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3 - Hommage à M. SENGHOR


M. LE MAIRE DE PARIS. - Mes chers coll�gues, j'ai aussi souhait� que le Conseil de Paris rende hommage � M. SENGHOR. Je souhaite le faire en tant que Maire de Paris mais aussi comme Pr�sident de l'Association internationale des maires francophones.
Bien entendu, je ne retracerai pas ici le destin unique d'un homme qui a marqu� son si�cle. Je veux plut�t, avec beaucoup de respect et une immense admiration, saluer la m�moire d'un humaniste amoureux de l'Afrique et de la France. Il a tant fait pour rapprocher les cultures et les hommes.
Po�te magnifique de la n�gritude, combattant de l'Afrique ind�pendante, homme d'Etat respect� qui aura su unifier une nation encore fragile, mais aussi visionnaire et militant de la francophonie. Peu d'hommes sont parvenus comme lui � concilier dans leur vie les exigences de l'action et la passion de la cr�ation.
Paris peut d'ailleurs �tre fier d'avoir accueilli en 1928 � Louis-le-Grand l'enfant de Joal qui deviendra, quelques ann�es plus tard, le premier agr�g� africain de l'universit� fran�aise.
Combattant en 1940 au sein de l'arm�e fran�aise, puis r�sistant, L�opold S�dar SENGHOR est �lu en 1945 D�put� du S�n�gal. En 1955, il devient Secr�taire d'Etat � la pr�sidence du Conseil avant d'�tre port� � la t�te du S�n�gal ind�pendant en 1960.
De ce parcours hors normes, comment ne pas retenir le caract�re m�tisse de sa culture � la fois africaine et fran�aise ? La n�gritude chez lui va de pair avec ce qu'il appelle la "francit�". Le po�te nous l�gue ainsi un message d'espoir et de fraternit�, celui des bienfaits d'un m�tissage par lequel aucune culture ne s'impose comme dominante ou sup�rieure mais o� chacun est capable, selon les termes de L�opold S�dar SENGHOR de s'ouvrir aux autres continents, aux autres races, aux autres nations pour s'�panouir et fleurir.
A l'heure o� certains analysent les fractures du monde comme des chocs de civilisation, cette qu�te, je le cite, "d'une civilisation de l'universel" n'en prend que plus de r�sonance.
Puissions-nous entendre ce message, cette "francit�", se fonder d'abord sur un amour de la langue fran�aise qu'il d�crivait joliment comme un "outil merveilleux" trouv� dans les d�combres du colonialisme. Il n'a cess� de le faire vivre et de le d�fendre de la pr�sidence du S�n�gal � l'Acad�mie fran�aise o� il fut �lu en 1983.
Inlassable militant du verbe et du rapprochement des peuples et des cultures francophones, L�opold S�dar SENGHOR a su donner un sens, une dynamique, une r�alit� � cet espace culturel et identitaire. Il nous l�gue une ambition riche et exigeante � laquelle l'A.I.M.F. sera fid�le.
Mais au moment de conclure, comment ne pas �voquer le SENGHOR chef d'Etat ? Si sa pratique comporte, comme pour toute activit� humaine, des parts contestables, surtout � ce niveau de responsabilit�, il n'en demeure pas moins que SENGHOR est parvenu � enraciner au S�n�gal un r�gime politique stable et d�mocratique.
Son d�part volontaire du pouvoir en d�cembre 1980 en est l'illustration la plus symbolique. Pour tous les amoureux de litt�rature, L�opold S�dar SENGHOR restera d'abord le magicien des mots, qu'il ne concevait que comme des chants, des paroles m�lodiques. "N�gre", disait-il, je le cite, "c'est un monde o� la parole se fait spontan�ment rythme d�s que l'homme est �mu, rendu � lui-m�me et � son authenticit�". C'est ce rythme de l'�motion et cette authentique admiration que je souhaite partager ce matin avec vous.
Au-del� de l'hommage que nous lui rendons, je souhaite, mes chers coll�gues que Paris perp�tue la m�moire de L�opold S�dar SENGHOR � travers son nom donn� � un lieu ou une maison, mais nous en d�battrons. C'est le t�moignage de reconnaissance, d'admiration et d'installation dans la dur�e de l'h�ritage que nous devons � L�opold S�dar SENGHOR.
(L'Assembl�e, debout, observe une minute de silence).

Janvier 2002
Débat
Conseil municipal
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