retour Retour

2010, III - Question d'actualité posée par le groupe Communiste et élus du Parti de Gauche à M. le Maire de Paris relative au mouvement contre le projet de réforme des retraites.


M. LE MAIRE DE PARIS. - La parole est � M. Ian BROSSAT pour la question d'actualit� du groupe Communiste et �lus du Parti de Gauche.

M. Ian BROSSAT. - Merci, Monsieur le Maire.

Chers coll�gues, il n'aura �chapp� � personne, sur ces bancs comme sur ceux de l'opposition municipale, que depuis plusieurs mois, la France est plong�e dans une situation sociale explosive, en r�action au projet de r�forme des retraites voulu par le Gouvernement. Les citoyens qui se mobilisent refusent de travailler toujours plus toute leur vie, pour gagner toujours moins � la retraite. Les rues de la capitale ont vu d�filer plus de 300.000 personnes � deux reprises pour la seule semaine derni�re. Les gr�ves dans les �tablissements publics et priv�s se multiplient et les initiatives de reconduction sont de plus en plus suivies.

Malgr� cela, le Pr�sident de la R�publique et son gouvernement s'enferment dans leur id�ologie de casse du syst�me des retraites par r�partition.

Le projet du Gouvernement programme une baisse de 20 % du pouvoir d?achat des retrait�s, avec une d�cote des pensions qui touchera particuli�rement les femmes et portera le droit � un minimum garanti � 67 ans au lieu de 60. Les salari�s, les �tudiants et les fonctionnaires parisiens se sont d�clar�s pr�ts � lutter jusqu'au bout contre cette r�forme ; ils ont raison.

Je ne m'�tendrai pas ici sur les raisons qui poussent des millions de citoyens � manifester, parfois plusieurs fois par semaine, contre ce projet de r�forme que le Ministre du Travail, entre deux scandales politico-financiers, cherche � imposer. Il me semble que chacun dans cet h�micycle aura eu l'occasion de se forger son id�e sur la fa�on dont le Gouvernement traite un mouvement soutenu par 70 % de la population fran�aise.

Vous le savez, Monsieur le Maire, les �lus Communistes et du Parti de gauche se sont fortement investis dans ce mouvement, aux c�t�s des manifestants parisiens et des travailleurs en gr�ve et vous avez, vous aussi, apport� votre soutien au mouvement social en cours.

D�sormais, ce sont les cheminots, les personnels des ports, de l'aviation civile, des raffinerie de p�trole, les routiers, les �tudiants et les lyc�ens, on en a d?ailleurs devant l?H�tel de Ville, mais aussi de plus en plus d?�coles qui se mobilisent et sont en gr�ve reconductible.

Parmi les agents de la Ville de Paris, ce sont plusieurs centaines, plusieurs milliers de personnes qui sont en gr�ve. Certains secteurs se sont engag�s � la reconduite de la gr�ve jusqu'� mercredi, d'autres jusqu'� vendredi. Leur action est courageuse, elle est surtout n�cessaire pour prot�ger les acquis sociaux les plus essentiels et aboutir, nous le souhaitons, � une r�forme des retraites juste et efficace qui ne verra ni reculer l'�ge de d�part ni allonger la dur�e de cotisation.

Notre r�le d'�lu est d'�tre � l'�coute du peuple et, si la Droite aux commandes de l'Etat, s'y refuse, pour ce qui nous concerne, �lus de la majorit� parisienne, nous continuons de soutenir de toutes nos forces les mouvements l�gitimes de protestation et de proposition.

Nous le devons d'autant plus que c'est aussi une fa�on de prot�ger les libert�s syndicales, si souvent attaqu�es dans les faits et notamment lorsque les salari�s ne peuvent assumer mat�riellement leur droit de gr�ve.

C'est pourquoi, et c?est ma question, Monsieur le Maire, nous souhaiterions conna�tre les modalit�s que notre Municipalit� pr�voit de mettre en ?uvre afin de permettre � ces agents d'exercer leur droit de gr�ve et de r�union.

Je vous remercie.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Je ne savais pas qu'il fallait demander la permission � l'employeur !

La parole est � Mme Ma�t� ERRECART.

Mme Ma�t� ERRECART, adjointe. - Ian BROSSAT l'a bien dit, effectivement, depuis le mois de juin la question de la r�forme des retraites mobilise fortement les salari�s. Le mouvement est grandissant et les agents de la Ville de Paris participent pleinement � cette mobilisation. Nombre d'entre eux sont en effet directement concern�s par les modifications pr�vues par le gouvernement.

S'agissant des m�tiers p�nibles, par exemple les �boueurs, les �goutiers, les fossoyeurs s'inqui�tent de leurs conditions de d�part en retraite qui peuvent �tre directement impact�es par une prise en compte de la p�nibilit� individualis�e et la reconnaissance d'une incapacit� personnelle.

S'agissant des femmes, et il y en a beaucoup � la Ville dans les m�tiers de l'enfance, du scolaire et de l'animation, l'adaptation d�risoire du Gouvernement concernant le d�part � 65 ans sans d�cote ne r�pondra pas aux in�galit�s constat�es pour les femmes.

L'alignement des cotisations sur le secteur priv�, au m�me moment o� le Gouvernement g�le le point d'indice et pr�serve les revenus les plus �lev�s gr�ce au bouclier fiscal, entra�ne aussi un fort sentiment d'injustice.

Enfin, le report de l'�ge de la retraite � 62 ans touche de plein fouet les carri�res longues. Nombre d'agents de cat�gorie C de la Ville seront ainsi p�nalis�s.

Cette mobilisation, comme l?a dit Ian BROSSAT, ne nous est �videmment pas indiff�rente et, Monsieur le Maire, vous, les �lus de la majorit� municipale, et moi-m�me avons manifest� en nombre et � de multiples reprises aux c�t�s des syndicats et des salari�s.

Devant la prolongation des �v�nements et � la demande de certaines organisations syndicales, j'ai d�cid�, d'une part, de reporter la tenue des instances paritaires afin que la situation des agents puisse �tre examin�e sereinement apr�s le d�bat sur les retraites. Je me suis assur�e, de surcro�t, que les organisations syndicales puissent tenir des assembl�es g�n�rales et informer ainsi les agents des enjeux de cette r�forme. Par ailleurs, et conform�ment � la tradition de cette Ville, si nous ne revenons pas sur le principe de retenue sur salaire, pendant citoyen � l'acte de mobilisation, je me suis assur�e que ces retenues puissent �tre �tal�es. J'ai conscience que les agents qui participent au mouvement font de gros sacrifices et j'esp�re que, tr�s rapidement, enfin, le Gouvernement va entendre la voix des gr�vistes et des manifestants et va entendre la voix de la raison :

- pour une v�ritable reprise des n�gociations avec les syndicats ;

- pour une v�ritable prise en compte de la p�nibilit� du travail ;

- pour des mesures de justice sociale pour que tous les efforts ne p�sent pas sur les agents et les revenus du travail ;

- et, enfin, pour des dispositions qui pourront r�ellement r�duire les in�galit�s constat�es entre les hommes et les femmes.

M. LE MAIRE DE PARIS. - Excellente r�ponse qui a dit beaucoup de choses en dessous du temps r�glementaire. Pardonnez-moi, je suis un peu comptable !

Octobre 2010
Débat
Conseil municipal
retour Retour