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53 - Echanges autour de récents propos de M. LELLOUCHE


M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Monsieur NAJDOVSKI, vous avez la parole.
M. Christophe NAJDOVSKI. - Je vous demande la parole, Monsieur le Maire - j'aurais pr�f�r� ne pas la demander... - parce que je voudrais d�noncer ici avec la plus grande fermet� et avant qu'il ne s'appr�te � prendre la parole des propos injurieux et scandaleux qui ont �t� tenus par M. LELLOUCHE en notre direction.
M. LELLOUCHE a cru bon r�cemment de consid�rer qu'il y avait (je le cite) "un antis�mitisme venu de l'extr�me gauche et des "Verts" et qui a progressivement contamin� le parti socialiste".
Je tiens � r�affirmer ici dans cette enceinte que "Les Verts" rejettent, condamnent de la mani�re la plus claire et la plus ferme l'antis�mitisme. R�cemment, une rencontre entre "Les Verts" et le Conseil repr�sentatif des institutions juives de France a �t� l'occasion de r�affirmer dans une d�claration commune que nous nous opposions ensemble � toute forme de racisme et d'antis�mitisme.
Je demande donc � M. LELLOUCHE de retirer ses propos et de pr�senter des excuses publiques � toutes celles et ceux qui, dans cette enceinte, ont �t� profond�ment choqu�s et insult�s par ses propos.
Dans le cas contraire, nous quitterons l'h�micycle pendant son intervention et nous ferons cela � chaque fois que M. LELLOUCHE prendra la parole dans cette enceinte.
(Applaudissements sur les bancs des groupes "Les Verts", socialiste et radical de gauche, communiste et du Mouvement r�publicain et citoyen).
M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Monsieur BLOCHE, vous m'avez demand� la parole.
Nous vous �coutons.
M. Patrick BLOCHE. - Merci, Monsieur le Maire.
Christophe NAJDOVSKI a dit l'essentiel. Je souhaitais m'associer � ses propos puisque le parti socialiste a �t� �galement vis� par des propos publics qui, je l'esp�re, ont d�pass� la pens�e de Pierre LELLOUCHE.
En l'occurrence, � cette tribune, en ce lieu, je ne vais �videmment pas (j'allais dire je ne me sens pas dans l'obligation) justifier du combat contre le racisme et l'antis�mitisme que le parti socialiste a toujours men� et m�ne aujourd'hui encore plus qu'hier. Le fait que nous ayons il y a quelques semaines inaugur� la rue "Jean-Pierre Bloch", dans le 15e arrondissement, montrant la profonde unit� de notre Assembl�e et des partis politiques parisiens pour rendre hommage � une figure embl�matique du combat contre l'antis�mitisme, pousse �videmment les socialistes � n'avoir aucunement besoin de se justifier.
Donc, il me para�trait effectivement souhaitable, compte tenu de nos travaux, compte tenu d'un certain nombre d'�l�ments qui ont amen� le parti socialiste par la voix de Bruno LEROUX, � le demander, que Pierre LELLOUCHE pr�sente des excuses publiques. J'ai constat� qu'il avait d�j� corrig� son propos en associant la droite mod�r�e � la gauche mod�r�e dans un antis�mitisme qui serait en progression...
Cette r�ponse n'est pas satisfaisante et nous serions effectivement tout aussi sensibles que le groupe "Les Verts" � ce qu'il puisse retirer publiquement ses propos et pr�senter ses excuses � l'�gard de toutes celles et tous ceux qui se sont sentis injuri�s par ses d�clarations.
(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste et radical de gauche, communiste, "Les Verts" et du Mouvement r�publicain et citoyen).
M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Avant de donner la parole � M. LELLOUCHE, M. Jean VUILLERMOZ.
M. Jean VUILLERMOZ. - Monsieur le Maire, je serai tr�s court �videmment : dans les propos de M. LELLOUCHE, le parti communiste n'�tait pas concern�...
Cela dit, on le comprend � demi-mots, c'est-�-dire qu'on commence par la gauche, on s'attaque aux "Verts" et �videmment, � partir de l�, on regarde derri�re et on voit bien qu'il ne reste plus personne !
Donc, j'aime mieux tout de suite intervenir pour �tre compl�tement solidaire de mes coll�gues.
M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Merci.
Monsieur LELLOUCHE, vous avez la parole.
M. Pierre LELLOUCHE. - Merci, Monsieur le Maire, si vous le permettez, j'interviendrai sur le v?u n� 30 apr�s avoir r�pondu aux injonctions qui viennent de m'�tre faites.
Mes chers coll�gues, il n'a jamais �t� dans mes intentions, soyons clairs, de mettre en cause ni les dirigeants du parti socialiste ni le parti socialiste en tant que tel. Je l'ai dit publiquement, et je crois que ceci vaut la clarification que vous aviez demand�e, je reviendrai sur le mot "excuse" tout � l'heure.
Quant aux "Verts", c'est plus d�licat.
M. Fran�ois FLORES. - Ah !
M. Pierre LELLOUCHE. - Permettez-moi de m'exprimer, s'il vous pla�t...
Il y a une quinzaine de jours, dans une interview au "Parisien", interview d'ailleurs crois� entre No�l MAMERE et moi, il y avait dans les propos de No�l MAMERE, avant l'interview de "La Croix" qui m'est reproch�, des points qui sont difficiles � accepter. Difficiles � accepter !
Ce que je dis, je ne suis pas le seul � le constater, mes chers coll�gues. Croyez-moi, un certain nombre d'�lus et de militants de gauche, qui sont mes amis, sont venus me dire leur propre exp�rience dans leur famille politique. De la m�me fa�on que ce genre de d�rapage existe aussi � droite.
Vous pouvez casser ou d�noncer le thermom�tre autant que vous voulez, vous ne changerez pas une r�alit� qui est h�las que dans notre pays, � la suite de la diabolisation men�e depuis de nombreuses ann�es de l'Etat d'Isra�l, celui-ci �tant pr�sent� comme un Etat "bourreau" du peuple palestinien, un certain nombre de gens font la confusion entre la critique - qui peut parfaitement �tre l�gitime d'ailleurs - de l'Etat d'Isra�l, la d�nonciation du sionisme, qui est plus probl�matique, car cela remet en cause le droit d'un peuple � avoir un �tat, et une attitude quasi raciste ou antis�mite.
M. Sylvain GAREL. - C'est scandaleux ! Jamais "Les Verts" n'ont tenu de propos antis�mites !
M. Pierre LELLOUCHE. - Je n'ai interrompu personne !
M. Sylvain GAREL. - "Les Verts" sont contre les antis�mites !
M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Vous voyez bien que vos propos sont extr�mement difficiles � entendre et que ces accusations publiques sont probl�matiques, enfin !
M. Jacques BRAVO, maire du 9e arrondissement. - C'est honteux !
M. Pierre LELLOUCHE. - Vous ne m'emp�cherez pas de m'exprimer. Je ne mets en cause ni les responsables ni les partis en tant que tels, je dis qu'un certain nombre de gens, y compris des �lus nationaux connus, font ce genre d'amalgame et il est dommage que vous refusiez d'admettre cette r�alit�.
M. Yves CONTASSOT, adjoint. - Pas les �lus !
M. Pierre LELLOUCHE. - Je ne veux pas faire de peine � quiconque ici, mais dans les rues de Paris, dans des manifestations antiguerre ou pro-palestinienne, on a vu non seulement des drapeaux du Hamas, et autres, mais on a entendu des "Mort aux juifs", y compris sur les diff�rents boulevards dans ma propre circonscription alors...
(Vives protestations sur les bancs du groupe "Les Verts").
... Vous voudrez bien dire que c'est la libert� d'expression, je dis qu'il y a confusion des genres et je dis que votre responsabilit� politique est engag�e.
M. Sylvain GAREL. - C'est vous qui faites la confusion des genres.
M. Fran�ois FLORES. - C'est honteux !
M. Jean-Fran�ois BLET. - C'est vous qui faites la confusion ! C'est scandaleux !
M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Arr�tez.
M. Pierre LELLOUCHE. - Calmez-vous, Monsieur, devant, et laissez parler.
M. Jean-Fran�ois BLET. - Ce sont des amalgames honteux.
Ce sont des m�thodes inqualifiables ! Qu'est-ce que c'est que ces m�thodes.
M. Pierre LELLOUCHE. - Arr�tez !
M. Patrick TR�M�GE. - Et la tol�rance !
M. Pierre LELLOUCHE. - C'est exactement ce que je viens de dire. Par vos propos...
M. Jean-Fran�ois BLET. - C'est un amalgame d�plorable, vous �tes le premier � le faire l'amalgame !
M. Pierre LELLOUCHE. - Je l'ai dit.
M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Laissez-le parler.
M. Pierre LELLOUCHE. - Si vous croyez m'intimider par vos vocif�rations, vous vous trompez compl�tement. Je suis parfaitement serein. Notre pays conna�t un probl�me grave que vous ne voulez pas voir. C'est votre droit, mais n'emp�chez pas ceux qui sont concern�s par ce probl�me de se battre contre lui.
Je suis l'auteur d'une proposition de loi - et le Maire de Paris a bien voulu le rappeler tout � l'heure - qui a �t� vot�e � l'unanimit� et je remercie tous mes coll�gues de gauche pr�sents ce jour l�, qui visait � punir non seulement les agressions verbales ou par �crit, c'�tait la loi "Gayssot", mais les violences physiques contre les personnes et les biens pour avec une intention raciste.
Nous sommes dans cette situation l�, mes chers coll�gues, il est un fait qu'� c�t� de l'ancien antis�mitisme d'extr�me droite, s'est d�velopp� dans ce pays un antijuda�sme nouveau qui vient de l'extr�me-gauche, en effet, et qui confond antisionisme et antis�mitisme. Je maintiens ces propos.
Je les maintiens. Alors je veux bien en exclure les responsables nationaux et les formations que vous repr�sentez car je n'ai rien contre les formations, je suis un d�mocrate. Mais vous pouvez d�noncer et essayer de casser le thermom�tre autant que vous voudrez, vous ne changerez rien � ce cancer qui d�sormais se d�veloppe � l'extr�me-gauche de notre pays et que je d�nonce tout autant que je d�nonce et je condamne l'extr�misme de droite.
Voil� la position d'un honn�te homme aujourd'hui !
(Applaudissements sur les bancs des groupes U.M.P. et Union pour la d�mocratie fran�aise).
Et apr�s, Messieurs, si vous voulez poursuivre cette discussion en justice, je suis tout � fait pr�t � venir devant la justice m'expliquer avec vous.
M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Tr�s bien !
M. Jean-Fran�ois BLET. - Arr�tez l'amalgame ! C'est de la diffamation, de la calomnie !
M. Pierre LELLOUCHE. - Avec votre permission, Monsieur le Maire, j'aimerais...
M. Fran�ois FLORES. - Vous faites exactement de l'amalgame.
M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Je donne la parole � Patrick BLOCHE... attendez...
M. Patrick BLOCHE. - Merci, Monsieur le Maire.
Christophe NAJDOVSKI, Jean VUILLERMOZ et moi-m�me nous sommes exprim�s dans des conditions qui exprimaient insuffisamment, pour justement ne pas �tre provocateurs, combien nous nous sommes sentis injuri�s et bless�s par les propos de Pierre LELLOUCHE.
Je regrette, au regard de notre responsabilit� d'�lus, et dans cette enceinte, en fonction de ce qu'est le d�bat r�publicain, le d�bat d�mocratique, que Pierre LELLOUCHE surajoute � la provocation dans les r�ponses insatisfaisantes qu'il nous a faites, y compris � l'�gard du parti socialiste.
Je consid�re que les conditions de son intervention, les cons�quences que cela a eues sur le travail de notre Assembl�e, m'am�nent au nom du groupe socialiste et radical de gauche � demander une suspension de s�ance.
M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Madame BORVO, vous avez la parole.
M. Patrick TR�M�GE. - Il y a une demande de suspension de s�ance !
Mme Nicole BORVO. - Monsieur LELLOUCHE, vous �tes vraiment un provocateur. Vous savez que le type d'amalgame que vous faites peut tuer et a pu tuer dans l'histoire. Alors �coutez, je vous prie d'enregistrer - peut-�tre ne le saviez-vous pas - que les organisateurs des manifestations auxquelles vous faites r�f�rence ont fait sortir des cort�ges toute inscription qui pouvait pr�ter � ambigu�t�.
Alors je ne sais pas qui vous visez quand vous dites d'un mot tr�s large "extr�me gauche", "gauche", etc.
M. Pierre LELLOUCHE. - C'est incroyable !
Mme Nicole BORVO. - C'est moi qui parle, Monsieur LELLOUCHE, ce n'est pas vous ! Il est inadmissible que vous fassiez ce type d'amalgame et je le dis avec autant de solennit� parce qu'on sait que ce type d'amalgame peut aller tr�s loin.
Alors je vous prierai de retirer...
M. Pierre LELLOUCHE. - C'est exactement ce que je d�nonce.
Mme Nicole BORVO. - Vous pouvez penser ce que vous voulez, mais vous ne pouvez pas faire l'amalgame avec des organisations politiques, syndicales, qui organisent des manifestations, et heureusement qu'il y en a qui font des manifestations pour la paix et pour le peuple palestinien !
M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Je suspens la s�ance pour 5 minutes.

Mars 2003
Débat
Conseil municipal
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