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2006, DAC 91 - Apposition d’une plaque commémorative en hommage à Emile Combes, 45, rue Claude-Bernard (5e).


M. Alain LHOSTIS, adjoint, pr�sident. - Nous passons � l?examen du projet de d�lib�ration DAC 91 relatif � l?apposition d?une plaque comm�morative en hommage � Emile Combes, 45 rue Claude Bernard, dans le 5e.

La parole est � M. Gilles ALAYRAC, pour le groupe socialiste.

M. Gilles ALAYRAC. - Monsieur le Maire, mes chers coll�gues, lors de notre s�ance du mois de d�cembre, nous avions adopt� le v?u que j?avais pr�sent� avec Jean-Bernard BROS et l?ensemble de mon groupe, afin qu?un hommage soit rendu � Emile Combes, ancien Pr�sident du Conseil, radical socialiste. Je suis donc aujourd?hui, Monsieur le Maire, particuli�rement satisfait que vous nous proposiez d?apposer une plaque comm�morative sur la fa�ade de l?immeuble dans lequel a v�cu Emile Combes.

Je rappellerai simplement qu?il est � l?origine de la loi de s�paration des Eglises et de l?Etat et que ceci m�ritait bien notre hommage. Dans le contexte de l?�poque o� l?�glise catholique avait un positionnement antir�publicain et tr�s conservateur, ce geste �minemment politique constituait une avanc�e consid�rable pour le r�gime. La R�publique affirmait son ind�pendance vis-�-vis des cultes et l?ind�pendance de ceux-ci vis-�-vis des institutions. L?�quilibre que la loi de s�paration de d�cembre 1905 est parvenue � instaurer a dur� jusqu?� aujourd?hui. Cet �quilibre doit �tre pr�serv�.

Les radicaux de gauche en particulier sont oppos�s � toute tentative de revenir sur cette loi, ce qui aboutirait finalement � ouvrir un conflit qui n?a pas de raison d?�tre. Rouvrir ce d�bat, c?est s?exposer � faire exploser la coh�sion nationale sur un sujet essentiel.

Maintenir la s�paration des Eglises et de l?Etat, c?est garantir le principe de la�cit� qui est le pilier de notre R�publique. C?est d?abord consacrer la libert� absolue de conscience. Je forme le v?u qu?� l?occasion de l?apposition de cette plaque comm�morative au 45, rue Claude-Bernard, le Maire de Paris donne une solennit� particuli�re � cette c�r�monie, en rappelant les principes fondamentaux et toujours d?actualit� de la la�cit�.

Pour terminer, mes chers coll�gues, � l?heure o� les tendances au repli sur soi, au communautarisme, constituent des motifs d?inqui�tude parce qu?elles portent d?abord atteinte � la coh�sion de la soci�t�, ne faisons pas preuve de complaisance � leur �gard et mettons en accord nos actes et nos discours. Dans les politiques que nous menons, dans nos prises de positions, ne cherchons pas � avantager tel ou tel, mais soyons plut�t dignes de la confiance de nos concitoyens qui souhaitent que les �lus du suffrage universel soient d?abord les �lus de l?ensemble des citoyens, et ceci, sans distinction. Merci.

M. Alain LHOSTIS, adjoint, pr�sident. - Merci.

Madame Lyne COHEN-SOLAL, vous avez la parole.

Mme Lyne COHEN-SOLAL, adjointe. - Merci, Monsieur le Maire.

A mon tour, je voudrais dire ma satisfaction de voir ce v?u maintenant concr�tis� par l?application d?une plaque au 45, rue Claude-Bernard dans le 5e arrondissement. Comme nous l?avons d�cid� pour Aristide Briand, qui fut lui aussi un des artisans de la loi de s�paration des Eglises et de l?Etat, il est tr�s bon qu?Emile Combes ait aussi une plaque sur la maison o� il v�cut 25 ans.

Je le dis d?autant plus que le Conseil du 5e arrondissement ait adopt� � l?unanimit� cette disposition, encore qu?un d�bat a �t� men� sur le texte de cette plaque et le maire du 5e ait regrett� que ?artisan de la s�paration des Eglises et de l?Etat? figure sur la plaque.

Je dois dire que, pour ma part, j?ai soutenu l?id�e contraire parce que je pense qu?il est de notre devoir non seulement de saluer Emile Combes en mettant cette plaque mais aussi de rappeler combien il �tait difficile � l?�poque de pr�voir une la�cisation de l?Etat et de la R�publique et combien aujourd?hui cette la�cit� nous permet non seulement d?avoir un Etat neutre par rapport � toutes les croyances mais aussi � certains de croire dans des religions minoritaires, gr�ce au respect que chacun doit aux autres.

Je me r�jouis donc qu?Emile Combes soit ainsi mis en valeur et que, surtout, les id�es qu?il d�fendait puissent passer de g�n�ration en g�n�ration.

Merci, Monsieur le Maire.

M. Alain LHOSTIS, adjoint, pr�sident. - Merci.

Madame CHRISTIENNE, vous avez la parole pour l?Ex�cutif.

Mme Odette CHRISTIENNE, adjointe, au nom de la 9e Commission. - En Parfait accord avec Gilles ALAYRAC et Lyne COHEN-SOLAL.

Et j?insisterai particuli�rement sur l?importance que figure sur la plaque d�di�e � Emile Combes qu?il fut ?artisan de la loi de s�paration des �glises et de l?Etat?. Nous venons de c�l�brer le centi�me anniversaire de cette loi. L?actualit�, tant en France qu?� l?�tranger, nous rappelle chaque jour l?importance de la ?la�cit� � la fran�aise? et les risques des d�rives communautaristes pr�n�es ou avalis�es par certains par faiblesse, cynisme ou opportunisme. Il n?est que justice que la Capitale honore la m�moire d?un des artisans d?une loi constitutive du socle de la R�publique. J?observe d?ailleurs que le libell� du texte n?a pas donn� lieu � remarque lors de l?examen du projet en commission.

Sans doute la d�cision d?imposer la fermeture des �coles religieuses et d?interdire � l?enseignement les pr�tres des congr�gations raviva-t-elle les affrontements partisans dans notre pays. Mais la R�publique, soucieuse de r�server l?enseignement de la religion � la sph�re priv�e et d�sireuse de faciliter l?instruction du plus grand nombre, pouvait-elle tol�rer sans p�ril la persistance d?enseignements obscurantistes, anim�s par des ma�tres hostiles aux lumi�res et professant parfois ouvertement leur ?haine de la gueuse? ?

Docteur en th�ologie, auteur d?une th�se sur Saint-Thomas d?Aquin, Emile Combes qui enseigna un temps dans les �coles catholiques, fut loin d?�tre le ?bouffeur de cur�s? d�peint par certains.

Affirmant la neutralit� de l?Etat � l?�gard de toutes les croyances, garantissant, conform�ment � la d�claration des Droits de l?Homme et du Citoyen, la libert� de conscience et de croyance dans le respect de celle d?autrui, la loi sur la s�paration des Eglises et de l?Etat mit fin � 25 ans de tensions entre la R�publique et une �glise qui lui disputait le magist�re moral sur la soci�t�, quand elle n?aspirait pas ouvertement � sa chute.

Il a, certes, fallu la diplomatie et la bonhomie de Briand, auquel la Municipalit�, comme l?a rappel� Lyne COHEN-SOLAL, il y a peu a rendu hommage, pour apaiser les esprits, puis, en tant que ministre de l?Instruction et des Cultes du gouvernement Clemenceau, r�tablir une concorde que l?Union sacr�e face � l?envahisseur devait sceller dans le sang.

Mais comment peut-on, en se focalisant sur les maladresses ayant accompagn� sa r�alisation, para�tre condamner une r�forme qui constitue aujourd?hui encore, plus que jamais, un des socles de l?�difice r�publicain et le plus s�r rempart contre les d�rives communautaristes et int�gristes ?

P�re de cette r�forme, membre de la commission s�natoriale qui rapporta la loi sur les associations, dite loi 1901, partisan de l?instauration des retraites ouvri�res, ardent r�publicain, violemment attaqu� (?Satan?, ?N�ron?, ?Ant�christ?, ?Robespierrot?) dans les brochures de ?la librairie antis�mite? un titre qui montre bien la vraie nature de ses adversaires -, Emile Combes a bien m�rit� que la Ville de Paris lui rende hommage et r�affirme, ce faisant, son attachement ind�fectible � la R�publique et � la la�cit�.

(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste et radical de gauche, communiste, du Mouvement r�publicain et citoyen et ?Les Verts?).

M. Alain LHOSTIS, adjoint, pr�sident. - Bravo !

Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DAC 91.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

Le projet de d�lib�ration est adopt�. (2006, DAC 91).

Février 2006
Débat
Conseil municipal
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