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180 - 2002, DLH 10 - Autorisation à M. le Maire de Paris de consentir au dépôt par la R.I.V.P. d'une demande de permis de construire en vue de la réalisation d'un programme mixte comportant environ 90 logements sociaux destinés aux jeunes et aux étudiants sur la parcelle située 2-4, rue Bruneseau (13e)


M. Christian SAUTTER, adjoint, pr�sident. - Nous passons � l'examen du projet de d�lib�ration DLH 10 autorisant M. le Maire de Paris � consentir au d�p�t par la R.I.V.P. d'une demande de permis de construire en vue de la r�alisation d'un programme mixte comportant environ 90 logements sociaux destin�s aux jeunes et aux �tudiants sur la passerelle situ�e 2-4, rue Bruneseau, dans le 13e.
Il y a une question de M. BLET qui est relay�e par M. RIOU, et ce sont MM. ASOULINE et MANO qui r�pondront.
M. Alain RIOU. - Monsieur le Maire, mes chers coll�gues, si l'on devait �tablir la liste des lieux les plus laids de notre Capitale, les moins attrayants, nul doute que le secteur Mass�na-Bruseneau figurerait en bonne place. Travers� par la balafre du p�riph�rique, abandonn� par les activit�s qui s'y �taient d�velopp�es, isol� par le cordon ferroviaire de la gare de Lyon, enclav� aux confins de Paris et d'Ivry, c'est un territoire morne et d�laiss�.
(Mme Mireille FLAM, adjointe, remplace M. Christian SAUTTER, adjoint, au fauteuil de la pr�sidence).
C'est pourtant dans ce cadre rieur que l'on nous propose d'engager un programme d'environ 90 petits logements sociaux destin�s aux jeunes et �tudiants, qui plus est sur l'emprise la plus excentr�e, � l'extr�me limite communale, entre bretelles d'acc�s au p�riph�rique, activit�s et friches. Une localisation pour le moins d�licate, ainsi qu'il est pr�cis� avec un euph�misme de circonstance dans l'expos� des motifs de la d�lib�ration.
Certes, l'objectif ambitieux de 3.000 logements pour �tudiants d'ici 2006, l�gitime au regard des difficult�s des �tudiants pour se loger � Paris, impose de se saisir de toutes les opportunit�s possibles pour r�aliser des op�rations de logements �tudiants. Mais, choisir les parcelles les plus excentr�es, les plus difficiles, pour y loger des jeunes et des �tudiants est aberrant.
Doit-on consid�rer les �tudiants comme des citoyens de seconde zone ? Alors que ces jeunes gens connaissent des difficult�s sur le plan mat�riel, nul besoin d'en rajouter dans le symbolisme en les rel�guant dans des zones cul-de-sac, sous pr�texte qu'un complexe cin�ma vient d'ouvrir � proximit�.
D'autres options d'implantations doivent ainsi �tre envisag�es, d'autant plus que l'am�nagement de l'ensemble du secteur est actuellement � l'�tude. Le lancement de ce programme appara�t donc tout � fait pr�matur� et rel�ve d'avantage d'une conception charcuti�re de l'urbanisme qui consiste � d�couper les op�rations en tranches que d'une planification concert�e. Certes, le projet de l'architecte Yves Lion sur le secteur Mass�na-Bruneseau int�gre ce programme mais ce projet n'a �t� avalis� ni par notre assembl�e, ni par le Comit� permanent de concertation de la Z.A.C. "Paris-Rive gauche". En outre, quel cr�dit doit-on lui accorder ?
Sur un secteur d'environ 30 hectares, est envisag�e l'implantation de tours de 25 �tages, soit 75 m�tres de haut environ, accueillant bureaux et logements. Si ce projet devait �tre retenu, ce serait ainsi un retour aux trente peu glorieuses pour l'urbanisme parisien. La construction de tours � Paris a en effet �t� arr�t�e en 1974 par Valery GISCARD d'ESTAING qui constatait les erreurs des piteuses op�rations Front de Seine, Montparnasse, Place des F�tes et Olympiades.
Construire une tour n'a rien de scandaleux en soi, certains gratte-ciel sont m�me des chefs-d'?uvre architecturaux, mais pourquoi oser une nouvelle rupture avec la forme urbaine parisienne ? Pourquoi renouveler l'exp�rience de cet urbanisme fonctionnaliste qui nie la rue dans sa fonction d'espace de sociabilit� ? En outre, un pr�c�dent serait cr�� au niveau parisien, ce qui pourrait justifier l'implantation de tours et de barres dans d'autres secteurs de la Capitale, mais �galement au niveau r�gional. Une br�che dans laquelle certaines communes limitrophes ne manqueraient pas de s'engouffrer serait ainsi ouverte.
L'architecte maquille pourtant son projet derri�re le concept galvaud� du d�veloppement durable et se livre � cet effet � un p�rilleux exercice dialectique. Avec ces tours �rig�es dans des parcs, on aurait ainsi, je cite : "un quartier bio dans un environnement cens� n'�tre qu'une nuisance". Ce qui justifierait ce label bio seraient des �tudes allemandes montrant qu'on arrive � une optimisation �nerg�tique � partir d'immeubles d'une "certaine grande hauteur" en plein sol. Soit, mais je crains que les �tudes allemandes ne s'interrogent gu�re sur la qualit� de vie des habitants dans le quartier Mass�na.
De m�me, un jardin sur dalle pourrait �tre exemplaire de la vocation "bio" du site. En outre, dans dix ans, les voitures feraient moins de bruit, la pollution serait n�cessairement moins forte, le p�riph�rique toujours aussi fr�quent� mais de fa�on moins agressive. Au lieu d'oser un pari pascalien sur les progr�s de l'industrie automobile et de la conduite d'automobilistes enfin pacifi�s, il serait certainement plus judicieux pour l'avenir du quartier de supprimer l'�changeur d'Ivry, ce qui ouvrirait de nouvelles perspectives d'am�nagement, et d'�riger des murs anti-bruits le long du p�riph�rique.
La r�flexion sur l'am�nagement du secteur devrait �galement int�grer l'arriv�e � moyen terme du tramway boulevard Mass�na. Pourrait ainsi voir le jour un v�ritable boulevard urbain, le long duquel des op�rations de logements, dont des logements �tudiants, et des logements sociaux, seraient r�alis�s. Les �tudiants se trouveraient ainsi plus proches du futur quartier universitaire et b�n�ficieraient d'un environnement d'une qualit� nettement sup�rieure au no man's land dans lequel il est envisag� de les parquer.
Madame la Maire, si le programme qui nous est pr�sent� nous semble int�ressant dans son contenu, le choix de sa localisation nous para�t totalement pr�matur� compte tenu de l'�tat d'avancement limit� des r�flexions sur l'am�nagement de ce secteur de la Z.A.C. "Paris-Rive gauche".
Alors que le quartier doit constituer un mod�le de d�veloppement durable, il est �vident que le programme pr�sent� va � l'encontre de tous les pr�ceptes pr�suppos�s par ce concept. Une maturation est ainsi indispensable.
Certes, le d�ficit en logements sociaux pour �tudiants est alarmant mais l'urgence ne nous autorise pas � l'incoh�rence.
Madame la Maire, mes chers coll�gues, je vous remercie. Nous nous abstiendrons sur cette d�lib�ration.
Mme Mireille FLAM, adjointe, pr�sidente. - Pour r�pondre, je donne la parole � M. David ASSOULINE.
M. David ASSOULINE, adjoint, au nom de la 7e Commission. - Je vais dire deux mots et Jean-Yves MANO va r�pondre peut-�tre aussi plus sur le plan de toutes les �vocations techniques expos�es par M. RIOU.
Vous savez, th�oriquement dans cette Assembl�e tout le monde est d'accord pour qu'il y ait du logement �tudiant. La grosse difficult� depuis que j'ai pris mes fonctions c'est de trouver du foncier et de permettre que les programmes puissent avancer rapidement pour remplir notre contrat de mandature qui est de 3.000 logements sociaux �tudiants en 5 ans. C'est une vraie bagarre de tous les jours.
Et quand on trouve un endroit possible, comme Bruneseau, qu'on �tudie pendant un an - parce que cela fait un an qu'on discute de ce projet - qu'il a �t� am�lior�, ce n'est pas le projet � l'identique propos� au d�but, car au d�but il �tait propos� du logement exclusivement �tudiant. On a vu que dans le secteur il serait bon de faire 50 % de logements �tudiants et 50 % de logements pour jeunes travailleurs en formation et pour jeunes travailleurs. A l'arriv�e nous proposons ce projet qui est aussi un pari.
Vous avez parl� de tours, cela cr�e une confusion pour ceux qui ne connaissent pas le dossier. C'est du R+2. Il y a 90 petits studios pour �tudiants et jeunes travailleurs. R+2 ce ne sont pas des tours de 17 �tages ou je ne sais quoi. Donc si vous avez un probl�me par rapport � l'am�nagement g�n�ral du secteur, il est l�gitime de le poser mais en l'occurrence ce projet l� est un projet � taille humaine.
Je vous demande de r�fl�chir � cela, la Z.A.C. "Rive gauche" avec l'universit� qui va s'y implanter a besoin de logements �tudiants � proximit�. Les �tudiants ne comprendraient pas que l'on fasse un p�le universitaire aussi important dans le 13e et que tous les logements �tudiants soient propos�s partout sauf dans le 13e.
Nous avons un contrat � remplir, pour qu'il y en ait un minimum dans le 13e, or le probl�me avec le foncier c'est que pour rentabiliser l'ensemble il nous faut de l'activit� �conomique, de l'activit� commerciale, etc... etc... � l'arriv�e on ne me propose pas beaucoup de logements �tudiants dans le secteur, parce que ce n'est pas rentable.
Nous n'allons pas atteindre les objectifs qui sont dans le contrat U3M si � chaque fois qu'un endroit est trouv� on soul�ve des arguties. Donc je vous demande - et c'est tr�s politique - de soutenir de tels projets. Pour arriver � 3.000 il nous faudra beaucoup, beaucoup de patience et de t�nacit�. C'�tait un des dossiers qui nous permettait d'engranger une centaine de logements �tudiants en programmation pour l'ann�e 2002 et ne pas prendre trop de retard pour remplir notre objectif.
Donc je vous demande de retirer cette abstention pour montrer votre volont� d'�tre, de fa�on concr�te et pas en g�n�ral, pour le logement social �tudiant � Paris.
Mme Mireille FLAM, adjointe, pr�sidente. - Merci, Monsieur ASSOULINE.
Monsieur MANO, vous avez la parole pour un compl�ment d'information.
M. Jean-Yves MANO, adjoint, au nom de la 8e Commission. - C'est toujours un bonheur d'�couter la perception de l'urbanisme parisien de M. BLET, via n'importe quelle d�lib�ration. M. ASSOULINE a raison en disant que c'est un petit immeuble, R+2, et nous �tions partis dans un descriptif de tours de 25 �tages...
Je pense que ce quartier d'ailleurs m�ritait une �volution, c'est vrai et la conception que l'on a du site que l'on propose vient du fait que ce quartier est en �volution, c'est pour cela que nous avons maintenu la programmation de logements �tudiants.
Il est vrai que vient d'ouvrir juste � c�t� un complexe de cin�ma de 14 salles, que cette zone, tout en ayant des caract�ristiques particuli�res que nous int�grons dans le projet, notamment au niveau de l'isolation phonique, sera demain tout � fait viable et c'est � ce titre l� que nous avons propos� cette possibilit� de construire du logement �tudiant et du logement pour jeunes travailleurs.
Je rassure M. ASSOULINE, je suis convaincu que par la mobilisation des uns et des autres nous arriverons � notre objectif de 3.000 logements �tudiants � la fin de la mandature.
Mme Mireille FLAM, adjointe, pr�sidente. - Merci, Monsieur MANO.
Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DLH 10.
Qui est pour ?
Contre ?
Abstentions ?
Le projet de d�lib�ration est adopt�. (2002, DLH 10).

Octobre 2002
Débat
Conseil municipal
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