisons revivre, cela se fait en bonne concertation dans le cadre de la d�centralisation vers les mairies d'arrondissement.
Vis-�-vis des institutions culturelles, de nombreux fran�ais, vous le savez, �prouvent ce que j'appelle un d�faut de familiarit�. Favoriser de mani�re multiforme l'approche des arts est de ce fait un objectif quotidien, un vrai travail de P�n�lope.
Voici quelques exemples qui je l'esp�re illustreront mon propos.
Pour les ateliers d'artistes, nous avons engag� un travail important. Aujourd'hui le parc existant est constitu� de 825 ateliers et 600 demandes sont actuellement recens�es avec un taux de rotation malheureusement tr�s faible.
Deux exemples concrets : nous avons engag� une campagne de mobilisation des locaux vacants, transf�r�s � la S.I.E.M.P., dans le cadre de la r�sorption de l'habitat insalubre. Egalement une autre op�ration, cette fois-ci dans le 13e, pour 18 ateliers est en cours d'arbitrage dans ce que nous appelons "la Terre aux Cur�s".
En 2003, en inscrivant l'art dans l'espace public nous ferons de la Ville une sc�ne ouverte. Nous travaillons d'ailleurs en bonne intelligence avec Martine DURLACH, en charge de la politique de la ville et son charg� de mission culture, Jean-Christophe AGUAS - dont je salue l'intelligence. A partir d'avril-mai et jusqu'� l'automne 2003 le chantier du tramway sera l'occasion d'un �v�nement simple, marquer les 17 futurs points d'arr�t du tramway avec des ?uvres sp�cialement cr��es pour cela par 5 artistes majeurs. Une campagne documentaire, command�e elle aussi � des artistes, sera parall�lement men�e. Des associations et des acteurs locaux participeront � la valorisation des boulevards des Mar�chaux sud avec les artistes.
Au printemps 2004 une exposition en plein air sera ainsi install�e sur la totalit� des trac�s du tramway autour des ?uvres documentaires.
M. LE MAIRE DE PARIS. - Tr�s bien !
M. Christophe GIRARD, adjoint, rapporteur. - D'autres �v�nements bien �videmment auront lieu, jusqu'en 2006, en vue de l'accueil des ?uvres p�rennes et je salue aussi la bonne intelligence de relation et d'�change que j'ai pu avoir avec Jean-Pierre CAFFET puisque, comme vous le savez, l'urbanisme ne peut pas �tre exclu de la vie culturelle et de ces projets.
Pour r�pondre � M. TAITTINGER sur non pas l'�ventuelle bu�e sur mes lunettes mais sur l'art contemporain...
M. Pierre-Christian TAITTINGER, maire du 16e arrondissement. - Le miroir, le miroir.
M. Christophe GIRARD, adjoint, rapporteur. - ... le mus�e d'Art moderne de la Ville de Paris - qui d'ailleurs est dans le 16e arrondissement, donc je crois qu'il peut largement en b�n�ficier - a vu son budget d'acquisition d'?uvres tripler, ce qui fait que ce mus�e est aujourd'hui quasiment au niveau du centre Pompidou en mati�re de cr�dits d'achat. Je crois que l'on peut �tre fier que la Ville de Paris soit dot�e d'un tel mus�e de niveau international aujourd'hui et envoie ainsi un signal tr�s fort � l'art contemporain et aux jeunes cr�ateurs.
Les arts de la rue sont un autre exemple d'utilisation de l'espace public comme une sc�ne offerte � l'art. D�s le premier semestre 2003 nous lancerons l'op�ration "itin�rance rue", il s'agit d'une programmation r�guli�re, en liaison avec les arrondissements, bas�e sur des r�sidences artistiques dans les quartiers.
Bien loin d'une logique festivali�re il s'agira de promouvoir les arts de la rue comme discipline artistique � part enti�re, de cr�er un v�ritable travail en concertation avec les arrondissements, de permettre aux compagnies professionnelles de d�velopper un projet in situ.
Une premi�re exp�rience a �t� men�e dans le 18e arrondissement. Un spectacle impromptu a �t� cr��, pr�sent� dans le march� de l'olive par une compagnie de danse du 18e, elle pourrait se renouveler par une r�sidence plus longue associant les habitants, les commer�ants du march� et les associations de quartier.
Mais je pourrais �galement citer des projets beaucoup plus classiques comme par exemple le soutien que nous apporterons au Ch?ur de Laurence EQUELBE, "Accentus", dont on f�te aujourd'hui les 10 ans.
Concourir au d�veloppement de la lecture est un objectif essentiel. Il s'agit - comme l'indique la communication de M. le Maire - de rattraper l'�norme retard pris en la mati�re.
En r�ponse � Nicole BORVO, du groupe communiste, ouvrir les biblioth�ques, informatiser, augmenter les cr�dits d'acquisition, sont des objectifs s�rieux et n�cessaires que toute l'�quipe municipale soutient autour de Bertrand DELANO�.
Je me r�jouis �galement de l'annonce que le Maire vient de faire ce matin qui concerne la lecture aussi autour de la bande dessin�e. Projet qui nous est cher. Il s'agit de faire aimer la lecture, les livres et la cr�ation si ch�re � nos jeunes g�n�rations.
En ce sens le d�veloppement des relations entre les biblioth�ques, les milieux scolaires, me para�t essentiel et en �troite collaboration � la fois avec Cl�mentine AUTAIN pour les jeunes et Eric FERRAND pour les affaires scolaires, nous sommes en train d'imaginer un certain nombre d'initiatives, bien que nous soyons �videmment inquiets et attrist�s de la diminution par deux du budget du Ministre de la Culture pour les fameuses classes A.P.A.C., car les vocabulaires, les usages de parole, sont autant de mondes qu'il faut apprendre si l'on veut que s'�tablisse � nouveau la transmission de la commune valeur.
Parall�lement, souhaitant tenir - si vous me permettez l'expression - les deux bouts de la cha�ne, je souhaiterais - c'est une action ambitieuse - que cette id�e de promouvoir la litt�rature contemporaine soit men�e de mani�re concert�e par les biblioth�caires, les �diteurs et les libraires.
"Nuit-blanche" : j'ai entendu � plusieurs reprises le mot "paillettes", mais je crois que vous avez tort de chercher � caricaturer cette op�ration car aujourd'hui un certain nombre de capitales qui sont des capitales tr�s patrimoniales - je pense en particulier � Prague, mais �galement � Bruxelles qui est une sc�ne tr�s vivante - souhaitent faire "Nuit-blanche" et souhaitent le faire avec nous comme nous l'avons fait.
Par ailleurs - et je crois l� faire plaisir � mon excellent coll�gue Christian SAUTTER - "Nuit-blanche" a �t� �galement un exemple de dynamisme �conomique. J'ai re�u des lettres � la fois de la Chambre de commerce de Paris mais �galement de la F�d�ration des restaurateurs et des brasseries parisiennes pour nous dire que cette nuit-l� les restaurants et les brasseries de la Capitale ainsi que les caf�s ont fait leur plus gros chiffre d'affaires de l'ann�e. Donc je n'ai pas honte � ce que "Nuit-blanche" soit une op�ration culturelle qui a permis � beaucoup de d�couvrir des artistes internationaux fran�ais comme Pierric SORIN, Claude LEVEQUE, un grand musicien comme Pierre HENRY, immense musicien fran�ais, que "Nuit-blanche" ait �t� une nuit culturelle mais �galement une nuit de dynamisme �conomique. Je crois que l'on est capable de soutenir et d�velopper la culture � gauche en �tant raisonnable et responsable �conomiquement �galement.
Pour le cin�ma...
M. Christian SAUTTER, adjoint. - Tr�s bien !
M. Christophe GIRARD, adjoint, rapporteur. - ... vous avez entendu le Maire annoncer l'op�ration qui va avoir le m�rite de regrouper un certain nombre d'initiatives de grande qualit� qui �taient jusqu'� maintenant peut-�tre un peu trop parsem�es par la Ville, je pense aux rencontres internationales du cin�ma au Forum des images en novembre, je pense � l'op�ration "Clair de lune" avec ces formidables projections populaires dans tous les arrondissements de Paris, je pense �galement � la volont� de voir les Parisiens et les petits et jeunes Parisiens devenir eux aussi des cin�philes et ne pas �tre seulement des consommateurs de multiplex ou de t�l�vision, mais de s'int�resser au cin�ma d'art et d'essai, au cin�ma de cr�ation comme l'est par exemple le documentaire ou le court m�trage.
Alors donner sa chance � la cr�ation, tel est l'objectif majeur du projet de la Ga�t� lyrique qui vise � favoriser l'�mergence de nouveaux talents � la rencontre avec le public, tout comme la Maison des M�tallos ou le futur th��tre des Trois Baudets. Quelqu'un faisait remarquer que la francophonie n'�tait pas mentionn�e, je crois que c'est faux, le th��tre des Trois Baudets est, en effet, le meilleur exemple de valorisation que nous porterons pour la chanson fran�aise et je me r�jouis que nous le fassions pendant cette mandature.
En ce lieu, la Ga�t� lyrique, d�di� aux musiques actuelles, num�riques, les semi-professionnels pourront, comme dans des villes comme Lille, c�toyer des artistes professionnels et b�n�ficier d'infrastructures et de locaux adapt�s. La cr�ation d'un tel �quipement est compl�mentaire, � nos yeux, du r�seau d'�ducation artistique que nous voulons d�velopper, notamment � travers les conservatoires.
Je salue ici, si vous me le permettez, l'excellence du travail que nous avons fait parce que le travail culturel ne peut se faire de fa�on isol�e. Je le fais en �troite collaboration, pour le patrimoine avec Sandrine MAZETIER mais �galement Marie-Pierre de LA GONTRIE qui a la charge de la culture � la R�gion et qui permet que les demandes de subvention soient dor�navant plus transparentes quand elles parviennent sur nos bureaux, mais �galement Lyne COHEN-SOLAL qui a en charge les m�tiers d'art et avec laquelle nous avons fait un certain nombre d'op�rations qui, je crois, plaisent aux Parisiens et � l'ensemble des acteurs �conomiques de la Capitale. Tout comme avec le tourisme sous l'autorit� de Jean-Bernard BROS.
Je peux donc confirmer � Mme MAC� de L�PINAY, mon pr�d�cesseur, que transparence, efficacit� mais aussi utilisation s�v�re et rigoureuse des deniers publics sont en effet nos r�gles d'�lus et si son souhait �tait que je devinsse sectaire, eh bien, c'est loup�, car la culture est l'affaire de tous, en tout cas cela devrait l'�tre.
J'aimerais ajouter, pour en terminer, qu'il s'agit en somme d'un grand pari de s'appuyer sur la cr�ation des artistes, d'o� qu'ils viennent, et de permettre au c?ur de la Ville, dans les quartiers, une mise au jour de la culture dont est porteuse la population dans sa diversit�.
Croyez-moi, il n'y a pas de honte � faire r�ver les Parisiens et je remercie particuli�rement Mme FONT, la Directrice des Affaires culturelles, pour la rapidit� avec laquelle elle s'est empar�e des dossiers qu'elle a trouv�s � son arriv�e, qui sont des dossiers tr�s anciens dans leurs dysfonctionnements ; les membres de mon Cabinet ; les sous-directeurs de la D.A.C. ainsi que les chefs de bureau comme Mme Aude TOULOUSE � la musique ou M. Jean VANDENBORG � la lecture, pour l'excellence du travail qu'ils m�nent.
Je tiens � remercier �galement les maires d'arrondissement pour leurs encouragements mais aussi leur sens des responsabilit�s car ils savent que nous ne pourrons pas tout faire, et leurs adjoints � la culture qui eux-m�mes portent des projets de proximit� de tr�s grande qualit�.
J'en terminerai par remercier l'excellence des conseill�res � la culture du Maire de Paris, Mme Laurence PASCALIS, Marie-Laure CHEREL et Virginie GADENNE qui nous ont beaucoup aid�s � pr�parer cette communication et le travail.
Je remercie, bien entendu, le Maire de Paris et, pour en terminer, la 9e Commission et sa pr�sidente, Mme Karen TA�EB et tous ceux qui y si�gent, qu'ils soient de droite comme de gauche car je crois que c'est, en effet, ensemble que nous pourrons faire en sorte que la culture apporte aux Parisiens beaucoup plus de bonheur, d'intelligence, de connaissance et que nous vivrons ainsi dans un Paris culturel fort.
Merci.
(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste et radical de gauche, du Mouvement des citoyens, communiste et "Les Verts").
M. LE MAIRE DE PARIS. - Lorsque vous choisissez de privil�gier votre c�t� f�d�rateur, je vous trouve excellent.
Si, si, il �tait bon !
Ah bien s�r, il peut �tre encore meilleur, c'est vrai mais cela, c'est parce qu'il n'atteint jamais son seuil. C'est chaque fois meilleur.
Bravo, Monsieur GIRARD.
La parole est � Sandrine MAZETIER.
Melle Sandrine MAZETIER, adjointe. - Merci, Monsieur le Maire.
Je vais m'associer � tous les remerciements que vient de formuler mon excellent coll�gue Christophe.
M. LE MAIRE DE PARIS. - Vous ne r�p�tez pas tout.
Melle Sandrine MAZETIER, adjointe. - Tout ce que nous avons fait et tout ce que nous ferons � l'avenir tient, d'abord et avant tout, � l'�nergie, � la conviction, au d�vouement des personnels de la D.A.C., incarn�e bien entendu au premier plan par sa directrice H�l�ne FONT.
Dans le cadre de ma d�l�gation, la D.A.C. est extr�mement importante, en particulier le Bureau des �difices cultuels, la conservation des ?uvres d'art civiles et religieuses et tous les personnels des mus�es, des biblioth�ques patrimoniales.
Je dois �galement saluer, en ce qui me concerne, la Direction du Patrimoine et de l'Architecture, la Direction de l'Urbanisme, la Direction du Logement et de l'Habitat et, bien entendu, les personnels de la Commission du Vieux-Paris.
Je les remercie d'autant plus que si l'on peut caract�riser notre ambition, c'est d'avoir toujours les pieds sur terre et la t�te dans les �toiles. C'est gr�ce � eux qu'on peut se permettre cela, ces deux exigences et ces deux luxes.
Les pieds sur terre parce qu'il faut �tre exigent, il faut �tre vigilant sur les moyens, sur le d�roulement des op�rations.
Je ne voudrais pas faire de peine � Pierre-Christian TAITTINGER mais il y avait un important rattrapage.
Il ne s'agit pas de critiquer ce qui s'est fait dans le pass� mais de dire ce qui est, l'�tat de la situation quand nous sommes arriv�s. De nombreux orateurs l'ont point�. Roger MADEC a parl� de la situation des mus�es, de l'�tat du patrimoine.
Il ne s'agit pas de se cacher, Madame MAC� de L�PINAY, les �chafaudages � Saint-Jacques ou � Saint-Sulpice n'�taient pas l� pour cacher les fa�ades mais bien pour des probl�mes de s�curit�. Le probl�me, c'est qu'ils n'�taient pas l� non plus pour abriter des travaux, puisque les travaux n'�taient pas engag�s.
Donc, encore une fois, il ne s'agit pas de critiquer mais de donner la mesure de l'�norme effort, qui prendra des ann�es, de rattrapage en ce qui concerne le patrimoine � Paris et, d'une certaine mani�re aussi, en ce qui concerne l'action culturelle parce que, de nombreux orateurs l'ont constat�, ce qui est vrai pour le patrimoine l'est pour tous les �quipements culturels � Paris, que ce soit les biblioth�ques, les conservatoires et c'est � cela que nous sommes confront�s.
On nous reproche peut-�tre de faire de la paillette ou d'�tre dans l'h�g�monie de l'�v�nementiel. Eh bien, c'est tout l'inverse. Nous passons nos journ�es, � la Direction des Affaires culturelles, en particulier, � travailler sur des choses pas du tout brillantes, pas du tout exaltantes mais absolument indispensables, qui sont les moyens de base pour que les Parisiens puissent acc�der � la culture, � la lecture, � la musique, � tous les arts et � toutes les pratiques culturelles, et c'est tout l'honneur des services que de s'attacher � rem�dier aux carences importantes que nous avons trouv�es � notre arriv�e.
Les pieds sur terre parce que nous voulons aussi �tre ancr�s dans nos territoires, dans notre histoire et dans toutes leurs dimensions.
Tout � l'heure, Serge BLISKO disait qu'il y avait des arrondissements sans histoire parce qu'il n'y avait pas de monument. Eh bien, parce que nous avons d�cid� d'avoir les pieds sur terre, nous avons aussi d�cid� de partir � la reconqu�te de l'histoire des Parisiens, de tous les Parisiens, y compris l'histoire qui ne s'est pas incarn�e dans des monuments, dans des pierres mais dans des pratiques, dans des parcours, dans des m�moires, qui n'�tait pas toujours valoris�e comme elle l'aurait d�.
Et c'est � cette reconqu�te que nous nous attachons et, l� encore, ce n'est ni de l'�v�nementiel, ni de la paillette, c'est de la n�cessit� historique, c'est de la justice, pas seulement sociale, c'est de la justice historique et c'est une mani�re de reconna�tre aussi toutes les histoires de Paris et les patrimoines de Paris.
La t�te dans les �toiles, parce que selon la belle expression de M. TAITTINGER, nous souhaitons �tre des passeurs d'art, d'histoires, de connaissances, et tous les probl�mes auxquels nous sommes confront�s ne doivent pas nous emp�cher de r�ver � un Paris o� le patrimoine et la culture ne seront pas oppos�s, comme certains d'entre vous, coll�gues de l'U.M.P., ont essay� de le faire, mais s'articuleront de mani�re harmonieuse pour int�grer tous les Parisiens, tous les visiteurs de Paris, et donner acc�s � chacun � l'histoire, � la beaut�, � tous les patrimoines de Paris.
Roger MADEC faisait allusion � la lumi�re ; c'est important car il y avait aussi du r��quilibrage � faire. Il avait, je crois, dans son arrondissement, deux illuminations pour, dans d'autres arrondissements du centre de Paris, pr�s de 40. Cela donne toute la disproportion, pas seulement en termes d'�clairage, mais aussi en termes d'attention aux diff�rents patrimoines et en termes d'objectifs que nous nous fixons.
Oui, nous pensons et nous nous battons pour le droit � la beaut� pour tous et pour r�v�ler la beaut� ou pour cr�er de la beaut� l� o� il n'y en a pas, l� o� il n'y en a pas suffisamment en tout cas. Le plan lumi�re y contribuera, mais aussi la commande publique qui a �t� �voqu�e par exemple sur les trajets du tramway et dans tous les sites G.P.R.U., je l'esp�re ; en tout cas, le patrimoine architectural, urbain, historique, y contribuera.
Mme Elisabeth de FRESQUET s'est propos�e que les Conseils de quartier aient une place dans cet effort. Je dois lui dire qu'ils en ont d�j� une peut-�tre insuffisante, mais, dans les travaux que nous �voquions hier du plan d'am�nagement et de d�veloppement durable de Paris, tous les conseils de quartier s'associent � ce que Paris sera demain. Nous avons veill� � ce qu'il y ait dans les l�gendes et les cartes que chaque conseil de quartier �tablit, un item entier consacr� au patrimoine qui invite les conseillers de quartier, les habitants de quartier, � se promener dans leur quartier et � d�couvrir, � red�couvrir ou � appr�hender des lieux, des paysages urbains qu'ils m�connaissaient et qui ne sont pas suffisamment valoris�s. C'est un premier effort qui devra s'accompagner d'autres, je vous le conc�de.
La t�te dans les �toiles, c'est aussi un grand travail avec les associations, les soci�t�s d'histoire et d'arch�ologie locales, mais toutes les associations qui travaillent sur le patrimoine, mais certaines de mani�re assez m�connue.
Je pense par exemple aux clubs de pr�vention sp�cialis�s qui, de mani�re m�connue, travaillent souvent sur l'histoire de leur quartier et sur la photographie ancienne, sur des rallyes ; je pense � ce qui se passe � Belleville par exemple.
La t�te dans les �toiles, c'est l'id�e que demain, il n'y aura pas de fronti�re mat�rielle et immat�rielle entre tous les quartiers de Paris. "Paris-plage", que certains ont consid�r� comme une op�ration paillettes, c'�tait aussi une fa�on incroyablement efficace d'abolir les fronti�res immat�rielles qui existent entre les quartiers de Paris, d'abolir ces fronti�res qui font que certains Parisiens ne vont pas dans les mus�es, ne vont pas dans les beaux quartiers historiques. Cet �t�, ils y �taient.
Le Maire de Paris racontait une anecdote sur un passager de "Paris-plage", j'ai envie de dire une passante de "Paris-plage", qui d�couvrait la beaut� de l'�le Saint-Louis, qui disait : "C'est formidable, merci". Il se passe tous les jours dans Paris ce type de petite r�volution culturelle, pas paillettes, pas �v�nementielle, mais fondamentale, et c'est toute la politique que nous menons patrimoine et culture, et tous nos coll�gues, main dans la main, sous l'�gide du Maire de Paris qui nous incite � faire toujours mieux, toujours plus fort et toujours plus haut.
(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste et radical de gauche, communiste, du Mouvement r�publicain et citoyen et "Les Verts").
M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci, mes chers coll�gues.
Je veux d'abord m'associer aux remerciements qu'ont exprim�s Christophe GIRARD et Sandrine MAZETIER � toutes les �quipes qui nous entourent et qui font que cette politique avance.
Je voudrais remercier absolument tous les Conseillers, quels qu'aient �t� les propos, les pol�miques - d'ailleurs, sans pol�mique sur la culture on s'ennuierait. Tout cela �tait tr�s parisien et c'est tr�s bien.
Je crois que de tout cela, nous pouvons faire de la dynamique, de la cr�ativit� et de la productivit�, pour que cette ville soit intelligente et ose accepter l'impr�vu, ce qui me para�t la moindre des choses en mati�re culturelle.
J'ai envie de dire, mais c'est une boutade, s'il y avait une seule raison de nous rendre heureux d'�tre des �lus de Paris, c'est bien ce que Paris repr�sente du point de vue de l'intelligence, des valeurs, des id�es et aussi de l'art.
Je suis heureux que le Conseil de Paris, j'y tenais, ait consacr� un long moment � parler de culture ; c'est � la fois un devoir et aussi un plaisir, je crois, pour tous les �lus de la Capitale.

Janvier 2003
Débat
Conseil municipal
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