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33 - III - Question d'actualité de Mme Roxane DECORTE, au nom du groupe U.M.P., à M. le Préfet de police, relative au dispositif de sécurité en vigueur au sein de la Capitale


M. LE MAIRE DE PARIS. - Je passe maintenant � la question de Mme DECORTE � M. le Pr�fet de police, relative au dispositif de s�curit� en vigueur au sein de la Capitale.
Madame, vous avez la parole.
Mme Roxane DECORTE. - Monsieur le Pr�fet de police, la s�curit� � Paris est la raison d'�tre de la Pr�fecture de police, aussi permettez-nous de rendre hommage au travail et aux comp�tences que vous d�ployez au service du plus grand nombre.
Compte tenu de la situation internationale, il nous appara�t important, au sein du groupe U.M.P., de vous interroger concr�tement sur le dispositif de s�curit� en vigueur au sein de la Capitale.
En premier lieu, quelles sont les mesures de s�curit� sp�cifiques en terme de surveillance de tous les �tablissements scolaires, des lieux de pri�re, des �coles et des sites communautaires fr�quent�s par nos compatriotes de confession juive ou musulmane ? C'est vrai qu'en tant qu'�lue du 18e arrondissement, je redoute notamment les tensions entre les communaut�s.
Quelles sont �galement les mesures de s�curit� sp�cifiques en terme de surveillance des transports en commun, en particulier du m�tro, des gares, du ciel de Paris, des a�roports, des r�seaux de distribution d'eau, des int�r�ts sur le territoire parisien des pays qui participent � la coalition ?
En second lieu, quelle est la nature des dispositions contre les �ventualit�s d'emploi d'armes chimiques ou bact�riologiques ?
Je vous remercie par avance de ces informations pr�cieuses pour les Parisiennes et les Parisiens.
(Applaudissements sur les bancs du groupe U.M.P.).
M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci.
La parole est � M. le Pr�fet de police.
M. LE PR�FET DE POLICE. - Madame, d�s le d�clenchement de l'intervention am�ricaine en Irak et en application des dispositions arr�t�es par le Gouvernement, j'ait �t� amen� � prendre un certain nombre de mesures pour renforcer la vigilance dans la Capitale.
En premier lieu, le plan "Vigipirate" a �t� renforc� par la mise � ma disposition d'unit�s de C.R.S. et de gendarmes mobiles de la r�serve nationale, ainsi que de 300 militaires suppl�mentaires.
Ces moyens suppl�mentaires ont permis de renforcer la s�curit� dans les lieux sensibles et symboliques de la Capitale ainsi que la protection d'un certain nombre de repr�sentations diplomatiques.
Des moyens militaires ont �t� plac�s en renfort de l'U.M.I.P., qui est l'Unit� mobile d'intervention et de protection charg�e, pour la Pr�fecture de police, de la s�curit� des institutions et des ambassades.
La Direction de la Police urbaine de proximit� est �galement mobilis�e, puisque chaque commissariat d'arrondissement a d�sign� un officier assurant la mise en ?uvre et la coordination au niveau local, avec tous les contacts n�cessaires, des mesures de surveillance particuli�res pour les �tablissements situ�s dans chaque arrondissement.
J'ai r�uni vendredi dernier, 21 mars, les responsables d'institutions, les grands op�rateurs publics, notamment la R.A.T.P. et la S.N.C.F., les responsables des grands magasins, des mus�es, des cin�mas, des th��tres, ainsi que les repr�sentants du commerce et de l'industrie, pour les sensibiliser de nouveau sur les mesures � prendre dans les �tablissements recevant du public, notamment en ce qui concerne la n�cessit� de prendre des mesures de surveillance int�rieure visibles telles que le recours � des contr�les al�atoires des sacs ou la neutralisation des consignes en l'absence de dispositifs de contr�le appropri�s.
Ces mesures ne doivent pas bouleverser les habitudes de nos concitoyens, elles traduisent simplement des recommandations de bons sens � appliquer en fonction des situations locales.
En deuxi�me lieu, l'engagement du conflit en Irak suscite des r�actions et de l'�motion que la population de notre pays souhaite exprimer, notamment par le biais de manifestations sur la voie publique.
La Pr�fecture de police prend toutes dispositions pour que ces manifestations puissent se d�rouler dans le respect des lois en vigueur, pour que tout d�bordement soit contenu et pour que soient prot�g�s, conform�ment aux exigences du droit international, les repr�sentations et int�r�ts diplomatiques des diff�rents pays.
Le droit de manifester est une libert� publique fondamentale dans notre pays, rien ne justifie qu'il puisse �tre r�duit dans le contexte actuel et leurs organisateurs ont su, jusqu'� pr�sent, conserver � ces manifestations un calme et une dignit� qui t�moignent de leur esprit de responsabilit�.
C'est ainsi que pr�s de 80.000 personnes ont pu se r�unir place de la Concorde d�s le jeudi 20 mars et que pr�s de 100.000 ont d�fil� entre la place de la R�publique et la Nation samedi dernier.
Aucun de ces deux rassemblements n'a donn� lieu � d'incidents notables sauf un peut-�tre, et celui-l� fera l'objet d'un examen tout particulier puisque j'esp�re bien que les auteurs de cet incident entre deux communaut�s seront identifi�s et pourront �tre poursuivis par la justice.
Je pense que le calme relatif de ces diff�rentes manifestations �tait li� � la responsabilit� des organisateurs mais aussi � un important dispositif policier que j'ai cru devoir d�ployer pour �viter tout d�bordement.
En troisi�me lieu, tout doit �tre mis en ?uvre pour �viter que le conflit en Irak n'entra�ne des r�flexes identitaires de repli parmi certaines cat�gories de la population. Rien ne justifie en effet que d'une mani�re ou d'une autre, cette guerre, contre le d�clenchement de laquelle notre pays s'est engag�, se traduise par des tensions et des rivalit�s sur notre territoire.
C'est pourquoi j'ai personnellement re�u les repr�sentants des quatre grandes religions pr�sentes dans la Capitale. Unanimement ces autorit�s ont tenu un message de calme et appellent � la s�r�nit� et � la paix. Ces contacts ont �galement permis d'apporter les mesures de s�curit� des lieux de culte les plus sensibles.
Lors de ces entretiens, j'ai �galement rappel� � mes interlocuteurs l'enti�re d�termination que je mets � faire r�primer toute manifestation de x�nophobie ou d'antis�mitisme, qu'elle soit physique ou m�me simplement verbale. J'ai donn� les instructions n�cessaires aux services de police pour que les plaintes soient syst�matiquement enregistr�es et que les auteurs de ces d�lits soient identifi�s, interpell�s et pr�sent�s � la justice.
J'ajouterai que s'agissant du risque terroriste je crois pouvoir dire qu'il convient d'�tre � la fois vigilant et serein. La menace terroriste est latente mais elle n'est pas plus importante qu'il y a quelques mois, elle n'a pas de lien direct avec la situation internationale pr�sente.
Ceci �tant dit, elle est latente, � preuve les nombreuses arrestations qui sont intervenues pour des actions de type de pr�paration d'actions terroristes au cours de ces derniers mois qui font qu'actuellement, � ce jour, plus de 30 interpellations en quelques mois ont �t� faites et qui ont conduit � plus de 19 personnes aujourd'hui �crou�es pour pr�paration d'actions terroristes dans la R�gion parisienne.
Cela montre l'existence de cette menace mais ne doit affoler personne car cette menace, encore une fois, n'est pas plus grande aujourd'hui qu'il y a un an mais nous devons �tre particuli�rement vigilants.
Bien s�r, parmi les affaires qui ont �t� �lucid�es, il y a le risque traditionnel de menace � l'explosif que h�las notre pays a connu il y a un certain nombre d'ann�es et il y a manifestement - on l'a vu avec cette affaire de ricine - des gens qui de mani�re plus ou moins professionnelle, peut-�tre tout � fait artisanale, font quelques recherches mais ont aussi quelques intentions sur l'utilisation de produits chimiques pour conduire des actions terroristes. On ne peut pas dire qu'aujourd'hui cette menace avait un caract�re op�rationnel, dans le cas pr�cis elle n'en avait pas. Mais il y a lieu d'�tre vigilant sur ce plan l� �galement.
Je peux vous assurer que tous les services, aussi bien ceux des Renseignements g�n�raux que ceux de la Police judiciaire, de la Pr�fecture de police, en liaison �troite avec la D.S.T., font tout pour identifier ces menaces terroristes et intervenir avant que ceux-ci ne soient en capacit� de nuire mais encore une fois, vigilance mais aussi s�r�nit� par rapport � cette menace terroriste.
Tout est mis en ?uvre pour qu'en France et ici, � Paris en particulier, chaque communaut� puisse vivre en paix, dans le respect mutuel des cultures et des religions. Chacun de nos concitoyens a droit � la s�curit� et au respect de sa dignit�.
(Applaudissements sur tous les bancs de l'Assembl�e).
M. Christian SAUTTER, adjoint. - Bravo !
M. LE MAIRE DE PARIS. - Monsieur le Pr�fet, je veux vous remercier et vous dire au nom des Parisiens la confiance que nous inspire le dispositif que vous conduisez � Paris, dans ces circonstances un peu particuli�res.
Je veux aussi vous dire, ou plut�t vous confirmer, car vous le savez, que la Ville est vraiment une institution partenaire de la Pr�fecture de police, dans des moments qui peuvent �tre difficiles, que nous nous y pr�parons et que notre mani�re de travailler ensemble sur beaucoup de dossiers doit nous permettre de faire face � une situation que vous avez raison de qualifier comme devant appeler la vigilance et la s�r�nit�.
Je voudrais dire aussi � quel point il m'importe et il m'importera, � tous les moments, que chaque Parisienne et chaque Parisien soit respect� quelles que soient sa religion ou son origine. De ce point de vue l� je veux dire que je condamne avec la plus grande fermet� les incidents qui se sont d�roul�s samedi apr�s-midi rue Saint-Claude, dans le 3e arrondissement.
(Applaudissements sur tous les bancs de l'Assembl�e).
Nous en parlions tout � l'heure avec M. le Pr�fet de police, il ne s'agit pas de grossir les faits, et vous m'informerez. Il est �tabli que quelques individus s'en sont pris � quelques jeunes juifs parce qu'ils �taient juifs, les ont brutalis�s physiquement, dans la rue Saint-Claude, devant les locaux o� il y a notamment le Cercle Bernard-Lazare, et d'autres institutions, en plus ce sont des militants d'organisations juives qui oeuvrent pour la paix et pour un Etat palestinien, peu importe d'ailleurs, mais je ne veux pas l'accepter.
Je veux dire ici, au nom de Paris, ma condamnation la plus ferme de ces incidents. A Paris on peut �tre contre la guerre, on peut �tre digne, debout, libre, avec ses convictions, son origine et j'entends qu'il n'y ait aucune exception. C'est pourquoi je veux condamner ces incidents de samedi apr�s-midi rue Saint-Claude avec la plus grande nettet�.
(Applaudissements sur tous les bancs de l'Assembl�e).

Mars 2003
Débat
Conseil municipal
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