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Vœu en hommage à Marc Bloch.


D�lib�ration affich�e � l?H�tel-de-Ville
et transmise au repr�sentant de l?Etat le 30 juin 2006.
Re�ue par le repr�sentant de l?Etat le 30 juin 2006.

Le Conseil de Paris, si�geant en formation de Conseil municipal,

?L?historien n?a rien d?un homme libre. Du pass�, il sait seulement ce que ce pass� m�me veut bien lui confier?

Marc Bloch

N� le 6 juillet 1886 � Lyon, Marc Bloch s?installe � Paris pour poursuivre ses �tudes au lyc�e Louis-le-Grand, puis � l?Ecole normale sup�rieure. A 22 ans, il est re�u � l?agr�gation d?histoire.

Professeur d?histoire-g�ographie dans un lyc�e d?Amiens, il est mobilis� en ao�t 1914 comme sergent d?infanterie. Cit� quatre fois � l?ordre de l?arm�e - soit une fois par an -, il termine la guerre avec le grade de capitaine et la Croix de guerre. Ses �tats de service ne peuvent que souligner son ?m�pris du danger?. Pourtant, selon ses dires, ?(ses) services de guerre de 1914-1918 sont normaux? !

En 1919, il est nomm� charg� de cours d?histoire du Moyen Age � l?Universit� de Strasbourg, et �pouse la m�me ann�e Simonne Vidal avec laquelle il aura six enfants. Poursuivant sa carri�re professionnelle, il deviendra professeur sans chaire, puis professeur d?histoire du Moyen Age en 1927 dans cette m�me facult�. C?est d?ailleurs avec l?un de ses coll�gues, Lucien Febvre, qu?il fonde, deux ans plus tard, les Annales d?histoire �conomique et sociale. Finalement en 1936, il retourne � Paris comme ma�tre de conf�rence, puis professeur en chaire d?histoire �conomique � la Sorbonne.

Malgr� son �ge (53 ans) et ses charges de famille, Marc Bloch fait, pour son pays, le choix de s?engager comme capitaine d?�tat-major d�s le 24 ao�t 1939. Aux derniers jours de la bataille des Flandres, il rejoint Dunkerque pour ne pas se rendre � l?ennemi. Bri�vement pass� en Angleterre, il retourne � Cherbourg o� il contribue au regroupement de l?arm�e du Nord. Puis, apr�s l?armistice, il passe en zone libre, d�guis� en civil.

Il adh�re au r�seau ?Combat? et contribue � organiser le mouvement clandestin dans la r�gion de Montpellier. Son action passera �galement par la plume en �crivant L?�trange d�faite entre juillet et septembre 1940. Description lucide de l?effondrement de la France, ce manuscrit �tait destin� � n?�tre publi� que dans un pays lib�r� de l?occupant, ce sera chose faite en 1946.

En 1943, il entre compl�tement dans la clandestinit� au sein du mouvement ?Franc-Tireur?, et rejoint Lyon. Il devient alors, sous le pseudonyme de Narbonne, membre de la direction r�gionale des Mouvements Unis de la R�sistance.

Pour Marc Bloch, ?tous ceux qui l?auront m�rit�e ne verront pas la grande r�compense. Elle n?en sera pas moins celle qu?ils ont souhait�e et pr�par�e?. En effet, sa r�flexion sera malheureusement pleine de justesse � son �gard : arr�t� par la Gestapo le 8 mars 1944, il sera tortur�, puis finalement abattu le 16 juin � Saint-Didier-de-Formans, pr�s de Lyon. En tombant, il cria : ?Vive la France !?

Dans une lettre d?adieu r�dig�e en 1941, pr�voyant une possible capture, Marc Bloch �crivait : ?Attach� � ma patrie par une tradition familiale d�j� longue, nourri de son h�ritage spirituel et de son histoire, incapable en v�rit� d?en concevoir une autre o� je puisse respirer � l?aise, je l?ai beaucoup aim�e et servie de toutes mes forces..?

C?est � trois hommes diff�rents et compl�mentaires que nous entendons rendre hommage : Marc Bloch l?Historien, qui a renouvel� en profondeur la discipline historique en l?ouvrant sur les ph�nom�nes socio-�conomiques ; Marc Bloch le R�sistant, qui sacrifia sa vie pour l?amour de son pays ; et Marc Bloch le R�publicain, qui d�finissait sa France aim�e � travers son histoire et sa diversit�, non � travers des retranchements communautaires.

Afin de contribuer � ce que chacun entende aujourd?hui encore l?�cho de sa pens�e, le Conseil de Paris, sur proposition de Patrick BLOCHE et des �lus du groupe socialiste et radical de gauche,

Emet le voeu :

- que la municipalit� parisienne, par l?interm�diaire de son maire, Bertrand DELANO�, exprime son soutien � l?initiative prise par dix-sept historiens demandant � Jacques CHIRAC, pr�sident de la R�publique, que les cendres de Marc BLOCH soit transf�r�es au Panth�on ;

- qu?un �tablissement scolaire parisien porte le nom de cet homme, grand historien, mais aussi h�ros de la R�sistance.

Juin 2006
Déliberation
2006 V. 174
Conseil municipal
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