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27 - Vœu déposé par MM. René DUTREY, François FLORES et les membres du groupe "Les Verts" concernant les méthodes de consolidation des carrières souterraines


M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Pour en finir avec la 3e Commission, nous passons maintenant � l'examen de 3 v?ux.
Le premier concerne le v?u r�f�renc� n� 1 dans le fascicule, il est pr�sent� par M. DUTREY.
M. Ren� DUTREY. - Je vous remercie, Monsieur le Maire.
Le sous-sol de Paris est un gruy�re. L'exploitation des carri�res sous Paris a commenc� � l'�poque gallo-romaine, on a extrait du sous-sol de Paris de la craie, du gypse, du sable et du calcaire grossier.
Le calcaire grossier a servi � construire les immeubles dans lesquels pour beaucoup nous habitons aujourd'hui.
Ces carri�res de calcaire ont �t� laiss�es � l'abandon, en �tat de fin d'exploitation. Elles n'ont fait l'objet d'aucune cartographie. Il a fallu attendre 1777 et la cr�ation de l'Inspection g�n�rale des carri�res pour qu'une cartographie et de premi�res consolidations puissent �tre effectu�es. L'exploitation des carri�res a �t� interdite � partie de 1810, partiellement, et compl�tement en 1880.
Pendant 130 ans les consolidations des carri�res de calcaire ont �t� r�alis�es en pilier ma�onn�. Cela repr�sente 90 % des consolidations. Cette m�thode ancestrale consiste assez simplement � soutenir le ciel de la carri�re par des piliers en pierres calcaires, donc de la m�me pierre que la carri�re, appareill�s au mortier de ciment, r�partis r�guli�rement. Cela a l'avantage d'utiliser de la pierre identique. Seuls les joints sont apport�s de l'ext�rieur et ils ne repr�sentant que 1/50e du volume.
Depuis les ann�es 60 une nouvelle m�thode est apparue qui est la m�thode dite d'injection... Est-ce que je pourrais avoir du silence ?...
M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Allez-y, Monsieur DUTREY, continuez, ne vous laissez pas troubler.
M. Ren� DUTREY. - Je subis un certain brouhaha, bien que je sois difficilement "troublable".
La m�thode d'injection consiste � remplir le vide r�siduel de la carri�re en effectuant un forage et en remplissant cette carri�re par un coulis de b�ton constitu� de b�ton et de cendres volantes de charbon r�sidus de combustion des centrales thermiques. Il faut savoir que tr�s souvent ces cendres de charbon sont charg�es de m�taux lourds, arsenic, cadmium, plomb.
Cette m�thode est beaucoup d�cri�e en ce moment, entre autres par les cimentiers qui viennent de cr�er une commission internationale dans le cadre de la recherche sur les m�taux lourds dans les ciments et plusieurs soci�t�s scandinaves ont interdit l'utilisation de ce type de ciment dans la consolidation des carri�res.
Cette m�thode d'injection pose d'autres probl�mes, entre autres celui de l'imperm�abilisation des sols de carri�re. Normalement les eaux se r�pandent � travers les couches g�ologiques et ruissellent � travers le calcaire grossier jusqu'� la nappe phr�atique. Contrairement � la m�thode des piliers ma�onn�s laissant le ruissellement des eaux s'effectuer, les injections entra�nent des d�tournements du ruissellement, et donc des accumulations d'eau stagnante.
On a des exemples assez r�cents sous la Z.A.C. "Guilleminot", la Z.A.C. "Montsouris", suite � des injections qui ont entra�n� des petits effondrements. Sous le r�servoir de Montsouris, la S.A.G.E.P. a m�me �t� oblig�e de percer les injections pour permettre au ruissellement de s'effectuer � nouveau.
De plus, ces injections �tant faites un petit peu � l'aveuglette, cela d�borde sur les propri�t�s voisines. On peut citer les carri�res class�es de Port Mahon, qui ont b�n�fici� d'une injection d�goulinante sur toute une partie du site.
Et pour finir cette m�thode d'injection emp�che toute possibilit� de contr�le. A partir du moment o� l'on ne peut plus descendre dans la carri�re il n'y a plus aucune possibilit� de contr�ler l'�volution du site.
L'objectif de ce v?u est assez simple. Il demande qu'une �tude soit command�e par la Ville de Paris pour estimer clairement l'efficacit� et les impacts sur l'environnement de ces consolidations par injection de b�ton et deuxi�mement pour que les m�thodes de consolidation soient int�gr�es dans le futur plan local d'urbanisme.
Il para�t assez normal d'int�grer les sous-sols de notre Capitale dans l'�volution et dans le cadre du d�veloppement durable. C'est s�r que le sous-sol cela ne se voit pas, on y porte souvent peu d'attention mais notre Ville s'est quand m�me construite gr�ce et sur ce sous-sol. La qualit� des m�thodes de consolidation effectu�e aujourd'hui d�termine grandement la stabilit� de notre sol pour demain.
Je crois que dans une logique de d�veloppement durable qui nous anime tous nous nous devons d'int�grer � la r�flexion sur l'�volution de notre Ville le respect de son sous-sol.
Je vous remercie.
M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Merci.
La parole est � Denis BAUPIN.
M. Denis BAUPIN, adjoint. - Merci, Monsieur le Maire.
Quelques �l�ments de r�ponse � M. DUTREY.
D'abord pour rappeler qu'il y a trois types d'origine des d�sordres souterrains que l'on peut conna�tre � Paris. Premi�rement les anciennes carri�res de calcaire grossier, deuxi�mement les anciennes carri�res de gypse et enfin la dissolution de poches de gypse elles-m�mes en profond de ces vides souterrains.
Deux m�thodes sont principalement employ�es - vous l'avez rappel� - la consolidation par injection et la consolidation par pilier ma�onn�. Cette derni�re m�thode pour l'instant n'est appliqu�e que dans le cadre d'anciennes carri�res souterraines de calcaire grossier et dans tous les autres cas c'est la m�thode par injection qui est pour l'instant employ�e.
Il faut d'ailleurs noter que cette m�thode par pilier ma�onn� n'est pas abandonn�e, elle reste prescrite et pratiqu�e notamment souvent sur la rive gauche. Mais aujourd'hui l'Inspection g�n�rale des carri�res qui d�pend de la Direction de la Voirie et des D�placements de la Ville de Paris ne privil�gie aucune m�thode et laisse le choix aux p�titionnaires entre toutes les techniques r�alisables sur la parcelle consid�r�e.
En ce qui concerne les remarques que vous avez faites sur la m�thode d'injection, je voudrais d'abord rappeler que cette m�thode est utilis�e dans toute la France pour combler des vides souterrains. Donc elle n'est pas sp�cifique � la Ville de Paris.
En ce qui concerne la pollution due au ciment, il nous est indiqu� que les ciments utilis�s aujourd'hui dans les coulis d'injection sont des ciments normalis�s qui ob�issent � des cahiers des charges tr�s lourds. En particulier le caract�re inerte de ces ciments est v�rifi� et ces ciments sont normalis�s et ne peuvent pas contenir des m�taux lourds ni des substances organiques susceptibles de polluer la nappe. De m�me d'ailleurs que les mat�riaux ajout�s au ciment pour constituer le coulis.
En ce qui concerne les interrogations que vous portez sur l'�volution des circulations d'eau, en r�gle g�n�rale les carri�res souterraines se situent au-dessus de la nappe phr�atique, sinon elles auraient d�j� �t� envahies d'eau et donc leur exploitation aurait �t� impossible dans ce cas-l�. Le probl�me de la circulation d'eau dans la carri�re ne devrait pas se poser. Il existe cependant des cas - vous avez raison d'insister l�-dessus - o� une couche d'argile plastique a permis la subsistance d'une nappe perch�e qui peut transiter par les carri�res mais il convient de noter que dans ce cas la consolidation par pilier ma�onn� s'accompagne du comblement par du remblai et que cette m�thode aussi pourrait entra�ner des modifications de circulation d'eau.
Enfin, en ce qui concerne la v�rification du proc�d�, lorsque la technique de consolidation par injection est prescrite par l'Inspection g�n�rale des carri�res, elle est syst�matiquement accompagn�e d'une obligation de faire des forages de contr�le apr�s les travaux pour v�rifier que les vides ont �t� combl�s et que la r�sistance du terrain est ad�quate.
Ainsi la m�thode de consolidation par injection est celle pour laquelle la v�rification est aujourd'hui la plus d�velopp�e. Rappelons enfin que cette technique qui est en am�lioration constante est utilis�e par la Ville de Paris dans la quasi-totalit� de ses op�rations, que ce soit sous voie publique ou sous b�timent, non seulement parce que c'est une technique qui a fait ses preuves mais surtout parce que bien souvent c'est la seule qui soit adapt�e dans le cadre des dispositions techniques existantes.
Bien �videmment, vous proposez par votre v?u la r�alisation d'une �tude pour estimer l'efficacit� et l'impact sur l'environnement des consolidations par injection. Je donne un avis favorable � ce v?u. Je pense m�me que cette �tude pourrait �tre �largie � la consolidation par pilier ma�onn� pour laquelle certaines questions techniques sont aujourd'hui mal r�solues.
(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste et radical de gauche, du Mouvement des citoyens, communiste et "Les Verts").
M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Avis favorable donc.
Je mets donc aux voix, � main lev�e, la proposition de v?u d�pos�e par le groupe "Les Verts".
Qui est pour ?
Contre ?
Abstentions ?
La proposition de v?u est adopt�e. (2002, V. 118).

Octobre 2002
Débat
Conseil municipal
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