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40 - 2000, DAUC 56 - Avis du Conseil de Paris sur le projet de révision du P.O.S. de Saint-Denis et d'Aubervilliers, secteur de la Plaine Saint-Denis (Seine-Saint-Denis)


M. Jean-Fran�ois LEGARET, adjoint, pr�sident. - A la demande de M. DAGNAUD et avec l'accord de M. BULT�, nous commen�ons par le projet de d�lib�ration DAUC 56 concernant un avis du Conseil de Paris sur le projet de r�vision du P.O.S. de Saint-Denis et d'Aubervilliers, secteur de la Plaine Saint-Denis.
Je donne la parole � M. MALBERG.
M. Henri MALBERG. - A cette occasion, j'ai envie de poser une question de fond. Ce n'est peut-�tre pas l'heure, mais c'est comme cela.
Nous avons � nous prononcer sur un projet de modification du plan d'occupation des sols d'Auberbervilliers et de Saint-Denis. Pour des raisons de l�galit�, puisque ces plans d'occupation des sols des villes voisines ont des cons�quences sur leur environnement. Donc Paris.
La question du rapport entre la Ville de Paris et les villes limitrophes, et l'ensemble de la r�gion parisienne, est d'une grande actualit�. Tout le monde r�fl�chit � cela. Ce qui est en question c'est l'avenir des uns et des autres.
Notre r�gion, 10 millions d'habitants, cette immense agglom�ration, ce potentiel d'intelligence, de cr�ativit�, se trouve devant des contradictions dont personne n'a la clef. Le d�bat et la recherche sont ouverts.
Je suis de plus en plus convaincu qu'il n'y a pas d'avenir pour un Paris enferm� comme dans un donjon, � l'int�rieur de la protection du p�riph�rique, une ville qui se conduirait comme une ville arrogante, certaine de sa richesse et de sa beaut�. Et qui ne comprendrait pas quelle fait partie d'un ensemble de plus en plus complexe et r�actif.
Les personnes, les id�es, la jeunesse vont et viennent, circulent. Vous pouvez mettre toutes les barri�res que vous voudrez. Et ceci d'un endroit � un autre et sans r�f�rence aux fronti�res construites par l'histoire ou l'administration. M�me les "fronti�res" comme le p�riph�rique ou la circulaire comme l'A-116 n'y feront rien.
Il y a de plus en plus le sentiment d'un destin commun, d'int�r�ts communs et d'un peuple unique.
Vous savez comment r�pondent les gens de l'agglom�ration quand ils sont � l'�tranger ? D'o� �tes-vous ? Ils disent : Parisiens. Ils ont raison.
Je dis tout cela, convaincu qu'il faudra bien inventer quelque chose - je vois que vous �coutez, Monsieur BULT� - pour trouver les formes de coop�ration, de partage, de solidarit� et d'ouverture sur les autres.
J'ai fait cette longue introduction pour aborder la question de la Z.A.C. d'"Aubervilliers" � partir de quelques id�es...
Je souhaite que le Maire porte attention � mes propos. Je peux y aller ?...
M. Jean-Fran�ois LEGARET, adjoint, pr�sident. - Monsieur BULT�, M. MALBERG demande si vous �tes tr�s attentif � ses propos... Il est tr�s attentif.
Monsieur MALBERG, vous avez la parole.
M. Henri MALBERG. - Quelques id�es.
D'abord, il faut comprendre l'�tat d'esprit des habitants des villes environnantes de la Capitale. Et plus notamment l'�tat d'esprit du premier cercle autour de Paris.
Paris a export� ses pauvres par centaines de milliers.
Paris re�oit chaque jour un million de salari�s qui viennent enrichir la Capitale, d�poser leur intelligence et de la taxe professionnelle. Ils retournent hors de Paris pour y transporter leur vie de locataires ou de propri�taires, de parents d'enfants. Ces villes vivent aussi les cons�quences de la pr�carit� dans les bureaux d'aide sociale o� on leur r�clame aide et secours.
Cette banlieue a perdu la richesse industrielle. Elle a des friches immenses. Elle impose des imp�ts plus lourds que les n�tres. Et ici, on entend ricaner. Mais si ces imp�ts sont plus lourds, c'est peut-�tre que les contraintes sont plus fortes. Nous en sommes en partie responsables.
Vous, la majorit�, vous hurlez quand la loi vous impose l�gitimement de financer une contribution de solidarit�.
L'id�e qu'il faudra payer une taxe pour 65.000 logements sociaux qui manquent, cela vous h�risse.
Alors, il faut comprendre pourquoi et comment, quand viennent les grands groupes multinationaux pour mettre des paquets de millions de taxe professionnelle sur la table, apporter 1.000 ou 1.500 emplois et un regain de vie, il faut comprendre ce qui se passe � Montreuil, � Bagnolet ou � Aubervilliers. Et du coup, les habitants et municipalit�s acceptent dans l'int�r�t de leur ville et de ses habitants, et de l'emploi la fameuse ceinture d'h�tels, de supermarch�s, ininterrompue de la Porte de Charenton � la Porte de la Chapelle.
Qui, � leur place, ferait autrement ?
Ceci dit nettement que l'arrogance de Paris, m�prisant, insensible, � l'�gard de millions de Parisiens qui demeurent hors de Paris, n'est pas notre fait.
J'ajoute que les villes qui nous entourent ne sont pas le d�versoir seulement de nos probl�mes. Ce sont des villes qui existent, qui vivent, qui sont dynamiques, qui sont jeunes, qui sont m�tiss�es et qui sont une bonne partie de l'avenir de la R�gion.
J'en viens � la Z.A.C. d'"Aubervilliers".
Cette Z.A.C., avec tout ce qu'elle apporte de positif, avec ses am�nagements le long du canal, avec cette id�e qu'au nord-est de Paris, entre le Stade de France et Aubervilliers, il y a quelque chose de grand et vivant � faire, n'est pas une chose secondaire. Et en m�me temps, je ne veux pas, au nom du groupe communiste, masquer les probl�mes que cela pose.
Cette succession d'h�tels et de grandes surfaces, de la Porte de Charenton � la Porte de la Chapelle, sur des kilom�tres, pose un probl�me �conomique, social et de civilisation.
D'abord, c'est la cur�e des multinationales qui investissent et surinvestissent dans une guerre � mort dont beaucoup d'�conomistes pensent que l'avenir est incertain. C'est trop serr�, trop dense, trop au-dessus des besoins. Le moindre choc de stagnation �conomique ou de pouvoir d'achat fera tout basculer. Un d�sastre !
Et quel g�chis d'investissement dans un march� d�cha�n�.
Je sais bien qu'une planification glac�e comme celle des pays de l'Est qui pr�tendait tout conna�tre, tout pr�voir, a �chou�. Mais la loi de la jungle actuelle, dont le crit�re n'est jamais l'int�r�t g�n�ral, mais la loi du taux de profit � 15 % est insupportable.
Et puis, quel type de civilisation est-on en train de construire ?
Je pense � ces immenses concentrations commerciales. Comme � Paris, rue R�aumur ou ailleurs, le centre des fringues. Le capitalisme du monde entier est l�. Un monde construit "scientifiquement" o�, comme dans les supermarch�s, on compte le rendement de dix centim�tres carr�s en t�te de gondole. En t�te de gondole, c'est quatre fois plus cher qu'� cinquante centim�tres car on sait que �a marche.
Et puis, c'est comme un aspirateur parce que c'est puissant, c'est beau, c'est riche, �a scintille, c'est agr�able, c'est presque du th��tre. Pendant ce temps, il faut aller voir ce qui se passe et combien de rues de Paris cr�vent. Combien de rues de la p�riph�rie cr�vent. Combien de march�s o� il n'y a plus assez d'acheteurs.
Que va devenir ce pays ? Quel est le co�t social r�el de la soci�t� pour ce d�cha�nement ? De combien on paie les rues d�sertifi�es ? On parle d'ins�curit�. Qu'est-ce qui produit plus d'ins�curit� que ces �normes concentrations de fric � un bout et cette d�shumanisation ailleurs ?
M. Jean-Fran�ois LEGARET, adjoint, pr�sident. - Votre conclusion, Monsieur MALBERG.
M. Henri MALBERG. - Je vais encore parler une minute et demie.
M. Jean-Fran�ois LEGARET, adjoint, pr�sident. - Vous avez parl� huit minutes quarante deux...
M. Henri MALBERG. - Cela fait un moment que ces questions me pr�occupent. J'irai au bout, ou vous me coupez la parole.
M. Jean-Fran�ois LEGARET, adjoint, pr�sident. - Je ne vous coupe pas la parole.
M. Henri MALBERG. - Il n'y a aucune nostalgie dans mes propos. Ce n'est pas du Francis CARCO ou des pleurs sur "la belle �poque". C'est une question s�rieuse sur l'avenir de Paris et de la R�gion.
On sait que le commerce de proximit�, les petites et moyennes surfaces, sont plus que des activit�s commerciales. C'est vrai dans Paris comme hors de Paris.
Il faut bien se poser la question - c'est un communiste qui parle - du soutien que la Ville doit apporter au commerce de proximit�, � la modernit�, au service public dans la rue et la ville. C'est vrai pour les cin�mas de quartier face aux multiplex. Il y a quelque chose � inventer.
La loi actuelle du march�, tout ce qui se d�veloppe, peut tuer une ville derri�re le clinquant et l'attrait que repr�sentent certaines formes de commerce et une certaine mainmise sur des quartiers entiers.
Il y a un nouveau maillage � inventer. C'est autre chose que les petits coins tranquilles, zones � trente kilom�tres/heure... certes positifs mais qui ne font que zoner la ville en laissant des quartiers entiers en d�serrance. C'est bien plus loin qu'il faut penser et agir si on veut faire une vraie ville.
Nous allons donc ne pas prendre part � ce vote, non pas par hostilit� aux projets d'Aubervilliers, mais parce que nous voulons que cette question vienne sur la table avec tout le monde.
Il y a une �volution de la pens�e sur une conception de la ville qui refuse son �clatement en zones r�serv�es. Un zonage �conomique commercial, social et de classe qui finit par construire des s�gr�gations dangereuses pour l'avenir. Et insupportables pour l'esprit.
(Applaudissements sur les bancs des groupes communiste, socialiste et du Mouvement des citoyens).
M. Jean-Fran�ois LEGARET, adjoint, pr�sident. - Monsieur MALBERG, vous avez parl� 10 minutes 30. J'appelle donc les orateurs suivants � un effort de concision.
Monsieur FERRAND, vous avez la parole.
M. Eric FERRAND. - Monsieur le Maire, je vais essayer d'�tre aussi concis que possible.
Je partage en partie les propos de M. MALBERG, mais je ne partage pas en tout cas son pessimisme et je voudrais vous dire que les �lus du Mouvement des citoyens ne peuvent que se r�jouir de voir la Ville de Paris entrer pour une fois dans la m�canique de l'intercommunalit� en �mettant un avis sur les P.O.S. des villes de Saint-Denis et d'Aubervilliers. Ce n'est certes pas � l'initiative du Maire de Paris, bien entendu, c'est � celle de son coll�gue de Saint-Denis, mais peu importe. Il est souhaitable que ce cas particulier, � notre avis, serve d'exemple et que notre Collectivit� s'engage dans des d�marches concert�es avec les communes limitrophes � chaque fois qu'un grand projet structurant ou une r�vision des r�gles d'urbanisme a des incidences sur la Capitale. Paris ne peut en effet continuer � se consid�rer comme une �le � l'int�rieur de l'agglom�ration parisienne. C'est d'ailleurs pour cette raison que Georges SARRE a propos� � l'Assembl�e nationale la cr�ation d'un haut conseil de l'agglom�ration qui prendrait en charge un certain nombre de cons�quences, dont notamment l'urbanisme concernant l'ensemble des villes de Paris et de la couronne.
Revenons au cas d'esp�ce.
Cette r�vision du P.O.S. a pour objectif de requalifier la partie du canal Saint-Denis situ�e hors Paris et peut permettre une revalorisation du canal d�di� principalement aux promeneurs et aux p�cheurs et qui serait un lien int�ressant entre les �quipements situ�s dans Paris et ceux de la Plaine Saint-Denis.
Ces am�nagements, dont le but est la remise en valeur des berges notamment par la cr�ation d'espaces verts et la pr�servation de cet itin�raire ouvert au trafic par voie d'eau, nous paraissent aller dans le bon sens, puisqu'il s'agit de renforcer les liens pr�cis�ment entre Paris et sa p�riph�rie la plus proche.
Par ailleurs, cette r�vision propose la cr�ation d'un r�seau routier important pour assurer la desserte des zones qui en �taient mal pourvues, notamment au sud du secteur. Ce r�seau routier est malheureusement, je le crains, tourn� exclusivement vers la voiture particuli�re. De plus, la Z.A.C. "Aubervilliers" en projet pr�voit un centre commercial de 96.000 m�tres carr�s. C'est encore une fois un exemple de la multiplication assez anarchique, faute d'une concertation au niveau de l'agglom�ration, des tr�s grandes surfaces aux portes de Paris, avec les cons�quences n�gatives que l'on sait sur le petit commerce de proximit�, non seulement sur les deux communes concern�es, mais particuli�rement dans le nord de Paris m�me.
Qu'en est-il, Monsieur le Maire, (c'est une question) du contenu des activit�s dans cette Z.A.C. ? Il me semble me souvenir qu'� un moment avait �t� envisag�e l'implantation � cet endroit des grossistes en textile qui sont actuellement � Paris. Ce serait une bonne chose pour nous, de nature � mettre fin aux nuisances que ce type de monoactivit� commerciale g�n�re dans des quartiers o� la cohabitation avec les locaux d'habitation est toujours tr�s difficile.
Aussi, le groupe du Mouvement des citoyens donnera un avis favorable � ce projet de r�vision du P.O.S., avec n�anmoins les r�serves relatives aux points �voqu�s auparavant. Il semble en particulier opportun de profiter de cette r�vision pour am�liorer la desserte par les transports en commun et contenir l'�volution de l'automobile, dont les effets sur la qualit� de vie des Parisiens et des Franciliens en g�n�ral sont d�sastreux.
Je vous remercie.
(Applaudissements sur les bancs du Mouvement des citoyens).
M. Jean-Fran�ois LEGARET, adjoint, pr�sident. - Je donne la parole � M. DAGNAUD.
M. Fran�ois DAGNAUD. - Je vous remercie, Monsieur le Maire, ainsi que M. BULT�, d'avoir accept� cette l�g�re d�rogation � notre ordre du jour.
Je souhaitais, au nom du groupe socialiste et apparent�s, mettre � profit l'examen de ce projet de d�lib�ration, relatif � un avis que notre Conseil doit rendre sur un projet de r�vision du Plan d'occupation des sols sur les communes voisines de Saint-Denis et d'Aubervilliers, pour prendre date et pour �voquer le projet de Z.A.C. d'"Aubervilliers". Je note avec un certain regret que c'est au d�tour d'un projet somme toute marginal que notre Assembl�e est saisie de ce projet d'envergure qui aurait, me semble-t-il, pleinement justifi� une inscription � l'initiative du Maire de Paris et une communication aux �lus, mais j'y reviendrai puisque cette question a fait l'objet d'une question adopt�e par le Conseil du 19e arrondissement et qui viendra, je le souhaite, rapidement devant notre Assembl�e.
Le projet de Z.A.C. d'"Aubervilliers" pr�voit en effet la r�alisation, � l'�ch�ance 2001, aux portes de Paris, sur une superficie de 18 hectares, de pr�s de 250.000 m�tres carr�s d'activit�s, dont un centre commercial d'environ 50.000 m�tres carr�s.
Au-del� des interrogations qui se font jour sur la pertinence du parti d'am�nagement retenu sur un site � forte potentialit�, deux inqui�tudes majeures doivent �tre relev�es :
- premi�re inqui�tude, les flux de circulation suppl�mentaires g�n�r�s aux abords de la Porte d'Aubervilliers auront in�vitablement un impact fort en mati�re d'engorgement et de pollution. J'ai sous les yeux les �tudes d'impact qui ont �t� r�alis�es et qui pr�voient une augmentation de trafic entre 30 et 40 %.
- second motif d'inqui�tude, un centre commercial de cette dimension exercera in�vitablement une concurrence mortelle sur tout le commerce de proximit� du nord-est parisien. Au terme de l'enqu�te publique qui s'est d�roul�e du 18 novembre au 18 d�cembre 1999 � la mairie d'Aubervilliers, le commissaire enqu�teur a d'ailleurs fait part de sa plus extr�me r�serve quant � l'implantation de cette grande surface commerciale.
Face � cette situation, le Conseil du 19e arrondissement s'est donc interrog� sur le mutisme affich� et les choix implicites engag�s par la Mairie de Paris au-del� de son silence officiel.
En effet, alors que le plan de d�placements urbains pr�sent� devant le Conseil de Paris a retenu l'objectif d'une r�duction significative du trafic automobile, ce projet de centre commercial aura des cons�quences en totale contradiction avec cet objectif.
De m�me, alors que la Mairie de Paris affiche souvent son souhait de d�fendre le commerce parisien de proximit�, il est �vident que l'impact de ce projet sur la structure et la vitalit� du tissu commercial des arrondissements voisins ne semble pas � ce jour avoir �t� mesur� � sa pleine valeur.
Par ailleurs, s'il appara�t que les proc�dures juridiques qui s'appliquent en l'esp�ce ne pr�voient pas stricto sensu une consultation des populations parisiennes directement touch�es, il est en revanche inconcevable que les associations de quartier ou les associations repr�sentatives des forces �conomiques ainsi que les �lus concern�s aient �t� jusqu'� pr�sent tenus � l'�cart de cette r�flexion.
Il est donc n�cessaire, et c'est notre souhait, d'�largir le d�bat public pour permettre aux Parisiens, et plus particuli�rement aux habitants des 18e et 19e arrondissements, de s'exprimer.
Le Conseil du 19e arrondissement a donc, par le biais de la question que j'�voquais tout � l'heure, interpell� le Maire de Paris sur un certain nombre de points ; je vous les cite pour m�moire, sachant que nous aurons � les traiter en s�ance pl�ni�re bient�t.
Premi�re demande : pr�senter aux �lus parisiens les �l�ments d'information en votre possession et les engagements d'ores et d�j� pris au nom de la Ville dans ce projet.
Deuxi�me demande : pr�ciser comment la Mairie de Paris entend peser, si elle le souhaite en tout cas, sur l'�volution du programme d'am�nagement de la Z.A.C. d'"Aubervilliers".
Troisi�me demande : apporter toutes les garanties n�cessaires pour �viter le d�veloppement d'un trafic automobile non ma�tris� � la Porte d'Aubervilliers et pour pr�server le commerce de proximit� directement menac� � Paris.
Quatri�me demande, relative � l'organisation d'une table ronde r�unissant les associations et les �lus parisiens concern�s afin d'arr�ter dans la transparence et par la concertation un dispositif d'action pour faire entendre les int�r�ts de Paris.
Cinqui�me et derni�re demande : prendre l'initiative en partenariat avec les communes limitrophes impliqu�es dans le projet, d'une r�flexion conjointe sur les perspectives de d�veloppement du nord-est Francilien prenant en compte notamment les perspectives ouvertes par le plan U3M qui a pr�vu et retenu un projet d'implantation universitaire sur le p�le Villette.
Un dernier mot en conclusion. Il est clair que la question majeure pos�e par ce dossier est la fa�on dont la Ville de Paris va in�vitablement devoir s'engager dans des pratiques de concertation intercommunales qui doivent aller au-del� de ce qui est fait aujourd'hui.
On voit bien comment on touche l� aux confins de l'absurde quand un projet de cette envergure n'est abord� dans notre Assembl�e qu'au d�tour et par le biais d'une d�lib�ration comme je le disais, marginale.
Je crois qu'il y a l� quelque chose qui ne peut plus durer et la question de l'ouverture de Paris vers les quartiers, les villes qui l'entourent et qui constituent avec la ville centre l'agglom�ration devra in�vitablement �tre soumise au d�bat public.
Je ne doute pas qu'il s'agit l� d'une question majeure de la future campagne des municipales.
M. Jean-Fran�ois LEGARET, adjoint, pr�sident. - Je donne la parole � M. BLET.
M. Jean-Fran�ois BLET. - Monsieur le Maire, l'application du P.O.S. intercommunal de Saint-Denis et d'Aubervilliers aura une r�percussion importante sur l'�volution du territoire parisien, la frange septentrionale de notre ville, �tant en voie de mutation.
Nous d�plorons l'insuffisante prise en compte des disposition du Plan de d�placements urbains vis-�-vis du maintien du transport de marchandises sur la voie d'eau et de l'am�nagement des berges du Canal Saint-Denis � des fins d'activit�s portuaires.
Le zonage manque en effet de clart� sur la r�partition entre zones de loisirs li�es au projet de "parc-canal" et zone d'activit�s.
Mais surtout, la d�rogation au P.O.S. que constitue la Z.A.C. d'Aubervilliers repr�sente un danger pour l'�quilibre du nord de Paris.
C'est tr�s exactement ce qu'il ne faut plus faire. C'est une r�gression historique qui nous ram�ne aux heures les plus aberrantes de l'urbanisme des ann�es 1960.
Cette Z.A.C. a en effet �t� mont�e autour d'un projet commercial gigantesque qui aura des r�percussions d�sastreuses sur l'ensemble des quartiers du nord-est parisien.
Le site exceptionnel de cette Z.A.C. sur une rive du canal Saint-Denis et la localisation privil�gi�e en bordure du p�riph�rique m�ritaient pourtant tout autre projet qu'une zone d'activit� associant 133.000 m�tres carr�s de bureaux � un centre commercial d'int�r�t r�gional de 96.000 m�tres carr�s qui, par l'importance de la surface commerciale disponible sera le 8e centre commercial d'Ile-de-France.
93 % des surfaces sont en effet allou�es � l'activit� �conomique, commerces ou bureaux. A ces 247.500 m�tres carr�s de SHON d�di�s � l'activit� �conomique, s'ajoutent sur Paris les 100.000 m�tres carr�s de SHON du parc du Mill�naire et 50.000 m�tres carr�s � 60.000 m�tres carr�s sur les terrains Claude-Bernard appartenant � l'Assistance publique, puis � cheval sur Paris, Saint-Denis et Aubervilliers, les 100.000 m�tres carr�s envisag�s � terme sur la gare des Mines (R.F.F.-S.N.C.F.).
Au total 500.000 m�tres carr�s environ seront ainsi d�di�s � l'activit� �conomique dans ce secteur.
Ce projet suscite pourtant des critiques unanimes.
La conclusion du commissaire-enqu�teur est la suivante : "'il n'est pas opportun d'instaurer une surface commerciale dans un site aussi privil�gi� qui m�ritait un projet plus ambitieux".
M�me la Chambre de Commerce et d'Industrie se montre r�serv�e et veut accentuer la r�flexion sur l'utilisation de la voie d'eau, notamment par des activit�s �conomiques. Elle pr�cise que l'implantation d'un �quipement commercial de 50.000 m�tres carr�s de surfaces ne va pas sans cons�quence sur l'avenir des villes voisines.
La Chambre des M�tiers de Seine Saint-Denis fait la m�me analyse et conclut qu'elle ne peut se satisfaire de l'application d'un mod�le standard tel que celui propos� dans ce dossier.
D'autres am�nagements plus conformes aux opportunit�s qu'offrait un tel site auraient pu �tre envisag�s : un projet d'�tablissement universitaire et surtout un programme de logements plus important auraient pu �tre d�velopp�s.
De plus dans cette Z.A.C. quasi mono-fonctionnelle, les �quipements publics sont scandaleusement absents de la programmation malgr� la perspective de l'arriv�e d'une population nouvelle. Ainsi, eu �gard aux �quipements scolaires, la seule solution envisag�e est d'augmenter le nombre d'enfants par classe. Alors que l'�tude d'impact de la Z.A.C. pr�cise, page 44, que "de nouveaux besoins li�s � l'accueil de la petite enfance sont � pr�voir et que le secteur de la Z.A.C. est pauvre en �quipements sportifs et culturels", aucune cr�che, centre social ou centre sportif ne sont pr�vus.
Tous les principes de mixit� des fonctions sont ainsi bafou�s.
Une telle zone d'activit� repr�sente une menace inqui�tante pour l'emploi dans ce secteur de l'agglom�ration et aura des r�percussions fortement n�gatives sur la circulation et l'environnement.
Dans le rapport du commissaire-enqu�teur figure cette citation :"lorsque la grande distribution cr�e un emploi, elle en supprime 3 : un dans le petit commerce qu'elle tue, un chez les interm�diaires, et un chez les producteurs qu'elle impose par l'interm�diaire de ses centrales d'achats".
Le centre commercial induisant la cr�ation de 2.000 emplois, ce sont ainsi 6.000 emplois qui sont amen�s � dispara�tre.
La Chambre de commerce et d'industrie de Paris souligne que "l'implantation d'un �quipement commercial de 50.000 m�tres carr�s de surfaces ne sera pas sans cons�quence sur l'avenir des villes voisines".
La zone de chalandise du future centre commercial englobera 800.000 personnes, principalement sur le nord parisien.
60-70 % des clients devraient en effet venir du nord de Paris, principalement des 19e, 18e, 17e et 10e arrondissements, soit 550.000 personnes dont 170.000 pour le 19e arrondissement.
Un seul exemple donn� par la Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris, � la Courneuve, la vacance de locaux commerciaux dans le centre-ville est pass�e de 2 % avant l'ouverture d'un centre commercial sur la commune voisine de Drancy, � 25 % deux ans apr�s l'ouverture.
Les chiffres sont �loquents. Un centre commercial, c'est l'agonie du petit commerce de proximit� indispensable � la vie dans les quartiers.
L'impact sur la circulation et l'environnement sera tout aussi catastrophique. L'augmentation, selon l'�tude d'impact, de 30 � 40 % du trafic automobile est manifestement sous-estim�e. La Chambre de Commerce et d'Industrie de Paris consid�re en effet que cette estimation est trop faible par rapport � la r�alit� et au contexte. L'augmentation du trafic serait plut�t de l'ordre de 50 %, soit 3.150 v�hicules par heure. Une telle augmentation des flux signifie pour le 19e arrondissement l'asphyxie et l'engorgement permanent de l'avenue Jean Jaur�s et de l'avenue de Flandres.
Cette augmentation du trafic est absolument incompatible avec les objectifs de r�duction du trafic du PDU.
Elle se traduit par une hausse inadmissible des nuisances sonores et des pollutions atmosph�riques.
Avec cette Z.A.C., la Ville d'Aubervilliers choisit la solution la plus simple mais aussi la plus �go�ste vis-�-vis des communes voisines C'est la course au centre commercial et la chasse � la taxe professionnelle.
La r�glementation relative aux compositions des commissions d�partementales d'�quipement commercial font que la Ville de Paris et les �lus que nous sommes ne sont jamais consult�s en cas d'implantation d'un centre commercial en p�riph�rie de Paris alors que les r�percussions les plus importantes sont sur le territoire parisien.
La suture Paris-Banlieue m�rite pourtant d'autres projets que des centres commerciaux :
- aux services d'int�r�ts financiers purement priv�s ;
- saccageant un site aux potentialit�s urbaines exceptionnelles ;
- ruinant la mixit� des activit�s �conomiques du nord-est parisien et tout particuli�rement menant � la faillite le petit commerce de proximit� indispensable � l'�quilibre et � l'animation de quartiers particuli�rement d�sh�rit�s en bordure du p�riph�rique ;
- g�n�rant des pollutions phoniques et atmosph�riques dans des quartiers d�j� en proie aux pollutions des locomotives Diesel, des 200 camions de l'entreprise Tafanel, du p�riph�rique et axes rouges.
Cette Z.A.C., au nom de profits financiers � court terme est, � tout point de vue, une monstruosit�, en termes de pollution, de mixit� �conomique et sociale.
Pour Paris et l'Ile-de-France, il s'agit d'une erreur majeure en termes d'urbanisme et de d�veloppement durable.
Monsieur le Maire, pour pr�server la vie de nos quartiers, nous vous demandons, bien au-del� des remarques faites au sein de l'enqu�te publique, de vous prononcer publiquement contre la Z.A.C. et de soutenir ceux qui s'y opposeront.
(M. le Maire de Paris reprend place au fauteuil de la pr�sidence).
M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci. La parole est � M. BULT�.
M.Michel BULT�, adjoint, au nom de la 6e Commission. - Merci, Monsieur le Maire.
J'ai �cout� avec la plus grande attention les diff�rents orateurs et je me permettrai de r�pondre d'abord aux trois derniers sur les plans techniques qu'ils ont �voqu�s et de r�pondre en fin d'intervention au premier orateur, Monsieur MALBERG, ce dont je m'excuse par avance.
Tr�s rapidement, je rappelle qu'il s'agit de la modification du P.O.S. d'Aubervilliers et de se prononcer sur cette modification de P.O.S. et non pas bien entendu sur la r�alisation de la Z.A.C. "Aubervilliers" elle-m�me. C'est uniquement un avis sur un dossier technique.
Je rappellerai tr�s rapidement que les communes de Saint-Denis et Aubervilliers ont arr�t� un projet de r�vision partielle de ce P.O.S., soumis uniquement pour avis � la Ville de Paris. Ce projet porte, comme l'a rappel� M. FERRAND, sur le secteur de la Plaine Saint-Denis et concerne notamment la partie du canal Saint-Denis situ�e hors de Paris. Il r�serve une grande partie des berges du canal � la promenade, �voquant l'id�e d'un parc-canal, et r�duit les secteurs r�serv�s aux installations portuaires, tout en limitant leur nombre � celui atteint au 1er janvier 2000.
Ces dispositions sont de nature � r�duire l'usage de la voie d'eau par le transport de marchandises.
Il appara�t souhaitable de rechercher sur le canal Saint-Denis un meilleur �quilibre entre les am�nagements paysagers et les activit�s de transport que la Ville de Paris, propri�taire de cette voie d'eau, cherche � favoriser.
Il est �galement demand� le maintien de servitudes de halage de part et d'autre du canal alors que le projet ne pr�voit ce maintien que sur une seule berge.
Pour ce qui est des r�serves de voirie inscrites sur l'ensemble du secteur, elles sont de nature � am�liorer la desserte des zones o� celle-ci est mal assur�e. Toutefois, le projet de Z.A.C. "Aubervilliers" devrait g�n�rer un trafic automobile que les infrastructures existantes ou projet�es ne pourraient supporter, c'est vrai, sans la cr�ation d'un franchissement suppl�mentaire du canal Saint-Denis � hauteur de la rue Pierre-Larousse. L'inscription d'un emplacement r�serv� pour cet ouvrage est donc demand�e fortement par la Ville de Paris.
Des avis favorables sont donc donn�s aux projets de r�vision du P.O.S. de Saint-Denis et Aubervilliers qui nous sont pr�sent�s, sous la r�serve que les observations que je viens d'�voquer soient, bien entendu, prises en consid�ration.
Je rappellerai une fois de plus que le projet de Z.A.C. lui-m�me n'est pas concern� et que le Maire de Paris, Jean TIBERI, a fait part de ses observations par le biais de son Secr�taire g�n�ral lors de l'enqu�te publique, qui s'est achev�e le 18 d�cembre 1999, en �mettant des r�serves importantes, notamment sur la circulation automobile, comme l'a �voqu� M. DAGNAUD qui nous a quitt�s, et sur les cons�quences commerciales du projet d'Aubervilliers.
En revanche, le Maire de Paris est tout � fait favorable � une concertation avec les associations, les riverains et les �lus concern�s, notamment dans le 18e et le 19e arrondissements. Celle-ci devra d'ailleurs �tre organis�e � l'initiative m�me du s�nateur-maire d'Aubervilliers, � la demande de Jean TIBERI, c'est-�-dire par M. Jack RALITE.
En ce qui concerne l'intervention de fond qu'a faite M. MALBERG tout � l'heure, je trouve, personnellement, qu'il a eu raison de prendre le temps n�cessaire pour �voquer ce probl�me de fond et on devra peut-�tre, dans l'avenir, se pencher ensemble sur l'�volution de la ville en g�n�ral, et de Paris et ses relations avec les communes p�riph�riques en particulier.
Je rappellerai qu'� la demande du Maire, depuis plusieurs ann�es nous sommes en contact permanent avec Jack RALITE � Aubervilliers mais �galement avec le maire de Saint-Denis pour d�velopper un certain axe de la modernit� qui part de Notre-Dame et passant par la place de la R�publique, la place du Colonel Fabien, Aubervilliers, Saint-Denis, pour arriver � Roissy.
Cet axe prend une ampleur consid�rable et, bien entendu, son am�nagement est en permanence en concertation avec les diff�rents �lus de ce secteur.
M. MALBERG a fait tout � l'heure un portrait un peu critique de la banlieue. Il me faisait penser � ce film "Elle court, elle court, la banlieue". Il a bien fait de dire ce qu'il a dit, de poser le probl�me de la solidarit� entre Paris et les communes p�riph�riques.
Croyez, Monsieur MALBERG, que dans ce secteur notamment, cela fait des ann�es que nous souhaitons �largir cet espace de solidarit� de Paris � la banlieue et la critique, s�v�re, que vous avez faite notamment de la ceinture commerciale qui nous cerne tous et qui provoque une d�sertification progressive de nos arrondissements p�riph�riques, est � prendre en consid�ration. On devra certainement entreprendre une r�flexion en profondeur pour rem�dier � cette d�sertification.
Je rappellerai que nous �voquons tous, les uns et les autres, la droite comme la gauche, � chaque fois, le r��quilibrage � l'est. Mais quand des propositions sont faites, et je pense notamment � la symbolique que j'avais propos�e et qui aurait l'accord de M. RALITE, cette symbolique tr�s forte d'avoir la main tendue vers la banlieue, avec un trait d'union tr�s fort consistant dans l'implantation du Conseil r�gional � l'est � la fois sur la commune d'Aubervilliers et sur la commune de Paris (et le Maire de Paris lui-m�me avait envisag� de faire un apport du terrain pour que ce symbole tr�s fort puisse exister), que font les �lus, Monsieur MALBERG ?
Le r��quilibrage � l'est, que voulez-vous, c'est la bonne parole. Bien souvent, ils pr�f�rent encore s'installer dans leurs Chesterfield et leurs dorures du 7e arrondissement plut�t que de se d�placer vers l'axe de la modernit� que repr�sentent le 19e, Aubervilliers et Saint-Denis.
Je souhaite bien entendu que, dans cette banlieue et ce Paris multicolore que vous avez �voqu�s, Monsieur MALBERG, nous puissions prochainement avoir ensemble une r�flexion en profondeur.
Bien entendu, sur le P.O.S. d'Aubervilliers lui-m�me, je souhaiterais, pour M. RALITE, qu'on puisse donner un avis favorable et c'est l� o� je ne retrouve pas les propos de M. MALBERG, qui nous a dit qu'il n'�tait pas "faux-cul" mais qu'il ne voulait s'engager ni pour ni contre ce plan d'occupation des sols. Je souhaiterais que, sur le plan technique au moins, il puisse donner un avis favorable � ce secteur, pour son coll�gue.
M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci, Monsieur BULT�.
Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DAUC 56.
Qui est pour ?
Contre ?
Abstentions ?
Le projet de d�lib�ration est adopt�. (2000, DAUC 56).

Février 2000
Débat
Conseil municipal
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