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173 - 2002, DAC 244 - Autorisation à M. le Maire de Paris de signer un marché sans formalité préalable pour l'organisation d'une manifestation culturelle "Paris plage" du 21 juillet au 18 août 2002


M. Eric FERRAND, adjoint, pr�sident. - Maintenant, nous passons au dossier DAC 244 autorisant M. le Maire de Paris � signer un march� sans formalit� pr�alable pour "Paris plage" du 21 juillet au 18 ao�t 2002.
Je donne la parole au premier orateur inscrit, Mme de FRESQUET. Vous avez la parole.
Mme Elisabeth de FRESQUET. - Merci, Monsieur le Maire.
Monsieur le Maire, chers coll�gues, je souhaiterais en tout premier lieu, avant d'aborder le fond de ce dossier, m'�tonner du choix de "Paris plage" qui n'a, me semble-t-il, que peu de rapport avec le projet qui nous est propos�.
La plage, c'est du sable ou des galets, des parasols et des chaises longues, le bruit du ressac en fond sonore. Cela n'est pas la musique amplifi�e, les concerts de fanfares et les arts de la rue.
Cette remarque pour dire que les Parisiens risquent d'�tre surpris en arrivant sur les bords de Seine pensant y trouver naturellement des planches, du sable et des am�nagements baln�aires. J'avoue b�tement m'�tre fait gruger. Cette remarque pr�liminaire formul�e j'ai pens� que vous aviez sans aucun doute une bonne id�e de faire d�couvrir aux Parisiens la richesse architecturale et historique des voies sur berges class�es patrimoine mondial de l'humanit�, sauf que j'observe qu'il n'y a aucun rapport entre la valorisation de ce patrimoine exceptionnel et les animations que vous proposez.
Animations dont je pr�cise qu'elles pouvaient avoir lieu ailleurs c'est-�-dire dans tous les arrondissements de la Capitale. Ce choix plus �clat�, mais volontairement ins�r� dans une logique de quartier, a aussi sa raison d'�tre.
Dois-je penser que seule votre obsession de neutraliser les berges de la Seine a dict� votre r�flexion et orient� votre d�cision.
Les �changes de ce matin semblent le confirmer. D'ailleurs, cette neutralisation qui sur le papier doit durer 4 semaines, durera probablement 2 semaines suppl�mentaires n�cessaires au montage et d�montage des am�nagements et � la remise en �tat du site.
Je voudrais �galement vous poser quelques questions tr�s pr�cises. D'abord, sur le choix tr�s tardif de la date de d�lib�ration.
Nous sommes en effet � moins de 4 semaines du lancement de cette manifestation, c'est-�-dire que nous sommes face � un fait accompli et que tout est � prendre ou � laisser jusqu'� l'utilisation de la proc�dure exp�ditive de l'article 30 du Code des march�s publics qui vous permet de choisir l'entreprise "division cr�ative" dont nous ignorons tout. Il doit y avoir plusieurs conceptions de la transparence, idem pour le choix des cat�gories de spectacles, comme pour le choix des artistes et compagnies sur lesquels la d�lib�ration reste peu diserte.
Apr�s 16 pages de lecture attentive, on ne sait toujours rien sauf le co�t, habilement scind� en 2 pour nous faire croire � sa toute relative modestie. 600.000 euros pour la mise en ?uvre de la programmation artistique succinctement pr�sent�e et 900.000 euros suppl�mentaires correspondant aux am�nagements des voies et � la r�alisation d'espaces sportifs et de jeux dont nous n'avons absolument aucun d�tail. Je veux bien croire que mes questions sont un peu tatillonnes mais elles m�ritaient d'�tre soulev�es notamment si cette op�ration devait se reproduire annuellement. Elles ne remettent nullement en cause l'id�e d'animer Paris durant la p�riode estivale sauf � �clairer les Parisiens sur des m�thodes que vous d�nonciez lorsque vous �tiez dans l'opposition. Sous cette r�serve proc�durale nous aurons tous � appr�cier le succ�s de l'op�ration afin d'en am�liorer le dispositif en tant que de besoin d�s l'ann�e prochaine.
Le feu vert que le groupe Union pour la d�mocratie fran�aise vous accorde n'est donc pas un blanc-seing.
Je vous remercie.
M. Eric FERRAND, adjoint, pr�sident. - Merci, Madame.
Je donne maintenant la parole � Mme KUSTER.
Mme Brigitte KUSTER. - Monsieur le Maire, c'est avec le plus grand int�r�t que nous apprenons que la Ville de Paris a d�cid� d'organiser une grande op�ration � vocation festive et culturelle intitul�e "Paris plage".
Voil� un projet au titre �vocateur et qui a de quoi faire r�ver.
Je ferme les yeux et je m'imagine au bord de la Seine, les doigts de pieds en �ventail, allong�e dans une douce qui�tude en me demandant avant de m'y tremper si la temp�rature de l'eau sera � la hauteur de mes esp�rances. Ouvrant l�g�rement un ?il, Notre-Dame m'appara�t en contre-jour, superbe dans cette luminosit� d'�t�, je referme les yeux, rassur�e. Je joue � faire couler le sable entre les doigts. Je suis bien.
Le clapotis de l'eau me chatouille les pieds, douceur estivale sur cette plage parisienne. Ah ! "Paris plage", bien s�r il fallait y penser ! Bravo, Monsieur le Maire !
Mais ces bruits, tout autour, quels sont-ils ? Des concerts d'avertisseurs, mais qui ose ? Cet air pollu� devenu presque irrespirable, mais d'o� vient-il ? Je me r�veille en sursaut, la d�lib�ration DAC 244 � la main, je poursuis ma lecture pour mieux comprendre la r�alit� et saisir mon erreur. De sable et de baignades, il n'est pas question dans "Paris plage". Il s'agit tout simplement de renouveler l'op�ration de fermeture des voies sur berges avec, en prime cette ann�e, "des manifestations artistiques originales et des spectacles susceptibles d'attirer un large public".
Remarquez, il vaut mieux un large public puisque l'on apprend que le co�t de cette op�ration sera de 1,5 million d'euros ! Au demeurant, nous n'avons d'informations que sur seulement 600.000 euros allou�s, apprend-on, � une soci�t� dont on ne sait sur quels crit�res elle a �t� retenue et si plusieurs projets ont �t� mis en concurrence. Des informations sur ces deux points seraient les bienvenues.
De m�me, il nous int�resserait de savoir en quoi ces animations vont consister. Quels lieux, quel calendrier ont �t� pr�vus puisque le devis de la soci�t� choisie nous indique la pr�sence "de 8 compagnies de danse, 7 groupes de fanfare, 4 cirques, 4 compagnies de clowns et de contes", etc. Tout cela, Monsieur le Maire, est fort sympathique, mais co�te excessivement cher et m�rite, vous en conviendrez, quelques explications qui vont au-del� de ce que l'on trouve dans la d�lib�ration.
De m�me, vous comprendrez que l'on soit en attente de savoir quelles mesures d'accompagnement vous allez prendre � l'occasion de la fermeture des voies sur berges � la circulation. Quelles mesures en termes de compensation, en fr�quence de circulation et en amplitude des services des transports en commun ont �t� pr�vues ? Quelle information sera donn�e en amont aux automobilistes ? Qu'en est-il d'un plan de circulation revu et corrig� qui emp�chera l'asphyxie du c?ur de Paris et particuli�rement des quais hauts, o� la vie, l'an dernier, �tait tout simplement devenue invivable pour les riverains tant � cause du bruit que de la pollution ?
Je crois qu'il est de votre devoir, de ne pas opposer les Parisiens qui circulent sur les quais hauts � ceux qui peuvent profiter de la vie en fl�nant sur les quais bas, sous couvert d'un projet festif dont nous attendons avec int�r�t ce qu'il va donner. Il ne serait pas acceptable que des milliers de Parisiens ou de Franciliens soient pris en otage sous pr�texte qu'ils sont automobilistes.
Alors m�me s'il y a tromperie sur le nom de l'op�ration qui est bien mal nomm�e (je vous aurai volontiers propos� "Berges en f�te") et je conclurai en disant que, pour nous, pourquoi pas "Paris plage", mais non � "Paris bouchon".
(Applaudissements sur les bancs des groupes "Rassemblement pour la R�publique et apparent�s", Union pour la d�mocratie fran�aise, "D�mocratie lib�rale et ind�pendants et du Mouvement des citoyens).
M. Eric FERRAND, adjoint pr�sident. - La parole est � M. VUILLERMOZ.
M. Jean VUILLERMOZ. - Monsieur le Maire, je souhaite tout d'abord vous exprimer ma satisfaction de rendre cet �t� encore les voies sur berges aux Parisiennes et Parisiens donc plus seulement aux automobilistes.
Les observations faites l'ann�e derni�re ont �t� entendues. L'op�ration commencera cette ann�e un peu plus tard. C'est une bonne chose et cela prend en compte l'exp�rience de l'an pass�.
Je pense que nous sommes sur la bonne voie, sans mauvais jeu de mot. Proposer des activit�s festives, culturelles, sportives participe � part enti�re du principe de r��quilibrer l'usage des espaces publics en faveur des pi�tons, des v�los et des rollers.
Par ailleurs, l'ouverture des berges de la Seine au public, les am�nagements provisoires pr�vus pour y passer des moments agr�ables contribueront � d�montrer que vraiment il faut restituer l'usage de notre fleuve aux Parisiens, aux visiteurs, comme vous le disiez vous-m�mes, Monsieur BAUPIN.
C'est une grande ambition urbaine qu'il s'agit de mettre en ?uvre, elle doit trouver une place privil�gi�e dans l'�laboration du Plan local d'urbanisme et du Plan de d�placement de Paris qui doit prendre en compte la reconqu�te de cet espace unique.
Comme le disait hier M. GALLAND, un d�bat en temps voulu sera n�cessaire sur cette question et peut-�tre qu'alors arrivera-t-on � faire encore r�ver Mme KUSTER.
Dois-je le rappeler, la Seine et ses berges sont inscrits � l'inventaire du patrimoine mondial de l'UNESCO. C'est � la fois un grand honneur, une grande responsabilit� que d'am�nager et d'avoir un avenir pour ces berges autre que pour l'automobile mais pas seulement pour les mois d'�t�.
Ce que nous programmons cet �t� nous donnera des indications sur ce que devrait �tre pour partie l'avenir des berges qui pourraient redevenir un axe de grande qualit� pour la communication entre les Parisiens et leurs voisins puisque c'est un axe qui traverse Paris d'Est en Ouest.
A ce titre, deux remarques et une proposition : tout d'abord � M. GIRARD j'aimerais que nous fassions particuli�rement attention au fait que tous les Parisiens, y compris ceux qui vivent dans les quartiers, les arrondissements, les plus excentr�s - je ne parle pas de bas et de haut - ceux qui n'ont pas l'habitude de descendre au centre de Paris puissent aussi b�n�ficier des activit�s organis�es, ce qui n'est pas forc�ment le cas et cela peut donc passer par l'invitation aupr�s des associations de ces quartiers p�riph�riques, aupr�s d'un certain nombre de groupements de personnes, pour faire en sorte qu'il y ait une publicit� pour qu'il puisse y avoir un acc�s possible � ces animations et de ce point de vue n'y a-t-il pas des partenariats � rechercher avec les mairies d'arrondissement, les centres d'animation, les conseils de la jeunesse et les associations par exemple ?
Enfin, une autre question � M. BAUPIN, je sors �videmment du sujet de ce projet de d�lib�ration mais j'aimerais savoir ce que nous avons pr�vu cette ann�e pour �viter les encombrements d�sagr�ables provoqu�s sur les quais suite � la fermeture des voies sur berges. Cet aspect a constitu� un souci important des Parisiens l'an pass�.
J'ai bien entendu ce que vous disiez, Monsieur BAUPIN, en r�ponse � la question de M. GALLAND mais n'y a-t-il pas l� aussi un accord � avoir avec la Pr�fecture de police pour donner un peu plus de souplesse peut-�tre encore � ce que vous aviez dit hier ?
Enfin, une proposition : je pense qu'il serait opportun de recueillir pendant l'�t� les id�es, les suggestions de celles et ceux qui participeront aux activit�s organis�es ou qui se prom�neront sur les berges de la Seine d�barrass�es des voitures pour justement pr�voir l'avenir de cet endroit. Les citoyens ont d'�vidence leur mot � dire sur cet avenir � donner � la Seine qui est l'un des biens communs les plus pr�cieux de notre belle Capitale.
Merci.
M. Eric FERRAND, adjoint, pr�sident. - Merci.
Monsieur BAUPIN, vous avez la parole pour r�pondre aux intervenants.
M. Denis BAUPIN, adjoint, au nom de la 3e Commission. - Je voudrais remercier d'abord les intervenants de me donner l'occasion de pr�ciser un certain nombre de points. J'avais d�j� apport� des r�ponses lors de la question de M. GALLAND. Mais visiblement certains n'�taient pas l� et je vais repr�ciser ce que j'avais indiqu� hier.
L'op�ration qui s'�tait tenue l'ann�e derni�re �tait une premi�re. Nous avions tenu � la lancer rapidement parce que nous souhaitions ne pas attendre une ann�e suppl�mentaire avant d'offrir aux Parisiennes et aux Parisiens, et plus globalement d'ailleurs � l'ensemble de ceux qui profitent de Paris pendant la p�riode estivale, l'acc�s � la Seine � pied, en v�lo et en "roller". Il ne faut pas nier et nous ne l'avons pas ni� � l'�poque, qu'il y a eu un certain nombre de difficult�s. Pour autant, 66 % des Parisiens avaient trouv� que c'�tait une bonne op�ration. Nous avons d�cid� de la reproduire cette ann�e en tirant les enseignements de l'ann�e pr�c�dente.
D'une part nous avons retard� d'une semaine le lancement de l'op�ration de fa�on � ce qu'il y ait moins de v�hicules automobiles qui circulent dans la Capitale, puisque plus de personnes sont parties en vacances.
Deuxi�mement nous avons mis en place un dispositif qui permet de reporter la circulation automobile, notamment sur le p�riph�rique. A noter qu'en p�riode estivale il y a m�me un probl�me de vitesse de circulation automobile sur le p�riph�rique puisqu'il y a moins de v�hicules. Donc un syst�me de signalisation et des plans de circulation vont �tre mis en place. Ils seront annonc�s 15 jours � l'avance aupr�s des automobilistes sur ces axes principaux ainsi qu'� l'int�rieur de la Capitale.
Comme le sugg�re M. VUILLERMOZ, ce dispositif sera souple, c'est-�-dire que si nous constatons au fur et � mesure que les am�nagements que nous avons mis en place entra�nent des reports trop importants sur certains axes ou insuffisamment de reports en dehors des quais hauts, comme cela a �t� le cas l'ann�e pass�e, nous adapterons au fur et � mesure ce dispositif.
Troisi�me am�nagement, qui donne lieu plus particuli�rement � cette d�lib�ration aujourd'hui, c'est l'animation sur les berges. Il est clair que l'ann�e pass�e les animations avaient �t� peu nombreuses, m�me si Christophe GIRARD avait mis en place un premier dispositif d'animation culturelle. Il est clair qu'il n'y avait pas suffisamment d'attractions sur les berges et notamment en pleine journ�e, en semaine, il y avait peu d'activit� et donc peu d'usagers sur les berges.
Cette ann�e nous mettons en place un dispositif beaucoup plus ambitieux. Ce dispositif n'est pas int�gralement pr�sent� dans ce projet de d�lib�ration qui ne porte que sur les march�s pass�s en mati�re d'animation artistique.
J'ai bien entendu les remarques faites, notamment par Mme de FRESQUET sur l'utilisation de l'article 30. Cet article 30 existe. Il vise justement les activit�s culturelles et sportives. Donc nous respectons parfaitement le Code des march�s publics. D'ailleurs en mati�re de transparence je crois que par rapport � la pratique pr�c�dente qui consistait � passer int�gralement toutes ces activit�s, toutes ces animations, par l'association "Paris-Ev�nements" sans la moindre transparence pour les �lus, nous avons progress�. Si l'on peut progresser encore je ne pourrai que m'en f�liciter.
Sur les r�ves de Mme KUSTER... J'ai bien entendu les hommages qu'elle a rendus � un ancien Maire de Paris lorsqu'elle parle de l'eau pollu�e de la Seine, ancien Maire de Paris qui disait qu'il se baignerait dans la Seine. Concernant la temp�rature, il est clair que tant que nous n'aurons pas suffisamment d'effet de serre nous aurons du mal � r�chauffer la Seine mais l� je crains que ce ne soit pas forc�ment souhaitable pour l'ensemble de l'humanit� ! Compte tenu de la qualit� de l'eau, en tous cas, il est clair que se baigner dans la Seine n'est pas encore une activit� que l'on peut conseiller � nos concitoyens.
J'ai aussi entendu ses r�flexions sur la qualit� de l'air : l� c'�tait un hommage sans doute � Georges-Pompidou qui nous a l�gu� ces voies sur berges et la transformation de Paris en autoroute urbaine. Nous n'avons pas encore aujourd'hui, c'est clair, r�ussi � faire de Paris une ville exemplaire en mati�re de qualit� environnementale...
M. Jean-Fran�ois LEGARET, maire du 1er arrondissement. - Vous n'avez rien fait !
M. Denis BAUPIN, adjoint, rapporteur. - Nous n'avons pas r�ussi en un an, vous avez raison, Monsieur LEGARET, � rattraper 40 ann�es o� Paris �tait livr�e � l'automobile. Nous allons humblement poursuivre notre travail et donc nous assisterons pendant cette p�riode estivale, pendant un mois, � une am�lioration de l'attractivit� de Paris. Nous verrons la France d'en bas en "roller", � pied et � v�lo et la France d'en haut sur les quais au-dessus en voiture. Nous en tirerons chacun les images et les cons�quences utiles quant au choix de la politique � mener.
Enfin j'ai bien retenu, Madame de FRESQUET, les termes que vous avez utilis�s pour qualifier "Paris plage", sable, galets, parasols, chaises longues. Je vous donne rendez-vous le 21 juillet prochain et vous verrez votre r�ve pourrait devenir r�alit�.
M. Eric FERRAND, adjoint, pr�sident. - Merci.
Je mets aux voix, � main lev�e, le projet de d�lib�ration DAC 244.
Qui est pour ?
Contre ?
Abstentions ?
Le projet de d�lib�ration est adopt�. (2002, DAC 244).

Juin 2002
Débat
Conseil municipal
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