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43 - 1998, DLH 227 - DAUC 133 - Autorisation à M. le Maire de Paris de consentir, d'une part, le dépôt par la Ville de Paris d'une demande de permis de démolir et, d'autre part, le dépôt par la S.I.E.M.P. d'une demande de permis de construire en vue de la réalisation de logements sociaux sur le terrain communal situé 89, rue de Patay (13e)


M. Pierre GABORIAU, adjoint, pr�sident. - Nous passons au projet de d�lib�ration DLH 227-DAUC 133 relatif � l'autorisation � Monsieur le Maire de Paris de consentir, d'une part le d�p�t par la Ville de Paris d'une demande de permis de d�molir et d'autre part le d�p�t par la S.I.E.M.P. d'une demande de permis de construire en vue de la r�alisation de logements sociaux sur le terrain communal situ� 89, rue de Patay, 13e.
Je donne la parole � l'orateur inscrit, Monsieur BLET.
M. Jean-Fran�ois BLET. - Pour d�truire le 89, rue de Patay, vous ne vous embarrassez m�me plus d'un quelconque argumentaire. Pour tout viatique, il sera proclam� Urbi et Orbi, je vous cite : " Que l'�tat v�tuste d'un immeuble, ainsi qu'une disposition en " dent creuse " justifie sa d�molition ". La v�tust� et la dent creuse sont les deux mamelles des S.E.M. et le moyen de raser au coup par coup des immeubles qui par leur faible hauteur font injure aux promoteurs.
Cette partie de 13e nous est famili�re. La litanie des permis de d�molir qui d�shonorent votre mandature ne nous �pargne aucun recoin de ce quartier faubourien. La partie situ�e entre la rue de Patay et la rue Ch�teau des rentiers a �t� saccag�e et prise d'assaut par une armada de promoteurs, de S.E.M. et de techno-urbanistes. Le r�sultat en est affligeant et fort h�t�roclite, avec pour seule coh�rence la m�diocrit� architecturale des constructions nouvelles.
On pourrait se satisfaire de cr�ations d'architectures contemporaines de qualit�, audacieuses, op�r�es apr�s la pointe de l'�lot d�limit�e par les rues du Dessous des Berges et la rue de Patay, tomb�e au champ d'horreur lors d'un pr�c�dent Conseil apr�s les destructions programm�es par la Z.A.C. " Ch�teau des Rentiers ", que subsistera-t-il de la rue de Patay ? Expulsez encore les quelques commer�ants qui demeurent, rasez les petites maisons qui s'obstinent � rester debout c�t� pair de la rue, faites-nous un front b�ti continu de six �tages et vous en aurez termin� avec cette rue.
De la rue de Patay qui fut une rue vivante et agr�able, vous �tes en train de faire une route que l'on emprunte, une saign�e dans la ville, un espace public ou l'on ne rencontre des pi�tons que parce qu'ils habitent ici entre une sanisette DECAUX, une enseigne lumineuse criarde et une agence A.N.P.E. devant laquelle les commer�ants que vous expulsez pourront faire la queue.
La d�molition du 89, rue de Patay constitue un morceau de choix de cette politique n�crophage. Constitu� de deux b�timents distincts sur rue d'une hauteur d'un �tage, le coeur de l'�lot est compos� de b�timents industriels distribu�s autour d'une cour pav�e. Il y a encore peu ces b�timents sur cour abritaient deux artisans, un menuisier et un plombier, expuls�s par vos soins.
Deux activit�s sont toujours pr�sentes aujourd'hui : un cafetier et un restaurateur ; la floraison de locaux commerciaux hors de prix qui ne trouvent pas preneurs dans les environs laisse craindre le pire quant � leurs possibilit�s de reconversion. Cette op�ration aura � elle seule fait dispara�tre du 13e arrondissement quatre artisans et commer�ants.
La S.I.E.M.P. se ferait-elle le fossoyeur du tissu faubourien, en �radiquant ses sp�cificit�s : faible densit�, volum�trie � dimension humaine, dissym�trie villageoise du b�ti. Pr�servez une dent creuse, privil�giez la diversit� des rythmes, la vie, sur l'uniformit� Orwelienne. Respecter la v�tust�, c'est-�-dire l'anciennet�, c'est r�habiliter, entretenir. Que dire d'une ville, d'un maire qui voue aux g�monies, l'anciennet�, d'un maire qui ne respecte plus les anciens ?
Que nous proposez-vous en fait ? La sempiternelle reconstitution d'un front b�ti coh�rent, qui est une aberration en tissu Faubourien et la n�gation m�me du Paris village. Par del� cette langue de bois rituelle, c'est en clair une vulgaire op�ration de densification : passer de R+1 � R+6.
Mais le plus scandaleux dans cette affaire par del� la destruction de b�timents sains, c'est la mani�re dont la ville a arnaqu� ces petits commer�ants en abusant du droit de pr�emption. L'exp�rience, le calvaire je devrais plut�t dire, qu'ils ont v�cu, des milliers de petits commer�ants l'ont v�cu avant eux � Paris. Elle est la cons�quence d'abus syst�matiques de la Ville qui gruge autant qu'elle le peut les petits propri�taires.
Ecoutez leur histoire : Le restaurateur tout d'abord. Il a achet� il y a 12 ans les locaux o� il exerce son activit� pour 200.000 F. Le local �tant alors dans un �tat assez d�grad�, il a d� engager des travaux d'embellissement et d'am�nagement importants. Lorsqu'en 1994, la Ville fit jouer � son encontre le droit de pr�emption, elle lui propose en tout et pour tout 200.000 F. Refus de l'int�ress�, la Ville le tra�ne au tribunal. Le jugement d�savouera la Mairie de Paris puisqu'il fixe le montant de rachat � 430.000 F. Mais la Ville s'acharne, elle fait appel contraignant ainsi le restaurateur � prendre un avocat. Nouvel �chec pour la Mairie de Paris, le premier jugement est confirm�, pire il met � la charge de la Ville les honoraires de l'avocat du commer�ant spoli�. Le r�glement devant avoir lieu le mois dernier, le restaurateur a pris toutes ses dispositions afin de quitter les lieux. Or l'acte de vente qu'on lui a propos� il y a quelques jours n'�tait pas conforme : au lieu de s'aligner sur la d�cision du tribunal, il reprenait la premi�re proposition de 200.000 F. Ne pouvant quitter les lieux sans �tre pay�, il est aujourd'hui dans l'incertitude totale. Il a d� reprendre ses stocks, prolonger ses assurances et engager de nombreux frais. On lui fait savoir d�sormais qu'il ne pourra �tre r�gl� qu'en septembre. Mais il ne sait toujours pas sur quelle base.
Le cafetier maintenant. C'est grosso modo la m�me histoire. N'acceptant pas la proposition de 460.000 F de la Ville qu'il jugeait ridicule, le Maire de Paris le tra�ne au tribunal. D�saveu cinglant pour la Mairie de Paris, le jugement fixe la somme � 750.000 F. Mais vous persistez, vous refusez m�me de prendre en charge les indemnit�s de ch�mage de la salari�e du caf�. Et ainsi, le restaurateur ne sait toujours pas quand il sera enfin indemnis� et se trouve lui aussi dans l'incertitude la plus compl�te. Dans le projet de d�lib�ration vous osez dire que les deux derniers locataires vont �tre pay�s prochainement, c'est de l'humour noir. Ces pratiques spoliatrices vous d�shonorent. Vous ne respectez m�me pas le droit de propri�t�. Ce n'est plus de la d�koulakisation, c'est la d�cimation des petits commer�ants. S'il est de bon ton lors des campagnes �lectorales de caresser les petits commer�ants dans le sens du poil, pris de fr�n�sie immobili�re, vous n'h�sitez pas ensuite � les pi�tiner, � les spolier, � les chasser. Vous les traitez comme des chiens.
M. Pierre GABORIAU, adjoint, pr�sident. - Un avis favorable � l'unanimit� du Conseil du 13e a �t� donn� en date du 29 juin.
M. Michel BULT�, adjoint, au nom de la 6e Commission. - M. BLET vient de nous dresser un portrait ou au moins un sc�nario surr�aliste, apocalyptique ! Dans le 13e, M. TOUBON a obtenu l'avis favorable � l'unanimit� de cet arrondissement, la gauche plurielle, l� encore, a rejoint le toril du Maire du 13e. Nous n'avons aucune le�on � recevoir de M. BLET dans ce domaine.
M. Pierre GABORIAU, adjoint, pr�sident. - Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DLH 227 - DAUC 133.
Qui est pour ?
Qui est contre ?
Absentions ?
Le projet de d�lib�ration est adopt� � la majorit�, le groupe des Ind�pendants et M. REVEAU s'�tant abstenus, Mmes SCHNEITER, SCHERER, SILHOUETTE, BILLARD et M. BLET ayant vot� contre. (1998, DLH 227 - DAUC 133).

Juillet 1998
Débat
Conseil municipal
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