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2010, VI - Question d'actualité de M. Georges SARRE à M. le Préfet de police relative à la sécurité des lycéens mobilisés pour la défense des retraites.


M. LE MAIRE DE PARIS. - La parole est � M. Georges SARRE pour sa question.

M. Georges SARRE, adjoint. - Monsieur le Maire, Monsieur le Pr�fet de police, il m'est arriv� de rappeler que vous n'�tes pas ici le repr�sentant de l'Etat mais l'autorit� de police municipale.

Dans une situation particuli�re, qui est celle d'une forte mobilisation sociale, vous me permettrez de vous poser des questions auxquelles, j'imagine, vous me r�pondrez en puisant tant dans vos pr�rogatives de police nationale que municipale.

Nous n'allons pas reproduire ici le d�bat sur les retraites, ce d�bat, qui a lieu insuffisamment d'ailleurs au Parlement et qui n'a pas vraiment lieu, c'est bien le probl�me, avec les organisations syndicales repr�sentatives des salari�s.

Ma question porte sur les moyens de garantir la s�curit� des lyc�ens, mobilis�s pour d�fendre les retraites. La seule r�ponse des pouvoirs publics ne saurait �tre les propos partisans d�non�ant leur participation � la r�sistance sociale ou leur suppos�e instrumentalisation.

La r�ponse de l'Etat ne saurait �tre non plus des attitudes excessivement muscl�es, avec des cons�quences graves comme on l'a vu r�cemment � Montreuil.

Je souhaiterais donc avoir des pr�cisions sur trois points, Monsieur le Pr�fet de police.

Premi�rement, pouvez-vous nous �clairer sur la doctrine d'emploi des forces de maintien de l'ordre vis-�-vis de ce public particulier, aux moyens d'action mal encadr�s et � la vuln�rabilit� forte ? Quelles garanties prenez-vous pour �viter des bless�s, ou pire encore, dans les rangs de notre jeunesse ?

Deuxi�mement, en dehors des manifestations proprement dites, quelles mesures prenez-vous pour encadrer, ne serait-ce que du point de vue de la circulation automobile, les rassemblements devant les lyc�es ? Les groupes de lyc�ens, d�bordant sur la chauss�e, peuvent � tout moment �tre renvers�s par une voiture ou pire un poids lourd. Que pr�voyez-vous pour l'�viter ?

Troisi�mement, et plus globalement, je relaie ici la position de bon sens de la F.C.P.E., qui appelle les parents dans toute la mesure du possible, � accompagner les lyc�ens dans les manifestations et autres formes de mobilisation sociale. En effet, les mineurs sont plac�s sous l'autorit� de leurs parents, faut-il le rappeler ?

Je souhaiterais donc savoir si vous avez des discussions avec la F.C.P.E. et d'autres associations de parents d'�l�ves, ainsi que l'Acad�mie de Paris, pour faire passer ce message de prudence et de responsabilit� aux parents.

Mes chers coll�gues, je vous remercie.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci.

Monsieur le Pr�fet de police, vous avez la parole.

M. LE PR�FET DE POLICE. - Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les Conseillers, Monsieur le Ministre, vous m'interrogez, bien s�r, sur ce qui se d�roule actuellement et sur l'attitude de la Pr�fecture de police dans ces diff�rentes comp�tences, pour faire en sorte qu'� la fois la libert� d'expression puisse �tre pr�serv�e et que, d'autre part, la s�curit� des enfants, des lyc�ens le soit �galement.

Evidemment, je ne vais pas cacher, parce que n'importe quel sp�cialiste de l'ordre public dirait la m�me chose, que l'encadrement et la s�curisation des manifestations lyc�ennes est quelque chose de particuli�rement compliqu�, de particuli�rement risqu� et difficile.

Nous avons l'habitude, je l'ai dit souvent devant cette Assembl�e, d'�tre � l'origine et de faciliter l'exercice de la libert�. Je rappelle - je l'ai dit r�cemment � la presse - qu'il y a eu 3.780 manifestations sur la voie publique depuis le d�but de l'ann�e, c'est donc notre r�le de faire en sorte que le droit de manifester, qui est un droit dans notre pays, puisse s'exercer librement.

Il y a pour cela, n�anmoins, un certain nombre de r�gles qu'il faut respecter. Ces r�gles, on les conna�t, ce sont les r�gles de d�claration pr�alable, d'organisation de parcours en pr�voyant des sites de rassemblement avec une responsabilit� des organisateurs. C'est ce que nous faisons avec les grandes organisations syndicales, voire les partis politiques, bien s�r de fa�on permanente.

Il serait �videmment bien que les lyc�ens, que les �tudiants, puissent respecter ces r�gles, ce qui n'est pas toujours le cas. Et c'est le probl�me, notamment en ce qui concerne les actions de blocages des entr�es et sorties qui sont recens�es dans certains lyc�es. Il y avait ce matin � Paris 19 lyc�es bloqu�s, car on ne respecte pas le principe de libert� de participer ou de ne pas participer � un mouvement revendicatif, ce qui ne me parait pas tout � fait convenable dans un pays de libert�.

N�anmoins, nous sommes confront�s � cette question et mon directeur de cabinet est actuellement avec le Recteur, pour l'examiner, puisqu'il y a un partage de responsabilit�s.

Aujourd'hui m�me, j'ai pu lire comme vous dans un journal s�rieux le t�moignage du proviseur du lyc�e Sophie-Germain, qui consid�re que c'est de la responsabilit� de la police.

Je r�ponds que oui, la police, bien s�r, doit aider, mais il y a aussi d'autres partenaires. Hier soir, j'ai eu l'occasion, � 21 heures 30, d'appeler les services de la Ville, apr�s que l'on m?ait signal� que beaucoup de poubelles avaient �t� entrepos�es.

Je dois dire d'ailleurs que ces poubelles ont �t� rang�es. Je m'excuse de rentrer dans ces consid�rations assez pratiques, cependant c'est une chose sur laquelle il faut que l'on travaille en commun.

Lorsque les jeunes sont install�s avec les poubelles, qu'ils les font br�ler, c'est tr�s difficile. Ce proviseur, parce que c'est assez facile, reproche � la police de venir et de ne pas intervenir. Nous ne souhaitons pas non plus, ce qui nous est reproch� par ailleurs, tomber dans la provocation.

Nous avons ensuite, il s?en d�roule actuellement sur l?ensemble de l?agglom�ration, un certain nombre de cort�ges qui ne sont absolument pas d�clar�s.

Je r�ponds � votre pr�occupation sur la circulation, d'abord sur l'ordre public, pour �viter les d�gradations, puisqu'il y a malheureusement depuis ce matin un certain nombre de groupes qui se prom�nent dans l'agglom�ration parisienne, qui n'ont pas grand-chose � voir avec des lyc�ens.

Je le dis parce que nous devons, de fa�on tout � fait responsable, pr�parer ce qui pourra se passer demain.

Dans ces diff�rents cort�ges qui regroupent les �l�ves de l'agglom�ration parisienne se trouvent - je n'aime pas trop cette expression, mais elle correspond tout de m�me � la r�alit� - des casseurs qui n'ont pour seul objectif que de piller des magasins.

A Paris, pour le moment, il ne s?est pas pass� de choses graves, sauf qu'une vitrine de parfumerie a �t� cass�e tout � l'heure. Pour r�pondre � votre question, qui concerne la partie nationale des comp�tences de la Pr�fecture de police, nous proc�dons � des interpellations. Depuis ce matin, sur l'ensemble de l'agglom�ration, surtout dans les Hauts-de-Seine et la Seine-Saint-Denis, il y a eu une centaine d'interpellations.

Nous souhaitons �galement prot�ger dans ces actions les lyc�ens eux-m�mes puisque, je ne rappelle pas ce qui s'est pass� au moment du C.P.E. sur le Champ de Mars, mais compte tenu de l'attitude de certains, nous devons prot�ger les lyc�ens eux-m�mes.

Dans ce contexte, vous m'avez demand� quelles consignes j'ai pu donner. J'ai bien s�r relay� les consignes qui ont �t� rappel�es par le Ministre de l'Int�rieur par circulaire, par t�l�gramme vendredi dernier, en veillant bien � ce qu'il y ait une bonne ad�quation entre l'usage de la force et la n�cessit� du maintien de l'ordre, avec toutes les pr�cautions qui s'imposent, s'agissant de jeunes enfants, s'agissant de lyc�ens.

Je suis all� moi-m�me samedi matin � la Bastille et � Nation pour rencontrer les forces de police qui �taient sur place, pour rappeler toutes ces consignes.

Je m'honore beaucoup d'�tre le successeur de Maurice Grimaud, je cite toujours la lettre qu'il avait envoy�e, qui est un morceau d'anthologie sur la n�cessit� de se comporter avec beaucoup de mesure, notamment bien s�r dans le cadre de manifestations qui concernent des jeunes.

Je signale �galement au passage que, depuis le d�but des �v�nements, 25 policiers ont �t� bless�s. Je signale qu'� Joinville, un capitaine de police a �t� bless� parce qu'il s'est interpos� face � un v�hicule. La personne en cause est aujourd'hui d�f�r�e et sera sans doute emprisonn�e. La presse n'a �videmment pas parl� de cet incident.

En revanche, la presse a tout � fait bien fait de relayer ce qui s'est pass�, puisque vous l'avez �voqu�, je vous r�ponds, avec ce gar�on qui, malheureusement, a �t� bless� � Montreuil.

D�s que j'ai eu connaissance de cette affaire, j'ai saisi l'Inspection g�n�rale des services, qui travaille pour faire toute la lumi�re sur ce qui s'est pass� r�ellement � Montreuil.

Sachez, cela me donne l'occasion de m'excuser aupr�s de vous, que je suis reparti ce matin comme je vais repartir maintenant, pour suivre attentivement ce qui se passe, pour que la libert� puisse s'exercer dans notre pays mais pas au d�triment de la s�curit�.

Je redonne �videmment toutes consignes, tous conseils de prudence. Je dois dire d'ailleurs que lorsque je me suis d�plac� samedi matin, les organisations syndicales qui organisaient le d�fil�, sur notre recommandation, ont accept� d'encadrer les lyc�ens.

J'esp�re qu'il en sera de m�me, � seule fin que nous puissions faire respecter la libert� de manifester et surtout la s�curit�, tout particuli�rement des enfants, des adolescents de notre pays et de notre Ville.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci beaucoup, Monsieur le Pr�fet de police. J'ai appr�ci� cette r�ponse que je trouve tr�s s�rieuse et qui ressemble � la r�f�rence que vous avez cit�e, Maurice Grimaud. Je vous en remercie.

Octobre 2010
Débat
Conseil municipal
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