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101 - QOC 99-37 Question de M. Didier BARIANI à M. le Préfet de police relative à la délinquance à Paris, notamment dans le 20e arrondissement


M. Jean-Fran�ois LEGARET, adjoint, pr�sident. - Nous passons � la question de M. Didier BARIANI � M. le Pr�fet de police relative � la d�linquance � Paris, notamment dans le 20e.
Elle est ainsi r�dig�e :
" Au cours de la pr�c�dente s�ance du Conseil de Paris, M. Philippe GOUJON, adjoint au Maire charg� de la Pr�vention et de la S�curit�, a bien voulu pr�senter les " chiffres " de la d�linquance � Paris intra-muros, au cours des 10 premiers mois de l'ann�e 1998.
M. Didier BARIANI aimerait conna�tre leur d�clinaison pour le 20e arrondissement et plus particuli�rement les donn�es statistiques relatives aux infractions sur la l�gislation des stup�fiants commises dans cet arrondissement.
Curieusement, en effet, alors que les d�nonciations portant sur l'�conomie souterraine de la drogue, notamment dans les secteurs sensibles, les plaintes contre les crimes et les d�lits de toute nature li�s � l'usage et au trafic des drogues se multiplient, l'�volution quantitative des infractions aux stup�fiants, elle, ne cesse de diminuer depuis une d�cennie.
Faut-il y voir une r�elle diminution du ph�nom�ne, un changement des pratiques de toxicomanie par l'apparition de nouveaux produits stup�fiants moins identifiables ou une red�finition des priorit�s d'actions donn�es aux services de police, qui se traduirait par une impunit� vis-�-vis des drogues dites douces, voire d'autres substances ? "
Monsieur le repr�sentant du Pr�fet de police, vous avez la parole.
M. LE REPR�SENTANT DU PR�FET DE POLICE. - Merci Monsieur le Maire.
Le 20e arrondissement ne figure pas parmi les arrondissements qui ont enregistr� les plus fortes progressions en mati�re de d�linquance en 1998. Celles-ci ont principalement touch� les secteurs g�ographiques correspondant aux sites touristiques parisiens qui ont eu � conna�tre un accroissement sensible de leur fr�quentation en raison de la Coupe du Monde de football, qui s'est accompagn�e d'une augmentation importante des d�lits de voie publique, sp�cialement des vols � la tire.
S'agissant des infractions constat�es en mati�re de stup�fiants dans le 20e arrondissement, elles se sont �lev�es � 211 en 1998, contre 239 en 1997.
La baisse des infractions � la l�gislation sur les stup�fiants est g�n�rale depuis 1991. Bien que les affaires de drogue ne puissent �tre r�v�l�es que par l'activit� des services de police, la diminution des faits constat�s semble correspondre � une r�alit�.
Une r�gression, lente mais certaine, de la consommation de drogues dures, telles que l'h�ro�ne et le crack semble se manifester (le crack, quoique toujours pr�sent, n'ayant pas r�ussi la perc�e redout�e). Bien entendu, l'usage de telles drogues se maintient encore � un niveau non n�gligeable, et plusieurs sites de la Capitale continuent d'abriter des activit�s de commerce de produits stup�fiants, notamment dans le 18e arrondissement.
La diminution de la consommation de drogues dures est confirm�e par la chute sensible des d�c�s par surdose recens�s (145 en 1993, 32 en 1998).
Parall�lement, d'autres formes de toxicomanie se sont d�velopp�es, � partir de drogues r�put�es moins violentes, mais plus conviviales et plus � la mode. Se d�veloppe �galement dans certains milieux un trafic de m�dicaments de substitution. Toutefois, si ces toxicomanies nouvelles sont combattues avec la m�me d�termination par les services de police, elles offrent moins de prise � la r�pression car elles sont beaucoup plus discr�tes.
Le lien �tabli entre d�linquance de voie publique et �conomie souterraine de la drogue n'est certes pas faux. Toutefois, il doit �tre relativis�.
La diminution, souvent tr�s sensible, des d�lits de voie publique depuis 1993 (� l'exception notable des vols avec violences), �tait parall�le � celle des affaires de stup�fiants. Cependant, le lien de causalit� entre ces deux ph�nom�nes, bien que variant dans le m�me sens, n'est pas d�montr�. En 1998, certains d�lits de voie publique ont augment� (les vols avec violences continuent de progresser) alors que se poursuit la baisse des affaires de stup�fiants. Il y a donc une contradiction qui ne re�oit pas d'explication claire.
Dans tous les cas, ni la strat�gie ni les moyens des services de police dans la lutte contre le trafic de stup�fiants n'ont chang�, et ce depuis plusieurs ann�es.
A titre d'illustration du fort engagement des services de police, je citerai, pour le 20e arrondissement, la d�couverte apr�s perquisition de nuit, le 18 janvier 1999, de cinq kilos de cannabis, de cinquante cachets d'ecstasy et d'une trentaine de pastilles de L.S.D. dans une cit�, ainsi que l'interpellation du d�tenteur de ces produits.
Le mois pr�c�dent, un r�seau d'une dizaine d'individus vendant de la drogue dans une autre cit� du 20e avait d�j� �t� d�mantel�.
Soyez assur� que la mobilisation polici�re dans la lutte contre le trafic de stup�fiants demeurera particuli�rement soutenue.
M. Jean-Fran�ois LEGARET, adjoint, pr�sident. - Je remercie le repr�sentant du Pr�fet de Police.
Monsieur BARIANI, vous avez la parole.
M. Didier BARIANI, adjoint. - Monsieur le Pr�fet de police, c'est toujours un peu la m�me chose : la lecture � la tribune d'une Assembl�e d'une situation sur le terrain est per�ue diff�remment par ceux qui la subissent que par les administrations qui �changent des statistiques g�n�rales.
Je voudrais bien croire que la situation est telle que vous la d�crivez. J'esp�re effectivement qu'en mati�re d'utilisation de drogues dures, il y a une diminution, mais de deux choses l'une, et n'y voyez pas de mauvais jeux de mots : ou bien les enseignants dans les �tablissements scolaires, les locataires dans les immeubles, les commer�ants dans leurs locaux, sont tous victimes d'une esp�ce d'hallucination collective, ou bien, malheureusement, la narration qu'ils font de ce qu'ils constatent chaque jour n'est pas � la mesure de ce que vous avez bien voulu me r�pondre !
On ne peut pas imaginer que des personnes qui ont des responsabilit�s associatives, commerciales, enseignantes, soient toutes saisies par un d�sir d'exag�ration.
Elles ne sont pas non plus en mesure elles-m�mes d'�tablir des statistiques. Bien s�r on ne peut pas savoir, et elles ne savent pas plus que moi quel type de stup�fiants est utilis�, mais la prolif�ration d'actes d'usage de stup�fiants de visu, c'est-�-dire devant des observateurs involontaires, vient en tel nombre qu'on ne peut pas imaginer, je le r�p�te, que les gens se concertent pour en exag�rer le nombre.
C'est donc, dites-vous, non pas la pugnacit� des forces de police qui est en cause, mais peut-�tre une nouvelle nature d'utilisation des stup�fiants avec peut-�tre de nouveaux produits qui, comme je le disais, sont moins identifiables et dont les effets sont moins imm�diatement voyants, mais qui n'en restent pas moins d'une r�elle actualit�.
Je souhaite naturellement tr�s fort que vous puissiez continuer vos actions, m�me si l'aspect ext�rieur est moins visible. Peut-�tre avez-vous affaire � une transformation d'utilisation sur un certain nombre de produits, mais cela continue toujours � faire des ravages parmi une partie de la jeunesse.
Deuxi�me point : les statistiques sont les statistiques, on compare un arrondissement � l'autre en disant que cela monte moins ici que cela ne monte l�, dont acte, mais les actes d'agression violente commis devant des t�moins qui, a priori, ne sont pas suspects de mauvaise foi, ces actes violents dans la rue, comme on dit, sont tr�s identifi�s dans un certain nombre de quartiers, que ce soit aux Amandiers, � Saint-Blaise, dans certains quartiers en bordure du p�riph�rique et l� encore, je m'aper�ois que chez certains jeunes malheureusement, la violence est devenue un mode de communication non seulement entre eux, mais �galement avec des interlocuteurs qui n'y peuvent mais et qui ont le malheur de passer au mauvais moment. Avant, on pouvait penser que c'�tait plut�t � la tomb�e de la nuit, t�t le matin, � des heures o� il y a moins de personnes dans les rues, moins d'�clairage et moins de s�curit�, moins de gardiens de la Paix �ventuellement. Maintenant, ce qui est tr�s impressionnant, c'est l'acte d'agression d�lib�r� devant des tiers, � tout moment avec en plus la provocation � la cl�, c'est-�-dire la mise en cause avec injures pour commencer puis viennent les coups.
Malheureusement dans certains de ces quartiers, ce comportement s'est banalis�. Et c'est l� tout le probl�me.
Certains ont � conna�tre en banlieue des ph�nom�nes encore bien plus violents ; esp�rons qu'ils ne gagneront pas Paris car le malheur des uns ne fait pas le bonheur des autres.
Mais j'encourage vivement la Pr�fecture de police � regarder cela de plus pr�s.
Dernier exemple : nous avons �t� inform�s, Monsieur le Pr�fet de police, aujourd'hui m�me par le principal du coll�ge Robert-Doisneau, situ� dans le 20e, que devant les agressions faites sur des �l�ves pratiquant du sport sur les stades de la Porte de Bagnolet et Louis-Lumi�re, pendant des heures scolaires, qu'il renon�ait en accord avec son Conseil d'�tablissement, � faire fr�quenter ces stades par les coll�giens plac�s sous son autorit� tant qu'il n'y aura pas un retour � une situation plus normale.
Ce sont des agressions v�rifi�es, r�elles, sur des terrains de sport pendant le temps scolaire. Ce sont des ph�nom�nes banalis�s car d�sormais il y a une sorte de d�ception, de renoncement ; je crois qu'il faut faire tr�s attention, parce que l'on entre un peu dans une esp�ce de fatalisme qui fait dire que les conditions de vie dans certains quartiers sont malheureusement telles qu'il est difficile d'�tre partout tout le temps. C'est vrai, mais les pouvoirs publics ne peuvent renoncer � ce que les gens, notamment les enfants, aient une vie normale. Devant ce genre de ph�nom�ne, malheureusement, nous ne voyons pas de r�gression, bien au contraire.
Merci.
M. Jean-Fran�ois LEGARET, adjoint, pr�sident. - Merci Monsieur BARIANI.

Janvier 1999
Débat
Conseil municipal
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