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33 - 1997, DFAECG 8 - Autorisation à M. le Maire de Paris de signer avec la société " Promo métro " une convention relative à la concession du marché couvert des Enfants-Rouges (3e).



M. Jean-Fran�ois LEGARET, adjoint, pr�sident. - Nous passons � l'examen du projet de d�lib�ration DFAECG 8 relatif � l'autorisation � M. le Maire de Paris de signer avec la soci�t� " Promo m�tro " une convention relative � la concession du march� couvert des Enfants-Rouges.
Monsieur AIDENBAUM, vous avez la parole.
M. Pierre AIDENBAUM, maire du 3e arrondissement. - Monsieur le Maire, mes chers coll�gues, � cette heure tardive les enfants rouges doivent dormir mais je vais essayer de les r�veiller pour la bonne nouvelle !
En effet, Monsieur le Maire, c'est avec un plaisir non dissimul� que j'interviens aujourd'hui pour vous demander, mes chers coll�gues, de voter pour ce projet de d�lib�ration autorisant M. le Maire de Paris � signer avec la soci�t� " Promo m�tro " une convention relative � la concession du march� couvert des Enfants-Rouges.
Oui, mes chers coll�gues, le march� le plus vieux de Paris va enfin rena�tre et avec lui c'est tout un quartier qui va revivre. La mise � l'ordre du jour de notre s�ance de cette affaire est pour le maire du 3�me arrondissement un moment fort important. C'�tait une promesse que j'avais faite aux habitants du 3e lors des derni�res �lections municipales.
Malgr� les chausse-trapes pos�es par certains, malgr� les sceptiques, malgr� toutes les emb�ches destin�es � retarder le r�glement de ce dossier, voire � le faire �chouer, le bon sens et la raison l'ont aujourd'hui emport� et c'est une formidable victoire pour la d�mocratie locale.
Oui, c'est une magnifique victoire de la d�mocratie locale car si cette victoire est celle des �lus de la nouvelle majorit� municipale du 3e, elle est avant tout celle des habitants et du mouvement associatif.
En effet, il aura fallu de la pers�v�rance et de l'opini�tret� pour sauver ce lieu vou� � la destruction par la pr�c�dente Municipalit�. En d�truisant ce lieu au-del� m�me de son march�, c'�tait l'essence m�me d'un quartier, sa convivialit�, son �me, son histoire que l'on faisait dispara�tre. L'enjeu �tait symbolique, enjeu qui a paru futile � certains, d�tach�s de l'�coute, sourds � la volont� de tout un quartier. Quelle �nergie d�pens�e, que de temps pass� et aussi, dois-je le dire, quel g�chis financier pour la Ville priv�e de ses recettes depuis bient�t trois ans.
Ce r�sultat d�montre combien Paris gagne � ne plus conna�tre l'homog�n�it� conc�dante et scl�rosante des majorit�s locales et du Conseil de Paris.
Le r�glement de ce dossier sensible marque aussi la r�ussite de la d�marche poursuivie par la nouvelle majorit� du Conseil du 3e arrondissement, que j'ai l'honneur de conduire, une d�marche fond�e sur l'�coute, le dialogue avec les habitants, et la totale transparence par une information permanente et par notre acharnement � tenir nos promesses et nos engagements.
Mais voyez-vous, mes chers coll�gues, au-del� du March� des Enfants-Rouges, c'est la conception m�me du Paris de l'an 2000 qui est en jeu. C'est pour cela que la population du 3e arrondissement s'est mobilis�e.
Voulons-nous pour Paris encore du b�ton, encore des parkings ou bien des espaces de vie et de convivialit� ? Voulons-nous des lieux de coh�sion sociale, de dialogue, d'�changes, en un mot de vie de quartier ou des espaces sans �me qui drainent la morosit� ?
Les habitants du 3e arrondissement ont r�pondu.
C'est dans ce m�me esprit que j'ai souhait� la sauvegarde de trois petites maisons sur la rue de Bretagne, derniers sp�cimens et d'autant plus pr�cieux, des constructions basses jadis si nombreuses dans le centre de Paris. J'esp�re, Monsieur le Maire, que vous serez attentif � mes propositions de r�novation de ces trois petites maisons pour lesquelles je vous ai d�pos� un projet qui r�pond � la fois � l'attente des habitants et au manque cruel d'�quipement de proximit� dans notre arrondissement. D'autant plus qu'il est inconcevable � mes yeux que le march� rouvre sans une r�habilitation programm�e de ces trois petites maisons.
Cet �lot du march� des Enfants-Rouges fait partie de l'histoire de Paris depuis 1615, 382 ans d'existence et d'histoire depuis ce 24 avril 1615 o�, par des lettres patentes du Roi, une sentence du Ch�telet permettait � Sulpice Richard de la Houssi�re et � Jean Duflot, Commissaire aux guerres, de faire construire " � leurs d�pens un march� avec bancs, estiaux, boutiques et autres choses n�cessaires pour vendre volailles, gibiers, viandes de boucherie et toute sorte de denr�es audit lieu du quartier du Temple ".
Si j'ai fait, (et cela ouvre l'app�tit � beaucoup d'entre nous qui avons faim), ce bref rappel historique, Monsieur le Maire, c'est parce que j'ai aussi la conviction qu'en redonnant vie � ce lieu, notre Assembl�e a aujourd'hui contribu� � un v�ritable sauvetage d'une parcelle du patrimoine historique de la Ville de Paris.
En l'an 2015, quand nous c�l�brerons, nous ou plut�t nos successeurs, la 400e anniversaire du plus vieux march� de Paris, les Parisiens se souviendront peut-�tre qu'il a �t� sauv� de la destruction en ce jour du 18 juin 1995. La raison l'ayant emport� sur l'aveuglement, le bon sens sur l'ent�tement, je dirai tout simplement ce soir en vous invitant � voter unanimement comme cela a �t� fait dans le 3e arrondissement, vive le March� des Enfants-Rouges !
Je vous remercie.
(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste, communiste et du Mouvement des citoyens).
M. Jean-Fran�ois LEGARET, adjoint, pr�sident. - Mme BACHE ayant retir� son intervention, je donne la parole � Mme DURLACH.
Mme Martine DURLACH. - Je voudrais, moi aussi, me r�jouir de cette r�ouverture du march� des Enfants Rouges et que cette d�cision ait �t� enfin prise. Je crois que c'est une grande satisfaction que de voter aujourd'hui un projet conforme � la volont� exprim�e depuis si longtemps par la population car c'est gr�ce � la mobilisation sans faille des habitants et des commer�ants du 3�me arrondissement que ce lieu vital pour le quartier et le patrimoine de la Ville a �t� sauv� de la d�molition.
Comme ailleurs dans la Capitale, je pense au 10e avec le square Villemin, au 18e avec la Moskowa, ou au 19e avec la rue Riquet, les Parisiens montrent qu'ils entendent bien ne plus laisser les projets d'urbanisme se faire sans eux ou contre eux.
Aujourd'hui donc, la raison l'emporte, bien que le mode de gestion choisi, c'est � dire l'attribution � une soci�t� priv�e, ne soit le meilleur. Le march� aurait pu �tre soit attribu� en gestion directe � la mairie d'arrondissement, puisqu'il s'agit d'un �quipement d'int�r�t local, soit r�int�gr� au G.I.E. des march�s couverts de Paris, avec une gestion tout de m�me plus d�mocratique puisque confi�e aux commer�ants eux-m�mes.
Le march� des Enfants-Rouges ouvre, cependant tout n'est pas r�gl�. Les trois petites maisons situ�es devant le march� et mur�es depuis six ans ne font pas partie de la concession. Aucune d�cision n'a �t� prise quant � leur affectation ; pourtant, les �lus d'arrondissement, apr�s avoir proc�d� � une �valuation des besoins, ont transmis en juin dernier � l'H�tel de ville, un projet de maison de quartier dans ce lieu. Il n'existe sur l'arrondissement, qui compte 35.000 habitants, aucun �quipement de proximit� � usage social, culturel et �ducatif. Les jeunes tout particuli�rement manquent d'espace de loisirs et de rencontres, mais �galement les personnes �g�es, les populations en difficult� et les associations locales qui font tant � Paris contre la pr�carit� et l'isolement.
Ce besoin d'un espace de rencontres et d'animations o� l'on peut trouver aussi bien une �coute sociale que des activit�s de loisirs, s'exprime de plus en plus fortement dans Paris. C'est ainsi par exemple qu'est n�e l'id�e du local associatif d�fendue par l'association du bassin de la Villette. Il s'agit, avec notre proposition de maison de quartier, de d�velopper des activit�s vari�es de convivialit�, de solidarit�, de vie de quartier, de d�mocratie locale. C'est une aspiration des habitants du 3e, plus largement une exigence d'aujourd'hui.
Les 3 maisons en devanture du march� rue de Bretagne offrent 300 m�tres carr�s de surface. C'est la taille id�ale, c'est le lieu id�al pour une structure de proximit�. Elles font partie du domaine de la ville ; leur r�habilitation est estim�e � 2,5 millions de francs. Le budget de fonctionnement moyen d'une maison de quartier se situe entre 1.5 et 2 millions de francs ; de plus, l'agr�ment " centre social ", s'il est absorb� par la C.A.F., permet un pluri-financement qui all�ge le co�t pour la ville.
En conclusion, les besoins sont l�, les locaux sont l�, le projet est d'un co�t modeste ; vous avez re�u, Monsieur le Maire, en mai 1996 une lettre sign�e par une quarantaine d'associations locales ; des p�titions circulent ; maintenant que le march� rouvre, une d�cision doit �tre prise ; je vous demande donc, pour ces fameux enfants rouges, encore une fois de laisser la raison l'emporter.
(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste, communiste et du Mouvement des citoyens).
M. Jean-Fran�ois LEGARET, adjoint, pr�sident. - Je donne la parole au premier adjoint, M. Jacques DOMINATI.
M. Jacques DOMINATI, premier adjoint. - Monsieur le Maire, je prends la parole non pas en tant que premier Adjoint, mais en tant qu'�lu local, �lu du 3e et ancien maire de l'arrondissement, pour dire simplement ceci.
D'abord, en ce qui concerne le projet qui �tait le mien et que j'avais soumis au choix des �lectrices et �lecteurs avant les �lections municipales, je continue � penser que c'�tait un bon projet �labor� par des artistes, des architectes de talent, qui comprenait non seulement - parce qu'il faut le r�p�ter sans cesse - le march�, mais en m�me temps un parc de stationnement, une cr�che, une biblioth�que, et l'on s'aper�oit aujourd'hui effectivement qu'apr�s tant et tant de temps, nous allons avoir le march�, et uniquement le march�. C'est une constatation, ce n'est pas une pol�mique.
Deuxi�me point, on a parl� de d�mocratie locale. Moi, je voudrais plut�t rendre hommage � nous-m�mes, majorit� municipale.
Pourquoi ? Parce que c'est un exemple patent, qu'il faut relever, d'attitude d�mocratique de la part de notre majorit�, puisque aussi bien nous aurions pu, ayant d�j� vot� ces cr�dits, des cr�dits importants et qu'il sera difficile de retrouver dans la conjoncture actuelle, passer, comme on dit, en force et dire : eh bien, apr�s tout, � quelques centaines de voix pr�s, c'est un projet qui est important, int�ressant, et donc on va le passer !
Non, nous ne l'avons pas fait. Nous avons tenu au contraire compte d'un verdict populaire, qui manifestement n'adh�rait pas au projet, et donc nous avons attendu que la nouvelle municipalit� du 3e, le conseil d'arrondissement, fasse un choix.
Aujourd'hui, nous respectons ce choix et nous estimons qu'effectivement, � partir du moment o� le nouveau conseil d'arrondissement a consid�r� qu'il fallait rejeter l'ancien projet - encore que, je dois le dire, � aucun moment le maire actuel n'avait vot� contre le projet que nous lui avions pr�sent� -, eh bien nous nous inclinons.
Donc, aujourd'hui, je voudrais dire simplement ceci : effectivement, compte tenu non pas de chausse-trapes, etc. - je ne veux pas pol�miquer - mais compte tenu tout simplement de l'application des textes de la loi et notamment de la loi " Sapin ", on a perdu deux ans. J'ajoute qu'on aurait pu en perdre davantage si, fort heureusement (je le dis presque avec une certaine vanit�), un des �lus du 3e n'�tait pas le premier adjoint. Je voudrais simplement signaler que d�s mon premier entretien avec le maire du 3e, je lui ai dit, respectant ainsi la volont� populaire, qu'il faudrait qu'il soit vigilant pour obtenir les cr�dits n�cessaires � la r�habilitation du march� et surtout des maisonnettes.
Donc, bravo pour notre Conseil de respecter cette volont� populaire et d'avoir en quelque sorte ferm� ce dossier en ce qui concerne l'ancien projet.
Aujourd'hui, j'ajoute qu'il faut aller vite, Monsieur le Maire. Pourquoi ?
Parce qu'on a �puis� toutes les voies et je crois qu'il faut absolument que nous votions cette concession.
Je voudrais dire � Mme DURLACH qu'il n'est pas possible de par les textes de donner la gestion au conseil d'arrondissement. Je crois que le maire du 3e a essay�, il y a d'ailleurs eu des propositions en ce sens qui ont �t� faites, on a �tudi� aussi cette proposition, et ce n'est pas possible.
Vous dites : le G.I.E. Pourquoi le G.I.E. ? Mais vous savez, l'ancien G.I.E. �tait plut�t largement d�ficitaire, il n'est pas certain qu'on trouverait un G.I.E. capable de relancer le march� des Enfants-Rouges, mais l�, on rentre dans un d�bat technique.
Moi, je prends la parole uniquement pour dire que :
1�) je rends hommage � la Municipalit�, la n�tre, qui s'inclinant devant ce que j'appellerai un verdict populaire a d�cid� de retenir le dossier, non pas le sien, mais celui du Conseil d'arrondissement nouvellement �lu. Je crois que c'est une grande le�on pour l'avenir en ce qui concerne Paris, en ce qui concerne la vie dans les quartiers de Paris, la vie dans les arrondissements parisiens, et je crois que c'est une bonne chose, en tout cas de mon point de vue.
2�) Je rappelle que s'il y a eu 2,8 millions qui ont �t� inscrits au budget d'investissement, je dois dire - je crois que personne ne m'en voudra - qu'ils ont �t� inscrits parce que je me suis aper�u, j'allais presque dire en dernier ressort, qu'ils avaient �t� oubli�s en ce qui concerne les maisonnettes et que je suis intervenu imm�diatement pour les faire inscrire.
Bref, � cette heure tardive, que voulez-vous que j'ajoute, sinon que nous devons aller vite et que nous devons faire en sorte que le plus rapidement possible les riverains de ce quartier retrouvent l'animation du march�, qui aurait continu� � exister en tout �tat de cause - il existe depuis 1382 -, mais qui existera sans une forme nouvelle, sans biblioth�que, sans cr�che et sans parc de stationnement, toutes choses qui continuent � nous manquer dans le 3e arrondissement.
Je vous remercie de votre attention.
(Applaudissements sur les bancs des groupes " Paris-Libert�s " et " Rassemblement pour Paris ").
M. Jean-Fran�ois LEGARET, adjoint, pr�sident. - Monsieur AIDENBAUM, je crois...
(Vives protestations sur les bancs des groupes " Paris-Libert�s " et " Rassemblement pour Paris ").
M. Michel BULT�, adjoint. - Il n'a pas �t� mis en cause !
M. Jean-Fran�ois LEGARET, adjoint, pr�sident. - D'abord, M. LEBAN souhaite ajouter quelque chose.
M. G�rard LEBAN, adjoint, au nom de la 7e Commission. - Non, non, je n'ai rien � ajouter aux observations de M. le premier adjoint.
M. Jean-Fran�ois LEGARET, adjoint, pr�sident. - La discussion est close. Vous n'avez pas �t� mis en cause, Monsieur AIDENBAUM.
(Protestations sur les bancs des groupes " Rassemblement pour Paris " et " Paris-Libert�s ").
Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DFAECG 8.
Qui est pour ?
Contre ?
Abstentions ?
Le projet de d�lib�ration est adopt� � la majorit�, M. REVEAU s'�tant abstenu. (1997, DFAECG 8).
Je vous remercie.

Mars 1997
Débat
Conseil municipal
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