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21 - 1999, DGIC 6 - Subvention à l'association "Cité de la presse" (1er) pour l'organisation d'une exposition sur l'histoire et l'avenir de la liberté de la presse. - Autorisation à M. le Maire de Paris de signer la convention correspondante. - Montant : 6.000.000 F


M. Pierre GABORIAU, adjoint, pr�sident. - Nous passons � l'examen des affaires de la 1�re Commission. Nous commen�ons par le projet de d�lib�ration DGIC 6 relatif � une subvention � l'association "Cit� de la presse" pour l'organisation d'une exposition sur l'histoire et l'avenir de la libert� de la presse. - Autorisation � M. le Maire de Paris de signer la convention correspondante - Montant : 6.000.000 F.
La parole est � Mme TAFFIN.
Mme Beno�te TAFFIN, maire du 2e arrondissement. - Merci, Monsieur le Maire.
Nous ne sommes pas du tout hostiles � cette manifestation qui doit �tre organis�e pour trois mois dans les locaux du Palais Brongniart, mais nous trouvons cette op�ration hors de prix, 6 millions de francs pour trois mois, c'est tr�s cher. Jean-Christophe AVERTY, une fois de plus, a vu grand.
Dans cette affaire, quel est l'engagement financier de la F�d�ration nationale de la Presse fran�aise ? Les mieux plac�s pour d�fendre la libert� de la presse, th�me de l'exposition, c'est la presse elle-m�me, garante de son ind�pendance plut�t qu'une collectivit� quelle qu'elle soit.
En l'�tat actuel des informations que nous avons sur ce dossier, et bien que nous nous r�jouissons de voir s'animer la Bourse, nous nous abstiendrons.
Merci, Monsieur le Maire.
M. Pierre GABORIAU, adjoint, pr�sident. - Je donne la parole � Mme BACHE.
Mme Soizik MOREAU. - Je la remplace.
L'association Cit� de la Presse se voit octroyer une subvention tr�s importante, 6 millions de francs, alors qu'elle a �t� cr��e en mars 1999.
Il s'agit d'une association ad hoc dont l'objectif est d'organiser un des �v�nements labellis�s par la mission Paris 2000.
Avant de discuter du contenu de cette manifestation, permettez-moi d'exprimer ma surprise devant la somme allou�e. J'avais cru comprendre que les manifestations de l'an 2000 seraient n�cessairement limit�es dans leur ambition du fait de l'obligation de recourir au sponsoring ou au m�c�nat.
Or cette subvention vient s'ajouter aux concours ext�rieurs ; �norme budget pour une petite structure puisque l'association n'emploie qu'une secr�taire.
O� en est la recherche du m�c�nat pour 1,5 million de francs ?
D'o� viennent les 6 millions de francs annonc�s comme provenant de la couverture m�diatique ?
Pourquoi d�penser 370 millions de francs de frais de r�ception et d'inauguration, 300.000 F de frais de cr�ations d'�v�nements, vers�s sans doute � une agence et plus de 300.000 F d'honoraires pour le commissaire de l'exposition alors que l'�quilibre de l'op�ration n'est pas acquis ?
Une exposition sur la libert� de la presse, pourquoi pas ? Oui, mais � condition que le projet soit fiable, ce qui, me semble-t-il, n'est pas le cas.
Je remarque que l'expos� des motifs annonce une exposition consacr�e � la libert� de la presse dans le monde contemporain, alors que le sch�ma contenu en annexe 2 ne parle que de la presse en France.
Ensuite, � l'int�rieur m�me de ce sch�ma, plusieurs formulations laissent songeur l'historien.
Je passe sur l'orthographe estropi�e du nom d'Henri Rochefort pour arriver au plus grave : la Commune supprime les rep�res de la presse.
Voil� la Commune que la Ville honore lors de ce m�me Conseil, devenue liberticide.
Soyons s�rieux ! Combien de journalistes et de pamphl�taires parmi les proscrits et les fusill�s ? De quel c�t� �tait la censure ?
Derni�re erreur : 1944. La presse clandestine sauve l'honneur. Si elle l'a sauv�, c'est pr�cis�ment parce qu'elle a tenu t�te � l'occupant bien avant 1944.
Une fois �voqu�es ces imperfections, je constate que cette �poque est pr�sent�e comme un p�le de la Francophonie alors que rien ne vient �tayer cette affirmation.
L'adjoint au Maire de Paris charg� de la Francophonie a-t-il �t� consult� sur ce dossier ?
Pourquoi n'avoir pas pr�vu un v�ritable espace d�volu � l'histoire de la presse francophone dans le monde, � ses difficult�s � s'affirmer dans les pays francophones du Tiers-monde o� la libert� est musel�e en ce domaine ?
Pourquoi ne pas imaginer que l'on puisse trouver, lors de cette manifestation, les journaux francophones qui sont habituellement absents des kiosques parisiens ?
Il est en effet impossible ou presque d'acheter un quotidien qu�b�cois ou africain - la presse tunisienne n'arrive plus - et trouver un hebdomadaire suisse ou belge rel�ve de la gageure, ceci alors m�me que les quotidiens scandinaves, grecs, russes sont accessibles chaque jour, heureusement d'ailleurs.
En conclusion, les �lus du Mouvement des citoyens s'abstiennent de voter cette subvention. Ils souhaitent vivement, si le projet voit le jour, que la partie consacr�e � la francophonie ait une ampleur qui soit � la hauteur du r�le que doit jouer la Capitale de la France dans ce domaine.
Je vous remercie.
(Applaudissements sur les bancs des groupes du Mouvement des citoyens, socialiste et communiste).
M. Pierre GABORIAU, adjoint, pr�sident. - La parole est � M. LE GARREC.
M. Alain LE GARREC. - Merci, Monsieur le Maire.
Dans le cadre des festivit�s de l'an 2000 que la Ville entend promouvoir, vous pr�sentez une d�lib�ration par laquelle une subvention de 6 millions de francs est vers�e � l'association qui vient d'�tre cr��e pour l'occasion.
De quoi s'agit-il ? Les dates sont importantes.
Organis�e pendant le premier semestre 2000 et durant trois mois, une exposition interactive consacr�e � l'histoire et � l'avenir de la libert� de la presse dans les locaux vacants du Palais Brongniart. Jusque l�, aucun probl�me, je dirai m�me plus que ce qui est pr�vu me semble tr�s int�ressant.
Mon intervention traitera donc un peu du fond mais surtout de la forme.
Sur le fond, la d�lib�ration ne pr�sente aucun interlocuteur � part le Pr�sident de l'Association, fort estimable, ni participant alors que des travaux pr�liminaires ont d�j� �t� engag�s � hauteur de 290.000 F.
Les quelques journalistes que j'ai pu interroger ne sont gu�re au courant. Vous nous indiquez la participation de la F�d�ration nationale de la presse fran�aise mais vous ne parlez pas du Syndicat de la presse parisienne.
Sur la forme, le budget global pr�vu est de 13.950.000 F r�partis de la fa�on suivante :
- �tudes pr�liminaires d�j� nomm�es : 290.000 F ;
- frais de fonctionnement : 650.000 F ;
- cocktail d'inauguration pour 1.500 invit�s : 425.000 F ;
- promotion : 7.327.000 F dont 6 millions de francs de couverture m�diatique.
Enfin, et pour terminer, r�alisation de l'exposition : 5.250.000 F, c'est-�-dire 42 % du budget en incluant les frais de fonctionnement.
Comme cette exposition a un caract�re p�dagogique, j'esp�re que ce budget sera expos�. Il sera presque caricatural du XXe si�cle.
Sur un budget de plus de 13 millions de francs la Ville verse r�ellement 6 millions de francs, le reste est virtuel car la couverture m�diatique correspond � une �valuation et � des dons que la presse fera � la Ville par l'interm�diaire de son logo.
Naturellement, je m'interroge et vous interroge sur cet apport qui entre dans un budget mais ne fera pas l'objet de facturation.
De plus, et vous le dites dans la d�lib�ration, comme cette exposition aura le label "Paris 2000", les supports d'information municipaux seront mis � la disposition de l'association. La communication est donc l� particuli�rement importante. Elle est d'ailleurs pratiquement le principal objet de la subvention.
Ce montage permet � la Ville de s'exon�rer des appels d'offres pour les diff�rents prestataires puisque l'association n'aura pas l'obligation d'en faire. En cas d'incident, la Ville pr�voit de ne payer qu'au prorata de ce qui aura �t� d�pens� mais sans nous dire ce qui se passera si l'association commet des erreurs et il n'y a de plus aucune clause concernant un �ventuel d�ficit.
Monsieur le Maire qui, dans cette affaire, prend un risque ? La Ville puisqu'elle seule apporte de l'argent sonnant et tr�buchant.
Pourquoi passer par une association qui n'apporte rien ? Pourquoi cette manifestation n'est-elle pas organis�e par la D.G.I.C. ? Elle a le savoir-faire, les contacts de presse et de plus la D.G.I.C. pourrait faire des appels d'offres, ce qui donnerait beaucoup plus de transparence.
Si vous nous demandez un avis sur l'objet de cette d�lib�ration, la r�ponse du groupe socialiste et apparent�s est positive car le projet est un bon projet et cette utilisation du Palais Brongniart, pour en faire un mus�e de la presse et des m�dias est une excellente piste. Un mus�e de la presse est une tr�s vieille id�e du 52, rue de l'Arbre-Sec que je connais bien.
Si vous demandez d'approuver le montage financier qui consiste � donner 6 millions de francs sans que nous sachions exactement pourquoi, mais aussi d'approuver un apport non v�rifiable, non contr�lable, de plus de 7 millions de francs de ces couvertures m�diatiques, la r�ponse du groupe socialiste et apparent�s est n�gative.
Donc, nous nous abstiendrons sur cette d�lib�ration dont l'objet est bon mais la forme financi�re particuli�rement critiquable.
(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste, communiste et du Mouvement des citoyens).
M. Pierre GABORIAU, adjoint, pr�sident. - Je donne la parole � M. LEGARET pour r�pondre aux intervenants.
M. Jean-Fran�ois LEGARET, adjoint, au nom de la 1�re Commission. - Monsieur le Maire, il y a beaucoup de questions dans ces trois interventions.
Ce que je voudrais rappeler bri�vement, c'est qu'� l'occasion du bicentenaire de la R�volution fran�aise, la Ville de Paris avait d�j� fait sur la place de l'H�tel-de-Ville une grande exposition sur l'histoire de la presse et sur la libert� de celle-ci.
Je dirai que comparant ce qui me para�t comparable, � l'occasion de l'an 2000, on va c�l�brer beaucoup de choses. Il me semble que c'est en France, dans la Capitale de la France - je suis d�sol� qu'on ait mal orthographi� le nom de Rochefort, Madame Soizik MOREAU, vous avez eu raison de le rappeler - que la presse est n�e ; la France est la patrie de la presse ; c'est � Paris que se trouvent les plus grands symboles historiques de la presse et de cette libert� fondamentale en d�mocratie que constitue la libert� de la presse.
Le Palais Brongniart qui est un palais comme chacun sait qui a �t� vou�, qui l'est encore, aux activit�s financi�res, se trouve situ� dans ce quartier o� la presse est n�e et o� elle continue � exercer et � travailler.
Donc, j'enregistre, sur le symbole, et je me f�licite d'ailleurs que dans tout ce que j'ai entendu, m�me si on a critiqu� les modalit�s, je vais y revenir, j'enregistre tout de m�me un large consensus sur la force du symbole, sur sa validit�, et, je dirai, sur la n�cessit� de faire quelque chose � l'occasion de l'an 2000.
Cela, je trouve que c'est une grande satisfaction.
J'en viens aux modalit�s. Je dirai que, bien entendu, je comprends fort bien que des questions soient pos�es, mais je voudrais m'efforcer d'y r�pondre en relevant la complexit� de l'exercice auquel nous sommes soumis.
Une exposition sur la libert� de la presse, cela consiste tout d'abord � faire des recherches et � exposer beaucoup de documents disponibles sur la presse. C'est un travail de documentaliste, d'historien, de chercheur. Ce travail est � faire. Cela repr�sente un co�t non n�gligeable et cela doit �tre fait par des gens s�rieux. Je crois que les personnalit�s qui ont pris en charge ce projet sont des personnes dont on ne peut pas mettre en doute la qualit�.
Ensuite, en faire la promotion, il est �vident que cela repr�sente un co�t et je crois pouvoir vous dire que les grands m�dias, les grands syndicats de presse, les grands �diteurs, les grands distributeurs sont int�ress�s par cette op�ration et se sont engag�s � y participer.
Mais - bien s�r, il y a un "mais" - l'essentiel des prestations, qui repr�sentent des valeurs tr�s importantes, consistera de la part de ces �diteurs en des prestations en nature. Eh oui ! C'est la raison pour laquelle, vous l'avez not�, le co�t global de l'op�ration est beaucoup plus �lev� que les participations financi�res qui, pour l'instant, sont pr�vues.
La Ville, c'est vrai, assume - cela a �t� dit avec justesse - un certain nombre de risques pour le compte d'autres. Eh bien ! Moi, je pense que, compte tenu de la qualit� des prestataires ext�rieurs, ces risques restent mod�r�s. Je n'ai pas de graves inqui�tudes sur la faisabilit� de cette op�ration, je n'ai pas d'inqui�tudes sur la qualit� des prestations, je pense au demeurant qu'une des grandes originalit�s de ce projet, c'est de ne pas �tre seulement une exposition patrimoniale, une pr�figuration de ce que serait un mus�e de la presse, c'est en plus un outil de communication, un outil p�dagogique puisque, dans cette cit� de la presse, � tour de r�le, chaque jour, un journal diff�rent sera fabriqu� par une conf�rence de r�daction qui s'installera dans la cit� de la presse et qui, avec les techniques modernes de la communication, de la P.A.O., confectionnera le journal du jour. Ce journal sera fabriqu�, je dirai, sous le regard direct des visiteurs et notamment des jeunes. Je crois qu'il y a l� un volet p�dagogique tr�s important. Des scolaires, des �tudiants viendront en groupes participer � cette aventure, � cette libert� en permanence renouvel�e qu'est cette libert� de la presse.
Voil� ce que je voulais dire, voil�, � mon avis, quel est le sens de cette participation de la Ville de Paris.
On m'a dit que c'�tait cher. Oui, c'est une somme relativement importante. Il ne m'appartient pas de le n�gliger ou de le sous-estimer, c'est une somme importante, mais c'est une somme qui, je crois, est consacr�e � une manifestation majeure, � une manifestation qui se poursuivra pendant trois mois et � une manifestation qui, je pense, aura une tr�s grande signification en termes de libert�, en termes d'enseignement de ce qu'est cette libert�, en termes de m�moire et en termes de d�monstration de ce que cette grande libert� qu'est la libert� de la presse est une libert� d'avenir. Nous avons des responsabilit�s � l'�gard du XXIe si�cle dans le cadre de cette libert�.
Voil� le sens que cette d�lib�ration a voulu prendre. Je vous remercie d'en avoir compris l'essentiel et je vous remercie de nous faire confiance pour mener � terme les modalit�s de cette belle exposition.
(Applaudissements sur les bancs des groupes "Rassemblement pour Paris" et "Paris-Libert�s").
M. Pierre GABORIAU, adjoint, pr�sident. - Merci.
Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DGIC 6.
Qui est pour ?
Contre ?
Abstentions ?
Le projet de d�lib�ration est adopt�. (1999, DGIC 6).

Juillet 1999
Débat
Conseil municipal
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