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16 - 1999, DLH 125 - Autorisation à M. le Maire de Paris de déposer une demande de permis de démolir visant un immeuble à usage d'habitation et de commerce situé 124, boulevard de Ménilmontant (20e)


M. G�rard LEBAN, adjoint, pr�sident. Nous passons � l'examen du projet de d�lib�ration DLH 125 autorisant M. le Maire de Paris � d�poser une demande de permis de d�molir visant un immeuble � usage d'habitation et de commerce situ� 124, boulevard de M�nilmontant, dans le 20e arrondissement.
Je donne la parole � Mme BILLARD.
Mme Martine BILLARD, �lue "Les Verts". - Merci, Monsieur le Maire.
Le Conseil du 20e arrondissement a rejet� ce projet de d�lib�ration. Comme vous l'indiquiez, l'abandon de l'�largissement de voirie a �t� inscrit dans cette d�lib�ration. Nous ne pouvons donc que nous en f�liciter. Dans ces conditions, la d�molition de cet immeuble n'est plus justifi�e par ce projet qui �tait plus que discutable.
L'immeuble appartient � la Ville, qui l'a consciencieusement laiss� se d�grader. Aujourd'hui, vous arguez de cette d�gradation pour justifier sa d�molition. Si l'�lectricit� est hors normes, c'est bien parce que la Ville n'a pas effectu� les travaux n�cessaires. Le d�labrement de la plomberie est aussi li� � ce manque d'entretien.
Ce Conseil fustige r�guli�rement les propri�taires priv�s - et, Monsieur BULT�, vous venez encore de le faire � propos des d�lib�rations sur la loi "Vivien" - qui n'entretiennent pas leurs biens et obligent ensuite la Ville � proc�der � l'utilisation de cette loi, mais ce qui est condamnable lorsqu'il s'agit du secteur priv� est encore plus condamnable lorsqu'il s'agit d'une collectivit� publique !
L'�tat de cet immeuble permet tout � fait une r�habilitation. Pourquoi donc le d�molir ?
Vous proposez la r�habilitation du 4, rue des Panoyaux, en P.L.A. Il doit en �tre de m�me pour cet immeuble et non sa d�molition pour le remplacer, de plus, par des P.L.I.
Par ailleurs, des familles avec enfants habitent dans cet immeuble. Vous nous proposez froidement de mettre ces familles � la rue. Allez-vous les reloger comme d'habitude dans des h�tels qui co�tent une fortune � la Ville ou comptez-vous les transformer en S.D.F. ?
Ne serait-il pas plus logique de prendre en compte la situation de ces familles et de les reloger directement dans le logement social ?
Nous vous demandons donc de refuser cette d�molition, d'effectuer les �tudes n�cessaires � la r�habilitation de cet immeuble et de mettre en oeuvre les proc�dures de relogement des familles concern�es.
Ceci signifierait donc le retrait de cette d�lib�ration de l'ordre du jour jusqu'� ce que les points que je viens de citer soient effectifs.
Sinon, nous voterons contre.
Merci.
M. G�rard LEBAN, adjoint, pr�sident. - Merci, Madame.
Je vais donner la parole � M. BLET.
Pr�alablement, je rappelle que le Conseil d'arrondissement a donn� un avis favorable � la majorit� dans sa s�ance du 5 juillet.
La parole est � M. BLET.
M. Jean-Fran�ois BLET. - Monsieur le Maire, dans votre communication sur la politique de la ville de Paris en faveur de la r�habilitation des immeubles communaux, vous vantez la qualit� d'un patrimoine urbain qui, je vous cite, "plonge dans les racines villageoises et rurales de la Capitale".
Or, en d�livrant un permis de d�molir visant un immeuble de 5 �tages, propri�t� de la Ville, au 124, boulevard de M�nilmontant, vous ne craignez pas d'entrer en contradiction avec vos louables propos. Vous attaquez en effet par ce geste, qui rev�t certainement pour vos services un caract�re anodin et, h�las, encore routinier, le patrimoine que vous pr�tendiez respecter. M�nilmontant repr�sente l'un des quartiers les plus symboliques de ce patrimoine. Son d�cor constitu� d'une architecture faubourienne encore relativement homog�ne, malgr� quelques scandaleux coups de boutoir, participe au charme et � l'identit� du "M�nilmuche" bigarr� et festif tant appr�ci� des Parisiens.
Quelle bonne raison justifie cette d�molition provocatrice au d�triment d'une r�habilitation respectueuse de l'essence de ce lieu ?
Une raison pr�tendument financi�re, ce qui est cens� tout absoudre et serait synonyme de bon sens, voire de sagesse de grand singe. L'expos� des motifs pr�cise donc que de nombreuses fuites ont fragilis� les structures de l'immeuble, ce qui �carte tout projet de r�habilitation en raison des co�ts exorbitants des travaux n�cessaires, et en flagrante contradiction avec le dossier technique �tabli par vos services, qui n'est, lui, gu�re disert et mentionne � peine un mauvais �tat de l'immeuble, presque un �loge quand on conna�t la s�v�rit� de leur jugement. Le montant d'une �ventuelle r�habilitation n'est d'ailleurs pas pr�cis�. Une visite sur place ne permet pas de d�celer quelconque trace de fuite. De quoi �veiller notre perplexit�.
Mais surtout, l'immeuble promis � la d�molition est une des innombrables victimes de la razzia pr�emptrice de la Ville de Paris. Le casus belli qui a valu cette agression municipale fut une r�serve de voirie qui visait � �largir la rue des Panoyaux. Quel �largissement ! Entre la chauss�e de la rue des Panoyaux et le 124, boulevard de M�nilmontant, il y a une bonne vingtaine de m�tres ! Pas moins de trois parcelles distinctes, de quoi cr�er un magnifique axe rouge ou une mini-Concorde � 80 % pi�tonne !
L'absurdit� de cet �largissement finit tout de m�me par vous �tre r�v�l�e et une tardive sagesse vous incite � y renoncer. Le temps que les immeubles pr�empt�s pourrissent sur pied alors qu'ils �taient, avant l'intervention municipale, en bon �tat. Le temps aussi de faire croire aux habitants du 6, rue des Panoyaux, en fond de parcelle, que lorsque le b�timent sur rue sera d�truit, ils b�n�ficieront d'un grand jardin. Le temps enfin que les b�timents situ�s au 2, rue des Panoyaux, 128 et 130, boulevard de M�nilmontant, soient d�molis. On retrouve dans cette funeste chronologie la vieille logique des Z.A.C. qui proc�de par h�catombe progressive en faisant tomber en cascade tels des dominos les immeubles pour d�truire le parcellaire et le densifier.
M�thodologiquement, cette op�ration est dans la droite ligne des op�rations chiraquiennes de table rase...
(Protestations sur les bancs des groupes "Rassemblement pour Paris" et "Paris-Libert�s").
Elle d�note une fois de plus l'incapacit� cong�nitale de l'O.P.A.C. � piloter des op�rations respectueuses de l'existant, sa boulimie parcellaire, son refus de l'urbanisme � dimension humaine, sa pr�dilection pour les grosses op�rations b�tonneuses alors m�me que la S.A.G.I. s'essaye depuis peu, modestement, sur quelques op�rations, � cette nouvelle approche plus humaine que vous �tes cens� promouvoir.
La lev�e de la r�serve de voirie et le nouveau projet d'am�nagement retenu pour les b�timents pr�empt�s de chaque c�t� de la rue des Panoyaux seront soumis � une enqu�te publique pr�alable. Or, cette enqu�te n'a pas d�but�, elle ne fait que se profiler � l'horizon et, quelle que soit son issue, le sort du 124, boulevard de M�nilmontant est, de toute fa�on, d'ores et d�j� scell�. Celui du 126, charmant petit immeuble R + 2, �galement.
Pour justifier cette pr�cipitation destructrice, le projet enfonce le clou : la d�gradation est avanc�e et irr�m�diable ! Cela ne se discute pas ! Surtout pas au cours d'une enqu�te publique ! Quel bel esprit de concertation ! Quel respect du patrimoine et des proc�dures !
Monsieur le Maire, le Paris Village populaire enfin encens�, c'est �mouvant ! Mais si vos �crits et vos paroles peuvent avoir des parfums de sinc�rit�, vos actes dissipent malheureusement ces trompeuses fragrances. Il ne suffit pas de s'approprier telle ou telle op�ration de r�habilitation ayant germ� dans le fertile terreau citoyen et non dans l'aride fange technocratique pour devenir le protecteur av�r� de la Capitale. Ces op�rations ponctuelles, pour l'heure, ont tout juste �vit� que les catastrophes d�clench�es ne prennent des allures de cataclysme. La peu glorieuse Z.A.C. "des Amandiers" constitue le parfait exemple de ces sauvetages d�sesp�r�s, par un zeste de r�habilitation en phase terminale.
Effort m�ritoire et sympathique, mais au nom de quoi pouvez-vous alors cautionner � cinquante m�tres de la limite de cette Z.A.C., les scandaleuses pratiques que vous pr�tendez renier ?
Pour �tre vraiment cr�dible dans ce r�le de protecteur, il faudrait enfin passer d'une craintive approche ponctuelle � une approche globale plus syst�matique et plus g�n�reuse.
Nous voterons contre la destruction du 124, boulevard de M�nilmontant, qui est parfaitement r�habilitable.
M. G�rard LEBAN, adjoint, pr�sident. - Merci, Monsieur.
Je vais donner la parole � Mme GOURIOU en corrigeant ce que j'ai dit tout � l'heure, il y avait une coquille, c'�tait bien un avis d�favorable de Mme BILLARD.
Mme Martine BILLARD, �lue "Les Verts". - Merci.
Mme Marie-France GOURIOU. - Monsieur le Maire, mes chers coll�gues, ce dossier aurait d�j� d� �tre examin� en Conseil d'arrondissement le 18 mai dernier mais il a �t� repouss� � la demande des �lus du 20e car des probl�mes majeurs pos�s restaient sans r�ponse. Examin� le 5 juillet dernier, vous venez de le dire, Monsieur le Maire, le Conseil du 20e arrondissement a vot� contre.
Ce b�timent situ� 124, boulevard de Belleville � Paris 20e ne faisant l'objet ni d'un arr�t� de p�ril ni d'une interdiction d'habitation, nous aurions bien s�r pr�f�r� qu'il soit r�habilit�.
La d�molition �tant maintenue ce jour, je souhaite appeler l'attention de l'Assembl�e sur la situation des occupants sans titre qui vivent sur le site depuis 1985, soit depuis pr�s de 15 ans. Pour des raisons humanitaires - d'autant que cet immeuble qui compte 14 studios et un commerce, abrite des personnes atteintes de saturnisme - il nous est apparu tr�s important de pr�voir leur relogement d�finitif. C'est cette garantie que nous demandons aujourd'hui.
En l'absence d'une solution de relogement ferme nous voterons contre ce projet.
(Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste).
M. G�rard LEBAN, adjoint, pr�sident. - Merci, Madame.
La parole est � M. BULT� pour r�pondre aux orateurs.
M. Michel BULT�, adjoint, au nom de la 6e Commission. - Merci, Monsieur le Maire.
J'ai �cout� le plaidoyer de M. BLET. A chaque fois que nous pouvons le faire, il le sait bien, nous r�habilitons, mais il y a des cas o� nous ne pouvons pas r�habiliter. Donc je crois qu'il faut aussi �tre raisonnable, quand un immeuble est consid�r�, y compris par la Pr�fecture, en situation d'insalubrit� totale et irr�m�diable, on ne peut pas, bien entendu, faire autrement que le d�molir.
En ce qui concerne les probl�mes de logement, �voqu�s par notre coll�gue � l'instant m�me, et �galement d'ailleurs par Mme BILLARD, je tiens � leur r�pondre d'une mani�re tr�s pr�cise et tr�s ferme, il est �vident que nous allons dans cette op�ration examiner l'ensemble des demandes de logement et des occupants et ils recevront tous des propositions de relogement. Voil� ce que je voulais dire, Monsieur le Maire.
M. G�rard LEBAN, adjoint, pr�sident. - Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DLH 125.
Qui est pour ?
Contre ?
Abstentions ?
Le projet de d�lib�ration est adopt�. (1999, DLH 125).

Juillet 1999
Débat
Conseil municipal
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