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6 - 1996, AU 30 - Revalorisation des grands boulevards (1er, 2e, 3e, 8e, 9e et 10e arrondissements). - Définition des objectifs poursuivis. - Fixation des modalités de la concertation.



M. LE MAIRE DE PARIS. - Nous allons passer maintenant, mes chers coll�gues, au projet de d�lib�ration relatif � la revalorisation des grands boulevards.
Vous me permettrez deux mots avant l'ouverture de ce d�bat :
C'est un projet que je consid�re important pour Paris et comme l'un des �l�ments de la politique d'urbanisme que j'ai �voqu�e � plusieurs reprises.
Il s'agit d'un lieu important d'activit�, d'animation et de vie parisienne sur le plan de la circulation, sur le plan architectural, sur le plan de l'animation culturelle et �conomique et sociale.
Je me suis rendu sur place avec Mme COUDERC et nous avons visit� le quartier. Nous avons eu une r�union avec les responsables des activit�s �conomiques au plan local, des associations et des �lus int�ress�s, et notamment des �lus des arrondissements concern�s.
Nous allons voir ensemble comment faire �voluer les choses. Il faut bien d�finir des objectifs pr�cis qui sont de mettre en valeur, sur le plan architectural, l'environnement de ce quartier, de redonner une activit� et une grande animation � ce secteur, de mieux pr�senter les fa�ades, les commerces, de se pencher sur l'utilisation des trottoirs, les probl�mes de circulation, tout cela bien entendu en liaison �troite avec le Pr�fet de police.
Il y a donc des possibilit�s importantes de remise en valeur aussi des cin�mas, des th��tres.
Je crois que cela doit se faire aussi, et c'est un point rejoignant mes orientations, en concertation et en dialogue �troit avec les �lus, les associations et les repr�sentants des activit�s �conomiques de ces secteurs.
Il y aura bien entendu une concertation officielle. L'administration pr�sentera des projets ; les associations locales et les �lus locaux feront part, eux aussi, de leurs observations, de leurs propositions. Il y aura un lieu o� les gens pourront s'exprimer et il y aura un comit� qu'on appellera Comit� des grands boulevards qui sera charg�, sous la direction de Mme COUDERC, d'animer et de coordonner ces activit�s.
Je crois qu'il s'agit d'un projet important pour Paris dans le cadre que j'avais indiqu�.
Voil�, Mesdames et Messieurs, ce que je voulais vous dire. Je vais donner maintenant la parole aux intervenants, puis � Mme COUDERC.
La parole est � M. KASPEREIT.
M. Gabriel KASPEREIT, maire du 9e arrondissement. - Monsieur le Maire, mes chers coll�gues, je voudrais d'abord exprimer ma satisfaction sur deux points.
Le premier, c'est que je constate avec joie que, pour une fois, le Conseil de Paris va se pencher sur des probl�mes qui concernent en partie le centre de Paris. Nous avons toujours l'habitude de discuter d'autres lieux. Peu � peu, nous revenons vers le Centre ; peut-�tre partirons-nous un jour vers l'Ouest, je n'en serais que plus satisfait, cela me para�t �tre l'application d'un principe d'�galit� qui ne me semble pas toujours �tre respect� depuis un certain nombre d'ann�es.
Ma deuxi�me satisfaction provient du fait que c'est moi qui ai propos� qu'on s'int�resse aux grands boulevards, il y a maintenant un peu plus de trois ans.
J'ai obtenu, � l'�poque, que la Direction de l'Am�nagement urbain fasse un travail d'examen des lieux qui est absolument remarquable. Cela permet maintenant de d�marrer d'une fa�on concr�te, avec les moyens n�cessaires. Ensuite les r�flexions ont pu se d�rouler facilement, et cela permet de formuler des propositions.
Pour ce qui me concerne, je veux simplement et rapidement exposer quelques principes car je crois que, pour entrer dans l'�tude de points particuliers, il faut attendre que se r�unisse le Comit� des grands boulevards auquel vous faites allusion et que se r�unissent auparavant, ce qui a d'ailleurs d�j� commenc�, les associations de commer�ants qui ont beaucoup d'id�es sur ce qui peut �tre fait. Ce sera apr�s, compte tenu des propositions des �lus et de l'Administration, que devront �tre prises en compte et d'une fa�on extr�mement s�rieuse, et avec plus que de la compr�hension, avec la volont� d'aboutir, les propositions des associations de commer�ants dont certaines sont tr�s constructives.
Ce d�bat, Monsieur le Maire, est n�cessaire, c'est �vident. Je crois, comme je viens de le dire � l'instant, qu'il sera plus utile lorsque nous aurons des �l�ments plus constructifs � notre disposition.
Que devra-t-on respecter ?
Je crois essentiellement que, dans le projet que nous allons �laborer, il ne faut pas imaginer qu'on va revenir au pass�. Je le dis parce que c'est un sentiment que je recueille ici et l�, aussi bien de la part des riverains que de la part des autres personnes concern�es. Nous ne sommes plus � l'�poque o� on circulait � cheval ou en fiacre sur les grands boulevards. Nous ne sommes plus � l'�poque des chapeaux haut de forme et des " suivez-moi jeune homme ", tout cela est fini. Depuis la guerre, nous avons vu le transfert des lieux de distraction nocturnes de la rive droite vers la rive gauche. Pigalle s'est vid� pratiquement, les grands boulevards se sont vid�s, m�me par rapport � l'avant-guerre o� ils avaient d�j� vu diminuer leur activit� de fa�on importante. Tout est parti vers la rive gauche, vers Saint-Germain-des-Pr�s et, vous le savez bien, Monsieur le Maire, qui �tes voisin de ce lieu et qui m�me l'englobez en partie dans votre arrondissement.
La t�l�vision a tu� plein de choses. La t�l�vision a tu� les caf�s. On ne va plus au caf� prendre l'ap�ritif comme on le faisait encore avant la guerre et m�me au lendemain de la guerre. On ne va plus au caf� le soir apr�s le d�ner, jouer aux cartes. On est chez soi, avec quelques amis �ventuellement, on regarde la t�l�vision, et bien s�r la vie � l'ext�rieur a tendance � mourir.
Pour autant, il ne s'agit pas non plus de s'enfoncer syst�matiquement et obstin�ment dans le modernisme. Certes, je le disais, il ne faut pas rester au pass�, mais il faut bien noter que nous avons affaire � des quartiers diff�rents, �tant donn� l'�tendue des grands boulevards, pour la partie prise en consid�ration, c'est-�-dire de la Madeleine � la R�publique.
Vouloir appliquer une id�e commune de modernisme � l'ensemble de ces quartiers serait les d�truire � tous �gards, architecturalement, et m�me dans leur vie.
Je pense � une abominable construction. Jacques TOUBON, alors Ministre de la Culture, est venu inaugurer le nouvel immeuble du Passage des Princes et il m'a confi� : c'est abominable. Il y a une tr�s belle installation � l'int�rieur mais � l'ext�rieur il choque profond�ment car il est contraire � l'ensemble architectural, au bout du boulevard Haussmann et du boulevard des Italiens, qui a toujours �t� d'une facture haussmanienne.
Il faut donc, je le r�p�te, �viter le modernisme et le retour au pass�.
Il faut ensuite r�pondre aux besoins, ils sont de divers ordres : ils sont diurnes, ils sont nocturnes et ils sont communs au jour et � la nuit.
R�pondre aux activit�s diurnes, c'est-�-dire r�pondre aux activit�s constitu�es essentiellement par les banques, les assurances et la pr�sence voisine de la Bourse. C'est un petit peu sur une partie des grands boulevards, une cit� financi�re qu'on n'a jamais pu vraiment r�aliser � Paris car la disposition de la Capitale et ses activit�s diverses, trop diverses, ne l'ont pas permis. Encore faut-il pouvoir r�server � nos clients �trangers un lieu o� ils viendront facilement ; et non seulement ils viendront traiter leurs affaires, mais ils pourront trouver les restaurants, les magasins dont ils ont besoin, sans pour autant �tre oblig�s de prendre des taxis, le m�tro, voire le R.E.R.
La m�me chose pour les touristes.
Et, � cet �gard tout doit �tre examin� de tr�s pr�s, qu'il s'agisse de la partie rest�e touristique ou du Sentier pour que revienne un aspect qui a �t� un peu perdu au fil des ann�es et qui pourrait attirer les gens et leur donner des satisfactions.
Il y a des activit�s nocturnes : les restaurants, les th��tres, les cin�mas, et cela exige en particulier que soit aussi �tudi� de tr�s pr�s tout ce qui concerne l'�clairage, c'est-�-dire, d'une part, l'�clairage public et, d'autre part, celui des vitrines et des enseignes des magasins, et trouver l�, comme on a fait aux Champs-Elys�es, une sorte d'unit� qui ne soit pas le r�sultat de contraintes mais de compr�hension entre la Ville et les commer�ants. Il faut que les commer�ants comprennent qu'organiser l'�clairage mieux qu'il ne l'est � l'heure actuelle, c'est attirer la client�le.
La troisi�me chose est qu'il faut faire de ces boulevards un lieu de promenade. Quand on dit promenade, on pense tout de suite � la nature et on voudrait bien ajouter en cet endroit un peu plus de verdure qu'il n'y en a � l'heure actuelle. On ne peut pas faire comme aux Champs-Elys�es. On ne peut pas mettre une deuxi�me rang�e d'arbres car les trottoirs sont trop �troits et l'on courrait vers des difficult�s graves. On peut cependant demander � notre Direction des Parcs et Jardins de rechercher comment am�nager avec des arbustes, des fleurs, un v�ritable lieu de promenade qui permettrait aux gens, lorsque le temps devient beau et les soir�es agr�ables, de venir s'y promener. Faudra-t-il, dans le m�me temps, comme certains l'ont pens�, r�tablir sur la partie qui va de la R�publique au carrefour Richelieu-Drouot, deux sens de circulation de voitures ? Je n'en sais rien, je n'ai aucune qualit� pour r�soudre ce probl�me, c'est la Pr�fecture de police qui pourra nous orienter. Je sais que la circulation est d�j� difficile, voire impossible, avec un sens unique, je ne sais pas ce qui se passerait avec deux sens tels qu'on nous les propose.
Monsieur le Maire, je voudrais dire que cette affaire est d'une importance extr�me. Que l'on consid�re ce qui a �t� fait aux Champs-Elys�es, et j'en parle car, avec notre coll�gue Fran�ois LEBEL, j'ai particip� � son Comit�. Je ne sais pas si Camille CABANA est encore l�, mais il a men�, avec la main autoritaire, mais de bonne autorit�, qu'on lui conna�t, l'ensemble des op�rations et nous avons abouti � ce qu'on peut appeler, je crois, une r�ussite extraordinaire. On a abouti � un r�sultat qui paraissait peut-�tre inattendu au d�part. Avant qu'on ait transform� et r�am�nag� les Champs-Elys�es, la client�le qu'on y trouvait d�s le vendredi soir, le samedi, parfois m�me le dimanche, �tait un peu douteuse et rappelait certains mauvais quartiers. Or, presque du jour au lendemain, d�s lors que les Champs-Elys�es sont devenus un agr�able lieu de promenade, d�s lors qu'on y a install� non pas de nouveaux magasins, mais qu'on a un peu d�cor� et am�nag� les caf�s avec leurs terrasses, les autres magasins avec des �clairages montrant une certaine unit�, d�s lors on a pu se promener en toute tranquillit�, je dois dire que le monde qui, maintenant, fr�quente ce lieu a compl�tement chang� et que les touristes �trangers disent maintenant : " Comme c'est bien, Paris, comme c'est bien les Champs-Elys�es ".
Je pense, Monsieur le Maire, qu'on peut non pas faire la m�me chose sur les Grands Boulevards car ce sont des art�res diff�rentes des Champs-Elys�es, mais arriver � un r�sultat identique. La population y est favorable, les commer�ants le sont encore plus.
Nous devons prendre plus que l'engagement, au cours de cette s�ance, de faire en sorte que les commer�ants, les riverains, soient presque les promoteurs de cette affaire. Nous savons, par l'exp�rience que nous avons eue avec les Champs-Elys�es, par l'exp�rience d�j� acquise, par les contacts que nous avons les uns et les autres avec les associations de commer�ants, que ce qui nous est propos� est int�ressant et intelligent. Ne nous privons pas de cette concertation et je suis certain que nous arriverons � d'heureux r�sultats.
Je vous remercie d'avoir bien voulu m'�couter.
(Applaudissements sur les bancs des groupes " Rassemblement pour Paris " et " Paris-Libert�s ").
M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci, Monsieur KASPEREIT.
M. AUTEXIER a demand� la parole.
M. Jean-Yves AUTEXIER. - Monsieur le Maire, le projet de r�novation des grands boulevards nourrit des id�es int�ressantes. Am�liorer la qualit� de ces quartiers r�cemment d�grad�s, la qualit� de vie des riverains, r�nover les fa�ades urbaines, promouvoir des activit�s polyvalentes - spectacles, commerces - et permettre une reconqu�te de l'espace public au profit des pi�tons, tout cela constitue un ensemble d'objectifs auxquels nous souscrivons.
La r�ussite implique une concertation r�elle, s�rieuse avec les mairies d'arrondissement concern�es, les riverains, leurs associations, les commer�ants. C'est la m�thode de travail qui est retenue.
Il reste maintenant au Comit� des grands boulevards � examiner les propositions qui sortiront de cette concertation, � proposer un programme de requalification global et la t�che sera bien entendu complexe parce que les quartiers sont divers. Ils sont divers sociologiquement, ils sont divers �conomiquement.
Il n'y a pas de grande unit� entre le quartier des banques et des affaires, c�t� Madeleine, et celui, plus populaire, de la porte Saint-Martin. Les voeux des habitants seront exprim�s de mani�re sans doute diff�rente et probablement contradictoire. Il faut souhaiter que le Comit� des grands boulevards s'attache � privil�gier l'identit� de ces quartiers et � pr�server le caract�re, la fonction r�sidentielle des quartiers R�publique, Saint-Denis, Bonne-Nouvelle.
L'id�e est avanc�e de modifier sur les grands boulevards l'actuel plan de circulation, de mettre fin au sens unique entre R�publique et Richelieu-Drouot. Je ne sais o� en sont les �tudes pr�cises, mais l'id�e de rendre cette voie � double sens assurerait une gestion diff�rente de la circulation sans doute, mais elle aurait des cons�quences importantes sur les arrondissements voisins. Elle apporterait au 11e arrondissement, notamment � partir de la place de la R�publique, un flot nouveau de circulation.
Il faudrait donc que la mairie de cet arrondissement soit, d�s � pr�sent, associ�e au processus de concertation.
J'ajoute que r�nover et requalifier les grands boulevards de la Madeleine � la R�publique est manifestement un programme incomplet car ces grands boulevards vont jusqu'� la place de la Bastille. Ils vont, dans l'histoire, jusqu'� la Bastille et l'�tude devrait, � nos yeux, couvrir l'ensemble des grands boulevards.
Entre R�publique et Bastille, d'autres probl�mes, non pas similaires, mais fort proches, existent. Le commerce de proximit� a disparu, les emplacements commerciaux sont utilis�s pour des activit�s commerciales qui ont peu de contact avec la client�le. On a des espaces qui se d�sertifient, le soir notamment. V�ritablement, l'�tude devrait comprendre l'ensemble des grands boulevards jusqu'� la place de la Bastille.
Pour ce qui concerne le plan de circulation, il y a plusieurs possibilit�s pour a�rer les circulations, notamment un couloir de bus � contre-sens, des pistes cyclables � contre-sens pourraient aboutir aux m�mes r�sultats.
Je comprends bien que la Ville de Paris ne souhaite pas s'engager dans de trop lourdes d�penses mais il n'y a pas de magie : sans investissement, il n'y aura pas de programme ambitieux pour ces grands boulevards. Mon souhait n'est pas d'inviter la Ville de Paris � s'engager dans des programmes aussi on�reux que celui du quartier " Saint-Denis-Montorgueil " mais, � un moment, il faudra bien parler d'argent et nous dire, Monsieur le Maire, les moyens financiers que la Ville entend investir dans cette op�ration grands boulevards.
Je parle du quartier " Montorgueil " parce qu'il faut aborder l'affaire dans les deux sens. Les d�penses publiques d'am�nagement de la voirie dans le quartier " Montorgueil " ont abouti � des d�penses d'investissement priv�es de requalification des commerces et � des op�rations de retour en mati�re de fiscalit� pour la Ville de Paris. Je crois que les d�penses engag�es en mati�re d'espace public et de voirie comportent toujours un volet retour en termes de commerce et de fiscalit�, il ne faut pas l'oublier.
La d�pense publique n'est pas seulement le " gaspillage " du denier public. Dans une saine vision �conomique globale elle comporte des effets en retour appr�ciables.
Enfin, ce projet de r�novation des grands boulevards ouvre une porte. Il y a d'autres espaces o� la combinaison d'une requalification � moyens rest�s modestes et d'op�rations d'am�lioration du commerce et de la vie �conomique pourrait s'engager et je pense, par exemple, aux boulevards dits des " fermiers g�n�raux " qui, l� aussi, connaissent une d�gradation manifeste, spectaculaire, notamment boulevards de M�nilmontant et de Belleville.
Il y a l� un ensemble de voies, � la fronti�re de plusieurs secteurs de d�veloppement social urbain, dans un �tat souvent d�plorable qui appelle une requalification g�n�rale et la revalorisation de ces grands axes participerait de celle des quartiers environnants et, sans doute, de leur revitalisation.
Je souhaiterais qu'ils fassent l'objet d'un v�ritable projet urbain, d�s 1997, pour pr�parer l'avenir.
Telles sont les observations que je voulais souligner. Nous voterons, naturellement, le projet de d�lib�ration qui nous est soumis, mais en souhaitant tr�s vivement que, dans un premier temps, l'op�ration grands boulevards aille jusqu'� son terme g�ographique et naturel, la place de la Bastille, et que bient�t vous puissiez �galement envisager un projet de ce type sur les boulevards des fermiers g�n�raux.
Je vous remercie.
(Applaudissements sur les bancs des groupes du Mouvement des citoyens, socialiste et communiste).
M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci, Monsieur AUTEXIER.
La parole est � M. Alain HUBERT.
M. Alain HUBERT. - Merci, Monsieur le Maire.
La concision de votre m�moire concernant les grands boulevards a des aspects � la fois positifs et n�gatifs.
L'aspect positif principal est que, pour une fois, tout n'est pas boucl� par avance, tout n'est pas termin� avant que nous ne commencions nos d�bats ou avant que ne s'engage une concertation, et cela est une bonne chose.
Mais cela a un aspect n�gatif. L'aspect n�gatif est que ce m�moire, quant � nous, nous le jugeons l�g�rement insuffisant dans l'analyse de ce que sont aujourd'hui les grands boulevards.
Paradoxalement, M. le Maire du 9e arrondissement, notre coll�gue AUTEXIER et vous-m�me, Monsieur le Maire, ont utilis� dans leurs interventions, abondamment, le mot " circulation ". Or, ce mot est totalement absent du m�moire que vous nous pr�sentez aujourd'hui. A aucun moment n'est abord�e une des fonctions quand m�me premi�res, en tout cas importantes, de cet axe urbain, � savoir le transit automobile.
Il est donc naturel et logique, en tout cas vous �tes logique, que dans le m�moire vous nous soumettiez des objectifs qui sont essentiellement d'am�liorer des fa�ades, d'am�liorer l'�clairage, le mobilier urbain, l'aspect des commerces mais, m�me si cela est utile, voire indispensable, c'est un peu l�ger comme nouvel urbanisme, un peu anecdotique pour un axe urbain majeur de Paris. Vous le dites vous-m�me : " axe urbain majeur " et, � lire votre description qui est tr�s lyrique pour le pass�, tout se passe comme si le flot ininterrompu de voitures n'existait pas. Si, entre les trottoirs et les terrasses et les fa�ades que vous �voquez, il y avait une rivi�re ou un sentier forestier, vous pourriez vous exprimer exactement � l'identique.
A cette contradiction pr�s que, quand vous parlez du Comit� des grands boulevards et que vous �voquez ses partenaires, vous parlez de la R.A.T.P. et de la Pr�fecture de police, c'est-�-dire que vous-m�me avez bien �t� sensible � cette contradiction, puisque je pense que la R.A.T.P. et la Pr�fecture de police ne sont pas simplement des partenaires pour les �clairages, les fa�ades ou le mobilier urbain.
Auriez-vous oubli� ce que vous disiez dans votre communication sur le nouvel urbanisme, � savoir, quand vous �voquiez les grands boulevards, qu'il s'agissait d'embellir les grands boulevards ? Bravo, c'est ce que vous pr�voyez, mais il s'agissait aussi, c'est ce que vous disiez � l'�poque, de lib�rer l'espace public de ces boulevards.
Oubli� peut-�tre aussi ce que vous disiez dans votre communication sur les d�placements quand � la n�cessit� d'une autre r�partition entre les diff�rents usagers de l'espace public.
Alors, Monsieur le Maire, nous sommes bien �videmment d'accord avec vos propositions, mais nous voulons vous aider � tenir vos engagements plus compl�tement quand nous pensons, comme c'est le cas, qu'ils conviennent aux Parisiens.
Comment, Monsieur le Maire, peut-on se poser des questions sur les grands boulevards sans envisager, par exemple, que des bus en site prot�g� ou des v�los pourraient y circuler ? A-t-on d�j� l� abdiqu� compl�tement face � l'automobile, au point de ne rien �tudier qui puisse la concerner ?
Je pr�f�re penser qu'il s'agit d'un oubli malheureux et vous aider � am�liorer ce texte par quelques amendements qui portent aussi bien sur les objectifs � poursuivre, sur le p�rim�tre d'�tude que sur les modalit�s de la concertation.
Je vous les pr�sente rapidement.
Quant aux objectifs, il est bien clair qu'il faudrait y ajouter, et c'est dans la logique non pas du texte actuel mais de vos propos, Monsieur le Maire, l'�tude d'une autre r�partition de l'espace public, notamment au profit des autobus, des v�los et des pi�tons.
Il est clair que cela va sans dire, mais il faut peut-�tre le rappeler, comme les orateurs pr�c�dents l'ont fait, les propositions qui vont �tre finalement faites doivent respecter, m�me s'il s'agit d'un axe lin�aire, les identit�s transversales de chacun des quartiers travers�s.
C'est l� l'objet de deux des amendements que nous proposons.
Quant au p�rim�tre, je suis assez d'accord avec mon coll�gue Jean-Yves AUTEXIER, d�s lors que la fonction d'axe de circulation serait aussi prise en compte, et je pense qu'elle doit l'�tre, il faut bien �videmment prolonger l'�tude jusqu'� la Bastille et inclure dans les arrondissements concern�es, les 4e et 11e.
Quant � la concertation, dans la m�me logique qui est celle que je vous propose, si l'on consid�re que cette �tude doit concerner la politique des d�placements, le Comit� grands boulevard doit int�grer des associations comp�tentes et repr�sentatives sur cette question, donc des repr�sentants des usagers des transports en commun, des repr�sentants des cyclistes et des repr�sentants des pi�tons.
Il est clair, pour respecter l'aspect transversal de cette �tude, que les C.I.C.A. devront �tre saisies, arrondissement par arrondissement, et d�battre des m�mes propositions que celles qui seront soumises au Comit� des grands boulevards.
Quant � l'information n�cessaire des habitants, je pense aussi qu'elle doit se faire arrondissement par arrondissement. Donc, il faudrait pr�voir une antenne par arrondissement.
Voil�, Monsieur le Maire, le contenu de nos cinq amendements. Il va de soi que nous vous remercions de ne pas avoir fig� les choses dans ce m�moire, mais que nous serions aussi heureux que vous teniez compte de notre souci de ne pas �vacuer un aspect important du probl�me des grands boulevards, qui est celui qui en fait un axe de circulation important de la Capitale, et on ne peut pas traiter des grands boulevards si l'on ne traite pas de cet aspect de la question.
Donc, nous serions heureux que votre majorit� puisse ajouter � ce texte les amendements que nous vous proposons qui ne sont pas contradictoires avec votre m�moire.
(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste, communiste et du Mouvement des citoyens).
M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci, Monsieur HUBERT.
Madame SCHNEITER, vous avez la parole.
Mme Laure SCHNEITER. - Monsieur le Maire, la revalorisation des Grands Boulevards est une bonne initiative, et je vous f�licite de vouloir engager une concertation avec les habitants, encore que nous nous m�fiions souvent de ces proc�dures o�, comme pour les enqu�tes publiques, on tient souvent peu compte de leurs observations.
Voil� en tout cas un beau sujet pour les grandes associations parisiennes qui vont � nouveau travailler � la Commission extra-municipale de l'environnement et du cadre de vie que vous avez eu la sagesse de remettre en place. Leurs avis vous seront pr�cieux, d'autant que certaines associations r�fl�chissent � cette revalorisation des Grands Boulevards depuis de nombreuses ann�es.
J'aimerais savoir quels partenaires feront partie du Comit� Grands Boulevards que vous voulez cr�er ?
Vous avez relev�, � juste titre, que les Grands Boulevards traversent des quartiers aux ambiances diff�rentes, aux caract�res bien sp�cifiques qu'il faut essayer de pr�server.
Un point important sera de restaurer et conserver un mobilier urbain traditionnel de qualit� qui s'int�grera harmonieusement � ces diff�rents quartiers, en gardant aussi � l'esprit que point n'est besoin de d�penser des sommes consid�rables pour se faire.
Je n'oublie pas les affreux bancs marronasses � 30.000 F pi�ce install�s sur les Champs-Elys�es, alors que les bancs classiques peints en vert co�tent environ 8.000 F pi�ce.
J'ai relev� avec amusement votre �vocation du quartier du Sentier " d�bordant d'activit�s source d'un ballet incessant de v�hicules ". Ballet, en l'occurrence, est un mot bien inadapt� face aux nuisances, pollutions et encombrement que v�hicules et camions engendrent !
Vos objectifs concernent essentiellement le r�am�nagement des trottoirs et la mise en valeur des fa�ades b�ties. C'est un bon d�but. Mais les boulevards sont occup�s � plus de 50 % par la circulation.
Votre silence sur la question est inqui�tant car, quoique vous fassiez, vos efforts seront vains si vous ne r�duisez pas en m�me temps la place de la voiture.
Les Grands Boulevards pourront redevenir des lieux anim�s pittoresques, propices � la fl�nerie et aux loisirs si vous mettez en place un Plan de D�placement urbain qui r�duira le flot de la circulation automobile.
Pas " d'atmosph�re " d'harmonie au milieu du bruit et des gaz d'�chappement ! Pas de promenade possible, contrairement � ce que dit M. KASPEREIT, si vous n'essayez pas d'�largir les trottoirs et d'y ajouter une rang�e d'arbres chaque fois que faire se peut !
Pour cela, il faut repenser le partage et l'organisation de la voirie sur les Grands Boulevards, � commencer par la remise en double sens de la circulation sur toute leur longueur afin de limiter la circulation de transit qui les transforme en autodromes, mais aussi penser � am�liorer celle des bus.
Les parcours des bus 20 et 39 par exemple sont actuellement illisibles. Il est indispensable que les bus aient un trajet bien identifi� et identique � l'aller comme au retour. Bien �videmment, bus ou tramway, les transports en commun de surface doivent �tre en site propre, s�par�s de la circulation automobile.
Les Grands Boulevards s'imposent naturellement pour am�nager des voies pour les cyclistes. Il faut donc pr�voir des lieux de stationnement adapt�s pour les v�los et encourager des points de location de bicyclettes.
Enfin, je ne peux oublier le probl�me du stationnement. La surveillance doit �tre renforc�e, la r�glementation respect�e. Dans le quartier du Sentier, les camions de livraison qui bloquent les rues sont un vrai cauchemar pour les riverains pour lesquels le laxisme de la Pr�fecture est, soit de l'inconscience, soit du m�pris, soit de la provocation !
Monsieur le Maire, vous devez bien garder � l'esprit qu'il vous faut gagner ce pari de d�gager Paris de son carcan automobile. C'est possible si vous en avez la volont� politique. C'est possible malgr� les activit�s li�es aux affaires, aux commerces, aux loisirs. Les exemples ne manquent pas ailleurs !
500.000 personnes, vous m'entendez bien, 500.000 personnes travaillent tous les jours dans la cit� de Londres et il n'y a que 10.000 � 12.000 places de stationnement !
Oxford Street est la rue la plus commer�ante de Londres ; elle est interdite aux automobiles particuli�res et r�serv�e aux autobus, taxis et v�hicules prioritaires. Pas un grand magasin n'a fait faillite pour autant, bien au contraire !
Ce sont des �l�ments int�ressants de r�flexion. Voil� donc aussi un bon projet qui devra se mettre en place avec une r�elle concertation avec les riverains et les associations, un projet qui devra se prolonger par un Plan de d�placement urbain pour �tre coh�rent.
C'est une premi�re �tape pour une revalorisation des Grands Boulevards que j'approuve, et je soutiendrai �galement l'amendement propos� par les socialistes.
M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci, Madame.
Nous allons suspendre l� ce d�bat. Nous le reprendrons dans l'apr�s-midi apr�s le Conseil g�n�ral et � l'issue de l'examen des questions d'actualit�.

Mars 1997
Débat
Conseil municipal
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