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2008, Vœu déposé par le groupe “Les Verts” relatif à la suspension du jumelage de la Ville de Paris avec Rome.


M. Fran�ois DAGNAUD adjoint, pr�sident. - Nous passons � l?examen du v?u r�f�renc� n� 5 dans le fascicule, d�pos� par le groupe ?Les Verts?, relatif � la suspension du jumelage de la Ville de Paris avec Rome.

Je propose � M. Jacques BOUTAULT de nous pr�senter ce v?u et je demanderai � M. Pierre SCHAPIRA de r�pondre et de donner la position de l?Ex�cutif.

M. Jacques BOUTAULT, maire du 2e arrondissement. - A peine �lu, le nouveau Maire de Rome, M. Gianni ALEMANNO, ancien membre du parti n�ofasciste italien le M.S.I., a d�nonc� les subventions aux associations d?aide au plus d�munis et aux associations d?aide aux usagers de drogues. Il a �galement pr�n� une nouvelle formule pour la marche des fiert�s homosexuelles, qu?il assimile � une exhibition sexuelle et offensante.

Enfin, ce nostalgique de Mussolini, qui lui-m�me �tait arriv� d�mocratiquement au pouvoir, demande l?expulsion de 20.000 �trangers, visant plus particuli�rement les Roumains, qui sont pourtant ressortissants de l?Union europ�enne, et des gens du voyage qu?ils jugent responsables de l?ins�curit�. Ces d�clarations sont choquantes et inqui�tantes pour l?avenir et elles interviennent alors m�me que la Ville de Paris vient d?organiser, avec la Ligue des droits de l?Homme, une consultation des Parisiennes et des Parisiens sur le droit de vote des r�sidents �trangers qui s?est d�roul�e ce week-end dernier, et � laquelle une partie de l?opposition municipale a apport� son soutien.

C?est la raison pour laquelle, face � cette volont� institutionnelle d?exclusion, � la x�nophobie officielle et � l?instrumentalisation de l?ins�curit� manifest�e par M. ALLEMANO, nous consid�rons que la Ville de Paris s?honorerait en suspendant les op�rations de jumelage avec la Ville �ternelle, en souhaitant que M. ALLEMANO n?y soit pas �ternellement �lu !

(Applaudissements sur les bancs du groupe ?Les Verts?).

M. Fran�ois DAGNAUD, adjoint, pr�sident - Merci.

La parole est � M. Pierre SCHAPIRA pour vous r�pondre.

M. Pierre SCHAPIRA, adjoint. - Monsieur le Maire, chers coll�gues.

Restons un peu calmes ! Ce v?u s?inscrit en r�action � l?�lection, il y a quelques semaines � la mairie de Rome, de M. Gianni ALLEMANO, ancien membre du parti n�o-fasciste. Nous avons tous �t� profond�ment choqu�s par les images au soir de l?�lection de ses partisans faisant le salut fasciste devant la mairie de Rome.

Nous sommes tous �galement, je l?esp�re, quel que soit notre parti politique, outr�s par les d�l�gations homophobes, par son souhait d?expulser 20.000 �trangers, essentiellement des roms, ressortissants pourtant d?un Etat membre et par sa volont� d?arr�ter les subventions � plusieurs associations qui viennent en aide aux plus d�munis et aux toxicomanes.

Le voeu des ?Verts? rappelle bien ces faits ou ces d�clarations. Au nom des valeurs humanistes que nous partageons, ces actes ou ces intentions sont inacceptables. Je me permets de souligner ou de rappeler que M. le Maire de Paris n?a pas souhait� �crire au nouveau maire de Rome pour le f�liciter, comme cela se fait habituellement. Cela constitue d�j� un geste politique dans la diplomatie officielle des villes.

Maintenant, la question est pos�e : faut-il suspendre le jumelage entre nos deux villes, comme le demande le groupe ?Les Verts? ? Je ne le pense pas et je vais m?expliquer.

Au nom tout d?abord des relations �troites tiss�es entre les Parisiens et les Romains qui n?ont pas � subir les cons�quences de cette situation. Quand je dis les Parisiens et les Romains, je pense non seulement aux touristes respectifs qui viennent visiter les deux capitales et profiter, par exemple, de la gratuit� des expositions temporaires dans les mus�es municipaux gr�ce au jumelage, mais �galement aux institutions culturelles, �conomiques ou sociales qui, toujours sur la base du jumelage, ont tiss� des liens et des relations �troites. Des actions pr�cises ont �t� ainsi lanc�es en 2006 pour le 50e anniversaire du jumelage en mati�re de promotion des jeunes cr�ateurs de mode, d?�changes entre les �tablissements culturels, entre le 104 et la zone Attive, ou en mati�re d?aide aux sans domicile.

Ce serait une erreur de les sanctionner dans leur activit�, alors qu?elles n?y sont pour rien. Au contraire, je pense qu?il faut les soutenir, non seulement parce qu?elles souhaitent poursuivre leurs �changes mais parce que les personnes qui animent ces structures ont bien souvent l?�me plus europ�enne et solidaire que les actuels dirigeants de la mairie de Rome.

Nous ne le souhaitons pas, pas plus que les repr�sentants de l?opposition, et je pense en particulier � notre ami M. Francesco RUTTELI, que nous avons contact� et qui ne demande pas une telle suspension au nom de l?amiti� entre les deux villes, qui doit �tre consid�r�e par del� cette p�riode difficile. Il ne faut pas oublier, et c?est une autre raison de mon d�saccord, que les Romains se sont exprim�s d�mocratiquement. Ils l?ont fait par la voix des urnes et pour des raisons que nous n?avons pas � juger ici. Ils ont d�sign� leur nouveau maire m�me si nous ne sommes pas d?accord avec ce qui est sorti des urnes. Mais il ne peut donc pas �tre question d?appeler � un retour � une d�mocratie municipale qui n?a pas disparu.

C?est pourquoi, si je partage totalement les premiers �l�ments de ce v?u, dans son objectif premier, la suspension du jumelage me para�t injustifi�e. C?est pour cela que je demanderai � mon ami M. Jacques BOUTAULT de retirer son voeu s?il est convaincu par mes arguments.

M. Fran�ois DAGNAUD, adjoint, pr�sident. - Merci, Monsieur Pierre SCHAPIRA.

Avant de me tourner vers M. Jacques BOUTAULT pour savoir s?il maintien ou non son v?u, je suis saisi de deux demandes d?explications de groupe, de M. Jean-Pierre CAFFET pour le groupe socialiste et de M. Jean-Fran�ois LAMOUR pour le groupe U.M.P.P.A.

Le groupe ?Les Verts? souhaite-t-il maintenir le v?u a priori ? Bien.

Je donne la parole � M. Jean-Pierre CAFFET puis � M. Jean-Fran�ois LAMOUR.

M. Jean-Pierre CAFFET. - Merci, Monsieur le Maire.

Je veux dire d?embl�e que mon groupe ne votera pas ce v?u, pour un certain nombre de raisons. Une �lection municipale s?est d�roul�e � Rome, elle s?est tenue d�mocratiquement, le r�sultat est celui que l?on conna�t : 53 % des Romains ont �lu un nouveau maire. On peut penser ce que l?on veut du nouveau maire et contester sa personnalit� et les �l�ments de sa politique municipale future qu?il a indiqu�e le soir de l?�lection et dans les jours qui ont suivi, mais cette �lection a eu lieu.

Pourquoi nous ne voterons pas ce v?u ? Pour deux raisons. La premi�re, c?est que la suspension du jumelage serait une d�cision extr�mement grave, avec laquelle il ne faut pas jouer. Il ne faut pas prendre le jumelage en otage parce qu?on n?est pas d?accord avec le r�sultat d?une �lection d�mocratique quoi que l?on puisse penser de la personnalit� de ce nouveau maire.

Tr�s franchement, je crois que nous pouvons faire confiance au Maire de Paris pour adopter le comportement et l?attitude qui conviennent vis-�-vis du nouveau maire de Rome. Je crois que la raison principale de ne pas adopter ce v?u, c?est qu?il aboutirait en fait � p�naliser les Parisiens et les Romains, et pas seulement le nouveau Maire de Rome.

J?imagine mal que les relations culturelles qui unissent nos deux villes, nos �changes nombreux et vari�s soient suspendus parce que les Romains auraient choisi librement un nouveau maire, quoi que l?on puisse en penser. Je prend un exemple : si je ne me trompe pas, le jumelage de nos deux villes pr�voit la gratuit� des mus�es municipaux, � la fois � Paris et � Rome, pour les Parisiens qui vont � Rome et pour les Romains qui viennent � Paris. Je ne vois pas au nom de quoi il faudrait punir les Parisiens et les Romains parce que le r�sultat d?une �lection d�mocratique � Rome nous d�pla�t.

M. Fran�ois DAGNAUD, pr�sident. - Merci.

La parole est � M. Jean-Fran�ois LAMOUR pour une explication de vote.

M. Jean-Fran�ois LAMOUR. - O� est-on aujourd?hui ? J?ai le sentiment que nous sommes dans un espace d�mocratique en Europe. M. Pierre SCHAPIRA l?a tr�s bien rappel�, simplement, avec beaucoup de s�r�nit�. Il a remis les choses � leur place. A cause d?un changement de bord politique, on supprimerait un jumelage avec tout ce que cela comporte en mati�re d?accords, de partenariats et d?�changes !

Il y a l� quelque chose de totalement contradictoire mais ce n?est pas la premi�re fois quand on voit que ?Les Verts? avait port� le v?u concernant M. BATTISTI. Je crois qu?il y a l� non seulement une erreur mais un vrai danger : un danger d?isolement de la Capitale parisienne. Si � chaque �volution politique, il y a remise en cause d?un jumelage pour telle ou telle raison, ce n?est pas l?image que nous voulons donner de Paris et de la Capitale fran�aise.

Ce v?u est une sorte de coup politique d?un niveau qui est vraiment tr�s faible, alors qu?il convient plut�t d?affirmer que le dialogue est toujours meilleur que l?isolement et le repli sur soi. Nous l?avons exprim� d?ailleurs quand il s?agissait d?�voquer nos relations avec la Chine et le gouvernement chinois, nous sommes pour cette continuit� et cette reprise du dialogue. C?est comme cela en tout cas que, de notre c�t�, nous concevons notre action politique.

Le groupe U.M.P.P.A. votera contre ce v?u, bien �videmment.

(Applaudissements sur les bancs des groupes U.M.P.P.A. et Centre et Ind�pendants).

M. Fran�ois DAGNAUD, adjoint, pr�sident. - Merci.

Mme Marinette BACHE a la parole, au nom du groupe M.R.C., pour une explication de vote.

Mme Marinette BACHE. - Beaucoup de choses ont �t� dites. Je voulais simplement exprimer l?accord du M.R.C. avec une partie des attendus du v?u propos� par le groupe ?Les Verts?, mais, bien �videmment, pour les raisons d�velopp�es par M. Pierre SCHAPIRA, nous ne pouvons pas voter ce v?u. Ce serait aller contre l?expression d�mocratique des Romains, m�me si nous n?en appr�cions pas le r�sultat.

Nous ne pouvons pas non plus voter ce v?u, comme l?a dit M. Jean-Pierre CAFFET, parce que cela p�naliserait � la fois les habitants de Rome et ceux de Paris, dans cet �change institutionnalis� depuis pas mal de temps. Nous ne pouvons pas non plus voter ce v?u car nous ne voulons pas soumettre le jumelage aux al�as des �lections qui peuvent changer et nous esp�rons ce changement.

Au-del�, nous pensons pouvoir dire, sans faire un trop grand pari sur l?avenir, que les �changes entre nos deux villes ne se feront pas tout � fait sur les m�mes bases qu?auparavant. Si les �changes entre les villes demeurent par l?interm�diaire du jumelage, les �changes entre les Municipalit�s seront sans doute d?une teneur diff�rente.

M. Fran�ois DAGNAUD, adjoint, pr�sident. - Une explication de vote de M. Ian BROSSAT, au nom du groupe communiste.

M. Ian BROSSAT. - Les �lus du groupe communiste sont eux aussi, �videmment, r�vuls�s par ce qu?a dit le nouveau Maire de Rome. Il reste que les arguments avanc�s jusqu?� pr�sent, en particulier par M. Jean-Pierre CAFFET, nous convainquent et je souhaite cependant qu?� l?avenir notre vigilance soit enti�re sur ce que pourra faire le Maire de Rome.

M. Fran�ois DAGNAUD, adjoint, pr�sident. - Merci.

Monsieur POZZO-DI-BORGO, vous avez la parole.

M. Yves POZZO-DI-BORGO. - Paris est une ville universelle, donc il faut faire attention � notre image.

Je rejoins les arguments de M. Pierre SCHAPIRA et de M. Jean-Fran�ois LAMOUR. Ce n?est pas s�rieux. Je comprends tr�s bien que l?on se ligue contre le fascisme, et nous sommes tous solidaires sur ce point.

Mais il faut pr�senter une image de Paris qui est une ville universelle, de tol�rance, qui respecte la d�mocratie. Les Italiens ont vot�. Arr�tons de les m�priser par ce v?u. Ce n?est pas le maire de Rome qui va �tre touch�, c?est l?ensemble des Italiens qui vont consid�rer qu?ils sont pris pour des imb�ciles.

Il faut faire tr�s attention � ce que l?on fait. Je connais la presse italienne pour des raisons familiales. Ce v?u va prendre une importance fantastique et va donner une image de Paris qui ne correspond pas � ce que doit �tre Paris.

Je remercie l?Ex�cutif. Je remercie M. Jean-Fran�ois LAMOUR et les autres pr�sidents d?avoir pris cette d�cision. Il ne faut pas que nous soyons ridicules.

Notre groupe votera contre.

M. Fran�ois DAGNAUD, adjoint, pr�sident. - Monsieur BOUTAULT, vous avez la parole.

M. Jacques BOUTAULT, maire du 2e arrondissement. - Le v?u est maintenu.

Ce n?est pas anodin ; ce n?est pas Londres. C?est Rome avec un maire qui a un pass� encore tr�s pr�sent, fasciste, et qui a tenu des propos qui m?ont personnellement choqu�.

Pourquoi le v?u est-il maintenu ? C?est parce que je regrette que la collectivit� parisienne sorte de ce d�bat sans avoir marqu� sa d�sapprobation par un acte fort. Ne serait-ce qu?un contre-v?u de l?Ex�cutif nous aurait honor�s.

Je regrette que l?on sorte de ce d�bat sans une position politique de la Ville de Paris. C?est pourquoi ce v?u est maintenu.

M. Fran�ois DAGNAUD, adjoint, pr�sident. - Merci.

Cela dit, je pense que M. Pierre SCHAPIRA, au nom de l?Ex�cutif, comme M. Jean-Pierre CAFFET et plusieurs autres pr�sidents au nom de leur groupe, ont dit tr�s clairement et tr�s politiquement ce qu?il convenait de penser de cette situation.

De ce point de vue, l?argumentation me para�t contestable. Les positions sont claires. Tout a �t� dit.

Je mets aux voix, � main lev�e, la proposition de v?u d�pos�e par le groupe ?Les Verts?, assortie d?un avis d�favorable de l?Ex�cutif.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

La proposition de v?u est repouss�e.

Je vous remercie.

Mai 2008
Débat
Conseil municipal
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