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III - Question d’actualité posée par le groupe “Paris Libre” à M. le Maire de Paris relative à la création d’un Centre Baudelaire à l’Hôtel de Lauzun.


M. LE MAIRE DE PARIS. - Nous passons � la question d?actualit� du groupe ?Paris Libre?.

La parole est � M. ASSELINEAU.

M. Fran�ois ASSELINEAU. - Monsieur le Maire, l?ann�e 2007 marque le 150e anniversaire de la publication du chef d?oeuvre de Baudelaire ?Les Fleurs du Mal? et du retentissant proc�s qui en d�coula. Cette ann�e a �t� marqu�e par de nombreuses comm�morations � travers le monde mais rien de marquant n?a �t� fait � Paris, la ville qui tient pourtant une si grande place dans l??uvre po�tique de Baudelaire.

Cet effacement tient probablement au fait qu?il n?existe actuellement ni � Paris ni en France un lieu de m�moire ou un centre de recherche consacr� � Baudelaire et � son oeuvre.

La Ville de Paris qui sut honorer Hugo ou Balzac en leur consacrant un lieu a purement et simplement oubli� le po�te des ?Fleurs du Mal?. A vrai dire, il existe bien dans le monde un centre de recherche et de documentation sur Charles Baudelaire, mais il se situe � l?Universit� Vanderbilt, dans le Tennessee, aux Etats-Unis.

Une telle situation est d?autant moins satisfaisante que la Ville de Paris dispose pourtant de deux atouts exceptionnels pour y rem�dier.

Le premier atout c?est l?h�tel de Lauzun, situ� dans l?�le Saint-Louis au 17 quai d?Anjou. Construit en 1656, il fut acquis en 1852, par le Baron Pichon, qui en loua un appartement sous les combles, � Baudelaire. Charles Asselineau, qui fut l?ami du po�te, et Th�odore de Banville, nous ont laiss� des descriptions pr�cises de cet appartement o� le po�te v�cut ses ann�es de cr�ation les plus heureuses. C?est d?ailleurs l�, pr�cis�ment, qu?il �crivit la plus grande partie des Fleurs du Mal.

Or cet h�tel de Lauzun est devenu au cours de l?histoire la propri�t� de la Ville de Paris. Ses locaux sont utilis�s actuellement d?une fa�on qui est certes louable mais qui ne valorise en rien l?importance historique, architecturale et litt�raire fondamentale de ce b�timent historique.

Le second atout dont dispose la Ville de Paris c?est qu?elle a r�cemment re�u en donation la biblioth�que du plus savant des baudelairiens, connu dans le monde entier, le professeur � la Sorbonne Claude Pichois, d�c�d� il y a maintenant trois ans.

Cette donation Pichois compte non seulement un fond pr�cieux de quelques 9 000 livres, revues et documents, je dis bien 9 000, mais elle comporte aussi des meubles et des objets ayant personnellement appartenu � Baudelaire, notamment sa table de travail.

Monsieur le Maire, peut �tre l?ignorez-vous, mais ce tr�sor du ?baudelairisme? donn� � la Ville de Paris est actuellement entrepos�, depuis des mois, faute de place, dans des cartons � l?int�rieur de l?appartement de fonction du conservateur en chef de la biblioth�que historique de la Ville.

Le groupe ?Paris Libre? vous interroge donc : ne croyez-vous pas que la Ville de Paris pourrait saisir l?occasion de cette ann�e 2007 qui s?ach�ve, 150e anniversaire des ?Fleurs du Mal?, pour d�cider la cr�ation d?un centre Baudelaire dans l?h�tel de Lauzun, un centre dans lequel pourrait �tre enfin conserv�s et pr�sent�s dignement les pr�cieux documents du fond Pichois ainsi que les objets personnels ayant appartenu � Baudelaire, tout cela pour la plus grande joie des chercheurs, des amateurs et du grand public ?

Je vous remercie.

M. LE MAIRE DE PARIS. - La parole est � M. GIRARD.

M. Christophe GIRARD, adjoint. - Elu du 4e arrondissement, vous comprendrez, M. ASSELINEAU, que je connaisse bien cet h�tel particulier, en particulier la petite chambre occup�e par Baudelaire que j?ai pu visiter � plusieurs reprises, en particulier avec l?�crivain Marc LAMBRON.

D�s 2001 mon amie et coll�gue Madame Dominique BERTINOTTI, maire du 4e arrondissement, avait propos� que l?h�tel de Lauzun, b�timent appartenant � la Ville de Paris depuis 1899 et class� aux monuments historiques depuis 1906, puisse accueillir des activit�s culturelles.

Diff�rentes affectations avaient �t� envisag�es : une biblioth�que consacr�e � la jeunesse, un centre international de la po�sie, en lien avec l?�vocation de Baudelaire dans le lieu, ainsi que la r�alisation de studios destin�s � l?accueil d?�crivains �trangers.

Apr�s diff�rentes �tudes qui avaient toutes re�u l?encouragement et l?approbation du Maire de Paris, un projet comprenant une biblioth�que pour la jeunesse, des espaces consacr�s � l?�criture contemporaine et aux r�sidences d?�crivains avait alors �t� �labor� par la Direction des Affaires Culturelles en �troite relation puisqu?il s?agissait d?�crivains �trangers avec Pierre SCHAPIRA et la d�l�gation aux relations internationales, et �tudi� �galement par les services de l?architecture de la Ville de Paris.

En 2002 le projet d?une installation avait �t� �cart�, compte tenu des contraintes importantes du b�timent. Les planchers actuels ne peuvent accepter une charge au sol ad�quate pour l?installation d?une biblioth�que ou d?un centre de documentation. De plus, les espaces susceptibles d?accueillir du public se limitent � quatre salles de 25 m� et la capacit� d?accueil maximale est limit�e � 50 personnes, eu �gard aux normes de s�curit� incendie.

Vous savez que le Maire de Paris ne badine pas avec la s�curit� et les normes incendie.

Enfin, la restructuration du b�timent permettant un acc�s total aux personnes � mobilit� r�duite, �galement l�, grande vigilance de l?�quipe municipale, se r�v�le particuli�rement on�reuse, 4.500 euros du m�tre carr�. A la suite de cette �tude, nous avons �mis le 1er juillet 2002 un avis malheureusement d�favorable pour les raisons que je viens d?expliquer, � l?installation d?une biblioth�que dans cet h�tel et le projet n?a pas �t� retenu dans le cadre du plan d?investissement de 2003. Malgr� son emplacement privil�gi� et son bon �tat, - les fa�ades et la cour ont �t� r�nov�es par la Ville de Paris en 2001, - l?h�tel de Lauzun ne peut donc �tre un lieu d?accueil aujourd?hui � la mesure du centre Baudelaire, Monsieur, que vous proposez et pour lequel je r�fl�chirai volontiers avec vous pour les ann�es � venir.

Les collections conserv�es � la Biblioth�que historique de la Ville de Paris font l?objet d?une �tude afin de valoriser le don de M. Claude PICHOIS. La diffusion aupr�s du public sera au c?ur du projet que m�nera le nouveau conservateur de la Biblioth�que historique, en remplacement de M. Jean D�RENS, dont le d�part � la retraite est pr�vu en mars 2008.

J?en profite pour saluer Fran�ois ASSELINEAU qui est lui-m�me le descendant de Charles Asselineau, un proche et ami de Baudelaire.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci. Je pense que Baudelaire m�rite beaucoup. Je ne serais pas hostile � des initiatives pour faire vivre non seulement les ?Fleurs du mal? mais la pertinence contemporaine de la beaut� de l?oeuvre de Baudelaire.

Monsieur ASSELINEAU, vous avez la parole.

M. Fran�ois ASSELINEAU. - Simplement pour remercier M. GIRARD des propos d?ouverture qu?il a tenus et je me tiens � sa disposition pour voir comment on pourrait avancer sur ce projet. Merci.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Travaillez-y ensemble et faites-moi des propositions assez vite sur Baudelaire parce que ce sont deux probl�mes de logement. L?h�tel de Lauzun, je connais ; pour le rendre accessible aux personnes handicap�es, etc., c?est tr�s difficile. Mais cela n?emp�che pas de prendre des initiatives d�di�es � Baudelaire assez vite. Si on est un peu en retard sur l?ann�e 2007, tant pis, on le fera d�but 2008. Baudelaire, c?est intemporel !

Novembre 2007
Débat
Conseil municipal
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