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31 - 1998, DLH 334 - DAUC 188 - Autorisation à M. le Maire de Paris, d'une part, de déposer une demande de permis de démolir visant un bâtiment à usage d'habitation et de commerce situé 117-119, rue Brancion (15e) et, d'autre part, de consentir le moment venu le dépôt par la S.E.M.E.A.-XV des demandes de permis de construire en vue de la construction de logements sociaux dans les îlots A et A bis de l'opération " Brancion-Castagnary " (15e)


M. Jean-Fran�ois LEGARET, adjoint, pr�sident. - Nous passons aux affaires de la 6e Commission.
Nous commen�ons par l'examen du projet de d�lib�ration DLH 334 - DAUC 188. Il s'agit d'une demande de permis de d�molir pour un b�timent d'habitation et de commerce au 117-119, rue Brancion.
Je donne la parole � Mme SCHNEITER.
Mme Laure SCHNEITER. - Monsieur le Maire, avec cette demande de permis de d�molir, au 117-119, rue Brancion, vous continuez � d�truire l'une des rues qui fut l'une des plus pittoresques de ce secteur du 15e, alors qu'il aurait �t� int�ressant de la r�habiliter.
La quasi-totalit� des vieilles maisons de la rue sont d�j� tomb�es, les commerces ont disparu, ce qui est regrettable, m�me si les commer�ants, d�courag�s, avaient fini par accepter de partir. C'�tait un petit coin chaleureux, populaire, vivant que vous avez encore l'intention de rayer de la carte de Paris.
Le paradoxe, c'est que vous construisez des logements sociaux, apr�s avoir d�truit des maisons qui �taient des logements sociaux " de fait ". Vous invoquez le manque de confort des maisons existantes, alors qu'il aurait suffit d'am�nager dans ces logements, des toilettes ou de petites salles de bains, lorsqu'il n'y en avait pas. C'�tait pratiquement possible partout. Bien dans gens auraient �t� heureux de ne pas avoir � d�m�nager, d'autant qu'ils ont �t� relog�s dans des logements nettement plus chers. Vous �tes satisfaits �galement � l'id�e que cette nouvelle construction va recouvrir, le long de la rue Brancion, le mur pignon du 121 et celui du 4, rue Chauvelot. Vous n'avez toujours pas compris l'int�r�t de conserver les dents creuses plut�t que de les combler une � une.
(M. Patrick TR�M�GE, adjoint, remplace M. Jean-Fran�ois LEGARET, adjoint, au fauteuil de la pr�sidence).
Avec la construction de 50 places de parkings, vous allez faire venir plus de voitures dans un quartier totalement engorg�. Ce n'est pas en �largissant la rue Brancion que vous ferez mieux rouler les voitures. Ou vous am�nagez un couloir r�serv� aux transports en commun, totalement s�par� du reste de la circulation, en supprimant une file de stationnement et en faisant rouler deux files, l'une pour les bus et l'autre pour les voitures, ou vous gardez le stationnement, mais vous n'autorisez la rue Brancion qu'aux autobus, cyclistes et v�hicules prioritaires, comme on devrait le faire dans toutes les rues tr�s �troites de Paris.
Je voterai contre ce projet.
M. Patrick TR�M�GE, adjoint, pr�sident. - Madame SCHNEITER, merci.
Monsieur TUROMAN, vous avez la parole.
M. Michel TUROMAN. - Monsieur le Maire, ce projet porte sur le secteur de l'op�ration " Brancion-Castagnary " et plus pr�cis�ment sur la partie sud de la rue Brancion.
Je tiens � rappeler ici que les �lus communistes se sont prononc�s contre la Z.A.C. " Castagnary " en raison du flou et des nombreuses incertitudes que ce projet d'am�nagement contenait et qui revenaient en fait � donner " un ch�que en blanc " � la Ville.
Cette Z.A.C. devenue caduque aujourd'hui a engendr� un vaste g�chis. Il y aurait donc aujourd'hui mati�re � se r�jouir de ces projets de construction. Et cela d'autant plus que depuis des ann�es les habitants vivent dans un quartier d�grad�, au milieu d'immeubles mur�s et qui se vident de ses commerces du fait du " pourrissement " du projet initial.
Mais, il y a un mais dans votre projet et celui-ci est de taille... L'am�nagement de ce secteur a fait l'objet de deux d�lib�rations du Conseil de Paris, en janvier et en octobre 1995. Celles-ci pr�voyaient la construction exclusive de logements sociaux de type P.L.A. Ces constructions �taient d'autant plus attendues que les immeubles d�molis dans ce secteur appartenaient pour l'essentiel � ce qu'on a coutume d'appeler le parc social de fait dans lequel pouvaient se loger des personnes et des familles � faibles revenus.
Or, dans le projet qui nous est soumis aujourd'hui, la construction des logements P.L.A. est totalement abandonn�e au profit de logements P.L.I. Quelle raison pouvez-vous avancer pour justifier un tel revirement ? Qui peut dire ici qu'il y a dans le 15e pl�thore de logements P.L.A. et qui peut dire que la construction de P.L.A. � Paris ces derni�res ann�es ne s'est pas r�duite au profit de la construction de logements P.L.I. ?
Vous en rajoutez m�me dans votre politique en privil�giant la transformation de surfaces de bureaux en logements P.L.I. C'est le cas au fur et � mesure des s�ances avec par exemple des projets dans le 3e, dans le 15e, le 9e et le 8e.
Lors du Conseil d'arrondissement r�pondant � ma coll�gue Mme Raymonde CONTENSOUS, le Maire du 15e a indiqu� qu'il avait effectivement plaid� aupr�s de la Ville pour la construction exclusive de P.L.I. en lieu et place des P.L.A., envisag�s pr�c�demment dans ce secteur.
Est-ce � dire que le Maire du 15e ne souhaite reloger que la seule population de l'arrondissement pouvant acc�der aux logements P.L.I. ? C'est une bien curieuse conception de la mixit� sociale et est-ce � dire par l� que la Ville n'entend construire que du P.L.A. dans les arrondissements de l'Est et que du P.L.I. dans les autres arrondissements ?
Il ne peut y avoir de s�gr�gation en mati�re de logement social. La construction de logements P.L.A. r�pond aux besoins de dizaines de milliers de familles parisiennes. La construction de tels logements doit �tre programm�e et r�partie dans tous les arrondissements parisiens sans aucune exception. Il ne peut y avoir de lignes de partage � ce sujet entre les arrondissements de l'Est et ceux du Centre ou de l'Ouest.
Nous voterons contre ce projet.
(Applaudissements sur les bancs des groupes communiste et du Mouvement des citoyens).
M. Patrick TR�M�GE, adjoint, pr�sident. - Monsieur TUROMAN, je vous remercie.
Monsieur BLET, vous avez la parole.
M. Jean-Fran�ois BLET. - Monsieur le Maire, le 8 novembre 1997 furent vot�s les permis de d�molir des 167, boulevard Lef�vre, 132, rue Brancion, 128, rue Brancion, 124-126, rue Brancion, 133-135, rue Brancion, 169, boulevard Lef�vre, 131, rue Brancion, et enfin 127, rue Brancion.
Cette destruction du quartier " Castagnary-Brancion " a �t� stigmatis�e par un grand journal du matin, le Figaro, et je cite : " la scandaleuse d�gradation du quartier Castagnary dans le 15e : un hectare de faubourg mur� ".
Les rares Conseillers alors pr�sents � 2 heures du matin se souviendront du caract�re �pique de cette s�ance au cours de laquelle notre coll�gue M. LEGARET qui pr�sidait, a tent� de nous faire une d�monstration de ses talents de boxeur. Cette d�monstration m'�tait personnellement adress�e.
Cette offensive muscl�e corroborait son refus de me donner la parole sur les d�lib�rations sur lesquelles j'�tais r�guli�rement inscrit depuis la veille � 9 heures du matin.
Elles concernaient toutes, comme par hasard, les permis de d�molir du quartier Castagnary.
De la destruction physique d'un quartier faubourien � la violence physique perp�tr�e en s�ance contre un Conseiller de Paris, manifestement la violence appelle la violence.
Depuis plus de 10 ans, Monsieur le Maire, vous avez vid� ce quartier de ses habitants, de ses commerces et activit�s. Lorsqu'ils n'ont pas �t� d�truits, les b�timents ont �t� mur�s et laiss�s � l'abandon. Tout un quartier a �t� ainsi mis � mort.
A l'heure actuelle, sont d�molis c�t� impair les parcelles des n� 123, 125, 127, 129, 131, 133, et 135 de la rue Brancion, c�t� pair ce sont les b�timents des num�ros 130-132 qui ont laiss� place � des friches.
En novembre 1994, l'ensemble des petits commer�ants de la rue Brancion manifest�rent leur col�re. Grug�s par l'attentisme de la Ville, par les multiples remodelages de p�rim�tres, ils ont �t� ruin�s par le d�clin de leurs activit�s, d� aux politiques de pr�emption et de murage. M. PINTO, propri�taire du bar situ� 117-119, rue Brancion a d�, la mort dans l'�me, c�der son activit� de bar h�tel restaurant, autrefois florissante, achet�e fort cher juste avant la cr�ation de la Z.A.C., mais bien �videmment l'indemnisation �tant calcul�e sur les trois derni�res ann�es du chiffre d'affaires, apr�s des ann�es de pourrissement, a vu son chiffre d�clin�.
Si l'on en croit la note technique de la S.E.M.A.E.S.T., nous d�couvrons que les gardes-corps seraient hors normes, que les volets en bois seraient irr�cup�rables et que sur le toit de superbes mousses affleurent entre les tuiles. Certes goutti�res, r�seaux �lectriques, menuiseries sont � revoir. Un ravalement sans doute aussi, bref une r�habilitation tout � fait banale mais qui pour la S.E.M.A.E.S.T. n�cessite une d�molition compl�te.
En fait, c'est la particularit� de la distribution du b�timent qui lui vaut ce verdict de mort.
Quelle est cette distribution ? Au rez-de-chauss�e, un caf�, au premier un h�tel. Or, je cite : " le cloisonnement adapt� � la fonction d'h�tel est irr�cup�rable pour un cloisonnement de logements ".
Et alors ? Quelle perspicacit� ? Un �tage de chambre d'h�tel n'est pas un �tage de logements. La Ville n'h�site pourtant pas, et � juste titre, � transformer des bureaux en logements, sans que cloisonnements et distributions l'en emp�chent, bien au contraire.
Enfin, emport� par son �lan, la S.E.M.A.E.S.T. parle de b�timents au pluriel, l� o� il n'y a qu'un seul petit b�timent. Elle parle encore de restructuration consistant � cr�er plusieurs structurations verticales l� o� n'existe qu'un seul et unique �tage d'h�tel.
Quid de la conservation telle quelle du b�timent ?
Le co�t de la r�habilitation envisag�e par la S.E.M.A.E.S.T. est pour une fois presque mod�r�, 8.000 F le m�tre carr� alors que vous nous dites 12.000 F, donc c'est hors de prix. Il demeure toutefois excessif alors que dans Paris ce type de b�timent R + 1 se r�habilite au plus � 4.000 F le m�tre carr�.
Et pourtant, cela permettrait de conserver le b�timent apr�s une l�g�re r�habilitation. Il vient en proue, souligner l'angle tr�s ferm� form� par les rues Brancion et Chauvelot. Quant aux murs pignons de l'immeuble voisin du 4, rue Chauvelot, et du 121, rue Brancion, dont la disparition via la densification justifierait selon vous la d�molition demand�e, il constitue un �l�ment � part enti�re du paysage urbain par cette variation volum�trique �minemment pittoresque.
Prendre pr�texte de murs pignons pour d�truire un immeuble - vaste programme - tout le Paris des faubourgs et m�me du centre est truff� de pignons. Cette diversit� volum�trique fait la richesse du paysage parisien, vous le d�naturez par des alignements intempestifs de fronts b�tis continus. En faire le crit�re des d�molitions c'est un appel au vandalisme g�n�ralis�.
Vous avez scrupuleusement saccag� un quartier populaire, riche qu'il �tait d'un tissu dynamique de petits commerces de proximit�, les commerces qui prendront place sont pr�vus pour 2002 ou 2003.
Vous avez d�moli un ensemble b�ti de hauteur modeste et de qualit�.
Selon vos calculs, sur dix b�timents, deux sont r�habilit�s et huit sont d�truits.
A Castagnary, qu'est-ce que l'urbanisme � visage humain ? C'est 80 % de destruction.
M. Michel BULT�, adjoint, au nom de la 6e Commission. - On ne peut pas dire que nous faisons uniquement du P.L.I. dans le 15e arrondissement. Nous avons d�velopp� des programmes importants, notamment de P.L.A. tant dans le secteur " Citro�n " que dans le secteur " Dupleix ".
Aujourd'hui, la Ville de Paris est propri�taire de l'ensemble des immeubles. La prise de possession de l'ensemble des lots est achev�e. En mati�re commerciale, deux indemnit�s font l'objet d'un appel. La ma�trise d'ouvrage a �t� confi�e � la S.E.M.A.E.S.T., sous l'autorit� d'un �lu du 15e arrondissement, M. Philippe GOUJON. Celle-ci a pass� commande d'un diagnostic technique et urbain et d'une �tude de faisabilit� au Cabinet d'architecture de Mme FURET. Chaque b�timent a fait l'objet d'un diagnostic technique �valuant le co�t de r�habilitation par rapport � celui de la reconstruction. L'�tude montre que le co�t de la r�habilitation est sup�rieur � celui de la construction neuve.
Deux b�timents ont �t� retenus pour �tre r�habilit�s, le 169 boulevard Lefevre et le 121 rue Brancion. Les hauteurs qui pr�voient quatre �tages seront mod�r�es et � l'�chelle du quartier. Dans un souci de mixit� sociale et compte tenu de l'importance du parc de logements sociaux situ�s � proximit�, ces logements seront r�habilit�s en P.L.I.
La d�molition de l'immeuble 117-119, rue Brancion, compos� d'un �tage, comprenant deux logements et un commerce, permettra la r�alisation d'une demi-douzaine de logements sociaux. Cette disposition permettra de recouvrir le pignon de l'immeuble conserv� au 121, rue Brancion, et un commerce sera r�alis� en rez-de-chauss�e dans l'angle des deux voies. Le stationnement n�cessaire sera report� sur le troisi�me lot de l'op�ration.
Nous allons r�aliser un programme � �chelle humaine. Ce projet s'int�gre totalement dans la politique d'urbanisme � visage humain d�fini par le Maire de Paris, quoiqu'en dise M. BLET.
M. Patrick TR�M�GE, adjoint, pr�sident. - Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DLH 334 - DAUC 188.
Qui est pour ?
Contre ?
Abstentions ?
Le projet de d�lib�ration est adopt�. (1998, DLH 334 - DAUC 188).

Janvier 1999
Débat
Conseil municipal
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