retour Retour

7 - 1995, GM. 451 - Autorisation à M. le Président du Conseil de Paris, siégeant en formation de Conseil général, de signer avec le Centre d'action sociale de la Ville de Paris, une convention prévoyant la transformation en numéraire par les régies des sections d'arrondissement, des bons d'urgence émis par la Direction de l'Action sociale, de l'Enfance et de la Santé au bénéfice des usagers en grande précarité.




M. CH�RIOUX, pr�sident. -Mes chers coll�gues, nous abordons maintenant le projet de d�lib�ration GM. 451 portant autorisation � M. le Pr�sident du Conseil de Paris, si�geant en formation de Conseil g�n�ral, de signer avec le Centre d'action sociale de la Ville de Paris, une convention pr�voyant la transformation en num�raire par les r�gies des sections d'arrondissement, des bons d'urgence �mis par la Direction de l'Action sociale, de l'Enfance et de la Sant� au b�n�fice des usagers en grande pr�carit�.
La parole est � Mme CAPELLE.

Mme Liliane CAPELLE. -Monsieur le Pr�sident, mes chers coll�gues, cette d�lib�ration dont l'objet est de modifier les conditions de transformation en num�raire des bons d'urgence distribu�s jusqu'� aujourd'hui par la D.A.S.E.S. m�rite, pardonnez-moi, d'�tre analys�e dans le d�tail. En effet, votre principal argument consiste � d�montrer que cette nouvelle convention rendra "plus ais�e, pour les Parisiens en difficult� la transformation de ces bons d'urgence". C'est un argument bien maigre face aux difficult�s suppl�mentaires que, de fait, cette convention va engendrer. Permettez-moi, en quelques mots, de vous en faire la d�monstration.
Ma premi�re critique sera une critique interne au contenu de la convention. Les "dites" nouvelles modalit�s de transformation des bons d'urgence en num�raire ne modifieront en rien leurs conditions d'octroi. Les bons seront toujours d�livr�s dans les centres de coordination des services sociaux des arrondissements, par l'interm�diaire des assistants socio-�ducatifs. Mais � cette premi�re d�marche pour obtenir un bon, vous en ajoutez une seconde : les personnes concern�es devront ensuite se d�placer dans les Centres d'action sociale pour �changer leurs bons contre de l'argent liquide. Quel est donc l'int�r�t pratique de ces nouvelles dispositions, d'autant plus qu'elles vont de surcro�t compliquer le fonctionnement des C.A.S. !
Cette convention ne semble pas en effet prendre en compte l'�tat actuel de fonctionnement de certains centres d'action sociale, d�bord�s de travail, submerg�s de demandes multiples, compte tenu de l'ensemble des pr�rogatives qui leur a �t� confi�, compte tenu de toutes les aides l�gales ou facultatives qu'ils ont � g�rer, compte tenu enfin de l'augmentation du nombre de personnes qui, � Paris, y sont re�ues.
Vous connaissez aussi bien que moi la relation de cause � effet qui existe entre mont�e en puissance de la "pr�carit� parisienne" et mont�e en charge du travail des C.A.S.
Vous pourriez �voquer pour votre d�fense que la faiblesse du nombre de bons d'urgence ne pourra induire une trop grande surcharge de travail. Ce � quoi je r�pondrai : � quoi bon modifier les modalit�s de transformation en num�raire de ces bons s'ils sont si peu nombreux ?
Pour en revenir au volume des bons qui seront mis � disposition des personnes d�munies, je tiens � vous faire noter la faiblesse extraordinaire du budget qui sera allou� � leur gestion. 200.000 francs, pour des bons de 150 francs, cela fait en tout et pour tout 1.333 bons divis�s par 20 arrondissements, soit 66 bons par arrondissement ! De quoi nourrir 50.000 "RMistes" et 20.000 sans logis...
Quant aux crit�res de r�partition des bons entre arrondissements, je m'interroge s�rieusement sur ce que vous entendez par "caract�ristiques sociales" de l'arrondissement compte tenu des crit�res qui ont �t� retenus derni�rement pour la composition socio-professionnelle de nos arrondissements dans le cadre de la r�partition des 20 % de la dotation globale aux arrondissements !
Ma seconde critique de fond sera une critique externe au contenu du projet. Elle vise le principe m�me de distribution de bons d'urgence aux personnes d�munies. N'y a-t-il pas dans cette d�marche l'esquisse d'une charit� publique ? Or, on ne peut mettre en oeuvre une v�ritable politique sociale, � l'�chelle d'une ville comme Paris, sur les bases de la charit�... d'autant plus lorsque celle-ci est men�e au rabais.
Ces bons d'urgence ne peuvent qu'apporter un peu de r�confort aux personnes qui auront la chance de se les voir d�livrer. Mais qu'en sera-t-il le lendemain, sans travail, sans logement, sans famille ?
Monsieur le Pr�sident, vous ne pouvez continuer � vouloir faire de notre Capitale une vitrine de la lutte contre la pauvret� et la pr�carit� en menant par ailleurs une politique du logement qui ne peut satisfaire la demande sociale de logement, en continuant � ne pas utiliser pleinement les cr�dits d'insertion dont le D�partement dispose. C'est une v�ritable politique sociale que de nombreux Parisiens attendent. Nous aurons l'occasion de vous faire des propositions au moment des d�bats budg�taires et notamment de ceux qui porteront sur le budget du C.A.S. de la Ville de Paris.
En cons�quence, et compte tenu des arguments que nous avons �voqu�s, nous voterons contre ce projet. Je vous remercie.

(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste, du Mouvement des citoyens et communiste).

M. CH�RIOUX, pr�sident. -La parole est � M. Philippe LAFAY.

M. Philippe LAFAY, vice-pr�sident, au nom de la 5e Commission. -Je voudrais pour r�pondre aux critiques internes et externes de Mme CAPELLE, rappeler le principe de cette revalorisation des bons de secours, et je crois qu'elle va comprendre que ses critiques tombent d'elles-m�mes.
Ainsi que cela est dit dans le projet de d�lib�ration soumis � la pr�sente s�ance, le D�partement a souhait� d'une part am�liorer le dispositif de distribution des bons d'urgence et d'autre part revaloriser leur montant.
Le travailleur social concern� remettra dor�navant un bon au b�n�ficiaire se trouvant en situation de grande pr�carit� ou d'urgence et la transformation en num�raire se fera d�sormais dans l'arrondissement en cause et non plus � la r�gie de Morland.
Le d�placement ainsi impos� retardait souvent d'une journ�e, ce qui n'�tait pas toujours supportable, le versement r�el de cette aide lorsque le b�n�ficiaire ne se trouvait pas � proximit� de ladite r�gie. Alors qu'aujourd'hui, c'est dans l'arrondissement m�me, Madame.
De plus, la valeur de ces bons a �t� revaloris�e de 50 % de fa�on � assurer une meilleure couverture des besoins d'urgence, nuit d'h�tel, repas, achat de nourriture, passant de 100 � 150 francs.
Il faut bien noter, et c'est tr�s important, que l'attribution de ces bons ne se substitue bien �videmment pas aux autres aides d'urgence existantes, qu'elles rel�vent du Centre d'action sociale ou du D�partement. Il s'agit, en l'esp�ce, d'une aide facultative du D�partement et non pas du Centre d'action sociale de la Ville de Paris, celui-ci n'assumant que la fonction de r�gisseur.
Le financement est, en effet, pris en charge sur les cr�dits des services sociaux du D�partement. Le r�glement de l'Aide sociale, qui devrait �tre prochainement actualis�, int�grera le dispositif ainsi d�fini.
En conclusion, l'attribution de ces bons contribuera � am�liorer la prise en charge en urgence des Parisiens en extr�me difficult�, prise en charge assur�e par les travailleurs sociaux du D�partement.

M. CH�RIOUX, pr�sident. -Je vous remercie.
Mme HERMANGE a demand� la parole. Je la lui donne.

Mme Marie-Th�r�se HERMANGE. -Monsieur le Pr�sident, je voulais dire � Mme CAPELLE qu'en fait il ne s'agissait en aucune fa�on de faire de la charit� publique. C'est une aide facultative qui est pr�vue dans notre r�glement d�partemental et, que je sache d'ailleurs, votre groupe a vot� ce r�glement facultatif, il doit donc approuver un certain nombre de prestations qui sont pr�vues � l'int�rieur de ce document.
Deuxi�me �l�ment, c'est une facilit�. Pourquoi ? Parce que l'assistante sociale donnera toujours le bon mais, avant, il fallait aller � Morland et Morland fermait � 16 heures tandis que l�, l'arrondissement fermant plus tard, la personne qui sera b�n�ficiaire de ce bon pourra en disposer beaucoup plus rapidement.
Ensuite, on passe de 100 � 150 francs, c'est une autre facilit�.
Enfin, comme vient de le dire M. LAFAY, ce n'est pas de la charit� publique dans la mesure o� ce bon ne se substitue pas � d'autres aides. Les autres aides continueront � courir et seront toujours servies par le D�partement et par le Centre d'action sociale.
Je vous remercie, Monsieur le Pr�sident.

M. CH�RIOUX, pr�sident. -Je voudrais dire, avant de mettre ce projet de d�lib�ration aux voix, je voudrais dire � Mme CAPELLE que je partage sa philosophie lorsqu'elle consid�re que le r�le d'une ville ou d'un d�partement n'est pas de faire de la charit� aux plus d�favoris�s, si noble que soit ce sentiment, mais de leur offrir un droit, et ma position a toujours �t� depuis que j'ai l'honneur de si�ger dans cette maison, de consid�rer l'aide facultative comme le droit de ceux qui n'ont pas d'autres droits.
J'ajouterai que la Ville de Paris est la seule ville de France qui ait adopt� un r�glement municipal d'aide sociale.
Ceci dit, je vais maintenant mettre ce projet aux voix.

Mme Arlette BRAQUY. -Nous demandons un scrutin public.

M. CH�RIOUX, pr�sident. -Je suis saisi d'une demande de scrutin public.
Mme CAPELLE, vous souhaitez ajouter un mot ?
Vous avez la parole.

Mme Liliane CAPELLE. -Bien s�r, il �tait compr�hensible que ces bons ne venaient pas "en moins" par rapport � ce qui �tait pr�vu. Il se trouve simplement, notamment dans le 11�me arrondissement qui conna�t de vraies difficult�s d'harmonisation au Centre d'action sociale avec le service social et o� les coordinations se font tr�s mal, il se trouve que cela cr�e quelque chose de suppl�mentaire dans cet arrondissement.
Alors, ou on le donne ou on d�l�gue ce droit directement au C.A.S. mais qu'il n'y ait pas cette gymnastique qu'est oblig�e de faire toute personne qui demande une aide. On passe d'un service � un autre, on se fait bringuebaler d'un service social � un autre.
C'est vrai que 150 francs, cela peut �tre tout � fait utile � quelqu'un, mais qu'est-ce que c'est que cette petite piq�re de morphine qu'on injecte � un moment o� cela fait mal, alors qu'il faut prendre bien en amont les probl�mes ?
Je vous remercie.

(M. Jean TIBERI, pr�sident, reprend sa place au fauteuil de la pr�sidence).

M. LE PRESIDENT. -Nous allons proc�der au scrutin public sur ce projet de d�lib�ration GM. 451. Ceux qui sont favorables � son adoption le manifestent en mettant dans l'urne un bulletin blanc, contre un bulletin bleu, abstention un bulletin rouge.
Je demande � Mme SCHERER et � M. DAGNAUD de bien vouloir venir en qualit� de scrutateurs.
Le scrutin est ouvert.

(Le scrutin est ouvert. Les votes sont recueillis).
Plus personne ne demande � voter ?
Le scrutin est clos.

(Le scrutin est clos. Les secr�taires proc�dent au d�pouillement).

M. LE PR�SIDENT. -Mes chers coll�gues, voici les r�sultats du scrutin :
Nombre d'inscrits : 163
Non participation au vote : 14
Suffrages exprim�s : 149
Majorit� absolue : 75
Pour l'adoption : 96
Contre : 49
Abstentions : 4
Ce projet de d�lib�ration est adopt�. (1995, GM. 451).

Décembre 1995
Débat
Conseil général
retour Retour