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51 - 2002, DPA 316 - Autorisation à M. le Maire de Paris de signer les protocoles d'accord avec le cabinet d'architectes "REICHEN et ROBERT", d'une part, et la société "Marc MIMRAM", d'autre part, relatifs à la résolution de leurs marchés et à leur indemnisation dans le cadre de l'opération concernant la réhabilitation de la piscine Molitor (16e)


Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe, pr�sidente. - Nous passons au projet de d�lib�ration DPA 316 concernant une autorisation � M. le Maire de Paris de signer les protocoles d'accord avec le cabinet d'architectes "REICHEN et ROBERT", d'une part, et la soci�t� "Marc MIMRAM", d'autre part, relatifs � la r�solution de leurs march�s et � leur indemnisation dans le cadre de l'op�ration concernant la r�habilitation de la piscine Molitor (16e).
La parole est � M. BLET.
M. Jean-Fran�ois BLET. - Madame la Maire, la piscine Molitor est une splendeur architecturale unique en son genre en France. D�s septembre 1989, la mise � mort de ce joyau Art D�co con�u par Lucien POLLET fut programm�e. La concession consentie par la Ville ne fut pas renouvel�e. Les entr�es furent mur�es, les bassins laiss�s � l'abandon, les ferronneries livr�es aux vandales. Sciemment, d�lib�r�ment, on laissa ainsi s'�chouer le paquebot Molitor en attendant que les pilleurs d'�pave se manifestent. Les promoteurs Meunier furent les premiers. Ils n'envisageaient ni plus ni moins que de raser les b�timents pour construire un h�tel de grand rapport. Or, le 27 mars 1990, le Ministre de la culture, Jack Lang d�cide de l'inscription de l'ensemble � l'inventaire suppl�mentaire des Monuments Historiques, torpillant ces desseins destructeurs. En 1991, un appel d'offres est lanc�. Appara�t alors le projet de REICHEN et ROBERT qui programmait la destruction du bassin d'hiver. Le projet n'est pas retenu, mais ce n'est que partie remise, en 1996 nouvel appel d'offres qui n'est qu'un habillage visant � adopter le projet, r�cup�r� entre-temps par Meunier Promotion, de REICHEN et ROBERT. En termes juridiques, c'est un peu un d�tournement de pouvoir.
Le projet REICHEN et ROBERT associ� au projet de MIMRAM, est cette fois retenu. Le saccage de la piscine Molitor s'annonce ainsi imminent.
La d�lib�ration autorisant la signature des march�s avec les architectes en vue de la restructuration du site occup� par la piscine Molitor, est adopt�e par le Conseil de Paris le 7 juillet 1997.
Associations et riverains de tout le 16e arrondissement se mobilisent pour la conservation de ces b�timents embl�matiques. La d�lib�ration est attaqu�e devant le tribunal administratif par l'association de d�fense des piscines Molitor, Jean-Yves MANO, alors simple conseiller de Paris d'opposition, et Laure SCHNEITER, conseill�re �cologiste, pour absence d'information des �lus.
Le 5 ao�t 2000, Catherine TASCA �met un avis d�favorable au permis de d�molir de la piscine Molitor, l'ampleur des d�molitions �tant jug�e trop importante. Un mois plus tard, le tribunal administratif annule la d�lib�ration du 5 juillet 1997 consid�rant que les �lus n'ont pas pu se prononcer en toute connaissance de cause.
Le projet REICHEN, ROBERT et MIMRAM est donc abandonn� et la Ville de Paris se trouve dans l'obligation d'indemniser les architectes. La d�lib�ration de ce jour porte ainsi sur le montant de cette indemnisation et sur le protocole d'accord qui a �t� pass� avec les architectes.
Notons toutefois que REICHEN et ROBERT toucheront la coquette somme de 1.199.530 F et MIMRAM 742.237 F. Les m�thodes � la hussarde de l'ancienne municipalit� co�tent cher � la nouvelle �quipe municipale.
Avec l'abandon du projet h�telier, l'espoir d'une r�habilitation compl�te revient. Le futur maire de Paris, Bertrand DELANO�, en pleine campagne municipale, prit l'engagement public, sur place, de sauver cette piscine et de cr�er une commission int�grant les associations charg�es de d�finir un projet d'am�nagement. Une fois �lu, il fait inscrire une ligne de cr�dit d'�tudes au premier budget municipal pour �valuer la situation.
L'optimisme �tait alors de rigueur.
En septembre 2001, Jean-Yves MANO d�clarait ainsi, je le cite : "Le bassin d'�t� sera maintenu, nous ne ferons ni des appartements ni des h�tels. Les Parisiens verront revivre Molitor, je vous l'assure".
Cet enthousiasme fut rapidement temp�r�. Les rapports des 3 �tudes command�es concluaient en effet � une d�gradation excessive du b�ton du bassin d'�t� et � la n�cessit� de renforcer les armatures m�talliques du bassin d'hiver. En outre, les chlorures de piscine corroderaient le b�ton ce qui n�cessiterait de co�teux traitements sp�cifiques. Pour une r�habilitation � l'identique, l'addition s'av�rerait ainsi particuli�rement chlor�e de sodium, c'est-�-dire sal�e en termes non chimistes, puisqu'elle atteindrait 55 millions d'euros, la construction d'une piscine neuve �tant �valu�e � 30 millions d'euros.
Pour m�moire, je rappellerai que les travaux de r�fection de la piscine �taient estim�s � 5 millions de francs en 1989. Le co�t de r�habilitation aurait consid�rablement grimp� de 356 millions de francs en 13 ans. Sans sous-estimer l'importance des d�gradations actuelles, il y a de quoi rester perplexe.
Au moment o� les trois rapports d'�tudes �taient communiqu�s, un expert du bureau de contr�le SOCOTEC, r�pondant � un architecte porteur d'un projet alternatif, apportait des conclusions beaucoup plus optimistes consid�rant que la structure des piscines �taient totalement r�cup�rable. Les probl�mes li�s � l'action du chlore pourraient en effet �tre tout � fait surmont�s en utilisant des b�tons � expansion. Il existerait ainsi des proc�d�s simples pour redonner � Molitor son apparence d'origine.
Face � de telles divergences de point de vue, notre perplexit� ne peut que s'accentuer. La Mairie de Paris aurait, si l'on en croit certains �chos de presse, d�j� abandonn� tout espoir de sauver l'ensemble actuel. La presse s'est ainsi fait l'�cho de d�marches men�es pour rechercher des cofinancements du c�t� de la mairie de Boulogne et de la R�gion Ile-de-France et des objectifs de destruction des deux bassins existants et de reconstruction d'un nouveau bassin.
Quelques �l�ments Art D�co tels des mosa�ques, des vitraux et des garde-corps m�talliques seraient sauvegard�s, mais la charpente, les �tages et les cabines qui font le charme et la po�sie de Molitor devraient �tre d�truits.
Confirmez-vous ces pr�dictions alarmistes ? La piscine Molitor, chef d'?uvre en p�ril, vit-elle ses derniers instants en d�pit de toutes les assurances, de tous les engagements que nous avons pris y compris devant les Parisiens et nos �lecteurs ?
Les associations auxquelles une participation � une commission avait �t� promise se sentent flou�es, et l'opacit� qui entoure le projet est jug�e suspecte. Le culte du secret ne devrait plus avoir cours. Afin de respecter les engagements pris et chasser les fantasmes qui entourent la r�ouverture tant attendue de la piscine, deux mesures s'av�rent indispensables.
D'abord la r�alisation d'une nouvelle contre-expertise men�e par les associations sur l'�tat des bassins et des b�timents.
Ensuite, la mise en place d'un comit� de pilotage int�grant les associations sur le devenir de cet ensemble exceptionnel.
Il faut que ces mesures soient prises. Il faut que la clart� soit faite et que ce chef d'?uvre unique d'une p�riode parmi les plus br�ves de l'histoire de l'art architectural, la p�riode arts d�co puisse �tre enfin sauvegard�e.
Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe, pr�sidente. - Pascal CHERKI, quand nage-t-on � Molitor ?
M. Pascal CHERKI, adjoint, au nom de la 7e Commission. - Pour l'instant, on nage dans l'esp�rance.
Apr�s cette longue intervention de notre coll�gue BLET, qui est tr�s compl�te et qui m'�claire car je ne suis pas un sp�cialiste du b�ton, je voudrais porter � la connaissance de l'Assembl�e les �l�ments suivants :
La r�habilitation de la piscine Molitor en l'�tat faisait partie du contrat d'engagement de la mandature, elle n'est pas faite pour des raisons sportives, mais nous envisageons la r�habilitation de cette piscine dans un aspect patrimonial. Cela peut �tre des �quipements d'autres natures, des immeubles anciens.
Sur cette base, nous avons dit que pour sauvegarder le patrimoine parisien, nous �tions dispos�s � envisager la r�habilitation de la piscine Molitor. Quand nous avons eu concr�tement en main les dossiers techniques, il se trouve que trois �tudes contradictoires ont toutes conclu � une d�gradation importante du b�ton qui rendait plus complexe que ce que nous avions pu penser � l'�poque, au vu des informations parcellaires, la restauration de la piscine � l'identique.
Comme nous sommes dans la d�marche de tenir nos engagements du contrat de mandature, nous sommes amen�s � lancer des �tudes importantes de fa�on � pouvoir chiffrer le co�t, non pas d'une reconstruction identique, malheureusement, pour l'instant, en l'�tat des �l�ments et je tiens copie de ces trois �tudes...
M. Jean-Fran�ois BLET. - Volontiers !
M. Pascal CHERKI, adjoint, rapporteur. - Nous les ferons transmettre � tout membre du Conseil de Paris qui le souhaiterait.
Il appartient donc de poursuivre les �tudes compl�mentaires et d'arriver � un chiffrage ; c'est la raison des chiffrages que nous avons avanc�s, ils ne sont pas faits pour pr�parer les esprits � la non-r�habilitation de la piscine Molitor, mais pour les �clairer sur le montant financier important de cette op�ration qui, de toutes les mani�res, en l'�tat actuel des �l�ments que nous avons de l'�tat du b�ton, de l'�volution des normes de construction, nous conduit � dire, en toute honn�tet�, au Conseil, que nous essaierons de nous rapprocher le plus possible de l'esprit d'origine de la piscine Molitor, en gardant, dans le cadre de cette op�ration, le plus d'�l�ments d'�poque.
Mais, en l'�tat actuel, au vu des informations techniques que nous avons en notre possession, nous ne sommes pas en mesure de pouvoir dire que nous reconstruirons � l'identique.
Compte tenu de l'importance symbolique de ce dossier et des sommes mobilis�es, il est normal que nous prenions le temps d'une r�flexion approfondie, circonstanci�e et la plus contradictoire possible.
Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe, pr�sidente. - Merci. Monsieur BLET ?
M. Jean-Fran�ois BLET. - Juste un mot, les piscines cr��es par l'architecte POLLET � Paris sont au nombre de trois : celle de Pontoise dont on sait quel r�le exemplaire elle a jou� lors de la nuit blanche, r�habilit�e int�gralement de A � Z, qui est un petit joyau.
La piscine Pailleron qui va l'�tre, alors que vous avez tenu le m�me discours sous la mandature pr�c�dente, que cette piscine ne pouvait �tre r�habilit�e, la solution �tant de tout raser. Mes coll�gues socialistes avaient vot� sa d�molition, un A.B.F. courageux l'a inscrite � l'inventaire.
Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe, pr�sidente. - On ne veut pas d�truire Molitor !
M. Jean-Fran�ois BLET. - C'est l'�quivalent de ce qu'est une cath�drale pour la p�riode gothique. Il y a peu de monuments de cette ampleur et de cette importance de style arts d�co � Paris.
La pr�servation de monuments embl�matiques pour une p�riode architecturale et historique est importante pour un quartier.
Molitor, toutes les amours de jeunesse qui se sont nou�es autour de cette piscine, si vous aviez vu les photos du bassin de Molitor dans les ann�es 20...
Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe, pr�sidente. - Nous sommes tous d'accord sur cette option.
M. Jean-Fran�ois BLET. - Ce n'est pas une chose qui doit �tre jug�e � l'aune de petites op�rations de reconstruction et de r�habilitation habituelles.
Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe, pr�sidente. - Nous ne sommes pas dans cet esprit de petites op�rations cosm�tiques, nous vous rejoignons sur les propos que vous venez de tenir. Le Maire tient � ce qu'on puisse nager rapidement � Molitor, mais pas au d�triment de ce b�timent, de son architecture, il le rappelle fr�quemment dans toutes ses r�unions.
L'objectif recherch� est de maintenir ce joyau et de permettre aux Parisiens et aux Parisiennes de pouvoir y nager rapidement.
Je vous propose de passer au vote...
Pascal CHERKI, un mot...
M. Pascal CHERKI, adjoint, rapporteur. - Un mot, m�me si nous ne sommes pas nombreux en s�ance.
En ce qui concerne la piscine Pailleron, je ne peux pas dire que mon coll�gue MADEC �tait un forcen�, il demandait qu'on r�fl�chisse � la reconstruction de la piscine Pailleron et de la patinoire pour lesquels nous allons engager 130 millions de francs.
Premi�rement, Roger MADEC �tait pour la r�habilitation de la piscine Pailleron.
Deuxi�me �l�ment, je vous redis que je ne suis pas un sp�cialiste de ces questions techniques, vous m'avez l'air d'�tre � la pointe de ces questions-l�, je suis tout � fait dispos� � vous communiquer les trois �tudes et � contribuer � nous �clairer encore mieux que ce que nous sommes �clair�s. Ces �tudes ne sont pas secr�tes.
Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe, pr�sidente. - Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DPA 316.
Qui est pour ?
Contre ?
Abstentions ?
Le projet de d�lib�ration est adopt�. (2002, DPA 316).
Mes chers coll�gues, nous allons suspendre la s�ance, je vous remercie beaucoup pour le travail de toute cette journ�e.
Je remercie les fonctionnaires de la s�ance de nous avoir accompagn�s d'une fa�on aussi professionnelle et nous nous retrouvons demain � 9 heures.
La s�ance est suspendue.

Octobre 2002
Débat
Conseil municipal
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