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4 - Communication de M. le Maire de Paris sur les célébrations de l'an 2000


M. LE MAIRE DE PARIS. - Nous passons au point suivant de l'ordre du jour, les c�l�brations de l'an 2000.
Comme vous le savez, j'ai pr�sent� officiellement mercredi dernier le programme de notre Capitale pour les c�l�brations de l'an 2000 et nous pouvons ensemble nous f�liciter de l'accueil favorable qu'il a re�u, hormis quelques r�actions aussi pr�visibles que convenues.
Le dossier recensant les manifestations pr�vues a �t� adress� � chacun de vous et je voudrais bri�vement rappeler l'esprit dans lequel j'ai souhait� que la Mission an 2000 con�oive ces c�l�brations.
L'an 2000, Mesdames, Messieurs, c'est d'abord une grande �ch�ance symbolique et c'est comme telle que nous l'accueillons. Nous l'accueillons, comme les hommes l'ont toujours fait pour ces moments uniques de passage, c'est-�-dire comme une occasion de r�ver et de vouloir un avenir meilleur.
Cet avenir, Paris va l'anticiper dans la f�te, Paris va le dessiner dans la r�flexion.
Mais loin du sensationnel et de la d�mesure, en particulier budg�taire, nous avons choisi, dans le temps de la f�te comme dans celui de la r�flexion, de privil�gier le choix du coeur, c'est-�-dire la dimension humaine, la solidarit� et la fraternit�, qui sont � construire chaque jour.
Tout d'abord le temps de la r�flexion. C'est celui que nous prendrons pour imaginer dans toutes ses dimensions l'avenir des Parisiens en tant qu'individus et citoyens.
Dans notre ville, qui est celle des universit�s et qui entend le rester, le temps de la r�flexion alternera des rencontres qui atteindront, naturellement, les plus hauts niveaux sp�culatifs et d'autres qui viseront des enjeux plus pratiques, plus concrets, plus imm�diats, que je dirais plus politiques.
Je pense ainsi au Sommet que Paris organisera pour convier les Maires des grandes villes du monde � r�fl�chir collectivement � l'avenir des grandes m�tropoles.
Je pense aussi � la vaste r�flexion collective que notre Municipalit� lancera, avec tous les Parisiens, sur des domaines qui sont au coeur de la d�mocratie locale comme l'�ducation, la s�curit�, la solidarit�, la sant� et l'environnement.
S'inscriront dans ce programme de mani�re privil�gi�e les �tats g�n�raux de la solidarit� que nous organiserons en novembre 1999, en liaison �troite avec toutes les associations caritatives, d'autres part les �tats g�n�raux de l'environnement et de la vie quotidienne ainsi qu'une grande convention de la culture qui posera les �l�ments d'une politique des publics renouvel�e et approfondie.
Je veux faire de ce moment de r�flexion une occasion forte pour jeter les bases d'une nouvelle d�mocratie plus directe, plus proche, plus participative.
La d�mocratie locale, c'est la r�flexion collective. C'est aussi, j'y ai tenu, la participation directe des 80 quartiers de Paris au projet de la Mission " Paris 2000 ". Il s'agit de permettre � chacun d'exprimer sa g�n�rosit�, son �nergie et sa cr�ativit�, et particuli�rement les jeunes. C'est le sens de l'op�ration " Les jeunes font l'an 2000 " qui permettra, dans chaque quartier, � des �quipes de proposer des projets. La Ville aidera les meilleurs de ces projets qui pourront ainsi voir le jour en l'an 2000.
Comme le temps de la r�flexion, le temps de la f�te sera l'occasion de d�montrer que Paris, plus que jamais, est une ville accueillante, vivante, entreprenante, une ville qui bouge, qui cr�e, qui invente.
La f�te, ce sera, �videmment, mes chers coll�gues, la joie et l'�motion de conna�tre, dans un lieu unique, l'annonce d'un nouveau si�cle et d'un nouveau mill�naire.
Au top de l'an 2000, la Tour-Eiffel scintillante de 20.000 �clairs restera, soyons-en s�rs, parmi les images les plus fortes que notre m�moire collective gardera du passage � l'an 2000.
Les f�tes de l'an 2000, c'est aussi l'hommage que nous rendrons � la beaut� de notre ville � travers les f�tes de la Seine qui prendront un �clat tout particulier, ou encore � travers l'op�ration " Paris s'illumine " qui viendra notamment �clairer de mani�re d�finitive les 36 ponts de notre fleuve.
Notre programme donne �galement rendez-vous au Paris du loisir, du mouvement et de l'invention avec de tr�s grands �v�nements collectifs au premier rang desquels je veux citer le concert gratuit de Johnny HALLIDAY sur les Champs-Elys�es qui sera un immense moment de f�te populaire.
Mais je pense aussi naturellement au spectacle exceptionnel sur la Seine et sur ses rives que donnera Robert HOSSEIN le 14 juillet 2000. En faisant revivre l'histoire de Paris, ce spectacle rappellera que Paris est la ville des libert�s et doit sans cesse maintenir, pour elle-m�me et pour le monde, cette vocation qu'elle illustrera en rendant hommage au G�n�ral de Gaulle, chef de la France libre et son lib�rateur.
Enfin, la f�te � Paris, comment pourrait-elle se concevoir sans l'art sous toutes ses formes ?
Avec les champs de la sculpture, les expositions exceptionnelles des mus�es de Paris, la cr�ation mondiale au Ch�telet r�nov� d'un oratorio de John ADAMS et Alice GOODMAN, et enfin le grand concert de S. OSAWA au Champ-de-Mars, la m�moire et la cr�ation artistiques prendront place au coeur des c�l�brations de l'an 2000 parce qu'elles sont au coeur de l'histoire de la Ville de Paris et parce qu'elles repr�sentent un de nos liens les plus pr�cieux entre pr�sent et pass�, modernit� et tradition.
Mes chers coll�gues, vous pouvez constater en m'�coutant que l'ambition de ce programme est de mettre l'�ph�m�re au service de la p�rennit� et, comme l'illustre notre logo, de poser des ponts entre le pass� et l'avenir, entre la f�te et la r�flexion naturellement ; mais aussi des ponts entre les diversit�s, les sensibilit�s, les richesses humaines qui font notre ville, de toujours mieux nous relier les uns aux autres, toujours mieux nous unir. C'est cela le choix du coeur, c'est celui des Parisiens et c'est le n�tre.
Merci.
(Applaudissements sur les bancs des groupes " Rassemblement pour Paris " et " Paris-Libert�s ").
Avant de donner la parole � chaque intervenant, je veux, � sa demande, donner la parole � M. le Pr�fet de police.
M. LE PR�FET DE POLICE. - Merci, Monsieur le Maire.
Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les Conseillers, riche de son histoire bimill�naire, Paris s'appr�te � organiser et � accueillir de tr�s nombreux �v�nements pour c�l�brer l'an 2000 sur une p�riode de plus de 18 mois, et ce, d�s l'�t� 1999.
Ces initiatives sont de trois ordres : celles qui rel�vent de la Mairie de Paris, celles qui sont pr�par�es par la Mission nationale pour l'an 2000, celles enfin qui sont lanc�es par diff�rents op�rateurs priv�s.
A la lumi�re de l'exp�rience qu'elle a acquise pour la gestion de grands �v�nements ou de grandes comm�morations tels que le Bicentenaire de la R�volution fran�aise, le Cinquantenaire de la Lib�ration de Paris, les Journ�es mondiales de la jeunesse et, l'ann�e derni�re, la Coupe du monde de football, la Pr�fecture de police s'attachera, comme elle l'a toujours fait, � contribuer � la r�ussite de ce temps fort que constituera le passage � l'an 2000, en servant ainsi le prestige de la Capitale et le prestige de la France.
Ainsi, vous le savez, il incombera au Pr�fet de police et � ses services d'assurer, dans la Capitale, en pareilles circonstances, la s�curit� du public et des acteurs de ces manifestations, ainsi que la protection, autant qu'il est possible, de leurs organisateurs, dont la responsabilit� pourrait �tre mise en cause en cas d'incident.
Il appartiendra aussi � la Pr�fecture de police d'assurer l'organisation des secours en veillant, en m�me temps, � garantir la s�curit� g�n�rale de la ville et tout sp�cialement celle des personnes et des biens.
Comme on a pu l'observer � plusieurs reprises au cours de la p�riode r�cente, et notamment � l'occasion de la Coupe du monde de football et du r�veillon de la Saint-Sylvestre, les grands �v�nements festifs de la Capitale, et plus particuli�rement ceux qui se d�roulent sur l'avenue des Champs-Elys�es, attirent de plus en plus souvent des groupes d'individus agressifs susceptibles de se livrer � des violences et � des actes de vandalisme. Je ne peux, par cons�quent, exclure que certaines manifestations, sp�cialement sur l'art�re prestigieuse des Champs-Elys�es ne soient entach�es par de graves incidents, malgr� les fortes pr�cautions que nous pourrions prendre.
En outre, la mise en place d'un important service d'ordre, de 6.000 fonctionnaires � titre d'exemple pour la f�te des G�ants du 9 juin 1998, conduira � engager une large partie des effectifs charg�s de la lutte contre la d�linquance dans la Capitale, appuy�s par des renforts de forces mobiles que constituent les Compagnies r�publicaines de s�curit� et les escadrons de gendarmerie mobile.
Je ne vous cacherai donc pas une certaine pr�occupation, et j'ajouterai qu'au vu des �l�ments communiqu�s par la presse notamment, on peut raisonnablement penser que les festivit�s de l'an 2000 seront un �v�nement au moins aussi lourd � g�rer que la Coupe du monde de football, en particulier au regard de la longue p�riode qu'ils vont couvrir.
Il va de soi, Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les Conseillers, que tous les moyens dont dispose la Pr�fecture de police seront mobilis�s. Toutefois, l'ampleur de certains projets envisag�s me conduira � solliciter M. le Ministre de l'Int�rieur afin qu'il mette � ma disposition un renfort d'unit�s mobiles en grand nombre.
C'est ainsi qu'en l'�tat actuel des informations dont je dispose, les diff�rentes manifestations envisag�es pour le 31 d�cembre 1999 n�cessiteront la mise � ma disposition de 50 unit�s de renfort, au-del� des forces de la Pr�fecture de police qui seront d�ploy�es. Cela repr�sente 4.000 hommes de renfort auxquels s'ajouteront des milliers d'hommes de la Pr�fecture de police, si les projets restent ceux qu'ils sont actuellement, et je n'en connais pas encore le d�tail, nous allons nous livrer � des �tudes techniques plus pr�cises avec les organisateurs.
Je suis conduit � m'interroger sur la suite que le Ministre de l'Int�rieur pourrait r�server � une telle demande aussi importante en renfort de forces mobiles compte tenu des autres �v�nements qui auront lieu au m�me moment sur l'ensemble du territoire national.
Il importe donc que ces manifestations ou animations de voie publique soient non seulement coordonn�es entre elles, mais �galement qu'elles aient pu, et nous en avons parl� avec M. le Maire de Paris et avec M. le Secr�taire g�n�ral qui est en charge de l'organisation de ces festivit�s pour le compte de la Ville de Paris, et nous allons nous y attacher, �tre pr�alablement et soigneusement �tudi�es.
A cet �gard, je dois souligner que mes services ne seront en mesure de valider sur le plan de la s�curit� les projets qu'� partir du moment o� un dossier pr�cis leur aura �t� transmis, qu'il aura pu �tre expertis�, ce qui, pour le moment, n'est le cas que de cette animation, fort int�ressante d'ailleurs, du ballon captif au parc Andr�-Citro�n qui a recueilli, � la lumi�re du dossier, notre accord total.
D'ores et d�j�, afin de pr�parer dans les meilleures conditions l'examen des �v�nements envisag�s pour l'an 2000, j'ai constitu�, comme je l'avais fait pour les grands �v�nements pr�c�dents, une cellule particuli�re qui est �videmment � la disposition des organisateurs et qui va tenir de nombreuses r�unions.
Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les Conseillers, le passage � l'an 2000 doit �tre une grande f�te et une totale r�ussite ; la Pr�fecture de police pourra consid�rer que sa mission aura �t� bien remplie d�s lors que les nombreuses animations et manifestations, dont certaines rassembleront des centaines de milliers de personnes, se seront d�roul�es en toute s�curit� et auront perturb� le moins possible la vie de la Capitale.
Je puis vous assurer que la Pr�fecture de police ne m�nagera aucun effort pour faire en sorte que tous ceux qui auront la chance de participer aux festivit�s de l'an 2000 � Paris en conservent le meilleur souvenir.
Je vous remercie de votre attention.
(Applaudissements sur les bancs de l'Assembl�e.)
M. LE MAIRE DE PARIS. - Je vous remercie, Monsieur le Pr�fet de police.
La parole est � Mme DOUVIN.
Mme Laurence DOUVIN. - Monsieur le Maire, mes chers coll�gues, nous attendions avec une certaine impatience votre communication, Monsieur le Maire, sur les festivit�s qui marqueront l'entr�e dans le troisi�me mill�naire � Paris. Je dis avec une certaine impatience parce qu'il faut bien reconna�tre que de reports en annulations, ce programme se faisait attendre, alimentant les rumeurs sur les difficult�s de son �laboration et sur le choix des �v�nements et des manifestations qui ponctueraient cette p�riode exceptionnelle.
Le programme que vous nous avez pr�sent� confirme que Paris est une ville ambitieuse, confiante en son avenir et porteuse des valeurs humanistes sans lesquelles toute grande action est vou�e � l'�chec.
Il est plac� sous le signe du coeur, de la g�n�rosit�, de la solidarit� et de l'ouverture aux autres.
Comment ne pas souscrire � un tel message car c'est bien cela la dimension fondamentale des festivit�s de l'an 2000 : resserrer les liens entre les gens, entre les villes, entre les peuples, en quelque sorte retrouver l'atmosph�re de fiert� collective et de tol�rance de la Coupe du Monde.
L'an 2000 sera, bien s�r, une f�te et cette f�te doit �tre l'apanage de tous, des Parisiens - cette f�te est d'abord la leur -, des provinciaux et des visiteurs �trangers aussi. Elle se d�clinera pendant 18 mois, de juillet 1999 � janvier 2001, et prendra des formes diverses mais reposera toujours sur une forte mobilisation populaire.
Monsieur le Maire, la mise au point d'un tel programme n'est jamais chose facile. Apr�s la floraison des id�es, dont certaines �taient totalement saugrenues, doit venir le temps du choix des �v�nements qui seront finalement retenus. En jouant la dimension humaine et en privil�giant les �v�nements forts et simples, tourn�s vers les Parisiens, et tentant de r�pondre aux besoins collectifs, le programme qui nous est pr�sent� se garde des exc�s du grandiose et du surdimensionn�, tout en veillant � la r�alisation de projets durables.
Dans cette situation exceptionnelle, Paris a voulu rester elle-m�me, et s'est refus�e � se livrer � une course effr�n�e au spectaculaire, � un sorte de surench�re st�rile avec les autres grandes m�tropoles europ�ennes et mondiales.
Paris a �galement pens� � ses habitants en offrant une vaste palette de f�tes et spectacles en tout genre.
Il faut esp�rer, Monsieur le Maire, que l'ambition ainsi exprim�e par ce projet sera comprise et relay�e par l'ensemble des Parisiens. Il est, en effet, essentiel que ceux-ci s'approprient en quelque sorte la f�te que vous leur proposez et fassent avec vous, avec nous, le choix du coeur. Cet aspect populaire est � nos yeux d�terminant pour la r�ussite de vos projets. Ces f�tes n'auront vraiment de sens que si les Parisiens y sont pleinement associ�s.
C'est pourquoi il est bon que de grands �v�nements viennent mobiliser l'attention et il est encore plus important que les festivit�s de l'an 2000 irriguent l'ensemble des quartiers et des arrondissements de Paris. Les Parisiens ont des id�es, il n'y avait qu'� les entendre s'exprimer sur ce th�me lors du dernier CICA du 17e arrondissement.
Il faut les associer. Il serait bien, par exemple, que dans tous les quartiers de la Capitale, les enfants et les parents travaillent � cr�er une fresque g�ante sur un th�me � d�finir qui pourrait �tre l'histoire de la ville ou une anticipation du Paris futur. Dans le m�me ordre d'id�e, tous les arrondissements pourraient accueillir des actions culturelles d'envergure, expositions et autres. Paris serait pendant quelques temps une gigantesque exposition.
Je mettrai un b�mol � cette pr�sentation, Monsieur le Maire, il s'agit de l'installation de la grande roue Place de la Concorde pendant seize mois. Cette place est la plus belle de Paris, la plus prestigieuse. L'installation d'une grande roue la d�figure - cela vaut non seulement pour la place elle-m�me mais pour toute la perspective du Carrousel du Louvre � l'Arche de la D�fense.
Nous vous demandons de reconsid�rer son emplacement et de l'envisager, par exemple, dans les jardins de Bercy.
Pour que cette f�te soit r�ussie, elle doit s'adresser � tous et transmettre un message universel, jeter des ponts entre les individus comme elle jettera un pont entre deux mill�naires.
La solidarit� doit �tre au coeur de cette manifestation.
Il n'y a pas de f�te - ne l'oublions jamais - quand certains restent sur le c�t� de la route.
Le programme de l'an 2000 comporte de nombreux projets ; certains sont peu co�teux, d'autres tr�s on�reux. La Ville a d�cid� de limiter sa participation financi�re � 40 millions de francs. Nous esp�rons vivement que la recherche de partenaires ext�rieurs pour la r�alisation sera fructueuse car si tel n'�tait pas le cas, cela poserait un s�rieux probl�me financier. Ce qui nous para�t essentiel, Monsieur le Maire, c'est qu'� pr�sent, la concertation la plus large avec les �lus, avec les personnels de la Ville - c'est aussi la f�te des 40.000 fonctionnaires qui travaillent pour elle -, avec les associations et notamment avec les professionnels du tourisme, pr�side � la s�lection d�finitive des projets et � leur �laboration.
Il n'est pas juste, comme le font certains, de dire que ce programme ressemble � un pot-pourri. Par sa diversit�, sa richesse, il traduit pleinement les diff�rentes facettes que comporte un �v�nement aussi exceptionnel que l'entr�e dans une �re nouvelle, ce moment unique o� l'�ph�m�re c�toie le p�renne.
Il nous appartient d�sormais de relayer sur le terrain cette ambition pour faire de ces festivit�s un grand moment de ferveur populaire dans lequel se retrouveront au-del� de leurs diff�rences, tous les citoyens de Paris, devenus citoyens d'un monde plus g�n�reux, plus solidaires. Merci.
(Applaudissement sur les bancs du groupe " Paris-Libert�s ").
M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci, Madame. La parole est � M. MALBERG.
M. Henri MALBERG. - Monsieur le Maire, le d�bat que nous avons ce matin nous importe beaucoup. Le changement de si�cle, puis de mill�naire, va occuper les esprits pendant des ann�es.
Il va s'inscrire dans le paysage humain � l'�chelle de la plan�te.
Evidemment, ce n'est qu'une date, un symbole, un mythe, cela agace un peu, mais c'est un r�el �v�nement dans la conscience des citoyens.
Et quel �v�nement !
Il se pr�te � la f�te mais aussi au r�ve et � l'espoir, c'est une f�te politique au plein sens du terme.
Une ville comme Paris, l'une des plus belle du monde, a son rang et un r�le � tenir, quelque chose � vivre et � apporter aux autres.
Les �lus communistes veulent pleinement contribuer � la r�ussite de l'�v�nement, � la mesure de notre amour pour la ville et pour son peuple.
Nous avons pris, Monsieur TIBERI, connaissance avec attention du projet de Paris 2000 que vous avez pr�sent� dans les jardins du Trocad�ro le 20 janvier.
Ce projet a plus de consistance que pr�c�demment et je dirai pourquoi, � notre sens, mais on voit aussi plus nettement ses limites.
Je dirai pour commencer oui, oui, il faut faire vivre l'esprit de f�te, de rencontre et de solidarit� entre Parisiens. Les journ�es mondiales de la jeunesse et la Coupe du Monde ont montr� le besoin populaire de se retrouver ensemble et d'affirmer ses aspirations.
Tout nous convient dans ce qui peut, dans un esprit de joie r�ciproque entre Parisiens et gens venus du monde entier, affirmer du bonheur dans les rues et sur les places. Nombre de manifestations peuvent le permettre. Le nouvel an en face de la Tour-Eiffel, la f�te de la musique sur le p�riph�rique, propos�e par la Mission 2000 nationale, la Seine illumin�e, Johnny HALLIDAY sur les Champs-Elys�es, la grande parade de Paris, le No�l blanc, les messages de paix. Oui, naturellement aussi � l'accueil de 30.000 enfants oubli�s des vacances.
Oui � des propositions de r�flexion, de d�bats d'id�es, de conf�rences. Ce sont des initiatives qui permettront de faire vivre notre conception de l'an 2000.
Oui, il nous convient que la ville soit plus belle, qu'elle brille de tous ses feux, que l'an 2000 soit marqu� par de grands �v�nements culturels et intellectuels et que des centaines de milliers de parisiens et d'�trangers vivent des moments inoubliables.
Restent des questions essentielles � nos yeux, non r�solues, mal ma�tris�es. Nos critiques sont de fond.
La premi�re concerne la place du peuple de Paris dans cette affaire. Pas seulement comme spectateur, comme foule, - on a bien vu l'�chec des G�ants de la Coupe du Monde - mais comme participant actif. Cela pose des questions.
Par exemple, pas un seul habitant de la Capitale ne doit �tre laiss� de c�t�. Il serait injuste que certains fassent la f�te pendant que d'autres en seraient exclus. Il faut donc un large �ventail d'ouverture et de gratuit�, car toute injustice serait v�cue comme r�voltante.
La question de la participation se pose aussi pour les grandes initiatives intellectuelles, colloques, �changes, d�bats. Comment concilier le plus haut niveau et la participation des Parisiens aux �changes qui, apr�s tout, concernent leur avenir ?
Je pense notamment aux �tats g�n�raux de la Solidarit� et aux �tats g�n�raux de l'Environnement et de la vie quotidienne.
Second groupe de questions, l'�ph�m�re et le durable. On entend beaucoup dire dans Paris " mais que restera-t-il de concret, une fois les lampions de la f�te �teints, quelle marque restera dans la vie quotidienne ? "
1900 c'�tait le m�tro, et 2000 ? Un nouveau grand monument ? Ce n'est pas � cela que nous pensions. Mais pourquoi pas un train de projets fortement d�centralis�s, d'investissements en mati�re de cr�ches, de logements, de maisons de quartiers, de clubs de jeunes, avec le label " Paris 2000 " ?
Pourquoi ne pas acc�l�rer la couronne de sites propres sur les boulevards ext�rieurs ? Pourquoi pas un premier tron�on du renouveau du tramway labellis� " Paris 2000 ? "
Pourquoi ne pas proposer � chacun des 20 arrondissements de Paris qu'il choisisse lui-m�me, dans le cadre d'une enveloppe financi�re, le projet 2000 qui lui para�t le plus urgent ?
Une initiative marquante serait � cet �gard que Paris contribue � faire du 8 mars 2000, journ�e internationale des femmes, une journ�e ch�m�e et f�t�e officiellement.
Non moins durable serait une initiative concernant la d�mocratie.
Je vous ai entendu, Monsieur le Maire, parler de d�mocratie plus directe, plus participative. La plus immat�rielle et la moins co�teuse des mesures en termes financiers, mais la plus riche en termes politiques...
M. LE MAIRE DE PARIS. - Chers coll�gues, on n'entend pas M. MALBERG.
M. Henri MALBERG. -... serait d'accro�tre le pouvoir des Parisiens sur les affaires de la Ville.
Au tournant de l'an 2000, d�cidons d'appeler les Parisiens � une grande aventure, celle des conseils de quartiers, en exp�rimentant les chemins d'une d�mocratie urbaine renouvel�e.
Voil� qui serait un pari, le Conseil de Paris lan�ant dans l'esprit d'une r�novation de la loi P.M.L. - d�bat � venir - une simple id�e forte dans tout Paris, � l'Est comme � l'Ouest, des conseils de quartiers associ�s � la r�flexion et au choix sur le devenir de leur ville.
Pour paraphraser Andr� Malraux : " Le si�cle qui va commencer sera celui de la d�mocratie ou ne sera pas ". Que Paris s'en m�le, serait un signe fort. En aurez-vous l'audace ?
Et encore, beaucoup de choses bouillonnent actuellement dans les conversations. Nous pensons que la Mission " Paris 2000 " devrait lancer un appel � id�es pour des initiatives de quartier. Une conception citoyenne et d�mocratique des festivit�s appellerait la cr�ation dans chaque arrondissement d'antennes de la mission, ouvertes � la population et dot�es de moyens.
Dans cet esprit, nous faisons une propositions permettant de r�pondre � l'aspiration � une convivialit� de proximit�. Pourquoi pas dans le programme g�n�ral, une journ�e ou un week-end d'encouragements � la f�te et au repas amical entre voisins au pied des immeubles, dans les cit�s, dans les rues. Une semaine, une journ�e, ou un week-end, de banquets de citoyens, " sans mentor et sans sponsors ". Et pourquoi ne pas y associer une journ�e sans voiture ?
Ce qu'a dit M. SEGUELA lors d'un d�bat de FR 3, fait �cho au sentiment profond des �lus communistes. Je cite : " Notre ville est la plus belle ville du monde, non pas � cause de Paris, des monuments, il y en a ailleurs, mais � cause des Parisiens. Ce que le monde va venir chercher � Paris, c'est cette esp�ce d'�l�gance, d'humour, parfois un peu de violence, de canaillerie, mais aussi de savoir-vivre, de gaiet�, parce qu'on s'aper�oit - dit-il � juste titre - que notre gigantesque soci�t� de communication n'a �t� qu'une fabrique de solitude. ".
J'en viens � l'argent, au financement, aux sponsors.
Le budget public est de 40 millions de francs, le reste �tant financ� par des fonds priv�s. Qu'on n'engouffre pas des fortunes dans " Paris 2000 " correspond au sentiment des Parisiens. Mais prenez garde, les Parisiens n'appr�cieraient pas non plus qu'on peinturlure la ville aux couleurs de Coca Cola, de Mac Donald, de la Lyonnaise des Eaux, ou de TF1.
Personne ne pense que des entreprises priv�es vont faire vivre les valeurs qui ont construit Paris. Et pour que Paris ne se transforme pas en une immense foire commerciale, il y a une id�e de bon sens. Le changement de si�cle et de mill�naire va �tre une bonne source de rentabilit� pour les grandes firmes commerciales, les g�ants du commerce, les g�ants h�teliers, l'immobilier va monter ; taxer les b�n�ficiaires de cet immense �v�nement serait une bonne politique, et permettrait � la Ville de maintenir la ma�trise publique de l'�v�nement.
D'autres observations, d'abord sur le contenu des grandes �vocations de l'histoire de Paris : il serait humiliant pour la ville et le peuple de Paris que le n�cessaire d�bat sur deux mille ans d'histoire ne donne pas sa place au bruit, aux fureurs, aux grandes impulsions progressistes r�volutionnaires qui sont pour beaucoup dans le rayonnement de Paris.
Je fais confiance � Robert HOSSEIN pour que 1789, 1793, les r�volutions du XVIIIe si�cle, 1830, 1848, la commune, le choc historique et antifasciste du Front populaire, comme l'insurrection de Paris " par soi-m�me lib�r� ", comme l'a dit le G�n�ral de Gaulle, ne soient pas r�duits � un consensus mou et appauvrissant. Il ne faudrait pas g�cher cette occasion de remettre � leur place les rep�res r�publicains et d�mocratiques.
J'ai envie de dire : guerre � la guimauve !
Deux mots de politique pour conclure : d'abord, ne nous cachons pas derri�re notre petit doigt, la p�riode qui s'ouvre pr�c�de les �lections communales. Il est dans le r�le du Maire de jouer son r�le de Premier Magistrat de la Ville, mais il ne faudrait pas que les c�l�brations de " Paris 2000 " deviennent une campagne �lectorale qui ne dit pas son nom.
Chacun comprend...
(Protestations sur les bancs des groupes " Rassemblement pour Paris " et " Paris-Libert�s ")
... que cette remarque n'est pas gratuite.
Enfin, un constat qui f�che ! Ce matin, pour la premi�re fois le Conseil de Paris est appel� � discuter d'un �v�nement majeur qui lui est pr�sent�, boucl�, ficel�.
C'est la troisi�me fois que ce genre de situation se cr�e en quelques semaines. En d�cembre, c'�tait un budget boulevers� la veille d'une s�ance ; auparavant, la candidature aux Jeux Olympiques de 2008 n'avait �t� pr�c�d�e d'aucun d�bat au Conseil de Paris. On ne peut, Monsieur le Maire, sans grave danger, r�duire une Assembl�e �lue � l'�tat de chambre d'enregistrement.
Je conclus par une proposition : en �tudiant vos projets pour les c�l�brations de l'an 2000, j'ai relev� l'organisation d'un sommet mondial du cancer � l'H�tel-de-Ville en f�vrier 2000 ; puis-je �mettre le souhait qu'� cette date, la Ville se soit v�ritablement engag�e dans le d�pistage g�n�ralis� et gratuit du cancer du sein pour les femmes de 50 � 69 ans, projet qui a �t� adopt� ici, sous forme de voeu, � l'unanimit� ?
Je vous remercie.
(Applaudissements sur les bancs du groupe communiste).
M. LE MAIRE DE PARIS. - Je vous rassure sur votre pr�occupation relative � la pr�paration des �lections municipales ; je ne suis en rien responsable de sa fixation � l'an 2001.
M. Bertrand DELANO�. - Monsieur le Maire, mes chers coll�gues, dans moins d'un an, notre Cit� abordera l'an 2000 et bien s�r, il faut relativiser la signification des chiffres, aussi ronds soit-il, ils correspondent � un calendrier qui n'a rien d'universel. En revanche, n'en sous-estimons pas la symbolique car il s'agit d'un rendez-vous devant lequel chacun, quelle que soit sa confession, peut prendre une place active, dynamique et motivante.
Mais l� o� l'occasion pouvait �tre donn�e � tous les Parisiens d'investir leur imagination, leur sensibilit�, leur cr�ativit� en �laborant un �v�nement qui serait le leur, vous vous l'�tes, au contraire, appropri�. Souvenez-vous pourtant de ce que vous affirmiez il y a plus d'un an : tout ce qui sera r�alis� � Paris le sera avec les Parisiens ; vous n'avez pas tenu cet engagement. Aucune vraie concertation n'a �t� mise en oeuvre et pourtant, d�s octobre 1997, vous avez propos� des bo�tes � id�es dans les mairies d'arrondissement, des forums th�matiques ouverts � tous les Parisiens.
Quels que soient vos propos de ce matin, vous avez ignor� cette suggestion et personne n'est dupe de certaines arri�re-pens�es.
L'an 2000 pr�sente bien cette particularit� � laquelle vous ne pouvez rien, mais on va y venir, de se situer un an avant les �lections municipales.
Mais, mes chers coll�gues, Monsieur le Maire, avec l'ensemble des citoyens de cette ville, nous serons donc vigilants afin d'�viter toute tentative de d�tournement de cet �v�nement.
Pour le reste, votre programme pr�sente un contenu tr�s in�gal qu'il serait un peu long et un peu vain de commenter point par point. Je constate simplement que par rapport au projet que vous aviez rendu public en d�cembre 1997 et qui avait �t� alors con�u par Yves Mourousi, dont je veux ici saluer la m�moire, vous vous �tes livr� � une entreprise de dilution qui, me semble-t-il, affadit un peu l'ensemble.
Disparue, par exemple, la Tour de la Terre que vous aviez qualifi�e � l'�poque, vous, Monsieur TIBERI, de projet-phare ; oubli� l'am�nagement du Bassin de la Villette et volatilis�e la carte " Paris 20 ans 2000 " destin�e aux jeunes Parisiens.
Je ne conteste pas l'int�r�t que pr�sentent certains aspects de votre programme, de l'humanoscope aux f�tes de la Seine, en passant par le Livre-Capitale, mais j'y cherche en vain une id�e f�d�ratrice.
L'an 2000, Monsieur le Maire, c'est l'occasion de faire la f�te, bien s�r, mais aussi de poser des actes durables ; les Parisiens ont fait leur ville, leur histoire, ses formes, ses couleurs, et ils doivent �crire son futur.
C'est pourquoi je vous avais propos� de raisonner � l'aune des valeurs qui forgent l'identit� de Paris, valeurs intemporelles par d�finition, mais qui auraient constitu� la meilleure source d'inspiration.
Par exemple, le XXIe si�cle sera celui d'un environnement urbain � repenser en pla�ant l'individu au coeur d'une telle r�flexion. Et quel que soit votre discours de ce matin, il n'y a pas, dans votre projet, un imaginatif r�ellement fort, r�pondant � une telle pr�occupation.
Le XXIe si�cle permettra aussi l'affirmation d'une id�e qui est rest�e jusqu'alors th�orique, celle de l'�galit� entre les femmes et les hommes ; vous l'ignorez totalement.
Le XXIe si�cle sera celui de l'Europe, nouvel espace de r�f�rence pour des millions d'�tres humains. C'est une dimension compl�tement absente de vos initiatives ; et � l'heure o� la France appara�t comme l'un des derniers lieux de la cr�ation cin�matographique face � la toute puissance am�ricaine, rien non plus sur le septi�me art, n� pourtant en 1895 � Paris ; Paris qui attendait sans doute une conception moins convenue de l'expression culturelle avec une place accrue pour les jeunes artistes.
" Celui qui a dit non " a bien �videmment toute sa place au sein d'une telle programmation, mais ils sont si nombreux � ne rien pouvoir dire du tout, ces cr�ateurs de l'ombre, metteurs en sc�ne, chor�graphes, peintres ou musiciens, pour lesquels une approche moins institutionnelle aurait �t� la bienvenue.
Vous avez fait, dites-vous, le choix du coeur, pour illustrer votre concept tout � fait programm� de grands rendez-vous autour de th�mes tr�s graves comme l'exclusion ou le cancer.
Je constate, en revanche, qu'a disparu h�las ce protocole de Paris que vous aviez annonc� en d�cembre 1997 et qui devait s'appliquer � la diffusion internationale des trith�rapies dans la lutte contre le S.I.D.A.
Que la g�n�rosit� soit pr�sente lors de ces manifestations me semble tout � fait naturel. Cependant, j'�prouve, je ne peux pas vous le cacher, Monsieur le Maire, une certaine g�ne � avoir mis en sc�ne, si je puis dire, des questions de cette nature. Un colloque, des �tats g�n�raux ou autres sommets, certes, mais l'action des scientifiques, des associatifs et autres personnalit�s qualifi�es s'�crit au quotidien, inlassablement, dans un combat de fond qui ne s'accommode pas de rendez-vous m�diatis�s ou trop �ph�m�res par essence.
Enfin, pour conclure, je regrette l'absence totale de pr�vision budg�taire, en particulier pour les projets dits labellis�s. Les faits ont montr� que des �v�nements annonc�s initialement ont finalement disparu, faute de financement. Sur ce point aussi, j'aurais aim� que vous soyez plus clair.
Je souhaite que Paris aborde l'an 2000 avec imagination et affirme � cette occasion sa capacit� � s�duire, � surprendre. Les projets �labor�s par la Mission nationale pour l'an 2000 y contribueront, j'en suis s�r, mais c'est surtout aux Parisiens eux-m�mes que je fais confiance pour se saisir de l'�v�nement et le hisser � un niveau digne de leur histoire et de leur cit�.
Monsieur le Maire, quelle trace laisseront vos projets ?
1889 nous a l�gu�s la Tour-Eiffel. 1900 nous a l�gu� le m�tro. Quelle empreinte l'an 2000 inscrira-t-il, empreinte d�di�e aux g�n�rations futures ?
A cette question, Monsieur le Maire, malheureusement, vous n'apportez pas de r�ponse. Les Parisiens, soyons-en certains, s'en chargeront donc � votre place.
(Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste).
M. LE MAIRE DE PARIS. - La parole est � M. RIVRON.
M. Alain RIVRON, adjoint. - Merci, Monsieur le Maire.
Monsieur le Maire, mes chers coll�gues, la p�riode qui pr�c�de un �v�nement aussi magistral que celui que nous allons vivre en 2000, ouvre la voie au flottement et au doute tant sont importants � la fois l'enjeu et l'attente que suscite la mani�re dont notre Capitale va aborder cet �v�nement sans pr�c�dent ; la derni�re r�f�rence de l'an 1000 nous ramenant quelque part entre Charlemagne et Saint-Louis, avec bien peu d'informations.
Ce doute, beaucoup d'entre nous l'ont ressenti depuis quelques mois, notamment sous la pression constante du monde de la communication qui veut que chaque �v�nement un peu important soit exprim�, condens�, labellis� dans une id�e force, un concept, un th�me f�d�rateur, voire un slogan.
Or s'il est vrai que la plupart des villes du monde ont �prouv� le besoin d'exprimer le passage � l'an 2000 � travers un symbole fort qui sera un monument futuriste comme le " Millenium " de Londres, ou une exposition universelle comme ce que nous pr�pare Hanovre, mais aussi bien d'autres formes d'identification comme Rome avec la Chr�tient�, qui a choisi de canaliser l'immense p�lerinage spontan� qui s'organise de tous les continents ; si tout cela est vrai, il est finalement apparu que Paris n'avait pas besoin d'autre th�me f�d�rateur que de renforcer et je dirais de sublimer � l'occasion des festivit�s de l'an 2000, la fantastique image dont elle jouit aux yeux de millions d'�trangers, pr�ts � se d�placer demain et qui veulent surtout que notre Capitale soit et reste ce qu'elle est, � savoir : la Ville des Lumi�res, la Capitale de l'Art de vivre et le creuset des Droits de l'Homme � travers une histoire dans laquelle beaucoup de citoyens du monde se reconnaissent.
Les �chos tr�s favorables qui ont suivi votre conf�rence de presse, Monsieur le Maire, d�montrent s'il en �tait besoin que ce positionnement est le bon et que le plus beau cadeau que notre Municipalit� puisse faire aux Parisiens et � tous ceux qui viendront visiter notre Capitale est tout simplement de valoriser Paris, de mani�re exceptionnelle dans son patrimoine et dans ses atouts existants, avec une place d�terminante pour la Seine, en mettant l'accent sur deux dimensions essentielles pour r�ussir l'an 2000 : la solidarit� et l'innovation.
La solidarit�, parce qu'elle est synonyme de partage et d'universalit� et qu'il convient, pour un tel �v�nement, de ne laisser personne sur le bord de la route.
Il ne doit pas y avoir, comme vous l'avez dit, Monsieur le Maire, d'oubli�s de l'an 2000.
L'innovation, parce qu'elle engage l'avenir notamment de tous ceux qui auront 20 ans en l'an 2000 et qu'il nous appartient, � nous les �lus d'aujourd'hui, d'ouvrir le regard de nos jeunes vers tout ce qui peut demain, am�liorer la qualit� de leur vie et lever une partie des angoisses qu'apporte ce troisi�me mill�naire qui d�marre dans une soci�t� difficile de violence et de ch�mage.
Ces deux dimensions, la solidarit� et l'innovation ressortent bien du superbe logo " Paris 2000 " � la fois moderne et sobre, avec dans ses chiffres futuristes, l'esquisse d'un pont tr�s parisien qui relie les g�n�rations et exprime " le choix du c?ur ".
Ces deux dimensions enfin trouveront d'autant mieux leur pl�nitude, que vous avez d�cid�, Monsieur le Maire, d'orchestrer la mobilisation de toutes les bonnes volont�s, en pr�cisant dans la pr�sentation du projet municipal qu'il ne se situe � ce stade ni comme un point de d�part, ni comme un point d'arriv�e, mais � un niveau interm�diaire, o� le jeu reste ouvert � toutes les initiatives compl�mentaires et o� l'imagination peut, si j'ose dire, encore prendre le pouvoir pour autant que la faisabilit� de chaque projet soit assum�e et d�montr�e.
La mission parisienne a accompli depuis 3 ans un travail consid�rable auquel il convient de rendre hommage, en saluant la m�moire d'Yves Mourousi.
De tout ce travail, notamment d'inventaire et de tri de quelques 600 projets, qui a pu donner le sentiment initial d'un immense patchwork, est aujourd'hui sortie une coh�rence qui se traduit dans le bon �quilibre entre l'�ph�m�re et le p�renne, entre ce que vous appelez, Monsieur le Maire, le temps de la f�te et le temps de la r�flexion.
Le temps de la f�te sera riche et dense entre deux nuits de r�veillon aussi exceptionnelles et vous avez voulu, Monsieur le Maire, que cette f�te soit populaire, ludique, innovante et interactive.
Populaire et ludique, elle le sera n�cessairement lorsque la Tour-Eiffel �gr�nera les derni�res secondes de ce mill�naire, pour embraser 20.000 sports devant plusieurs millions de spectateurs, elle le sera lorsqu'une fois de plus le charisme de Johnny op�rera sur 4 g�n�rations, r�unies pour un grand concert sur les Champs-Elys�es, elle le sera lors de la grande parade du 1er janvier, ou lors de cette nuit du 14 juillet o� Robert HOSSEIN, brossera pour nous la fresque historique racontant la saga de " Lut�ce � l'an 2000 " autour des sites magiques qui ponctuent le cours de notre fleuve.
Populaire et ludique sera une nouvelle g�n�ration de g�ants plus humaine comme le Grand Ballon, la Roue g�ante, le Livre Capitales, le grand Cadran solaire de la Concorde, sans oublier cet insolite " TOTEQUO ", immense jeu de construction interactif � 20.000 participants.
Populaire et culturel seront associ�s avec la nouvelle �dition des Champs de la Sculpture, les concerts signant la r�ouverture du Ch�telet, les grandes expositions sur le Mexique ou les civilisations d'Asie.
Populaires et sportifs seront les trois grands rendez-vous du championnat de boxe sous la Tour-Eiffel, d'une arriv�e du Tour de France totalement parisienne et d'un marathon � 100.000 coureurs.
Mais bien entendu, au-del� des initiatives municipales, ce sont les professionnels de toutes les formes d'expression, de l'art de vivre � Paris : mode, gastronomie, m�tiers d'art, photographie, peinture et cin�ma qui orchestreront parall�lement des �v�nements exceptionnels que la Ville accompagnera pour certains et dont notre Office du tourisme assurera la promotion avec des moyens accrus.
Le temps de la r�flexion sera tout aussi dense, mes chers coll�gues, puisque Paris sera durant 2 ans le th��tre des plus grands rassemblements dans toutes les disciplines : Colloque mondial sur le cancer, Rencontres de math�maticiens, Etats g�n�raux de la Solidarit�, Etats g�n�raux de l'Environnement, concours de Cr�ation d'entreprises, �dition exceptionnelle de la Foire de Paris autour de l'innovation et de la d�couverte, et nous nous f�licitons de ce que tous les grands partenaires de la Ville, comme l'Assistance publique, la Chambre de Commerce, les grandes �coles et universit�s soient l� encore mobilis�s.
Quant � nous, �lus municipaux, nous sommes convi�s par Jean TIBERI � un Sommet des Maires du Monde sur la qualit� de la vie dans les grands ensembles urbains du 3e mill�naire.
Ce colloque sera incontestablement un temps fort d'�changes sur l'�volution de nos grandes missions de service public, particuli�rement dans les domaines de la s�curit�, de l'environnement et l� encore de la solidarit�.
Monsieur le Maire, avec constance depuis 3 ans, vous �noncez la volont� de faire du site de la Seine le th��tre privil�gi� de ces f�tes de l'an 2000.
Pour avoir �t� en charge de la valorisation de notre fleuve, nous avons milit� � vos c�t�s avec mes successeurs, pour cette " r�conciliation des Parisiens avec la Seine " selon une expression ch�re � Bernard PONS, qui va se concr�tiser avec cette continuit� pi�tonne sur 14 kilom�tres, offrant enfin aux Parisiens une promenade sans rupture sur les deux rives, mais aussi cette mise en sc�ne lumineuse et p�renne de nos 36 ponts, qui fera appara�tre notre Capitale comme l'�crin d'un collier de lumi�re, la Seine, ponctu�e de joyaux, les monuments qui ont fait l'histoire de Paris.
Les rives de notre fleuve offrent en mezzanine la capacit� d'accueil de plusieurs centaines de milliers de Parisiens pour le spectacle.
Nous nous f�licitons donc de ce que la Seine sera le vecteur de tr�s nombreuses festivit�s : tout d'abord et naturellement la f�te de la Seine, cr��e l'an dernier et qui conna�tra un �clat exceptionnel en 1999 et 2000 avec des joutes nautiques, des reconstitutions historiques, des comp�titions d'aviron, de ski nautique et une exposition vivante de l'histoire de la Marine, sans oublier tous les prolongements festifs autour des canaux du bassin de la Villette, et notamment les �chos de lumi�re cr��s sous la vo�te du boulevard Richard-Lenoir par le Japonais TAHORA et qui constitueront une exp�rience tout � fait �tonnante de sculptures lumineuses d�clench�es au passage des bateaux par la d�composition de la lumi�re.
Notre coll�gue M. DELANO� s'est interrog� cette semaine, et encore ce matin, sur la trace que tout cela laisserait dans l'histoire. C'est parfaitement son droit, et cela est d'ailleurs plut�t rassurant, car l'expression du scepticisme chez M. DELANO� rec�le en g�n�ral, une forme d'approbation.
Notre coll�gue, M. SARRE - sans doute le redira-t-il dans un instant - soutient que nous entrons � reculons dans le 3e mill�naire. C'est une mani�re diff�rente de se poser la question des traces dans l'histoire.
Mais je crois que l'un et l'autre ont tort, parce que le probl�me ne se pose pas en ces termes-l�.
Le r�le de la Ville est de planter le d�cor, de favoriser l'�merveillement, la cr�ation artistique, l'innovation, la r�flexion, la convivialit�, mais ce sera des acteurs eux-m�mes, c'est-�-dire de tous ceux qui voudront bien participer � cette immense f�te, et de leur rencontre avec les Parisiens, que na�tra ou non, � l'instar de ce qui s'est pass� pendant la Coupe du monde, un moment magique qui laissera sa trace pour les g�n�rations futures.
Vous avez rappel�, Monsieur le Maire, que Paris n'a jamais manqu� ses rendez-vous avec l'histoire. C'est � nous collectivement, de relever le d�fi de l'an 2000 pour en faire un moment magique.
(Applaudissements sur les bancs des groupes " Rassemblement pour Paris " et " Paris-Libert�s ").
M. LE MAIRE DE PARIS. - Je voudrais, avant de passer � l'orateur suivant, saluer la pr�sence dans la tribune des �l�ves des classes de 5e, 4e et 3e, accompagn�s de leurs professeurs, du coll�ge Saint-Louis, situ� 47, rue Montcalm, dans le 18e arrondissement.
(Applaudissements sur les bancs de l'Assembl�e).
Merci.
Monsieur SARRE, vous avez la parole.
M. Georges SARRE, pr�sident du groupe du Mouvement des citoyens, maire du 11e arrondissement. - Monsieur le Maire, d'une certaine mani�re vous �tes un �lu g�t� par le sort.
En effet, l'histoire vous offre cette chance insigne d'�tre le seul Maire de la Capitale, depuis la fondation de notre ville, � pouvoir pr�sider aux f�tes du passage au prochain mill�naire.
Le risque, Monsieur le Maire, au vu du programme que vous avez annonc�, est que Paris ne fasse pas belle figure...
En effet, cet �v�nement est le pr�texte � un d�luge du n�ant. Parisiens, provinciaux et �trangers seront un million et demi qui choisiront de vivre ce moment unique � Paris, le 31 d�cembre prochain. Pour que Paris tienne son rang dans ces comm�morations qui g�n�rent une concurrence internationale effr�n�e, d'un c�t� l'�v�nement doit, certes, avoir une belle dimension festive, mais il doit aussi en rester quelque chose une fois la f�te termin�e. Ainsi, les expositions universelles nous ont toujours l�gu� un monument, un th�me fort, une d�couverte.
Dans vos propositions, rien de tout cela, car vous avez d�lib�r�ment choisi de ne pas retenir de th�me f�d�rateur � ces manifestations.
Privil�gier la solidarit�, rendre la Seine aux Parisiens, sauvegarder l'environnement, ne sont que des priorit�s ordinaires qu'il faut r�ellement mettre en oeuvre et, pour les �lus du Mouvement des citoyens, ce sont des combats quotidiens et continus.
Pour que Paris comm�more comme il se doit le prochain si�cle, deux conditions doivent �tre r�unies :
- un th�me central rassembleur et porteur ;
- un budget appropri� � la hauteur de l'enjeu.
Je comprends la contrainte budg�taire qui est la v�tre, mais tout de m�me... Les 40 millions de francs allou�s � l'an 2000 sont juste sup�rieurs � la subvention annuelle octroy�e au " Paris Saint-Germain " ! Ils sont enti�rement " mang�s " par le fonctionnement et la communication, ce qui vous force � recourir, pour financer les animations, au m�c�nat.
L� est l'erreur.
Dans les premiers dossiers qui m'ont �t� transmis pour avis, parce qu'ils concernent des animations pr�vues dans mon arrondissement, je distingue beaucoup de projets " � la petite semaine " pr�sent�s par des soci�t�s cr��es pour la circonstance.
Vous le savez, Monsieur le Maire, c'est un vieux principe : qui paye d�cide. En d�pendant des sponsors, vous vous condamnez � ne rien ma�triser. D�s lors, comme d'habitude, l'essentiel de ce qui comptera � Paris sera pay� par l'Etat et Paris en b�n�ficiera sans bourse d�lier : ce sont les grands travaux sur les monuments, les animations comme les portes de l'an 2000.
Venons-en au choix du th�me central.
Apr�s avoir sagement abandonn� les projets loufoques ou ridicules annonc�s voici un an par la Mission " Paris 2000 ", vous proposez 43 animations sans aucun lien conceptuel entre elles. Je n'ai pas d'objections contre beaucoup d'entre elles qui paraissent de qualit�, mais j'aurais pr�f�r� que la comm�moration soit organis�e autour du th�me des valeurs citoyennes, des id�es des Lumi�res, car Paris fut la matrice des valeurs fondatrices de la R�volution fran�aise, de la R�publique et de la Nation, qui ont une port�e universelle. Cela aurait constitu� un projet collectif autour duquel les Parisiens se seraient rassembl�s pour imaginer ensemble l'avenir de leur ville dans ce 3e mill�naire.
Il manque aux projets, malgr� la reprise en main de la Mission " Paris 2000 ", un effort de mobilisation des ressources intellectuelles qui existent dans les diff�rentes Directions de la Ville, un effort d'imagination. O� est le partenariat avec les grandes associations culturelles de Paris, avec les artistes de talent vivant dans la Capitale ? Quels moyens seront donn�s aux mairies d'arrondissement pour que les associations de quartier aient la possibilit� d'agir au niveau des arrondissements ?
De votre annonce, Monsieur le Maire, nous retirons l'am�re impression que, le calendrier �lectoral co�ncidant avec la fin des festivit�s de l'an 2000, vous essayerez d'en tirer parti pour redorer � la veille de l'�ch�ance votre blason, comme vous venez de le faire avec l'annonce de la candidature parisienne aux Jeux olympiques.
Je vous le dis, � l'aube du 3e mill�naire, Paris m�rite assur�ment mieux que cela.
(Applaudissements sur les bancs des groupes du Mouvement des citoyens, socialiste et communiste).
M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci.
M. GALLAND a la parole.
M. Yves GALLAND, adjoint. - Monsieur le Maire, les interventions qui viennent de se succ�der montrent � l'�vidence que la critique est ais�e et l'art difficile. Nul doute que, quelle que soit l'option que vous avez choisie pour le passage � l'an 2000, cette option e�t �t� porteuse de critiques.
Cela �tant, je ne reviendrai pas sur l'importance de l'�v�nement, d�j� �t� signal�e par les orateurs qui m'ont pr�c�d�, et sur ses param�tres, tels qu'ils sont pr�sent�s dans le projet, ou tels qu'ils pourraient se r�aliser.
Je voudrais simplement observer que vous avez fait un triple choix pour c�l�brer le passage au troisi�me mill�naire.
De tout �vidence, votre premier choix a �t� guid� par des pr�occupations budg�taires. Dans " Paris-Ev�nements ", vous nous avez programm� un budget de 40 millions de francs pour ce passage � l'an 2000, budget que nous ne pouvons, en ce qui nous concerne, qu'approuver. En effet, sur le budget qui vient d'�tre vot�, nous n'avons pas deux positions en fonction du moment o� nous intervenons : la rigueur budg�taire, nous y sommes extr�mement attach�s.
Mais ce budget de 40 millions de francs pose probl�me, car cela vous am�ne soit � subventionner, soit m�me � " sponsoriser le sponsoring ". Nous nous posons donc la question de savoir quel sera le v�ritable budget affect� par la Ville au passage au 3e mill�naire.
Pourquoi ?
Je prends l'exemple du ballon - faut-il l'appeler ballon Fortis ? - � bord duquel les C.E. 2 pourront, gratuitement si j'ai bien compris, faire une ascension.
J'ai pos� la question � Bernard BLED dans les r�unions d'organisation, pour savoir combien cela co�terait. Je crois que, pour l'instant, c'est inconnu. Pourtant, je suppose qu'il doit y avoir moyen de mener une n�gociation au sujet du ballon et de conna�tre le nombre de C.E. 2.
Et surtout, � quel budget cette op�ration sera-t-elle imput�e ? Si j'ai bien compris, elle ne sera pas int�gr�e dans le budget des 40 millions, mais dans celui des Affaires scolaires. Cela signifie que, pour v�ritablement juger du budget affect� � ce grand �v�nement, il faudra ajouter au budget direct de 40 millions des budgets indirects, � savoir la part des budgets des Directions de la Ville qui seront affect�es � cet �v�nement.
Derni�re question, Monsieur le Maire : compte tenu de la dur�e, aurons-nous un nouveau budget " Paris-Ev�nements " inscrit au budget 2000 de la Ville ?
Nous partageons donc votre point de vue et votre approche d'un budget mod�r�, mais nous jugerons de la r�alit� de ce budget � l'arriv�e.
Le deuxi�me choix que vous avez fait, Monsieur le Maire, est un choix de dur�e.
Vous auriez pu faire un choix instantan�, vous auriez pu faire le choix d�cembre 1999-janvier 2000. Nous ne l'aurions pas soutenu car nous pensons que c'e�t �t� v�ritablement une exploitation trop ponctuelle de cet �v�nement.
Vous auriez pu faire un choix large, dernier trimestre 1999-premier trimestre 2000.
Comme l'a fait observer M. le Pr�fet, vous avez fait le choix d'une tr�s longue p�riode sur laquelle ces �v�nements sont �tal�s. C'est un choix de 18 mois, qui est �videmment porteur de richesses, mais qui risque aussi d'�tre porteur de dispersion.
Le troisi�me choix que vous avez fait, Monsieur le Maire, est un choix " d'�v�nements �ph�m�res au service de la p�rennit� ", avez-vous dit.
En ce qui nous concerne, nous voyons tr�s bien l'�ph�m�re, nous avons plus de mal � cerner la p�rennit�.
Naturellement, vous utilisez les sites et nous sommes tout � fait en faveur, comme ceux de nos coll�gues qui se sont exprim�s, d'un certain nombre de manifestations : la montagne � Paris, des concerts, des manifestations de qualit� culturelles, sportives et diverses.
Nous pensons cependant, contrairement � notre coll�gue Henri MALBERG, que ce que vous avez pr�sent� - c'est ce que nous avons cru comprendre - n'est ni boucl�, ni ficel�. Il y a donc encore un espace � la fois pour compl�ter un certain nombre de projets et, en faisant fonctionner la d�mocratie au sein de cette Assembl�e, pour nous permettre � tous de vous aider, de fa�on tr�s constructive, � enrichir le dispositif.
C'est ce que nous allons faire, au groupe " Union pour la D�mocratie � Paris ", dans les 3 mois qui viennent, Monsieur le Maire. Nous vous pr�senterons, ainsi qu'� la Mission de l'an 2000, une contribution positive, visant � donner, comme l'ont expliqu� un certain nombre de nos coll�gues, un souffle populaire � ces manifestations.
Nous pensons qu'il y a v�ritablement moyen de faire beaucoup plus participer comme acteurs les Parisiennes et les Parisiens � ce passage au 3e mill�naire. Ils sont, en effet, convi�s comme spectateurs massivement, comme participants quelquefois, mais pas comme acteurs.
Et puis, Monsieur le Maire, nous pensons - et je suis frapp� par le fait qu'un consensus semble se faire � ce sujet sur les bancs de cette Assembl�e - que ce passage au 3e mill�naire devra laisser une trace dans la ville.
J'ai not� ce qu'a dit Laurence DOUVIN pour le groupe " Paris-Libert�s " : " L'�ph�m�re doit c�toyer le p�renne ", " l'�ph�m�re et le durable " d'Henri MALBERG, ce qu'a dit Bertrand DELANO�, ce qu'a dit Georges SARRE. Nous sommes tous d'accord. Il va falloir compl�ter et am�liorer le dispositif pour qu'il reste une trace de la Ville, et dans la Ville, dans ce passage au 3e mill�naire.
Monsieur le Maire, je voudrais que nous soyons tous ensemble, vous le premier, des disciples de Saint-Exup�ry. Saint-Exup�ry disait : " Si tu veux r�unir les hommes, apprends-leur � b�tir ensemble ". Je crois que le projet de qualit� que vous nous avez pr�sent�, nous pouvons l'am�liorer en �tant des disciples de Saint-Exup�ry, en associant les Parisiens massivement, en laissant la marque de Paris, votre marque pour le 3e mill�naire dans Paris.
(Applaudissements sur les bancs du groupe " Union pour la D�mocratie � Paris ").
M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci.
La parole est � Mme SCHNEITER.
Mme Laure SCHNEITER. - Monsieur le Maire, vous avez annonc� votre projet de f�tes pour l'an 2000 : petits fours et champagne sont bien � l'image de votre programme.
O� sont les Parisiens l�-dedans ?
Je sais bien que nous sommes en pleine improvisation. L'an 2000 n'a �t� pr�vu par personne � la Mairie, lorsqu'il �tait encore temps de marquer cet �v�nement par une ou plusieurs r�alisations fortes et durables.
La disparition d'Yves Mourousi a rendu les choses plus difficiles, mais � la date o� il a �t� choisi comme orchestrateur de ces f�tes, il �tait d�j� trop tard pour programmer autre chose que du divertissement.
Nous aurons donc une s�rie de divertissements. Tant mieux ! Mais ce n'est pas la peine d'en discuter. Les Parisiens les oublieront vite, alors que tout le monde, presque un si�cle apr�s, se souvient de l'an 1900. Du moment que la Mairie se cantonnera au divertissement : vous avez abandonn� le grandiose et des propositions saugrenues, du style " parfumer la Seine ", sans d'ailleurs penser qu'il faudrait l'assainir au pr�alable... Mais vous donnez dans le surdimensionn�, � croire que les r�alisations exceptionnelles ne le sont, que si elles sont les plus hautes (roue g�ante place de la Concorde), les plus grandes (cadran solaire ou livre g�ant au Palais-Royal), les plus grosses, avec le ballon qui se prom�nera au-dessus du parc Andr�-Citro�n et qui, je l'esp�re, Monsieur le Maire, ne servira pas de support publicitaire.
Quant � pr�voir des �tats g�n�raux de l'environnement dans notre ville bruyante et pollu�e, c'est se voiler la face !
Il n'y aura donc aucune innovation qui fera date. Certes, l'�ph�m�re est l'un des ingr�dients qui fait la magie des f�tes, mais il serait dommage de ne rien laisser d'utile et de durable aux Parisiens.
Vous avez encore le choix de proposer quelque chose qui soit en rupture avec le pass�, un �v�nement qui soit une vraie date. Il est encore temps, Monsieur le Maire, de vous convertir radicalement, pour que l'an 2000 soit " l'an 1 " de l'�cologie � Paris.
Il est trop tard pour le tramway mais vous pouvez cr�er 50 rues pi�tonnes significatives dans Paris, rendre les quais hauts de la Seine aux autobus et aux pi�tons, d�limiter les surfaces de trois nouveaux parcs, o� Parisiens et touristes pourront d�j� aller pique-niquer et se d�tendre pendant toutes ces f�tes, restaurer le magnifique ensemble art-d�co de Molitor, avec ses piscines et sa patinoire, sans le noyer dans le b�ton, plut�t que de construire pour quelques mois, des pistes de ski avec neige et une patinoire au Trocad�ro.
Monsieur le Maire, la date � laquelle vous vous convertirez � l'�cologie en abjurant le pass�, sera une date historique pour Paris.
M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci, Madame.
La parole est � Mme SILHOUETTE.
Mme C�cile SILHOUETTE. - Monsieur le Maire, chers coll�gues, nous vous remercions d'avoir voulu associer les �lus de Paris dans la pr�sentation que vous avez faite � la presse des festivit�s dites " de l'an 2000 ". Pourtant, nous n'avons �t� associ�s � aucune des r�flexions de la Mission " Paris 2000 ".
Avec votre Secr�taire g�n�ral, Bernard BLED, �galement Commissaire g�n�ral de cette mission et Secr�taire g�n�ral de l'association " Paris-Ev�nements ", vous concoctez un programme de 40 millions de francs sans en r�f�rer aucunement au Conseil de Paris.
En effet, vous nous informez aujourd'hui d'un programme boucl� que nous n'aurons pas � voter, comme d'habitude lorsqu'il s'agit de vos communications qui engagent pourtant la politique de la Ville.
" Paris, choix du coeur ", " Paris, coup de coeur ", voil� l'embl�me de vos festivit�s. C'est tr�s joli. Mais que proposez-vous ? De la consommation de spectacles, de la contemplation de lumi�res, de l'�v�nementiel fin de si�cle... O� sont les Parisiens que vous souhaitez associer � ce passage, o� sont les quartiers ? A l'habitude, certains sites, toujours les m�mes, ont �t� privil�gi�s, au d�triment de toute la ville.
Une patinoire temporaire au Trocad�ro alors qu'il n'en existe plus aucune � Paris ouverte toute l'ann�e, une montgolfi�re dont la signification et l'int�r�t restent obscurs, un concert de Johnny HALLYDAY, symbole de modernit�, aux Champs-Elys�es, des colloques � l'H�tel-de-Ville qui feront sans doute la part belle � une participation massive de tous les Parisiens, Robert HOSSEIN pour le 14 juillet...
Pourquoi ne pas avoir consacr� l'entr�e dans le prochain si�cle avec, par exemple, l'ouverture de la petite ceinture aux pi�tons et cyclistes, avec la mise en site propre des couloirs de bus, avec la diminution du ticket d'entr�e dans tous les mus�es de la Ville, ou avec l'ambition de mettre en place 2.000 comit�s de quartiers charg�s de discuter le budget de la Ville pour l'an 2001, pr�c�d�s d'un audit sur le fonctionnement du Conseil de Paris, dans un parti pris effectif de p�rennisation des r�alisation et de " relier notre ville � elle-m�me, nous relier les uns aux autres ", car vos festivit�s n'ont rien de p�rennes, elles ne symbolisent aucunement l'empreinte que vous voulez affirmer pour le Paris du XXIe si�cle.
Pour ces festivit�s de l'an 2000, je vous propose qu'au moins, en guise de nouveaut�, chacune des r�alisations donne lieu � une communication budg�taire extr�mement d�taill�e.
La grande roue, la montgolfi�re, les concerts, les �clairs de la Tour-Eiffel, les illuminations des ponts de la Seine et du Canal Saint-Martin, Johnny HALLYDAY, Robert HOSSEIN, la Nativit�, les sculptures g�antes, le village alpin... Toutes ces r�alisations entra�nent la participation de nombreuses entreprises : comment seront-elles choisies ? Y aura-t-il des appels d'offres ? Qui fera partie des �ventuelles commissions d'appels d'offres ? Qui sera le commanditaire : la Ville ou la Mission 2000 ou " Paris-Ev�nements " ?
Nous demandons que tous ces �l�ments soient clarifi�s d�s ce jour devant le Conseil de Paris. Nous vous demandons que des projets de d�lib�ration soient pr�sent�s lors des prochains Conseils pour l'organisation de chacune des festivit�s.
(Applaudissements sur les bancs des �lus de " Paris �cologie, solidarit� et citoyennet� ").
M. LE MAIRE DE PARIS. - Je me suis exprim� longuement en d�but de s�ance, mais je vais apporter quelques pr�cisions � nos coll�gues, rapidement.
Monsieur DELANO�, le bassin de la Villette sera mis en valeur comme pr�vu. Je le rassure, il y a des implantations d'oeuvres d'art et des animations diverses.
Quant � la carte Jeunes, non seulement elle est pr�vue et maintenue, mais elle est �tendue aux jeunes jusqu'� 25 ans.
Il y aura une Journ�e de l'Europe le 9 mai, plus une soir�e.
Pour le cin�ma, il y aura un festival de Paris exceptionnel avec une ampleur tr�s grande en l'an 2000.
Pour le protocole de Paris, rien n'est abandonn�, mais il faut une �tude tr�s s�rieuse compte tenu du sujet, chacun l'a bien compris. Le budget est pr�vu, il est clair : il est de 40 millions de francs.
Merci, Madame DOUVIN, d'avoir approuv� ce projet dans son ensemble. Vous avez souhait� que le dossier ne soit pas ferm�. Je r�ponds tout � fait positivement : il n'est pas ferm�, et toutes les suggestions d'�lus de Paris, d'adjoints ou de conseillers au niveau local, de maires et d'�lus locaux et des associations seront examin�es.
Quant � M. MALBERG, je le remercie des propos que j'ai consid�r�, peut-�tre � tort, globalement plut�t positifs. Les quartiers seront associ�s tr�s �troitement. Il sera fait une particuli�re attention au contenu historique de la soir�e HOSSEIN, les �lus seront associ�s. Nous serons vigilants : Paris ne sera pas une foire commerciale, comme il l'a pr�cis�.
Quant � M. SARRE, je le rassure : les 40 millions de francs ne seront pas utilis�s pour la communication. Il reconna�t d'ailleurs, j'en prends acte, lui aussi que le projet est meilleur que ce qu'il craignait ou qu'il ne l'�tait dans sa premi�re �tape.
Il trouve que le financement est trop modeste. Oui, bien s�r, on peut toujours estimer qu'on peut plus d�penser, mais j'ai le souci de l'argent des contribuables parisiens. C'est pourquoi nous avons fait ce choix de prudence et de rigueur dans le choix budg�taire.
D'ailleurs, M. GALLAND et je l'en remercie, a approuv� ce budget, parce que c'est un �quilibre difficile � trouver. Le budget final sera �videmment publi� et, je le rassure, communiqu� aux �lus comme toujours et il n'y aura pas de relance. La p�rennit�, c'est rendre - pour r�pondre � sa question et � celle d'autres �lus - plus beau et plus durable, et je confirme ce que j'ai dit tout � l'heure, il y aura une participation de la population.
Quant � M. RIVRON, et je le remercie pour le soutien qu'il a apport�, il a bien saisi l'objectif qui �tait le n�tre d'associer la r�flexion � la f�te. La partie r�flexion tient une place extr�mement importante, sur la solidarit�, sur l'�ducation, sur la sant�, sur l'environnement, etc. Merci, Monsieur RIVRON, de toutes ces pr�cisions.
Madame SCHNEITER, il n'est pas question de parfumer la Seine ! C'est une tr�s mauvaise information, ou �tait-ce votre souhait ? Je ne sais pas. En tout cas, cela ne nous a pas �t� soumis, ou si cela a �t� soumis, cela n'a pas �t� retenu, il n'en est pas question.
Mme Laure SCHNEITER. - C'�tait une proposition faite � M. Mourousi.
M. LE MAIRE DE PARIS. - Le ballon est captif, il ne se prom�ne pas, je vous rassure.
Quant au fait que l'an 2000 soit l'an 1 de l'�cologie, notre programme est centr�, vous avez sans doute pu le remarquer, sur la qualit� de la vie et de l'environnement. Ce sera donc une pr�occupation majeure.
Quant � Mme SILHOUETTE, je vois tr�s bien ce qu'elle veut dire, mais je ne suis pas s�r que ce soit de nature � passionner et � divertir, comme elle dit, les Parisiens !
Le budget - je l'ai dit tout � l'heure - sera public. Quant � " Paris-Ev�nements ", c'est une association. Elle travaillera dans le strict respect de la loi.
Voil� quelques r�ponses que je voulais apporter. On peut toujours dire, et cela a �t� dit par un orateur tout � l'heure, qu'on peut faire autrement, diff�remment, mieux... C'est un �quilibre trouv� apr�s de longues r�flexions entre la p�rennit� et le ponctuel. Nous avons souhait� qu'il y ait place pour la r�flexion, le dialogue, la projection vers le futur. Quelle sera la vie dans une cit� future ? Nous avons voulu qu'il y ait place pour la solidarit�, l'environnement, la culture, que ce soient des �l�ments importants, notamment l'art - l'art au sens large du terme - l'art contemporain, comme certains ne l'ont pas �voqu�, et puis la f�te, mais avec quelques points forts qui se r�f�rent � l'histoire de Paris.
Voil� dans quel esprit nous l'avons fait. C'est, tel que le logo le montre, c'est un tr�s beau logo je crois, le pont entre le pass� et l'avenir et la solidarit� entre Parisiennes et Parisiens.
Merci.
(Applaudissements sur les bancs des groupes " Rassemblement pour Paris " et " Paris-Libert�s ").
Nous allons maintenant passer � l'ordre du jour.

Janvier 1999
Débat
Conseil municipal
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