retour Retour

2007, VIII - Question d’actualité posée par le groupe U.M.P. à M. le Maire de Paris et à M. le Préfet de police relative aux logements vétustes et insalubres.


M. LE MAIRE DE PARIS. - Nous passons � la question d?actualit� du groupe U.M.P.

La parole est � Mme de PANAFIEU.

Mme Fran�oise de PANAFIEU, maire du 17e arrondissement. - Monsieur le Maire, Monsieur le Pr�fet, je voudrais revenir sur cette nuit tragique du 7 au 8 novembre et sur ce nouvel incendie meurtrier qui a caus� la mort de quatre personnes, deux femmes et une adolescente et ce matin encore, un homme qui a �t� gri�vement bless� et qui a succomb�.

Le bilan de ce drame fait �galement �tat d?un bless� grave et de neuf autres bless�s, passage Brady, dans le 10e arrondissement. Le site est complexe. Ces passages parisiens ont une configuration particuli�re qui fait d?ailleurs le charme de beaucoup de quartiers du centre, mais cette configuration pose des probl�mes tr�s difficiles d?accessibilit� des services de secours.

Raison de plus donc pour que des pr�cautions particuli�res soient prises dans tous ces passages couverts o� l?on rencontre souvent des immeubles v�tustes voire insalubres, avec une surpopulation qui pose �galement un grave probl�me. Juste en face de l?immeuble incendi�, au 74 du passage, la Ville est propri�taire d?un immeuble dont la r�novation a �t� confi�e � la S.I.E.M.P, et qui est dans un �tat de d�labrement total. Alors Monsieur le Maire nous voudrions savoir quand les travaux urgents et indispensables vont commencer.

Pouvez-vous aussi nous expliquer dans ces conditions les raisons du communiqu� incroyable et h�las particuli�rement inopportun, il faut bien dire, que vous avez adress� � la presse l?apr�s-midi du 7 novembre quelques heures avant le sinistre ? Vous y affirmiez que vous aviez vaincu la v�tust�, �radiqu� l?insalubrit�, relog�, je vous cite, les 19 000 personnes vivant au sein de cet environnement indigne.

Alors Monsieur le Maire ce nouveau drame s?ajoute � d?autres drames, rue de Provence, boulevard Vincent-Auriol, rue Godefroy Cavaignac, rue du Roi Dor�... Une cinquantaine de victimes ont p�ri et Monsieur le Maire, il est impossible, je le dis bien, d?exon�rer la responsabilit� personnelle de cette trag�die.

Une telle situation ne vous autorise pas � tenir un discours d?autosatisfaction que vous nous avez encore ass�n� ce matin en rejetant comme toujours la responsabilit� sur les autres. Monsieur le Maire, vous qui aimez tant conjuguer le verbe assumer � la premi�re personne du singulier, on a eu encore eu le droit � sept ou huit d�monstrations de ce genre depuis ce matin, vous qui aimez tellement dire j?assume, et bien dites-le.

Les �lus U.M.P. vous avaient propos� en septembre 2005, de consacrer 150 millions d?euros � la lutte contre l?insalubrit�, contre la v�tust�, par pr�l�vement sur les recettes des droits de mutation qui se sont �lev�s, je le rappelle en 2006, � pr�s de 900 millions d?euros.

Alors, Monsieur le Maire, Monsieur le Pr�fet de Police je vous demande aujourd?hui de mettre en place dans l?urgence un plan de mise en s�curit� de tous ces passages couverts de Paris et Monsieur le Maire, je vous demande solennellement de cesser sur un tel sujet les propos p�remptoires et de doter de moyens budg�taires adapt�s un plan cr�dible et efficace de lutte contre l?insalubrit�, contre la v�tust� et de lutte contre l?ins�curit�.

Merci.

(Applaudissements sur les bancs des groupes U.M.P. et du Nouveau Centre et Ind�pendants).

M. LE MAIRE DE PARIS. - Je vais donner la parole � Jean-Yves MANO, puis au Pr�fet de police.

Je voudrais pr�ciser deux choses. D?abord j?assume plus que jamais mon communiqu� du 7 novembre sur le logement � Paris. Deuxi�mement j?informe Mme de PANAFIEU que le 74 passage Brady o� je me suis d?ailleurs rendu dans la nuit comme M. le Pr�fet de police, n?est pas une propri�t� de la Ville. Ecoutez, quand je vous donne les informations, entendez les apr�s avoir dit des �normit�s, c?est une propri�t� priv�e qui b�n�ficie du soutien de la S.I.E.M.P. et de l?Agence nationale de l?Habitat pour la R�novation avec des probl�mes juridiques et de lenteur, et troisi�mement Madame, tous les chiffres que nous donnons sur l?insalubrit� nous le faisons avec l?Etat et tous ce que nous faisons pour la mise en s�curit� de tous les immeubles � Paris, j?en voyais encore une liste � l?instant avec Monsieur le Pr�fet de Police, je le fais avec Monsieur le Pr�fet de police.

Bien s�r que c?est mon devoir, mais le devoir des autres est de ne pas dire n?importe quoi.

La parole est � M. MANO.

M. Jean-Yves MANO, adjoint. - Madame de PANAFIEU, je pense que dans vos propos vous exploitez les drames humains � des fins politiciennes et cela ne vous grandit pas me semble t?il. Et en plus trop d?amalgames...

Nous avons connu depuis deux ans un certain nombre de drames sur le territoire parisien et il faut dire les choses simplement, oui, rue Roi Dor� il y a eu un drame, oui H�tel de Provence il y a eu un drame, oui Vincent-Auriol il y a eu un drame. Il n?y a pas eu de drame parce que c?�tait des immeubles insalubres, il y a eu un drame parce que les incendies ont �t� allum�s volontairement. Soyons clairs l�-dessus.

Malheureusement pour les victimes il n?y a pas une diff�rence mais il y a un probl�me de diff�rences pour les responsabilit�s vis-�-vis de la ville et de la pr�fecture qui a une responsabilit� majeure sur le plan de la v�tust� du b�timent.

Au-del� du pass�, vous savez et vous �tes de mauvaises foi de contester l?action de la Ville de Paris, de la S.I.E.M.P., de la S.E.M.A.V.I.T, de l?ensemble des acteurs et donc de l?Etat dans l?�laboration de l?Observatoire de l?Insalubrit� la cr�ation de l?Observatoire des H�tels meubl�s, tout ceci en concertation.

Nous nous r�unissons tous les mois avec la pr�fecture pour mettre � l?abri un certain nombre de personnes qui habitent dans des immeubles � risques. Nous mobilisons nos contingents au-del� de ce que nous obligent les textes, au-del�, et vous l?auriez fait avant, ces gens l� n?y seraient pas encore h�las. Alors assez de le�ons.

Et vous confondez tout, vous pensez que c?est uniquement une histoire d?argent. La Ville de Paris mets les moyens financiers n�cessaires mais dans ce pays, il y a des lois, des textes, qui font que la copropri�t� priv�e est sacro-sainte, que nous ne pouvons passer outre le droit de la propri�t� priv�e, qu?il y a des proc�dures longues.

Alors modifiez la loi si vous voulez �tre efficace Madame de PANAFIEU, vous �tes majoritaire au parlement, ne permettez pas � un petit propri�taire de bloquer les travaux d?une copropri�t�.

Oui le 74 du passage Brady, la Ville de Paris par l?interm�diaire de la S.I.E.M.P. a lanc� une op�ration d?am�lioration d?habitat d�grad�. Oui la S.I.E.M.P. est devenue propri�taire de quelques lots. Oui un copropri�taire bloque les travaux de r�novation et ne paie pas ce � quoi il s?est engag� et nous allons �tre oblig�s vraisemblablement de lancer une d�claration d?utilit� publique qui nous prendra deux ans et je le regrette, mais c?est la r�glementation et le respect du droit. Voil� en quoi nous sommes concern�s par l?action au quotidien de l?ensemble des acteurs contre l?insalubrit�. Ce n?est pas un probl�me de moyens financiers mais un probl�me de r�glementation et de l�gislation.

M. LE MAIRE DE PARIS. - La parole et � M. le Pr�fet de police.

M. LE PREFET DE POLICE. - Merci, Monsieur le Maire, Messieurs les conseillers.

Je vous remercie, Madame, d?avoir pos� cette question et comme je ne voudrais pas encourir le reproche de m?immiscer dans le d�bat politique, je vous r�ponds sur le plan technique et sur le travail qui est engag�.

Mme BOUTIN est venue samedi sur la probl�matique particuli�re des marchands de sommeil, qu?elle a r��voqu�e apr�s cet incendie, qu?�videmment nous d�plorons tous. Je signale au passage qu?il ne concernait pas un h�tel et que, fort heureusement, l?h�tel qui �tait � c�t�, gr�ce � un mur �pais et au respect des prescriptions qui avaient �t� �dict�es, a pu �tre �vacu� sans dommage.

C?est m�me d?ailleurs cet h�tel r�nov� qui est � l?origine de la d�tection du sinistre, puisque ce sont les fum�es de l?incendie qui ont d�clench� l?alarme de l?h�tel.

Dans ce contexte, j?ai dit tout � l?heure ce qu?allait faire la Pr�fecture de police, conform�ment � ses comp�tences : le renforcement des contr�les sur tous les types d?habitats insalubres �tait d�j� en oeuvre, il sera encore renforc� dans le contexte que la Ministre du Logement �voquera tr�s prochainement. Nous disposons, ce qui montre que le travail est pr�t, de la liste de diff�rents b�timents concern�s, des h�tels sur lesquels nous interviendrons tous en conscience, conform�ment � ce que vous avez demand� dans votre question, de telle sorte que l?on �vite, parce que c?est cela qui est important, que des personnes se retrouvent br�l�es ou bless�es dans ce type d?incendie.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci.

La parole est � Mme de PANAFIEU.

Mme Fran�oise de PANAFIEU, maire du 17e arrondissement. - Une chose me choque, honn�tement. Je reconnais que, g�n�ralement, ceux qui sont courageux n?�prouvent pas le besoin de l?affirmer � longueur de temps. C?est d?ailleurs vrai pour tout le reste comme pour le courage?

M. LE MAIRE DE PARIS. - Arr�tez de donner des le�ons de morale !

Mme Fran�oise de PANAFIEU, maire du 17e arrondissement. - G�n�ralement, les vrais courageux font, mais n?�prouvent pas le besoin de le dire.

Quand on dit ?j?assume?, c?est un vrai courage, alors vous assumez les maillots de bain le long de la Seine, c?est un vrai courage. Puis, vous assumez les v�los dans Paris, c?est un vrai courage !

Mais, bon sang, quand des drames comme ceux-l� ont lieu, on ne peut pas ind�finiment dire ce que j?entends depuis le d�but, c?est la faute de l?Etat, c?est la faute du ministre, moi je n?y suis pour rien. A un moment, il faut dire que nous sommes tous responsables et on y va.

C?est cela que je reproche tellement � ce discours, c?est de dire ind�finiment que l?on assume pour les maillots de bain et que l?on joue la d�fausse pour les drames.

Eh bien, non ! Quand il y a un drame, on le prend � bras-le-corps et on y va !

(Applaudissements sur les bancs des groupes U.M.P. et du Nouveau Centre et Ind�pendants).

M. LE MAIRE DE PARIS. - C?est un peu dr�le comme vous proc�dez. Je pr�f�re faire retomber un peu la pression.

On va s?�loigner un instant de ce sujet grave, un instant. Avant que n?existe "Paris Plage", le groupe U.M.P. conteste. J?assume surtout ce que nous avons fait de mani�re massive et que vous n?aviez pas fait.

Deuxi�mement, j?assume, avec le Pr�fet de Police, les initiatives de s�curit� que nous ne cessons de prendre pour sortir les personnes de ces situations dangereuses. J?assume avec Jean-Yves MANO les 19.000 personnes relog�es qui �taient dans des immeubles insalubres en 2001, quand vous �tiez en responsabilit�s.

(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste et radical de gauche, communiste, du Mouvement r�publicain et citoyen et ?Les Verts?).

Ch�re Madame, je sais que ce n?est pas termin�. Je sais que nous avons encore beaucoup de travail. Je sais que nous devons coop�rer avec la Pr�fecture de Police, avec les services de l?Etat, avec la Pr�fecture de R�gion, pour se battre, se battre, � chaque instant ! Et nous avons des r�sultats encore imparfaits, mais je constate que sur ces r�sultats? Oui, j?assume de faire des choses avec M. le Pr�fet de Police ; oui j?assume de faire des choses avec la Pr�fecture de R�gion, mais je constate que chaque fois qu?il y a de la souffrance sociale, chaque fois qu?il y a de la douleur, jamais vous n?assumez avec nous. Vous ne savez faire qu?une chose, c?est exploiter la souffrance et le malheur !

Nous passons en formation de Conseil g�n�ral.

La s�ance est suspendue.

Novembre 2007
Débat
Conseil municipal
retour Retour