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2010, II - Question d'actualité posée par le groupe "Les Verts" à M. le Maire de Paris relative aux biffins.


M. LE MAIRE DE PARIS. - La parole est � Denis BAUPIN, pour les groupe "Les Verts".

M. Denis BAUPIN, adjoint. - C?est bien toujours cela, oui. Peut-�tre qu?il changera de nom prochainement, mais, pour l?instant, c?est "Les Verts".

Monsieur le Maire, notre question porte sur les biffins et les march�s de la mis�re qui se multiplient dans les quartiers populaires de notre ville, dans le 20e et ailleurs.

Comme l'indiquait � juste titre le v?u adopt� par notre Conseil en juin sur proposition d'Olga TROSTIANSKY au nom de l?Ex�cutif, ces activit�s montrent l'immense pr�carit� de cette population en R�gion parisienne qui les d�veloppe pour survivre.

Nous sommes tous conscients que cette pr�carit� r�sulte de la pauvret� croissante partout dans le monde, mais aussi de la politique injuste et s�gr�gative du Gouvernement qui fragilise chaque jour les plus faibles, en situation r�guli�re ou non.

Pour autant, m�me si les probl�mes d�passent le cadre municipal, nous sommes convaincus que notre municipalit� se doit de construire des solutions nouvelles face � cette situation nouvelle malheureusement durable, parce que c'est sur notre territoire que se d�veloppent ces march�s de la mis�re, parce que les nuisances et les risques de tension qu'ils engendrent nous pr�occupent tous et parce que l'action de la police ne peut apporter une r�ponse durable.

Pr�cisons-le, en r�ponse aux contrev�rit�s r�pandues par ceux qui nous reprochent de nous int�resser � cette situation, nous refusons de voir opposer des populations qui vivent dans la difficult�. Nous n'avons pas une vision binaire, il n'y a pas, d'un c�t�, les bons biffins et, de l'autre, les mauvais riverains et puciers �go�stes, ni l?inverse d?ailleurs.

L'exasp�ration de tous face au pourrissement de la situation est compr�hensible, raison de plus pour agir.

On nous dit aussi qu'il y aurait parmi les biffins des personnes qui vendent des produits acquis ill�galement. Nous ne sommes pas � m�me d?en juger, mais si tel est le cas, si une partie des biffins sont eux-m�mes victimes de trafiquants, raison de plus pour les aider � s?en extirper en organisant les choses.

C'est parce que nous ne nous satisfaisons pas de l'institutionnalisation de la mis�re que nous cherchons des solutions. Nous le faisons modestement, nous ne disons pas que ce qui a �t� tent� courageusement dans le 18e est reproductible tel quel partout, mais une piste a �t� ouverte, qui montre que pour peu qu'on ait envie de mettre tout le monde autour de la table, on peut inventer des voies nouvelles et nous avons la faiblesse de penser que c'est le r�le d'une municipalit� de gauche et �cologiste que d'inventer ces solutions innovantes ; sinon, qui le fera ?

J?en viens donc � ma question.

Le v?u que nous avons adopt� en juin pr�voyait de proposer � une association une mission pr�figurant un projet d'insertion. Il laissait ouvert la localisation et le cahier des charges �tabli entre acteurs locaux. Depuis, sur proposition de notre groupe, un budget de 100.000 euros a �t� vot� lors du budget modificatif.

Au vu de la tension croissante et parce que nous souhaitons que le dialogue remplace vite l'affrontement, nous voudrions savoir o� en est la mise en ?uvre de ce v?u, car, nous en sommes convaincus, c'est � la fa�on dont une soci�t� traite les plus faibles qu'on peut juger de son degr� de civilisation.

Merci.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci.

La parole est � Mme Olga TROSTIANSKY.

Mme Olga TROSTIANSKY, adjointe. - Monsieur le Maire, je voudrais commencer par remercier le groupe "Les Verts" de consacrer sa question d'actualit� � un sujet qui pr�occupe notre majorit� depuis plusieurs mois, me permettant ainsi de partager avec notre assembl�e l'�tat de nos r�flexions et de nos travaux sur le march� de la porte de Montreuil.

En effet, le d�veloppement des march�s de la mis�re dans l'Est parisien est un ph�nom�ne tr�s inqui�tant, qui nous mobilise tous, �lus d'arrondissement, confront�s directement au probl�me, et Ex�cutif.

Plusieurs v?ux ont �t� vot�s, dont un nouveau encore ce matin.

Je le r�p�te, la Ville est clairement oppos�e au d�veloppement des march�s ill�gaux sur la voie publique. Ils sont non seulement g�n�rateurs de nuisances pour les riverains, mais aussi r�v�lateurs de la paup�risation croissante d'une partie de la population qu'il est inacceptable de laisser dans de telles conditions de d�nuement.

Monsieur le Maire, le diagnostic social des revendeurs, r�alis� par la mission S.D.F. du Secr�tariat g�n�ral de la Ville, a fait appara�tre la diversit� des revendeurs : Roms, Asiatiques, vieux migrants retrait�s, Sri Lankais, Afghans, tous ont en commun une extr�me pauvret� et sont majoritairement victimes de l'impasse des politiques migratoires et de l'absence de prise en charge relevant de l'�tat, mais il ne faut pas oublier la dimension de s�curit�. Nous demandons au Pr�fet de police de maintenir une pr�sence polici�re suffisante.

Il ne faut pas non plus oublier la dimension r�gionale de la probl�matique rom. Nous avons demand� � l'�tat la tenue d'une table ronde sur ce sujet.

J'en profite d'ailleurs pour redire que la prise en charge des Roms a fait l'objet de multiples courriers du Maire de Paris � l'�tat sans r�ponse � ce jour.

Monsieur le Maire, nous nous devons de r�pondre aux demandes l�gitimes des riverains et des commer�ants de b�n�ficier d'un environnement propre et s�curis�.

Les services de la D.P.P. et de la propret� sont tr�s mobilis�s et ont renforc� leurs interventions. La police est �galement tr�s pr�sente, mais nous savons que la r�pression, si elle a un effet imm�diat de dispersion, n'est pas la seule r�ponse. Sans un soutien � cette population tr�s pr�caire dans ses d�marches d'acc�s au droit et d'insertion, avec pour objectif de gagner dignement sa vie, le probl�me des march�s de la mis�re ne sera jamais r�solu.

Je vous propose donc d'avancer en tenant compte de trois principes : r�guler cette activit� de vente, proposer un suivi social adapt� aux personnes et prendre en compte les sp�cificit�s des quartiers concern�s.

Le carr� des biffins a �t� mis en place en prenant en compte ces diff�rents crit�res, apr�s une longue p�riode de r�flexion. Il est adapt� � la porte de Montmartre et les r�sultats sont positifs, mais la porte de Montreuil n'est pas la porte de Montmartre et le but n'est pas d'appliquer sans r�fl�chir un dispositif d'un endroit � un autre.

Nous construirons et nous commen�ons � construire avec Fr�d�rique CALANDRA, maire du 20e arrondissement, le dispositif adapt� � la porte de Montreuil.

Monsieur le Maire, nous organiserons prochainement une table ronde r�unissant � la fois des associations sp�cialis�es et les maires des communes limitrophes, car cette probl�matique, comme la grande exclusion en g�n�ral, ne s'arr�te pas aux portes de Paris, mais a une dimension r�gionale.

Pour conclure, je voudrais rappeler que la situation est tr�s difficile, car elle oppose des int�r�ts contradictoires, unique moyen de gagner sa vie pour certains, exasp�ration devant les nuisances subies pour d?autres.

Je vous propose, Monsieur le Maire, malgr� ces difficult�s, de construire ensemble une vraie alternative � ces march�s de la mis�re.

(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste, radical de gauche et apparent�s, Communiste et �lus du Parti de Gauche et "Les Verts").

M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci bien.

La parole est � Mme CALANDRA mais tr�s bri�vement parce que vous avez �t� associ�s � la r�ponse d?Olga TROSTIANSKY, je crois, d?apr�s ce qu?elle a dit.

Mme Fr�d�rique CALANDRA , maire du 20e arrondissement. - Je voudrais saluer la conversion de M. Denis BAUPIN aux interrogations et aux demandes des riverains de la porte de Montreuil. Effectivement, nous ne voulons pas dresser des populations en souffrance contre d'autres populations encore plus en souffrance.

Je souhaite simplement dire une chose : c?est que les solutions qui doivent �tre trouv�es, quelles qu'elles soient, doivent �tre des solutions durables, compte tenu de tous les acteurs en pr�sence, que ce soit la police, les riverains, les vendeurs, etc.

Une derni�re chose, Madame TROSTIANSKY, je souhaiterais qu'on n'emploie pas le mot "r�pression". En l'occurrence, j'ai demand� au Pr�fet de police, qui nous l?a accord�, que des cars de C.R.S. soient dispos�s le matin ; il s'agit de dissuasion � l'installation et en aucun cas de r�pression. Je tenais � le souligner.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Vraiment, un mot de Denis BAUPIN parce qu'il aurait fallu que je lui donne la parole avant Fr�d�rique CALANDRA.

Bon, allez, faisons simple !

M. Denis BAUPIN, adjoint. - Je voudrais juste saluer la conversion de Mme CALANDRA � la recherche de solutions durables !

M. LE MAIRE DE PARIS. - Convertissez-vous les uns les autres ! C'est un la�c qui vous le dit. Surtout quand vous avez � d�battre ensemble, ce n'est pas la peine d'aller manifester devant un lieu d'expression du suffrage universel qui s'appr�te � d�battre. Il suffit de se demander des rendez-vous, de travailler ensemble et, surtout, que tous les conseils d'arrondissement puissent se tenir dans des conditions sereines. C'est le b.a.-ba de la d�mocratie.

Octobre 2010
Débat
Conseil municipal
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