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Vœu déposé par le groupe “Les Verts” relatif au sauvetage du Théâtre du Nord-Ouest.


M. Yves CONTASSOT, adjoint, pr�sident. - Nous passons � l?examen du v?u r�f�renc� n� 65 dans le fascicule, d�pos� par le groupe ?Les Verts?, relatif au sauvetage du Th��tre du Nord-Ouest.

La parole est � M. Ren� DUTREY.

M. Ren� DUTREY. - Merci, Monsieur le Maire.

Le Th��tre du Nord-Ouest situ� au 13, rue du Faubourg-Montmartre a une histoire toute particuli�re. A la lib�ration, le lieu abrite un cabaret r�put� ?Le Club des Cinq?, fond� par cinq anciens de la deuxi�me division blind�e, dont Jean Nohain assure la direction artistique. Piaf, Cerdan, Montand, Gabin, Carn� ou encore Pr�vert en sont alors les habitu�s.

Dans les ann�es 50, le temps n?est plus au spectacle de cabaret et ?Le Club des Cinq? forme ses portes. La salle de spectacle devient en 1954 un cin�ma de quartier. En 1991, le cin�ma devient alors une salle de concert, le fameux ?Passage du Nord-Ouest? dont les amateurs de rock se souviennent encore. Cette aventure sera de courte dur�e. En 1997, le lieu devient un th��tre. La sc�ne est agrandie et une seconde salle de spectacle de soixante places est cr��e � la place d?anciens bureaux.

Le Nord-Ouest se donne une mission particuli�re et se met dans une position de lutte contre la s�lection des spectacles par l?argent. L?�quipe de jeunes metteurs en sc�ne, de jeunes amateurs et de com�diens r�unie autour de Jean-Luc JEENER, le directeur, fait le constat que jouer o� �tre jou� se r�duit souvent � un probl�me d?argent. Ils d�cident que le Nord-Ouest ouvrira ses deux salles aux jeunes compagnies sans leur demander de minimum de recettes garanties.

Le th��tre accueille ainsi une trentaine de spectacles jou�s en alternance par p�riode de 6 mois, spectacles qui doivent r�pondre � une exigence artistique et non de recette minimum. A ce titre, les recettes d?une saison sont partag�es entre la trentaine de compagnies qui y travaillent. Il n?y a aucun salari� permanent. Ce sont les com�diens qui, � tour de r�le, accueillent le public, vendent les billets, servent au bar.

Cette proximit� entre artiste et public et ce foisonnement de spectacles font le succ�s du Th��tre du Nord-Ouest. Nombreux sont les amateurs de th��tre, fid�les spectacles du Nord-Ouest qui contribuent financi�rement, de fa�on volontaire, pour maintenir cette politique artistique g�n�reuse. Le Th��tre a permis depuis 10 ans � de tr�s nombreuses jeunes compagnies de se produire. Ce n?est pas par hasard si le prix ?Paris Jeunes Talents? a �t� attribu� en 2005 � un des spectacles refus� partout ailleurs et cr�� au Nord-Ouest ?Les Errants?.

Ce th��tre est aujourd?hui menac�. Le bail commercial vient d?arriver � �ch�ance et le propri�taire priv� souhaite vendre ses locaux. Par estime pour le travail de cr�ation accompli depuis 10 ans, il laisse la possibilit� au gestionnaire actuel du th��tre, la ?Compagnie de l?Elan?, soci�t� coop�rative ouvri�re de production subventionn�e par la D.R.A.C., et aux compagnies, de racheter les murs, un peu plus de 1.000 m�tres carr�s pour 640.000 euros.

Cette offre est tout � fait exceptionnelle, compte tenu des prix du march� parisien, mais n?est valable que peu de temps. Compte tenu des difficult�s pour r�unir une telle somme, l?association ?Th��tre Miroir du Monde? se mobilise pour le rachat du Nord-Ouest. Cette association a pour objet d?encourager la cr�ation th��trale contemporaine et en particulier d?aider les jeunes auteurs dramatiques et jeunes metteurs en sc�ne � cr�er leur premier spectacle. Elle compte dans son comit� d?honneur des personnalit�s comme Michel BOUQUET et Yasmina REZA.

Elle part du m�me constat que les cr�ateurs du Nord-Ouest quant � la difficult� � trouver des lieux de r�p�titions et de repr�sentation. Aussi, l?association se propose-t-elle de devenir copropri�taire du th��tre dans le cadre d?une Soci�t� par actions simplifi�es dont elle serait l?actionnaire majoritaire, compagnie th��trales et particuliers d�sireux d?encourager la cr�ation d�tenant le reste de ces actions.

L?association pourrait ainsi disposer de fa�on p�renne de cr�neaux de r�p�tition et de soirs de repr�sentation au b�n�fice de jeunes auteurs et compagnies qu?elle soutient tout en contribuant � sauver une salle de spectacle mythique de la sc�ne parisienne.

A ce jour et en quelques semaines, l?association a re�u pour son projet pr�s de 30.000 euros de dons d?amateurs de th��tre. Par ailleurs, au c�t� de l?association, des metteurs en sc�ne, des auteurs et quelques spectateurs fid�les ont souscrit � titre individuel, � hauteur de 70.000 euros, au capital de la soci�t� par actions. Avec ces 100.000 euros r�unis en quelques semaines, la Soci�t� par actions peut verser les 10 % du prix de vente exig�s pour la promesse de vente. Cependant, il est fort probable que l?association ne parviendra pas � r�unir dans les temps les 640.000 euros n�cessaires au rachat des murs du th��tre.

Le Th��tre du Nord-Ouest fait partie de notre patrimoine. Son histoire, les artistes et le public parisien en t�moignent. Il est aussi un lieu important de soutien d?aide � la jeune cr�ation. C?est un petit lieu, mais un lieu tr�s important.

Pour toutes ces raisons, je vous propose d?adopter ce v?u qui vise � ce que la Ville de Paris contribue financi�rement au rachat des murs du th��tre du Nord-Ouest pour pouvoir permettre que ce th��tre continue son activit�.

Je vous remercie.

M. Yves CONTASSOT, adjoint, pr�sident. - Merci.

Monsieur Christophe GIRARD, vous avez la parole.

M. Christophe GIRARD, adjoint. - Dans son intervention, M. Ren� DUTREY souligne la singularit� de l?action men�e en ce lieu par cette compagnie et je partage cette analyse.

Il est vrai que le Th��tre du Nord-Ouest ouvre ses salles aux jeunes compagnies, sans leur demander de minimum garanti. Ce n?est donc pas ce que, dans le milieu culturel, nous appelons aujourd?hui un garage. Cependant, je tiens � souligner certaines difficult�s concernant son fonctionnement.

La D.R.A.C., le Minist�re de la Culture, soutient la compagnie mais a d�cid� de ne pas financer ce lieu pour les raisons suivantes : d�faut de licence d?exploitation, des conditions d?acc�s non acceptables pour les compagnies professionnelles en raison d?une surexploitation des salles, jusqu?� trois spectacles par jour, Madame l?adjointe.

La S.C.O.P. a formul� deux demandes de subvention en 2001 � la Ville de Paris. L?une de 30.490 euros pour le fonctionnement du lieu, l?autre de 91.470 euros pour la r�alisation des travaux de s�curit�. Le dossier n?a pu �tre instruit en raison de l?absence de comptes annuels, de devis et d?un plan de financement.

Malgr� plusieurs courriers de rappel, aucune r�ponse n?est parvenue et, vraiment, nous l?avons regrett� car nous �tions pr�t � aider, mais sur la foi, comme c?est la loi, des documents financiers n�cessaires : comptes annuels, devis et plan de financement.

En 2002, cette soci�t� a donc formul� une nouvelle demande de subvention de fonctionnement d?un montant de 60.980 euros. J?avais �mis � l?�poque un avis d�favorable sur cette demande de subvention compte tenu du mode d?exploitation de ce th��tre : deux salles dans lesquelles sont pr�sent�s trois spectacles par soir, ce qui entra�ne des conditions difficiles pour les compagnies et un traitement disproportionn� par rapport � ce que nous demandons aux autres th��tres, ceux qui font partie du Fonds de soutien aux th��tres priv�s. Donc deux poids deux mesures, ce qui n?est �videmment pas acceptable. Il ne faut pas demander � certains un certain nombre de r�gles et � d?autres de les oublier.

Cette salle fait partie de nombreuses petites salles parisiennes, merveilleuses, rares, singuli�res dont le fonctionnement pose des probl�mes de diff�rents ordres.

En effet, les faibles jauges des salles ne permettent pas des recettes importantes et une diffusion satisfaisante des spectacles. L?accueil des artistes ne peut donc se faire que dans des conditions mat�rielles et financi�res difficiles, p�rilleuses parfois et souvent pr�caires.

Dans ce contexte, l?initiative de l?association th��tre ?Miroir du monde?, se mobilisant pour le rachat du Nord-ouest, est tout � fait g�n�reuse.

Cependant, �tant donn� les interrogations concernant le fonctionnement de ce lieu, s�curit�, jauge, accueil, conditions de repr�sentations � r�p�tition, la Ville de Paris ne peut pas tout � fait s?associer au rachat des murs du th��tre du Nord-Ouest.

Toutefois, sous r�serve d?une red�finition de son fonctionnement, elle pourrait �ventuellement envisager de contribuer � la mise aux normes de ce lieu. Donc, nous sommes pr�ts � apporter notre concours pour que le lieu puisse dans son ind�pendance exister et sa particularit� conserver, et en effet apporter une contribution pour la mise aux normes de ce lieu.

En l?�tat actuel du dossier, malheureusement, Monsieur DUTREY, je suis contraint de ne pas pouvoir vous donner totalement satisfaction pour une fois.

M. Yves CONTASSOT, adjoint, pr�sident. - Tr�s bien. Donc si je comprends bien, c?est un avis d�favorable de l?Ex�cutif, Monsieur GIRARD.

M. Christophe GIRARD, adjoint. - H� oui !

M. Yves CONTASSOT, adjoint, pr�sident. - Oui ?

La parole est � M. DUTREY.

M. Ren� DUTREY. - Juste pour rester sur les crit�res.

Si aujourd?hui � Paris, tout lieu de spectacle qui n?a pas une jauge assez importante, qui n?est pas compl�tement aux normes de s�curit� et qui n?a pas une organisation absolument parfaite est vou� � dispara�tre ou � ne pas obtenir le soutien de la Ville de Paris, j?ai peur qu?il ne reste vraiment � Paris que le Th��tre de la Ville, le Th��tre du Ch�telet et quelques autres.

Mais que de nombreux petits lieux de ce quartier que nous devrions plut�t accompagner, aider � se structurer, aider � se mettre aux normes, accompagner dans leur projet pour s?am�liorer, risquent de dispara�tre, cela m?attriste. Voil�.

M. Yves CONTASSOT, adjoint, pr�sident. - Je propose que vous ayez ce d�bat dans la commission concern�e sur la politique globale sur les petites salles.

Je mets aux voix, � main lev�e, la proposition de voeu d�pos�e par le groupe ?Les Verts?.

Qui est pour ?

Contre ?

Abstentions ?

La proposition de v?u est adopt�e. (2007, V. 112).

Mars 2007
Débat
Conseil municipal
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