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2010, Vœu relatif à la création d'un festival musical contre les discriminations déposé par le groupe Communiste et élus du Parti de Gauche. Vœu déposé par l'Exécutif.


Mme Olga TROSTIANSKY, adjointe, pr�sidente. - Nous allons maintenant examiner les v?ux r�f�renc�s n� 29 et n� 29 bis dans le fascicule, d�pos�s par le groupe Communiste et �lus du Parti de Gauche et l'Ex�cutif, relatifs � la cr�ation d'un festival musical contre les discriminations.

Je donne la parole � M. Ian BROSSAT.

M. Ian BROSSAT. - Merci.

Ce v?u fait suite aux propos extr�mement graves qui ont �t� tenus par le groupe de rap "Sexion d?Assaut". Vous vous en souvenez, l'un des chanteurs du groupe s'�tait dit 100 % homophobe au mois de juin et ses propos avaient suscit� une tr�s vive �motion. D'ailleurs, toute une s�rie de concerts qui devait �tre organis�e et qui devait donner lieu � des prestations de "Sexion d?Assaut" en province a �t� annul�e.

Ce v?u poursuit en r�alit� deux objectifs. Il vise d'abord � ce que nous condamnions fermement les propos homophobes et les appels au meurtre qu'on trouve dans un certain nombre de chansons de "Sexion d?Assaut", que l?on envisage �galement la suppression des concerts programm�s � Paris du groupe "Sexion d?Assaut" et, parce que nous ne voulons pas pr�cis�ment en rester � une simple condamnation, qu'un festival de musique soit d�di�, � Paris, � la lutte contre toutes les formes de discrimination.

Je vous remercie.

Mme Olga TROSTIANSKY, adjointe, pr�sidente. - Merci, Monsieur BROSSAT.

Pour r�pondre, je donne la parole � M. Christophe GIRARD.

M. Christophe GIRARD, adjoint. - Il s'agit, en effet, d'un sujet qui traite de la dignit� humaine.

Je remercie Ian BROSSAT, les �lus du groupe Communiste et les �lus du Parti de Gauche, dont M. CORBI�RE en particulier, d'avoir propos� au Conseil de Paris ce v?u qui nous permet d'avoir un d�bat important et utile sur un sujet essentiel pour le Maire de Paris, nous, ses adjoints et ses adjointes et l'ensemble de la Municipalit� parisienne.

C'est aussi un sujet qui me tient personnellement � c?ur depuis de nombreuses ann�es en tant qu'individu, citoyen, �lu et militant.

La lutte contre l?homophobie et contre toutes les formes de discrimination et pour la promotion de la diversit� est, en effet, au c?ur de l'engagement municipal.

Aux c�t�s du Maire de Paris, de Yamina BENGUIGUI, adjointe au Maire de Paris en charge des droits de l'Homme et de la lutte contre les discriminations, et de Pascale BOISTARD, adjointe en charge de l'int�gration et des �trangers non communautaires, mes deux coll�gues, nous ne devons pas rel�cher nos efforts en la mati�re et rester extr�mement vigilants vis-�-vis des propos ou des actes pouvant �tre assimil�s � une discrimination, quelle qu'elle soit.

En l'occurrence, il nous faut condamner les propos qui ont �t� tenus par un des membres du groupe "Sexion d?Assaut", que j'ai rencontr� � l?H�tel de Ville, � ma demande, dans le magazine international "Hip Hop" en juin 2010.

Cependant, il nous faut aussi reconna�tre que le groupe a pris soin, et ils me l'ont r�p�t� avec, je crois, beaucoup de sinc�rit�, � la rentr�e, de s'excuser de ces propos, en publiant un communiqu� le 28 septembre 2010. Dans ce communiqu�, le groupe reconna�t notamment avoir prononc� des paroles irr�fl�chies, dont l'ensemble des membres de "Sexion d?Assaut" tient � s'excuser aupr�s de ceux qui ont �t� bless�s ou choqu�s.

Je crois d'ailleurs savoir par un message que j'ai re�u d'eux ce matin qu'ils avaient �crit au Maire de Paris pour �galement pr�senter leurs excuses.

Il faut aussi saluer l'accord conclu le 7 octobre 2010 entre "Sexion d?Assaut", Sony Music France, le comit� IDAHO et le C.R.A.N., dont je salue l'engagement de Louis-Georges TIN, son pr�sident, par lequel le groupe "Sexion d?Assaut" s?engage � ne plus tenir de propos discriminants, � rencontrer les associations L.G.B.T. et celles militant contre les discriminations en g�n�ral, de distribuer � chaque spectateur de ces concerts un tract pr�nant des valeurs citoyennes de lutte contre l?homophobie et contre toutes les discriminations - c'est tr�s important qu'on ne fasse pas des cat�gories, les discriminations sont totales et globales - et de travailler sur un titre sp�cifique ou un �v�nement artistique d�fendant ces m�mes valeurs.

Compte tenu de ces excuses, de ces paroles et de ces engagements, je pense tr�s sinc�rement qu'il serait contreproductif d'emp�cher "Sexion d?Assaut" d'organiser des concerts � Paris. Cette interdiction serait mal comprise et risquerait de compromettre les engagements pris par le groupe et d'interrompre le dialogue n�cessaire et engag�. Ce dialogue, je le crois, peut servir d'exemple et de p�dagogie.

Il nous faut, au contraire, prendre le groupe "Sexion d?Assaut" au mot et saisir cette occasion pour attirer l'attention du public et des artistes sur la n�cessit� d?unir nos forces et de ne jamais rel�cher nos efforts de la lutte contre l?homophobie et contre toutes les formes de discrimination.

Oui, l'un des leaders de ce groupe a prononc� des paroles scandaleuses, mais je pr�f�re retenir le fait que le groupe, non seulement s?est excus�, mais s'engage dor�navant pour lutter concr�tement contre toute forme de discrimination, dont l?homophobie.

Pourquoi ne devrait-on pas leur en donner acte ? Au nom de quoi ne devrions-nous pas leur faire confiance et leur reconna�tre le droit d?�voluer et d?entra�ner avec eux d?autres jeunes qui ont pu partager le m�me type de pr�jug�s et utiliser le m�me vocabulaire, sans conna�tre vraiment la racine et le sens des mots ?

Appuyons-nous sur cette d�marche lucide et courageuse pour faire progresser la lutte contre les discriminations, plut�t que d'enfermer ces jeunes dans une forme de censure � perp�tuit�, au motif que l'un d'eux aurait, un jour, gravement d�rap� !

Au nom de l'Ex�cutif municipal, je vais donc vous proposer de voter un v?u qui condamne fermement les propos homophobes tenus par le groupe pr�c�demment mentionn�, prend acte de ses excuses et de ses engagements en faveur de la lutte contre l?homophobie et l'ensemble des discriminations et l'invite � mettre en ?uvre l'ensemble de ses engagements lors de ses prochains concerts � Paris.

Par ailleurs, ce v?u de l'Ex�cutif, dans la continuit� du v?u propos� par le pr�sident Ian BROSSAT, les �lus du groupe Communiste et les �lus du Parti de Gauche et en particulier Alexis CORBI�RE, propose que soit organis� � Paris un �v�nement d�di� � la lutte contre les discriminations et pour la diversit�.

A ce stade, je pense qu'il faut rester ouvert sur le format de cet �v�nement qui pourrait ne pas se limiter � la musique et qui pourrait s'adosser � une initiative existante dans le domaine de la lutte contre les discriminations et pour la promotion de la diversit�.

Je pense en particulier au projet d�fendu par Yamina BENGUIGUI, adjointe au Maire de Paris en charge des droits de l?Homme et de la lutte contre les discriminations, et Pascale BOISTARD, adjointe en charge de l?int�gration et des �trangers non communautaires, et aux initiatives en cours ou � venir de l?association "SOS Racisme" et, par ailleurs, de l?association "Hip Hop Citoyens", organisatrice du festival "Paris Hip Hop".

Permettez-moi aussi quand m�me de faire juste un commentaire : qui n'a pas, parmi nous, dans sa jeunesse ou dans sa maturit�, tenu un jour des propos homophobes ? Souvenez-vous du d�bat sur le P.A.C.S. � l'Assembl�e nationale en 1998 et des d�rapages de nombreux d�put�s !

Si le groupe Communiste et des �lus du Parti de Gauche accepte le v?u que je vais pr�senter, je leur proposerai, au nom de l'Ex�cutif, de retirer le sien.

Le v?u serait le suivant : "Consid�rant les propos homophobes tenus par un membre du groupe "Sexion d?Assaut" dans le magazine international "Hip Hop" en juin 2010,

Consid�rant les excuses faites par le groupe "Sexion d?Assaut" par un communiqu� du 28 septembre 2010,

Consid�rant l'accord entre le groupe "Sexion d?Assaut", Sony Music France, le comit� IDAHO et le C.R.A.N. du 7 octobre 2010, par lequel le groupe s'engage � ne plus tenir de propos discriminants, � rencontrer les associations L.G.B.T?

Mme Olga TROSTIANSKY, adjointe, pr�sidente. Monsieur GIRARD, je crois que tout le monde a le v?u.

(Les �lus acquiescent).

M. Christophe GIRARD, adjoint. - C'�tait juste pour redire les mots. Je sais que le Maire y tenait, mais je vous comprends, Madame la Maire, le temps presse.

Mme Olga TROSTIANSKY, adjointe, pr�sidente. Monsieur BROSSAT, acceptez-vous, suite � la proposition de M. GIRARD, de retirer votre v?u, le v?u n� 29, au profit du n� 29 bis ?

M. Ian BROSSAT. - J'ai �videmment entendu les arguments de Christophe GIRARD.

Je suis convaincu d'une chose, c?est qu?en tout �tat de cause, nous n?aurions obtenu ni les excuses ni les engagements du groupe "Sexion d?Assaut" s?il n'y avait pas eu toute une s�rie de concerts en province qui avait �t� annul�e. C'est cette pression qui a permis d'aboutir � la situation que l?on conna�t aujourd'hui. J'assume donc parfaitement le fait d'avoir demand� que les concerts qui devaient avoir lieu en province soient annul�s, on a eu raison de le faire ; sinon, on n?aurait strictement rien obtenu.

J?accepte de retirer ce v?u et je voterai avec enthousiasme le v?u de l'ex�cutif, mais continuons � rester extr�mement vigilants et � veiller � ce que tous les engagements pris par ce groupe soient tenus !

Je vous remercie.

(Applaudissements sur les bancs de la majorit�).

Mme Olga TROSTIANSKY, adjointe, pr�sidente. - Merci.

Madame FOURNIER, vous avez la parole pour une explication de vote.

Mme Danielle FOURNIER. - Je souhaitais revenir sur le v?u tel que l'avait pr�sent� Ian, mais comme il l'a retir�, je vais faire tr�s vite parce que je voulais ajouter un �l�ment au d�bat.

La position des �lus municipaux est-elle de faire des listes d'artistes que l'on doit voir, d'?uvres que l'on doit entendre... Est-ce que l?on doit justement s'engager dans cette direction ?

La vigilance, nous sommes absolument pour.

La condamnation des propos homophobes avec la grande fermet�, telle que l?a manifest�e Christophe GIRARD, nous l'appuyons et nous faisons de m�me.

Mais nous pensons qu'il faut �viter de se lancer dans la r�daction de listes et la stigmatisation de groupes en tant qu'�lus municipaux. En tant que mouvement politique, par ailleurs, nous pouvons intervenir mais, ici, dans l'enceinte de la Ville, devons-nous conduire la Ville � prendre position sur chacun des propos tenus dans chacun des concerts ? C'est quelque chose qui m�rite d'�tre r�fl�chi, au-del� de cette position de principe.

Je voudrais ajouter aussi qu'il existe dans le 18e un festival qui s'appelle "L?�gal festival" qui commence samedi au centre musical Fleury Barbara-Goutte d?Or. "L?�gal festival" est un festival de musique qui lutte contre les discriminations, donc on peut aussi penser lui donner une dimension plus grande.

Mme Olga TROSTIANSKY, adjointe, pr�sidente. - Merci.

Juste un mot de M. BROSSAT et de M. Jean-Pierre CAFFET et on passe au vote.

M. Ian BROSSAT. - Manifestement, Daniel FOURNIER avait envie d?ouvrir le d�bat, donc je lui r�ponds.

Franchement, ce que vous dites m?atterre ! Je trouve cela atterrant parce que nous n'aurions jamais eu ce d�bat si, au lieu de dire "je suis 100 % homophobe", le chanteur de "Sexion d?Assaut" avait dit "je suis 100 % antis�mite". Jamais !

(Mouvements de protestation dans l'h�micycle).

Et jamais vous ne vous seriez permis de dire qu'il s'agissait de l'expression d'une opinion.

L?homophobie, Madame FOURNIER, ce n'est pas une opinion, c?est un d�lit qui est condamn� par la loi.

(Applaudissements sur les bancs des groupes Communiste et �lus du Parti de Gauche, socialiste, radical de gauche et apparent�s et "Les Verts").

A ce titre, avant les engagements pris par le groupe "Sexion d?Assaut", il �tait parfaitement l�gitime de notre part, de la part d'�lus, de demander l'annulation de ces concerts.

Donc, je l'assume une fois de plus parfaitement et enti�rement et vous auriez mieux fait, en l'occurrence, de ne pas rouvrir ce d�bat.

Mme Olga TROSTIANSKY, adjointe, pr�sidente. Monsieur Jean-Pierre CAFFET ?

M. Jean-Pierre CAFFET, adjoint. - Merci, Madame la Maire.

Dans ce d�bat - et l�, je suis en d�saccord avec Mme FOURNIER -, il n'a jamais �t� question pour la Municipalit� de dresser une liste noire d'artistes, quelle que soit d'ailleurs leur activit�. Il n'a jamais �t� question d'�tablir une liste qui serait la base d'une sorte d'index.

La question qui �tait pos�e ...

(Mouvements divers dans l'h�micycle).

La question pos�e �tait de savoir si la Municipalit� accordait une salle municipale � ce groupe qui avait - c?est vrai, quand m�me ! - d�fray� la chronique. Le probl�me �tait circonscrit � cela : devait-on ou non accueillir ce groupe dans une salle municipale ?

Beaucoup de municipalit�s en France ont eu des r�ponses diff�rentes mais il est vrai qu'il y en a un certain nombre, voire un grand nombre qui ont pr�f�r� ne pas les accueillir.

Tr�s franchement, je propose qu'on en reste l�.

Mais mon groupe en tout cas ne rentrera jamais dans une d�marche consistant � dire : "cela, on peut �couter et cela, on ne peut pas �couter ; cela doit �tre mis � l'index et cela ne doit pas �tre mis � l'index." La question pos�e �tait de savoir si on les accueillait, je le r�p�te encore une fois et j?en terminerai l�, dans une salle municipale ou non, qui est quand m�me de la responsabilit� de la Municipalit�, et sur l'utilisation de laquelle les �lus ont tout � fait le droit de s'exprimer.

Mme Olga TROSTIANSKY, adjointe, pr�sidente. - Le v?u n� 29 est retir�.

Je mets donc aux voix, � main lev�e, le projet de v?u d�pos� par l'Ex�cutif.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

Le projet de v?u est adopt� � l'unanimit�. (2010, V. 254).

Octobre 2010
Débat
Conseil municipal
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