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20 - IV - Question d'actualité du groupe du Mouvement des citoyens à M. le Maire de Paris et à M. le Préfet de police demandant de préciser les dispositions prises par leurs services en cas de crue importante à Paris et son agglomération


M. LE MAIRE DE PARIS. - Je passe maintenant la parole au groupe du Mouvement des citoyens. La parole est � Mme Liliane CAPELLE.
Mme Liliane CAPELLE. - Merci, Monsieur le Maire.
Chacun garde en m�moire les photos prises de notre Ville lors de la crue spectaculaire de 1910. Des quartiers entiers de Paris avaient pris le visage de Venise. Les Parisiens se d�pla�aient en barges, des passerelles provisoires install�es sur les trottoirs permettaient de se d�placer. La vie �conomique en fut affect�e de longs mois.
Aujourd'hui, le risque d'une inondation semblable � celle de 1910 n'est pas totalement �cart� en d�pit des pr�cautions prises avec la construction de bassins r�servoir. Si une telle crue devait � nouveau se produire, ses cons�quences sur l'activit� de notre Ville seraient beaucoup plus dramatiques qu'au d�but du si�cle dernier, ou plut�t de l'avant-dernier si�cle. Le r�seau des transports, les communications t�l�phoniques, le r�seau �lectrique, seraient les premiers noy�s sous plusieurs m�tres d'eau.
Voil� pourquoi les �lus du Mouvement des citoyens demandent au Maire de Paris et au Pr�fet de police, Pr�fet de la zone de d�fense et dont la comp�tence s'�tend � ce titre au-del� des limites administratives de Paris, les dispositions prises pour pr�venir les risques d'une crue de cette nature, mais aussi informer les Parisiens et les Franciliens concern�s par ce risque majeur.
M. LE MAIRE DE PARIS. - Je donne la parole � M. le Pr�fet de police et ensuite � Myriam CONSTANTIN.
M. LE PR�FET DE POLICE. - Je vous remercie de cette question, Madame, d'autant plus que personne ne peut exclure une crue du niveau de celle de 1910 sans pouvoir dire si cela arrivera au mois de mars ou dans 100 ans. Mais personne ne peut l'exclure et il est bien certain que les cons�quences seraient beaucoup plus lourdes et difficiles � supporter pour la population aujourd'hui qu'en 1910, simplement parce que nous avons une soci�t� infiniment plus complexe techniquement et que de plus la population ne supporterait sans doute pas ce que supportaient nos grands-parents en allant en barque � l'�cole.
D'ores et d�j�, pour faire face � une crue importante qui toucherait 12 arrondissements de Paris, il existe un certain nombre de mesures de pr�vention et d'information et un certain nombre de mesures op�rationnelles � pr�voir et programmer.
J'�num�re les mesures pr�ventives rapidement : il convient de noter le plan de pr�vention des risques inondations, document r�glementaire destin� � �tablir des r�gles d'urbanisme dans les zones inondables. Il arrive certes un peu tard, apr�s des d�cennies de construction en zone inondable, mais il arrive. Ce document est prescrit par le Pr�fet de R�gion Ile-de-France en 1998, puisque c'est la Pr�fecture de R�gion qui en est charg�e. Le projet de r�daction initiale a �t� soumis aux services de la Ville de Paris en juin 2001. Il s'agit d'un premier r�glement dans le domaine de la pr�vention.
Deuxi�mement en pr�vention toujours, la mise en place de l'Institution interd�partementale des barrages et r�servoirs du bassin de la Seine qui regroupe tous les d�partements concern�s.
Deuxi�me �l�ment qui permet de tenter de r�guler autant que faire se peut la hauteur des eaux.
Troisi�me �l�ment, la cr�ation du dispositif d'annonces des crues avec ses 13 stations d'alerte, un seuil de vigilance et un seuil d'alerte. L'information des services et des populations, en application des directives du r�glement d'annonce des crues du D�partement de Paris, se fait par transmission de messages d'alerte et d'activation des serveurs locaux.
Mais il y a un certain nombre d'autres mesures op�rationnelles � pr�voir sur lesquelles nous travaillons chaque semaine puisque des groupes de travail se r�unissent sur chacun de ces sujets depuis le printemps dernier. C'est la protection des quais contre le d�versement de la Seine dans la travers�e de Paris jusqu'� une cote de 8,72 m�tres, c'est-�-dire 10 centim�tres au-dessus de la crue de 1910.
Un cahier des consignes des crues pr�voit la liste des travaux � r�aliser lorsque la crue est annonc�e pour la fermeture de toutes les br�ches maintenues en temps normal pour l'exploitation de la voie fluviale.
Deuxi�me �l�ment op�rationnel, la protection du r�seau des transports en commun et c'est fondamental puisque l'envahissement des transports en commun entra�nerait une interruption technique sup�rieure � une ann�e du r�seau des transports en commun. Il est bien �vident que nous sommes en train de finaliser avec la R.A.T.P. et la S.N.C.F. toutes les mesures de protection pour emp�cher l'envahissement par les eaux, le jour venu, du r�seau m�tropolitain et R.E.R.
Troisi�mement, la protection de l'alimentation en eau potable qui est un des grands sujets pour la sant� publique pendant une telle p�riode.
Quatri�mement, l'am�nagement du r�seau d'assainissement mais l� les choses sont plus avanc�es.
Le r�seau d'assainissement est � peu pr�s rendu �tanche par rapport au r�seau de la Seine.
Voici les principaux points.
Je n'ai pas parl� non plus d'E.D.F., et des T�l�com qui ont un probl�me de m�me nature, de protection d'un certain nombre d'installations tout � fait strat�giques.
Depuis le printemps 2001, des groupes de travail ont �t� constitu�s � la Pr�fecture de police avec tous les partenaires, qu'il s'agisse des autres administrations, de la R.A.T.P., de l'E.D.F., ou de France T�l�com, disons tous les partenaires concern�s par ce type de catastrophe.
Ils se r�unissent chaque semaine afin d'aboutir � l'�laboration d'un plan sp�cialis� de secours zonal, qui sera destin� � coordonner l'organisation des secours � l'�chelle de l'Ile-de-France.
Ce plan global et ambitieux - il ne reste plus qu'� croiser les doigts - devrait �tre achev� � la fin de l'ann�e 2002.
M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci, Monsieur le Pr�fet.
Je donne la parole � Myriam CONSTANTIN.
Mme Myriam CONSTANTIN, adjointe. - Merci, Monsieur le Maire.
Mes chers coll�gues, effectivement en ce d�but d'ann�e 2002, nous avons collectivement l'imp�rieuse obligation d'�tre vigilants en ce qui concerne les risques de crues importantes de la Seine et de son bassin versant � Paris.
On vous l'a dit, vous l'avez s�rement lu, les crues de la Seine sont habituellement lentes, r�p�titives, pr�visibles gr�ce aux d�calages que l'on constate entre les pluies et la survenue de la crue � Paris. Mais une crue de 1910 est toujours possible, bien qu'exceptionnelle. On sait qu'une telle situation r�sulterait de tr�s fortes pr�cipitations concentr�es sur trois ou quatre jours sans discontinuit� et int�ressant l'ensemble du bassin en amont de Paris, qui s'abattraient sur des sols compl�tement satur�s.
Or actuellement les sols sont gorg�s d'eau, les nappes sont tr�s hautes, et � la moindre pluie, les rivi�res sont tr�s r�actives, on l'a vu au mois de d�cembre ou de janvier, puisque la Seine a brusquement mont� de 2 m�tres en 24 heures.
L'Etat, responsable de la pr�vention, les collectivit�s locales responsables de l'information, soucieuses du bien-�tre de leur population, les grands acteurs publics, les grands services publics ont b�ti, au cours des d�cennies pass�es un syst�me, un dispositif de lutte contre les crues, qui allient pr�vision, pr�vention, information et protection.
Ce syst�me et ces dispositifs nous sont apparus aujourd'hui insuffisants.
Effectivement le risque de crues centenaires a �t� manifestement sous-estim�, ainsi que leur impact sur la vie et l'�conomie francilienne, comme le disait M. le Pr�fet de police, infiniment plus sensibles peut-�tre qu'en 1910.
Des �tudes r�centes des Grands Lacs de Seine, et les �tudes du P.P.R.I. montrent que les dommages seraient importants, entre 4,5 et 12 milliards d'euros, ce qui est extr�mement pr�occupant.
On a laiss� se concentrer dans les sous-sols d'immeubles et dans les constructions nouvelles ces derni�res ann�es, des fonctions de logistique et de pilotage qui pourraient grandement souffrir de m�me, M. le Pr�fet de police l'a indiqu�, que les transports publics R.A.T.P., S.N.C.F., les r�seaux, gaz, �lectricit�, eau, certains services de sant� et m�me certains services de la Ville et ce sont donc de s�rieuses difficult�s auxquelles nous devons faire face, en pr�vision bien entendu.
Tout cela n'est qu'hypoth�tique et actuellement je tiens � dire que le niveau de la Seine est plus bas qu'en janvier de l'ann�e derni�re.
Une tr�s s�rieuse mobilisation est � l'?uvre, vous l'avez dit, Monsieur le Pr�fet, autour de Jean-Pierre DUPORT, de la Pr�f�te de la D�fense, Madame MERLI, et � la Ville autour du Secr�taire g�n�ral de la Ville, par exemple, M. Pierre GUINOT DELERY, ainsi que des adjoints concern�s. Nos objectifs sont :
- de pr�venir les crues au maximum par des am�nagements et des pr�cautions n�cessaires, notamment par des r�glements et servitudes adapt�es,
- de renforcer les dispositifs op�rationnels,
- de minimiser les effets, les dommages caus�s par des inondations incompressibles, sur les personnes et les biens.
Vous l'avez dit, certains am�nagements ont �t� faits depuis 1910, � la fois par les Grands Lacs de Seine pour le stockage, la r�gulation des eaux de la Seine et des autres rivi�res en amont, par le Port et la Ville pour l'am�lioration de l'�coulement des eaux en Seine, des dispositifs de veille et d'information, etc.
Encore une fois, c'est insuffisant. Nous travaillons donc � am�liorer les choses et nous le faisons sur trois axes, � la fois : monter des plans de pr�vention � hauteur des risques encourus, d�velopper l'information et des fiches de conduite � tenir destin�es � l'ensemble des Parisiens et des acteurs �conomiques, mettre en ?uvre une organisation op�rationnelle de gestion des crises, organisation plus adapt�e et plus efficace.
Je vais conclure, Monsieur le Maire.
Vous en serez d'accord, ceci est un sujet grave sur lequel la Ville n'a jusqu'ici pas eu beaucoup � s'exprimer.
Nous tenons � dire combien � la fois nous sommes mobilis�s et combien nous essayons le plus vite possible d'atteindre une efficacit� et une sensibilisation des Parisiens qui rendent nos dispositifs extr�mement efficaces.
Je ne peux que rench�rir sur ce qu'a dit M. le Pr�fet de police, et dire que ces temps-ci se r�unissent des groupes de travail partenariaux avec les grands services publics, avec les services de l'Etat et les autres collectivit�s locales, ce qui montre qu'effectivement, nous avan�ons. Il faut esp�rer que la crue de 1910 ne montre pas le bout de son nez dans les prochaines semaines, bien s�r...
Mais m�me si elle �tait l�, nous serions pr�ts, en tout cas bien plus pr�ts que ces derniers mois et ces derni�res ann�es o�, manifestement, ce risque a �t� sous-estim�.
M. LE MAIRE DE PARIS. - C'est exact. Je vous remercie beaucoup.
(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste et radical de gauche, communiste, du Mouvement des citoyens et "Les Verts").
Je me permets d'ajouter une phrase : c'est que depuis le cri d'alarme lanc� par le Pr�fet DUPORT, je suis soucieux et en m�me temps un peu rassur�.
Depuis, et cela remonte � quelques mois, avec le Secr�tariat g�n�ral de la Ville, et l'ensemble des structures de l'Etat, les r�ponses qui m'ont �t� donn�es pour faire face � l'�ventuel risque me rassurent un peu.
Je reste donc extr�mement pr�occup�. L'ann�e qui commence va �tre difficile � passer de ce point de vue. Il importe, pour le moins, que l'on soit pr�t et que l'on soit en anticipation. Il ne suffit pas, Monsieur DESTREM, d'acheter des bottes. Le c�t� "cit� lacustre" pourrait nous plaire... Venise est une belle ville... et en plus, cela r�glerait les probl�mes des voitures. M�me pour faire plaisir � Denis BAUPIN, je ne souhaite pas du tout cette difficult�.

Janvier 2002
Débat
Conseil municipal
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