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92 - 2002, DAUC 144 - Attribution de la dénomination "place Claude Bourdet" à une place du 13e arrondissement


M. Alain LHOSTIS, adjoint, pr�sident. - Mes chers coll�gues, nous passons au projet de d�lib�ration DAUC 144 relatif � l'attribution de la d�nomination "place Claude Bourdet", � une place du 13e arrondissement de Paris.
Je donne la parole � M. Jacques BOUTAULT... non, pardon, � M. NAJDOVSKI.
M. Christophe NAJDOVSKI. - M. BOUTAULT est retenu en sa mairie d'arrondissement pour les �lections prud'homales. Aussi, vais-je lire son texte.
Panth�on discret, lieux de m�moire, les noms des rues et places de Paris t�moignent et perp�tuent le souvenir de femmes et d'hommes dont la R�publique fran�aise souhaite se revendiquer.
Assur�ment, Claude Bourdet en fait partie.
Sa vie, rapidement retrac�e dans l'expos� des motifs, de ce projet de d�lib�ration qui propose d'attribuer son nom � une place du 13e arrondissement comme l'avaient souhait� l'�lue "Verte", Martine BILLARD et les "Amis de Claude Bourdet", lors de la pr�c�dente mandature, est une vie d'engagements et de r�sistances.
N� en 1909, ses premiers souvenirs sont marqu�s par la 1�re guerre mondiale. Elle devait �tre la "der des der" mais bien d'autres suivront au cours d'un 20�me si�cle particuli�rement barbare : militant de la paix au moment de la guerre civile espagnole, r�sistant d�s 1940 sous le r�gime de Vichy, d�port� en camp de concentration, opposant aux guerres coloniales men�es par la R�publique fran�aise en Indochine ou en Alg�rie, Fondateur du mouvement contre l'armement atomique, dirigeant de l'association France-Palestine, il fut de ceux, peu nombreux, qui en ces temps d'affrontements et de d�voiements furent l'honneur de la France.
C'est ainsi qu'il fut un des rares Conseillers municipaux � d�noncer, dans cette enceinte, les exactions de la police parisienne au lendemain de la manifestation du 17 octobre 1961 et a demand� sans succ�s qu'une enqu�te soit diligent�e par une commission sp�ciale du Conseil Municipal de Paris.
S'interrogeant sur les m�canismes et les responsabilit�s qui ont conduit � cette r�pression sanglante, voil� ce qu'il concluait � l'adresse de Maurice PAPON, ancien Secr�taire g�n�ral de la Pr�fecture de Bordeaux sous Vichy :
"Je pense, Monsieur le Pr�fet de police, que vous avez agi, dans toute cette affaire, comme ces chefs militaires qui consid�rent que leur propre succ�s et leur propre m�rite se mesurent � la violence des combats, � leur caract�re meurtrier, � la duret� de la guerre. C'�tait la conception du g�n�ral NIVELLE au cours de l'offensive du Chemin des Dames et vous savez que l'histoire ne lui a pas �t� favorable.
C'est cette conception qui a �t� la v�tre � Constantine et celle que vous avez voulu importer dans la r�gion parisienne avec les r�sultats que l'on sait.
Maintenant vous �tes pris � votre propre jeu et vous ne pouvez pas vous arr�ter, m�me en ce moment, � une �poque o� la paix para�t possible.
La terreur � laquelle la population alg�rienne est soumise n'a pas bris� la menace contre vos propres policiers au contraire. J'esp�re me tromper, j'esp�re que vous n'aurez pas relanc� d'une mani�re encore pire l'encha�nement du terrorisme et de la r�pression."
Transposable � d'autres conflits ou � d'autres situations, le message qu'il d�livrait alors reste malheureusement d'une grande actualit�.
Dans cette affaire, Claude Bourdet s'est aussi tromp� en pr�chant par optimisme.
De toute fa�on, disait-il, d'ici quelques ann�es, d'ici quelques mois, quelques semaines peut-�tre la v�rit� se saura et on verra qui avait raison.
Le mensonge d'Etat sur les "�v�nements" de la nuit du 17 octobre 1961 (un fran�ais mort d'une crise cardiaque rue Bonne-Nouvelle) a perdur� bien au-del� de quelques ann�es.
Il aura fallu en effet 40 ans pour que le voile soit partiellement lev� et que cette version officielle rencontre enfin celle de quelques historiens courageux et opini�tres concluant � la mort d'au moins 150 personnes cette nuit-l� dans les rues de Paris.
Il aura �galement fallu, il y a 4 ans, que deux archivistes corroborent les informations de ces deux historiens et t�moignent en 1999 au proc�s intent� par Maurice PAPON � l'historien Jean-Luc EINAUDI.
Depuis lors ces deux conservateurs en chef des archives de Paris ont �t� mis � l'index et au placard. Les tentatives pour les en sortir ont pour l'instant �chou�.
Sur ce sujet, Monsieur le Maire, l'attitude de la ville, tout comme celle du Minist�re de la Culture, ne nous satisfait pas.
Combien de temps faudra-t-il encore attendre ?
Comme le soulignait le philosophe Jacques DERRIDA : "les crimes en question, les censures, les amn�sies, les refoulements, la manipulation, ou le d�tournement des archives, tout cela signifie un certain �tat de la soci�t� civile, du droit et de l'Etat dans lequel nous vivons".
Nous pensons que r�sister � l'extermination dure ou douce de la m�moire, c'est se donner les moyens d'emp�cher le retour des infamies.
Dans un article de France-Observateur, paru le 6 d�cembre 1951, Claude Bourdet rapportait les t�moignages de la torture pratiqu�e � la villa Mahieddine, o� officiait la police des renseignements g�n�raux d'Alg�rie.
Il concluait : "quant � nous, nous aurons fait ce qui d�pendait de nous, pour que personne ne puisse plus dire "je ne savais pas".
Puisse ce nom de place dans le 13e arrondissement, contribuer � faire vivre le nom d'un homme, et au-del�, le sens d'un engagement au service de la paix, de la justice, de la v�rit�, et de la m�moire.
Je vous remercie.
(Applaudissements sur les bancs du groupe "Les Verts").
M. Alain LHOSTIS, adjoint, pr�sident. - Merci d'avoir soulign� la personnalit� de Claude BOURDET.
Je donne la parole � M. Jean-Pierre CAFFET.
M. Jean-Pierre CAFFET, adjoint, rapporteur. - Je n'ai rien � rajouter � cette bonne intervention de M. BOUTAULT, lue par M. NAJDOVSKI.
M. Alain LHOSTIS, adjoint, pr�sident. - Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DAUC 144.
Qui est pour ?
Contre ?
Abstentions ?
Le projet de d�lib�ration est adopt�. (2002, DAUC 144).
Nous passons maintenant � l'examen du v?u n� 42 bis... Pardon, Monsieur BENESSIANO ?
M. Herv� BENESSIANO. - Merci, Monsieur le Maire.
Simplement dans le projet de d�lib�ration, puisque nous sommes sur les attributions de d�nominations de noms de rue, nous avions re�u en temps utile le principe d'une quatri�me d�nomination qui �tait la rue "Albert Roussel" � une rue du 17e arrondissement, situ�e dans la Z.A.C. de la Porte d'Asni�res.
Dans l'urgence, nous avions eu un accord avec le cabinet du Maire de Paris, pour qu'elle passe sur table en Conseil d'arrondissement. Nous avions un accord en m�me temps avec l'opposition municipale du 17e et Cl�mentine AUTAIN, pour que cela passe � temps en Conseil de Paris. Nous l'avons pass�, il �tait inscrit pr�alablement dans les projets de d�lib�ration et on constate que dans le dernier document qui a �t� mis sur table, ici, le projet a disparu. Je rappelle d'un mot qu'il s'agit d'une rue dans laquelle il y a de nouvelles habitations et que les habitants habitent depuis le mois de septembre sans adresse.
Il avait �t� demand� que, dans l'urgence, puisque des d�nominations avaient �t� cit�es lors de la commission du 29 mars, cette d�cision passe dans les d�lais les plus courts.
M. MADEC attend �galement lui aussi au niveau de la S.E.M.A.V.I.P. que nous ayons cette appellation qui soit pr�sent�e au Conseil de Paris aujourd'hui. Nous d�couvrons en dernier instant que ce projet est pass� � la trappe entre deux �ditions de l'ordre du jour.
C'est la raison pour laquelle je me permets de vous interpeller et de demander � M. CAFFET si ce n'�tait pas possible de correspondre et de garder un ordre du jour tel qu'il avait �t� pr�vu.
M. Alain LHOSTIS, adjoint, pr�sident. - Monsieur GOASGUEN, vous avez la parole.
M. Claude GOASGUEN. - En tant que pr�sident de groupe, je voudrais attirer votre attention sur le fait que les appellations doivent �tre discut�es m�rement. Nous avons d�pos�, il y a quelques ann�es maintenant, une demande pour quelqu'un qui �tait tr�s proche de Claude BOURDET. Pour avoir connu et l'un et l'autre, Eug�ne CLAUDIUS PETIT �tait le patron de Claude BOURDET dans la R�sistance et �tait lui-m�me Compagnon de la Lib�ration et membre du C.N.R. J'attends toujours que l'acceptation qui avait �t� faite par le Conseil de Paris soit suivie d'effet. Elle ne vient pas. Je n'ai rien contre Claude BOURDET, mais je ne voudrais pas que ce qui est vrai pour l'un ne le soit pas pour l'autre.
C'�tait il y a trois ans ou quatre ans, et rien ne se passe. Il faudrait qu'on ait un suivi des d�lib�rations.
C'est la raison pour laquelle je me suis montr� r�ticent sur Claude BOURDET contre lequel je n'ai rien de personnel. Mais je voudrais qu'on applique un peu le principe d'�quilibre dans cette affaire.
M. Alain LHOSTIS, adjoint, pr�sident. - Chacun appr�ciera.
Monsieur CAFFET, sur la demande de M. BENESSIANO, vous avez la parole.
M. Jean-Pierre CAFFET, adjoint, rapporteur. - Mme la Maire du 17e a �t� saisie pour avis pr�alable avant introduction du projet de d�lib�ration dans le circuit "Alpaca" que chacun conna�t ici et qui est long. La d�lib�ration n'avait pas encore �t� introduite dans le circuit "Alpaca" lorsque le Conseil d'arrondissement s'est r�uni. C'est ce qu'on me dit.
(Mouvements divers dans l'h�micycle).
Je vous dis ce que les services me rapportent, je ne suis pas toute la journ�e sur "Alpaca" !
Mme de PANAFIEU n'ayant pas r�pondu en terme d'avis pr�alable sur...
(Mouvements de protestation sur les bancs de l'opposition municipale).
... Vous me permettez de terminer ?
Le vote qui aurait eu lieu, me dit-on, au Conseil du 17e arrondissement n'�tait pas un vote sur un projet de d�lib�ration ayant pass� le filtre d'"Alpaca" mais sur un projet de d�lib�ration qui avait �t� envoy� au maire du 17e arrondissement pour avis pr�alable avant introduction.
(Mouvements divers dans l'h�micycle).
Je n'ai rien contre la rue Albert Roussel ! Ce dysfonctionnement sera r�par� et nous d�lib�rerons sur ce sujet lors du Conseil de janvier.
M. Alain LHOSTIS, adjoint, pr�sident. - De toute fa�on, il n'y a pas de possibilit� de faire autrement.
M. Herv� BENESSIANO. - Le fonctionnement des services est lamentable !
M. Alain LHOSTIS, adjoint, pr�sident. - Vous avez eu la parole, vous avez pu vous exprimer. Vous avez une r�ponse, c'est remis au mois de janvier, M. CAFFET s'y est engag�. Nous nous revoyons au mois de janvier !
(Mouvements divers dans l'h�micycle).
Vous ne comptez pas revenir l'ann�e prochaine ?
C'est tr�s bien.

Décembre 2002
Débat
Conseil municipal
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