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42 - Vœu n° 10 déposé par M. GAREL, au nom du groupe "Les Verts" tendant à ce que la lutte contre le Sida en Afrique devienne une priorité politique et budgétaire de la Ville de Paris


Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe, pr�sidente. - Nous passons � l'examen du voeu n�10 d�pos� par le groupe "Les Verts" pour que la lutte contre le Sida en Afrique devienne une priorit� politique et budg�taire de la Ville de Paris.
La parole est � M. GAREL.
M. Sylvain GAREL. - Madame la Maire, chers coll�gues, je vais parler de ce probl�me tr�s, tr�s grave qui est celui de la pand�mie de sida qui frappe le continent africain.
Aujourd'hui, on estime que 28 millions d'africains sont porteurs du virus du Sida. Chaque jour, plusieurs milliers d'africains meurent de cette terrible maladie. On estime que cette pand�mie est probablement la plus grave qu'ait connue l'humanit� depuis la grande peste de la fin du moyen �ge en Europe. Il y a une grande diff�rence entre la grande peste et cette pand�mie de Sida. A l'�poque de la grande peste, nous n'avions aucun rem�de pour soigner les gens qui mouraient de cette maladie. Aujourd'hui, le v�ritable scandale, c'est que nous avons les rem�des. Nous pourrions sauver l'immense majorit� de ces gens, qui meurent aujourd'hui tous les jours en Afrique du Sida et nous ne le faisons pas.
Bien s�r, il y a des responsables. En premier lieu, les industries pharmaceutiques qui refusent toujours - m�me si certaines ont recul�, heureusement -, la possibilit� de cr�er des m�dicaments g�n�riques pour qu'en Afrique, les gens puissent se soigner � des co�ts beaucoup moins �lev�s que dans les pays du Nord.
Il y a aussi les gouvernements de certains pays africains qui, pour beaucoup, ne font pas tout ce qui est n�cessaire pour que leur population soit prot�g�e de l'infection et soit soign�e. Il y a surtout l'inaction, l'�go�sme du Nord, des pays d�velopp�s qui refusent aujourd'hui de mettre vraiment les moyens � la hauteur de cette pand�mie. Ce v?u vise � ce que nous, en tant que collectivit� d'une ville riche, malgr� des poches de mis�re, dans un pays tr�s riche, nous faisions de cette lutte contre le Sida en Afrique l'une de nos priorit�s politiques et budg�taires. Bien s�r, je sais que la ville soutient d�j� de nombreuses associations, et M. LHOSTIS va nous le rappeler sans doute, qui sont actives dans la lutte contre le Sida. Mais je pense que nous reconna�trons tous ensemble que c'est malheureusement d�risoire par rapport � cette pand�mie et par rapport � son ampleur.
C'est pour cela que les �lus du groupe "Les Verts" proposent de faire de cette lutte une priorit� politique et budg�taire. Nous proposons qu'elle prenne une forme particuli�re pour qu'elle ne reste pas un v?u pieu comme malheureusement certains des v?ux que nous votons dans cette Assembl�e.
Nous proposons qu'elle prenne la forme de ce que nous avons appel� un imp�t volontaire ou une contribution volontaire puisqu'il semble que le mot imp�t fasse peur � un certain nombre d'�lus. Une contribution volontaire serait propos�e par la ville � l'ensemble des Parisiennes et des Parisiens pour aider des projets concrets de lutte contre le Sida en Afrique.
M. Alain LHOSTIS, adjoint. - Je r�pondrai pour partie et M. SCHAPIRA compl�tera. Nous menons une action de concert.
Evidemment, Monsieur GAREL, tr�s sinc�rement, je partage tout ce que vous avez dit y compris l'insuffisance des moyens que nous accordons face au probl�me dramatique auquel nous sommes confront�s. C'est un probl�me mondial et majeur. Il ne s'agit absolument pas, pour moi, d'opposer aux arguments que vous avez expos�s, des arguments pour dire : nous faisons avec les moyens qui sont ceux de la Ville.
Il est effectivement insupportable de constater que la majorit� des malades du Sida, c'est-�-dire d'abord les populations de l'Afrique subsaharienne, n'ont pas acc�s aux traitements. Aujourd'hui, sur 10 millions de personnes dans un �tat de sant� n�cessitant une mise sous trith�rapie imm�diate, seules 230.000 ont acc�s aux traitements. L'ensemble des associations luttant contre le sida, �lus et corps m�dical, tous font de l'acc�s aux traitements dans les pays en voie de d�veloppement un objectif prioritaire.
C'est pour moi extr�mement clair. A l'H�tel-de-Ville, pour ce qui concerne notre pays, ce n'est pas �tranger � ce qui se passe dans les pays en voie de d�veloppement, nous constatons l'arriv�e de nouveaux migrants porteurs de la maladie lorsqu'ils arrivent sur notre territoire. A ce moment-l�, ils peuvent b�n�ficier, � �galit�, des traitements avec parfois des probl�mes complexes d'acc�s, mais globalement les choses sont, sur ce plan, offertes soit par les h�pitaux, notamment par l'Assistance publique, soit par d'autres moyens.
Vous le savez, l'on a augment� de fa�on extr�mement importante les subventions accord�es aux associations. On a doubl� le nombre de pr�servatifs distribu�s gratuitement. Par ailleurs, nous avons d�velopp� des aides au financement des associations qui travaillent parmi les populations africaines qui, pour certaines, sont d�j� porteuses du VIH. Des associations comme Sida info service, Aides, Opals, Solidarit� Sida qui interviennent sur le continent africain, au Maghreb ou dans l'Afrique subsaharienne, sont d�j� aid�es par la ville. Nous soutenons le projet dit Ester dans lequel l'A.P.-H.P. est impliqu�e pour un jumelage avec des h�pitaux du Mali, du B�nin entre autres et nous soutenons les projets de jumelage dans le cadre de l'Association internationale des maires francophones.
Tout cela alors que, je le rappelle, la lutte contre le Sida est une comp�tence d'Etat. Nous allons bien au-del� de nos responsabilit�s inscrites dans les textes. Nous n'allons pas au-del� de nos responsabilit�s morales et humaines, bien �videmment.
La collectivit� parisienne prend sa part m�me si, face � cette terrible maladie, on ne fait jamais assez.
Sur le v?u que vous avez expos�, vous avez �crit imp�t volontaire. Vous avez parl� ici de contribution volontaire. Personnellement, cette question n'est pas une question s�mantique ou d'opposition � tel ou tel terme. Soit les Pouvoirs publics, la collectivit� territoriale que nous sommes, d�cident d�lib�r�ment et clairement dans le cadre de l'imp�t qui est lev� sur les citoyens, d'accorder une part plus grande � l'action internationale que nous menons. Soit ce que vous sugg�rez, et alors les associations et les fondations qui m�nent cette action pourraient nous le reprocher, l'Etat ferait appel � la g�n�rosit� publique. Excusez-moi, ce n'est pas du tout votre esprit, mais c'est presque une perversion de dire, puisque nous ne voulons pas prendre nos responsabilit�s, nous vous appelons de fa�on volontaire � le faire � notre place. Mais cela, c'est le r�le des associations que de faire appel � la g�n�rosit�.
Nous devons interpeller plus fortement l'Etat. Nous devons peut-�tre nous engager un peu plus. C'est un d�bat que nous avons entre nous sur les moyens que nous accordons. Mais je ne pense pas que nous pouvons faire appel directement � la g�n�rosit�, m�me si nous soutenons les campagnes. Je pense que c'est aux Pouvoirs publics d'assurer leurs engagements propres. De ce point de vue, c'est aussi l'avis des associations puisque le Manifeste de Solidays adopt� en juillet dernier signale "qu'un an apr�s l'annonce tonitruante, � G�nes, par les �tats du G8, de la cr�ation d'un Fonds mondial contre le Sida, la contribution des pays les plus riches n'a pas atteint le 1/10e des objectifs fix�s".
C'est l� que nous devons taper. C'est l� que nous devons marquer notre responsabilit�. Les associations demandent o� sont les 10 milliards promis. Pour elles, l'urgence est de soutenir financi�rement et le plus rapidement possible les structures publiques ou communautaires d�j� impliqu�es dans la prise en charge m�dico-sociale des malades. Plus que jamais, il est imp�ratif d'�largir l'acc�s aux traitements m�dicaux. Dans ce Manifeste de Solidays, les associations exigent que ces responsabilit�s soient enfin assum�es. Je partage ce point de vue et je propose � notre Assembl�e de prendre cette option.
Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe, pr�sidente. - Merci, Monsieur LHOSTIS, pour cette intervention tr�s, tr�s, tr�s importante.
La parole est � M. SCHAPIRA.
M. Pierre SCHAPIRA, adjoint. - J'essaierai d'�galer en sinc�rit� Alain LHOSTIS...
Il est vrai que l'Ex�cutif partage les pr�occupations de notre honorable coll�gue GAREL. Je m'associe � ce que nous a r�pondu Alain LHOSTIS, mais, compte tenu de l'ampleur des besoins et de la mobilisation des Etats et des organismes multilat�raux, il est indispensable, et cela a �t� rappel�, non seulement � Barcelone lors de la conf�rence internationale sur le Sida, mais aussi ici quand nous avons fait un colloque au mois de juillet avec tous les partenaires qui traitent de ce sujet.
Les collectivit�s locales doivent s'associer � cet effort car elles sont proches des acteurs de terrain.
Dans ce contexte, le Maire de Paris a souhait� faire de la lutte contre le Sida une des grandes priorit�s de l'action internationale de la Ville de Paris : un effort particulier a �t� consenti pour renforcer les moyens de ceux qui, notamment responsables associatifs, contribuent � la mobilisation de l'opinion. C'est le grand succ�s public de Solidays qui a lieu au mois de juillet.
C'est pourquoi, si la proposition visant � cr�er un imp�t volontaire n'est pas la plus pertinente, il est en revanche indispensable de continuer � accompagner l'action de celles et de ceux qui, � un titre ou un autre, s'efforcent � encourager dans la dur�e la solidarit� des Parisiennes et des Parisiens sur cette action.
En second lieu, l'effort financier visant � encourager la lutte contre le Sida a �t� amplifi� via l'Organisation panafricaine de lutte contre le Sida (OPALS), mais aussi l'Association de lutte contre le Sida au Maroc (ALCS) et un certain nombre d'autres associations.
Dans cet esprit, un m�decin sp�cialiste de ces questions a �t� recrut� au sein de la D.G.R.I. de la Mairie afin d'assurer la coh�rence et le suivi de ces actions.
En dernier lieu, le Maire de Paris en qualit� de Pr�sident de l'Association internationale des maires francophones (A.I.M.F.) a d�cid� que la lutte contre la pand�mie soit inscrite comme une des grandes priorit�s de son action. Dans ce contexte, je re�ois demain le Maire de Port Gentil (Gabon).
Il faut savoir que c'est � notre demande que dans tous les pactes d'amiti� et de coop�ration que nous d�veloppons, nous ajoutons la question de la lutte contre le Sida. C'est un vrai probl�me culturel dans beaucoup de ces pays. Nous sommes, � Paris, en avance sur ces questions.
Nous avons envoy� une mission conjointe de l'A.I.M.F., de la Mairie de Paris, de l'Assistance publique des H�pitaux de Paris, du Conseil r�gional d'Ile-de-France, qui s'est rendue au Mali et au Burkina Fasso afin d'identifier les projets qui pourraient b�n�ficier de nos concours.
Sur cette base, l'A.I.M.F., l'A.P.-H.P. et la Mairie de Paris viennent de r�pondre � un important appel d'offres lanc� par la commission europ�enne ; c'est la premi�re fois que la Ville de Paris r�pond � un tel appel d'offres. Il s'agit de sommes colossales que nous ne pouvons pas d�gager comme cela. C'est la premi�re fois que la Ville de Paris r�pond � un appel d'offres de la commission europ�enne destin� � soutenir des actions de lutte contre cette maladie dans deux pays d'Afrique : le Mali et le Burkina Fasso et en Asie du Sud-Est, le Cambodge.
Si notre projet est retenu, il pourrait �tre pris en compte � 90 % � l'int�rieur d'une enveloppe de 2,5 � millions � 5 millions d'euros. C'est un fait important.
Il faut que nous insistions sur tous les programmes europ�ens concernant la lutte contre le Sida. C'est ce que l'on a fait, peut-�tre allons nous r�ussir sur ce dossier. C'est une somme tr�s importante pour venir en aide � ces populations qui souffrent et qui meurent pr�matur�ment.
On pourra faire tous les colloques qu'on veut sur la gestion urbaine, sur la culture, mais si les gens ne vivent pas plus de 40 ans, ce n'est pas la peine, �a ne sert � rien, ce sont des populations enti�res qui seront d�cim�es, et l'Afrique va compl�tement � la d�rive.
C'est un r�le fondamental que nous pouvons avoir, nous ne pouvons pas l'avoir seul en tant que ville. En revanche, nous pouvons nous associer � d'autres villes.
Quand on est dans des r�seaux de ville comme on est maintenant avec Eurocit�s, avec l'Union des capitales de l'Union europ�enne, nous sommes plus forts et nous pouvons aller ensemble chercher des financements europ�ens.
(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste et radical de gauche, du Mouvement des citoyens, communiste et "Les Verts").
Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe, pr�sidente. - Merci.
Monsieur GAREL, les arguments, la conviction, la force des propos tant d'Alain LHOSTIS que de Pierre SCHAPIRA montrent � quel point, pour la Ville de Paris, pour le Maire de Paris, ce que vous avez �voqu� dans votre v?u est une priorit� politique et une priorit� budg�taire.
Je crois, Monsieur GAREL, que les arguments et les propos de mes coll�gues vous auront convaincu, je l'esp�re en tous les cas, sinon je pense qu'on aurait du mal et l� nous partageons tous la m�me position.
Donc ma demande est tr�s claire : acceptez-vous de retirer votre v?u, compte tenu de l'argumentaire tr�s pr�cis et des actions sur lesquelles la Ville de Paris se mobilise au plan international notamment et dans la coop�ration avec les diff�rents pays et villes avec lesquels nous travaillons ?
M. Sylvain GAREL. - Madame la Maire, les arguments qu'on donn�s Alain LHOSTIS et Pierre SCHAPIRA sont tr�s int�ressants, nous partageons la m�me volont�, mais je trouve que ce que fait la Ville n'est pas encore suffisant, et cela vient d'�tre soulign� dans les interventions pr�c�dentes.
Si ce probl�me de contribution volontaire pose un probl�me, je veux bien enlever cette partie du v?u, mais je souhaite maintenir le reste du v?u qui affirme que la lutte contre le Sida devient une priorit� politique et budg�taire.
Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe, pr�sidente. - Elle est une priorit�.
M. Sylvain GAREL. - Qu'elle soit compl�tement inscrite dans le budget 2003.
Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe, pr�sidente. - Vous n'avez pas entendu les arguments, c'est une priorit� ; on ne peut pas vous laisser dire que ce n'est pas ou que ce ne serait pas encore une priorit�, Monsieur GAREL.
M. Sylvain GAREL. - Je ne l'ai pas entendu, dans les orientations budg�taires de la Ville, cette priorit� n'est pas inscrite, il n'y a rien sur la lutte contre le Sida en Afrique.
Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe, pr�sidente. - Vous mettez en cause ce que vient de dire nos deux coll�gues ?
M. Sylvain GAREL. - Non, mais, dans la communication, cette priorit� n'est pas affich�e par la Ville. Nous souhaitons qu'elle le devienne.
Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe, pr�sidente. - Vous ne retirez pas votre v?u ?
M. Sylvain GAREL. - Je propose un amendement : l'imp�t semble poser probl�me, je propose que la priorit� soit concr�tement inscrite dans le prochain budget 2003 de la Ville. Je ne vois pas ce qu'il y a de contradictoire avec ce que vient de dire Alain LHOSTIS et Pierre SCHAPIRA.
M. Alain LHOSTIS, adjoint. - Il y a un probl�me de fond : apr�s ce que j'ai dit, ce qui figure dans notre budget � l'heure actuelle et qui devrait figurer en 2003, on ne peut que constater le renforcement de nos moyens � la fois au plan national et international. Je n'accepte pas qu'on soit mis sur le m�me plan que les �tats qui ne prennent pas leurs responsabilit�s. C'est en milliards de dollars ou en milliards d'euros que se posent les moyens d'intervention. Donc je ne peux pas laisser dire que nous n'avons pas act� cette priorit�. C'est pourquoi si vous dites que vous �tes d'accord avec nous, � ce moment l� nous regarderons ensemble au fur et � mesure comment nous faisons les choses, � la fois au plan int�rieur comme au plan international. Mais si vous maintenez votre v?u, m�me sur le premier aspect, je crois que malheureusement nous voterons contre parce qu'il y a l� un d�tournement de sens par rapport � la r�alit� que chacun peut constater de la politique municipale.
Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe, pr�sidente. - Tout � fait. Tr�s bien ! Donc je mets aux voix le v?u...
M. Sylvain GAREL. - Je demande une suspension de s�ance, s'il vous pla�t.
Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe, pr�sidente. - Une suspension de s�ance ? Pour quoi faire ?
M. Sylvain GAREL. - Pour d�cider.
M. Christian SAUTTER, adjoint. - C'est � M. NAJDOVSKI de demander la suspension de s�ance.
Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe, pr�sidente. - �coutez, c'est M. NAJDOVSKI, en tant que pr�sident de groupe, qui peut la demander mais franchement les explications ont �t� particuli�rement claires. Nous sommes d'accord, c'est une priorit�, ce n'est pas une priorit� en devenir, c'est une priorit� politique et budg�taire. Donc je crois que tout de m�me nous pouvons comprendre, �couter, les arguments objectifs qui sont donn�s.
Monsieur NAJDOVSKI ?
M. Christophe NAJDOVSKI. - Je vous demande de nous accorder une tr�s courte suspension de s�ance, de 3 minutes.
Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe, pr�sidente. - Trois minutes. Suspension accord�e.

Octobre 2002
Débat
Conseil municipal
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