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2008, Allocution de M. le Maire de Paris.


M. LE MAIRE DE PARIS. - Mes chers coll�gues, en cet instant o� s?ouvre un nouveau temps d�mocratique pour notre ville, je veux tout simplement vous dire merci et � travers vous tous, aux parisiens dont vous �tes les repr�sentants.

La mission qui nous incombe est consid�rable, mais nous honorerons la parole donn�e : Paris prendra un temps d?avance.

Avant d?aller plus loin, je tiens � dire � Pierre-Christian TAITTINGER mon estime et mon amiti�. Je suis heureux que cette s�ance si particuli�re soit pr�sid�e par un homme qui incarne parfaitement l?�l�gance de comportement, l?ouverture d?esprit, et une haute id�e de l?int�r�t g�n�ral.

(Applaudissements sur� tous les bancs ).

Permettez-moi aussi d?exprimer mon respect � Mme de Mme de PANAFIEU, avec qui, tout au long de cette campagne, nous avons fait vivre un d�bat pluraliste.

(Applaudissements sur tous les bancs ).

Je salue aussi Mme de SARNEZ, dont la d�marche et les convictions enrichiront l�gitimement notre travail collectif.

(Applaudissements sur tous les bancs ).

Dimanche dernier, � travers leurs votes, les Parisiens ont choisi en toute clart� un projet : il sera mis en ?uvre. L?�quipe que j?animerai a une feuille de route : servir nos engagements, tenir nos engagements, mais aussi inventer, innover.

Pour y parvenir, la comp�tence et l?�nergie des agents de l?administration parisienne demeureront des atouts essentiels ; en notre nom � tous, je leur rends hommage pour leur d�vouement au service des Parisiens.

(Applaudissements sur tous les bancs ).

Aujourd?hui, nous abordons une �tape in�dite, avec une majorit� coh�rente, renouvel�e, et d�termin�e � consid�rer la confiance des citoyens, non pas comme un privil�ge, mais comme un honneur et comme la source d?un devoir.

Je suis heureux et fier de travailler avec cette majorit� et pour ma part, je serai le maire de tous les Parisiens, � l?�coute de leur diversit�, attentif � leur unit�.

Cette unit� de Paris porte un nom : la solidarit�, qui sera au c?ur de notre dynamique.

Cela commence par le logement, notre priorit�.

Nous financerons 40.000 logements sociaux, dont un tiers sera destin� aux classes moyennes. Ainsi, avec six ans d?avance, nous atteindrons d�s 2014 le seuil des 20 % fix�s par la loi.

En trois ans, l?�radication du logement insalubre sera achev�e. 4.000 nouveaux logements �tudiants et 3.000 places suppl�mentaires en foyer de jeunes salari�s seront r�alis�es.

Quant au syst�me public d?aide � la caution, destin� notamment aux jeunes m�nages, il doit devenir une r�alit� dans les meilleurs d�lais.

Toute notre politique de solidarit� sera �valu�e r�guli�rement sous l?autorit� du d�l�gu� de la Fondation Abb� Pierre, Patrick DOUTRELIGNE, que je remercie d?avoir accept� en toute ind�pendance ce r�le d?observateur attentif et exigeant de nos actes.

Nous voulons une Ville o� personne ne puisse se sentir exclu pour ce qu?il est ou ce qu?il pense, une Ville s�re pour toutes les g�n�rations o� d?un bout � l?autre de la vie chacun se sente chez lui ; une Ville o� les �nergies individuelles stimulent l?inspiration collective. C?est pourquoi nous faisons le pari de l?intelligence et de la cr�ativit�.

En investissant un milliard d?euros dans l?innovation, la recherche et l?universit�, nous mobiliserons les forces indispensables pour gagner � la fois la bataille de l?emploi et celle du d�veloppement durable, car ces deux combats ne sont pas dissociables. L?ambition �conomique et le respect de l?environnement sont deux d�fis du temps pr�sent, intimement li�s par l?ampleur des r�ponses qu?ils exigent.

Paris, capitale engag�e sur la sc�ne internationale, tiendra sa place dans la comp�tition entre les m�tropoles. Pour �pauler les entreprises, nous atteindrons les 100.000 m�tres carr�s de p�pini�res et d?incubateurs dans les six ans et nous aurons d�s 2012 �quip� toute notre Ville en tr�s haut d�bit.

Dans le m�me temps, nous d�velopperons le recours aux �nergies propres en installant 200.000 m�tres carr�s de panneaux photovolta�ques et en r�alisant plusieurs �co-quartiers.

Nous amplifierons �galement l?offre des d�placements plus performante, plus diverse, avec notamment l?extension du tramway, des progr�s sensibles pour le service du m�tro et des bus, les navettes fluviales et Autolib?.

Ce temps d?avance que nous voulons donner � Paris implique une ardente ambition culturelle.

Paris est un joyau, et quand on h�rite d?un joyau, on a pour premi�re mission de conserver, de pr�server un patrimoine unique mais nous sommes �galement investis du devoir de l�guer aux g�n�rations futures le patrimoine nouveau dont nous favoriserons l?�mergence.

Oui, le mandat qui commence portera cette signature : le soutien inlassable � toutes les forces de la cr�ation.

Avec la ?F�te des mots? par exemple, c?est la langue fran�aise qui sera c�l�br�e. Cette langue qui semble avoir la vertu presque magique de conf�rer toujours plus de beaut� � ce qu?elle d�signe.

Et nous visons un autre objectif qui est au coeur des valeurs de Paris : donner aux enfants le go�t de l?art. Et c?est dans cet esprit que nous cr�erons 3.000 nouvelles places en conservatoire.

Ce souci de la beaut� et du sens, nous l?appliquerons aussi au visage de Paris. On ne touche qu?avec la plus grande prudence � la forme et � l?�quilibre d?une Ville mill�naire mais on ne d�finit pas une politique d?urbanisme par la seule pr�servation du pass�.

Aujourd?hui, je vous le dis : dans 6 ans, Paris aura chang�.

Et puis la Couronne cessera d?�tre une fronti�re pour devenir un lieu � part enti�re de notre dynamique urbaine. Les portes seront des places au vrai sens du terme. Et nous ne refuserons aucun d�bat sur les choix d�cisifs pour l?harmonie de notre Ville, pas m�me sur l?enjeu des hauteurs.

Pour am�nager les friches urbaines pour faire �merger une architecture �l�gante et innovante, nous ferons vivre le pluralisme des id�es et des inspirations.

La concertation sera active, les citoyens seront associ�s sur ce sujet comme sur tant d?autres car ensemble, nous irons plus loin dans l?exploration du champ de la d�mocratie locale.

Par exemple, en renfor�ant les moyens des maires d?arrondissement, mais aussi en donnant � 5 % des habitants la possibilit� d?inscrire un sujet � l?ordre du jour des Conseils d?arrondissement ou du Conseil de Paris, ou bien encore en confiant la pr�sidence d?une commission de notre Assembl�e � chaque sensibilit� politique qui la compose.

Tous ces d�fis, mes chers coll�gues, nous ne les rel�verons pas seuls.

D�s 2001, nous avons voulu en finir avec cette Capitale enferm�e dans ses fronti�res, se prot�geant de ses voisins au lieu de s?ouvrir � eux.

Pour la premi�re fois depuis des d�cennies, la Municipalit� parisienne a entam� un dialogue avec les collectivit�s limitrophes. Ces liens renou�s, ces partenariats �tablis, ce go�t de l?�change restaur�, il nous appartient d�sormais de franchir un nouveau cap.

Le temps est venu de cr�er Paris M�tropole, v�ritable institution de l?agglom�ration, o� s?exprimera � cette �chelle la solidarit� y compris fiscale.

Bien entendu, la R�gion Ile-de-France sera au c?ur du processus et je souhaite travailler avec l?Etat, anim� d?une seule pr�occupation : agir utilement pour la vie quotidienne des habitants et des usagers, ces millions de femmes et d?hommes qui attendent de nous des choix ambitieux, des actes clairs, ind�pendamment de toute autre consid�ration.

Je m?adresse donc aujourd?hui, au-del� de leur diff�rence politique, � tous nos coll�gues qui viennent d?�tre �lus ou r��lus � la t�te des collectivit�s de l?agglom�ration parisienne et je leur dis : engageons rapidement une d�marche commune pour d�finir une m�thode et un calendrier.

Avant de conclure, comment ne pas songer � l?histoire, � sa rigueur � sa noblesse ?

Je pense � Paris.

Je pense au sentiment que cette Ville universelle inspire aux amoureux de la libert�.

Je pense � une femme, immense, meurtrie et pers�cut�e, dont le portrait est expos� sur l?esplanade de l?H�tel de Ville comme le symbole d?une humanit� bless�e.

Oui, Paris aime Ingrid BETANCOURT. Elle est pr�sente dans nos coeurs o� elle c�toie un espoir intact. Mais pourquoi le nier ? S?y installe �galement cette col�re qui na�t toujours de l?inacceptable, quelles qu?en soient les formes.

Anim� du m�me espoir et de la m�me col�re, je veux aussi au nom de Paris assurer de notre solidarit� le grand peuple tib�tain.

Face au silence glacial d?un monde indiff�rent, il m�ne une lutte in�gale contre l?oppression pour son droit inali�nable � la dignit� et � l?existence. Nous sommes � ses c�t�s.

Pronon�ant ces mots, je pense au legs de notre Ville, � ses combats, � son message, qui est aux antipodes de la soumission ou du renoncement.

Je pense au pass�, je pense � l?avenir et � ce moment singulier o� ils se rencontrent quand les esp�rances deviennent projets, quand les projets se transforment en actes.

Pour que les valeurs de Paris fassent toujours �cho � ce qui est civilis�, � ce qui porte la vie, nous devons travailler avec acharnement maintenant ensemble.

(Applaudissements sur tous les bancs).

Chers amis, l?un de nos coll�gues, et en l?occurrence Claude GOASGUEN, me disait : ?Bertrand, est-ce que tu te souviens de mars 2001 ? Est-ce que tu te souviens de ce geste que tu as fait ??

A nouveau, je vous le dis : lorsque j?accomplis ce geste, je remercie une terre qui m?a appris la tol�rance, qui m?a appris � vivre ensemble au-del� de toutes nos diff�rences, parce que ce geste veut dire le rapport � la fraternit�, il veut dire dans une langue que nous aimons, ?mon fr�re?, et il veut dire qu?il y a beaucoup � vivre ensemble.

(M le Maire de Paris porte la main � son coeur et baisse l�g�rement la t�te).

(Applaudissements sur� tous les bancs ).

Mars 2008
Débat
Conseil municipal
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