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11 - Vœu n° 4 déposé par le groupe Union pour la démocratie française relatif à la journée internationale des femmes, célébrée le 8 mars


M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Nous passons maintenant � l'examen du v?u n� 4 d�pos� par le groupe Union pour la d�mocratie fran�aise relatif � la journ�e internationale des femmes, c�l�br�e le 8 mars.
Je donne la parole � Mme G�raldine MARTIANO.
Mme G�raldine MARTIANO. - Nous allons changer de sujet.
Un jour par an la femme est glorifi�e. Op�ration m�diatico-politique qui conduit implicitement � imaginer que les 364 autres jours sont d�di�s aux hommes. L'existence m�me de cette c�l�bration est discutable. Qu'avons-nous donc de si formidable qui justifie que l'on f�te globalement le sexe dit faible ?
Cette pseudo faiblesse justifie-t-elle que le 8 mars, inexorablement, nous devenions ic�nes ? Pour tout dire - pardonnez-moi cette remarque personnelle - le 8 mars est l'unique jour o� j'ai envie d'�tre un homme, tellement le principe m�me de cette c�l�bration me semble d�magogue. Une fois par an la femme est photographi�e, affich�e, "Algecois�e" sur le parvis de l'H�tel-de-Ville. On dit alors qu'on la d�fend, qu'on soutient ses combats, qu'on conna�t ses mis�res. Quelques fantaisies de langage. Quelques exclamations, admirations, quelques larmes de compassion et on est le 9 mars !
Jusqu'� ces derni�res ann�es dans le monde loin de nous, des Nations, des gouvernements, des religions s�cr�tent une dose croissante de violence, d'intol�rance, de m�pris m�me de la vie des femmes. Mais aujourd'hui en France, ph�nom�ne r�cent, si insidieux qu'il aurait presque �chapp� au thurif�raire mondain de la cause des femmes, ce sont des bandes qui menacent, injurient, terrorisent les adolescentes et les jeunes femmes, condamnant leur essence m�me : la f�minit�.
Ce m�me 8 mars, en France, chez nous, sur la terre des Droits de l'Homme, certaines ont exprim� leur difficult� d'�tre, d'exister simplement entre violence et soumission. Soumission subie par celles qui n'ont pour toute expression que celle de leur p�re ou de leur fr�re, violence pour toutes ces jeunes filles victimes de brimades, d'agressions, de viols, d'assassinats.
C�l�brer la femme le 8 mars consiste au minimum, si l'on veut rester digne, � reconna�tre la situation r�elle dans laquelle des jeunes filles, des femmes de demain, grandissent en France et � Paris.
Sans attendre de r�ponse � la question certainement cruciale de savoir si la politique a un sexe, assurons-nous d'abord qu'elle n'est pas impuissante.
Consid�rant que le Conseil de Paris s'est engag�, avec raison, � subventionner les associations mettant notamment en place des actions d'aide et de r�insertion des personnes victimes des nouvelles formes d'esclavage, et a propos� la r�alisation d'une campagne d'information � destination des jeunes, que cette d�cision va dans le bon sens et qu'elle doit �tre �tendue et amplifi�e, je demande que la Mairie de Paris initie une v�ritable mobilisation sur le long terme contre la discrimination et la violence envers les jeunes filles ; adopte un programme d'aide aux associations, telle "Ni pute, ni soumise", qui luttent contre toute attitude obscurantiste et r�trograde et que la Ville mette en place une campagne de sensibilisation, notamment dans les �tablissements scolaires, pour rappeler les principes fondamentaux du respect de l'autre et l'�galit� des sexes.
Il serait intol�rable que notre Assembl�e ne d�cide pas de soutenir 365 jours par an celles qui luttent pour d�fendre les fondements de notre R�publique.
Je vous remercie.
Mme Gis�le STIEVENARD, adjointe. - Informez-vous ! On ne vous a pas attendue !
M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Madame HIDALGO, vous avez la parole pour r�pondre.
Mme Anne HIDALGO, premi�re adjointe. - Madame MARTIANO, en effet, le 8 mars n'a pas la m�me valeur, je le constate � travers votre expression. C'est vrai que le 8 mars est n� en 1910, � Copenhague, lors d'une conf�rence internationale socialiste des femmes, et c'est vrai aussi que la France, pour la premi�re fois, le Gouvernement fran�ais en 1982, donc avec Pierre MAUROY comme Premier Ministre et Fran�ois Mitterand comme Pr�sident et Yvette ROUDY comme Ministre des Droits des Femmes, ont d�cid� de c�l�brer officiellement cette journ�e internationale des femmes le 8 mars de chaque ann�e.
C'est vrai aussi que ce n'est que depuis mars 2002, puisque nous n'�tions pas l� en 2001, que nous c�l�brons aussi � Paris officiellement cette journ�e internationale des femmes.
Alors cette histoire - je le vois bien - vous est �trang�re et pourtant c'est l'histoire du f�minisme, c'est la lutte des femmes pour leurs droits et la n�cessit� qui, � travers le monde, a �t� exprim�e d'utiliser cette journ�e pour montrer, pour parler, pour discuter, pour faire avancer la cause des femmes et la cause de l'�galit� entre les femmes et les hommes.
Alors � Paris, nous travaillons toute l'ann�e, je vous rassure, ce n'est pas uniquement trois jours par an, et d'ailleurs depuis que nous sommes ici en responsabilit� nous nous sommes dot�s de deux instruments extr�mement importants au niveau de l'administration, tout d'abord un Observatoire de l'�galit� entre les femmes et les hommes et ensuite un Bureau des temps qui sont tous les deux rattach�s au Secr�tariat g�n�ral de la Ville pour appuyer la politique transversale que nous mettons en ?uvre depuis mars 2001.
C'est vrai que vous auriez du mal � comparer avec ce qui se passait avant puisqu'en fait il n'y avait rien et je n'h�site pas � le dire de fa�on aussi forte.
Alors que faisons nous depuis mars 2001 ? Eh bien nous travaillons dans tous les domaines de l'action municipale, tout d'abord avec les associations f�ministes et f�minines auxquelles nous avons je crois redonn� une dignit�, parce que d�sormais elles peuvent acc�der � des subventions pour monter des actions et aider les femmes dans notre Ville de Paris.
Mais nous avons aussi mis en ?uvre une politique dans le domaine de la s�curit�, une politique sexu�e et cette politique conduit d'ailleurs un certain nombre de maires d'arrondissements et je salue Mich�le BLUMENTHAL qui a notamment conduit des marches exploratoires pour donner � la question de la s�curit� une dimension qui parfois est oubli�e dans le discours d'un certain nombre de personnes politiques.
Mais nous avons �galement travaill� dans le champ des violences, de la lutte contre les violences, en nous associant � la campagne de l'Etat men�e sur ce sujet et en cr�ant un centre d'h�bergement dans le 17e arrondissement, et prochainement nous ouvrirons aussi un centre d'h�bergement pour des femmes victimes de violences avec leurs enfants.
Nous avons aussi ?uvr� et nous continuons dans le domaine de la sant� avec notamment le num�ro vert sur la contraception mis en place avec le planning familial, qui d'ailleurs au passage permet � plus de 42 % de jeunes hommes de s'informer sur les questions de sexualit�, de contraception. Vous voyez que quand la cause des femmes avance, c'est la cause des �tres humains qui avance.
(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste et radical de gauche, du Mouvement r�publicain et citoyen, communiste et "Les Verts").
Nous avons aussi financ� et mis en place 20 centres de planification familiale pour venir en aide aux femmes qui se posent des questions, qui souhaitent acc�der � l'interruption volontaire de grossesse et puis nous mettrons en place prochainement une grande campagne sur le d�pistage gratuit du cancer du sein.
Je vous rappelle que le D�partement de Paris est le 34e d�partement fran�ais � entrer dans cette dynamique. Cela ne s'�tait pas fait auparavant. D�sormais les femmes de 50 ans et plus pourront toutes b�n�ficier � Paris d'un d�pistage du cancer du sein gratuit. Mais nous avons aussi ?uvr� et nous poursuivons, avec M. SAUTTER, Mme STIEVENARD et l'ensemble de mes coll�gues, sur la question de l'insertion et de l'emploi.
Je vais m'arr�ter l� parce que nous pourrions y consacrer une s�ance enti�re du Conseil de Paris. D'ailleurs, cette s�ance du Conseil de Paris serait utile.
Concernant notamment les violences dont sont victimes les femmes des quartiers, nous ne vous avons pas attendu, Madame MARTIANO ! Notre parrainage a �t� accord� � la Marche des femmes des quartiers avant qu'elle ne soit engag�e. C'est vous dire si nous les soutenons. Nous les avons re�ues, avec Mme DURLACH, bien avant les 8 mars. C'est vous dire si nous sommes conscientes des messages qu'elles nous passent.
Au-del� des mots de compassion, certes importants, nous avons engag� un plan d'actions avec notamment cette association qui s'est constitu�e, pour faire en sorte que, dans les quartiers, les femmes, les jeunes filles reconqui�rent l'espace public qui, souvent, leur a �t� interdit ou refus�.
Voil� comment nous travaillons de fa�on extr�mement concr�te. Moi, Madame MARTIANO, le 8 mars je n'ai pas envie d'�tre un homme. J'ai envie d'�tre une femme tout au long de l'ann�e. J'insiste sur le fait que la cause des femmes, la cause de l'�galit� renvoie � la dignit� humaine, � la dignit� des �tres humains et elle nous mobilise toute l'ann�e.
Merci.
(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste et radical de gauche, du Mouvement r�publicain et citoyen, communiste et "Les Verts").
M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Voulez-vous reprendre la parole, Madame MARTIANO ?
Mme G�raldine MARTIANO. - Je voulais juste dire que la compassion n'existe pas qu'� la gauche de cet h�micycle. On a eu droit � un tr�s beau m�moire en d�fense. Mme HIDALGO a fait un tr�s joli catalogue des mesures prises par notre Assembl�e. Cela dit, peut-�tre pourrions-nous r�fl�chir � une fa�on plus efficace d'agir pour ces adolescentes et c'�tait le seul objet de ma question.
M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Je crois que nous avons compris.
Mme MAZETIER a la parole, pour une explication de vote au nom du groupe socialiste.
Melle Sandrine MAZETIER, adjointe. - Pour expliquer � Mme MARTIANO que nous voterons contre son voeu.
Le 8 mars n'est pas une op�ration m�diatico-politique, Madame MARTIANO.
Ce n'est pas parce que le 8 mars Mme MARTIANO a des pulsions - comme dirait son pr�sident de groupe - "purement gauloises", une fois par an.
Ce n'est pas parce que vous ne vous int�ressez qu'� ce qui fait l'�cume des luttes, l'�cume des choses, l'�cume de la vie que la gauche depuis un si�cle, ne s'est pas int�ress�e aux in�galit�s qui frappent en tous lieux, en tout temps et depuis toujours les femmes.
Je voudrais expliquer � Mme MARTIANO qu'il n'y a aucune compassion dans notre action, mais il y a de la solidarit�, il y a de l'engagement, il y a de la conviction ; il y a la conviction qu'il faut lutter partout, en tous lieux, tous les jours contre toutes les in�galit�s y compris contre les in�galit�s dont sont victimes les femmes. C'est ce qu'a engag� l'�quipe municipale sous l'�gide d'Anne HIDALGO depuis deux ans.
(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste et radical de gauche, du Mouvement r�publicain et citoyen, communiste et "Les Verts").
Je voudrais m�me vous dire, Madame MARTIANO, que La femme n'existe pas. C'est une pure cr�ation id�ologique, litt�raire, politique. Cela n'existe pas. Il y a Des femmes, Madame MARTIANO. C'est aupr�s de ces femmes que nous combattons, comme nous combattons aupr�s de toutes les victimes d'in�galit�s tous les jours. Consacrer une journ�e � parler des probl�mes qu'elles rencontrent, des difficult�s et des douleurs qu'elles traversent, c'est bien la moindre des choses.
Dans les attendus de ce voeu vous dites, je cite : "Il serait intol�rable que notre Assembl�e ne d�cide pas de soutenir 365 jours par an celles qui luttent pour d�fendre les fondements m�me de notre R�publique". Sachez qu'on ne le d�cide pas aujourd'hui ! On l'a d�j� d�cid� et les Parisiens l'ont d�cid� quand ils ont mis une majorit� alternative � la t�te de cette Municipalit�.
Et les choses ont chang� en mati�re de politique et de soutien aux droits des femmes !
M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - La parole est � M. NAJDOVSKI.
M. Christophe NAJDOVSKI. - Je souhaite dire que les �lus du groupe "Les Verts" partagent enti�rement les propos tenus par Mme HIDALGO et Mme MAZETIER. Par cons�quent, compte tenu de l'action que m�ne la Municipalit� actuelle en direction des femmes et de tout ce qui a �t� dit pr�c�demment, nous voterons contre ce voeu.
M. Christophe CARESCHE, adjoint, pr�sident. - Je mets aux voix, � main lev�e, le voeu avec un avis d�favorable de l'Ex�cutif.
Qui est pour ?
Qui est contre ?
Abstentions ?
Le voeu est repouss�.

Mars 2003
Débat
Conseil municipal
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