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41 - 1998, DLH 388 - Autorisation à M. le Maire de Paris de déposer des demandes de permis de démolir visant un ensemble de bâtiments à usage d'habitation, de commerces et d'activités situé 5, 7 et 8, impasse des Crins, 11, impasse des Souhaits, 12, 13 et 14, impasse de Casteggio, 28 et 32, rue de Terre-Neuve (20e)


M. Patrick TR�M�GE, adjoint, pr�sident. - Chers coll�gues, nous passons au projet de d�lib�ration DLH 388 relatif � des demandes de permis de d�molir visant un ensemble de b�timents � usage d'habitation, de commerces et d'activit�s situ� 5, 7 et 8, impasse des Crins, 11, impasse des Souhaits, 12, 13 et 14, impasse de Casteggio, 28 et 32, rue de Terre-Neuve dans le 20e arrondissement.
Je donne la parole au premier orateur inscrit, Mme SCHNEITER.
Mme Laure SCHNEITER. - Monsieur le Maire, le petit secteur " Planchat-Vignoles " � deux pas de la place de la R�union dans le 20e, est un secteur tr�s peu dense avec des constructions basses de un � trois �tages.
Une fois encore, vous intervenez trop tard pour sauvegarder de nombreuses constructions. Les b�timents d'un �tage en coeur d'�lot entre la rue de Terre-Neuve et la rue des Vignoles, impasse des Souhaits et impasse des Crins, impasse de Casteggio, sont en tr�s mauvais �tat et maintenant, on ne peut que d�molir. Je crains que les constructions que vous envisagez ne respectent pas l'urbanisme et l'esprit du quartier. Ne restera-t-il pas � Paris une seule " maison de ville " de un ou deux �tages, avec des voies pi�tonnes et des jardinets ?
Au Nord-Ouest de ces petites maisons, il y a la rue de Terre-Neuve. Le num�ro 30 est d�j� d�moli. Vous nous proposez aujourd'hui la d�molition des num�ros 28 et 32, deux petits immeubles de trois �tages dans un �tat m�diocre. Au num�ro 26, un permis de d�molir est affich� sur la fa�ade d'un immeuble de bureaux de trois �tages en bon �tat.
Sur cette parcelle, du 26 au 32, rue de Terre-neuve, la construction d'un immeuble est-elle pr�vue ?
L� aussi, pour respecter l'�me du quartier, il faut �viter de construire au-del� des trois �tages existants.
Il serait �galement int�ressant de prolonger les impasses jusqu'� la rue de Terre-Neuve pour les transformer en passage.
Je voterai pour ce projet de d�lib�ration tout en restant vigilante sur les projets d'urbanisme que vous concoctez dans ce petit secteur " Planchat-Vignoles " et alentours.
M. Patrick TR�M�GE, adjoint, pr�sident. - Je vous remercie.
La parole est � M. BLET.
M. Jean-Fran�ois BLET. - Monsieur le Maire, le quartier " Planchat-Vignoles " comporte de nombreuses maisons basses et dents creuses, caract�ristiques du tissu faubourien du d�but du si�cle. Le parcellaire en lani�res a favoris� l'implantation de maisons de ville avec jardins, desservies par de petites impasses typiques du Paris-village. Le lieu serait tr�s agr�able � vivre si la Mairie avait assur� l'entretien des passages, comme elle en a l'obligation et comme le lui ont demand� les riverains � l'occasion de plaintes maintes fois r�it�r�es.
Mais vous avez laiss� pourrir ce quartier, en l'affublant d'un D.P.U.R., moyen le plus efficace que vous ayez trouv� pour �vincer des familles ind�sirables. Nous avons d'ailleurs recueilli les t�moignages de riverains traumatis�s par la violence de ces commandos arm�s de barres de fer, venus saccager les escaliers et les toitures des maisons qu'il fallait rendre insalubres ! Cette sauvagerie digne des pires promoteurs demeure impunie � ce jour.
Le 14, impasse de Casteggio, petite maison de brique avec un escalier ext�rieur en bois et une fa�ade agr�ment�e de fen�tres � croisillons barraud�es en fer forg� et de persiennes, est en parfait �tat. Articul� autour d'une cour plant�e, ce b�timent est habit�. Mais il faudrait d�truire ce petit paradis ?
L'expertise technique affirme que " le passage �troit pose des difficult�s pour respecter les r�gles de s�curit� incendie ". C'est l'unique raison �nonc�e pour raser ce b�timent ainsi que les 12 et 13 de la m�me impasse. Mais avec un tel crit�re, nous devrions bient�t d�truire tous les villages de Provence et toutes les villes m�di�vales d'Europe !
La Ville de Paris sait pourtant r�habiliter ces impasses bucoliques.
De l'autre c�t� de la rue des Vignoles, hors p�rim�tres d'intervention, l'impasse Rolleboise, constitue � cet �gard un excellent exemple, les maisons, toutes conserv�es, font alterner des fa�ades de un ou deux �tages, plus ou moins en retrait, et donnent ainsi un rythme, des respirations � la s�quence de la rue. Des palissades en bois marquent la limite des jardins arbor�s, le sol pav� est �quip� de r�verb�res style 1900. Alors pourquoi d�truire, pourquoi ne pas requalifier sur ce mod�le toutes les impasses merveilleuses de ce quartier ?
Les petites villas mansard�es du 32, rue de Terre-Neuve, vis�es par un permis de d�molir, contrairement � ce qu'affirme l'analyse technique, ont des fa�ades en parfait �tat, fort soign�es et agr�ment�s de fen�tres aux formes originales, d�cor�es par de subtiles mod�natures et des garde-corps en fer forg�. Les toits en tuile, la cour plant�e, tr�s bien entretenue, sont autant d'�l�ments qui donnent � cet habitat un charme indiscutable. Les services techniques qui ne font pourtant aucunement allusion aux qualit�s intrins�ques de ce b�ti, justifient le permis de d�molir par l'absence d'un prospect suffisant ! Doit-on d�truire tous les immeubles ne respectant pas les normes de prospect. Avec un tel crit�re, vous pouvez d�truire tout le vieux Paris...
Le 28, rue de Terre-Neuve, en bon �tat apparent, se compose d'un immeuble en rez-de-chauss�e et d'un immeuble R + 2 en fond de cour. Sa fa�ade rel�ve d'une architecture soign�e. Sa composition permet d'introduire des vides et des respirations dans la s�quence urbaine qui s'�tend, de fait, du 26 au 34, rue de Terre-Neuve et s'oppose aux monotones fronts b�tis de 7 � 10 �tages du boulevard de Charonne. Un simple coup de peinture suffirait � rendre � ce b�timent tout son �clat. Mais l� encore, ce n'est pas la qualit� du b�ti que les services techniques de la Ville ont pris en compte. Non, la raison �voqu�e pour d�truire cet immeuble, c'est un parti d'am�nagement qui pr�voit l'ouverture de l'impasse de Casteggio sur la rue de Terre-Neuve et donc la transformation de l'impasse en ruelle. Pourquoi refaire une rue traditionnelle ? L'aspect villageois du secteur " Planchat-Vignoles " est intimement li� � la pr�sence de ces impasses, elles font partie int�grante de son identit�. Les d�truire, c'est d�truire l'�me du quartier.
Ainsi, vous refusez de prendre en compte les caract�ristiques originales du quartier. Cette boulimie pr�datrice vous am�ne encore � d�truire les n� 5, 7 et 8 de l'impasse des Crins. Ces maisons ont certes des vitrages manquants, mais elles n'en sont pas moins r�habilitables. Il ne manque pas de vitrier sur Paris !
De m�me, le n� 11 de l'impasse des Souhaits, �galement mur�, a certes un toit hors d'usage, mais qu'il suffit de r�parer pour mettre en valeur ce b�ti organis� sur plusieurs niveaux autour d'une joli cour arbor�e.
Le paysage urbain de ce secteur est d�j� largement d�figur� par les destructions op�r�es par la Z.A.C. " R�union ".
S�curit� incendie, prospect, percement d'une ruelle, vous faites fl�che de tout bois pour habiller, a posteriori, de crit�res disparates et tordus votre choix de destruction.
Pourquoi vous faut-il encore �largir le champ de ruines ? Au lieu de recoudre les plaies, de fermer les cicatrices, de r�habiliter en douceur ce tissu malmen�, ce r�seau fragile d'impasse, de le panser et repenser dans sa globalit�, bref de le respecter.
Quand arr�terez-vous ce massacre ? Quand cessera cette pulsion morbide de la destruction, cette sinistre Schaden Freude ?
M. Patrick TR�M�GE, adjoint, pr�sident. - Je donne la parole � M.BULT� pour r�pondre.
M. Michel BULT�, adjoint, au nom de la 6e Commission. - Monsieur le Maire, je rappellerai que dans ce secteur, une proc�dure de concertation ouverte sur le quartier de la R�union a notamment permis de pr�senter aux acteurs locaux toutes les �tapes de la r�flexion urbaine et paysag�re et de les faire participer � l'�laboration du projet qui a pour objectif de pr�server le paysage urbain dans son �chelle, l'organisation de son b�ti et sa morphologie.
Les caract�ristiques du nouveau secteur d'am�nagement " Planchat-Vignoles ", o� un consensus s'est d�gag� lors de la concertation sur la conservation d'un certain nombre d'immeubles et sur la d�molition de plusieurs b�timents v�tustes permettent d'envisager un projet de reconstruction d'un programme mixte de logements r�partis environ de la mani�re suivante : une trentaine de logements P.L.A., une trentaine de P.L.I. et une trentaine de non aid�s.
Des projets de d�lib�ration visant respectivement � modifier le P.O.S. pour permettre la mise en oeuvre de cet am�nagement, � d�clarer son utilit� publique afin de parachever les acquisitions n�cessaires et � autoriser le d�p�t des demandes vous seront soumis prochainement.
La Ville de Paris et l'O.P.A.C. d�sign�s comme un des ma�tres d'ouvrages se sont rendus propri�taires de la majorit� des immeubles et des lots du nouveau secteur dont certaines parcelles sont d'ores et d�j� des terrains nus.
L'action municipale peut d'ores et d�j� porter sur les b�timents dont l'�tat de d�gradation avanc�, les risques d'occupation ill�gale et la s�curit� du voisinage justifient la d�molition. C'est le cas pour les immeubles communaux ou en copropri�t�, je le rappelle, situ�s aux 11 impasse des Souhaits et 5, 7, et 8 impasse des Crins, 12, 13 et 14 impasse Casteggio, 28 rue de Terre-Neuve ainsi que pour deux b�timents priv�s qui restent � acqu�rir dans le fond des immeubles situ�s au 32 rue de Terre-Neuve.
Certains de ces immeubles v�tustes sont d'ores et d�j� libres de toute occupation, situ�s au 11 impasse des Souhaits et 8 impasse des Crins.
Je rappellerai � M. BLET que nous avons pu obtenir l'unanimit� sur ce projet, un projet qui a �t� �tabli par un architecte qui conna�t bien le secteur, qui a fait, je pense, quelque chose d'exemplaire dans la pr�sentation du projet en place. C'est M. SCHUCH. Nous avons pu obtenir l'unanimit� de l'ensemble des �lus ainsi que l'unanimit� de l'ensemble des associations qui �taient pr�sentes, sur ce projet.
Donc, Monsieur BLET, vous me semblez bien isol� dans le propos que vous tenez � moins que vous ne connaissiez pas tout � fait ce secteur, mais nous avons dans ce secteur Planchat-Vignoles r�pondu aux attentes et exigences des habitants de ce quartier.
M. Patrick TR�M�GE, adjoint, pr�sident. - Monsieur BULT�, je vous remercie.
Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DLH 388.
Qui est pour ?
Contre ?
Abstentions ?
Le projet de d�lib�ration est adopt�. (1998, DLH 388).

Janvier 1999
Débat
Conseil municipal
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