retour Retour

35 - V - Question d'actualité de Mme Géraldine MARTIANO et les membres du groupe Union pour la démocratie française à M. le Maire de Paris relative à la propreté de Paris


M. LE MAIRE DE PARIS. - Il vaut mieux donner la parole � Mme MARTIANO, pour le groupe UDF.
Monsieur GALLAND, je sens que vous abusez de ma gentillesse, comme M. LEGARET ce matin. Je suis vraiment d'une faiblesse !
M. Yves GALLAND. - Je vais abuser de votre faiblesse. Vous venez de dire une inexactitude profonde. Ceux qui veulent une police municipale ne veulent pas pour autant d�truire la Pr�fecture de police !
M. LE MAIRE DE PARIS. - Moi qui croyais qu'il y avait des oppositions. M. GALLAND me d�montre qu'il y a une opposition.
Bref, la parole est � Mme MARTIANO.
Mme G�raldine MARTIANO. - D'autant que je suis d'accord avec vous, Monsieur le Maire, c'est souvent beaucoup trop lent.
La v�rit� n'est que l'accord entre l'intelligence et le constat. Pour cela, nous nous rejoignons parfois. Nous f�mes d'accord quand vous disiez, en mars 2001 : "Paris est sale....". Nous sommes toujours d'accord, c'est h�las toujours vrai.
Les Parisiens, d'artifices en mystifications, attendent depuis plus de deux ans que la salet� recule. Dans ce domaine, on a atteint des sommets en mati�re d'effet d'annonce.
Je vais vous livrer un petit floril�ge.
Bienveillant : "Paris est sale".
Candide : "Aujourd'hui, Paris n'est pas aussi propre qu'on le souhaite, mais on a invers� la tendance".
P�remptoire : "Paris, propre, partout et en permanence : telle est la devise des services de la propret�".
Convaincu : "En mars 2002, plus une crotte de chien !"
Proph�tique : "Il n'est pas impossible qu'au printemps 2002 nous arrivions vraiment � avoir une ville propre".
L'avenir est un lieu commode pour y mettre des songes, disait Anatole France. Mais le printemps est l�, Monsieur le Maire. 2003 !
Quels sont les r�sultats des annonces ?
Un nombre insuffisant d'agents. Les cr�ations de poste n'ont pas suffi � compenser les cons�quences des 35 heures.
Des rythmes de travail inadapt�s. Il est n�cessaire qu'un nombre suffisant d'agents soit disponible le week-end.
Pas assez d'inspecteurs. Chacun sait bien que la malpropret� pourrait �tre r�duite si les actes d'incivisme �taient plus souvent r�prim�s.
La grande campagne de sensibilisation promise, annonc�e, report�e, ne fut grande que dans l'esprit de ses concepteurs.
Paris reste sale. La presse relaie ce constat d'�chec, fond� sur les p�titions des habitants exc�d�s.
Le sujet n'est pas neutre. Peut-on encore pr�tendre vivre dans la plus belle ville du monde si l'on y crotte ses souliers, si on slalome entre les d�tritus et s'il y a plus d'immondices dans nos squares que de jonquilles au printemps ?
Lorsqu'on veut changer les m?urs et les mani�res, il n'est pas n�cessaire de changer les lois, disait Montesquieu.
Monsieur le Maire, vous qui nous organisez de si jolies f�tes, pourquoi n'organisez-vous point, comme sur les bords de la M�diterran�e, un beau nettoyage de printemps ? Plut�t que de faire des Parisiens les victimes des d�faillances de votre politique, il faut les rendre acteurs, auteurs de la lutte pour la propret�. Ils y sont pr�ts, leur col�re et les sondages le d�montrent.
Servons-nous des conseils de quartiers et cr�ons en leur sein des �co-quartiers, avec une mission pr�cise : rendre Paris propre. Cela cr�dibilisera sans aucun doute ces conseils aux missions et pouvoirs n�buleux.
Organisons une semaine du fleurissement. On ne met pas de fleurs sur les d�tritus.
Etablissons une charte de la propret� avec les Parisiens, charte qui pr�cisera clairement les r�gles � respecter.
"On ne vainc la nature qu'en se soumettant � ses lois", �crit Bacon. Il est encore temps de changer de voie. Impliquer r�ellement les Parisiens dans la lutte pour la propret�, c'est r�pondre efficacement � la situation actuelle.
Je vous ai indiqu� quelques pistes. Vous �tes en charge des affaires. Alors, que comptez-vous faire pour que Paris soit enfin digne de sa propre splendeur ?
Je vous remercie. J'esp�re que je vous ai fait r�ver.
M. LE MAIRE DE PARIS. - R�ver, ce n'est pas le mot qui me venait � l'esprit.
La parole est � Yves CONTASSOT.
M. Yves CONTASSOT, adjoint. - Merci, Monsieur le Maire.
Vous insistez, Madame MARTIANO, � juste titre, sur l'ampleur de la t�che qui nous attendait en mars 2001 : services totalement d�sorganis�s, notamment du fait de privatisations partielles ; un effectif en constante r�duction depuis plusieurs ann�es. Le Maire de votre arrondissement �tait d'ailleurs le premier � s'en plaindre, Madame MARTIANO ; des agents qui ne travaillaient pas le week-end pour 40 % d'entre eux ; un taux de verbalisation tout � fait r�duit, pour ne pas dire insignifiant, des actes de malpropret�.
Je pourrais continuer ainsi longtemps cette �num�ration. Au final, vous avez raison, Madame, la demande des habitants face � ce sujet, abandonn� par nos pr�d�cesseurs, �tait particuli�rement forte.
C'est pourquoi d�s 2001, nous avons mis en ?uvre un plan de relance important de la propret� � Paris, dont les premiers r�sultats ne sont contest�s ni par les habitants, ni par la presse, que vous croyez pouvoir citer et ce dans un contexte marqu�, malheureusement, par le plan "Vigipirate renforc�".
Il s'agit tout d'abord du renforcement des moyens de la Propret�. Le budget affect� a augment� d'environ 11 % entre 2001 et 2003 et les nouveaux cr�dits ont permis de renforcer notamment les prestations d'entretien des secteurs les plus difficiles, de g�n�raliser les collectes s�lectives, d'augmenter le parc des corbeilles de rue.
Au-del� des moyens de fonctionnement courant, l'effort budg�taire s'est �galement traduit par la cr�ation de 430 nouveaux postes d'�boueurs pour 2002 et 2003 alors que les effectifs n'avaient pas �t� augment�s depuis pr�s de cinq ans.
Nous avons �galement sollicit� les Parisiens afin qu'ils deviennent des acteurs de la propret� de leur ville. La vaste campagne de communication de l'automne dernier a �t� parfaitement re�ue par les Parisiens, si l'on en croit les encouragements qu'ils nous ont adress�s par courrier lors des r�unions publiques.
Je rappelle que l'utilisation concomitante de la totalit� des panneaux municipaux, � deux reprises, pour cette campagne et l'envoi d'un guide de la propret� � l'ensemble des Parisiens est sans pr�c�dent en mati�re de communication sur la Propret�.
Cette action a �t� compl�t�e par une verbalisation accrue des actes de malpropret�. Alors que 8.500 infractions seulement, dont 2.200 pour abandon de d�jections canines, avaient donn� lieu � proc�s-verbaux en 2000, ce chiffre a �t� port� � 16.200, dont 4.300 pour abandon de d�jections canines, soit pratiquement un peu plus du double, y compris pour ce dernier motif.
A cet �gard, le geste de ramassage, inimaginable il y a encore un an, commence peu � peu � se g�n�raliser, � l'image des grandes m�tropoles �trang�res. Les �tudes que nous avons men�es montrent que pr�s de 50 % des propri�taires, aujourd'hui, ramassent les d�jections de leur chien.
Ce ne sont l� que les premiers actes d'une politique qui se renforce chaque jour davantage. Cette ann�e, nous allons d�velopper la verbalisation, en particulier gr�ce au concours des A.S.P. de Paris. Mais 2003 sera surtout l'ann�e de la r�organisation en profondeur du Service de la Propret� et de ses m�thodes d'intervention.
Il s'agit de donner plus de r�activit� � ces services qui fonctionnent au travers d'un nombre excessif de strates hi�rarchiques et de mani�re encore beaucoup trop centralis�e. La r�forme va renforcer la libert� d'action des services, au niveau de l'arrondissement, pour mieux r�pondre aux attentes exprim�es localement par les habitants et leurs �lus.
Ce dispositif s'appuiera sur un partenariat avec les mairies d'arrondissement, � l'�vidence au contact direct des habitants. Les �lus d'arrondissement connaissent bien mieux que quiconque leurs attentes et les r�alit�s du terrain.
La Ville de Paris va ainsi signer, dans les prochaines semaines, avec chaque maire d'arrondissement un contrat d'objectifs pour orienter l'action du Service local de la Propret�. Le premier contrat de ce type sera sign� d�s cette semaine entre le Maire de Paris et le Maire du 19e arrondissement et, d�s le 23 mai, le contrat concernant votre arrondissement, Madame MARTIANO, le 16e, sera �galement sign�.
Cette d�marche sera, j'en suis certain, le signal d'une mobilisation de tous les bancs de cette Assembl�e, loin des pol�miques st�riles, pour assurer ensemble et avec les Parisiens la qualit� de leur cadre de vie.
Je vous remercie.
M. LE MAIRE DE PARIS. - Je vous remercie, moi aussi, Yves CONTASSOT, ainsi que tous les services de la Propret�.
Il y a des progr�s, que nous estimons, bien s�r, insuffisants. Il faut beaucoup de temps pour inverser cette logique.
Madame MARTIANO, dans votre arrondissement, j'ai le souvenir, pendant la campagne municipale de 2001, d'avoir crois� par hasard le Maire de l'�poque, qui est toujours le Maire de l'arrondissement, et qui m'avait dit : "Je vais vous montrer � quel point c'est sale pour que vous puissiez savoir, si jamais...", � l'�poque, je n'�tais pas encore Maire de Paris. C'est donc une r�alit� ancienne.
Et c'est une r�alit� contre laquelle il faut se battre, tout le temps, et jamais se d�courager. Je crois simplement qu'il faut insister sur le civisme car je crois, honn�tement, que plus on rajoute de moyens et plus on nettoie, plus on salit derri�re.
Je suis donc tr�s, tr�s, tr�s favorable non seulement � toutes les campagnes d'information et de civisme mais � toutes les campagnes sur la r�pression. Je l'assume. Je suis, dans ce domaine-l� comme dans d'autres d'ailleurs, pr�t � assumer le besoin r�el de r�pression sinon, on va mettre tout le temps plus de moyens et, derri�re, on salira.
Il y aura un balayeur derri�re chaque Parisien pour ramasser des papiers qu'on jettera tous les quarts d'heure.
Il y a des limites � tout. Donc, des moyens en plus, oui, mais du civisme et de la r�pression ! Ce sera le seul moyen de faire avancer les choses.
Je vous en prie, Madame.
Mme G�raldine MARTIANO. - Un mot. On peut �ventuellement aussi organiser une vraie solidarit� autour de ce probl�me, dont tout le monde souffre. J'esp�re que la r�organisation dont M. CONTASSOT a parl�, sera efficace.
Cela dit, je suis persuad�e que chacun est responsable de la propret� de Paris et c'est ce que j'ai essay� de vous sugg�rer, en organisant quelques manifestations autour du sujet.
Je vous remercie.
M. LE MAIRE DE PARIS. - Je veux bien qu'on r�fl�chisse � cette grande manifestation festive, le grand nettoyage.

Mars 2003
Débat
Conseil municipal
retour Retour