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2008, Allocution de M. Pierre-Christian TAITTINGER, Doyen d’âge.


M. Pierre-Christian TAITTINGER, Doyen d?�ge, pr�sident. - Ins�rer un discours aujourd?hui entre l?�lection du Maire de Paris et le lancement du ?Terrible?, c?est accorder � l?�loquence une esp�ce de renfort que j?essaierai non pas d?atteindre mais en tout cas de vous soumettre de fa�on qu?il ne vous ennuie pas. Les discours de doyen doivent avoir un charme, c?est d?�tre suffisamment longs pour �tre int�ressants et suffisamment courts pour n?ennuyer personne. Je t�cherai de relever ce d�fi.

Mes premi�res paroles seront pour remercier du fond du c?ur les Parisiens, les Parisiennes, qui pendant cinquante-cinq ans m?ont permis d?�tre dans cette maison. Ils m?ont fait le grand honneur le 26 avril 1953 de m?�lire, o� j?ai eu la joie de rentrer pour la premi�re fois officiellement dans cette enceinte pour moi myst�rieuse, magique, tellement charg�e d?histoire, tellement lourde d?un pass� tr�s riche d?�v�nements nationaux et internationaux que je ne r�sumerai pas devant vous, car comme je vous l?ai dit, mes paroles sont limit�es, et de me trouver benjamin de cette Assembl�e avec une jeune charmante communiste que je salue, qui n?a malheureusement pas pu venir aujourd?hui parmi nous mais cela m?aurait rajeuni, Micheline KRASUCKY, qui �tait � ce moment-l� la femme d?un homme qui pouvait r�unir six cent mille personnes sur le pav� parisien, et je vous avoue que cela m?avait beaucoup impressionn�.

Elle �tait absolument charmante, et vous savez qu?il y avait une tradition ici, qui n?�tait pas politique, mais il y avait des courants d?air d?une violence folle dans cette maison. Je reconnais que les questeurs et ceux qui ont �t� responsables de la Ville y ont mis fin. On parquait donc les nouveaux �lus les plus jeunes dans les virages car on se disait que les anciens risqueraient d?attraper des grippes ou des douleurs difficiles et que nous nous ne risquions rien. Donc, on nous a appel�s, elle de l?extr�me gauche et moi de l?extr�me droite, pour nous trouver au milieu. C?�tait la premi�re fois que je montais � cette tribune et je ne l?oublierai jamais.

La seconde fois, c?est qu?en 1962, le Conseil de Paris, le conseil municipal, m?a fait l?honneur de m?�lire � sa pr�sidence et dans la foul�e, deux jours apr�s, de recevoir le Chancelier Adenauer que de Gaulle avait invit� pour faire le premier grand rassemblement franco-allemand ; c?est aussi une date que je garderai fid�lement en m�moire.

Et aujourd?hui, je me retrouve avec plaisir, nostalgie, �motion, � cette place pour vous faire ce que l?on appelle le discours d?usage. Alors, je commencerai, bien s�r, par saluer et remercier mes coll�gues qui ont surmont� l?�preuve, qui ont pass� les difficult�s et qui se retrouvent � peu pr�s � cinquante pour cent dans cette Assembl�e. J?aurai une pens�e �galement pour ceux que le suffrage universel n?a pas soutenu, mais eux je les retrouve avec joie.

Il y a une habitude dans cette maison qu?au fur et � mesure des ann�es, nous nous connaissons, nous nous appr�cions, au-del� des fronti�res politiques, au-del� des id�ologies - et Dieu sait si je suis maintenant de plus en plus r�serv� sur les id�ologies - pour se retrouver, pour travailler ensemble et s?appr�cier, et finalement cr�er des liens d?amiti�.

Je saluerai aussi toutes les personnalit�s, nombreuses, qui sont rentr�es par le fait du suffrage universel, en �mettant un v?u, c?est qu?elles nous restent longtemps dans cette maison. Souvent, nous avons de tr�s grandes personnalit�s qui se sont un peu �loign�es de nous, nous esp�rons les garder et profiter de leur exp�rience et de leur sagesse.

Et puis, saluer ce prodigieux renouvellement que nous connaissons. Nous avons accueilli � peu pr�s 50 % de jeunes dynamiques et plein de g�n�rosit� ! Je voudrais leur souhaiter particuli�rement la bienvenue, leur dire combien nous les appr�cions. Nous ne sommes pas ceux qui croient qu?il faut barrer les g�n�rations, les s�parer, il ne faut pas les opposer mais que chaque g�n�ration qui monte nous apporte quelque chose qui enrichit notre r�flexion.

Or, l?histoire de cette maison est tellement belle, j?y ai vu s?effacer puis dispara�tre la IIIe R�publique, en nous laissant un corps pr�fectoral admirable et une administration qui fait encore l?admiration de tous ceux qui ont � g�rer des villes. Ensuite, la IVe R�publique, n�e dans l?enthousiasme et la foi de la guerre, de la Lib�ration, de la R�sistance et qui a sombr� dans les batailles coloniales dont elle n?a pas eu la ma�trise et puis la naissance de la Ve R�publique, place de la R�publique, qui �tait un tr�s grand jour et l?ouverture d?une immense p�riode.

C?est � nous maintenant de continuer avec la m�me foi et la m�me passion, de continuer ainsi ce qui �tait fait avant nous et surtout ne jamais cr�er de rupture entre les g�n�rations.

Alors, pour les jeunes, je leur rappellerai cinq mots. Je les rassure tout de suite, ils ne proviennent ni de Marx ni de philosophes modernes, mais simplement d?un jeune am�ricain qui a laiss� son nom parce qu?il a par la suite d�couvert le paratonnerre. Quand il avait vingt-huit ans, parlant des hommes ayant des responsabilit�s politiques, il leur recommandait le respect des autres, la tol�rance, l?art de les �couter, de dialoguer ensemble, la loyaut� et l?humilit�. Je n?ai rien � ajouter � ces mots, qu?ils les retiennent, ce n?est pas une le�on que je me permets de leur donner mais un rappel historique d?un homme qui a aussi par la suite invent� le paratonnerre, Benjamin Franklin.

Voil�, nous allons travailler ensemble dans une nouvelle forme, dans une nouvelle volont� et c?est � celui que notre Assembl�e va �lire dans un instant, que je m?adresserai. Pour lui pr�senter non pas des v?ux et des suppliques parce que ce n?est pas r�le d?un doyen d?�ge, mais peut-�tre des pistes sur lesquelles je souhaiterais le voir s?engager.

D�velopper les pouvoirs des maires d?arrondissement.

Je crois aux maires d?arrondissement. Ils ont fait leurs preuves dans la r�forme P.L.M., ils sont reconnus dans leurs arrondissements. On les voit, on sait que l?on a en face de soi quelqu?un qui est une r�alit� tangible et, au fond, m�me ceux qui nous critiquent finissent par bien nous aimer !

Et puis, qu?on augmente leurs pouvoirs, leur budget, leurs responsabilit�s dans certains domaines, peut-�tre m�me dans des domaines de grands services, comme la propret� et l?entretien. Il y a une piste � �tudier ; je la lui livre.

La deuxi�me, c?est que le v?u que l?on peut toujours faire, mais? que l?on peut toujours s?am�liorer : que notre Conseil soit encore plus l?exemple d?une d�mocratie apais�e, tranquille, o� on peut discuter, �changer, nous pr�occuper en commun de tout ce qui int�resse les Parisiens et surtout de participer ainsi � la construction d?un avenir que l?on refait chaque jour.

Il y a deux hommes politiques, un � gauche et � droite, qui ont laiss� des d�finitions du temps que j?aime : le pr�sident Mitterrand disait : ?Il faut donner du temps au temps? et le pr�sident Pompidou disait : ?Le temps qui passe n?est pas notre ennemi?. Que nous en profitions pour bien l?utiliser et pour justement r�pondre � l?attente des uns et des autres.

Et la troisi�me, l?avenir de Paris, le d�veloppement indiscutable que nous allons devoir placer au c?ur de la R�gion d?Ile-de-France avec nos voisins, avec les responsables des D�partements et avec l?Etat, sans rechercher d?orgueil, de supr�matie, d?institutions politiques nouvelles, mais simplement cette volont� d?apporter en commun de grandes r�ponses � des probl�mes dont nous sommes tous conscients et qui nous pr�occupent, qui sont le logement, les transports, l?emploi et d?autres choses. Que nous ayons en commun cette volont� d?en parler ensemble et de trouver ensemble des solutions.

Alors, � ce moment-l�, mes chers coll�gues, nous aurons vraiment m�rit� et justifi� l?honneur de servir la Capitale.

(Applaudissements sur tous les bancs).

Avant de proc�der � l?�lection du Maire de Paris, je voudrais vous donner quelques indications sur le d�roulement de cette s�ance.

Apr�s l?�lection du Maire, nous adopterons la d�lib�ration fixant le nombre des adjoints.

Nous si�gerons ensuite en formation de Conseil g�n�ral pour d�terminer la composition de la Commission permanente.

Nous reprendrons nos travaux en formation du Conseil municipal par l?�lection des adjoints. Cette �lection a lieu au scrutin secret conform�ment aux dispositions du Code g�n�ral des Collectivit�s territoriales.

Enfin, nous �lirons les vice-pr�sidents et les membres de la Commission permanente du Conseil g�n�ral.

Et je vous pr�cise qu?� l?issue de notre s�ance, un d�jeuner sera servi dans les salons pour les �lus et les fonctionnaires concern�s par cette s�ance.

Je vous propose d?abord de composer le bureau d?�ge. C?est une particularit� ici, parce qu?on n?�lit pas les pr�sidents d?�ge.

Je vous rappellerai simplement une anecdote � propos du Conseil g�n�ral. Il y avait, dans le temps, le Conseil g�n�ral de la Seine qui si�geait ici. Et il y avait un doyen d?�ge qui �tait un homme merveilleux mais qui avait un talent oratoire sans doute prodigieux et qui terminait toujours son discours par la derni�re campagne �lectorale qu?il avait men�e dans son canton. Alors, un beau jour, un certain nombre de conseillers ont propos� d?�lire le doyen d?�ge pour avoir quelqu?un qui ne parlerait pas toujours de lui !

(Rires).

Mais l?id�e n?a pas �t� retenue !

Je vous rappelle que le bureau d?�ge est compos� de ma personne et des quatre plus jeunes conseillers en qualit� de secr�taires. Je vais les appeler : Mme Marie-Laure HAREL, Mme Emmanuelle BECKER, M. Gauthier CARON-THIBAULT et Mme H�l�ne BIDARD. Je les salue particuli�rement.

(Applaudissement sur tous les bancs).

Je leur souhaite � chacun simplement un destin qui ressemblerait au mien ! C?est quand m�me assez agr�able et heureux.

(Rires).

Je leur demande de nous rejoindre � la tribune.

Mars 2008
Débat
Conseil municipal
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