retour Retour

Evocation des propos de M. FRÊCHE.


M. Claude GOASGUEN. - Monsieur le Maire, je demande la parole.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Monsieur le Pr�sident du groupe U.M.P., s?agit-il d?un rappel au r�glement parce que sinon il faut le joindre � l?ordre du jour ?

M. Claude GOASGUEN. - J?ai d�j� signifi� au bureau du Conseil que je voulais faire un rappel au r�glement concernant un sujet qui, h�las, est assez voisin de la triste et dramatique �vocation que vous avez faite au nom de tous les Conseillers de Paris � juste titre.

Je voudrais vous dire que nous avons �t� tr�s choqu�s, et je voudrais conna�tre votre avis et ceux de nos coll�gues, par les propos du maire de Montpellier, ex-maire de Montpellier, pr�sident du Conseil r�gional, sur les Harkis qu?il a eu l?audace de traiter de ?sous-hommes? comme le faisait un certain nombre de personnages que la France pr�f�re oublier � l?�gard de ceux dont justement le jeune Ilan faisait partie.

Je voudrais, Monsieur le Maire, vous dire � quel point ces propos ont bless� la communaut� harkie, qui n?a de sous-hommes que le fait d?avoir combattu dans des conditions terribles aux c�t�s de l?arm�e fran�aise et que nous avons souvent livr�s � la main du bourreau. Je voudrais mettre en garde et rappeler que les mots sont quelquefois plus cruels encore que les actes, et que quand on est un �lu de l?importance de M. FR�CHE � la t�te du Conseil r�gional de Languedoc-Roussillon, on p�se ses mots � l?�gard d?une cat�gorie de la population vers laquelle la France doit tourner ses regards pour les remercier.

Je voudrais, Monsieur le Maire, que vous rappeliez � votre coll�gue de parti, comme l?ont fait un certain nombre de f�d�rations du Parti socialiste que nous, �lus de Paris et nous Conseil de Paris, nous n?accepterons jamais que des soldats fran�ais qui se sont battus dans les pires conditions � nos c�t�s puissent �tre trait�s de sous-hommes par un homme politique ou par un homme quelconque d?ailleurs.

C?est ce que je voudrais rappeler ce matin et j?aimerais que mes coll�gues partagent mon avis. Car vraiment, on ne peut d�noncer d?un c�t� des actes de barbarie autour de Paris et accepter d?un autre c�t� que des hommes responsables puissent traiter d?autres Fran�ais de cette mani�re.

Voil� ce que je voulais vous dire en ce d�but de s�ance.

(Applaudissements sur les bancs des groupes U.M.P. et Union pour la d�mocratie fran�aise).

M. LE MAIRE DE PARIS. - Monsieur GOASGUEN, s?il s?agit de me faire dire � moi, comme Maire de Paris, en ce d�but de s�ance, que les propos tenus par Georges FR�CHE sur les Harkis sont absolument inadmissibles et condamnables, c?est simple.

Deuxi�mement, l?honn�tet� doit aussi amener � dire que depuis il s?est r�tract�, il s?est excus�. D?ailleurs, son attitude vis-�-vis de la diversit� de la population de sa r�gion et de sa ville quand il en �tait maire est, de ce point de vue l� aussi, quelque chose qu?il faut prendre en compte. Cela dit, cela n?excuse rien dans les propos qui sont totalement, totalement inadmissibles. Je prends en compte aussi les excuses.

Je voudrais aussi rappeler que la Ville de Paris, c?est-�dire nous, nous ne sommes pas s�lectifs dans notre m�moire. Nous essayons de regarder l?Histoire en face et d?une certaine mani�re courageuse par rapport au pass� de Paris. Par exemple, du point de vue de l?Histoire, lorsque j?ai inaugur� cette plaque sur le pont Saint Michel pour comm�morer le massacre du 17 octobre 1961, je n?ai pas senti partout le m�me enthousiasme. Mais je vais vous dire aussi, Monsieur GOASGUEN, parce qu?il faut �tre honn�te, que la Ville de Paris pr�pare, vous le savez puisqu?on a vot� la d�lib�ration, un hommage aux Harkis qui font partie de la communaut� nationale et il y aura, et j?inaugurerai moi-m�me, une plaque � la m�moire des Harkis. Ils sont des femmes et des hommes que nous respectons � �galit� avec tous les citoyens. Et l?Histoire effectivement est assez douloureuse et doit �tre trait�e avec tact, avec respect et avec courage.

Je dirai un dernier mot. C?est vrai qu?au Conseil de Paris, maintenant nous parlons de tout et que c?est venu un peu de tous les c�t�s. Cela ne me d�range pas d�s qu?il s?agit de convictions et de valeurs. Je vous pr�cise quand m�me que le pr�d�cesseur de M. Georges FR�CHE dans cette r�gion �tait alli� � un courant politique x�nophobe et qui, parfois?

(Protestations sur les bancs des groupes U.M.P. et Union pour la d�mocratie fran�aise).

Je parle du Front national.

(Protestations sur les bancs des groupes U.M.P. et Union pour la d�mocratie fran�aise).

? et qu?� ce moment-l�, je n?ai entendu aucune demande de prise de position au Conseil de Paris.

Cela �tant dit...

(Protestations sur les bancs des groupes U.M.P. et Union pour la d�mocratie fran�aise).

Chut !

Monsieur LELLOUCHE, je vous r�ponds sereinement, avec un esprit de v�rit�.

Ici, je suis l?�lu des Parisiens.

(Protestations sur les bancs des groupes U.M.P. et Union pour la d�mocratie fran�aise).

Ici, je suis l?�lu des Parisiens et je parle � partir des valeurs de Paris. Je n?ai donc strictement aucune g�ne, r�pondant � l?interpellation de M. GOASGUEN, de dire ce que je pense des propos de Georges FR�CHE sur les Harkis. Et, moi, je l?ai fait simplement et sans �tre mis en difficult�, malgr� quelques cris. Je vous rappelle simplement...

Je vous l?ai dit clairement. Moi, je vous l?ai dit clairement.

M. Jean-Fran�ois LEGARET, maire du 1er arrondissement. - Vous allez continuer � si�ger au bureau politique du PS avec lui !

M. LE MAIRE DE PARIS. - Arr�tez, Monsieur !

Je vous ai parl� du pr�d�cesseur de M. FR�CHE et de ses alliances ; vous auriez d� aussi m?interpeller.

Je peux vous parler d?un de vos coll�gues � l?Assembl�e nationale qui a tenu des propos homophobes et qui, � ma connaissance, est toujours votre coll�gue de groupe !

(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste et radical de gauche, communiste, du Mouvement r�publicain et citoyen et ?Les Verts?).

(Protestations sur les bancs des groupes U.M.P. et Union pour la d�mocratie fran�aise).

Donc, pour ma part,...

Arr�tez de crier ! Ou vous �tes en train?

De deux choses l?une...

M. Ren� LE GOFF. - En attendant, vous ne le condamnez pas.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Vous dites des ?conneries?, excusez-moi !

J?ai condamn� les propos de Georges FR�CHE.

(Protestations sur les bancs des groupes U.M.P. et Union pour la d�mocratie fran�aise).

J?ai condamn� les propos de Georges FR�CHE. De deux choses l?une...

(Protestations sur les bancs des groupes U.M.P. et Union pour la d�mocratie fran�aise).

Chut !

Attendez !

Je condamne les propos...

Monsieur GOASGUEN, une seconde, �coutez-moi !

(Protestations sur les bancs des groupes U.M.P. et Union pour la d�mocratie fran�aise).

Je condamne les propos de Georges FR�CHE sur les Harkis.

M. Jean-Fran�ois LEGARET, maire du 1er arrondissement. - C?est la premi�re fois. On ne vous a pas entendu jusqu?� pr�sent !

M. LE MAIRE DE PARIS. - De deux choses l?une?

Non, mais, la mani�re dont vous r�agissez est assez r�v�latrice parce que ou vous voulez que l?on dise des choses claires sur le fond, ou vous faites une op�ration politique. Si c?est par rapport aux valeurs, je vous ai dit les choses tr�s clairement. Et maintenant je pense que l?on peut passer � l?ordre du jour de notre s�ance.

(Protestations sur les bancs des groupes U.M.P. et Union pour la d�mocratie fran�aise).

Monsieur BARIANI, vraiment il ne faut pas que l?on parle que des choses ext�rieures � la vie municipale, quand m�me !

(Protestations sur les bancs des groupes U.M.P. et Union pour la d�mocratie fran�aise).

Soyez sereins ! Soyez sereins !

Allez, Monsieur BARIANI, vous avez la parole apr�s nous passons au bruit.

M. Didier BARIANI. - Il faut naturellement, et vous l?avez fait, Monsieur le Maire, se d�solidariser, en tout cas politiquement - je ne parle pas des facteurs humains - quand quelqu?un d�rape et dit des choses qui sont � la fois extr�mement choquantes et injustifi�es.

Sur cette affaire des Harkis, nous avons, les uns et les autres, qui appartenons aux g�n�rations qui ont un peu connu cela, un point de vue que l?Histoire �clairera mais qui, lui aussi, devra �tre pris en compte sur les responsabilit�s diverses et vari�es de l?Etat, � l?�gard des diff�rentes g�n�rations de Harkis, du destin qui leur a �t� fait, de ceux qui sont rest�s l�-bas contre leur gr� et qui y ont disparu. L?Histoire sera alors sans doute plus nuanc�e sur la r�partition des responsabilit�s qui se sont faites � ces moments-l�.

Cela n?enl�ve rien, naturellement, � l?erreur grossi�re qui a �t� commise, mais l?Histoire aussi aura � juger, de ce pourquoi un certain nombre de Harkis n?ont pas, en certaines circonstances, b�n�fici� de toute la solidarit� nationale. C?est ce que je voulais dire.

(Applaudissements sur les bancs des groupes Union pour la d�mocratie fran�aise et U.M.P.).

M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci. Bon ! S?il s?agit d?�tre clair sur le fond, je pense que nous le sommes. Le reste est accessoire.

M. Pierre LELLOUCHE. - Non, le reste est politique.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Non, la politique, c?est noble, c?est de l?id�al, ce sont des valeurs.

Février 2006
Débat
Conseil municipal
retour Retour