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4 - Election du Maire de Paris.




M. Jacques F�RON, doyen d'�ge, pr�sident.- Je demande aux candidats au poste de Maire de Paris de se d�clarer.
Monsieur DOMINATI, vous avez la parole.

M. Jacques DOMINATI.- En tant que Pr�sident du groupe "Paris-Libert�s" et au nom de l'union de la majorit�, je pr�sente la candidature de Jean TIBERI.

(Applaudissements des �lus "Paris-Libert�s" et "Rassemblement pour Paris").

M. Jacques F�RON, doyen d'�ge, pr�sident.- Merci.
Y a-t-il d'autres candidatures ?
Monsieur LE GUEN, vous avez la parole.

M. Jean-Marie LE GUEN.- Monsieur le Pr�sident, au nom du Rassemblement "Paris s'�veille", je voudrais pr�senter la candidature de Bertrand DELANO�.

(Applaudissements des �lus socialistes, communistes et du Mouvement des citoyens).

M. Jacques F�RON, doyen d'�ge, pr�sident.- Y a-t-il d'autres candidatures ?
Monsieur REVEAU, vous avez la parole.

M. Jean-Pierre REVEAU.- Au nom du Front national, je voudrais pr�senter la candidature de Jean-Pierre REVEAU.

M. Jacques F�RON, doyen d'�ge, pr�sident.- Madame SCHNEITER, vous avez la parole.

Mme Laure SCHNEITER.- Etant la seule repr�sentante de l'Ecologie ind�pendante au sein de ce Conseil, il ne m'est pas possible de constituer un groupe avec des personnes, aussi honorables soient-elles, qui ont pr�f�r� faire des listes au premier tour des �lections avec l'extr�me gauche plut�t qu'avec les �cologistes.
Voil� pourquoi je dois me pr�senter � l'�lection pour clarifier cette situation, car l'�cologie appartient � tout le monde et doit rester ind�pendante.

(Quelques applaudissements).

M. Jacques F�RON, doyen d'�ge, pr�sident.- Y-a-t-il d'autre candidature ?
Monsieur DELANO�, vous demandez la parole ?

M. Bertrand DELANO�.- Monsieur le Maire, je voudrais expliquer le sens de ma candidature, mais si Jean TIBERI veut le faire pour ce qui le concerne avant moi, je trouverai cela tout � fait naturel.
Je vais donc le faire tout de suite.
Monsieur le Maire, mes chers coll�gues, l'�lection du Maire constitue dans la vie d�mocratique un moment tr�s fort o�, � travers la d�signation d'une personnalit�, ce sont les choix et les attentes des �lecteurs qui doivent nous inspirer.
Dans la fid�lit� � ce principe, je m'adresse � tous les membres de cette Assembl�e, pour qu'au-del� de nos diff�rences, mais dans le respect de nos convictions, nous sachions d�s aujourd'hui trouver la d�marche adapt�e � la nouvelle configuration politique du Conseil de Paris marqu�e par une progression du pluralisme et de la diversit�.
Au sein du Rassemblement "Paris s'�veille", au c�t� des repr�sentants de familles politiques du mouvement, si�geront d�sormais des femmes et des hommes qui n'appartiennent � aucun parti politique. C'est l'illustration de l'exigence citoyenne qui s'est exprim�e au cours de cette campagne et qui, de mon point de vue, nous a livr� un enseignement majeur.
Les Parisiennes, les Parisiens aspirent � davantage de proximit� avec leurs �lus. Les Parisiennes, les Parisiens veulent �tre inform�s pour �tre mieux associ�s. De plus, ils attendent de nous que nous leur rendions des comptes, dans la clart� et la loyaut� du d�bat politique.
Pour r�pondre � toutes ces aspirations, nous devons faire preuve de cr�ativit� politique au cours de la mandature qui commence. La vitalit� citoyenne sera en toute circonstance une bonne source d'inspiration.
Je tiens, d'autre part, � souligner pour m'en r�jouir la forte pr�sence f�minine au sein des groupes progressistes qui si�gent d�sormais au Conseil de Paris. 35 % des �lus du Rassemblement "Paris s'�veille" sont des femmes, et je viens de constater, je ne m'en �tais pas aper�u, en entendant appeler les quatre plus jeunes de cette Assembl�e, qu'ils appartiennent tous si j'ai bien compris, au Rassemblement "Paris s'�veille".
De nouveaux visages, de nouvelles sensibilit�s, de nouvelles �nergies, comptent mettre en oeuvre concr�tement ce changement voulu par les �lecteurs parisiens. En effet, faut-il consid�rer qu'hors du monolithisme l'unit� de Paris ne pourrait plus s'affirmer au service de chaque habitant de notre cit�.
Je pense, tout au contraire, que chaque l�gitimit�, celle de la majorit� municipale et celle de chaque arrondissement, respect�e et prise en compte de mani�re r�ciproque, doivent nous permettre d'agir utilement au service des int�r�ts de tous nos concitoyens.
Ce que j'ai appel� la cohabitation intelligente entre des interlocuteurs de sensibilit�s diff�rentes peut se mettre en place, � mon sens, autour de trois principes.
Premier principe : agir en fonction du bien public. Aucun souci politicien, aucune manoeuvre tactique ne doit faire passer au second plan la volont� de servir les Parisiens et de r�pondre aux exigences qu'ils ont exprim�es au cours de cette campagne. Qu'il s'agisse de la transparence, sujet essentiel sur lequel je reviendrai, qu'il s'agisse d'une politique du logement efficace et impartiale, d'un dispositif novateur en mati�re d'emploi, d'une lutte indispensable contre les pollutions, d'une vraie place accord�e � la petite enfance, ou bien du combat � mener contre le S.I.D.A., nous avons tous vis-�-vis de cette ville des devoirs qui excluent tout sabotage institutionnel.
Sur chacun de ces sujets, l'urgence sera la garante d'une concertation n�cessaire.
J'ai la conviction que l'opinion publique parisienne dans sa diversit�, ne comprendrait pas les auteurs d'une rupture d�lib�r�e dans ce dialogue.
Deuxi�me principe : respecter la loi (la loi "Paris-Marseille-Lyon" constitue un cadre pour ces relations nouvelles) est synonyme d'une autre pratique du pouvoir local, moins uniforme, plus transparente.
A travers cette loi, le l�gislateur a voulu d�concentrer sans remettre en cause l'unit� parisienne, et rapprocher les citoyens de la gestion des affaires quotidiennes.
Certains ont pu penser ou faire croire que nous contestions ce fait �vident. Paris forme un tout. Il n'est pas question, il n'a jamais �t� question de briser cette coh�rence et d'ignorer l'entit� parisienne.
La loi "Paris-Marseille-Lyon" offre, au contraire, des perspectives qui concernent tous les arrondissements de Paris, et pas seulement ceux qui se sont donn�s une majorit� de gauche. En leur permettant, par exemple, de demander des d�bats au Conseil de Paris sur des probl�mes sp�cifiques � l'arrondissement, elle d�finit, cette loi, les bases d'un �quilibre indispensable entre l'H�tel de Ville et le pouvoir local.
L'application de cette mesure, jusqu'alors ignor�e, profitera, je n'en doute pas une seule seconde � l'ensemble des vingt arrondissements et illustrera une approche plus ouverte � la concertation.
Troisi�me et dernier principe : la transparence. Plus rien dans l'ombre ou dans les coulisses. Je ne reviendrai pas sur certains faits r�v�l�s r�cemment, sur certaines affaires qui, elles, ont nui au climat d�mocratique de la cit�.
Je dis plut�t : donnons-nous les moyens de lever les points d'interrogation qui subsistent et adoptons une d�marche nouvelle plac�e sous le signe de la clart� et du respect de la loi.
Dans cette optique, je veux vous proposer deux mesures concr�tes qui donnent un sens � ma candidature.
Premi�rement, et je l'avais d�j� fait depuis longtemps, je demande qu'� la s�ance budg�taire de juillet, soit rendu public le bilan des soci�t�s d'�conomie mixte ainsi que celui des associations ou organismes subventionn�s � plus de 500.000 F par la Ville. C'est une obligation l�gale qui n'a pas �t� appliqu�e jusqu'� pr�sent.
Je vous propose que nous d�marrions la mandature sur de bonnes bases, en rendant public ce qui doit �tre rendu public.
De m�me, dans le courant de la s�ance, tout � l'heure, nous vous ferons des propositions en ce qui concerne la Questure.
Deuxi�me proposition concr�te que je veux mettre en exergue pour donner un sens � ma candidature. Je propose que nous cr�ions rapidement...
M. DOMINATI semble s'impatienter. Il faut bien que je dise � mes coll�gues pourquoi je suis candidat. Il me reste six lignes... Je vous en prie, Monsieur DOMINATI.

M. Jacques F�RON, doyen d'�ge, pr�sident.- Monsieur DOMINATI, demandez-vous la parole ?

M. Jacques DOMINATI.- Oui, je demande la parole.
Monsieur le Doyen d'�ge, je demande la parole avec l'accord de M. DELANO�. Il consid�re que je m'impatiente, mais c'est parce que je suis surpris d'une proc�dure exceptionnelle et nouvelle pour le Conseil de Paris...

(Protestations sur les bancs des �lus socialistes, communistes et du Mouvement des citoyens).
Je ne sais pas dans quel Conseil on voit exposer, avant le vote pour l'�lection du Maire et de ses adjoints, une sorte de plate-forme politique expliquant pour quelles raisons on est candidat ou pas.
Je pense qu'on doit suivre l'ordre du jour, et donc je suis tr�s �tonn� de cette proc�dure exceptionnelle.
Dans aucun Conseil, dans aucune commune de France on ne proc�de de la mani�re dont on proc�de ici aujourd'hui.
Si l'Assembl�e en est d'accord, je suis d'accord totalement, mais permettez qu'on le fasse remarquer.

M. Jacques F�RON, doyen d'�ge, pr�sident.- Monsieur DOMINATI, je dois faire remarquer que si, comme vous l'indiquez, il est un peu contraire aux traditions de proc�der comme nous le faisons, c'est que nous n'avons rien trouv� dans le R�glement qui emp�che de proc�der comme cela. C'est ma premi�re remarque.
La seconde, c'est que j'ai aussi l'impression, sans �tre trop cat�gorique, que les orateurs qui se prononcent maintenant �taient d'accord sur le principe.
Je ne fais qu'ex�cuter ce qui me para�t �tre un accord tacite de la part des diff�rents groupes, comme vient de me le dire M. ROMANI.
Vous pouvez continuer, Monsieur DELANO�.

M. Bertrand DELANO�.- Monsieur le Maire, je vous remercie de ce que vous venez de dire, et je remercie M. DOMINATI.
Je voudrais, sans cr�er une pol�mique inutile, trouver opportune l'intervention de M. DOMINATI parce qu'elle me permet de dire que je crois effectivement que soumettant ma candidature � 163 coll�gues, 162 en l'occurrence, la moindre des choses, c'est de leur dire pourquoi je suis candidat.
Quant � la proc�dure, j'avais pr�venu MM. TIBERI et ROMANI que je souhaitais m'exprimer sur le sens de ma candidature si possible avant que le vote n'ait lieu.
Deuxi�me proposition concr�te que je veux faire � notre Assembl�e, cr�ons rapidement une Commission municipale constitu�e � la proportionnelle des groupes politiques et des sensibilit�s qui si�gent au Conseil de Paris, demandons � cette commission, avec l'aide d'experts ind�pendants et incontestables, de proc�der au recensement du Patrimoine de la Ville, qu'il soit lou� ou qu'il soit conc�d�.
Cette commission devrait nous remettre ses conclusions � nous, l'Assembl�e parisienne, au d�but de l'automne, de mani�re � ce que nous puissions en tirer des enseignements dans la pr�paration du budget que nous voterons en d�cembre 1995 pour application en 1996.
Mes chers coll�gues, au nom des �lectrices et des �lecteurs qui ont soutenu le Rassemblement "Paris s'�veille", dans la fid�lit� � mes convictions et dans la volont� de contribuer � l'instauration d'un d�bat d�mocratique plus serein, plus moderne, au service des objectifs majeurs que j'ai �voqu�s au d�but de mon intervention, je suis candidat dans cette �lection pour d�signer le Maire de Paris.
La vie politique ne peut se r�sumer seulement aux rapports de forces qui s'y cr�ent, elle s'�crit aussi en fonction de libres choix effectu�s en conscience et au-del� de pr�occupations partisanes.
Dans cet esprit, je suis candidat car m�me si je connais le rapport de forces qui existe au sein de notre Assembl�e, je sais aussi que les voix progressistes ont vocation � se faire entendre de tous, et ont vocation � �tre utiles � l'ensemble de la collectivit� et � toutes les Parisiennes et � tous les Parisiens.
Je vous remercie.

(Applaudissements des �lus socialistes, communistes et du Mouvement des citoyens).

M. Jacques F�RON, doyen d'�ge, pr�sident.- Je donne la parole � M. SARRE.

M. Georges SARRE.- Monsieur le Pr�sident, mes chers coll�gues, je voudrais aussi bri�vement que possible dire, ce qui ne sera pas une surprise, que les �lus du Mouvement des citoyens soutiennent naturellement la candidature de Bertrand DELANO�.
Une telle d�marche est logique. La liste "Paris s'�veille" a �t� une liste de rassemblement de forces politiques diff�rentes, de partis diff�rents, de citoyens engag�s dans le combat associatif, et bien s�r de personnalit�s.
Ensemble, nous avons voulu le pluralisme � Paris, ensemble nous avons remport� la victoire dans six arrondissements. Il en d�coule donc que le chef de file soit aussi celui que nous proposons pour la magistrature supr�me de la Ville de Paris.
La diversit� de la liste "Paris s'�veille" a �t� aussi, ne l'oublions pas, un facteur de succ�s. Sans elle, le rassemblement n'aurait �t� qu'une fiction qui n'aurait s�duit personne. Cette diversit�, bien entendu, nous ne la sacrifierons pas.
Je voudrais maintenant, Monsieur le Doyen, chers coll�gues, m'adresser plus particuli�rement � M. Jean TIBERI et � nos coll�gues de la majorit� municipale.
Monsieur Jean TIBERI, vous allez sans doute �tre �lu Maire de Paris dans quelques minutes. Vous serez donc le maire de tous les Parisiens, de tous les citoyens de cette ville, pas seulement de ceux qui ont vot� pour votre liste. C'est l� un principe r�publicain tout � fait fondamental, et ce principe ne doit pas �tre perdu de vue, jamais perdu de vue.
Au nom m�me de ce principe, j'esp�re que la majorit� municipale et vous-m�me tiendrez compte de l'enseignement du vote des citoyens.
A travers cette campagne municipale, cette campagne �lectorale, avec les r�sultats qui sont venus la couronner, il est clair que d'une certaine fa�on la gestion pr�c�dente a �t� sanctionn�e, et je crois que la premi�re sanction porte sur la gestion municipale, son opacit�, son secret et son manque de transparence.
C'est �vident pour tout ce qui concerne le logement et, Monsieur le Maire, si vous �tes �lu, vous serez jug� d'abord sur cette question.
C'est pourquoi je me permets, m�me si les conseils sont rarement suivis, de vous inviter � publier sans d�lai la liste des locataires b�n�ficiant de ces logements dans le patrimoine priv� de la Ville, et je souhaiterais, parce que les finances de la Ville en ont besoin et que ce serait utile pour lancer un plan pour le logement social, et cela dans la plus grande urgence, que ce patrimoine priv� soit vendu. Ce serait la meilleure fa�on de crever l'abc�s.
La transparence n�cessaire et l'�quit� doivent ainsi devenir la r�gle en mati�re d'attribution de logements sociaux, alors que r�gnait l'obscurit� propice � tous les soup�ons.
Mais cette gestion nouvelle, Monsieur le Maire, ne concerne pas seulement le logement, vous devez appliquer la loi, c'est-�-dire nous communiquer les bilans et les comptes d'exploitation des soci�t�s d'�conomie mixte ou d'am�nagement, vous devrez aussi, ce n'est pas une obligation, mais un moyen essentiel de transparence, �tablir et diffuser un budget consolid� de la Ville, du D�partement et des organismes publics qui en rel�vent.
On pourrait multiplier les exemples, je ne le ferai pas aujourd'hui, je terminerai simplement par une demande hautement symbolique.
Le Maire de Paris avait pris l'habitude de tenir une conf�rence de presse avant chaque Conseil de Paris. Je crois qu'honorer une assembl�e d�lib�rante, c'est faire en sorte que les d�cisions ne soient pas rendues publiques avant que l'assembl�e d�lib�rante n'ait d�lib�r�.
Ce n'est pas seulement une gestion qui a �t� condamn�e Monsieur le Maire, c'est aussi une politique qui a �t� sanctionn�e.
Il n'est pas possible de d�truire le tissu-m�me de Paris � tout va, de faire si peu de logements sociaux, tout en maintenant le projet insens� de la Z.A.C. "Paris-Seine-Rive gauche", de laisser l'automobile polluer Paris � tel point que la sant� publique est compromise, de laisser les activit�s �conomiques n�glig�es, le petit commerce dispara�tre.
Paris est une ville mondiale, une m�tropole europ�enne, qui le contesterait ?
Mais croire qu'il faille pour cela d�truire la diversit� de la ville, en faire partir un grand nombre d'habitants, la livrer sans vergogne aux int�r�ts immobiliers, c'est simplement se tromper d'�poque.
Ce qui fait de Paris une ville attrayante sur le plan international, c'est largement ce qui a �t� d'une certaine fa�on entam�. L� encore, il vous faut innover. Nous attendons vos propositions, et, croyez moi, nous serons tout aussi constructifs que critiques.
Les Parisiens ont exprim� dimanche dernier un immense besoin de changement. Au-del� de l'alternance des �quipes n�cessaire, ils demandent qu'il y ait, je dirai, effort, volont�, transparence, et je souhaite donc � cette mandature de r�ussir pleinement, et quels que soient nos choix politiques, nos appartenances, qu'ensemble nous puissions travailler � l'int�r�t bien compris de la population parisienne, � la d�fense de Paris, � sa place en France, dans le monde.
C'est pourquoi j'ai propos� � notre Assembl�e de marquer par des gestes forts sa volont� d'�tre une institution mod�le. Je vous remercie et bonne chance � tous.

(Applaudissements des �lus du Mouvement des citoyens, socialistes et communistes).

M. Jacques F�RON, doyen d'�ge, pr�sident.- Je donne la parole � M. MALBERG pour les �lus communistes.

M. Henri MALBERG.- Mesdames, Messieurs, depuis dix-huit ans, on n'avait connu une s�ance s'ouvrant sur un tel bouleversement. Il sera difficile au Maire de Paris qui va �tre �lu tout � l'heure de faire comme si rien ne s'�tait pass�.
Le succ�s des listes d'union des forces de gauche et progressistes dans six arrondissements de Paris n'est pas un coup de tonnerre dans un ciel serein. Sauf sans doute pour ceux qui se cachaient la r�alit�. Le m�contentement, les luttes et les aspirations nouvelles n'ont fait que grandir ces derni�res ann�es.
Arc-bout�e sur une majorit� �crasante au Conseil de Paris et dans les vingt conseils d'arrondissement, la majorit� n'a voulu rien entendre, rien voir. S�re d'elle, de son pouvoir, de son avenir, elle laissait, certes, s'exprimer l'opposition, mais elle n'en tenait pas compte.
Or, on ne tient pas dans un �tau une ville comme Paris, si complexe, si plurielle, si riche de toute une palette sociale, politique, culturelle, sans que cela finisse par casser.
On ne pratique pas syst�matiquement une politique urbaine de classe contre les int�r�ts de la majorit� du peuple avec le d�cha�nement sp�culatif, le g�chis des bureaux, l'insuffisance du logement social, les op�rations de r�novation qui ne respectent ni les habitants ni les quartiers, sans que cela finisse par faire sauter le bouchon.
On ne gouverne pas si longtemps en comit� restreint, les fen�tres boucl�es, avec les privil�ges, qui obligatoirement se d�veloppent dans ces circonstances, sans que, d'une fa�on ou d'une autre, se cr�ent un malaise, un sentiment d'injustice et m�me de r�volte.
En v�rit�, Mesdames et Messieurs, un formidable besoin de chamboulement, de bousculer les choses s'�tait accumul� et ne demandait qu'� s'exprimer.
Dans ces conditions, la recherche du "grand chelem" par la majorit� s'est m�me retourn�e contre elle. Nombre de Parisiens ont pens� qu'il serait plut�t positif que le "grand chelem" ne se r�alise pas.
Il en a �t� de m�me du chantage � peine voil� dont j'ai pu v�rifier l'ampleur dans l'arrondissement dont je suis l'�lu. En votant � gauche � la majorit� absolue ou relative dans six arrondissements, en donnant � celle-ci des scores �lev�s partout et- vous l'avez remarqu� pour une partie de l'�lectorat de droite -, en ne volant pas au secours du R.P.R. et de l'U.D.F., une partie consid�rable du peuple de Paris a, d'une certaine fa�on, dit : cela ne peut pas continuer comme cela.
J'ajoute, et ce n'est pas sans importance pour l'avenir, que le succ�s des listes des forces de gauche et progressistes a �t� obtenu gr�ce � l'union r�alis�e et gr�ce au respect du pluralisme de la gauche.
La gauche au sens large � Paris, ce sont des socialistes, des communistes, le Mouvement des citoyens, des �cologistes dans leur diversit� et des personnes du mouvement associatif.
La prise en compte de cela a �t� certainement essentielle � ce succ�s.
Mesdames et Messieurs, il faudra bien entendre ce qui s'est pass� et tirer la le�on de tout cela.
Naturellement, la majorit� de ce Conseil, 100 �lus sur 163, est tout � fait en mesure du point de vue des chiffres, de faire comme si rien ne s'�tait pass�, et m�me de se conduire de fa�on h�g�monique et intol�rante envers la partie de la Capitale qui, elle, a dit non. Ce serait une erreur grave et un d�ni d�mocratique de ceux que l'histoire ne pardonne pas.
Il n'y a pas deux Paris, dont l'un pourrait m�ter l'autre, mais une ville-capitale dans laquelle six arrondissements sur vingt ont pris position d�mocratiquement contre une certaine politique et se sont prononc�s clairement pour des objectifs que tout le monde conna�t. Il faudra trouver en marchant les r�ponses conformes � la d�mocratie. Ce n'est pas une question technique, et m�me pas juridique, c'est d'abord une question politique.
Les �lus communistes, en concordance avec les autres formations rassembl�s dans les listes "Paris s'�veille", vont s'attacher � faire avancer dans les arrondissements o� ils sont �lus, et ici m�me, des objectifs sur lesquels on les a �lus, et dont je veux dire quelques mots.
Il faut une autre politique du logement.
Il faut une autre conception de l'am�nagement urbain plus sociale, plus juste, plus respectueuse de la ville et de l'environnement.
Il faut une politique qui favorise la cr�ation d'emplois.
Il faut un immense effort de participation, de d�mocratie et la lutte pour la transparence de tout ce qui concerne la vie de notre ville.
Il faut la meilleure prise en compte des int�r�ts et des besoins en mati�re de lutte contre l'exclusion et la pauvret�, pour l'enseignement et l'enfance, les transports publics, la sant�, et je pense � la terrible question du S.I.D.A.
Il faut une politique culturelle qui sache allier le d�veloppement des grands �quipements et la vie culturelle locale.
Il faut en toute chose une conception de la ville qui tienne compte de sa diversit� humaine et �conomique.
Mesdames et Messieurs, permettez-moi une remarque qui me tient � coeur comme �lu parisien depuis quelque temps d�j�.
La gauche et les forces progressistes viennent de montrer � Paris leur vitalit� et leur capacit� � cr�er une dynamique. C'est un �v�nement national. Peut-�tre cela stup�fie-t-il ceux qui auraient fini par penser, apr�s trente ans de bouleversements, apr�s le d�part de tant de familles populaires, de tant de jeunes couples � la recherche d'un logement accessible, que le peuple de Paris �tait politiquement, en quelque sorte, "normalis�" pour longtemps.
On a beaucoup dit cela, beaucoup pens� cela. Jamais, vous en conviendrez, les �lus communistes. Ils ont contribu� grandement � ce qui vient de se passer. Ils reviennent ici quasiment � la place que la proportionnelle leur donnerait, 9 contre 2 ces derni�res ann�es. Vous comprenez mon bonheur et ma joie personnelle. Mais je suis aussi content pour le peuple de Paris. Il a besoin des communistes pour que la vie politique de cette Assembl�e refl�te le peuple de Paris.
Nous avons constitu� notre groupe, comme l'ont fait les socialistes, le Mouvement des citoyens, les �cologistes, c'est-�-dire les diff�rentes forces repr�sentatives de l'opposition. Naturellement et conform�ment � l'accord de la liste "Paris s'�veille", les 9 �lus communistes vont voter pour la candidature de Bertrand DELANO�, Pr�sident du groupe socialiste, dont je salue ici le combat dans cette campagne.

(Applaudissements des �lus socialistes, communistes et du Mouvement des citoyens).

M. Jacques F�RON, doyen d'�ge, pr�sident.- Je donne la parole � M. ROMANI.

M. Roger ROMANI.- Monsieur le Doyen, je voudrais simplement, apr�s mon coll�gue Jacques DOMINATI, faire observer aux repr�sentants de l'opposition que si l'on pouvait, � la rigueur, admettre que les candidats pr�sentent et exposent les raisons de leur candidature, il n'est pas d'usage dans une Assembl�e que les groupes, ou les personnalit�s qui les soutiennent, fassent � cette occasion un discours-programme ou interpellent le candidat qui n'est pas encore �lu !
A cette occasion je voudrais simplement rappeler � mes coll�gues de l'opposition, quand ils �voquent un n�cessaire d�bat d�mocratique, que pendant dix-huit ans, sous l'�gide de Jacques CHIRAC et � sa demande, l'opposition- et personne ne peut le contester- a eu dans tous les d�bats, � l'issue des d�cisions des Conf�rences des Pr�sidents, deux fois plus de temps de parole que pr�vu.
Alors, �voquer aujourd'hui une demande de d�bat d�mocratique me para�t visiblement mettre en cause ce qui s'est pass� pendant dix-huit ans. C'est- et les Bulletins municipaux officiels en font foi- une contrev�rit�, et je me contenterai de dire que c'est de la pol�mique.
Merci, Monsieur le Doyen.

(Applaudissements des �lus "Rassemblement pour Paris" et "Paris-Libert�s").

M. Jacques F�RON, doyen d'�ge, pr�sident.- Apr�s l'intervention de M. ROMANI, je voudrais dire que je partage enti�rement son point de vue, de m�me que celui de M. DOMINATI, mais je n'ai pas �t� suivi par ceux qui me paraissaient �tre repr�sentatifs des groupes qui m'ont demand� de laisser la parole � chacun des candidats et des responsables de groupe pour expliquer leur vote.
Si vous le voulez bien, nous allons clore cet incident...

M. Jean-Fran�ois BLET.- Je demande la parole, s'il vous pla�t, Monsieur le Doyen, pour une explication de vote qui me para�t �tre de droit.

M. Jacques F�RON, doyen d'�ge, pr�sident.- Non, non.

M. Roger ROMANI.- Et voil� !

M. Jacques F�RON, doyen d'�ge, pr�sident.- Non, non, vous n'aurez la parole que si vous parlez au nom d'un groupe ou d'une candidature.

M. Jean-Fran�ois BLET.- Paris Ecologie, Solidarit�, Citoyennet�.

M. Jacques F�RON, doyen d'�ge, pr�sident.- Non, non, tel que cela a �t� pr�vu, je ne donnerai la parole qu'aux responsables de groupe politique et aux candidats.
Monsieur REVEAU, vous avez la parole.

M. Jean-Pierre REVEAU.- Monsieur le Doyen, mes chers coll�gues, je voudrais, en quelques instants, pr�senter les raisons de ma candidature au poste de Maire de la Capitale.
Cette d�marche se veut � la fois symbolique et forte.
Symbolique, car pour la premi�re fois le Front national fait son entr�e au sein du Conseil de Paris, organe de d�cision. Ceci est la d�monstration flagrante de la mont�e en puissance du vote patriotique et identitaire dans les 20 arrondissements de notre Ville, et notamment dans le 17e arrondissement qui m'a �lu.
Forte, car si je sais qu'au sein de cette Assembl�e tous les �lus se valent et si�gent avec les m�mes droits et les m�mes devoirs, je ne peux m'emp�cher de dire que, par un mode de scrutin injuste et par un syst�me de proportionnelle biais�, je repr�sente ici, � moi seul, pr�s de 10 % des �lecteurs parisiens qui se sont prononc�s et exprim�s au soir des 11 et 18 juin. La justice voudrait qu'aujourd'hui, conform�ment � son poids �lectoral, le Front national et tous ceux qui partagent son souci de d�fendre les valeurs fran�aises, disposent d'un groupe municipal de 10, 15 ou 20 membres.
Quoi qu'il en soit, par notre pr�sence et celle de nombreux �lus du Front national dans les Conseils d'arrondissement, nous allons dor�navant peser sur les d�cisions, faire entendre notre voix et notre diff�rence, cette diff�rence qui nous vaut ostracisme et exclusion de la part de certains, mais qui nous apporte adh�sion et soutien populaire � Paris et au-del�.
Nous allons d�fendre notre programme pour la s�curit� et la tranquillit� des Parisiens, pour la n�cessaire prise en compte du douloureux probl�me de l'immigration, pour l'arr�t de l'augmentation des imp�ts locaux, pour une meilleure d�mocratie locale, en un mot pour rendre Paris aux Fran�ais.
C'est sur ce programme que les Parisiens nous ont �lus, et ce sont ces id�es et ces propositions que nous d�fendrons contre vents et mar�es, dans une opposition constructive, mais d�termin�e, et dans un souci constant de vigilance et de contr�le de l'ensemble de la gestion de notre Ville, au sein d'un Conseil o� la gauche socialo-communiste sort renforc�e par la seule responsabilit� d'une majorit� R.P.R.-U.D.F. qui a refus� tout accord ou entente �lectoral avec le Mouvement national.
Au fur et � mesure des semaines et des mois, nous allons apporter la preuve que l'arriv�e du Front national au sein de cette Assembl�e n'est pas une simple nouveaut�, mais un �v�nement majeur.
Je vous remercie de votre attention.

M. Jacques F�RON, doyen d'�ge, pr�sident.- Non, non, je ne donne pas la parole autrement qu'aux candidats et repr�sentants des groupes...

M. Alain DUMAIT.- Je repr�sente un groupe, Monsieur le Pr�sident !

M. Jacques F�RON, doyen d'�ge, pr�sident.- Non ! Je donne la parole � Mme SCHNEITER, qui l'a demand�e...

M. Alain DUMAIT.- Monsieur le Pr�sident, je demande la parole !

M. Jacques F�RON, doyen d'�ge, pr�sident.- ... � Mme SILHOUETTE et, apr�s, nous passerons au vote.

M. Alain DUMAIT.- Je prendrai la parole sans micro s'il le faut, mais je prendrai la parole ! Je repr�sente le groupe des �lus ind�pendants des partis politiques, et vous me donnerez la parole, Monsieur le Pr�sident !

M. Jacques F�RON, doyen d'�ge, pr�sident.- Si vous repr�sentez un groupe...

M. Alain DUMAIT.- Je repr�sente un groupe.

(Rires sur les bancs de l'Assembl�e).

M. Jean-Fran�ois BLET.- Je redemande �galement la parole. Nous n'avons pas �t� �lus pour nous taire et nous voir priver de parole d�s la premi�re s�ance ! Il faut que ce soit clair !

M. Jacques F�RON, doyen d'�ge, pr�sident.- Vous aurez la possibilit� de vous exprimer quand le Maire de Paris sera �lu. Je suis l� pour l'�lection et non pas pour pr�sider � des d�bats !

M. Alain DUMAIT.- Monsieur le Pr�sident !

M. Jacques F�RON, doyen d'�ge, pr�sident.- Je vous donne la parole, mais soyez bref.

M. Alain DUMAIT.- Merci de me donner la parole pour une explication de vote...

M. Jacques F�RON, doyen d'�ge, pr�sident.- Non, c'est parce que vous repr�sentez vous seul...

M. Alain DUMAIT.- Je m'exprime aujourd'hui au nom de tous les �lus ind�pendants des partis politiques.
Nous faisons partie de la majorit� municipale. Nous nous sommes engag�s � voter pour Jean TIBERI, nous le confirmons aujourd'hui, nous voterons tout � l'heure pour Jean TIBERI.
Depuis plus de vingt ans, un certain nombre de Parisiens souhaitent qu'il y ait un vrai Maire � la t�te de la Municipalit� parisienne. J'esp�re, Monsieur TIBERI, que vous serez ce Maire-l�, celui que nous attendons.
Ce vrai Maire de Paris, nous le reconna�trons � plusieurs signes.
Premi�rement, serez-vous ou non un Maire � plein temps, consacrant toute son �nergie, tout son temps, aux affaires de la Ville ? Ou au contraire, un Maire en attente d'un autre destin cumulant les responsabilit�s et les ambitions ?
Parisien de naissance, attach� � Paris, et j'esp�re aussi bien � sa Rive gauche qu'� l'autre, vous pouvez �tre ce Maire enti�rement et durablement d�vou� � sa ville.
Deuxi�mement, serez-vous ou non le d�fenseur des libert�s communales, c'est-�-dire pour Paris le d�fenseur d'un statut de droit commun, faisant du Maire de Paris un Maire � part enti�re d�tenant notamment, comme tous les Maires de France, des pouvoirs de police pour r�pondre aux attentes de la population ?
Je vous rappelle que les Parisiens mettent en t�te de leurs pr�occupations municipales les questions qui rel�vent de la tranquillit� et de l'ordre public, au sens du Code des communes, ainsi que celles li�es au stationnement et � la circulation des v�hicules, comp�tences qui, relevant de la gestion de l'espace public, sont ou devraient �tre des comp�tences municipales par nature.
Un vrai Maire de Paris n'aurait de cesse d'obtenir de l'Etat que ses comp�tences naturelles soient restitu�es.
Troisi�mement, saurez-vous instaurer un v�ritable dialogue, une concertation digne de ce nom, sur tous les grands probl�mes parisiens ou, au contraire, l'Administration conservera-t-elle dans les faits le monopole de la r�flexion et de la prise de d�cision, les �lus n'�tant l� tr�s souvent que pour avaliser des choix effectu�s sans eux...
Monsieur le Pr�sident, pourrais-je avoir un peu de silence, s'il vous pla�t ?

(Protestations, mouvements divers).

M. Jacques F�RON, doyen d'�ge, pr�sident.- Mes chers coll�gues, un peu de silence. Vous avez absolument raison.

M. Alain DUMAIT.- Un vrai Maire de Paris se r�jouirait sans doute d'h�riter d'une administration de qualit�, mais il ferait aussi en sorte qu'on ne puisse plus dire � Paris que le Secr�taire g�n�ral de la Ville est le v�ritable homme fort.
Quatri�mement, Monsieur TIBERI, saurez-vous faire de cette Assembl�e autre chose qu'une simple chambre d'enregistrement ? Saurez-vous associer tous les �lus aux d�bats permanents, au forum que doit �tre une Municipalit� de plein exercice ?
Comme nous croyons que vous pouvez �tre ce Maire de Paris, parce que nous vous faisons confiance pour l'�tre, et que j'esp�re vous entendre dire ce qu'attendent beaucoup de Parisiens, nous vous apporterons nos voix. Les �lus de la majorit� municipale n'appartenant pas aux formations politiques vous apportent leur soutien.
Mais en revanche, tous les �lus ind�pendants des formations politiques entendent �tre consid�r�s comme des membres � part enti�re de cette majorit� municipale. Notre vote n'est pas un vote de passion, mais un vote de raison, car nous ne pouvons oublier, en effet, que nous avons �t� �lus bien que vous ayez fait campagne contre nous.
Mais les �lecteurs, Monsieur TIBERI, en ont d�cid� ainsi. Partout o� ils ont eu le choix, ils ont donn� une large partie de leurs suffrages aux candidats ind�pendants des partis politiques : 30 % des voix de la majorit� municipale dans le 16e arrondissement au premier tour, 45 % des voix de la majorit� municipale dans le 7e arrondissement au deuxi�me tour et 70 % des voix de la majorit� municipale dans le 2e arrondissement d�s le premier tour.
Les �lecteurs de la majorit� municipale ont donc clairement souhait� qu'il y ait trois p�les dans cette majorit� municipale : le groupe des �lus R.P.R., le groupe des �lus U.D.F. et le groupe des �lus ind�pendants des formations politiques.
Hier soir, Monsieur TIBERI, nous �tions quatre, Georges MESMIN, Jean-Philippe HUBIN, Beno�te TAFFIN et moi-m�me. Aujourd'hui, nous sommes sept. Demain, nous serons quinze ou nous serons vingt. Nous serons donc le troisi�me p�le de la majorit� municipale. Nous pr�tendons �tre partie prenante � l'organisation de la majorit� municipale pour des raisons de morale politique aussi bien que pour des raisons d'efficacit�...
Faites vos comptes, Monsieur TIBERI, sinon vous risquez d'�tre en minorit�, alors qu'avec nous, vous �tes assur� d'une majorit� stable pour six ans. C'est � vous de choisir. Ou vous associez les �lus ind�pendants des partis politiques � l'organisation de la majorit� municipale, et vous d�montrez que vous avez entendu le message des �lecteurs de votre majorit�, ou vous continuez � les ignorer. Nous r�clamons le droit d'�tre associ�s � l'organisation de votre majorit�, de participer � l'�laboration, � la d�finition des proc�dures de concertation, au choix des adjoints, � la r�partition des pouvoirs au sein de l'ex�cutif municipal. Faute de quoi, vous prendriez le risque de marginaliser une partie de votre majorit�. Ou bien la majorit� municipale accepte de reconna�tre les faits, les scrutins des 11 et 18 juin et s'organise en trois groupes, celui des �lus R.P.R., celui des �lus U.D.F. et celui des �lus ind�pendants des partis politiques, ou bien vous prenez le risque de vous retrouver bient�t minoritaire. A vous de choisir.
Monsieur TIBERI, j'aurais pr�f�r� vous tenir ce propos en priv�. En nous ignorant jusqu'� ce jour, vous nous avez contraint � le faire publiquement.

M. Jacques F�RON, doyen d'�ge, pr�sident.- Je ne comprends pas bien...

(Sourires).
... votre comportement aux uns et aux autres pour expliquer les candidatures. Vous �tes en train d'interpeller un Maire qui n'est pas �lu. Vous auriez pu attendre apr�s... Ce n'est pas rationnel.
Maintenant, je vais donner la parole au repr�sentant du Mouvement Ecologiste.
Monsieur BLET, vous avez la parole.

M. Jean-Fran�ois BLET.- Notre position par rapport � ce d�bat est simple et claire. Nous n'avons pas �t� �lus pour nous taire, ce n'est pas dans nos habitudes, et dans le respect de cette Assembl�e, nous prendrons la parole chaque fois que nous le jugerons n�cessaire...

(Mouvements divers).

M. Jacques F�RON, doyen d'�ge, pr�sident.- Le probl�me ne se pose pas. Continuez.

M. Jean-Fran�ois BLET.- La tradition d'une Assembl�e d�lib�rative est de d�lib�rer et d'entendre ses �lus, et ce n'est pas par des questions proc�duri�res oiseuses que l'on peut effectivement interdire la prise de parole de tel ou tel �lu.
Notre souci et notre exigence premi�re, � travers cette campagne �lectorale, ainsi que l'a sanctionn� le vote des �lecteurs, de ce point de vue sont clairs : ce que les Parisiens rejettent, c'est une certaine conception du pouvoir, une certaine pratique du pouvoir secr�te et autoritaire.
Ce qu'ils demandent, c'est clair, c'est de la transparence et de la concertation.
Cette transparence et cette concertation, nous demandons prioritairement que notre Assembl�e se les appliquent � elle-m�me, c'est-�-dire que les modes de travail de cette Assembl�e n'en fassent pas de fait une chambre d'enregistrement.
Nous n'avons pas vocation � faire de la figuration, � �tre des "godillots". Nous entendons que cette Assembl�e et ses modes de fonctionnement lui permettent d'�tre un lieu de d�bat, un lieu de confrontation, et si les traditions anciennes allaient � l'encontre, ces traditions doivent �tre revues.
Je me suis r�jouis personnellement de voir dans la presse les d�clarations de M. DOMINATI, au nom de l'U.D.F., sur la transparence et la concertation. Je m'en r�jouis, mais ce que nous demandons maintenant, ce sont des actes, et nous vous jugerons les uns et les autres � vos actes.
Il faut des proc�dures nouvelles, y compris au sein m�me de cette Assembl�e, qui nous permettent de sortir d'un certain ronron, que nous p�mes nagu�re contempler du haut de cette tribune. Si nous sommes devenus acteurs, c'est pour pouvoir renouveler le d�bat d�mocratique au sein de ce Conseil, et � Paris.

(Applaudissements).

M. Jacques DOMINATI.- Monsieur le Doyen, j'avais not� tout � l'heure...

M. Jacques F�RON, doyen d'�ge, pr�sident.- Puis-je vous demander, cher coll�gue, � quel titre vous prenez la parole ?

M. Jacques DOMINATI.- Au titre de Pr�sident du groupe "Paris-Libert�s" qui est le troisi�me groupe important de cette Assembl�e.

M. Jacques F�RON, doyen d'�ge, pr�sident.- Tr�s bien, tr�s bien.

M. Jacques DOMINATI.- J'avais fait observer que dans toutes les communes de France, la premi�re s�ance et la premi�re session �taient r�serv�es � l'�lection du Maire et des adjoints. Il n'y a en g�n�ral pas d'explication de vote sur les personnes, et c'est la tradition r�publicaine.
Aujourd'hui, Monsieur le Doyen, vous avez, et j'esp�re que c'est exceptionnel, mis en oeuvre une nouvelle proc�dure pour cette Assembl�e, qui n'a rien de commun avec la proc�dure pr�vue pour les Conseils municipaux.
Si je suis votre proc�dure et si je m'aligne exactement sur les pr�sidents de groupes, je suis amen�, Mesdames et Messieurs, mes chers coll�gues, � �videmment vous infliger dans les m�mes conditions les th�mes sur lesquels le groupe "Paris-Libert�s" s'est battu avec nos amis du R.P.R., th�mes qui nous ont donn� le succ�s.

M. Jacques F�RON, doyen d'�ge, pr�sident.- Ecoutez, Monsieur le Pr�sident, je ne peux pas laisser croire que je porte la responsabilit� de l'organisation du d�bat.
J'ai �t� l'objet d'une demande m'indiquant qu'un accord avait �t� pris avec les diff�rents groupes pour que les candidats puissent expliquer leur vote, sans se limiter � la simple pr�sentation de leur candidature. Je suis d�sol�.

M. Jacques DOMINATI.- Donc, je peux proc�der de la mani�re suivante : acceptez-vous...

M. Jacques F�RON, doyen d'�ge, pr�sident.- Puisque nous sommes entr�s dans ce syst�me, allez-y, continuez.

M. Bertrand DELANO�.- Je souhaite que M. DOMINATI s'exprime.

M. Jacques DOMINATI.- Je vous remercie, Monsieur DELANO�.
J'ai pr�par� un discours...

(Brouhaha, mouvements divers).

M. Jacques F�RON, doyen d'�ge, pr�sident.- Un peu de silence, mes chers coll�gues !

M. Jacques DOMINATI.- Monsieur le Doyen, je pr�f�re donner un peu plus de s�r�nit� � cette Assembl�e. Je tiens mon discours � la disposition de tous les membres de l'Assembl�e, et je demande que l'on passe s�rieusement � l'ordre du jour et qu'on �lise le Maire !

(Applaudissements des �lus "Paris-Libert�s" et "Rassemblement pour Paris").

M. Jacques F�RON, doyen d'�ge, pr�sident.- Tr�s bien. Nous allons passer au vote.

Mme Laure SCHNEITER.- Monsieur le Pr�sident...

M. Jacques F�RON, doyen d'�ge, pr�sident.- Madame, vous avez pris la parole en pr�sentant votre candidature. Vous n'avez pas �prouv� le besoin de parler plus de quelques secondes, je ne vous donne pas deux fois la parole.
Vous �tes d'accord pour qu'elle parle ?...
Madame, vous avez la parole.

(Applaudissements).

Mme Laure SCHNEITER.- Monsieur le Doyen, Mesdames, Messieurs...

M. Jacques F�RON, doyen d'�ge, pr�sident.- Essayez d'�tre br�ve.

Mme Laure SCHNEITER.- Je serai br�ve, si vous voulez bien m'�couter.
L'actualit� parisienne de ces derniers jours fait la une de tous les journaux : le "syst�me", que le respect d� au Pr�sident de la R�publique nous oblige � appeler le "syst�me TIBERI", s'effondre. Les Parisiens sont accabl�s, et le monde trouve la "ville-lumi�re" quelque peu clignotante. Cette situation navrante aurait pu �tre �vit�e si vous aviez pr�t� attention aux mises en garde de Jean-Louis VIDAL et de Jean-Fran�ois S�GARD.
Je voudrais pourtant vous rassurer. Cette situation peut se r�gler d�s aujourd'hui : il nous suffira tout � l'heure de refuser toute d�l�gation au Maire en mati�re d'attribution de logements et de remettre cette comp�tence � une autorit� ind�pendante du Conseil municipal.
En revanche...

M. Jacques DOMINATI.- Il n'y aura plus d'exception...

Mme Laure SCHNEITER.- En revanche, combien de temps, combien de courage nous faudra-t-il pour venir � bout des maladies beaucoup plus profondes qui gangr�nent notre Ville.
Paris est en coupe r�gl�e, les choix du pass� ont mis en place un syst�me qui refuse la transparence dans l'utilisation du patrimoine et des fonds publics ; un syst�me qui livre Paris au b�ton, � la destruction des espaces verts, aux passe-droit de toutes sortes, aux Z.A.C.- ces trop c�l�bres Zones d'am�nagement concert� conduites � tort et � travers qui d�truisent l'�quilibre social - des Z.A.C. qui, de plus, engendrent des d�ficits financiers incalculables, deux exemples : 2 milliards 400 millions de francs pour la Z.A.C. "Paris-Seine-Rive gauche" dans le 13e, 2 milliards de francs pour la Z.A.C. "Dupleix" dans le 15e.
Ce syst�me livre aussi Paris � l'anarchie automobile qui fait de notre ville une ville pollu�e, dure aux plus faibles- les enfants, les personnes �g�es, les plus pauvres -, une ville o� la Municipalit� n'a pas h�sit� � faire de certains quartiers des quartiers de seconde zone o� fleurissent l'ins�curit� et les march�s de la drogue : Strasbourg-Saint-Denis, gare du Nord, Stalingrad, mais aussi des lieux moins connus comme le square des Cardeurs dans le 20e. A Bonne-Nouvelle, il a fallu 4 manifestations des habitants du quartier pour sinon chasser, du moins limiter l'ampleur du trafic. Une ville o� des dizaines de milliers de Parisiens sont victimes du bruit, notamment de voisinage (ateliers, restaurants, discoth�ques) et abandonn�s par la Pr�fecture de police comme par la Mairie.
Cette �volution que les Parisiens refusent, quelles que soient leurs opinions politiques, s'est traduite par des projets immobiliers et routiers qui n'ont suscit� d'ailleurs aucune opposition r�elle de la part du parti socialiste. Aucune opposition r�elle ou coh�rente. Rappelons-nous le pont Charles-de-Gaulle, combattu par les socialistes du 13e arrondissement, approuv� par ceux du 12e !
Rappelons-nous aussi les trois lois qui prot�geaient la "ceinture verte" de Paris abolies � l'initiative de M. CHIRAC et de M. QUIL�S, alors ministre. Pensons aux nombreuses r�serves d'espaces verts lev�es avec l'accord des �lus socialistes, ou � beaucoup de projets de Z.A.C. qu'ils ont vot�s, en d�plorant simplement que l'on ne b�tonne pas chaque centim�tre carr� d'espace libre au nom du "logement social", alors qu'il est anti-social de rendre Paris invivable. Il vaudrait mieux commencer par transformer les millions de m�tres carr�s de bureaux vides en logement que continuer � densifier les espaces qui a�rent encore le tissu urbain.
Aujourd'hui, la situation a chang�. Il y a une "nouvelle donne" � Paris. Il y a une majorit� de Parisiens qui veulent une v�ritable concertation, une vraie d�mocratie, qui veulent une priorit� � la d�fense de l'environnement et- les deux vont de pair - � la d�fense des plus faibles.
Les enjeux sont �normes ainsi que la responsabilit� de ce nouveau Conseil, car c'est aux changements dans leur vie quotidienne que les citoyens jugent l'exercice de la politique. Les promesses et les bonnes intentions ne suffisent plus ; les moyens financiers et des solutions r�ellement efficaces doivent suivre.
Elue �cologiste ind�pendante, libre de tout engagement � l'�gard de la droite comme de la gauche, je m'attacherai � faire des propositions constructives ; j'en d�fendrai de nouvelles, notamment en mati�re de politique �nerg�tique et de services au public, et cela sans esprit partisan, selon la m�me ligne de conduite qu'avait fond�e ici Jean-Louis VIDAL et qu'a poursuivie Jean-Fran�ois S�GARD.

M. Jacques F�RON, doyen d'�ge, pr�sident.- Nous passons au vote. Je vais vous donner quelques conseils : je souhaite que cette �lection du Maire de Paris refl�te une certaine solennit� et pour cela qu'elle se d�roule en bon ordre.
Je demande donc aux conseillers de rester assis � leur pupitre et de venir voter un par un, � la tribune, � l'appel de leur nom.
Nous allons, Mesdames et Messieurs, proc�der � l'�lection du Maire de Paris. Pour cela, il faut composer le Bureau d'�ge :
-Melle Sylvie SCHERER ;
-Mme Olga TROSTIANSKY ;
-M. Fran�ois DAGNAUD ;
-M. Christophe CARESCHE.
Je leur demande de rejoindre la tribune.
Tout le monde est en possession des bulletins ?
Nous allons proc�der au vote.
Je vous rappelle les candidats :
M. Jean TIBERI ;
M. Bertrand DELANO� ;
Mme Laure SCHNEITER ;
M. Jean-Pierre REVEAU.
Le scrutin est ouvert.

(Il est proc�d� au vote par appel nominal).
Plus personne ne demande � voter ?
Le scrutin est clos.

(Les secr�taires proc�dent au d�pouillement).
Mes chers coll�gues, je vais annoncer les r�sultats du scrutin concernant l'�lection du Maire de Paris :
Nombre d'inscrits : 163.
Nombre de votants : 163.
Non-participation au vote : 0.
Bulletin blanc ou nul : 1.
Suffrages exprim�s : 162.
Majorit� absolue : 82.
Ont obtenu :
M. Jean TIBERI, 98 voix.

(Vifs applaudissements des �lus "Rassemblement pour Paris" et "Paris-Libert�s", debouts).
M. Bertrand DELANO�, 62 voix.

(Applaudissements des �lus socialistes, communistes et du Mouvement des citoyens).
Mme Laure SCHNEITER, 1 voix.
M. Jean-Pierre REVEAU, 1 voix.
M. Jean TIBERI, ayant obtenu la majorit� absolue des suffrage, est �lu Maire de Paris.

(Vifs applaudissements des �lus "Rassemblement pour Paris" et "Paris-Libert�s").

(M. Jean TIBERI, Maire de Paris, prend place au fauteuil de la pr�sidence).

Juin 1995
Débat
Conseil municipal
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